lundi 6 août 2012
C’est vraiment l’été… La preuve ? Le silence de plomb qui menace d’étouffer le coup d’éclat de Mme Thébaud-Mony. Cette chercheuse de haut niveau sur la santé au travail vient de refuser la Légion d’honneur. En protestation, dit-elle, contre l’indifférence face au drame des maladies professionnelles. Les victimes de l’amiante, des déchets nucléaires ou tout simplement du stress, valent mieux qu’une médaille, veut signifier Mme Thébaud-Mony. Mais voilà, alors que nous croulons toute l’année sous les polémiques imbéciles, il ne s’est pas trouvé un politique ni un syndicaliste pour quitter un instant la plage afin de saluer ou critiquer ce coup de gueule. Vous n’avez rien compris aux règles médiatiques, Mme Thébaud-Mony : votre Légion d’honneur, il fallait la refuser avant, ou après, les Jeux olympiques – mais pas pendant, malheureuse ! Allez, on en reparlera en septembre. Peut-être…
Dix phrases à ne pas dire cet été
"Figurez-vous que j'ai reçu un déodorant par colis sans n'avoir jamais rien commandé"
"Hello ! Demain, mets ta plus belle robe, je t'invite à dîner au Ritz"
"Les lunettes de Tony Parker ? J'aime beaucoup, c'est super sympa comme design !"
"Ex-mannequin, ex-première dame, Carla Bruni-Sarkozy est finie"
"Si les filles se font siffler ou injurier, c'est parce qu'elles portent des tenues osées !"
Malaise. Cécile Duflot toussote, elle qui a subi sifflets et huées de la part de certains députés UMP pour avoir osé pénétrer dans l'hémicycle vêtue d'une simple robe à fleurs. "Mesdames et messieurs les députés, mais surtout messieurs visiblement...", a poursuivi la ministre de l'Égalité des territoires et du Logement. À Bruxelles, les injures remplacent les sifflets : "Chienne ! Salope ! Tu suces ?" peut-on entendre quand on est une femme et qu'on a commis l'irréparable : mettre du rouge à lèvres. Cent cinquante-cinq femmes siègent à l'Assemblée nationale, mais, malgré cette présence féminine inédite, Joséphine a encore bien du mal à pouvoir oser."Mon truc pour arriver plus vite ? J'accélère, tout le temps"
Les foudres de Bison futé vont s'abattre sur vous. Les aoûtiens prennent la route des vacances, les juillettistes rentrent chez eux, les embouteillages de ce week-end sont inévitables. Afin d'éviter de klaxonner pendant six heures d'affilée et de faire monter cette mauvaise humeur typique des joutes verbales en voiture, ralentissez. Si, par bonheur, vos compagnons de route vous imitent, le flux de voiture se régulera, vous brûlerez moins d'essence et vous ne finirez pas sur une aire d'autoroute à 23 heures en train de boire un café thermos froid, seul, assis sur un banc à côté des toilettes turques."Boris Boillon ? C'est un ami ! Il est à Tunis en ce moment, il est ambassadeur"
"Lady Gaga, c'est trop marketing, je préfère Lana Del Rey, elle est plus authentique"
"L'été n'est pas très chaud, on va avoir un beau mois de septembre"
"Un peu de champagne avec votre dessert ?"
France-Bahreïn : quand François Hollande reçoit un dictateur
Le président de la République a accueilli en catimini le roi Hamed de
Bahreïn, dont le régime étouffe dans le sang la révolte de sa
population.
Le colonel Kadhafi, Bachar el-Assad..., le perron de l'Élysée croyait la page des dictateurs arabes invités en France tournée. Deux mois après son accession à la tête de l'État, François Hollande
semble pourtant perpétuer la tradition présidentielle, en secret. C'est
en catimini que le "président normal" a reçu le 23 juillet dernier le
roi de Bahreïn,
Hamed ben Issa Al Khalifa, à la tête d'une dynastie sunnite au pouvoir
depuis deux cents ans. En effet, aucune mention sur l'agenda élyséen,
aucune alerte à la presse ne sont venues annoncer cette visite de
premier plan. "Cette rencontre était à l'évidence une réception
officielle", signale au Point.fr Jean-Paul Burdy*, professeur d'histoire
à l'Institut d'études politiques de Grenoble, qui relate l'affaire sur son site.
Ce spécialiste de Bahreïn en veut pour preuve le fait que le roi a été
accueilli à l'aéroport par la garde républicaine française.
Pourquoi un tel silence ? Il faut dire que Bahreïn n'est pas
n'importe quel pays. Cela fait un an et demi que le royaume réprime dans
le sang la révolte chiite : la communauté majoritaire de ce minuscule
État de 1 230 000 habitants (dont 550 000 nationaux) exige du pouvoir
sunnite des élections libres et la fin des discriminations à son égard. Selon Amnesty International, au moins 60 personnes ont été tuées depuis mars 2011, après que l'Arabie saoudite a dépêché sur place un millier de ses soldats pour réfréner toute velléité révolutionnaire.
Un tweet donne l'alerte
Ironie du sort, c'est justement par un tweet (relayé par le Figaro.fr) qu'une journaliste politique de l'Agence France-Presse, accréditée à l'Élysée, s'est chargée de donner l'alerte, le 23 juillet à 11 heures du matin. Évoquant une "visite-surprise", en tout cas "pour les journalistes AFP", elle joint à son texte une photo montrant François Hollande aux côtés du roi Hamed ben Issa Al Khalifa, sur le perron de l'Élysée. Quelques heures plus tard, la présidence de la République explique que l'entretien a porté sur la situation en Syrie ainsi que sur "le risque de prolifération des armes de destruction massive". Autrement dit sur le dossier nucléaire de l'Iran, pays que Manama accuse de fomenter les troubles à Bahreïn.Le lendemain, c'est Laurent Fabius qui reçoit son homologue bahreïni Khalid ben Ahmed al-Khalifah. Celui-ci annonce que la France va aider Bahreïn à mettre en oeuvre des réformes judiciaires ainsi que des mesures en faveur de la liberté de la presse et des droits de l'homme, rapporte l'AFP. De son côté, le Quai d'Orsay indique que le chef de la diplomatie française a "encouragé les autorités bahreïnies à poursuivre leurs efforts pour permettre un apaisement durable des tensions que connaît le royaume".
Des tensions qui, pourtant, restent extrêmement vives. Durant tout le mois de juillet, les forces de sécurité ont arrêté plus de 240 personnes alors qu'une centaine d'autres ont été blessées dans des heurts avec la police, selon le principal groupe de l'opposition chiite, Al-Wefaq. Deux semaines avant la visite du roi en France, l'opposant emblématique Nabeel Rajab a été condamné à 3 mois d'emprisonnement pour avoir critiqué dans un tweet le Premier ministre bahreïni, et oncle du roi, Cheikh Khalifa. "Des manifestations ont lieu en permanence dans les quartiers chiites périphériques de Manama", indique pour sa part Jean-Paul Burdy, selon qui "le régime n'est pas menacé, mais la situation pas normalisée non plus". Le 1er août, l'ONG des Médecins pour les droits de l'homme (PHR) a ainsi condamné l'utilisation par le gouvernement bahreïni de grenades lacrymogènes dans un but létal. Dans un rapport, le directeur adjoint de PHR affirme que des tirs de grenades lacrymogènes visent "directement des civils dans leur voiture, dans leur maison, ou dans d'autres espaces fermés où les effets toxiques sont exacerbés".
Coopération sécuritaire ?
S'il demeure la principale cible des manifestants de la Perle (place centrale de Manama, NDLR), le roi Hamed, au pouvoir depuis dix ans, s'inscrit-il pour autant dans la lignée des Muammar Kadhafi et autres Bachar el-Assad ? "Absolument pas", insiste Jean-Paul Burdy. "La répression est bien moins sanglante à Bahreïn et le roi n'en est sans doute pas l'acteur principal." Conscient de l'impasse politique que traverse son pays, Hamed ben Issa Al Khalifa a bien tenté d'accorder des concessions à l'opposition. Il a notamment mis sur pied en juin 2011 une commission d'enquête internationale indépendante sur les incidents qui ont frappé le pays trois mois plus tôt. Le rapport qui en a découlé dénonce un "usage excessif et injustifié de la force" du régime.Problème : l'appareil sécuritaire reste entre les mains du puissant Premier ministre Cheikh Khalifa, véritable chef de l'État depuis près de cinquante ans. "Ce qui est certain, c'est que le roi Hamed est aujourd'hui le dirigeant d'un régime répressif", souligne le spécialiste du royaume. Voilà qui expliquerait pourquoi l'Élysée s'est contenté d'un "service minimum" pour la venue du souverain. Pas de journalistes, pour ne pas s'attiser de foudre médiatique, mais aussi pour ne pas accorder au royaume une vitrine internationale, ce dont il a aujourd'hui grand besoin pour sa propagande intérieure. Si le "silence radio" français s'est révélé efficace, il a été trahi par la presse bahreïnie, qui a surexploité à l'excès la visite royale en capitale occidentale.
Le "message" de la France
Surtout, l'agence de presse officielle BNA a apporté ses propres précisions sur la future coopération entre les deux pays. À l'en croire, les opposants bahreïnis ont de quoi s'inquiéter : outre la presse, la collaboration concernerait "les domaines politique, de la défense, de l'éducation, de la culture et de la technologie". Une perspective qui a suscité l'inquiétude de six associations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l'homme et Human Rights Watch. Dans une lettre commune rendue publique le 2 août, les ONG appellent François Hollande à "indiquer clairement que la France déplore l'échec de Bahreïn dans la mise en oeuvre des recommandations les plus importantes de la commission d'enquête indépendante de Bahreïn, à savoir la libération des personnes emprisonnées pour l'unique exercice de leurs droits à la liberté d'expression et de rassemblement pacifique".Contactée par le Point.fr, une source proche du dossier affirme que les deux pays ont simplement discuté de la possibilité de créer une haute autorité s'intéressant à l'ensemble des relations entre les deux pays. "C'est seulement lorsque le comité sera mis en place que les domaines de coopération seront formalisés", ajoute-t-elle. Interrogée sur le bien-fondé d'un tel rapprochement, étant donné la répression en cours à Bahreïn, la source précise que ce genre de collaboration est un moyen pour Paris de faire passer à Manama le "message selon lequel la France soutient le processus des réformes entreprises dans le pays".
Marilyn Monroe : 50 ans après sa mort, les vingt choses que vous ignorez toujours à son sujet
Croissance contre austérité : un faux clivage que la gauche a réussi à imposer à la droite
Marilyn Monroe était-elle une bonne actrice ?
Alors que les commémorations de la disparition de Marilyn Monroe
il y a cinquante ans saturent l'actualité médiatique, le risque est de
voir l'essentiel – son talent inné d'actrice – aspiré dans le flot des
célébrations d'une trajectoire unique souvent résumée à quelques tags unanimement reconnus : icône pop, sex-symbol, légende hollywoodienne, mystère entourant sa mort et tutti quanti.
L'une des pires injustices rendues au talent de la comédienne demeure
néanmoins ce cliché qui voudrait que l'ex-mannequin ait trouvé dans ses
multiples poses pour des séances photos la liberté et la part créative
qu'elle n'a jamais pu obtenir sur un plateau de tournage. Si une part du
mythe de Marilyn repose effectivement sur sa prodigieuse photogénie, où
s'exprime et se cristallise une puissance de séduction à nulle autre
pareille, le jeu de l'actrice dans ses films est révélateur d'un génie
d'une tout autre ampleur.
Il faut revoir ces films où Marilyn n'a pas encore explosé comme sex-symbol universel, de son rôle de baby-sitter détraquée dans "Troublez-moi ce soir", d'une incandescence noire, à ses irruptions merveilleuses dans "Quand la ville dort" de Huston, "Eve" de Mankiewicz ou "Chérie je me sens rajeunir" de Hawks. Il révèlent déjà la nature même, étincelante, impétueuse et sauvage, du jeu de Marilyn : une présence qui détonne et fait éclater la fiction, pure aura de fraîcheur et de sensualité qui dérègle les limites du cadre et de la mise en scène.
Le miracle de la présence de Marilyn à l'écran est indiscutable, il y a en elle une évidence qui échappe à tout contrôle et touche à ces notions primitives d'apparition et de ravissement qui remontent à la source du cinéma : c'est la facette la plus connue d'un jeu qui trouvera dans les films de Billy Wilder ("Sept ans de réflexion" et surtout "Certains l'aiment chaud") son apothéose. À l'image de la mythique séquence où Marilyn enlace Tony Curtis ("Don't fight it. Relax."), rien ne résiste à ces mimiques, à cette voix, à ces gestes, à cette énergie qui affole tout ce qui se trouve dans son champ d'action.
Il y a un autre aspect, moins évident, du jeu de Marilyn : celui-ci tient à sa volonté névrotique de sortir des rôles comiques, ingénus et sensuels de blonde évaporée pour aller vers la profondeur. De la même manière qu'elle s'entraînait de manière olympique pour se perfectionner en chant ou en danse à ses débuts, on sait que la star célébrée dans tous les magazines people de la planète a tout fait pour muscler son rapport à l'art et à la culture par la suite.
Bricoler dans l'inconnu
Le résultat de cette démarche, suite à son passage à l'Actor's Studio dans la capitale "intellectuelle" new-yorkaise (où elle se liera pour toujours avec le couple Strasberg), pousse l'icône populaire vers des interprétations plus théoriques ou techniques (à l'image de son personnage dans "Bus Stop") et révèle surtout, au delà de son côté actrice-née, un rapport obsessionnel à une forme de maniérisme très sophistiqué.
Tout le génie de Marilyn se tient dans cet écart entre le naturel pur et cette sophistication capable des plus délicates nuances. Un film comme "Les Désaxés" de Huston, dans lequel l'actrice joue avec ses propres fêlures (le film ayant été écrit par son mari d'alors, Arthur Miller), est d'autant plus bouleversant qu'il porte à son paroxysme le mystère qui entoure le jeu tout de magie, de ruptures et de bizarrerie de Marilyn.
On y retrouve cette spontanéité et cette mélancolie qui se consument dans une sorte de cauchemar éveillé, mais aussi une manière de bricoler dans l'inconnu, en tâtonnant entre l'improvisation émotionnelle et la méthode hystérique de l'Actor's Studio qui allait bientôt envahir Hollywood. Toute la modernité du jeu de Marilyn Monroe trouve là un degré de grâce presque insupportable de beauté. Il était peut-être dit, dès ce tournage funeste et saturé de malédictions, que le génie dramatique de Marilyn ne se remettrait pas d'un tel sommet.
Les glaces Amorino, c’est bon et basta !
Voilà le genre d’histoire qui fait fondre de plaisir Cristiano Sereni, le P-DG d’Amorino (le nom italien du dieu Cupidon). Derrière sa mèche impeccable et sa détermination de condottiere, ce play-boy transalpin de 42 ans a inventé un concept en or : la glace italienne made in France. Le client se croit dans une «gelateria» romaine, mais toutes les glaces sont élaborées dans un laboratoire de 8.000 mètres carrés installé à Orly, en banlieue parisienne. Résultat : en moins de dix ans, la chaîne a ouvert 81 boutiques, dont 52 dans l’Hexagone – et à peine trois en Italie ! Pour devenir franchisé, chaque impétrant doit payer un ticket d’entrée de 200.000 euros, puis dépenser à peu près autant en investissements divers la première année. Mais le patron vous le jure dans un français parfait : avec 500.000 euros de recettes par an et une marge de 25%, un Amorino est amorti au bout d’un quinquennat. Du coup, le réseau affiche un chiffre d’affaires de 24 millions pour 2011, deux fois plus qu’il y a quatre ans. «En comptant les magasins à l’étranger, nous en aurons 90 début 2013», glisse le boss entre deux voyages à Hong Kong et Dubaï.
Pas de colorant, ni d'arôme de synthèse ici. Tout est 100% naturel
Un givré, ce nouveau glacier ? Seule certitude : depuis qu’il est arrivé en France à l’âge de 24 ans pour suivre sa petite amie, devenue par la suite son épouse, ce diplômé de l’université de Bologne n’a jamais eu froid aux yeux. A la fin des années 1990, avec 300.000 francs avancés par un banquier, c’est lui qui avait lancé Cinebank, ces fameux distributeurs automatiques de cassettes vidéo. «Il y en avait partout en Italie, alors j’ai répliqué l’idée», résume-t-il. Surtout, le jeune homme eut la riche idée de revendre l’entreprise au géant Video Futur en 2002, avant que le téléchargement sur Internet n’emporte tout le secteur sur son passage. On parle d’un chèque à cinq zéros ? Il élude. «Je ne vous donnerai pas le montant, mais on faisait 50 millions de chiffre d’affaires», concède- t-il. Une fois le compte en banque bien garni, ce passionné de Ferrari se demande alors ce qui lui manque à Paris pour mener la dolce vita, la vraie. Réponse : une glace. Ou plutôt une «gelato». Avec un ami d’enfance, Paolo Benassi, débauché de la direction financière de Max Mara, il décide alors de monter sa propre échoppe. «Paolo est retourné plusieurs mois en Italie pour apprendre le métier, puis on s’est installés sur l’île Saint-Louis, à Paris, juste en face du célèbre Berthillon», raconte-t-il. La suite tient en une idée simple : ne rien faire comme les Häagen-
Ça commence par le choix des ingrédients. Tous les experts ès cornets deux boules vous le diront : une bonne glace, c’est avant tout des choses simples (du lait et des œufs frais) turbinées avec les fruits du moment. Moyennant quoi, les deux acolytes se targuent de ne sélectionner que le meilleur. Les concurrents plébiscitent la mangue péruvienne bon marché ? Eux ne prennent que de l’alfonso, une variété indienne 30% plus chère. Les framboises premier choix ne sont disponibles qu’entre avril et septembre ? Ils ne proposent pas ce parfum au-delà de cette période. Quant aux pistaches, les deux dirigeants en ont testé trois sortes – la syrienne, la californienne et la turque – avant de craquer pour la sicilienne, la fameuse pistache de Bronte. Pas donnée, certes. «Mais on sent la différence», assurent-ils, en expliquant leur méthode pour contrôler les coûts d’achat : «Parfois, nous négocions directement avec le producteur. Impossible, sinon, d’avoir des poires non pasteurisées, fraîches et mûres chez un grossiste.» Et ne leur parlez pas des colorants flashy et des arômes de synthèse, utilisés par les industriels. «Chez nous, même les conservateurs sont d’origine naturelle.»
Deuxième force d’Amorino : un marketing sur mesure pour vous transporter devant le Colisée en deux lippées. Dans ses boutiques aux teintes tabac – les concurrents donnent dans le blanc immaculé – tous les noms de parfums sont en italien dans le texte. Pour commander celui à la noisette, il faut demander la «nocciola tonda e gentile» ; la fraise s’appelle «fragola» ; et le «cioccolato senza latte» désigne le chocolat noir. «On nous apprend à prononcer chaque parfum avec l’accent de là-bas», sourit un vendeur d’ici. Dans les centres commerciaux, Amorino va jusqu’à monter des stands en forme de camionnette de glacier à l’ancienne signée Vespa. Rétro et «veramente italiano», vous dit-on.
Mais comme Lille ne se situe pas au sud de la Sardaigne, les deux associés doivent aussi y faire oublier le mauvais temps qui sévit six mois par an. Leur idée : transformer le glacier en salon de thé pendant la basse saison. Depuis 2005, les boutiques Amorino proposent force chocolats chauds et cafés gourmands – pardon, «caffè goloso» – accompagnés de panettone et de confiseries. Des produits importés d’Italie cette fois, qui représentent un quart du chiffre d’affaires. «En plus, ça nous a ramené des clients qui ne connaissaient pas nos glaces», se réjouit Cristiano Sereni.
Dernière clé du succès : un réseau de franchisés sous contrôle. Fini, le temps où les dirigeants se faisaient escroquer de plusieurs centaines de milliers d’euros en Chine, en pensant racheter le nom d’Amorino à un aigrefin qui disait l’avoir déposé. Aujourd’hui, les principales boutiques de l’enseigne sont dirigées par des anciens de Cinebank ou des parents. Comme celles implantées en Italie, dont le patron n’est autre que le beau-frère de Sereni. «Il y a un côté clanique, c’est vrai, mais dans le bon sens du terme», s’amuse Philippe Terriere. Ah, la «famiglia»…Dazs et autres géants du secteur.