mercredi 27 mars 2013
La Une de la semaine: la débâcle de Hollande
Rien ne va plus depuis que la réalité économique a ruiné les prévisions pour l'année 2013 de François Hollande! Depuis, ça flotte dans le gouvernement, dans le pays et dans la tête du président. L'édito de Christophe Barbier.
La faute à la mondialisation ?
La faute à la mondialisation ?
Depuis plus de quinze ans, une majorité de nos concitoyens perçoivent la « mondialisation » négativement. Cela ne risque pas de s'arranger avec des chiffres du chômage chaque mois plus mauvais depuis bientôt deux ans.
Mais que revêt, au juste, ce concept de mondialisation apparu, voilà un demi-siècle, dans le langage universitaire pour resurgir, dans les années 1990, au sein du grand public ? Le sociologue anglo-polonais Zygmunt Bauman parle d'un processus décrivant « une interconnexion et une interdépendance à l'échelle de la planète. Tout ce qui se peut se passer quelque part affecte la vie et l'avenir des gens partout ailleurs ».
Cette définition simple aide à comprendre que la mondialisation n'est pas seulement économique, mais aussi sociologique et culturelle. Dans le contexte français, il est utile de le rappeler. Car les critiques se concentrent souvent sur la seule dimension économique pour dénoncer un monde où le travail à bas coût pénalise les modèles sociaux.
Cette critique n'est bien sûr pas dénuée de fondement : un des problèmes de la France, comme de l'ensemble du monde occidental, est la forte fluidité du capital qui aboutit effectivement à des délocalisations, voire à l'abandon de secteurs d'activités (comme le textile).
Un quart des emplois français
Mais la mobilité de l'investissement a aussi des effets positifs pour la France, puisque notre pays est, aujourd'hui, le deuxième destinataire des investissements étrangers en Europe. Un quart des emplois salariés français dépend, en 2013, d'investissements étrangers. Ce chiffre est la meilleure réponse aux récents propos du patron américain de Goodyear, Maurice Taylor, sur une France qui ne travaillerait pas.
Le public anglo-saxon, bien informé, ne s'est d'ailleurs pas privé de les dénoncer, en soulignant que la France était l'un des pays du monde avec la plus forte productivité individuelle au travail. Sa difficulté n'a jamais été la mauvaise qualité de ses travailleurs, mais la surprotection de son marché du travail qui empêche les chômeurs - et en particulier les jeunes - d'accéder au marché de l'emploi.
Qu'en est-il des autres dimensions de la mondialisation ? La France profite beaucoup des échanges culturels avec le reste du monde, qu'il s'agisse du tourisme, des biens culturels, ou encore de la mobilité des étudiants. Cette ouverture de la société sur le monde n'est pas un jeu à somme nulle, qui aurait amené les Français à renoncer à leur culture. Garantir le bon équilibre nécessite cependant d'être vigilant sur les régulations.
Le cinéma en est un bon exemple. La France s'est battue au sein de l'Union européenne pour que l'industrie cinématographique échappe aux seules règles du marché en continuant à recevoir des subventions. C'est ce qui permet à notre pays d'avoir encore un cinéma national. Cela ne nous empêche pas d'apprécier le cinéma américain, et peu importe que les films français ne soient pas aussi connus dans le monde que ceux d'Hollywood. Dans la mesure où ils satisfont le public francophone, leur existence est importante.
Si la mondialisation fait peur aux Français, c'est peut-être parce que ceux-ci doutent trop d'eux-mêmes. Avoir confiance en soi, tout en étant lucide sur l'évolution du monde, reste le meilleur moyen de ne pas éprouver le besoin d'édicter de nouvelles Lignes Maginot.
Christophe Lequesne, directeur du Centre d'études et de recherches internationales (Ceri), à Sciences Po Paris.
Mobilisation générale !
Mobilisation générale !
« Mobilisation générale », qu'il dit ! Jean-Marc Ayrault, dès avant la publication des chiffres du chômage de février, a lancé un nouvel appel. C'est vrai qu'il y aurait de quoi décréter, dans le pays, une forme d'union sacrée pour venir à bout du fléau. Certes, à la fin du mois de février, le record historique de 1997, asséné dans les médias en forme de catastrophique bande-annonce, n'a pas été battu. La consolation est maigre puisqu'on s'en approche inexorablement, avec une 22 e hausse consécutive du nombre de demandeurs d'emploi. Alors, va pour la mobilisation générale.
Encore faudrait-il que le Premier ministre ne parte pas à l'assaut avec des sabres de bois et qu'il puisse compter sur des bataillons en bon ordre et animés d'un moral conquérant. C'est loin d'être le cas. À chaque fois, Jean-Marc Ayrault dresse l'inventaire de son maigre arsenal. Les emplois d'avenir et les contrats de génération ne seront que des armes temporaires et faiblement dissuasives. Le crédit d'impôt aux entreprises n'atteindra sa cible qu'avec le recul. Quant à l'accord sur la flexisécurité, il divise les troupes syndicales avant même son déclenchement.
Et l'on se heurte, ici, à un autre frein à la mobilisation générale. Les partenaires sociaux, plutôt que de marcher d'un même pas au service de l'emploi, se chamaillent ou se consacrent à des guerres internes. Laurence Parisot est en campagne pour rester chef des troupes patronales du Medef. La CFDT et la CGT, en bisbille, ne veulent plus défiler sous les mêmes bannières.
A cela s'ajoutent, dans la majorité, les objections d'une gauche radicale refusant le pas cadencé de l'austérité. On le voit, la mobilisation générale n'est pas pour demain. Les ménages, dans l'incertitude, perdent le moral. Les chefs d'entreprise, ployant sous la fiscalité, perdent le goût d'entreprendre et désertent. Et voilà comment les ordres de mobilisation tombent à plat. Sauf pour les recrues de Pôle emploi !
Emmanuel Balland : “Ceux qui réussissent sont ceux qui travaillent avec acharnement et motivation”
3 ans après, Emmanuel revient sur le statut d'auto-entrepreneur qui lui a permis de se lancer et sur les sacrifices à réaliser pour réussir. De son côté, le pari est réussi puisque son entreprise continue à se développer.
Vous vous êtes lancé dans l’aventure de l’entrepreneuriat il y a presque 3 ans dans le secteur de la communication.Pourriez-vous vous présenter, ainsi que votre entreprise ?
Tout d’abord je vous remercie pour me donner la chance de parler de moi et de mes services.Je suis Emmanuel BALLAND, brésilien arrivé très tôt en France, originaire de Lorraine et récemment installé en Bretagne. J’ai créé mon auto-entreprise en 2010.Je propose des services de communication graphique pour l’impression, la conception de sites Internet, des suivis photographiques et vidéos ainsi que des formations d’initiation à la photographie, à la réalisation-montage de documentaires web, et à la création de sites Internet. Ces services s’adressent particulièrement aux professionnels indépendants, associations, petites structures ou entreprises, et aux particuliers…Comment vous est venue l’idée ? Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer ce projet ?
J’ai un parcours assez atypique, je suis autodidacte en informatique depuis ma plus tendre enfance, et j’ai eu la chance d’avoir Internet dès les premières heures de sa démocratisation en France. De ce fait, j’ai pu accéder à beaucoup d’informations et je me suis formé/informé (je continue d’ailleurs) sur le tas.L’idée de me mettre à mon compte m’est venu en étant confronté à l’absurdité dans ma recherche d’emploi : Pas d’expérience professionnelle, pas d’emploi. Pas d’emploi, pas d’expérience professionnelle. C’est mon rêve depuis tout petit de monter ma boîte “dans l’informatique”, comme je le disais à cet âge. A 18 ans, un conseiller de l’ANPE avait voulu me lancer sur cette voie en voyant mes compétences sur mon CV, mais je ne me sentais pas prêt, trop jeune, et pas assez d’expérience de la vraie vie.Je me rendais déjà compte à l’époque que créer son propre emploi, ce n’était pas simplement faire de sa passion un métier, mais c’était aussi assumer des fonctions dans lesquelles je n’avais aucune expérience, ni même aucun attrait à vrai dire. Ce qui m’a aidé à franchir le pas, c’est surement ma situation de chômage et mes difficultés pour trouver un emploi me convenant, ainsi que mon rêve et mes passions qui bouillonnaient en moi depuis des années.Créer et gérer une entreprise, ce n’est pas si simple. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui se lance dans la création d’une entreprise ?
Comme je le disais, il faut bien comprendre que se mettre à son compte, que cela soit en auto-entreprise ou avec un statut disons plus…sérieux, c’est aussi assumer des responsabilités bien en dehors de nos domaines de prédilections.J’ai fais une année d’étude en comptabilité dans ma scolarité, donc j’avais les bases, du moins du peu que j’ai retenu, en ce qui concerne l’aspect financier.Alors je dirais qu’il faut bien se préparer à passer 70% de son temps à faire autre chose que son métier, en tout les cas au démarrage.Mais je trouve que le plus important, c’est de savoir bien s’entourer. Un environnement positif vous apportera 1000 fois plus, et vous aidera vraiment beaucoup à continuer d’avancer dans les moments les plus durs. Car être à son compte ce n’est pas avoir une paye régulière, on fait ses 8h et hop on rentre à la maison ! Et cela influe sur le moral et sur la vie personnelle, d’où l’importance de savoir s’entourer de personnes compétentes et positives, que cela soit pour vous accompagner à réaliser votre projet ou simplement sur l’aspect moral avec le soutien de sa famille et de ses amis. Si vous n’avez pas ce positif dans votre environnement, ce sera un frein à votre rêve.Se lancer, oui ! Mais on a une vie à côté… avez-vous dû faire des sacrifices pour vous lancer ? En faites-vous toujours actuellement ?
Je ne sais pas si l’on doit s’attendre à énormément de sacrifices, mais de mon côté, j’en ai fais, et je continue d’en faire. Mon travail est presque devenue une addiction, et un moyen de laisser de côté des problèmes de la vie personnelle.Le genre de sacrifices que l’on peut-être amené à faire, c’est tout d’abord sur le temps personnel. Depuis 2010, je me suis pris 4 semaines de vacances, dont 2 en Juin de cette année. J’en parlais justement avec un ami qui vient de monter aussi son auto-entreprise, et je lui disais que cela faisait 2 ans que je ne connaissais plus les définitions de “congés” et “jours fériés”. Le problème lorsque l’on est tout seul, c’est que si nous ne travaillons pas, personne ne le fera à notre place.Un autre sacrifice que j’ai fais aussi, c’est sur le sommeil. Quand vous dormez, c’est du temps de perdu pour avancer dans vos projets. Je sais qu’il y en a certains qui préconisent de se donner des heures régulières pour travailler, et ainsi séparer la vie professionnelle de la vie personnelle. Néanmoins en pratique, ceux qui réussissent sont ceux qui travaillent avec acharnement et motivation.Et dans mes domaines qui sont en constante évolution, je dois :
- travailler au développement de mes services,
- réaliser les travaux des clients,
- m’occuper de la prospection, des relances, des recherches de partenariats,
- maintenir à jour le site Internet et le faire évoluer au fur et à mesure des avancées technologiques,
- mais aussi effectuer une veille constante sur à peu près 5 domaines différents pour me permettre d’être à jour et de pouvoir proposer ce qui se fait de mieux à mes clients.
Vous voyez bien que la vie personnelle là dedans, il n’y a plus beaucoup de temps pour elle, mais je fais des progrès et au fur et à mesure que mes projets de développement avancent, j’ai de plus en plus de temps à consacrer à ma vie personnelle.Concrètement, qu’est-ce que l’entreprise vous a apporté de bien à vous, à titre personnel ?
En tout premier lieu, du sérieux. En tant que professionnel, vous vous devez d’être sérieux vis-à-vis de vos clients, et surtout de respecter les délais impartis. Vous n’avez pas le droit à l’erreur car des personnes qui font ce que vous faîtes, il y en a des dizaines, voire des centaines d’autres. Et eux sauront être sérieux et pourront fidéliser leur clientèle.Je base mes services sur une relation de confiance avec les personnes qui font appel à mes services, et je pense que je suis devenu encore plus intransigeant avec moi-même à ce niveau au fil du temps. A ce propos, il faut aussi faire attention aux personnes avec qui vous collaborez ou sous-traitez. Cela peut vous porter préjudice si elles ne respectent pas les valeurs qui sont les vôtres, vous pourriez perdre de la crédibilité et des clients.
Mais ce que mon auto-entreprise m’a apporté le plus, c’est la liberté. Et comme on dit, elle n’a pas de prix. La liberté de pouvoir faire ce que j’aime. La liberté de pouvoir choisir la manière dont je veux rendre service à ceux qui ont besoin de mes compétences. La liberté de refuser des projets qui sont contre les valeurs humaines que je m’oblige à respecter, mais aussi d’accepter les projets qui me tiennent à cœur, même si parfois les budgets ne suivent pas et que sur certains je suis à peine rentable, je garde en tête que j’ai cette chance de pouvoir faire ce que j’aime, et j’y mets tout mon cœur. Il n’y a pas plus grande satisfaction, à part la parentalité, qui n’est pas si éloignée d’ailleurs, que de mettre au monde une petite graine d’idée qui donne ensuite un bon gros bébé entreprise.Que recherchez-vous pour votre entreprise à ce jour ?
A ce jour, j’ai comme projet de développer un peu plus mes services pour les associations, les petites structures et les professionnels indépendants plutôt que pour les grosses entreprises qui ont des besoins et des attentes bien différents, me proposant des projets qui ne correspondent pas forcément avec ce que j’ai envie de faire.Je suis également en train de monter un studio de photographie en Bretagne, avec l’aide de ma jeune mais très talentueuse maquilleuse professionnelle, qui est le prolongement d’un projet personnel sur les discriminations, et qui a pour objectif de proposer des séances photo de portraits glamour à l’opposé des clichés de la femme-objet et des supermodels (mannequins), mettant en valeur la beauté naturelle et documentant la vie des femmes d’aujourd’hui. Ce sont des valeurs auxquelles nous croyons et qui sont importantes pour nous et pour le bien-être de ces femmes. Comment peut-on vivre en harmonie avec des médias qui nous pilonnent de photographies de femmes parfaites qui n’existent même pas en réalité ?Je vais terminer par une question originale : entreprendre, est-ce pour vous une manière d’exercer des talents artistiques ou est-ce que cela n’a rien à voir avec l’art ?
Je dirais qu’entreprendre, c’est devoir ÊTRE le meilleur (côté capitaliste) et DONNER le meilleur (de soi-même, côté humaniste). Et c’est tout un art d’allier ces deux côtés, je ne le maîtrise d’ailleurs pas encore, et je pense que j’aurais besoin de plus d’une vie pour y arriver. :p
Malgré ça, je pense que l’important n’est pas de partir en ayant en tête la réussite mais plutôt la manière dont vous allez contribuer à apporter quelque chose aux autres, en n’oubliant pas de respecter vos propres valeurs morales ! Faire le bien ne peut qu’être bon pour vous. Et si, comme pour moi, entreprendre doit donner un sens à votre vie, alors donnez un sens à ce que vous entreprenez.Merci Emmanuel !Pour contacter Emmanuel, vous pouvez :
Carla Bruni-Sarkozy défend avec fougue son mari, mis en examen dans le dossier Bettencourt
DOCUMENT RTL - Carla Bruni-Sarkozy, épouse de Nicolas Sarkozy, parle pour la première fois de la mise en examen de l'ancien président de la République dans l'affaire Bettencourt. "Une épreuve douloureuse" pour toute la famille, dit-elle.ECOUTERLa Rédaction de RTL | 27/03/2013 - 06h16Carla Bruni-Sarkozy : "Oui, j'ai envie de sortir les griffes, mais je n'ose pas !"Carla Bruni-Sarkozy s'exprime sur RTL
Carla Bruni-Sarkozy a accordé, mardi dans un hôtel parisien, une interview à RTL. Au cours de l'entretien, elle a répondu à une question sur la récente mise en examen de son mari dans le dossier Bettencourt. A Laurent Bazin qui lui demande "Avez-vous envie de sortir les griffes après cette décision de justice ?", Carla Bruni-Sarkozy lance : "Oui, j'ai envie, mais je n'ose pas". et d'ajouter : "C'est un peu une épreuve pour moi d'en parler. C'est douloureux pour ma famille, mais je ne souhaite pas en parler".
Un acharnement contre son mari ? "Non, c'est simplementinimaginable que cet homme-là puisse abuser de la faiblesse d'une dame qui a l'âge de sa mère. Je ne sais pas comment vous dire, c'est impensable !", répond Carla Bruni-Sarkozy.
Rendez-vous vendredi matin dans "LVT"
L'interview de l'épouse de Nicolas Sarkozy sera diffusée en intégralité vendredi matin à 9 heures lors d'un "Laissez-vous tenter spécial", au cours duquel l'ex-première Dame dévoilera aux auditeurs de la radio - en avant-première - les chansons de son nouvel album, "Little French Songs", qui sortira le 1er avril.
Carla Bruni-Sarkozy a accordé, mardi dans un hôtel parisien, une interview à RTL. Au cours de l'entretien, elle a répondu à une question sur la récente mise en examen de son mari dans le dossier Bettencourt. A Laurent Bazin qui lui demande "Avez-vous envie de sortir les griffes après cette décision de justice ?", Carla Bruni-Sarkozy lance : "Oui, j'ai envie, mais je n'ose pas". et d'ajouter : "C'est un peu une épreuve pour moi d'en parler. C'est douloureux pour ma famille, mais je ne souhaite pas en parler".
Un acharnement contre son mari ? "Non, c'est simplementinimaginable que cet homme-là puisse abuser de la faiblesse d'une dame qui a l'âge de sa mère. Je ne sais pas comment vous dire, c'est impensable !", répond Carla Bruni-Sarkozy.
Rendez-vous vendredi matin dans "LVT"
L'interview de l'épouse de Nicolas Sarkozy sera diffusée en intégralité vendredi matin à 9 heures lors d'un "Laissez-vous tenter spécial", au cours duquel l'ex-première Dame dévoilera aux auditeurs de la radio - en avant-première - les chansons de son nouvel album, "Little French Songs", qui sortira le 1er avril.
Pourquoi la France est bien plus proche d'une chute à la grecque que l’Espagne ou l’Italie
Croissance, chômage, moral des entreprises, consommation : tous les voyants de l'économie française sont au rouge. Le pays sous-estime-t-il la gravité de sa situation ?
L'Insee prévoit une croissance presque nulle pour l'économie française au moins jusqu'à la fin du mois de juin, les indices PMI flash de Markit (qui dressent un panorama de l'activité économique) font état de la plus forte chute depuis quatre ans, le tout sur fond de crise chypriote. Faute de croissance, le chômage pourrait atteindre 10,6% en juin selon l'Insee , qui prévoit aussi une stagnation de la consommation - un des moteurs phares de la croissance française - au premier trimestre avant un léger rebond (+0,1%) au second. Résultat, 9 chefs d'entreprises sur 10 ne sont pas confiants, selon un sondage Vivavoice/CCI France/Les Echos/Radio Classique. La France sous-estime-t-elle la gravité de sa situation ? Peut-elle connaitre, à son niveau et avec ses caractéristiques, une grave crise économique comme l'a connu la Grèce ?
Jean-Paul Betbèze : La réponse est oui : nous sous-estimons la gravité de la situation, car ce qui se passe échappe à nos mesures. La France n’a plus de croissance depuis quelques mois, précisément depuis le moment où l’inquiétude est revenue sur la zone euro, avec l’Italie, et la France, avec en sus les annonces d’augmentations d’impôts venant d’ici. Les anticipations des Français ont été durement affectées depuis et ne se relèvent pas. Et les nouvelles qui nous viennent d’Italie et maintenant de Chypre n’aident évidemment pas. Ce qui est en jeu, c’est le moral. Le moral des entrepreneurs, avec moins de stocks et aussi moins d’investissement, et on voit ce qui se passe avec la décélération du crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises, le moral des ménages, et on voit la chute de la construction, et aussi le freinage de la consommation.
Ce moral est essentiel, en liaison avec ce qui se passe ailleurs, avec les impôts, avec le chômage. En même temps, et ceci échappe encore plus aux statistiques, tous les agents économiques sont plus aux aguets et réactifs que jamais. La volatilité est entrée plus encore dans les esprits et dans les comportements, avec un raccourcissement des horizons. C’est ce qui est très grave, avec un risque de sur-réaction, si les nouvelles ne sont pas bonnes dans les semaines qui viennent, ou les messages, ou les rumeurs.
Guy Martin : Je ne crois pas que la France sous-estime la gravite de la situation, pas plus ses dirigeants que ses habitants. Lors de la campagne présidentielle il y a un an déjà, François Langlet opposait au candidat Hollande la fantaisie de ses prévisions de croissance a 0,8%; ce à quoi l’intéressé avait répondu du bout des lèvres : de toute manière, s’il n’y a pas de croissance nous n’y arriverons pas, et de répéter comme à lui-même, nous n’y arriverons pas. Vous voyez, tout était dit il a déjà un an. Le reste n’est que du bruit.
La France traverse déjà une grave crise économique et la question n’est pas tant si elle risque un choque encore plus grave mais quand celui-ci arrivera. La comparaison avec la Grèce s’arrête là. La Grèce est un Etat voyou qui a falsifié ses comptes pour entrer dans l’euro et mis en place une économie de la corruption qui n’a aucune mesure avec ce que nous pouvons connaitre en France. Il faut ajouter à cela un marché noir qui pèse près d’un tiers de son économie. C’est autant de rentrées fiscales qui passent à la barbe d’Athènes. Malgré les idées reçues, l’économie souterraine est très peu développée en France qui est plus vertueuse que l’Allemagne dans ce domaine !
Non, le problème de la France est au contraire le poids de son service public et de la redistribution. Pendant de nombreuses années nous avons financé les excès de celui-ci par la dette et entretenu l’illusion que nous pouvions nous permettre des assurances généreuses et un service publique pléthorique. Ce que nous réalisons aujourd’hui c’est que nous sommes incapable de porter ce poids par nous-même et que 40 milliards d’euros d’impôts nouveaux sont en train de mettre les entreprises autant que les particuliers à genou.
Mais là encore, il n’y a guère de surprise. Le principe de l’Etat providence et de la sécurité sociale a été théorisé en 1942 dans le rapport Beveridge, au Royaume-Uni. Or il y a eu un second rapport Beveridge en 1950 qui précisait que le modèle d’Etat providence n’était viable que dans une économie de plein emploi… cela fait très longtemps que la France n’est plus une société de plein emploi.
Aussi, la question qui se pose à nous depuis 25 ans et de manière urgente aujourd’hui est celle de la refondation de l’Etat providence. Or syndicats, fonctionnaires et de nombreux français ne sont pas près a cela et les politiques le savent… faute de réforme cela sera donc la chute.
Il suffit d’une hausse des taux d’intérêts de la dette française, d’une contraction un peu plus marquée de l’économie ou encore un effondrement des administrations locales (dont les finances se sont très dégradées avec la crise et la faillite de Dexia). Chacun de ces évènements pourrait arriver dans les 6 prochains mois et déclencher un vent de panique en France et dans le monde.
Pascal de Lima : La France ne connaîtra pas de crise telle que l'a connue la Grèce. Céder à la panique des marchés ou à la défiance des chefs d'entreprise est la même erreur que d'avoir un excès de confiance. La question en soulève deux autres :
a. Les erreurs de prévision jouent-elles un rôle dans l'enfoncement de la situation économique ?
b. Quel diagnostic peut-on faire de la situation française par rapport à son chômage ?
a. Les erreurs de prévision jouent-elles un rôle dans l'enfoncement de la situation économique ?
b. Quel diagnostic peut-on faire de la situation française par rapport à son chômage ?
Sur le point (a), il me semble que les erreurs de prévision contraignent les gouvernements à réajuster constamment leur plan d'austérité ou de rigueur. La prévision n'est pas un exercice facile et la confrontation avec la réalité decrédibilise les orientations de la politique économique. Chaque année, les objectifs a priori risquent de ne pas être atteints, comme le déficit public à 3% pour l'année 2013 en France, parce que les prévisions produisent un écart à la réalité. On sous estime constamment les effets récessifs des plans d'austérité, ce d'autant plus qu'ils sont conjoints.
Sur le point (b) et la question du chômage en France, il faut comprendre que la France est dans un chômage non pas keynésien mais classique, contrairement à l'Italie et l'Espagne et même la Grèce. Un chômage keynésien se caractérise pas un excès d'offre de biens sur la demande et un chômage. Un chômage classique se caractérise par un excès de demande de biens par rapport à l'offre et un chômage. Ceci est confirmé par certains indicateurs comme la profitabilité des entreprises, la demande de services et la balance courante (au cours des dix dernières années).
Du coté chômage, il faut donc taper sur l'offre et la compétitivité des entreprises en passant par le marché du travail. il me semble très modestement que l'internationalisation des PME TPE, l'allègement des cotisations, le business friendly etc...sont de meilleures mesures que de taper sur le coût unitaire de production par une flexibilité des ajustements salariaux au cycle. D'ailleurs, j'insiste sur cette mesure de l'accord emploi qui consiste à vouloir ajuster les salaires en fonction du cycle. Mesure très dangereuse car il y a toujours une bonne raison de dire que le cycle va mal. Enfin on encre dans le marbre l'idée que la précarité du marché du travail est une réalité bientôt juridique. Soit on propose des vrais jobs avec des vrais métiers, soit on a rien à proposer mais laisser s'engouffrer certains patrons dans la brèche de la flexibilité salariale en fonction du cycle est extrêmement dangereux.
Pour résumer, la crise française tient à un excès de demande de biens et service. Il faut donc conjointement augmenter l'offre de préférence, et éviter de jouer sur les salaires qui comme votre question le dit, jouerait sur la consommation. Il vaut mieux en France que l'offre rejoigne la demande que l'inverse par la baisse de la demande.
Un autre point est que la cause des symptômes du mal français (dette privée, dette publique, balance commerciale) vient d'une exploitation inadéquate de ses avantages comparatifs naturels du fait de défaillances structurelles. La France a un nombre incalculable d'avantages comparatifs naturels qui n'émergent pas à cause des rigidité structurelles. De plus elle est coincée entre l'Allemagne qui lui prend les parts de marché du haut de gamme et la Chine qui lui prend les part de marché du bas de gamme.
Serait-il crédible que le second pilier fort (après l'Allemagne) de la zone euro en vienne à vaciller ? L'Europe pourrait-elle le supporter alors que la BCE a déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone avec une contraction de 0,5% du PIB en 2013 ?
Guy Martin : Etait-il crédible en 2007 qu’une banque comme Lehman Brothers fasse faillite ? Ou que Chypre qui pèse 0,2% du PIB de l’Europe et ¼ du chiffre d’affaires de Carrefour puisse mettre en danger l’ensemble de la zone euro ? Certes non la zone euro ne supporterait pas la crise qui se profile en France mais ce n’est pas pour autant que cela n’arrivera pas. La zone euro est vouée a s’effondrer. Nous avons regroupé autour d’une monnaie commune des économies trop différentes et avons échoué à les faire converger vers un modèle commun. Les économies du sud –France y compris- ont une tradition d’inflation et dévaluations que l’Euro a rendu impossible au profit des modèles nordiques plus rigoureux. Force est de constater que nous n’avons pas su nous adapter. Et ce n’est pas parce que les conséquences d’un retour aux monnaies nationales dépassent l’imagination que cela n’arrivera pas.
Jean-Paul Betbèze : L’Allemagne regarde ailleurs pour sa croissance, qui dépend pour moitié de l’exportation, une exportation tirée par l’Asie et, de plus en plus, par les Etats-Unis. En même temps, l’Allemagne joue le tour d’avance, en discutant d’ores et déjà de la question de la compétitivité. Ceci sera plus compliqué pour elle, puisqu’elle va mieux que ces voisins, et que ces voisins freinent, voire baissent leurs salaires. On peut donc avoir plus de tensions sociales que de d’habitude en Allemagne.
Pascal de Lima : La France ne vacille pas mais elle souffre d'une déficience de trois ordres :
- Un manque d'état d'esprit social-démocrate au sens américain (égalité des chances, méritocratie, jeunesse d'esprit - ce qui n'a rien à voir avec l'âge, liberté d'expression, et attention prioritaire aux plus démunis) et non au sens suédois (redistribution massive et sélective).
- Une atmosphère nauséabonde et stérilisante voire spoliatrice dans bon nombre d'entreprises où la récompense et le mérite ainsi que la reconnaissance sont étouffés pour des raisons très souvent médiocres.
- Une impression que le politique est en roue libre par rapport à la réalité économique. Cela crée une impression hallucinante non pas d'inadéquation de l'offre politique à la demande économique mais d'opacité de l'offre politique, comme si elle manquait d'épaisseur, et d'un endoctrinement des idées (peu de réflexion sur l'évaluation de l'efficacité des politiques publiques, pour l’Europe oui, mais une autre Europe, pour la rigueur oui mais une autre forme de rigueur plus qualitative etc...). Il y a peu d'ouverture d'esprit sur une autre Europe, ou sur une autre forme d'austérité.
- Un manque d'état d'esprit social-démocrate au sens américain (égalité des chances, méritocratie, jeunesse d'esprit - ce qui n'a rien à voir avec l'âge, liberté d'expression, et attention prioritaire aux plus démunis) et non au sens suédois (redistribution massive et sélective).
- Une atmosphère nauséabonde et stérilisante voire spoliatrice dans bon nombre d'entreprises où la récompense et le mérite ainsi que la reconnaissance sont étouffés pour des raisons très souvent médiocres.
- Une impression que le politique est en roue libre par rapport à la réalité économique. Cela crée une impression hallucinante non pas d'inadéquation de l'offre politique à la demande économique mais d'opacité de l'offre politique, comme si elle manquait d'épaisseur, et d'un endoctrinement des idées (peu de réflexion sur l'évaluation de l'efficacité des politiques publiques, pour l’Europe oui, mais une autre Europe, pour la rigueur oui mais une autre forme de rigueur plus qualitative etc...). Il y a peu d'ouverture d'esprit sur une autre Europe, ou sur une autre forme d'austérité.
En conclusion, la France vacille plus par son comportement et sa psychologie et sa rigidité structurelle que par ses talents et son potentiel. A chaque révision de prévisions de quelque institut que ce soit, il y a un vent de culpabilité stérilisant qui émerge. Pourtant sur le plan économique, avec patience, elle devrait rapidement se relever. Et la France reste une grande économie.
Si cela devait se produire, quelles seraient les conséquences sur l'économie française ? Serait-elle en mesure d'encaisser un choc à la grecque ?
Guy Martin : Non, ni la France ni l’Europe ne seraient en mesure de supporter un choc à la grecque. Le premier effet serait sans aucun doute un appauvrissement général de la population par le biais d’une dévaluation, d’une confiscation des avoirs et d’une forte baisse des revenus de redistribution.
Notre système bancaire ne survivrait sans doute pas au choc. Il faudrait plutôt imaginer un scenario chypriote –que nous savons maintenant possible- même si à l’heure où je vous parle je ne sais pas comment la crise chypriote sera résolue. Nous avons tendance à croire en France que nos banques ont été plus vertueuses que nombre de leurs homologues dans le monde. Ce n’est malheureusement pas tout à fait vrai et nous venons de recevoir un rappel à l’ordre de la part du Fonds monétaire international à ce sujet. Nous étudions depuis 6 mois la situation des grandes banques françaises et le risque qui pèse sur les dépôts dans chacune d’entre elles. Nous venons de publier un rapport détaillé de ces risques et nous avons été plutôt douchés par ce que nous avons découvert. Sans même avoir à envisager un scenario de sortie de l’euro, nos banques pourraient elles aussi nous plonger dans la crise et il est tout à fait envisageable que des restrictions de retraits s’appliquent comme à Chypre ou en Argentine en 2001. Imaginez un instant ce que cela fait de ne plus pouvoir utiliser sa carte bleue…
Jean-Paul Betbèze : La question française est celle d’une boucle dangereuse entre inquiétude, emploi et budget. La France a décalé d’un an sa cible de réduction du déficit budgétaire, et les marchés financiers, les autres pays, et les agences de notation… vont regarder de près ce qui se passe. Le risque, si la France n’entre pas dans les clous de la modération de la dépense publique, c’est une montée des taux longs par rapport à l’Allemagne. Cette situation n’a rien à voir avec la Grèce. La France a toujours un problème de déficit primaire, toujours un problème de gestion de sa dépense publique, mais elle a, heureusement, plus de moyens d’encaisser économiquement les chocs d’ajustement. La vraie question est politique et psychologique : sommes-nous préparés, sommes-nous au courant, sommes-nous assez unis ?
Pascal de Lima : La France ne vacillera pas du fait de la crise chypriote, on assistera à deux ou trois aléas sur les marchés financiers mais tout devrait entrer dans l'ordre rapidement. Le risque est davantage au niveau des questions que la situation chypriote pose : Finalement l'euro est-il réellement irréversible ? A t-on caché la situation à Chypre ? Les Etats sont-ils consciencieux dans l'attente de fonds mutualisés ? Trop d’Europe tue-t-il l'Europe ? bref des questions très lourdes.
Jens Weidmann, le président de la Bundesbank (la banque centrale allemande, très orthodoxe sur la rigueur budgétaire) déclarait que "le cours des réformes en France semble marquer le pas". La France a-t-elle tout faux dans le choix de ses politiques économiques ?
Guy Martin : Le problème qui se pose à nos gouvernants est cornélien et dure depuis 25 ans au moins. Nous savons bien qu’il nous faut dépenser moins… mais chaque fois que les réformes ont été présentée aux Français elles ont été refusées, au moins par la fonction publique et les syndicats : que ce soit pour la sécurité sociale, les retraites ou l’emploi... chaque réforme depuis les années 1990 a été soit refusée soit vidée de sa substance.Aujourd’hui encore le gouvernement sait que toute réforme aboutissant à une baisse significative de ses dépenses mènerait à un blocage dramatique du pays. Et il n’y a pas dans le paysage politique français un homme d’État ayant la stature pour porter de telles reformes. La France n’est pas et n’a jamais été un pays de réforme. Nous devons aujourd’hui repenser la place de l’Etat dans notre société. Nous devons réinventer l’État providence. Selon moi, cela passera d’abord par sa destruction.
Jean-Paul Betbèze : La question des réformes n’est pas seulement jugée ainsi par Jens Weidmann, mais aussi par l’OCDE, les marchés financiers, et nombre de Français eux-mêmes. Les partenaires sociaux viennent de signer de premiers accords, ce n’est pas « historique », au sens où ce serait suffisant, c’est « historique » au sens où c’est le tout début. La France, pendant longtemps, a sous-estimé le problème de son déficit budgétaire, puis de son déficit commercial. Elle n’a pas vu (ou pas voulu voir) l’explosion de ses dépenses sociales et moins encore qu’elle avait décroché dans les échanges mondiaux, notamment industriels. Dans sa tête, dans nos têtes, la demande interne, la logique keynésienne, marchent encore – alors que ce n’est pas vrai pour une économie intermédiaire, qui a des coûts de production plus élevés que ses concurrents… et des productions de milieu de gamme…. Donc la politique qui se met en place reste encore insuffisante : ce n’est pas l’impôt qui réduira dans la durée le déficit budgétaire, mais seulement la croissance des entreprises, donc leur profit, donc une nécessaire modération salariale, dans la négociation. Cette révolution des esprits n’est pas encore là : c’est la tâche de nos dirigeants de la mettre en œuvre, dans la clarté et la justice.
Pascal de Lima : On connait des revues scientifiques classées CNRS les principales règles de consolidation budgétaire : un équilibre "coupe dans les dépenses - hausse des impôts" 50/50 bien étalé dans le temps, sur 5 ou 6 ans, pour éviter d'étouffer l'économie, et en général éviter la synchronisation, le fait que tout le monde le fasse en même temps. Ces règles sont maintenant bien connues. On peut prudemment dire sans entrer dans le "y a qu'à faut qu'on" que la seule hausse des impôts ne suffit pas, ce d'autant plus qu'une hausse des impôts a un effet plus récessif qu'une baisse des dépenses.
La baisse des dépenses doit être sélective. Imaginer peut-être une structure autonome d’évaluation de l'efficacité des dépenses publiques comme dans certains pays anglosaxons. Par exemple le prêt à taux zéro, on le sait, est inefficace pour l'accession à la propriété des ménages primo-accédants. Ce sont des études de causalité qui l'ont démontré. Le refus de la relance par l'offre est aussi une erreur de diagnostic. Mais peut-être est-ce encore un peu tôt pour conclure définitivement. J'ai cru comprendre que la question de la baisse des dépenses publiques (et non du ralentissement de sa hausse...) était pour bientôt. Après stigmatiser des familles est une autre erreur et la fonction publique est aussi le symbole de la République française. Tout doit être global et les efforts doivent concerner tout le monde dans une logique dégressive ou progressive pour assurer l'égalité des chances.
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