Apple a proposé jeudi une mise à jour des systèmes d'exploitation des iPhone, iPad et iPod, une semaine après la découverte de deux failles de sécurité liées à l'ouverture de documents en PDF (Portable Document Format).
La mise à jour, proposée automatiquement aux détenteurs de ces appareils lorsqu'ils se connectent à Internet, vise en premier lieu à colmater la faille liée à l'ouverture de documents PDF, qui permettait à des éléments "malveillants" de s'introduire, explique Apple. Elle corrige également une deuxième vulnérabilité qui permettait de pirater l'appareil pour en prendre le contrôle.
La faille était notamment utilisée par le site Jailbreakme, qui propose aux utilisateurs une méthode simple de déverrouillage des téléphones d'Apple. La mise à jour devrait rendre inopérante la technique utilisée par le site.
LES MOBILES DE PLUS EN PLUS CIBLÉS
Avec le développement des smartphones, dont les capacités sont proches des ordinateurs classiques, les concepteurs de virus ciblent de plus en plus les vulnérabilités de ces appareils. L'éditeur d'antivirus Kaspersky a ainsi repéré cette semaine le premier programme de type "cheval de Troie" pour les téléphones Android. Trojan-SMS.AndroidOS.FakePlayer.a, qui se présente comme un simple lecteur de musique, envoie en réalité des SMS surtaxés.
Ce programme, dont le déploiement s'est limité à la Russie, n'est pas considéré comme très dangereux. Google, l'éditeur d'Android, a mis en garde ses utilisateurs contre les applications qui demandent l'accès à certaines fonctionnalités incohérentes avec leur but affiché : pour qu'un programme puisse envoyer des SMS sur Android, l'utilisateur doit lui donner manuellement l'accès à cette fonctionnalité.
jeudi 12 août 2010
Apple corrige une faille de sécurité majeure
Bruno Le Maire : «Les agriculteurs doivent être justement payés»
Entretien exclusif avec Bruno Le Maire ministre de l’Alimentation,de l’Agriculture et de la Pêche sur le conflit du lait .
La filière du lait est à nouveau en crise. Que peut faire le gouvernement ?
En tant que ministre de l’Agriculture, j’appelle au dialogue et à ce que chacun prenne ses responsabilités. Il faut que des négociations s’ouvrent dans les jours qui viennent et qu’elles aboutissent rapidement. Les producteurs doivent savoir à quel prix leur sera payé le lait en 2010. Et ils doivent être justement rémunérés pour le difficile travail qu’ils font.
Ce n’est pas le cas ?
L’accord du 3 juin 2009 doit rester la base de travail. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation aberrante : les producteurs doivent réaliser de lourds investissements, sur plusieurs années, et ils n’ont aucune visibilité à trois mois. Ils ne savent pas sur quelles recettes ils peuvent compter. Économiquement, ce n’est pas tenable. Il faut sortir de cette situation ubuesque.
Comment ?
La loi de modernisation de l’agriculture, votée par le Parlement le 13 juillet, prévoit la mise en place de contrats entre producteurs et industriels d’une durée d’un à cinq ans. Des contrats qui portent sur les volumes et la rémunération. Ce dispositif, qui sera obligatoire au 1er janvier 2011, est un changement radical pour l’avenir de la filière.
Tout le monde va jouer le jeu ?
Tout le monde devra s’y plier. Et si aucun accord n’est trouvé, l’État fixera lui-même les modalités des contrats. Ces contrats sont la seule façon pour que les producteurs aient de la visibilité sur plusieurs années.
Les industriels, eux, se plaignent d’un manque de compétitivité dû au prix du lait français, plus cher que le lait allemand…
J’entends parfaitement cette question. Moi, je crois en la compétitivité de la filière. Elle a tous les atouts pour réussir : un savoir-faire remarquable, d’une haute technicité, tant chez les producteurs que chez les industriels qui sont tous dans le peloton de tête mondial. La bataille de la compétitivité par rapport à l’Allemagne, car c’est là le nœud du problème, peut être gagnée. Mais il faut sortir des crises à répétition.
Comment la gagner ?
Je présenterai à la rentrée un plan de développement de plusieurs dizaines de millions d’euros pour aider les filières « lait » et « élevage ». Il concernera les producteurs, les coopératives et les industriels. Il reposera, notamment, sur l’innovation et la recherche.
Est-il validé ?
Son financement a été accepté, dans un contexte budgétaire tendu, par le président de la République et le Premier ministre. Mais attention : ce plan ne pourra être lancé que si un accord sur les prix a été trouvé. Il faut une filière sereine, où les relations doivent être plus matures entre les différents intervenants de l’interprofession.
Êtes-vous confiant pour les jours qui viennent ?
Je suis très attentif à la situation. Je pense que tout le monde va faire des efforts et que les choses vont aller dans le bon sens. Il y a urgence.
Yann BESSOULE
La fâcheuse tournure prise par le débat sur l'identité nationale et les amalgames suscités par le rapprochement entre délinquance et immigration brouillent la réflexion utile sur ces questions.
Peut-être faut-il partir de quelques notions de base. Est immigrée toute personne née de parents étrangers, à l'étranger, et qui réside sur le territoire français. Certains immigrés deviennent Français par acquisition de la nationalité française, les autres restent étrangers : « Tout immigré n'est pas nécessairement étranger, et réciproquement », rappelle l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), dans ses enquêtes de recensement.
Deux termes sont souvent confondus, qui reposent sur des philosophies différentes. La notion d'insertion est la moins marquée : tout en étant reconnu comme partie intégrante de la société qui l'accueille, l'étranger garde son identité d'origine et ses spécificités culturelles sont reconnues, dès lors qu'il respecte les règles du pays où il vit. L'intégration, autre notion, exprime davantage une dynamique d'échange, où l'adhésion à ces règles n'interdit pas le maintien des différences. Ici, il est intéressant de comparer le modèle « libéral » américain et le modèle « républicain », influent en France.
Aux États-Unis, on distingue nettement domaine public et domaine privé. Depuis les lois des années 1960 sur les « droits civiques », chacun est tenu comme l'égal de l'autre et la loi s'applique de la même manière à tous. En revanche, dans la sphère privée, c'est le principe d'autonomie qui l'emporte : chacun est libre de ses choix et décide de son genre de vie. Semblables au regard de la loi, les Américains peuvent être extrêmement dissemblables dans la vie privée. Ils ne trouveront nullement choquant que des populations différentes vivent dans des quartiers séparés, que des jeunes filles musulmanes portent le voile à l'école et que fleurissent les mosquées. Ce modèle tolérant n'est pas très producteur de solidarité et prend son parti des distinctions sociales et ethniques.
Le modèle français d'intégration républicaine repose sur des bases très différentes. Certes, il est attaché au principe d'égalité, mais il se refuse à dissocier public et privé. Il accepte mal la constitution de ghettos et il voit dans la « mixité sociale » une solution à la ségrégation urbaine. Il reste attaché à un modèle strict de laïcité et, de même qu'il redoutait le port du voile dans les écoles, il s'apprête à « encadrer » celui de la burqa. Au fond, il faudrait que Français et immigrés, semblables au regard de la loi, le soient également dans la vie privée, et que s'estompent tous les signes qui mettent à mal le caractère indivisible de la République.
Nombre d'immigrés préfèrent sans doute le modèle nord-américain. Ils attendent, d'abord, de l'État qu'il les protège contre les discriminations sociales et qu'il respecte leurs traditions, notamment religieuses. Ils ne considèrent pas la République comme une « communauté de citoyens » dont ils devraient intégrer les valeurs et les rituels, mais comme un cadre leur apportant des protections juridiques et sociales que leur pays d'origine serait bien en peine de leur offrir. Si une minorité d'entre eux, à l'image de Rama Yade ou de Malek Boutih, est totalement acquise à la cause républicaine, la majorité s'accommoderait sans doute mieux d'un système à l'américaine.
(*) Professeur de science politique à l'Université de Rennes 1.
Fair-play, cette fois, il préféra calmer le jeu. Au retour d’un catastrophique Mondial, l’équipe nord-coréenne a ainsi été conviée au Palais de la Culture. Là où, six heures durant, des dignitaires outrés l’ont soumise à une sévère “critique idéologique”…
Les “traîtres à la patrie”, crampons indignes, écopèrent d’un vrai procès stalinien. À côté, la comparution de Domenech devant nos parlementaires relève du voyage d’agrément. Son homologue asiatique, Kim Jong-hun, a subi les foudres du régime et plus personne ne l’a revu depuis.
Aux dernières nouvelles, l’entraîneur déchu purgerait une peine de travaux forcés. Condamné à la pelle et la pioche, pour avoir “pris un râteau” en Afrique du Sud.
Ainsi va la glorieuse incertitude du sport. Comme on dit à Liverpool : “le foot n’est pas une question de vie ou de mort, c’est bien plus que ça.”
L’affaire inquiète quand même un peu le président de la FIFA. Sepp Blatter vient d’écrire au maître de Pyongyang en exigeant des explications. Pour obtenir une réponse, il peut toujours courir…
Pendant que le gouvernement prend ses vacances, l'un de ses membres continue d'aller au charbon tous les jours. Les agendas sont vides ? Le sien déborde. On rêve de soleil et de Méditerranée, même à l'Élysée et à Matignon ? Il parcourt les banlieues difficiles. Ses collègues profitent d'un silence médiatique récupérateur ? Il occupe les antennes portant inlassablement la bonne parole de la nouvelle stratégie du chef de l'Etat. « Brice », ministre de la police, est un fidèle au poste. Brice Hortefeux, le vrai ami de trente ans du président, met en pratique l'adage du patron quand il est entré place Beauvau en 2002 : « on est ministre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an ».
Au moment où il apparaissait le plus affaibli avec une cote d'amour à marée basse, Nicolas Sarkozy a choisi le vide aoûtien pour contre-attaquer : ce sera l'été sécurité. Il a pris le risque de déclencher de nouvelles polémiques, renversant délibérément de vieux tabous pour jouer l'opinion contre la bien-pensance des élites, sûrs que les sondages lui donneraient raison. Un blitzkrieg intellectuel ravageant les principes au nom de la lutte contre la délinquance.
Du Cap Nègre, officiellement en congé, le président dirige la manœuvre de son grognard Brice. Il lui est arrivé de douter sur son compte, reconnaissant qu'il avait lui-même « tué » la fonction : ses successeurs Place Beauvau ne pouvaient faire que moins bien... Hortefeux n'aura jamais son brio, ni son charisme, ni son agilité, mais il est prêt à encaisser tous les coups, à enfoncer des portes ouvertes, baïonnette à la main, à proférer des énormités avec un aplomb incroyable sans trop se poser de questions existentielles, ni morales. C'est qu'il n'a rien à perdre, pas d'ambitions matignonesques, juste son fauteuil à sauver. Un profil idéal. Même ses gaffes rapportent. Il sera le soldat loyal et sans état d'âme de la reconquête.
Prenant de vitesse une opposition tétanisée, Nicolas Ier a lancé son offensive pour devenir Nicolas II en 2012. On a cru à une manœuvre de diversion. C'est une tactique électorale qui, pour le moment, a réussi à mettre l'éthique hors jeu. D'un strict point de vue technique, c'est bien joué.
Chaque année, les destructions d’emplois se comptent en centaines de milliers, compensées par des créations d’un volume à peu près équivalent. Des dispositifs ont été mis en place pour faciliter et accompagner le reclassement des salariés licenciés. Les entreprises de grande taille qui réduisent leurs effectifs sont tenues de soutenir financièrement leur recherche d’emploi ou leur reconversion.
Ces mesures signifient que la responsabilité des entreprises à l’égard de leur main-d’œuvre ne s’achève pas avec la rupture du contrat de travail. Mais quelle que soit leur dénomination – plan de sauvegarde de l’emploi, congé de reclassement, contrat de transition professionnelle… –, elles ne doivent pas faire oublier que la perte d’emploi est toujours un traumatisme pour les personnes concernées. En effet, le travail demeure un facteur essentiel d’estime de soi et d’intégration sociale. Et aucune mesure ne peut garantir à un travailleur licencié pour motif économique qu’il retrouvera un emploi durable. Un sur deux seulement a cette chance.
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte dans le succès d’un reclassement : la situation économique générale, l’environnement immédiat, l’âge, la mobilité géographique, la situation familiale, le dynamisme, le goût du travail, et le niveau de formation… Dans une société de savoirs, ce critère est devenu déterminant. Les entreprises ont besoin d’une main-d’œuvre qui sait apprendre et s’adapter aux innovations. D’où l’importance aujourd’hui de la formation continue. Les qualifications doivent être entretenues tout au long de la vie professionnelle. C’est aujourd’hui la condition pour que la main-d’œuvre demeure « employable » et présente les meilleures chances de rebondir dans un nouvel emploi.
Les entreprises, notamment celles qui font appel à des travailleurs peu qualifiés ou au contraire très spécialisés, portent une responsabilité de premier plan pour préserver l’« employabilité ». Mais elles ne sont pas les seules concernées car la formation tout au long de la vie ne fait pas que répondre aux nécessités économiques. C’est aussi un droit susceptible d’ouvrir à chacun de nouveaux horizons, pas seulement professionnels.
Dominique Greiner
"Vie de meuf", miroir de l'inégalité professionnelle hommes-femmes
"Premier jour dans mon nouveau boulot, ma collègue m'accueille par cette remarque : 'vous avez de la chance d'être là, au début, ils ne voulaient pas de femmes parce que ça tombe enceinte. Mais finalement ils ont changé d'avis : les hommes ça coûte trop cher.'" Cette anecdote est tirée du site Vie de meuf, lancé il y a un mois par le collectif Osez le féminisme pour fêter à sa manière le 27e anniversaire de la première loi sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Une égalité encore bien utopique. Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans sa revue du mois de juillet, l'écart des rémunérations atteint une moyenne de 19 %. Chez les cadres, les différences de salaire entre hommes et femmes dépassent les 30 %.
Vie de meuf est construit sur le modèle du site humouristique Vie de merde, où chacun est invité à raconter en une ou deux phrases ses mésaventures au quotidien. Pourtant, la lecture de Vie de meuf ne prête pas vraiment à rire : les près de quatre cents histoires répertoriées à ce jour évoquent pêle-mêle les collègues moins diplômés mais mieux payés, les entretiens d'embauche très poussés sur la vie privée, les mises au placard au retour de congés maternités, ou les emplois refusés par peur que la candidate ne tombe enceinte rapidement.
GARE AUX ENFANTS !
Laetitia, qui débute dans la vie active, raconte ainsi la confession de son manager : il ne l'aurait jamais engagée si elle avait été un peu plus âgée, car "avec une femme de 28-30 ans, à l'embauche on sait qu'elle risque d'être absente deux ou trois fois six mois pour congé maternité".
"Tout se passe comme si les femmes qui n'ont jamais eu l'intention d'interrompre leur carrière n'ont pas pu envoyer un signal crédible aux employeurs sur leur engagement à long terme", indique l'étude de l'OFCE. Cette dernière souligne ainsi qu'avoir ou non des enfants a peu d'influence sur le salaire horaire. Mais gare à celles qui envisagent d'avoir des enfants. Pour avoir évoqué la possibilité d'avoir des enfants dans les cinq ans à venir, Marie n'a pas eu le poste convointé. "Avoir des enfants avant 35 ans est un signe de manque d'ambition flagrant", lui aurait rétorqué la DRH.
"Mon supérieur direct n'a jamais employé le terme de congé de maternité mais celui de 'convalescence' ! Je lui ai fait remarquer à plusieurs reprises que je n'étais pas malade mais enceinte", déplore de son côté Eve.
PEU DE SANCTIONS
Estelle se fait elle embaucher sans souci en étant enceinte. Mais pas pour les raisons qu'elle imaginait. "Je finis par apprendre que j'ai été embauchée parce que j'étais enceinte, pour faire chier le remplaçant du recruteur... Et mon bac +8 alors, il compte pas ?" Sophie Ponthieux, co-auteur de l'étude de l'OFCE, résume la situation au Parisien : "l'idée qu'on puisse être une mère ou une future mère et une salariée comme les autres n'est toujours pas admise."
Selon la loi sur l'égalité professionnelle de 2006, les entreprises ont jusqu'au 31 décembre 2010 pour ouvrir des discussions sur le sujet. "Aujourd'hui, quatre ans après la loi et six mois avant la date butoir, seules 8 % des entreprises ont signé un accord avec les partenaires sociaux", expliquait Caroline De Haas du réseau Osez le féminisme, dans une tribune au Monde.fr. Quelles seront les sanctions pour les entreprises récalcitrantes ? La loi renvoie au projet de réforme des retraites, où la question de l'égalité professionnelle apparaît dans l'article 13.
"Les sanctions qu'il prévoit sont en réalité largement en deçà de celles prévues en 2006. Elles seront appliquées uniquement aux entreprises de plus de trois cents salariés – moins de 36 % des emplois – et porteront non pas sur l'absence de négociations mais sur l'absence de publications de chiffres sur l'égalité", explique Caroline De Haas. "Pour échapper aux sanctions, il suffira aux entreprises de commander un rapport sur l'égalité professionnelle. Que celui-ci donne lieu ensuite à des changements, peu importe…" Le site Vie de meuf a encore de beaux jours devant lui.
Bonne nouvelle : les ouvriers d'Asie se révoltent !
En matière sociale aussi, c'est en Asie que le monde se transforme à toute allure. Les pays asiatiques connaissent aujourd'hui des conflits sociaux de grande ampleur, alors qu'en Occident les salariés restent - pour l'instant - tétanisés par la crise, le chômage, la pression sur les salaires et les plans de rigueur budgétaire.
Au Bangladesh, la colère des ouvriers du textile ne retombe pas, malgré une hausse de 80 % du salaire mensuel minimum, passé de... 19 à 32 euros. Usines saccagées, manifestations violemment réprimées par un gouvernement qui, depuis vingt ans, a voulu faire de son pays un "eldorado" de l'habillement pour les fabricants étrangers.
Au printemps, en Chine, les salariés de Foxconn et de Honda avaient obtenu, à la suite de grèves très dures, des hausses de salaires de 30 % à 60 %.
Ces mouvements sociaux marquent la fin d'une grande illusion, largement répandue chez les économistes et les chefs d'entreprise occidentaux. A leurs yeux, l'Asie constituait un réservoir de main-d'oeuvre docile, quasi inépuisable et exploitable à l'infini. Il n'y avait donc guère à redouter de pressions salariales : le coût du travail était censé y rester dérisoire pendant des décennies.
C'était oublier un peu trop vite Marx, et la capacité de la classe ouvrière à se révolter contre "le capitaliste qui essaie continuellement d'abaisser les salaires à leur minimum physiologique".
C'était surtout oublier qu'avec la forte croissance et la diffusion rapide de la richesse dans ces pays, leurs populations veulent goûter à cette prospérité matérielle qui les entoure au quotidien et les nargue. A cet égard, les conflits sociaux en Chine ou au Bangladesh sur les salaires expriment moins une révolte contre le système qu'une volonté d'en profiter enfin. Ils témoignent du désir des populations de bénéficier d'un bien-être dont elles ont été longtemps privées et qui est désormais à leur portée ; le désir, par exemple, pour les salariés de Foxconn, de posséder l'iPhone qu'ils fabriquent.
Ces conflits sociaux et les fortes augmentations des rémunérations qui en résultent en Asie sont une excellente nouvelle. Pas seulement d'un point de vue moral, avec la possibilité de sortir de l'extrême pauvreté et de la misère, ce qui a été le cas de plusieurs centaines de millions de Chinois depuis vingt ans. La mondialisation ne peut être durable que si elle est équitable, c'est-à-dire si elle favorise la convergence des niveaux de vie entre les différentes régions de la planète.
De façon beaucoup plus égoïste, la hausse des salaires en Asie est une aubaine pour les économies occidentales. Certes, les consommateurs devront payer un peu plus cher leurs vêtements. Mais les délocalisations dans les pays asiatiques vont devenir de moins en moins attractives au fur et à mesure que le coût du travail y progressera. En outre, tous ces salariés mieux payés constitueront peu à peu de nouveaux clients à qui vendre des sacs à main et des automobiles, ou de nouveaux touristes à accueillir. En se battant pour leurs salaires, les ouvriers chinois ou bangladais défendent aussi nos emplois.
JE POURRAI REMETTRE DES POLOS "MADE IN ITALIA"
Immigration clandestine : la France est devenue un pays de passage
Eric Besson a fixé à 200 le nombre de filières d'immigration clandestine à démanteler d'ici à la fin de l'année. Cette criminalité organisée est devenue de plus en plus rémunératrice pour les passeurs, qui n'hésitent pas à mettre la vie de leurs « clients » en danger pour passer les frontières.
Depuis quelques mois, la communication du ministère de l'Immigration a changé de ton. Hier, c'était le nombre de personnes expulsées qui faisaient la une des communiqués de presse. Aujourd'hui, c'est le nombre de filières clandestines démantelées. Pas moins de deux depuis le début du mois d'août, trois autres filières de grande ampleur interpellées au mois de juin. La volonté du ministre est clairement affichée : « Les filières d'immigration clandestine constituent désormais la deuxième activité criminelle dans le monde, derrière le trafic de drogue. Elles doivent être combattues sans répit […] Nous devons lutter sans relâche ni pitié contre cette forme d'esclavagisme moderne. »
Démanteler 200 filières
Depuis le début de l'année, les services de police ont démantelé 122 filières, soit une croissance de plus de 60 % par rapport à 2009 selon le ministère. Comme pour les expulsions, Eric Besson a fixé un objectif chiffré : 200 filières doivent avoir été démantelées d'ici fin 2010. Côté police, la lutte contre les filières d'immigration clandestines est une préoccupation déjà ancienne face à laquelle la France est plutôt bien armée par rapport à ses voisins européens. C'est l'Ocriest (Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre), placé sous la tutelle de la police aux frontières, qui en est l'acteur majeur. Près de 600 personnes y travaillent.
L'office est composé de groupes opérationnels structurés par grandes régions (Chine, Asie du Sud-Est, Asie méridionale, Moyen-Orient, Afrique et Amérique du Sud), épaulés par une unité de renseignement et d'analyse stratégique en relation constante avec Europol et Interpol. Equipés de matériels de pointe pour la captation d'image et la géolocalisation via les téléphones portables notamment, les policiers de l'Ocriest passent au minimum six mois sur chacune de leurs enquêtes, où se mêlent le plus souvent des passages clandestins de frontières, de la fraude documentaire et du travail illégal. Pour Jean-Michel Fauvergue, patron de l'Ocriest, l'une des difficultés vient de la dilution des filières : « Il y a souvent plusieurs réseaux qui entrent en jeu pour un même client, avec une multitude d'acteurs : les rabatteurs, les passeurs, les logeurs, les employeurs. C'est une chaîne à plusieurs maillons. »
Autre difficulté, le fait que la France soit devenue un « pays de rebond » -de passage -, et plus seulement un pays de destination finale, les populations migrantes sont donc plus fluctuantes dans l'Hexagone : « Beaucoup de clandestins marocains ou algériens cherchent à gagner le Royaume-Uni, et il n'est plus rare de voir des Maliens qui veulent aller au Canada. Par ailleurs, les pays sources de migration deviennent à leur tour des pays de destination, comme l'Algérie ou la Libye par exemple. »
De plus en plus coûteux
Les routes de migrations fluctuent donc à grande vitesse et les tarifs, eux, n'en finissent pas de grimper : 15.000 euros pour être acheminé d'Irak en France, parfois jusqu'à 30.000 euros pour les pays plus lointains comme la Chine. Et tous les profits sont bons à prendre : certains passeurs facturent les nuits passées en centre de rétention pour les clandestins qu'ils récupèrent à leur sortie. D'autres, comme à Cherbourg, leur font payer les repas distribués par les associations d'aide aux migrants. Si le voyage est de plus en plus coûteux, il est aussi de plus en plus dangereux : les noyades sont fréquentes après embarcation en mer, et les trafiquants n'hésitent plus à faire passer leurs clients par des camions frigorifiques, des cuves contenant des produits toxiques. Sans compter les cas d'exploitation sexuelle et par le travail. « La dangerosité de ce type de criminalité s'est clairement accrue. Les passeurs mettent souvent la vie de leurs clients en danger et les règlements de comptes entre eux sont de plus en plus violents. En comparaison de la gravité des faits, les peines encourues sont trop basses », estime Jean-Michel Fauvergue. La peine maximale pour associations de malfaiteurs avec circonstances aggravantes est de dix ans de prison. La plupart du temps, les peines prononcées tournent autour de trois ans.
MARIE BELLAN
L'UMP règle ses comptes avec Kahn
Après la Une de « Marianne » qualifiant Nicolas Sarkozy de « voyou de la République », l'UMP a accusé hier le magazine et son cofondateur, Jean-François Kahn, de se conduire en « voyou de la presse » en donnant « dans la provocation permanente ». Ils « dépassent aujourd'hui ce que peut autoriser la liberté de la presse en France », a dénoncé Patrick Ollier, député des Hauts-de-Seine et conseiller politique de l'UMP. « Attaquer ainsi la personne du président de la République, élu au scrutin universel, c'est insulter la France et insulter tous les Français », a renchéri la députée UMP du Nord, Françoise Hostalier, demandant « comment exiger des jeunes - et moins jeunes d'ailleurs -qu'ils respectent les représentants de l'autorité de l'Etat s'ils voient que le président peut ainsi être traîné dans la boue ? ».
Le nouveau Premier ministre britannique a récemment proféré une série de déclarations qui sèment quelque trouble dans les chancelleries. Elles ont en effet en commun d'exposer des positions dans un style direct sur divers sujets liés à de grands enjeux internationaux. Exemples : en visite à la Maison-Blanche, Cameron reconnaît que son pays est le « junior partner » des Etats-Unis, signe de réalisme confinant à la modestie. Lors d'un passage en Inde, il attaque vigoureusement le Pakistan pour son double jeu à l'égard des talibans, au risque de se rendre coupable d'« exportation de la terreur ».
A Ankara, il réaffirme son attachement à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne et stigmatise l'attitude de la France et de l'Allemagne qui y sont opposées. Il annonce par ailleurs le retrait à court terme des troupes britanniques d'Afghanistan, déclare sa flamme aux pays émergents, dont il espère des contrats, et à une Europe selon ses voeux, c'est-à-dire plus lâche dans ses institutions. Voilà qui est clair.
A y regarder de près, toutes ces positions paraissent intrépides parce qu'elles énoncent ce que tout le monde sait, mais ne veut pas toujours dire. Ses détracteurs y voient « l'effet de son inexpérience », selon la fameuse formule de De Gaulle. Qu'il ait par ailleurs choisi de dénoncer le Pakistan en Inde, ou de faire à Ankara sa déclaration d'amour à la Turquie, modère un peu son mérite.
Quant à l'Europe, son nouvel attachement affiché vise sans doute à faire oublier ses campagnes violemment antieuropéennes d'hier. En quoi son parti de réalisme n'exclut pas complètement le pragmatisme. Le premier consistant à voir directement les choses comme elles sont, le second à ne pas se priver de voies obliques pour les dire.
Il faut maintenir le malade en respiration artificielle. Cette simple annonce a suffi à faire dévisser les marchés financiers du monde entier hier. Il est vrai que le malade n'est rien de moins que l'économie américaine, la première au monde. Et que la décision vient de la banque centrale des Etats-Unis, la plus puissante institution financière de la planète. Si le patient avait été en pleine forme, elle aurait cessé de le soigner, en relevant ses taux d'intérêt anormalement bas. Elle ne l'a pas fait. Si la convalescence se passait bien, elle aurait pu commencer à débrancher les cathéters où coulent les liquidités qui hydratent le malade. Elle va au contraire maintenir la perfusion. C'est exactement ce que signifie sa décision de maintenir le montant des titres financiers figurant dans son bilan, en affectant l'argent issu du remboursement des obligations émises par Fannie Mae et Freddie Mac, les agences de refinancement immobilier, au rachat de nouvelles obligations émises par le Trésor américain.
La nouvelle a surpris tous ceux qui avaient pris l'hirondelle des beaux profits d'entreprise pour le printemps de la croissance. En réalité, l'activité ralentit un an après avoir redémarré, alors que c'était le moment où elle s'était épanouie lors des cycles précédents. Les échanges se tassent. L'économie détruit à nouveau des emplois depuis trois mois, après en avoir créé 1,5 million au début de l'année et détruit plus de 8 millions lors des dix-huit mois précédents. L'immobilier reste déprimé. Les Américains veulent épargner, brisant l'espoir du retour vers un modèle fondé sur l'hyperconsommation. Derrière ce diagnostic peu réjouissant, il y a une explication commune : la dette accumulée pendant les folles années 2000. Elle est lourde pour les entreprises, excessive pour l'Etat, insupportable pour des millions de foyers. Et cette montagne menace toujours d'engendrer une terrible déflation.
Dans ces conditions, la Fed a jugé qu'il était préférable de maintenir la posologie administrée au malade. C'était sans doute le meilleur choix. Elle se garde la possibilité d'augmenter la dose si l'état de santé du patient se dégradait dans les prochains mois - autrement dit imprimer des billets pour acheter de la dette publique. Au-delà, ses marges de manoeuvre deviendraient singulièrement limitées. Dans un discours célèbre sur la lutte contre la déflation prononcé en 2002, son président Ben Bernanke avait évoqué la dévaluation massive du dollar comme l'ultime arme à sa disposition. Espérons que la Réserve fédérale parviendra à éviter le pire sans en venir à une telle extrémité.
Quand la Corée du Nord paie ses dettes en ginseng
Pyongyang, qui doit près de 7,5 millions d'euros à la République tchèque, a suggéré de livrer à son créancier 20 tonnes de cette racine réputée souveraine dans le traitement du stress et de la fatigue.
L’information a fait la une ce week-end d’un des quotidiens phares du pays, Dnes. La Corée du Nord doit à la République tchèque - qui lui a livré des tramways et des machines-outils - 186 millions de couronnes, soit près de 7,5 millions d’euros. Faute de pouvoir régler son dû en devises, Pyongyang a suggéré à Prague de régler en nature un premier acompte de sa dette. Jusque là, rien de bien original.
Le troc est un mode de paiement auquel les pays de l’ex-bloc communiste ont l’habitude de recourir. Mais c’est le produit suggéré par les officiels nord-coréens qui a surpris les Tchèques: du ginseng, une racine à usage médicinal réputée souveraine dans le traitement du stress et de la fatigue, mais aussi de l’impuissance masculine.
Le quotidien a calculé qu’au cours actuel le remboursement prévu représenterait 20 tonnes de ce produit, soit quatorze fois la consommation annuel des Tchèques.
Prague hésite donc à accepter l’offre des Nord-Coréens. "Nous avons tenté de les convaincre de nous envoyer, par exemple, une cargaison de zinc, que nous serions chargés de revendre", a tout d’abord déclaré à la presse le vice-ministre tchèque des Finances, Tomas Zidek. Avant de se raviser. "Après la parution de cet article dans la presse, nous avons reçu des appels de négociants souhaitant faire commerce de ginseng, ce qui serait une bonne affaire pour l'Etat", a-t-il déclaré ce mercredi à l’AFP.
Le métro automatique du Grand Paris a du plomb dans l'aile
La "double boucle" francilienne de métro automatique coûterait près de quatre fois plus qu'Arc Express, le projet défendu par la région Ile-de-France, selon les dossiers remis à la commission nationale du débat public. Un mauvais point pour ce projet de transports collectifs que soutient l'Etat.`
Le départ du secrétaire d'Etat Christian Blanc, fin juin, l'avait déjà fragilisé. Le fait qu'aucune dotation en capital ne soit pour l'instant prévue dans le projet de loi de finances pour 2011 était également de mauvais augure (le gouvernement avait évoqué une dotation en capital de 4 milliards d'euros pour permettre le lancement des travaux). Et voici que les documents remis à la commission nationale du débat public accordent, de fait, un net avantage compétitif à Arc Express -le projet soutenu par la région Ile-de-France.
Les documents, obtenus par l'AFP, confirment et précisent les ordres de grandeurs déjà publiés. Ainsi, le métro du Grand Paris coûterait entre 21,4 et 23,5 milliards d'euros selon les scénarios de tracé, tandis que la rocade d'Arc Express coûterait plus de 6 milliards d'euros pour la rocade complète (composée de quatre arcs), dont 4,8 à 5,4 milliards d'euros pour les deux premiers arcs.
Les estimations de la SGP ont été faites sur la base d'une réalisation souterraine d'environ 155 kilomètres de voies nouvelles. Les infrastructures coûteraient plus de 80% du total et le matériel roulant environ 12% (matériel sur pneu, a priori plus cher qu'un roulement fer).
Près de la moitié du coût porterait sur la liaison Roissy-Orly via La Défense et Saclay (75 km), un gros tiers sur la liaison La Défense-Le Bourget (60 km), et 15 % à 20% sur le prolongement de la ligné 14 à Orly et Pleyel. Pour Arc Express, le tronçon sud (réalisé en premier) coûterait entre 2,8 et 3,1 milliards d'euros, et le tronçon nord entre 2 et 2,3 milliards d'euros.
Les deux projets ne toucheraient toutefois pas le même nombre d'usagers. Le métro du Grand Paris a vocation à transporter 2 à 3 millions de voyageurs, quand la rocade Arc Express en transporterait un million. Les deux débats publics doivent être lancés en parallèle à l'automne.
Optimisme prudent en zone euro (Natixis)
"Jean-Claude Trichet a salué la semaine dernière les résultats des stress tests bancaires européens tout en soulignant leurs effets bénéfiques sur les marchés obligataires et monétaires. En dehors de cette détente sur les marchés, les nouvelles provenant de la sphère économique se révèlent, elles-aussi, rassurantes. En effet, selon le président de la BCE, la croissance au T3 pourrait être supérieure aux attentes dans la zone euro", note Natixis.
"Cet optimisme grandissant, qui dénote de plus en plus avec les inquiétudes des marchés concernant l'économie américaine, est toujours renforcé en Europe par le succès de l'adjudication espagnole de la semaine ou les propos du FMI à l'égard de la Grèce qui recevra d'ici peu une seconde tranche d'aide de 9 milliards d'euros. Le ministre des Finances grec a même annoncé que le pays pourrait terminer l'année avec un déficit budgétaire inférieur aux 8,1% ciblés. L'optimisme croît donc en zone euro mais comme l'a précisé le président de la BCE, la victoire n'a toujours pas été scellée alors prudence..." ajoute le gestionnaire.
Il relève que la chute des taux swap dollars s'est accélérée suite à la publication de certaines statistiques macroéconomiques décevantes. "Les marchés ont ainsi continué de revoir à la baisse leurs anticipations de hausse des taux outre-Atlantique, accélérant ainsi la chute des taux courts. Le taux des Fed funds anticipé d'ici la fin 2011 n'est plus que de 0,55%. La courbe dollar s'est donc pentifiée, notamment sur le segment 10-30 ans dont les niveaux de valorisation commencent à être excessifs. Les taux européens et britanniques ont été nettement plus stables sur la semaine. Sur la courbe britannique, le segment 10-30 ans paraît lui-aussi relativement cher. La normalisation des Euribor d'un côté et les craintes sur l'économie américaine de l'autre ont provoqué une forte chute des swaps spreads courts en Europe et aux Etats-Unis."