jeudi 4 juillet 2013
Immunité levée pour Marine Le Pen :
Immunité levée pour Marine Le Pen :
On cherche à m’abattre »
Le Parlement européen a voté hier la levée de l’immunité de Marine Le Pen, eurodéputée depuis 2004. Votée par ses adversaires politiques de l’UMP et du PS comme un seul homme. Une décision exemplaire, pour délit d’opinion, qui rompt avec la jurisprudence constante protégeant la liberté de parole des députés, comme l’a souligné la présidente du Front national. Elle avait également fait remarquer que l’immunité est conservée pour les députés qui tapent dans la caisse, mais pas quand il s’agit d’un propos politique.
C’est pour « tenter de m’intimider », a-t-elle déclaré. « Je suis en effet un cas à part. Je ne peux pas être protégée parce que je suis un adversaire politique et peut-être plus dangereuse que les autres, compte tenu de mes résultats dans les sondages ou dans les partielles. »
Une Marine Le Pen qui assume totalement ses propos, combative et en grande forme pour répondre à ce traitement tout spécial qui vise à la disqualifier pour les prochaines élections :
« Moi, j’assume mes propos, et ces propos je les défendrai et je prouverai devant le tribunal qu’il ne s’agit là en aucune manière d’une quelconque provocation à la haine (…) mais bien d’un constat qui est partagé par une majorité de Français. »
Pour la présidente du FN, cette décision, qui « déshonore le Parlement européen, exprime la crainte croissante de l’oligarchie face à l’irrésistible montée en puissance d’un mouvement patriote qui porte haut et fort la parole du peuple et propose de réelles solutions aux problèmes des Français ».
Renvoi en correctionnelle ?
Marine Le Pen est visée par une information judiciaire ouverte à Lyon pour « provocation à la discrimination, à la violence et à la haine envers un groupe de personnes en raison de leur religion ».
En décembre 2010, pendant une réunion publique devant des militants, elle avait dénoncé dans un discours les « prières de rue » de musulmans, les qualifiant d’« occupation, sans blindés (ni) soldats, mais d’occupation tout de même » : « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire. »
Un procès est très probable, mais pas certain. Le règlement intérieur du Parlement européen précise que celui-ci « ne se prononce en aucun cas sur la culpabilité ou la non-culpabilité du député ni sur l’opportunité ou non de le poursuivre au pénal ». La présidente du Front national peut espérer un non-lieu en justice.
En cas de procès et de condamnation, le délit d’incitation à la haine raciale est passible d’un an de prison ou de 45 000 euros d’amende. Une peine complémentaire d’inéligibilité d’une durée maximale de cinq ans peut être prononcée par le tribunal. Une simple amende peut d’ailleurs être assortie d’une peine d’inéligibilité. En cas de condamnation définitive à une peine d’inéligibilité – qui ne peut être exclue – la présidente du FN se verrait déchue de ses mandats et perdrait le droit d’en briguer de nouveau pendant le délai fixé par la justice. Une éventuelle condamnation pénale ne deviendrait définitive qu’une fois épuisées toutes les voies de recours – appel, cassation –, ce qui pourrait prendre entre trois et quatre ans. Mais une condamnation à une peine d’inéligibilité par le tribunal de grande instance de Lyon ferait peser une épée de Damoclès sur la possibilité, pour Marine Le Pen, de se présenter à la présidentielle de 2017.
Une nouvelle tribune
Le politologue Jean-Yves Camus a estimé mardi que la levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen pourrait à terme profiter à la présidente du Front national en lui fournissant « une nouvelle tribune ».
« Les propos reprochés à Marine Le Pen diffèrent de ceux de son père sur le fait que là, c’est l’islam qui est en cause », a judicieusement souligné Camus. « C’est-à-dire un sujet qui est loin d’être aussi consensuel dans l’opinion que le régime nazi. »
Et dans ce contexte, dit-il, « toute critique principielle adressée à l’islam recueille un écho qui dépasse l’électorat classique du FN et donnera à Marine Le Pen une possibilité d’être entendue quand elle présentera sa défense ». Plus le jugement sera proche des échéances électorales, plus il pourra constituer « une caisse de résonance ».
Jean-Yves Camus constate lui aussi « un traitement différent » par le Parlement européen entre Marine Le Pen et d’autres eurodéputés d’extrême droite, comme « le Britannique Nick Griffin par exemple qui a écrit un pamphlet négationniste ». Mais il aurait pu étendre la comparaison à trente autres députés, y compris de gauche, dont l’immunité a été jalousement préservée par le Parlement européen alors qu’ils étaient poursuivis, parfois dans des affaires de droit commun, ou pour complicité de terrorisme – comme Daniel Cohn-Bendit…
Une France fidèle à l’islam ?
Rappelons enfin que le président du Collectif contre l’islamophobie en France, qui poursuit Marine Le Pen en justice, Marwan Muhammad, n’est ni plus ni moins qu’un militant de la Chariah en France. Il déclarait en novembre dernier :
« Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’Islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française. »
Effectivement, un éventuel procès s’annonce passionnant.
ET LE FN GAGNE DES VOIES
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