Alors que monde célèbre le quarantième anniversaire des premiers pas de l'homme sur la Lune, les Etats-Unis s'interrogent sur les fonds qu'ils sont prêts à investir dans leur futur programme spatial Constellation, qui prévoit de nouveaux vols habités vers l'astre de la nuit à l'horizon 2020. Car décrocher la lune coûte cher, très cher même...
Un petit pas pour l'homme, un bond de géant pour l'humanité, mais surtout un poids colossal pour les finances publiques : alors que le monde célèbre le quarantième anniversaire des premiers pas de l'homme sur la Lune, le 20 juillet 1969, des doutes sérieux s'expriment sur la pertinence et la faisabilité économique d'une nouvelle mission de l'homme sur le sol de l'astre sélène. Car décrocher la lune coûte cher, très cher même...
Lorsque, le 25 mai 1961, le président récemment élu John Fitzgerald Kennedy demande au congrès américain les fonds nécessaires à l'envoi d'un homme sur la Lune avant 1970, il n'y a pas débat : en pleine guerre froide, les Etats-Unis se doivent de relever le défi technologique lancé par l'URSS en 1957 avec la mise en orbite du satellite Spoutnik. "Aucun autre projet ne sera aussi difficile ou coûteux à réaliser", prévient alors Kennedy en lançant le programme Apollo.
Appolo aura coûté quelque 150 milliards de dollars
De fait, entre 1969 et 1972, à raison de six missions, le programme Appollo aura coûté à la Nation américaine entre 20 et 25 milliards de dollars, soit entre 135 et 150 milliards de dollars actuels. Trois ans après les premiers pas des trois astronautes de la mission Apollo 11, Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins, la Nasa a décidé soudainement de mettre fin à l'aventure lunaire, jugée trop coûteuse. Car en parallèle, le projet de navette spatiale commençait à émerger et la Nasa n'avait plus les moyens d'assumer de front deux projets aussi coûteux. Résultat : les trois dernières missions initialement prévues après Apollo 17 furent annulées.
Depuis la mission Apollo 17, en décembre 1972, plus aucun homme donc n'a foulé la surface de l'astre sélène. Le 21e siècle consacrera-t-il le grand retour de l'homme sur la Lune ? Sa reconquête est en effet au coeur du programme spatial américain Constellation, prévoyant le retour d'astronautes sur la Lune en 2019 et l'installation d'une base permanente habitée en 2024. Un prélude à des missions habitées vers Mars.
Mais ce projet, lancé en 2004 par George W. Bush pourrait être entravé par la crise économique. Car ses coûts se sont envolés. Le Congrès américain avait en effet prévu d'allouer 100 milliards de dollars à Constellation d'ici 2020. Une somme colossale mais qui semble aujourd'hui insuffisante : il en faudrait plus du double pour aller au bout du projet.
Chinois et Indiens rêvent d'être les premiers à marcher sur la Lune au 21e siècle
En mai dernier, le président Barack Obama a mandaté une commission d'experts indépendants pour évaluer la pertinence de Constellation alors que le déficit fédéral a atteint des profondeurs abyssales - plus de 1.000 milliards de dollars. "Nous avons la technologie pour poser des humains sur Mars mais la question est de savoir quels sont nos moyens?", s'interrogeait récemment Norman Augustine, président de la commission d'experts, qui doit rendre ses conclusions fin août.
Alors que les Américains s'interrogent sur l'ampleur de leur futur programme spatial et sur le prix qu'ils sont prêts à y mettre, d'autres pays affichent leurs ambitions. À commencer par les Chinois, qui rêvent d'envoyer leur premier taïkonaute sur la Lune avant que les Américains n'y retournent. Sans oublier les Russes mais aussi les Japonais et les Indiens qui viennent chacun d'envoyer un petit orbiteur autour de l'astre de la nuit. Mais ces pays auront-ils les moyens de leur ambition ? A titre d'exemple, le budget alloué par la Chine pour son programme spatial est de deux milliards de dollars par an, soit environ un dixième de celui de la Nasa.
À moins que l'exploration planétaire prenne une dimension internationale. C'est en tout cas l'option prise par l'Europe, et notamment la France, qui plaident pour une coopération approfondie entre les puissances spatiales autour d'un projet commun. " Une aventure européenne en solo aujourd'hui ce n'est pas possible, c'est trop coûteux, en revanche nous pouvons participer à une aventure mondiale avec les Etats-Unis, avec la Russie, avec d'autres", a déclaré lundi sur France-Info la ministre française de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse.
Lancé en 2001, le concept de tourisme spatial a du retard à l'allumage. Six touristes seulement ont pu réalisé leur rêve. Ils ont passé quelques jours en orbite à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Le prochain à s'envoler vers la Lune est le Canadien Guy Laliberté, propriétaire du Cirque du Soleil. Coût du billet d'avion, dont le décollage à bord de la fusée russe Soyouz est prévu pour septembre : 35 milliards de dollars.