En campagne pour les régionales, le premier ministre s'aventure aussi sur la scène internationale. Il revient du Proche-Orient.
L'omnipremier ministre serait-il en train de faire de l'ombre à l'hyperprésident ? François Fillon est sur tous les fronts à la veille des élections régionales. Premier ministre en campagne la semaine, vice-président le week-end à l'étranger ! On ne voit que lui, ces jours-ci. Même les journalistes sont revenus dans son sillage. Les candidats aux régionales se l'arrachent. Le chef de la majorité sera mardi au Mans, son fief électoral, pour animer une réunion aux côtés de Christophe Béchu, qui tente de reconquérir la région des Pays de la Loire. Il a prévu un déplacement jeudi et sera lundi prochain à Metz avec Laurent Hénart, chef de file en Lorraine. Avant d'enchaîner les meetings, le chef du gouvernement a mis sa casquette de diplomate. Pendant deux jours et demi, le gaulliste Fillon s'est frotté à «l'Orient compliqué», en Syrie et en Jordanie.
Une mission périlleuse, dans cette région de la planète, car le moindre mot mal calibré peut vite tourner à la gaffe diplomatique. À Damas, il s'en est plutôt bien sorti. Le premier ministre a calé ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy, qui a spectaculairement relancé les relations diplomatiques avec la Syrie. Premier chef de gouvernement français à se rendre à Damas depuis 1977, François Fillon s'est réjoui du choix du chef de l'État en rappelant que les États-Unis s'apprêtaient à l'imiter. Un virage diplomatique qui n'empêche pas les désaccords avec le régime de Bachar al-Assad. Vigilant, le numéro deux français a fermement remis à sa place son homologue syrien lorsque celui-ci a publiquement défendu «l'utilisation par l'Iran du nucléaire à des fins pacifiques». «Le gouvernement iranien viole clairement les réglementations internationales», lui a signifié Fillon en pleine conférence de presse.
Un contrat jordanien pour Areva
À Amman, il a nuancé les propos de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui s'est prononcé dimanche pour la «proclamation d'un État palestinien avant même les négociations sur les frontières». Le premier ministre s'est montré beaucoup plus prudent, en liant la création de cet État palestinien à la négociation sur les frontières. C'est aussi à l'occasion de sa visite dans le royaume hachémite qu'un accord minier a été signé entre le gouvernement jordanien et le groupe français Areva pour l'exploitation des gisements d'uranium dans le centre de la Jordanie.
Depuis son arrivée à Matignon, François Fillon s'est révélé plutôt à l'aise sur la scène internationale. De Pékin à Bagdad ou encore plus récemment à Kaboul. Son style moins enflammé que le président séduit les chancelleries. Il est d'ailleurs le premier ministre qui s'est le plus déplacé à l'étranger. «Je reconnais que, là comme ailleurs, François Fillon sait y faire», constate le ministre délégué Henri de Raincourt, qui l'accompagnait ce week-end en Syrie et en Jordanie. En deux ans et demi, Fillon le globe-trotter a peaufiné sa stature internationale. «Il est au four et au moulin. En campagne et à l'étranger, où il est bon. Le pouvoir crée l'homme. Personne n'aurait imaginé il y a quelques années que Fillon pouvait faire un bon premier ministre», estime le député Claude Goasguen, autre membre de la délégation ce week-end. Très élégante dans son abaya noire, Christine Lagarde ne quitte pas d'une semelle le premier ministre pendant la visite de la mosquée des Omeyyades, à Damas : «Il est vraiment très relax, notre premier ministre», glisse, admirative, la ministre de l'Économie, présentée comme un futur premier ministre. En attendant, elle se contente de prendre son patron en photo avec son iPhone.
Si sa popularité marque le pas dans le dernier baromètre du JDD (- 3), François Fillon distance le chef de l'État de 14 points (50% contre 36%). Des sondages que ni l'Élysée ni Matignon ne veulent officiellement commenter. Une popularité que le patron des députés UMP, Jean-François Copé, attribue à la nouvelle donne de l'exécutif : «Sous Sarkozy, c'est le président qui prend tous les coups. Le premier ministre est devenu une sorte de vice-président qui fait de la représentation.»
lundi 22 février 2010
François Fillon sur tous les fronts
Rebondissement dans la bataille des codecs vidéo sur Internet
Quel sera le futur standard de la vidéo sur Internet ? Alors qu'aujourd'hui, la quasi-totalité des lecteurs vidéo utilisent la technologie Flash d'Adobe, l'évolution du HTML, le langage utilisé pour construire les pages Web, ouvre la porte à l'utilisation de nouveaux formats. La version 5 du HTML introduit en effet une nouvelle balise – l'élément de structure de base de ce langage – vidéo, qui permet de se passer d'un lecteur externe tels que ceux proposés aujourd'hui par des sites comme Dailymotion et Youtube.
Mais si le HTML 5 facilite l'insertion de vidéos dans les pages Web, il ne garantit pas que tous les formats de vidéo seront lisibles par votre navigateur Internet. Il existe en effet plusieurs technologies pour encoder les images, et ces technologies ne sont pas obligatoirement compatibles avec tous les navigateurs. Si la fondation Mozilla, qui édite le navigateur Firefox, a annoncé qu'elle soutenait l'utilisation du codec libre et gratuit Ogg Theora, Google a lancé une expérimentation sur son site de vidéo Youtube qui utilise le codec H.264. Ce dernier est aujourd'hui gratuit pour l'utilisateur, mais utilise plusieurs technologies brevetées ; les éditeurs de navigateurs, ou de tout autre logiciel souhaitant être compatible avec le H.264, doivent donc acquitter des droits qui peuvent être importants.
LETTRE OUVERTE À GOOGLE
Mais Google pourrait rapidement abandonner le codec H.264. Samedi 20 février, le moteur de recherche a annoncé avoir finalisé l'acquisition de la société américaine On2, spécialisée dans la compression vidéo, qui édite notamment le codec VP8, réputé plus efficace que le H.264. On2 a été rachetée pour un montant de 124,6 millions de dollars (91,5 millions d'euros), soit près de 20 millions de dollars de plus que la première offre de Google. L'entreprise devrait vraisemblablement utiliser cette technologie pour Youtube, mais n'a encore rien confirmé.
Mais plus que l'utilisation du VP8, c'est le statut que Google donnera à cette technologie qui suscite des interrogations. L'entreprises pourrait tenter de profiter de la force de Youtube, premier site de vidéo au monde, pour tenter d'imposer une technologie dont il détient les clefs. Mais tout comme Mozilla avait annoncé son refus de supporter le H.264, Google pourrait se retrouver face à une fronde des éditeurs de navigateurs.
La Free Software Foundation, la principale association américaine de promotion des formats ouverts et du logiciel libre, suggère une autre approche dans une lettre ouverte à Google publiée ce week-end (version en français) : rendre cette technologie libre et gratuite avant de l'utiliser sur Youtube. "Si vous ne faites pas du VP8 un format libre, ce sera juste un codec vidéo de plus. Et à quoi vous servira un codec de plus si les problèmes de licences l'empêchent d'être supporté par tous les navigateurs ?"
Pas de coup de foudre pour le dernier Higelin
Crise économique, crises de nerfs, crises sentimentales... le cirque du monde vibre tout entier dans le nouvel album de Jacques Higelin, Coup de foudre, produit par Rodolphe Burger, qui succède au très percutant Amor doloroso (2006). Fidèle à son laboratoire agité de rock et de poésie, Higelin commence ce disque sur les chapeaux de roue avec Coup de foudre et J'ai jamais su, deux airs luxuriants et swinguants qui allument les mots comme ceux de Trenet. S'annonce donc a priori une collection de morceaux libres, vifs et pleins d'entrain, signés par le vagabond citadin de la chanson, 69 ans, 17 albums. Et puis le petit théâtre enchanté s'ébroue, déborde du cadre, euphorique, bruyant, brouillon, inégal. Quelques instants d'ivresse noire, avec la très déglinguée Valse MF ou les longues élucubrations énervées d'Août Put, dynamitent le disque. Quand d'autres titres, bâtis sur un doigt de country, deux de free-jazz, une pincée de rock FM, frisent l'autoparodie. A force, le chant aérien jamais dompté d'Higelin s'épuise, et c'est bien dommage.