Rachida Dati se défend d'avoir une quelconque implication dans les rumeurs qui ont trait au couple présidentiel. Alors que la presse publie mercredi 7 avril les déclarations de proches du président mettant en cause l'ex-garde des sceaux, elle a fermement récusé leurs attaques sur RTL.
"Les éléments matériels ou tout ce qui peut être mentionné dans la presse, que ce soient des enquêtes ou que ce soient des écoutes téléphoniques, c'est absolument impossible, donc je n'y crois absolument pas", a-t-elle dit. Cité mercredi matin par Le Parisien, un conseiller aurait dit d'elle : "Elle est complètement carbonisée, le président ne veut plus jamais lui parler." Mais répondant à Jean-Michel Aphatie, elle a dit avoir encore toute la confiance du président. "Nicolas Sarkozy ne peut pas cautionner les propos de Pierre Charon", estime-t-elle. Selon Le Parisien, le conseiller en communication de l'Elysée aurait évoqué des "éléments matériels" de son implication au cours d'un déjeuner avec des élus parisiens.
"Moi, je fais la différence entre l'entourage du président de la République et le président de la République lui-même", a-t-elle ajouté. A la question de savoir si elle était au courant d'une enquête des renseignements généraux, Rachida Dati a répondu : "On est dans un Etat de droit, cela ne peut pas exister." "Les rumeurs, les calomnies, les ragots sur la vie personnelle et en général sont absolument inadmissibles et scandaleux. Je suis mise en cause indirectement et donc je trouve ça extrêmement scandaleux", a déclaré Mme Dati.
"DE LA LOYAUTÉ ET DE LA CONFIANCE"
"Je connais assez bien le président de la République (...), il a toujours combattu ce genre de pratique et donc ça ne peut pas exister." "Je n'ai peur de rien", a-elle lancé mais "il faut que ça cesse et il faut que ça s'arrête". Elle a souligné qu'on avait dit "des choses atroces" sur elle, qu'elle n'avait "jamais réagi" mais que "maintenant ça suffit". La maire du 7e arrondissement de Paris a indiqué qu'elle n'avait "pas vu récemment" le chef de l'Etat mais espérait "le voir très bientôt". Selon elle, avec Nicolas Sarkozy, "il y a de la loyauté et de la confiance". "La confiance, elle persiste et elle durera."
Rachida Dati a engagé l'avocat Georges Kiejman pour menacer de poursuites ceux qui la désignent comme la responsable de la diffusion des rumeurs sur le couple présidentiel. Selon plusieurs organes de presse, dont Le Canard enchaîné, un rapport des services de renseignements a conclu à sa responsabilité dans l'affaire, et c'est ce qui aurait conduit au retrait, le 14 mars, d'une escorte de quatre policiers dont elle bénéficiait comme ex-ministre. Me Kiejman conteste qu'elle ait eu un rôle dans la rumeur. "C'est impensable que Mme Dati ait pu participer à une entreprise de déstabilisation d'un président auquel elle sait devoir beaucoup, voire tout", a dit Me Kiejman sur RTL. "Si on continue à imputer à Mme Dati un rôle dans la diffusion de cette rumeur, on porte atteinte à son honneur. Si on porte atteinte à son honneur, on fait un délit de diffamation qui peut être poursuivi comme tel", a-t-il ajouté.
La police judiciaire a été saisie par le parquet de Paris d'une enquête préliminaire visant à déterminer l'origine des rumeurs visant le couple présidentiel publiées le 10 mars sur le site Internet du Journal du dimanche. Plusieurs proches du président de la République soutiennent qu'il est possible que l'opération ait été montée de toutes pièces pour lui nuire. Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, a avancé une explication dans des déclarations à des journalistes rapportées mercredi par Le Canard enchaîné. "Le fait que ces rumeurs aient été relayées dans la presse en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Suisse peut faire penser à un complot alors que la France s'apprête en 2011, à prendre la présidence du G20", a-t-il dit selon l'hebdomadaire.
mercredi 7 avril 2010
"Nicolas Sarkozy ne peut pas cautionner les propos de Pierre Charon", selon Rachida Dati
Si le journalisme est un très beau métier, c'est qu'il s'impose des exigences sans lesquelles il perdrait de son intérêt et de sa crédibilité. L'aimer, c'est connaître ses frontières et les assumer. Le respecter, c'est accepter sans états d'âme de le désacraliser, de le démythifier pour le débarrasser des fantasmes qu'il suscite bien au-delà des limites du raisonnable.
Ni James Bond, ni Rambo, ni chevalier blanc de la justice : le journaliste n'a pas à se prendre pour ce qu'il n'est pas. Informer - en toute liberté et les yeux grands ouverts- est un engagement suffisamment lourd et suffisamment exaltant pour ne pas le surcharger de missions impossibles.
Au diable la religion du scoop, du coup, de l'audience, cette perversion de la profession. Mieux vaut ne pas franchir certaines frontières quand on sait que l'investigation obligera à transgresser de précieuses limites éthiques. La charte des devoirs du journaliste, presque centenaire, est sans ambiguïté : il « s'interdit d'invoquer un titre ou une qualité imaginaire, d'user de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque (...) ; il ne confond pas son rôle avec celui du policier ».
Les règles sont donc claires - et contraignantes. Elles signifient : pas de caméra cachée, pas de fausse identité, pas de dissimulation... Cette transparence a un prix. Elle privera le journaliste, et sa rédaction, d'une révélation ou d'une vérité qu'il ne pourrait atteindre que par des moyens biaisés. Et alors ?
Gare à la prétention ! L'enquête est un genre noble ; elle a écrit les plus belles pages de l'histoire de la presse des pays libres. Mais les journalistes doivent prendre soin de ne pas mélanger les genres en se prenant pour des justiciers, comme l'ont fait les équipes du magazine « Les Infiltrés », sur France 2. Elles ont voulu faire concurrence aux gendarmes et aux policiers en traquant des pédophiles, mais contraintes par la loi, pour protéger des enfants en danger, à dénoncer ceux qui s'étaient livrés à elles.
Orgueil fatal. Il a mis en péril le respect absolu du secret des sources d'information, condition fondamentale et valeur non négociable de la confiance qu'on accorde aux journalistes. Mieux vaut, pour ces derniers, rester observateurs méticuleux de certaines affaires que d'en devenir des acteurs imprudents, piégés par leur vanité au point d'y noyer leur âme.
La tablette mobile d’Apple renvoie nos ordis vieux d’à peine quelques années à l’âge où, gamins, nous nous parlions dans des téléphones fabriqués avec des boîtes de petits pois reliées par de la ficelle à saucisson. Familiarisés à son ergonomie par le smartphone de la même marque, les millions d’adeptes de ce nouvel ordinateur, communicant et divertissant, seront au rendez-vous du succès entrevu ces derniers jours aux États-Unis. Ils confirmeront ainsi que la révolution du multimodal poursuit sa chevauchée numérique. Au déchaînement consumériste qui marque la sortie de la tablette tactile, s’ajoute l’irrationnelle fascination des moments de jonction entre la science, la technique et le rêve. Celle du temps des premières images de la lanterne magique, avant le cinématographe.
La bibliothèque d’Alexandrie, les tablettes de Confucius… Les lieux ont toujours existé où l’on gardait et ordonnait les savoirs et la sagesse. Dans l’Antiquité, dans les sociétés traditionnelles africaines et jusque dans nos villages, c’était le sage, l’ancien, qui était la bibliothèque portable. Il possédait le savoir, on le consultait, il était la mémoire. Le savoir, en devenant marchandise, s’est dissocié de la sagesse et aujourd’hui c’est l’internet que l’on consulte. Exit le virtuel, notre réalité quotidienne est numérique. Le voisinage est mort, vivent les liaisons !
Ne soyons pas rabat-joie, tous ces phénomènes révèlent une véritable soif de connaissance et une rassurante confiance dans l’autre. Bien sûr, cela n’occulte pas les questions d’éthique et de rigueur que pose l’internet et qui font que, plus que jamais, il est nécessaire de travailler l’information et de repérer dans ce magma ce qui est essentiel pour le transmettre en lui ajoutant du sens.
Le vrai savoir est celui de l’humanité, il est dans chacun des hommes de l’univers. Rassembler les idées éparses et les expériences profitables, c’est faciliter la quête de la relation à l’autre, à cet inconnu dont nous n’avons plus peur puisque nous avons en commun avec lui la haute technologie. En faisant partager tous ces savoirs, l’internet permet de relier les individus et de les faire communiquer entre eux à travers le monde. Reste à produire à nouveau de la sagesse.
Les conseils généraux déclarent la guerre à l'Etat
Dépenses sociales en hausse, financements en baisse: les départements veulent alerter sur leur situation...
Dans la guerre des conseils généraux contre l’Etat, Claude Bartolone sonne la charge. Le président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis a annoncé ce week-end qu’il voulait présenter jeudi un budget en déséquilibre pour protester contre les charges transférées aux collectivités territoriales sans compensation assurée.
Une décision provocatrice, puisque prohibée par la loi, qui attire les foudres. Le secrétaire d'Etat aux collectivités territoriales, Alain Marleix, a averti lundi que le département de la Seine-Saint-Denis serait placé sous tutelle du préfet s'il présentait un budget en déséquilibre alors que le groupe UMP-Nouveau Centre au conseil général demandé tout simplement ce mardi la démission de son président.
Le principe de libre administration des collectivités territoriales invoqué
Mais Claude Bartolone n’est pas seul. Coincés entre la hausse de leurs charges sociales et la baisse de leurs recettes, plusieurs départements multiplient les contentieux avec l'Etat. En s’appuyant sur les travaux d'un constitutionnaliste, les présidents de sept conseils généraux -dont deux de droite- envisagent également de soulever la question prioritaire de constitutionnalité.
Car le principe de libre administration des collectivités territoriales, posé par la Constitution, exige «des moyens suffisants et garantis» pour que les collectivités puissent agir de façon autonome. Ce que le manque de garanties financières met en péril.
Un déficit de 3,5 milliards d’euros en 2008
En effet, pour financer le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et la prestation compensatoire du handicap (PCH), les départements ont du dépenser en 2008 plus de 11 milliards d’euros, selon Le Parisien. L’Etat n’a compensé qu’à hauteur de 7,5 milliards, soit un déficit de 3,5 milliards. Conséquence: des coupes dans les dépenses non obligatoires comme les subventions aux associations, et des hausses d’impôt.
En tout, une vingtaine de départements ont eu de grandes difficultés à boucler leurs budgets 2010 et d’ici la fin de l’année, 25 départements pourraient ne plus pouvoir verser les allocations de solidarité. Pire, en 2011, ils pourraient être 62 départements, alors que la taxe professionnelle -qui constituait 50% des recettes des départements - a été supprimée le 1e janvier et que la taxe carbone, censée un temps la compenser, est aux oubliettes.
La bataille s’annonce difficile mais l’enjeu est de taille alors que le gouvernement -qui a mandaté un expert pour étudier la situation des départements en difficulté- entend continuer sa réforme des collectivités locales.
Maud Noyon
Rumeur sur son couple: la stratégie de com du président en deux étapes
Nicolas Sarkozy prouve encore une fois qu'il est excellent en communication de crise...
«Je ne peux pas exclure que ce soit une machination.» La phrase est de Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy. Après avoir refusé de communiquer sur la rumeur qui circulait sur Internet concernant le couple présidentiel au mois de mars, l’Elysée semble avoir changé de stratégie. Mais il n’en est rien, selon Thierry Libaert, directeur scientifique de l'Observatoire international des crises (OIC). Le chef de l’Etat fonctionne avec cohérence: il a dans un premier temps désamorcé la rumeur, et tente désormais de s’assurer une protection pour qu’une telle crise ne se reproduise plus à l’avenir.
«Le problème avec les rumeurs, c’est qu’elles ne reposent sur rien, explique Thierry Libaert. Elles sont intangibles et ne sont donc pas vérifiables. Le fait de les démentir n’est donc pas très efficace, et peut même avoir l’effet inverse et leur donner de l’ampleur, dès lors qu’on ne peut apporter des preuves de ce qu’on avance.»
Première étape: ne pas répondre pour couper court à la rumeur
Ne rien dire pour temporiser, ou intervenir et risquer d’amplifier la rumeur. Nicolas Sarkozy a choisi son camp. A Londres, le 12 mars dernier, il indique d’un air dédaigneux aux journalistes qu’il n’a «pas une seconde, même une demi-seconde, à perdre avec ces élucubrations». Le fait de ne pas répondre est une stratégie de dévalorisation, qui coupe court à la rumeur: l’Elysée tente de changer la perception qu'a le public de cette rumeur en en dévalorisant le porteur et l’instigateur.
Le fait que le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, Pierre Charon, s’est publiquement félicité de la plainte contre X déposée par la société éditrice du Journal du dimanche (groupe Lagardère) pour «introduction frauduleuse de données dans un système informatique», est un des indices de cette stratégie. Cette plainte permet au plus haut sommet de l’Etat de dire que celui ou ceux qui ont propagé cette rumeur étaient mal intentionnés. Dimanche, Pierre Charon affirmait ainsi que l’Elysée enquêtait pour «voir s'il n'y a pas une espèce de complot organisé» dans le but de déstabiliser le président.
Deuxième étape: mettre en garde pour l’avenir
Et, en même temps, la communication présidentielle est passée ce week-end à la deuxième phase. Pierre Charon qui déclare au Nouvel Obs: «Nous faisons de cette ignominie un casus belli. Nous voulons aller jusqu’au bout pour que cela ne se reproduise plus jamais», c’est une «mise en garde contre les ennemis potentiels du président», explique Thierry Libaert.
«Nicolas Sarkozy en est désormais à la stratégie de balisage, du "plus jamais ça ". Il prévient "ne vous amusez plus à ça, car nous ne ferons pas de cadeau à l’avenir, et les châtiments seront exemplaires".» Une façon pour le chef de l’Etat d’anticiper une nouvelle crise de ce type, et de ne plus se retrouver en position défensive en matière de communication.
Bérénice Dubuc
En vingt ans, dix plans ! La violence à l'école devrait être, depuis longtemps, réduite à rien. Les plans se succèdent au rythme des faits divers les plus graves. À celui de Jospin succède celui de Bayrou, qui lance l'idée de « l'école sanctuaire ». Plans Allègre, Lang, Ferry, Darcos, on en oublie, et, aujourd'hui, Luc Chatel. Il convoque à Paris, ce matin, des états généraux. On sonne le tocsin face à l'insupportable litanie des bagarres entre élèves, viols, rackets, coups de couteau, règlements de comptes entre bandes, professeurs violentés.
Collèges et lycées ne sont pourtant pas, chaque matin, à feu et à sang. Les historiens de la chose observent avec une certaine philosophie que la violence scolaire est aussi vieille que l'école elle-même. Que, sous le célèbre Jules Ferry, on assistait à des révoltes massives contre le lycée caserne napoléonien et ses châtiments corporels. Il fallait que la maréchaussée s'en mêle. Simplement, cette violence, au gré des époques, change de registre et de nature.
Tenues pour simples faits divers, passées sous silence afin de préserver la réputation des établissements concernés, les « castagnes » scolaires sévères sont analysées comme des faits de société symbolisant tous les malaises de l'Éducation nationale. Les politiques se sentent sommés d'y répondre, face à l'inquiétude exacerbée des parents et des enseignants. C'est la règle désormais. Un fait divers médiatiquement retentissant engendre des déclarations martiales et tonitruantes, avec promesses miraculeuses. Portiques, fouilles, patrouilles, caméras... La violence ne passera pas, foi de ministre, même si, par ailleurs, par souci de gestion des finances publiques, le même ministre supprime postes de surveillants et d'enseignants. Et si le ministre n'y suffit pas, on lui adjoint un « Monsieur sécurité ».
Les plans se succèdent ainsi en vain, puisqu'à une question particulièrement complexe on offre des solutions de court terme, difficilement applicables. La première de toutes est la tentation du sanctuaire, façon Bayrou, ou plutôt de la ligne Maginot. La violence est extérieure à l'école : empêchons-la de passer. Barricadons-nous derrière nos grilles. L'établissement se métamorphose en bunker, ce qui a pour effet premier d'accroître l'autre violence, la violence interne, engendrée par un système très sélectif, qui trie les élèves et en oriente vers des filières professionnelles malheureusement dévalorisées. On observe ainsi la masse montante des jeunes décrocheurs, psychologiquement en souffrance, pour qui la violence, disent les spécialistes, est une réponse à leur propre angoisse.
L'autre illusion est de croire que cette question ne concerne, après tout, que les établissements des quartiers dits sensibles. Les statistiques affirment que la moitié des incidents les concernent. Mais on passe sous silence le fait majeur qui n'est pas la violence physique, mais toutes ces incivilités qui gâchent la vie scolaire et dépriment les enseignants.
Ce dont on parle le moins dans ce débat permanent sur les violences à l'école, c'est de l'essentiel, de l'affaiblissement de l'institution elle-même, de la dévalorisation des savoirs, des pertes d'autorité et de respect. Cet affaiblissement est accentué dans les établissements les plus fragiles, en banlieue, là où les enseignants, jeunes, souvent mal formés, ne restent pas. L'élève y est chez lui. Le professeur est de passage.
BOUCLIER FISCAL – Faut-il le supprimer ?
Le bouclier fiscal, l'une des contestations politiques favorites de la gauche, engendre aussi des discussions à droite. Alors que le PS demandait sa suppression, treize députés UMP ont indiqué qu'ils souhaitaient eux aussi élaborer une proposition de loi pour faire suspendre ce dispositif. Seul Nicolas Sarkozy s'accroche encore à sa réforme qui vise à favoriser le retour des capitaux expatriés et à dissuader le départ de nouveaux contribuables à l'étranger. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Qu'est-ce que c'est ?
Mis en place en 2008, le bouclier fiscal était une des promesses de campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Ce dispositif limite à 50% des revenus annuels l'impôt maximal payé par un contribuable, qui doit ensuite lui-même se préoccuper de son remboursement. Les impôts concernés par le plafonnement sont notamment l'impôt sur le revenu, l'impôt sur la fortune, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
Les arguments ''contre''
Beaucoup estiment qu'il s'agirait d'un amplificateur d'inégalités. En effet, le revenu pris en compte dans le calcul du bouclier est un revenu net déduit de divers allégements. Ces exonérations correspondant à des ''niches fiscales'', les contribuables les plus riches ne seraient, par conséquent, pas concernés par le CSG. Il n'existerait d'ailleurs que 16.350 bénéficiaires du bouclier fiscal. 47% d'entre eux sont redevables de l'ISF et bénéficient tout de même de 99% des sommes restituées par le procédé. Le coût du dispositif, avancé récemment par Christine Lagarde, ministre de l'Economie, dénote d'une importante disproportion par rapport au manque à gagner estimé de l'évasion fiscale. Le nombre de contribuables profitant du bouclier fiscal ayant augmenté, la mesure aurait coûté environ 586 millions d'euros à l'Etat en 2009. Une somme astronomique et des inégalités qui provoquent aussi la réaction de la Commission des Finances qui soumettra ses questions à François Baroin, ministre du Budget : ''Il devra nous expliquer comment il est possible que 14 foyers fiscaux aient un revenu fiscal de référence compris entre 3.000 et 3.500 euros par an, alors qu'ils disposent d'un patrimoine supérieur à 16 millions d'euros !''
Les arguments ''pour''
Nicolas Sarkozy a bien précisé qu'il était hors de question qu'il revienne sur la question du bouclier fiscal : "Nous ne changerons pas de politique économique" a t-il martelé. Pour le Président, ce dispositif est le meilleur moyen d'empêcher la superposition de différents impôts, qui absorberait une proportion excessive des revenus, Ainsi, l'adoption de cette limitation de l'impôt aurait considérablement diminué l'exode fiscal des plus riches, et incité au retour des expatriés fiscaux. Conséquence logique, les entreprises sont encouragées à investir sur le territoire et donc à participer à sa croissance économique. Et, selon Stéphane Jacquin (Lazard Frères Gestion), il serait de toute façon néfaste, à l'Etat comme au contribuable, de remettre en cause cette mesure de défiscalisation alors que les conditions qui ont conduit à sa mise en place n'ont pas entièrement disparu.
Qu'en pensez-vous ?
D'après un sondage du CSA, 67 % des Français contestent ce dispositif, 39 % réclament sa suppression définitive, et 28 % sa suspension. Et vous, que pensez-vous de ce dispositif ? Considérez-vous le bouclier fiscal comme une mesure inégalitaire, ou trop coûteuse ? Ou pensez-vous que ce soit le meilleur moyen de régler le problème des évadés fiscaux ?
LE B.F N'A PAS ÉTÉ EXPLIQUÉ, LES GENS CROIENT ENCORE QU'ILS DONNENT 50% DE CE QU'ILS GAGNENT EN IMPÔTS, ALORS QUE C'EST LE PLAFOND QUI SE SITUE À 50%....MAIS ALLEZ LEUR FAIRE COMPRENDRE !!!
Sarkozy défendra les revenus agricoles dans le cadre du G20
Le chef de l'Etat veut davantage trouver les moyens de réduire les sources d'accident que garantir des aides.
En se rendant dans une exploitation céréalière de l'Essonne à Buno-Bonnevaux, Nicolas Sarkozy a aujourd'hui répondu à l'invitation des jeunes agriculteurs d'Ile-de-France, céréaliers pour la plupart, qui avaient mené en décembre des actions spectaculaires sous la neige pour attirer l'attention sur leur situation. Il n'a toutefois pas répondu à leur principale revendication : l'annulation du redéploiement d'une partie (1 milliard d'euros) des aides européennes dont ils pouvaient auparavant bénéficier en tant que céréaliers -au profit des éleveurs et des agriculteurs de montagne.
Le chef de l'Etat a été clair sur la question : il n'est pas question de revenir sur le dispositif, une telle initiative risquant d'introduire une nouvelle source de désaccord entre les pays membres de l'Union européenne, si difficiles à mobiliser en faveur de la protection de la politique agricole commune. Mais s'il apparaît, lors du comité de suivi du bilan de santé de la PAC, qui se réunira en décembre, que la situation est devenue trop défavorable aux céréaliers, des mesures pourront être envisagées, a voulu rassurer Nicolas Sarkozy.
Dans ce contexte, deux propositions du chef de l'Etat doivent aujourd'hui particulièrement retenir l'attention. D'abord, Nicolas Sarkozy a indiqué que la France serait prête à accepter une baisse des aides agricoles à l'horizon 2013 en échange du maintien de la préférence communautaire et d'une garantie de prix équivalent aux prix de revient des producteurs. Une question à laquelle il faudra rallier ses partenaires européens, dont certains comme le Royaume-Uni sont allergiques à la notion de garantie, qui va avec celle de dépenses budgétaires.
Ensuite, le Président de la République a dit souhaiter profiter de la présidence française du G20 à compter de novembre 2010 jusqu'au mois de novembre 2011 pour réunir un sommet sur les problèmes de volatilité des cours des matières premières, dont les matières premières agricoles. Il montre là une nouvelle fois l'attention qu'il porte à la question des «prix agricoles» et l'importance qu'il souhaite donner aux moyens qui permettraient de réduire les sources d'accident. Après les élections régionales très défavorables à la droite le mois dernier, il avait déclaré «être prêt à aller à une crise en Europe plutôt que d'accepter le démantèlement de la Politique agricole commune et plutôt que de laisser la spéculation fixer de façon erratique des prix agricoles, qui ne permettraient pas aux agriculteurs de vivre décemment du fruit de leur travail».
Qui sont les "créationnistes" ? par Dominique Lecourt
L'article publié par Le Monde daté du vendredi 26 mars sous le titre "Les climato-sceptiques américains à l'assaut des écoles" laisse rêveur un lecteur non prévenu. Les "climato-sceptiques" y apparaissent comme des émules des créationnistes hostiles à la théorie darwinienne de l'évolution. Une expression suffit à faire le lien : "traitement équilibré". De fait, les "créationnistes scientifiques" américains font pression depuis plus de vingt ans pour que l'enseignement de la biologie fasse place à une version du récit biblique de la Création comme à une hypothèse scientifique concurrente de la théorie de la sélection naturelle. Nombreux sont les Etats où les militants ont réussi, appuyés sur des associations de parents d'élèves, à faire adopter des dispositions en faveur de "ce traitement équilibré", arguant de ce que l'évolution n'est qu'"une théorie" et non pas un fait.
Les auteurs de l'article font état d'une offensive qui, disent-ils, "rappelle celle des créationnistes". Pourtant, les deux controverses (évolutionniste et climatique) n'ont rien à voir. Dans le cas de la théorie de l'évolution, c'est le socle intellectuel de la biologie contemporaine qui est visé au bénéfice d'une version du dogme de la Création. La campagne en faveur de l'enseignement de l'Intelligent Design dans les écoles, plus subtile que le créationnisme des années 80, se donne le même objectif. Ce que les auteurs de l'article appellent la "question climatique" n'a pas une telle portée épistémologique. La climatologie est une science récente et composite. Les bases des sciences physiques contemporaines ne sont pas menacées. L'essentiel de la controverse ne porte au demeurant même pas sur la réalité du réchauffement de la planète. Il s'agit d'une hypothèse scientifique largement admise fondée sur un faisceau d'observations et de calculs même si elle mérite visiblement discussion. Et ce n'est pas le nombre des chercheurs favorables à cette hypothèse qui est de nature à la transmuer en "fait avéré" (le fameux consensus du GIEC) ; pas plus que le nombre de ceux qui la rejettent ne saurait l'invalider.
La question autour de laquelle se développe la "guerre du climat" est celle de la part que prennent les activités humaines à ce réchauffement, supposant qu'il soit effectif. Accessoirement, elle est celle d'estimer l'ampleur et la vitesse prévisible d'un processus qui, dit-on, mènerait l'humanité à la catastrophe de par sa propre faute. On ne saurait que donner raison à ce professeur de SVT qui souligne la difficulté qu'il y a à enseigner dans les classes un sujet aussi "complexe, politique et médiatisé". Les auteurs de l'article ne se satisfont pourtant visiblement pas de sa prudence et de ses scrupules. Ils trouvent "un peu lisse" la démarche des enseignants français. Ils leur demandent de "s'engager". Cet engagement n'est pas exactement "l'engagement rationaliste" que Gaston Bachelard appelait autrefois de ses vœux, mais celui de militants qui rejoindraient la position des "réchauffistes" défendue par l'American Association for the Advancement of Science et la revue Science. Serait-ce "discréditer la science" que de refuser un tel enrôlement, de récuser l'argument d'autorité et de faire valoir les droits du doute ? On commence à savoir aujourd'hui ce que valait le consensus du GIEC. Les ruses, les tricheries et les pressions au prix desquelles il a été obtenu et maintenu. Pourquoi vouloir à tout prix que l'apocalypse soit pour demain ? Quelle outrecuidance d'accorder à l'homme le pouvoir absolu de modifier la nature à sa guise, transmuant le rêve généreux et naïf des Lumières en cauchemar catastrophiste ! Appuyer sur l'autorité d'une science de la nature, une thèse métaphysique et idéologique qui se traduit bientôt par des mesures pratiques concrètes, économiques, fiscales, morales et politiques, visant à modifier le comportement des êtres humains par une saine épouvante, telle est la démarche des "réchauffistes" ! Défendez cette thèse sur l'avenir du climat, vous serez dans le vrai, et vous prendrez de surcroît rang parmi les sauveurs de l'humanité. L'intolérance réchauffiste ne va pas sans messianisme. On peut vraiment se demander qui, des sceptiques ou des réchauffistes, sont les "créationnistes" ?
Dominique Lecourt est secrétaire général de l'Institut Diderot, fonds de dotation pour le développement de l'économie sociale.
Un étonnant effet collatéral du changement climatique, par Jean-Louis Fellous, Jean-Charles Hourcade...
On savait que le changement climatique se traduirait par des modifications du cycle hydrologique. On n'avait pas prévu qu'en plus des inondations, sécheresses et autres phénomènes extrêmes, on assisterait à des épisodes de brouillard intense dans les médias et à une pluie de désinformation climato-sceptique. La publication d'articles de presse sur la science du climat, sous la plume de personnages réputés dans leurs disciplines respectives, tels le philosophe François Ewald ou le biologiste Henri Atlan pour n'en citer que quelques-uns, ne laisse pas d'interroger. On attend avec impatience l'avis d'autres éminents non-spécialistes. Pourtant, un bon maître-nageur ne fait pas forcément un bon guide de haute montagne. Dans tous ces articles, on retrouve certains procédés et constantes qui ont fait le succès des interventions médiatiques d'un Claude Allègre : amalgame, confusion volontaire ou non, vocabulaire dépréciatif, démagogie flatteuse. Au fond, de quoi est-il question ?
Amalgame : climatologues et écologistes politiques sont supposés avoir partie liée. L'écologie politique est née, notamment en France, du constat des "dégâts du progrès" et d'un combat contre le nucléaire militaire et civil. La prise de conscience du changement climatique est venue des scientifiques, qui ont mesuré la modification de la composition de l'atmosphère due aux activités humaines et déterminé qu'en résulteraient un accroissement de l'effet de serre naturel et une altération du climat global. Pour limiter les émissions, d'autres sources d'énergie doivent remplacer progressivement les énergies fossiles. L'énergie nucléaire peut faire partie de ces solutions. Nombre d'écologistes politiques ont été rétifs à reconnaître les risques climatiques, de peur d'être otages des "pro-nucléaires". L'amalgame entre climatologues et écologistes, entre scientifiques et militants idéologiques est insupportable.
SCIENCE DU CLIMAT ET VULGATE
Confusionnisme : on mélange allègrement météorologie et climat, et surtout on confond la science du climat et sa vulgate répandue par les ONG, les médias ou les politiques. Les scientifiques ont fait beaucoup d'efforts pour rendre accessible leur science auprès du grand public, sans en voiler la complexité. Ce faisant, ils ont donné prise à la banalisation d'un ensemble de disciplines qui ne sont pas moins dignes de respect que la biologie, la génétique ou la géophysique interne. Chacun se croit suffisamment compétent pour avoir son opinion. Assimiler la science du climat à sa représentation dans les médias est un procédé inédit dans le débat scientifique. Les spécialistes du climat n'ont pas attendu monsieur Atlan pour apprendre à cerner les limites de leurs modèles qui, on l'oublie très souvent et très étonnamment, s'appuient sur une physique solide. Que penserait-il si l'un d'entre eux s'avisait de lui apprendre à tenir son crayon ? Et s'il a des remarques pertinentes à soulever, que ne le fait-il dans les journaux scientifiques, en s'adressant à ses pairs, plutôt qu'en prenant à témoin un public désarmé ? Lorsque Henri Atlan écrit : "Des changements [climatiques] du même ordre se sont produits dans le passé", cette formule vague rejoint l'idée naïve ambiante que "le climat a toujours changé". Or rien ne permet de comparer les cycles climatiques passés étendus sur des dizaines de milliers d'années ni les changements rapides localisés du passé au changement global rapide actuel. Joue-t-il à dessein de cette confusion ou en est-il lui-même victime ? Est-il conforme à l'éthique scientifique de mobiliser un savoir très approximatif pour disqualifier, en jouant de son autorité, un pan de la science afin de mieux caresser dans le sens du poil des citoyens inquiets pour leur avenir économique ?
CATASTROPHISME ET PRINCIPE DE PRÉCAUTION
Vocabulaire dépréciatif : les qualificatifs employés pour décrire la communauté scientifique du climat ont de quoi faire frémir. Prophètes de malheur, mafia, camarilla, religion de la catastrophe, dogme, etc. sont parmi les mots rencontrés le plus souvent. Messieurs Atlan ou Allègre ont-ils, ne serait-ce qu'une fois, assisté à la réunion du Comité scientifique du programme mondial de recherche sur le climat, à un congrès scientifique de cette communauté ? Pensent-ils qu'il s'agit de messes noires ? Ont-ils lu les milliers de pages de publications des revues à comité de lecture qui paraissent sur ces sujets, analysé l'une quelconque des séries de données de plusieurs téraoctets que les satellites déversent quotidiennement et qui alimentent les travaux des chercheurs ? Quant au principe de précaution, assimilé à un catastrophisme vulgaire, le brandir comme un épouvantail en toute occasion est un procédé rhétorique douteux pour disqualifier des éléments d'appréciation fondés scientifiquement. En dépit des travestissements, il consiste à rechercher une position raisonnable entre panique et indifférence dans des situations marquées par l'incertitude scientifique et de façon proportionnée à la plausibilité des hypothèses considérées. Ni dictature du futur sur le présent au nom des menaces de catastrophes futures, ni insouciance qui préempte l'avenir et produit des dévastations, comme celle de la Nouvelle-Orléans par Katrina.
CLIMAT ET SOCIÉTÉ
Démagogie flatteuse : si changement climatique il y a, ce n'est pas le problème le plus grave ni le plus urgent, voyez la faim dans le monde, la pauvreté, le chômage, la peste et le choléra. Avec ce genre de propos, les climato-sceptiques font d'une pierre deux coups. Un, on rassure le public qui ne voit plus de raison d'envisager de modifier ses comportements. Deux, on le flatte en le faisant se sentir généreux, à moindre coût puisque rien n'assure que les sommes qui ne seront pas investies dans la lutte contre le changement climatique le seront vraiment pour faire reculer la pauvreté et les maladies. Pourquoi mettre en balance la prise au sérieux de la question climatique et l'accès à l'eau ou aux soins et pas, par exemple, les dépenses d'armement ou les milliards dépensés en jeux vidéo ou en alimentation pour chiens et chats ? De plus, l'argument escamote l'interconnexion entre le changement climatique et tous les problèmes mis en avant, qu'il s'agisse de l'accès à l'eau, à l'énergie et aux soins, ou de la pauvreté, et de la vulnérabilité, qu'il risque fort d'aggraver et dont il compliquera les solutions. Depuis 1992, la Convention climat s'inscrit "dans la perspective du développement soutenable", jargon diplomatique certes mais qui rejette clairement la "décroissance" et souligne l'attention à porter au contenu même du développement. Monsieur Atlan s'instruirait certainement en lisant les rapports du groupe III du GIEC et l'importante littérature sur les politiques climatiques. Il y verrait comment des politiques dites "sans regrets" visent la recherche de complémentarités entre baisse des émissions de CO2, réduction de la pollution atmosphérique locale, recherche d'alternatives énergétiques, gestion des ressources non-renouvelables et créations d'emplois. Il y verrait comment des réformes fiscales peuvent présenter un "double dividende" en combinant baisse des émissions et allègement des charges directes sur le travail, tout en améliorant la couverture des besoins des plus démunis et en préservant les dispositifs de sécurité sociale.
POURQUOI MAINTENANT ?
Le débat aujourd'hui lancé dans les médias en France et dans d'autres pays n'est pas un débat scientifique, même s'il en emprunte la forme, mais une bataille qui a pour enjeu la fabrique de l'opinion publique. Il s'agit de délégitimer les politiques du climat au moment où elles commencent péniblement à se mettre en place et où la communauté des Etats est encore dans une phase d'hésitation devant l'engagement. Le quatrième rapport du GIEC paru en 2007 n'a fait que renforcer le diagnostic posé dès le premier rapport de 1990, diagnostic que l'évolution en vingt ans du climat et des connaissances a confirmé et précisé. Que des intérêts immenses se sentent menacés n'est guère surprenant. Mais il faut bien situer la controverse sur son vrai terrain : en dépit de ses incertitudes et de ses imperfections, la science du climat, y compris dans ses aspects socio-économiques, n'est pas en cause. Elle ne règle pas par elle-même la question du "que faire ?" Il revient à la société de décider si elle veut ou non tenir compte de la meilleure connaissance disponible à un moment donné pour orienter son développement et veiller aux intérêts des générations futures. C'est d'un débat honnête et sérieux sur l'orientation collective de l'humanité que l'épidémie climato-sceptique cherche à détourner les citoyens.
Signataires : Jean-Louis Fellous, ancien responsable des programmes d'observation de la Terre du CNES et ancien directeur des recherches océaniques de l'Ifremer ; Jean-Charles Hourcade, économiste, directeur de recherche au CNRS, directeur d'études à l'EHESS ; Sylvie Joussaume, climatologue, directeur de recherche au CNRS ; Olivier Godard, économiste, directeur de recherche au CNRS, école Polytechnique ; Catherine Gautier, géographe, professeur à l'Université de Californie à Santa Barbara ; Stéphane Hallegatte, chercheur, Météo-France
ISF : le nombre d'exilés fiscaux s'est accru en 2008
821 redevables à l'ISF ont quitté la France en 2008, contre 719 en 2007. Et ce malgré le bouclier fiscal.
Le bouclier fiscal empêche t-il vraiment l'exil fiscal ? En 2008, où le bouclier fiscal a été abaissé à 50% des revenus, 821 redevables à l'ISF ont quitté la France, d'après les chiffres du ministère du Budget que le Figaro s'est procuré.
En 2007 où le bouclier était pourtant de 60% - seuls 719 contribuables avaient quitté la France et son ISF ! Néanmoins, le flux des exils était plus important avant l'instauration du bouclier. Ainsi en 2006, 846 redevables à l'ISF se sont exilés.
Par ailleurs, 312 expatriés fiscaux sont revenus en France en 2008. C'est mieux qu'en 2007 où ils étaient 246.
Les paris en ligne désormais légaux en France
L'Assemblée a voté mardi l'ouverture à la concurrence des paris sportifs et hippiques et des jeux de poker en ligne. L'État compte récupérer 100 millions d'euros d'impôts par an qui lui échappaient jusqu'à présent.
La Coupe du monde de football en Afrique du Sud, qui démarrera dans deux mois, a donné un coup d'accélérateur à la libéralisation des jeux en ligne dans l'Hexagone.
Les casinotiers et les nouveaux acteurs des jeux d'argent sur Internet militaient depuis des années pour être autorisés à ouvrir aux internautes français leurs sites de paris sportifs et de jeux de poker. Mardi, le Parlement leur a donné son feu vert définitif. À l'Assemblée, le projet de loi ouvrant à la concurrence les jeux de paris en ligne a été voté à 299 voix contre 223.
Les agréments accordés début juin
Jusqu'à présent, les joueurs français ne se privaient pas de miser sur la Toile. Ils pouvaient soit parier en toute légalité sur les sites de La Française des jeux ou du PMU, soit se rendre sur les sites de grands groupes européens de manière illicite. La plupart des opérateurs de jeux en ligne leur donnaient la possibilité de jouer depuis la France tout en affichant un avertissement sur le caractère illicite de ce type de paris. Mais cette menace n'a guère freiné leurs ardeurs : on estime à 3,5 milliards d'euros le marché des paris en ligne en France, dont un tiers seulement est réalisé par les opérateurs légaux. Le reste est engrangé par des sociétés souvent cotées en Bourse (bwin, Unibet), enregistrées à Malte ou Gibraltar et sur lesquelles le fisc français n'a pas de prise. L'État estime à 100 millions d'euros par an les recettes qui rejoindront ses caisses du Trésor grâce à à la légalisation de certains jeux.
Dans les semaines qui viennent, les opérateurs et les membres de l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), la nouvelle autorité constituée pour examiner les demandes des prétendants, n'auront pas de temps à perdre. Les décrets devraient paraître d'ici à la fin du mois et les demandes d'agrément seront examinées en mai par l'Arjel. Leurs délivrances seront accordées début juin à quelques jours seulement du lancement de la Coupe du monde.
Pour les gros acteurs du jeu nés sur la Toile tels que l'autrichien Bwin, le suédois Unibet ou le français Mangas Gaming - dans lequel Stéphane Courbit et Louis Dreyfus SAS ont investi -, cette ouverture à la concurrence est un premier pas. Mais ils attendent avec impatience que les jeux de casino en ligne (roulette, black-jack…) soient à leur tour légalisés. Ils fustigent toutefois le niveau de fiscalité qui sera supérieur à celui pratiqué outre-Manche ou en Italie.
L'État français prélèvera 7,5% des mises des joueurs pour les paris hippiques et sportifs et 2% des mises pour le poker.
De leur côté, les casinotiers (Partouche, Barrière et Tranchant) qui ont récemment assisté à une chute régulière de l'activité de leurs établissements «en dur» espèrent que la Toileleur apportera un relais de croissance.