mardi 9 novembre 2010
Grèce: 13 membres présumés d'un groupe extrémiste dans le collimateur
Fret : amende de 310 millions d'euros pour Air France-KLM
Onze compagnies aériennes ont été condamnées par la Commission européenne ce mardi pour entente sur les prix dans le transport aérien de fret.
Les faits reprochés remontent à la période 1999-2006, durant laquelle les compagnies se sont entendues sur le montant de surtaxes pour le carburant ou la sécurité. British Airways (104 millions d'euros), le groupe luxembourgeois Cargolux (79,9 millions), Singapore Airlines (74,8 millions), la société scandinave SAS (70,2 millions), Cathay Pacific (57 millions), Japan Airlines (35,7 millions), le groupe néerlandais Martinair (29,5 millions) ou encore Air Canada (21 millions) figurent parmi les autres compagnies aériennes épinglées.
Lufthansa et Swiss épargnées
Lufthansa, qui avait dénoncé la constitution de ce cartel, et sa filiale Swiss ont bénéficié d'une immunité totale et ne paieront pas d'amende. Dans ce type d'affaires, la Commission européenne peut infliger à une entreprise une amende représentant jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires en cas d'infraction à la réglementation européenne.La régulation des changes, une vieille obsession française
En faisant de la réforme du système monétaire international une priorité de sa présidence du G20, Nicolas Sarkozy remet en avant une vieille obsession de la France, qui ne s'est jamais résignée à l'instabilité d'un marché des changes dominé par le dollar.
Dès l'automne 2008, au plus fort de la crise financière, le président français avait avancé l'idée d'une nouvelle conférence internationale sur le modèle de celle de Bretton Woods, en 1945, pour remettre à plat le système monétaire et financier.
Il l'a reprise début 2010 avant d'annoncer fin août qu'elle serait une des trois priorités de la présidence française du G20, qui commence le 12 novembre.
La guerre monétaire qui a éclaté depuis entre la Chine, rétive aux pressions pour réévaluer le yuan, et les Etats-Unis, dont la politique monétaire d'assouplissement résolu irrite des pays émergents en proie à des afflux de capitaux a donné toute leur actualité aux ambitions françaises.
"Nous vivons dans un monde où les déséquilibres monétaires font peser un risque sur toutes nos économies", déclarait Nicolas Sarkozy lors d'un récent sommet Europe-Asie.
LA PROMOTION DES DTS
Au centre des tensions, figure d'un côté l'accumulation sans précédent de réserves - 2.800 milliards de dollars pour les réserves officielles, pas loin de 4.000 milliards si on ajoute celles de Hong Kong et les fonds souverains - par une Chine locomotive de l'économie mondiale, dont le modèle repose sur l'exportation.
De l'autre, il y a le marasme de l'économie des Etats-Unis dont le dollar conserve le statut de monnaie de réserve, ce qui leur permet de financer quasiment sans limite leurs déficits par de la création monétaire depuis 1945.
Dans les années 1960, quand l'Amérique était au sommet de sa puissance, le général de Gaulle et son conseiller financier Jacques Rueff étaient partis en guerre contre ce "privilège exorbitant" du billet vert.
Le passage à un système de changes flottants à partir de 1973 n'a rien arrangé et la diplomatie française a dépensé beaucoup d'énergie, mais sans succès, pour la promotion des droits de tirages spéciaux (DTS), l'unité de compte du FMI, afin de sortir de la monnaie obligée que restait le dollar.
A partir du milieu des années 1990, la perspective de la création de l'euro donne plus de force aux ambitions françaises.
Mais les Allemands imposent pour prix de leur participation à la monnaie unique une vision radicalement différente.
Ne s'étant jamais reconnus dans l'idée d'une monnaie de réserve alternative au dollar, ils s'opposent à toute gestion "politique" de l'euro et de son taux de change, laissé à la seule appréciation d'une banque centrale indépendante.
UN MOUVEMENT DE FOND
Le billet vert représente aujourd'hui 62% des réserves des banques centrales de la planète, contre 27% pour l'euro et s'il est contesté, il n'a pas été remplacé dans ses prérogatives.
Pour Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, les tensions actuelles relèvent d'un mouvement de fond, le transfert d'activité des pays industriels vers les puissances émergentes, tout comme celles des années 1960 reflétaient un rattrapage économique de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis.
"Cela a beaucoup de conséquences, des déséquilibres de balance commerciale, des problèmes de surendettement. Il y a toute une mécanique infernale qui se met en place", dit-il.
Antoine Brunet, du cabinet de conseil AB Marchés, juge que, dans l'environnement actuel, "le monde ferait un cadeau à la Chine en remettant en cause les privilèges du dollar".
"Ce n'est pas de gaîté de coeur que les Etats-Unis recourent à de 'l'assouplissement quantitatif', leur économie est menacée d'une rechute", explique-t-il en jugeant que la sous-évaluation du yuan, qu'il situe autour de 25%, constitue le vrai problème.
Prise entre deux feux, "l'Europe risque d'être dindon de la farce", avertit Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique.
"Ce n'est pas anormal que le dollar baisse compte tenu des déficits américains mais il faudrait que certains acceptent de monter. Pour autant, il ne s'agit pas que la Chine fasse l'ensemble de l'ajustement et il faudra se mettre d'accord au sein du G20 sur une répartition de la charge", dit-il.
La croissance allemande en voie de normalisation
L'économie devrait progresser de 3,7% cette année et de 2,2% l'an prochain, prévoit le comité des sages, plus optimiste que le gouvernement Merkel.
En Allemagne, le comité des cinq sages économiques, source des plus écoutée, est plus optimiste que le gouvernement qu'il est censé conseiller dans sa politique. Pour cette année, le comité prévoit une croissance du PIB de 3,7% là ou Berlin parie sur « seulement » 3,4%, en ayant relevé sa précédente prévision qui s'établissait à 1,4%. Pour l'année prochaine, les sages tablent sur un tassement de la croissance de la première économie d'Europe, qui doit retomber à 2,2%. C'est toujours mieux que le gouvernement qui a placé la barre à 1,8%, et que la prévision de nombreux experts conjoncturistes.
G20 : la Chine met en cause les Etats-Unis
A la veille du rendez-vous de Séoul, Pékin estime qu'en inondant le monde de liquidités, Washington ne joue pas collectif et accentue les déséquilibres mondiaux.
Quand le Général de Gaulle réveille la guerre des droites
A l'occasion de la commémoration du 40e anniversaire de sa mort, Nicolas Sarkozy a revendiqué ce lundi l'héritage du général de Gaulle pour justifier son action à la tête de l'Etat depuis trois ans. Et ce malgré les critiques d'une partie de la droite, qui lui reproche, à l'image de Dominique de Villepin, d'abîmer la fonction présidentielle.
Deux France de droite ont commémoré aujourd'hui la mort du général de Gaulle, le 9 novembre 1970. A Colombey-les-Deux Eglises, Nicolas Sarkozy, accompagné de François Fillon, Premier ministre en attente de remaniement, s'est inscrit dans la démarche politique du fondateur de la Ve République.
"Le général de Gaulle avait compris que, lorsque rien ne change, il n'y a pas d'autre issue que le déclin.
"Permanence et mouvement, fidélité à ce que nous sommes et préparation de l'avenir, depuis le programme du Conseil national de la résistance jusqu'au référendum de 1969, le général de Gaulle n'a jamais cessé de vouloir moderniser la France", a affirmé le chef de l'Etat, s'exprimant devant un panneau reproduisant la gigantesque croix de Lorraine qui accueille le visiteur dans la campagne proche de la dernière demeure du général de Gaulle.
Nicolas Sarkozy, qui s'exprimait devant plusieurs de ses ministres et l'état-major de l'UMP, a rappelé que les Français s'étaient trouvés "orphelins" le 9 novembre 1970 d'un homme qu'ils avaient pourtant "congédié un an et demi auparavant, fatigués de le voir encore et toujours brasser de grands rêves".
L'actuel chef de l'Etat a voulu tirer les leçons politiques de l'exercice du pouvoir par le général de Gaulle. Surtout au lendemain du long mouvement de contestation de la réforme des retraites. Il a notamment plaidé pour le rôle de guide dévolu au chef de l'Etat dans la constitution de la Ve République. Avec cette citation du général de Gaulle : "Si la France m'a appelé à lui servir de guide, ce n'est certainement pas pour présider à son sommeil". "Dire ce qu'il y a à dire en France, c'est facile. Mais faire ce qu'il y a à faire, c'est plus difficile", a souligné Nicolas Sarkozy, qui entend rester un président réformateur jusqu'à la fin du quinquennat.
Pour Nicolas Sarkozy, le général de Gaulle n'a jamais voulu faire du président le "seul garant des institutions" mais le "garant de l'intérêt général", qui doit être "mis au-dessus des intérêts particuliers". Cette revendication de l'héritage gaulliste est particulièrement importante pour Nicolas Sarkozy, au moment où la gauche, mais aussi une partie de la majorité, lui reproche d'avoir "trahi" les engagements pris par le général de Gaulle au sein du Conseil national de la résistance, en 1945, et qui dessinèrent la trame du modèle social français.
"Nous sommes au-delà du sarkozysme" clame Villepin
Une autre droite conteste d'ailleurs à Nicolas Sarkozy le droit de se présenter comme l'héritier du général de Gaulle. Dominique de Villepin a saisi l'occasion des commémorations gaullistes pour porter une nouvelle charge violente contre son éternel rival. "Nicolas Sarkozy n'est pas mon problème, il est un des problèmes de la France, ce qui veut dire que nous ne sommes plus dans le temps de l'anti-sarkozysme, nous sommes au-delà du sarkozysme", a persisté l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac mardi matin sur France Info.
Pour Nicolas Dupont-Aignan, dirigeant du mouvement souverainiste Debout la République, "le président Sarkozy récupère l'héritage gaulliste avec indécence".
La gauche a toujours combattu le général de Gaulle. Mais la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a rappelé, dans une critique de l'action de Nicolas Sarkozy, que le premier président de la Ve République "a mis en œuvre le programme du Conseil National de la Résistance et est toujours resté fidèle au valeurs républicaines qui ont fait la France". "Alors que cet héritage est aujourd'hui mis à bas, nous ne l'oublions pas, pas plus que nous n'oublions nos désaccords : il n'avait pas compris le besoin de libéralisation de la société et l'attente de plus d'égalité", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Le Conseil constitutionnel valide la réforme des retraites
Le Conseil constitutionnel a levé, mardi 9 novembre, le dernier obstacle à la promulgation de la réforme des retraites en la jugeant conforme à la Constitution. Les "Sages" ont rejeté les recours déposés par le PS qui estimait que plusieurs dispositions de cette loi portent atteinte au principe d'égalité pour certains salariés. Cette décision ouvre la voie à la promulgation du texte par le président de la République, peut-être dès mercredi.
UNE QUINZAINE D'ARTICLES RETOQUÉS
Le Conseil constitutionnel explique dans un communiqué (Pdf) que le législateur "s'est fixé comme objectif de préserver le système de retraite par répartition". "Il n'a méconnu ni le principe d'égalité ni l'exigence constitutionnelle relative à une politique de solidarité nationale en faveur des travailleurs retraités." Les Sages ont jugé que le report de 65 à 67 ans de la limite d'âge ouvrant droit à une pension sans décote n'est pas non plus "contraire au principe d'égalité entre les femmes et les hommes". "Cette règle leur est commune. De plus, des dispositions particulières prennent en compte notamment la situation des parents ayant élevé trois enfants", ajoute le communiqué.
Le Conseil a rejeté les articles relatifs à la réforme de la médecine du travail qui avaient été ajoutés en cours de débat. Il a jugé qu'il s'agissait, en jargon parlementaire, de "cavaliers législatifs", c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas un lien direct avec le texte lui-même. En revanche, les articles relatifs à la pénibilité n'ont pas été censurés, contrairement à ce que nous avions indiqué dans un premier temps.
Le chef de l'Etat peut promulguer la loi amputée de des articles concernant la médecine du travail.
Le Conseil constitutionnel souligne par ailleurs qu'il a écarté les griefs relatifs à la forme, jugeant que la décision du président de l'Assemblée nationale d'interrompre les explications de vote n'a pas porté atteinte aux exigences de clarté et de sincérité du débat parlementaire.
Airbus et l'espoir nippon
Adidas mise sur la Chine pour rattraper son retard sur Nike
Adidas, le numéro deux mondial des articles de sport, veut donner un grand coup d'accélérateur à sa croissance et refaire ainsi une partie de son retard sur l'américain Nike, son principal rival. Le groupe allemand présidé par Herbert Hainer compte porter son chiffre d'affaires à 17 milliards d'euros d'ici à 2015, soit une croissance de 50 % par rapport à cette année, a-t-il annoncé ce lundi.
La marge opérationnelle doit s'améliorer encore davantage, avec une croissance moyenne de 15 % à 17 % par an, en vue d'atteindre 11 % du chiffre d'affaires. Un niveau déjà enregistré en 2005. Mais, depuis, la marge opérationnelle est retombée. L'an dernier, elle n'a pas dépassé 4,9 % des ventes.
En Bourse, l'annonce a fait progresser le titre de 1,57 %. Les objectifs sont perçus comme réalistes, quoique pas simples à réaliser, alors que Nike, tout comme le challenger allemand, Puma, ont déjà affiché des objectifs ambitieux. En mai, Nikea annoncé qu'il comptait réaliser des ventes de 27 milliards de dollars (19,4 milliards d'euros) en 2015. Cela représenterait une progression d'environ 40 % par rapport à l'exercice 2009-2010. Puma compte de son côté porter ses ventes de 2,5 à 4 milliards d'euros sur le même horizon de temps.
Les marques Adidas et Reebok devraient assurer 90 % de la croissance des ventes du groupe. La première va viser la clientèle de sportifs assidus comme des adeptes du « lifestyle », la seconde mise sur le marché de masse dans le sport de loisir.
Au plan géographique, la moitié de la croissance doit provenir de trois marchés clefs, les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Adidas fonde de grands espoirs outre-Atlantique, où il va concentrer ses efforts de marketing auprès de la clientèle des lycéens, les « high schools kids ». Il s'agit d'une cible de clientèle forte de 16,3 millions d'acheteurs, bien plus dépensiers que leurs aînés du « college » et dont plus de 7 millions pratiquent au lycée des sports collectifs tels que le football américain, le soccer, le base-ball et le basket-ball. En termes de canaux de distribution, les artères commerciales (« mall ») et les surfaces spécialisées dans le sport doivent connaître une poussée, Adidas voulant en tirer à l'avenir la moitié de ses ventes, contre moins du quart actuellement.
En Chine, la stratégie vise avant tout à améliorer la couverture commerciale dans les moyennes et grandes villes. Adidas compte ouvrir 500 magasins par an d'ici à 2015. Il couvrira ainsi 1.400 villes dans l'empire du Milieu, contre 550 aujourd'hui.
Enfin, il compte asseoir sa suprématie en Russie, où la marque aux trois bandes détient avec Reebok 60 % du marché des articles de sport, selon ses propres indications. Cette part de marché doit grimper à 70 % dans les cinq ans. De 700 magasins détenus en propre, le parc doit passer dans le même temps à 1.000 points de vente. Adidas compte de la sorte poursuivre ses efforts pour diversifier ses sources de revenus. Alors qu'en 2001 près de 50 % des ventes étaient réalisées en Europe, cette part est déjà revenue aujourd'hui à 43 %. Le reste se répartit entre l'Amérique du Nord (24 %) et le reste du monde (33 %).
ANTISARKOZYSME - Villepin persiste et signe
"Nicolas Sarkozy n'est pas mon problème, il est un des problèmes de la France, ce qui veut dire que nous ne sommes plus dans le temps de l'anti-sarkozysme, nous sommes au-delà du sarkozysme", a-t-il persisté mardi, sur France Info. "Qu'il y ait une longue histoire entre Nicolas Sarkozy et moi, c'est vrai", a reconnu Dominique de Villepin, qui a accusé le chef de l'État de vouloir sa perte lors du procès des faux listings de la société Clearstream, où il est soupçonné d'avoir couvert une manipulation visant à nuire à Nicolas Sarkozy.
"Je lui ai tendu la main"
"En 1997, Nicolas Sarkozy était au fond du trou, je lui ai tendu la main. En 2001, personne n'en parlait pour jouer un rôle important, je fais en sorte qu'il puisse revenir dans l'équipe gouvernementale. En 2005, je l'ai pris dans mon gouvernement", a-t-il souligné. "Vous voyez : je n'ai pas de gages à donner dans ma relation avec Nicolas Sarkozy." Selon Dominique de Villepin, "la seule question qui se pose aujourd'hui c'est : Nicolas Sarkozy sert-il les intérêts de la France ?"
"Je ne remets pas en cause son élection - il sera en fonction, bien sûr, jusqu'en 2012. Ce que je remets en cause c'est la légitimité de l'action conduite par Nicolas Sarkozy. Est-ce que cela correspond à l'intérêt général", a-t-il insisté. "Ce qui est en cause, c'est le sentiment d'injustice au sortir de la réforme des retraites, c'est la confusion au sommet de l'État", a-t-il attaqué.
"Nous voyons depuis trois mois (...) la France qui s'épuise dans la perspective d'un remaniement, de querelles de la majorité qui ne nous grandissent pas. Mon sentiment, c'est qu'il n'y aura pas de second souffle dans le quinquennat, tout cela vient trop tard", a déploré l'ancien Premier ministre.
Les Français mauvais élèves en économie
Bonnet d'âne pour les Français en économie. Un sondage TNS Sofres réalisé à l'occasion des Journées de l'économie qui se déroulent jusqu'au 11 novembre à Lyon pointe vertement nos lacunes. Le verdict n'est pas glorieux puisque les personnes interrogées soumises à un test de connaissances n'obtiennent qu'un piètre 8,3 sur 20. Le score des personnes diplômées d'un 2e ou d'un 3e cycle n'est guère plus enthousiasmant puisqu'il se situe à peine au-dessus de la moyenne avec une note de 10,5 sur 20. Quant aux personnes âgées (7,5 sur 20) et aux femmes (7,7 sur 20), elles auraient besoin de sessions de rattrapage plutôt intensives. Les hommes, à peine plus éclairés, décrochent un médiocre 9 sur 20.
Phénomène peut-être plus surprenant encore à l'heure où le gouvernement se félicite du nombre croissant d'autoentrepreneurs dans le pays, nos concitoyens, les yeux rivés sur le CAC 40, ne savent pas que le tissu économique de l'Hexagone est essentiellement constitué de petites entreprises de moins de 10 salariés.
Pour Yves Crozet, professeur d'économie à l'université de Lyon, «les Français ne sont pourtant pas idiots, ils sont même plutôt malins quand il s'agit d'épargner ou d'investir dans l'immobilier. Mais ils savent aussi que l'économie est faite de contraintes et ils préfèrent feindre de les méconnaître».
Vulgarisation
Presque paradoxalement, ces lacunes se doublent d'un étonnant appétit en faveur de cette discipline. Car plus de 6000 personnes se sont inscrites pour participer aux 3es Journées de l'économie qui se déroulent jusqu'au 11 novembre à Lyon. Ambition de ces rencontres? Tenter justement de réconcilier les Français avec les mécanismes économiques les plus abscons. Les participants ne seront pas déçus, ils auront notamment pour pédagogues de choc Christine Lagarde, Jean-Claude Trichet, président de la BCE, ou encore Michel Camdessus, ex-patron du FMI, tous prêts à vulgariser leurs connaissances. Leur thème de prédilection? La gouvernance. Dans l'entreprise. En Europe mais aussi dans le mille-feuille des collectivités locales.«Il faut arrêter d'avoir des positions idéologiques et faire de la pédagogie, martèle Isabelle Knock-Meo, instigatrice du sondage, tout le monde doit s'y mettre, enseignants, journalistes, experts. L'école surtout doit valoriser les élèves qui optent pour cette discipline. L'économie doit être enseignée dès le collège. Pourquoi pas en primaire car pour comprendre les mécanismes financiers, il faut aussi avoir quelques bases mathématiques, savoir faire une règle de trois ou calculer un taux d'intérêt. Or, ces opérations simples ne sont plus apprises sur les bancs de l'école et les Français, on le voit dans le sondage, ne savent pas les résoudre.» Alors, pas très doués en économie et cancres en maths, les Français? Là encore, le sondage le laisse douloureusement présager.
(1) Il s'agit d'une diminution du montant de retraite auquel on a droit quand on part avant l'âge correspondant au taux plein et que le nombre d'annuités est insuffisant.
Joffrin défend les aides d'Etat à la presse
Obama 2.0 et le piège de la cohabitation
Hermès révise ses objectifs après un très solide 3e trimestre
Hermès, deux semaines après l'irruption de LVMH dans son capital, a une nouvelle fois mardi révisé en hausse ses objectifs annuels après un chiffre d'affaires en très forte progression au troisième trimestre.
Confirmant la poursuite du rebond du secteur du luxe, les ventes du groupe de la rue du Faubourg Saint-Honoré ont grimpé de 30,5% sur le trimestre, à 590,1 millions d'euros, et la croissance organique est ressortie à 20,2%, un chiffre nettement supérieur aux attentes des analystes qui tablaient généralement sur une progression comprise entre 14% et 15%.
Le marché attend surtout, à l'occasion d'une conférence téléphonique prévue à 9h30, des indications de la direction d'Hermès sur la stratégie du groupe face à la prise de participation de 17% de LVMH dans son capital, que le sellier juge hostile et qui fait l'objet d'une enquête de l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Fort de sa croissance, le fabricant des célèbres sacs Kelly ou des carrés de soie, a une nouvelle fois révisé à la hausse ses objectifs, par rapport à de précédents chiffres unanimement jugés prudents par les analystes.
Il dit maintenant anticiper une progression de ses ventes de l'ordre de 15% à taux de change constants, alors qu'il tablait fin août sur une croissance de l'ordre de 12%, et sur une hausse de un à deux points de sa marge opérationnelle, après avoir anticipé une amélioration d'"au moins un point" par rapport aux 24,2% de 2009.
Le titre a ouvert en forte hausse à la Bourse de Paris en réaction à ces chiffres, gagnant 3,8% à 160,20 euros vers 9h05.
Après avoir atteint un sommet historique à 207,75 euros le 25 octobre, après l'annonce de la prise de participation de LVMH, la spéculation s'est dégonflée sur un titre dont le flottant est aujourd'hui très limité.
A ce niveau de cours, le titre Hermès affiche encore un gain de 69% depuis le début de l'année, pour une capitalisation boursière de 16,6 milliards d'euros.
Au troisième trimestre, les ventes d'Hermès ont été une nouvelle fois tirées par celles de la maroquinerie, division phare et principal centre de profit du groupe, qui ont grimpé de 20%. Cette progression est d'autant plus remarquable qu'elle intervient après une hausse de 17% un an plus tôt. Les sacs de cuir, emblématiques produits de la maison, avaient alors fait la preuve de leur résistance face à la crise.
Celles des vêtements et accessoires ont progressé de 15,8% tandis que celles de la soie ont grimpé de 27,5%.
En Asie (hors Japon) la dynamique asiatique est restée extrêmement vigoureuse (+35%), tandis que le marché nippon, plombé depuis plusieurs années par la crise, est redevenu très légèrement positif (+0,4%).
Les ventes ont aussi profité d'une très solide demande en Europe (+22,4%), qui a bénéficié d'importants flux touristiques, mais aussi sur le continent américain (+20,3%).
Londres veut faire travailler ses chômeurs gratuitement
Faire travailler gratuitement les 1,4 million de demandeurs d'emploi longue durée que compte l'Angleterre. Le Premier ministre britannique, David Cameron, ne manque pas d'idées pour lutter contre le chômage qui touche 5 millions de personnes au Royaume-Uni. Cette mesure, qui n'est pas nouvelle, figure dans le cadre d'une projet de réforme du système d'allocations chômage britannique.
L'Eglise anglicane s'en mêle
Le ministre du Travail et des retraites, Iain Duncan Smith, a défendu ce mardi le projet controversé. «5 millions de personnes en âge de travailler sont au chômage, dont 1,5 million depuis dix ans», rappelle-t-il. «Demander à quelqu'un qui est sans travail depuis longtemps de participer à un programme de travail pour stimuler son estime de soi n'est pas une recette de désespoir mais une façon de réparer des vies briséees», a souligné le ministre.
Il réagit ainsi dans le «Daily Mail» aux critiques formulées par l'archevêque de Canterbury. Le chef de l'Eglise anglicane s'est dit très inquiet. «Je ne pense pas que celà soit juste», a réagi l'archevêque de Canterbury Rowan Williams. «Les gens qui se battent pour trouver du travail, et qui se battent pour un avenir sûr, sont entraînés encore plus dans une spirale d'incertitude, et même de désespoir lorsqu'ils sont mis sous pression de la sorte», a-t-il commenté.
Mardi matin, la presse conservatrice tirait à boulets rouges sur le chef de l'Eglise anglicane : «Gauchiste chevelu», s'exclame le «Daily Express», pour qui l'archevêque a «passé la plus grande partie de sa vie dans une tour d'ivoire». Le Times suggère que l'archevêque a fait preuve d'une «passion» disproportionnée sur le sujet, et qu'il est mieux inspiré lorsqu'il s'agit de questions touchant à l'église.
Benoît XVI, un pèlerin polémique
Le pape n’a pas profité de "cette occasion exceptionnelle pour unir foi, raison et culture", regrette El País, car "il s’est imposé la tâche herculéenne de combattre la sécularisation inarrêtable de l´Europe", dont "l’Espagne serait bizarrement le centre opérationnel". Il est vrai que l’Espagne "n’est plus la lumière de Trente", le concile qui a lancé la Contre-Réforme au XVIe siècle, et que les fidèles étaient moins nombreux que prévu, note le quotidien, mais "Ratzinger exagère et a perdu une bonne occasion de rapprocher l’Eglise de l’Etat."
Qui l'a aussi mal conseillé ?
A Barcelone, estime La Vanguardia, le message papal a été "la continuation logique de la complainte ecclésiastique sur la perte des racines chrétiennes de l´Europe et ses possibles conséquences". Dans le même journal, Enric Juliana estime que "le catholicisme dispose aujourd’hui d’un Pape carolingien" qui parle avec un "langage didactique qui n’a rien d’offensant", assure l’éditorialiste.Quiconque a conseillé Benoît XVI lors de son voyage en Espagne lui a rendu mauvais service, juge en revanche la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien de Munich condamne "cette comparaison funeste avec les années 30", lorsque la République espagnole essayait de réduire le rôle de l’Eglise dans le pays. Cela montre une nouvelle fois que le Vatican aime occulter son histoire, en l’occurrence que "le clergé espagnol, agressif et meurtrier, a fait la courte échelle au franco-fascisme victorieux“. "Pourquoi Benoit XVI évoque-t-il cela maintenant ? Parce qu'en matière sociale, l'Espagne est arrivée au présent. Le mariage homosexuel, le divorce dans des délais supportables, l'avortement, l'éducation sexuelle – voici le catalogue des péchés que – aux yeux du Vatican – l'Espagne ne peut pas expier.“
A Varsovie, en revanche, Rzeczpospolita met en garde contre "le dangereux anticléricalisme". "Les paroles de Benoît XVI sur le retour du sentiment anticlérical en Espagne ont été décrites par la plupart des médias européens comme une attaque contre le gouvernement de José Luis Zapatero. Mais le fait est que, depuis 6 ans, les croyants espagnols ont eu des raisons de se sentir comme des citoyens assaillis et acculés dans un coin."
Les Tchèques peu réceptifs à la personnalité du pape
Dès lors, considère Rzeczpospolita, "lorsque les politiciens restent silencieux, il n’est pas étonnant que le pape doive s’exprimer. De la même manière que nous faisons preuve d’une grande sensibilité lorsqu’il s’agit de radicalisme de droite. Nous devrions être préoccupés lorsque la gauche adopte des vues extrêmes. Particulièrement parce que l’anticléricalisme politique n’est plus une chose exotique en Pologne".A Prague, Lidové noviny s’étonne en Une : "'Les irréligieux!' gronde le pape à propos des Tchèques". Benoit XVI a en effet cité la République tchèque comme exemple de la perte de religiosité de l’Europe. Pourtant, remarque le quotidien sondage à l’appui, les Tchèques ne sont pas tant anti-catholiques que peu réceptifs à la personnalité du pape. D’autre part, alors que le pape s’inquiète que "le vide spirituel qui est en train de se créer en Europe laisse la place à l’Islam", Lidové noviny souligne que "l’islam a moins de chance de s’installer chez nous que dans les pays du catholicisme vivant".
Les remarques pontificales, prévient le quotidien tchèque, pourrait accentuer un reflexe "de résistance hussite" dans le pays où Jan Hus a voulu réformer l’Eglise au XVe siècle. Mais "le pape, qui aime argumenter par la vérité et sa relation à la liberté, pourrait ainsi alimenter le vieux et inoubliable slogan [hussite] anti-catholique : la vérité vaincra."
Pékin achète notre silence
Personne n'a parlé publiquement d'achats de dette souveraine, mais la diplomatie portugaise pouvait avoir le sourire. La Chine est une puissance émergente incontournable, et un petit pays comme le Portugal a tout à gagner à la compter parmi ses partenaires. Les affaires avec Pékin ont cependant une autre facette.
Pas de réponse commune à l'ascension de la Chine
Il y a la question de l'influence croissante de la Chine dans le monde, et celle de la démocratie et des droits de l'homme. Comment concilier ces deux versants de l'ascension du géant chinois, c'est précisément tout le problème. Et il n'y a pas de réponse commune.L'Europe risque de ne plus être perçue comme un espace de liberté
La Banque de France prévoit 0,5% de croissance au 4e trimestre
La Banque de France prévoit une croissance de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre dans son enquête mensuelle de conjoncture publiée mardi.
Le premier chiffre officiel de la croissance du troisième trimestre sera publiée vendredi. La Banque de France l'attend à 0,3%.
L'enquête de la BdF sur le climat des affaires en octobre reflète une légère augmentation de l'activité industrielle: l'indicateur du climat des affaires dans le secteur a progressé d'un point à 103 après 102 en septembre.
Le taux d'utilisation des capacités de production industrielles a légèrement diminué, à 76,4% contre 76,8% en septembre, précise la Banque de France. Il reste nettement inférieur à sa moyenne de longue période (82).
Les carnets de commandes sont jugés conformes aux attentes et les entrées de nouvelles commandes ont continué de progresser à un rythme comparable à celui des mois précédents.
Parallèlement, l'activité des services a légèrement progressé grâce à l'orientation favorable du travail temporaire, précise la Banque de France. L'indicateur du climat des affaires dans les services ressort stable à 96.
Vive de Gaulle ! Sans cesse, cette acclamation montait à nos lèvres, du fond de notre coeur, durant ces longues années noires de l'Occupation. De Gaulle, ce nom prédestiné à rétablir la France dans la liberté, à lui redonner son rang dans le monde après cette sinistre défaite qui l'avait abattue.
Vive de Gaulle ! C'était le cri de ceux qui ne se résignaient pas. Pourtant, nous ne connaissions pas cet homme. Nous ne l'avions jamais vu. Peu nombreux étaient ceux qui connaissaient sa voix. Et puis, quelques tracts largués par avion nous parvinrent. La photo du Général était encadrée d'une bordure tricolore et l'on pouvait lire, au verso, le fameux appel du 18 juin 1940 : « La France a perdu une bataille, mais elle n'a pas perdu la guerre... »
De Gaulle poursuivit le combat. Sa vision débordait largement les frontières de la France et même celle de l'Europe. Il avait immédiatement compris que la guerre, à travers les empires britannique et français, allait s'étendre au monde. Il avait pressenti les changements d'alliance entre l'Allemagne et l'URSS et l'entrée en guerre de la puissante Amérique.
Il avait affirmé sa foi dans l'héroïque Angleterre qui, presque désarmée, se dressait seule, alors, pour faire face à l'armée allemande au sommet de sa puissance.
L'un des plus grands
Sa foi en la France le rendait certain d'être entendu par les Français. Il savait pouvoir rallier autour de lui ceux qui voulaient poursuivre le combat. Il savait que, soumis à une occupation de plus en plus dure, les Français se rebelleraient un jour et que ceux qui collaboraient avec l'ennemi seraient de moins en moins soutenus. Et tout cela se produisit, en effet, mais à travers bien des vicissitudes. Cependant, de Gaulle, inébranlable, persistait et s'imposait de plus en plus aux Alliés comme un partenaire à part entière, malgré sa faiblesse et son isolement.
Il eut, un jour, la satisfaction de constater que les Français l'encourageaient de loin. Sa mère, réfugiée à Paimpont, en Bretagne, y mourut. Sa tombe était fleurie régulièrement par des mains inconnues. Une photo fut prise et lui parvint, ce qui lui fit dire : « Vous voyez, ils sont avec moi. »
De Gaulle était, pour nous, l'étendard de l'indépendance et de la liberté. Nous l'attendîmes durant quatre ans. Puis, il nous apparut aux balcons de nos hôtels de ville, au milieu du peuple de Paris, à Notre-Dame, sous une fusillade inexpliquée. Plus tard, ce furent les épisodes politiques, souvent dramatiques, jusqu'au départ définitif dans la solitude des rivages irlandais ; jusqu'au soir où il s'éteignit à la Boisserie, il y a quarante ans aujourd'hui. Le pays plongea dans la stupeur et la tristesse.
Nous sûmes alors que nous avions été contemporains d'un homme qui faisait partie des quelques grands personnages qui avaient fait notre histoire. Il fut sans nul doute, parmi eux, l'un des plus grands.
Qu'ils sont admirables, nos voisins italiens ! Ils ont, après guerre, vécu des décennies sans vrais gouvernements pour le plus grand bien de leur économie, surtout parallèle. Ils ont supporté avec courage les « années de plomb » de l'ultra-gauche terroriste. Ils résistent à la mafia... et ils tolèrent depuis quinze ans Silvio Berlusconi. Ses frasques, sa gouaille, sa faconde vulgaire de « nouveau riche » qui se croit tout permis, jusqu'à faire plier la justice. Il est vrai aussi que dans l'opposition divisée, face à Berlusconi, il n'y a guère de leader, exception faite de l'intermède Romano Prodi, trop triste, trop sérieux comparé au « Cavaliere »...
« Basta », enfin ? Gianfranco Fini, président de la Chambre, fort de ses quarante députés indispensables à la majorité gouvernementale, vient de demander la démission de Silvio Berlusconi. Pour mille raisons politiques, tout en avançant celles de la morale toujours chère à cet ancien dirigeant du MSI néo-fasciste. Un autre parti étrange, cette Ligue du Nord qui rêve de Lombardie et de sécession, semble vouloir emboîter le pas. L'Italie entre en crise gouvernementale... Finalement, tout cela pour une nouvelle « lolita », une de plus ! Les « parties fines » du barbon de 74 ans, après avoir longtemps flatté un certain machisme italien, ne font plus rire.
Surtout pas le monde des affaires. Il se bat dans une conjoncture difficile, comme partout en Europe, pour vendre le « made in Italy » et se passerait volontiers de la publicité Berlusconi. Encore moins l'Eglise catholique toujours influente dans la Péninsule qui, dans un subtil exercice de casuistique, traite désormais le « Cavaliere » d'« homme malade ».
Mais cette crise italienne intervient au plus mauvais moment. Elle s'ajoute à d'autres faiblesses en Europe. A celles de la France dont l'exécutif atteint des records d'impopularité. A la coalition d'Angela Merkel de plus en plus chancelante. Au gouvernement Cameron du Royaume-Uni, à peine élu et déjà contesté. Et que dire de l'Espagne, du Portugal, de la Grèce ? Sans même évoquer les Pays-Bas en pleine crise identitaire ou la Belgique depuis des mois inscrite aux abonnés absents...
En mal de crédibilité, les moqueries sur la situation italienne en plus, les gouvernements européens font piètre figure à la veille du G20 de Séoul où Américains et Chinois voudront imposer leur politique. Et il serait vain de s'appuyer sur l'Europe institutionnelle de l'UE. Ses chanoines sont bien trop occupés par leurs querelles de lutrins...
Il est entré dans l’Histoire de France sans carton d’invitation. Aucun politicien raisonnable n’aurait misé un kopeck, à l’été 1940, sur le destin de l’officier rebelle qui s’agitait à Londres. Général d’une armée morte que lui prétendait ressusciter par la seule magie du verbe…
Au regard des bien-pensants, ce résistant lyrique passait pour un factieux. Bien penser, à l’époque, consistait à serrer la main d’Hitler et voter les pleins pouvoirs à Pétain.
Un “agité du képi”, donc. Ou, sinon, personnage shakespearien “de l’étoffe dont on fait les rêves”. Les siens étaient de grandeur, alors que la petitesse gagnait partout. À chevaucher pareille chimère, que diable pouvait-il conquérir ? L’honneur et l’indépendance. L’homme du 18 juin, quoi qu’on pense ensuite de sa carrière de chef d’Etat, nous a rendu l’essentiel.
40 ans après son décès, “tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change”, il trône au Panthéon de l’imaginaire français. De Gaulle a rejoint Jeanne d’Arc et Bonaparte dans la galerie des héros “providentiels” qui nourrissent le récit national.
Un mythe, dira-t-on. Et heureusement ! “Les pays qui n’ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid” prophétisait le poète Patrice de la Tour du Pin.
Ce matin, au cimetière de Colombey, le président Sarkozy viendra se recueillir sur la tombe du grand Charles. Pas sûr que ça suffise à réchauffer le peuple, ni les sondages.
Quel anniversaire ! Villepin vilipende Sarkozy, Sarkozy tacle Copé, Fillon tance Sarkozy, Chirac est renvoyé en correctionnelle... Gardons-nous certes de toute nostalgie: le gaullisme n'a jamais été un champ de roses, et la grandeur du Général a couvert bien des petitesses. Mais tout de même, il se confirme en ce jour anniversaire que l'histoire dégringole toujours de la tragédie à la farce. Il serait injuste et absurde de reprocher aux petits-enfants du Général de ne plus être gaullistes. Les temps ne sont plus à l'héroïsme, notre époque n'a plus rien d'épique. On n'entre pas en Résistance contre un dérèglement des marchés, ou pour la retraite à 60 ans. Non, ce qui gêne dans la comédie actuelle, c'est que les petits-enfants jouent encore au Général. Un peu comme Napoléon III, dit Napoléon le Petit, car il fut Petit bien davantage que Napoléon.
Le rapport qui vient d'être remis au Sénat pour réguler la pratique des sondages arrive à point nommé. La manie sondagière, particulièrement marquée en France, est amplifiée par la combinaison de l'audiovisuel et d'Internet : sans cesse, des chaînes de télévision, des partis, des groupes d'intérêt demandent au public de se prononcer, via le Web, sur toutes sortes de questions, ce foisonnement de mini-scrutins donnant une impression trompeuse d'« hyperdémocratie ». Les enquêtes réalisées par les instituts professionnels, tenus de respecter certaines règles, sont certes plus fiables -à condition de savoir que leurs résultats sortent d'une « chaîne de fabrication » dont chaque étape comporte un risque d'erreur. D'abord, en amont, le libellé des questions : les rédiger sous une forme neutre, qui ne suggère pas en elle-même la réponse, est un exercice parfois impossible, parce que certains mots ont une connotation indélébile. Autre aléa, le moment de l'enquête : le résultat ne sera pas le même selon qu'elle se déroule en pleine crise ou à froid, la tension passée. De même, à propos des intentions de vote, l'état d'esprit du sondé, qui peut exprimer une réaction épidermique différente du choix qu'il fera dans l'isoloir. Vient ensuite l'élaboration des chiffres : comme les personnes ayant accepté de répondre ne constituent jamais un « échantillon représentatif » de la population (par âges, régions, niveaux de revenu, etc.), les instituts procèdent à des « redressements ». Selon quelle méthode ? Mystère : chaque institut a la sienne, qu'il garantit « scientifique », mais qu'il refuse de dévoiler, même à la Commission des sondages, respectable institution créée en 1977. Curieuse attitude : la méthode scientifique n'implique-t-elle pas que le chercheur qui présente un résultat expose en même temps les conditions de l'expérience ? La loi qui devrait suivre le rapport remis au Sénat n'effacera pas toutes ces incertitudes, mais elle rendra sans doute plus nette, en matière de sondages, la frontière entre l'« à peu près » et le « n'importe quoi ».