vendredi 25 avril 2014
Najat Vallaud-Belkacem en flagrant délit de mensonge
Déni de réalité. Le ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem accompagnait François Hollande lors de son voyage mouvementé à Carmaux (Tarn) mercredi 23 avril. Le ministre nie les huées et les prises à partie dont à été victime le Président.
Une visite mouvementée : pas pour Najat Vallaud-Belkacem
Huées, prises à partie … Dès sa descente de voiture, François Hollande a copieusement été sifflé (lire l’article concernant son déplacement à Carmaux ici). Valeurs Actuelles vous propose de revoir la vidéo de son déplacement :
Hier matin jeudi, le ministre Najat Vallaud-Belkacem était l’invitée d'Apolline de Malherbe sur RMC/BFMTV. C’est alors que le ministre a déclaré, à propos de la visite du Président : «ça s'est bien passé» ,en rappelant que Hollande est allé «au contact des habitants». A propos des sifflets et des prises à partie, le ministre a son explication : «nous étions censés nous rendre en voiture à la cérémonie, et il a fait arrêter le cortège pour descendre spontanément à la rencontre des gens. Il n'y avait pas de sifflets à ce moment. Au moment où il est remonté dans sa voiture, des sifflets se sont fait entendre d'un autre groupe, sans doute frustré de ne pas avoir été salué. Alors, François Hollande est redescendu de sa voiture pour aller les saluer à leur tour».
Najat-Vallaud Belkacem a cependant reconnu que «des Français sont venus dire au président de faire attention au pouvoir d'achat des petits retraités», comme cette habitante qui a pris à partie le Président en déclarant :«Jaurès, il ne parlait pas comme vous !». Sur Europe1, cette dame s’est expliquée sur ses déclarations: «ça s'est fait tout à fait spontanément, sans aucun calcul, sans rien. Je ne parle pas pour moi quand je parle au président de la République. J'essaye de parler pour beaucoup de gens».
Le ministre Belkacem n'en est pas à soin premier déni de réalité: il y a quelques mois, c'est elle qui avait déclaré que "la théorie du genre n'existe pas".
GRONDEMENT
GRONDEMENT
C’était il y a un an. Le pire visage de la mondialisation jeté à la face de la planète. Sous les décombres du Rana Plaza, des cadavres et des étiquettes. Au Bangladesh, 1.138 ouvriers du textile ont péri lors de l’effondrement d’un immeuble. Dans des conditions indignes, des petites mains payées une misère taillaient et cousaient au profit de grandes marques. Les signatures de 29 d’entre elles ont été retrouvées dans les gravats. Dans un pays devenu le deuxième exportateur mondial de vêtements, le drame aurait pu servir de révélateur. Mais les mesures prises hésitent entre sincère prise de conscience et écran de fumée. Près de 200 usines ont été fermées, les salaires augmentés, un fonds d’indemnisation mis en place. 150 marques occidentales d’habillement ont signé un code de bonne conduite, multiplié les audits. Cependant, beaucoup reste à faire. Sur place, l’argent réparateur tarde à venir et le recours à la sous-traitance permet de contourner les bonnes résolutions affichées. Reste qu’un peu partout, la situation évolue. Cambodge, Vietnam et même en Chine où il ne saurait pourtant être question de liberté syndicale… L’atelier du monde est parcouru d’un grondement que ne cache plus le bruit des machines et du tiroir-caisse.
COMME EN 14
COMME EN 14
Un centenaire chasse l’autre. En novembre dernier, François Hollande avait lancé les commémorations de 14-18 par une exhortation guerrière, plongeant aux racines de la mémoire collective pour réclamer l’Union sacrée. Sur la ligne de front, il s’agissait alors de « gagner les batailles économiques ». La ficelle avait beau sembler un peu grossière, l’élan du propos avait emporté l’adhésion. Jusqu’à Jean-François Copé, le patron de l’UMP, qui avait salué « un très beau discours ». Hier, à Carmaux, un siècle après le décès de Jaurès, le chef de l’État est de nouveau monté à la tribune de l’histoire. Nous refaisant le coup de 14-18. D’un pas, rendant hommage à une grande figure du socialisme et, de l’autre, adressant des messages à une France qu’il veut « hisser […] au plus haut niveau de la compétitivité économique mondiale ». Contexte fort différent, beaucoup plus difficile et carrément étonnant pour cette première sortie post-municipales. Mission quasiment impossible. Insuffler un esprit de conquête en pleine déroute. Hué à son arrivée, le plus impopulaire des présidents de la Ve République fait le dos rond. Il avance. Malgré les critiques. « S’il voyait ça, Jaurès se retournerait dans sa tombe », a pourtant commenté une retraitée.
LES APPARENCES
LES APPARENCES
Entre jeu de rôles et bal des apparences, la politique prend parfois des allures de théâtre où il est de bon ton de donner à voir. Ainsi, hier, Manuel Valls a reçu les députés socialistes en son hôtel de Matignon. Parce que, plus que jamais, il est besoin d’afficher les discussions qui agitent ce qui reste de la majorité. Quitte à souligner dans le même temps les soubresauts d’une gauche en plein doute. Dans son discours de politique générale musclé, le Premier ministre a fixé un cap qu’il détaillera aujourd’hui. Mais, pour l’essentiel, pas de surprise à attendre. L’objectif ne diffère guère de celui de son prédécesseur : il faut faire passer le déficit budgétaire sous les fourches caudines de Bruxelles et donner un coup de vis au train de vie de l’État. La détermination de Manuel Valls a effrayé son camp. À un point qu’il n’imaginait sans doute pas… Parce que, derrière les mesures annoncées, il y a l’assurance de mécontenter un peu plus de nombreux Français (les 15,3 millions de retraités et les 6,8 millions de foyers bénéficiant de prestations sociales par exemple). Si la marge de manœuvre paraît infime, il faut pourtant donner des signes. Ce qui devrait se traduire par un geste en direction des petites retraites et des ménages les plus modestes. Et permettrait de sauver une partie au moins des apparences.
La dissolution et le principe de Don Quichotte
Quand on vit depuis plusieurs décennies dans la dénégation, il est difficile de retomber les pieds sur terre. C'est l'expérience que vit aujourd'hui la gauche et, au-delà, de manière récurrente, notre pays.
C'est de Gaulle qui, contre l'évidence, imagina l'un des grands dénis du XXe siècle, mythe fondateur de l'après-guerre : après la débâcle de 1940 et la collaboration qui s'ensuivit, ce ne sont pas les Alliés anglo-saxons qui auraient libéré notre pays, non, mais les Français eux-mêmes : les nazis se seraient enfuis devant eux.
Cette fable nous a permis de retrouver rapidement et à bon compte une certaine dignité sans avoir à tirer les leçons de la défaite. Elle nous a permis aussi d'oublier que c'est la Chambre du Front populaire qui, grâce notamment à une partie de la gauche socialiste, a donné les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Pardon pour ce rappel historique qui fâche encore.
Les Français n'ont jamais cessé, depuis, de se raconter des histoires. À partir des années 80, notamment, la gauche et la droite nous ont bassinés de sornettes, la principale étant qu'il suffit de vider les caisses de l'État pour faire repartir la croissance : on a vu les résultats. Sans parler de ceux, de plus en plus nombreux, qui nous disent aujourd'hui que, pour relancer l'économie, inutile de réformer notre système vermoulu, il suffit de sortir de l'euro, de l'Union européenne, de la mondialisation et de tout ce qui nous relie au reste de la planète. Cela s'appelle de la pensée magique ou de la bêtise crasse, au choix.
"Le réel n'a pas eu lieu", le nouveau livre de Michel Onfray,nous permet de mieux décrypter la situation politique dont il ne parle pourtant pas (1). Sous-titré Le principe de Don Quichotte, il est consacré au célèbre hidalgo qui "ne veut pas voir ce qui est et préfère voir ce qu'il veut". Le personnage de Cervantès privilégie toujours les idées au détriment des réalités. Un doux rêveur, à côté de la plaque, qui se prend pour un "sachant". Ne souffrant pas le monde tel qu'il est, il lui a substitué le sien, qui est plein de fantaisies et d'hallucinations. De plus, quand ça ne va pas, ce n'est jamais sa faute mais celle de celui qu'il nomme l'enchanteur et qu'on appellerait aujourd'hui l'Europe ou la globalisation.
Donquichottesque en diable, voilà que la gauche de la gauche socialiste se retrouve avec deux avatars de Sancho Pança à l'Élysée et à Matignon. Catastrophe. Nul ne peut en effet douter que MM. Hollande et Valls soient désormais des copies conformes de l'écuyer du chevalier à la Triste Figure, décrit par Michel Onfray comme un réaliste "plein de bon sens". Un petit malin à qui on ne la fait pas. Contrairement à Don Quichotte, il est trop raisonnable pour confondre des moulins à vent avec des géants à grands bras.
Combien de temps cohabiteront, à l'intérieur de la gauche, les donquichottiens et les sanchopancistes ? À l'épreuve du pouvoir, ils ne vieilliront pas ensemble, c'est une évidence. Même si le président et son Premier ministre sont prêts à les acheter en gros ou au détail, quitte à leur confier, demain, une flopée de ministères d'État, on ne voit pas comment les contradictions entre les uns et les autres ne finiraient pas par éclater. La situation économique et sociale est devenue trop préoccupante pour que le pouvoir se permette de louvoyer plus encore. MM. Hollande et Valls semblant enfin décidés à s'attaquer pour de bon aux vieilles lunes de la vieille gauche, ils ne pourront donc pas couper à l'heure de vérité.
"Retenez-moi, ou je fais un malheur !" Telle est, pour l'instant, la stratégie de la gauche du PS qui gigote, chipote ou mégote devant le plan d'économies de 50 milliards que M. Valls va présenter aux députés. Sans doute votera-t-elle le projet, de gré ou de force. Mais c'est un long bras de fer qui commence avec le gouvernement. Il peut tourner à la guerre d'usure, nourrir les pulsions suicidaires des desperados socialistes et se terminer, un jour, par la dissolution de l'Assemblée nationale sous prétexte de clarification.
Si sa gauche lui fait défaut, le chef de l'État pourrait trouver intérêt à une dissolution dans quelques mois. La victoire de la droite lui permettrait de prendre de la hauteur et d'entamer la quatrième cohabitation de la Ve République après avoir appelé à Matignon l'opposant de ses rêves, incarnation à ses yeux de la droite neuneu, celui qu'il préférerait avoir en face de lui à la prochaine présidentielle : M. Copé, "président" autoproclamé de l'UMP, aussi impopulaire qu'illégitime. Les communistes avaient bien leurs "idiots utiles". Pourquoi pas les socialistes ? M. Hollande zapperait ainsi ses adversaires les plus redoutables, à commencer par MM. Juppé et Fillon, et il ne lui serait plus interdit d'espérer que la gauche reprenne la main en 2017 par son entremise ou celle de M. Valls. À ce détail près : après la clarification imposée, il s'agirait, cela va de soi, d'une gauche 100 % sociale-démocrate.
Mais, comme l'aurait dit Sancho Pança, ce n'est pas parce qu'on en rêve que ça arrive.
. Le réel n'a pas eu lieu. Le principe de Don Quichotte, de Michel Onfray (éditions Autrement, collection "Universités populaires et Cie").
Et si Valls l’emportait…
Le Premier ministre consulte et compose, dans les mots, mais ne rompt pas
La France est-elle réformable ? Le trouble provoqué par la nomination d’un gouvernement baroque, né pour dissoner, dirigé par un authentique réformiste contesté dans son propre camp, relance la sempiternelle question de l’exception française. Surtout à l’heure où le libéral-conservateur Cameron, le social-libéral Renzi et le libéral-libéral (!) Rutte ont engagé, en Angleterre, en Italie et aux Pays-Bas, un tournant plus assumé et plus largement reconnu.
En apparence, l’inquiétude est fondée. Onze abstentions lors du vote de confiance dans les rangs d’un PS habituellement godillot, la fronde bruyante d’une poignée de députés plaidant pour un plan de réduction des dépenses publiques limité à 35 milliards, le recul possible sur le gel des pensions de retraite, l’ambition affichée de rassembler à gauche et de ne pas bâillonner les grognements des forces conservatrices françaises (syndicats, administrations, partis – c’est un comble – de moins en moins représentatifs) : les planètes du stagnisme semblent s’aligner.
Pourtant, dans ce flou stochastique balayé par les vents brouillons d’une majorité composite, Manuel Valls paraît réaliser, sans pouvoir le claironner, une percée historique. Assumant et prenant à bras-le-corps le plan de 50 milliards, accélérant même son calendrier, le Premier ministre consulte et compose, dans les mots, mais ne rompt pas. Il agit en sachant qu’il doit faire rapidement ses preuves, pour se donner la chance et le temps de préserver sa crédibilité et d’ouvrir d’autres chantiers réformistes dans la foulée du pacte de responsabilité. S’il y parvient, il aura fait ce qu’aucun gouvernement, de droite comme de gauche, n’a osé entreprendre depuis trente ans. Cela ne sera évidemment pas suffisant pour ramener nos dépenses publiques (57 % du PIB) au niveau de l’Allemagne (45 %). Mais il pourra s’honorer d’avoir été, alors même que le champ est incroyablement miné, précurseur dans l’inversion de tendance. Au sortir de cette ligne de crête, c’est un boulevard qui s’ouvrira à lui : un deuxième plan de réduction des dépenses, mais surtout une vraie relance par l’offre, sans laquelle aucun rebond n’est possible. Comme l’ont dit Jean-Baptiste Say et François Hollande, c’est en effet « l’offre qui crée la demande ».
Optimisme naïf ? Confiance et erreur de jeunesse (si l’approche de la quarantaine justifie encore cette qualification abusive) ? Cette chronique pourra faire sourire. Le déclinisme pessimiste domine et nourrit les rangs d’un scepticisme compréhensible et d’un Front national plus archaïque encore que ses opposants. L’hypothèse malheureusement plausible d’un FN en tête dans deux voire trois régions et potentiellement premier en nombre de députés européens en France métropolitaine (on parle de 20 pour le FN, dont Jean-Marie et Marine Le Pen, 18 pour l’UMP et 15 pour le PS), devra pourtant bien être interprétée comme la conséquence désespérée d’un manque de réformisme plus que comme une envie de fermeture et de démondialisation nationaliste.
Voilà pourquoi l’UDI et l’UMP doivent, sans retenue politicienne, voter les futurs budgets réduisant les dépenses publiques et, espérons-le, les impôts. En libérant ainsi Valls de la paralysie menaçante de la gauche de la gauche, l’union des réformistes deviendrait une réalité politique. Un doux rêve… réaliste ?
Le coup d’éclat permanent
Le coup d’éclat permanent
A chaque jour son éclat de rire, à chaque jour son éclat de voix. C’est à cela que se réduit en ce moment l’exercice du pouvoir, où alternent les loufoqueries réelles ou supposées d’une madone de l’écologie et les coups de gueule des députés socialistes contre leur camp, les excentricités d’un petit marquis élyséen et les huées du « peuple de gauche » contre un chef de l’Etat qui pensait se grandir en s’abritant sous la statue de Jaurès à Carmaux.
On hésite à trancher : qu’est-ce qui est le plus grave, le ridicule de dirigeants qui se complaisent dans les ors et les pompes ( !) de la république, ou leur incapacité à définir une politique et à la tenir ? Dans tous les cas, cela projette une image catastrophique du pouvoir. Loin, très loin de la normalité revendiquée naguère comme repoussoir de l’anti-modèle Sarkozy.
Tout cela pourrait n’être qu’anecdotique. C’est beaucoup plus sérieux qu’il n’y paraît. Car l’échec de la maîtrise de nos comptes publics le démontre concrètement, le travail que la France a à mener sur elle-même reste considérable. Nous n’avons encore fait qu’effleurer le chantier. La remise aux normes de nos comptes, de notre compétitivité, de notre capacité à créer de la croissance et des emplois exigera beaucoup plus que ce que le gouvernement s’apprête à défendre âprement. Ce qui est tellement difficile pour un pouvoir aussi dramatiquement impopulaire, devient presqu’impossible avec un personnel politique aussi divisé et discrédité. Inutile d’exiger d’un peuple qu’il accepte de remettre en cause son modèle social, qu’il se serre la ceinture et renonce à une partie de ses avantages, si ses dirigeants ne sont pas capables d’inspirer confiance. Pour y parvenir, au coup d’éclat permanent le pouvoir devrait préférer une attitude personnelle empreinte d’austérité et un comportement collectif fait de rigueur.
Principes de politicaillerie
Principes de politicaillerie
J’aime trop la Politique, le bien commun et le libre débat d’idées, pour me satisfaire de l’esprit de politicaillerie qui domine la vie publique française en ce moment. Ne généralisons pas, il existe des exceptions bien entendu, mais pour qui l’a fréquentée sans la rallier, la politicaillerie actuelle en France, d’un extrême à l’autre, est un monde étrange, à part, incompréhensible au commun des mortels, reposant sur quelques fondamentaux dont une douzaine me vient à l’esprit:
- L’insubmersibilité: tu peux commettre n’importe quelle faute, subir les pires échecs, te comporter comme un satrape, peu importe, tu reviens toujours tôt ou tard au premier plan (voir les têtes de listes des Européennes).
- L’immortalité: les politiciens sont éternels, 20 ans, 30 ans, ce sont presque toujours les mêmes têtes qui resurgissent. Puis, ils se sentent tellement indispensables, propriétaires de leur mandat, qu’ils leur faut à tout prix un successeur pour se perpétuer, de préférence un héritier.
- L’esprit de caste: en toute circonstance, la priorité est de recaser "les amis politiques", à n’importe quel prix, aucun milieu social n’est aussi fermé et arc-bouté sur ses intérêts de clan. D’où l’impossible renouvellement.
- L’intelligence interdite: on ne pense jamais sur le fond des sujets, c’est défendu; on récite "des éléments de langage"; celui qui tente de réfléchir, de s’interroger, de s’affranchir de la mode idéologique, de rompre avec les tabous, se voit marginalisé, traité en paria (exemple de Laurent Wauquiez sur l’Europe).
- Le narcissisme: un politique doit faire parler de lui à tout prix, en bien, en mal, peu importe , tant qu’on parle de lui. Une déclaration paraîtra démentes au citoyen lambda (l’histoire du "décolleté"). Mais du point de vue politique, elle aura sa logique: faire du bruit médiatique.
- L’ingratitude: les sentiments n’existent pas, on n’aime vraiment personne dans ce milieu, même si l’on fait semblant. On utilise les gens, on les suce jusqu’à la moëlle mais quand on a plus besoin d’eux, qu’ils se révèlent encombrants, où poursuivis par "les chiens", aucun état d’âme: dehors!
- Haro sur l’éthique: il n’est pas question d’état d’âme pour percer en politique. Sauf si tu as la chance d’être "fils ou fille de", il te faut impérativement te placer dans le sillage d’un mentor, donc lui lécher longuement les bottes crottées avant de sortir au bon moment le couteau bien aiguisé.
- Le tout communication: tout est dans le message, la formule, le bon mot, la posture qui marque les esprits et s’imprègne dans les cerveaux. On ne choisit pas, on ne décide rien – trop difficile, trop dangereux – on manipule: "plus c’est gros, plus ça passe".
- Le principe d’indifférence: le politique ne voit pas dans le monde qui l’entoure sa principale préoccupation. Sinon, il se détourne de l’essentiel: lui-même. Pourfendeur du populisme honni, le mal absolu, rien ne l’indiffère plus que la sensibilité ou croyance populaire, indigne de lui. Mitterrand parlait de la "capacité d’indifférence" comme de sa qualité première.
- Adaptabilité, volatilité: rien n’est plus incompatible avec le monde politique que le mot conviction. Il faut se positionner idéologiquement en fonction d’un l’intérêt du moment, stratégique, partisan. D’où le grand chassé croisé idéologique: le PS au pouvoir devenu "libéral" ou le FN converti au crypto-communisme digne du Georges Marchais de la belle époque.
- Insatisfaction permanente: tout député ou sénateur songe à devenir ministre; tout ministre se voit chef de gouvernement; et tout premier ministre est président de la République en puissance. Difficile d’être heureux dans ce milieu…
- La double personnalité: le politicien a toujours deux faces, l’une privée, joviale, serviable, tolérante, sympathique; l’autre publique, médiatique, hargneuse et sectaire. On n’imagine pas, par exemple, combien les zozos qui prononcent "la drrroite" avec un filet de bave au coin des lèvres, peuvent se montrer ouverts et chaleureux loin des caméras de télévision…
Un taux d’abstention gigantesque est prévu aux élections européennes (75%). Ce n’est pas l’électorat et son incivisme supposé qu’il faudrait blâmer. Non, c’est le comportement général de la classe politique, innommable, qui explique ce phénomène.
Pas de repentance pour le maire FN
Pas de repentance pour le maire FN
Ça commence à bien bouger dans les mairies Front national ! Après Steeve Briois à Hénin Beaumont qui au vu des objectifs politiques de la Ligue des droits de l’homme, a conclu qu’elle ne peut légalement ni recevoir de subventions, ni bénéficier gratuitement d’un local, c’est le maire FN de Villers-Cotterêts Franck Briffaut qui refuse de passer sous les fourches caudines de la pensée unique. Il refuse que sa ville fasse repentance sur l’esclavage comme chaque année. Il ne veut pas de « l’autoculpabilisation permanente » de la France et doute de la « sincérité totale » de telles célébrations.
Cette année, la municipalité de Villers-Cotterêts, ville de l’Aisne où mourut le général Dumas en 1806, n’organisera pas de commémoration de l’abolition de l’esclavage le 10 mai comme cela se faisait depuis 2007.
« Je perçois (cette commémoration) comme étant un peu à la mode, dans le cadre d’une autoculpabilisation permanente, d’une culpabilisation systématique, ce qui permet à certains de faire de la récupération politique, alors que l’esclavage existe encore ailleurs dans le monde, malheureusement, y compris en Afrique », a déclaré Franck Briffaut.
Préjugé de couleur
L’Association des Amis du général Dumas, né esclave à Saint-Domingue, père d’Alexandre Dumas et inhumé à Villers-Cotterêts, lui tombe sur le dos en des termes pas partisans du tout…
« Villers-Cotterêts est manifestement un lieu de mémoire de l’esclavage et un site emblématique du refus du préjugé de couleur. L’association des Amis du général Dumas ne peut dès lors que condamner fermement les déclarations du maire de Villers-Cotterêts qu’elle juge extrêmement choquantes et dont elle déplore la connotation raciste. »
« Je n’ai aucun problème avec Dumas, je n’ai aucun problème avec les gens qui célèbrent son engagement, mais à ce moment-là, qu’on célèbre Dumas ! », a rétorqué le maire. « Il fait partie du patrimoine, et je partage tout à fait son engagement. Je suis prêt à m’associer à toutes les commémorations sur Dumas. »
« Si demain la commémoration de l’abolition de l’esclavage est obligatoire, je me plierai à la loi. Mais à partir du moment où j’ai le choix… », a commenté cet ancien sergent des forces spéciales parachutistes.
« Personne ne sera inquiété de quelque manière que ce soit s’il veut l’organiser à Villers-Cotterêts », a-t-il ajouté.
L’association rappelle « qu’il appartient au préfet du département de l’Aisne de fixer le lieu de commémoration départemental de la journée du 10 mai » et appelle la préfecture « à prendre toutes dispositions pour assurer, en vertu de la loi et de son décret d’application, la continuité de la cérémonie, nonobstant les préjugés de M. Franck Briffaut ».
Il semblerait que la préfecture de l’Aisne soit bien embêtée et… attende les ordres.
Arnaud Montebourg veut éviter le rachat d'Alstom par General Electric
Arnaud Montebourg se prépare-t-il à jouer le remake de l'épisode Dailymotion ? Comme lorsqu'il avait bloqué le rachat du site français de vidéo par Yahoo! l'année dernière, le nouveau ministre de l'Economie est de retour sur le terrain du patriotisme économique.
Son nouveau combat ? Eviter que le secteur énergie d'Alstom, fleuron de l'industrie française, ne tombe dans l'escarcelle du géant américain General Electric.Jeudi, le groupe français avait démenti être au courant d'une telle opération.
Le gouvernement «travaille à d'autres solutions et éventualités que celles imaginées seules et sans que le gouvernement n'en ait été informé par Alstom», a déclaré vendredi au Monde Arnaud Montebourg. Alors, le titre était suspendu vendredi matin à la Bourse de Paris, à la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF) en raison des rumeurs de rachat. Une rencontre a eu lieu jeudi entre le ministre et le patron d'Alstom Patrick Kron. Une autre entrevue entre le Premier ministre Manuel Valls, Arnaud Montebourg et le patron de General Electric est également prévue «prochainement».
«Préoccupation et vigilance patriotiques»
«Alstom est le symbole de notre puissance industrielle et de l'ingéniosité française. Dans ce dossier Alstom, le gouvernement exprime une préoccupation et une vigilance patriotiques», a déclaré Arnaud Montebourg au quotidien du soir. «Cette haute vigilance se porte sur le risque sérieux de perte d'un centre de décision, sur le désir et la nécessité de renforcer notre base industrielle française en obtenant des relocalisations industrielles en France, et sur le nombre d'emplois perdus ou créés dans de telles opérations», a-t-il ajouté.
L'ancien ministre Michel Barnier, commissaire européen aux Marchés intérieurs et aux Services, est lui séduit par le rachat. «C'est un projet industriel qui peut avoir du sens» alors «qu'un des problèmes d'Alstom, sa branche énergie, c'est que son marché est trop restreint», a-t-il commenté vendredi sur RMC.
La partie énergie d'Alstom valorisée à 10 milliards d'euros
En attendant, les spéculations autour du montant du rachat vont bon train. Mercredi soir, l'agence de presse Bloomberg avait évoqué un projet d'offre de 13 milliards de dollars pour Alstom. Jeudi Le Figaro a indiqué que c'est la partie liée à l'énergie d'Alstom, qui représente plus de 70% du groupe, qui serait dans le viseur de GE, et pas les activités ferroviaires. Enfin, selon Le Monde vendredi, la partie énergie serait valorisée 10 milliards d'euros hors la trésorerie d'Alstom. Toujours selon le journal, «les discussions en vue d'un rapprochement pourraient s'accélérer ce week-end».
L'industriel français, qui produit des équipements pour centrales électriques, lignes à haute tension et du matériel ferroviaire dont l'emblématique TGV, a connu un redressement salué après avoir évité la faillite en 2003-2004. Mais le groupe (93.000 employés dont 18.000 en France) a renoué avec les difficultés depuis un peu plus d'un an, sous l'effet notamment d'un marché européen des infrastructures électriques atone.
Le gouvernement «travaille à d'autres solutions et éventualités que celles imaginées seules et sans que le gouvernement n'en ait été informé par Alstom», a déclaré vendredi au Monde Arnaud Montebourg. Alors, le titre était suspendu vendredi matin à la Bourse de Paris, à la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF) en raison des rumeurs de rachat. Une rencontre a eu lieu jeudi entre le ministre et le patron d'Alstom Patrick Kron. Une autre entrevue entre le Premier ministre Manuel Valls, Arnaud Montebourg et le patron de General Electric est également prévue «prochainement».
«Préoccupation et vigilance patriotiques»
«Alstom est le symbole de notre puissance industrielle et de l'ingéniosité française. Dans ce dossier Alstom, le gouvernement exprime une préoccupation et une vigilance patriotiques», a déclaré Arnaud Montebourg au quotidien du soir. «Cette haute vigilance se porte sur le risque sérieux de perte d'un centre de décision, sur le désir et la nécessité de renforcer notre base industrielle française en obtenant des relocalisations industrielles en France, et sur le nombre d'emplois perdus ou créés dans de telles opérations», a-t-il ajouté.
L'ancien ministre Michel Barnier, commissaire européen aux Marchés intérieurs et aux Services, est lui séduit par le rachat. «C'est un projet industriel qui peut avoir du sens» alors «qu'un des problèmes d'Alstom, sa branche énergie, c'est que son marché est trop restreint», a-t-il commenté vendredi sur RMC.
La partie énergie d'Alstom valorisée à 10 milliards d'euros
En attendant, les spéculations autour du montant du rachat vont bon train. Mercredi soir, l'agence de presse Bloomberg avait évoqué un projet d'offre de 13 milliards de dollars pour Alstom. Jeudi Le Figaro a indiqué que c'est la partie liée à l'énergie d'Alstom, qui représente plus de 70% du groupe, qui serait dans le viseur de GE, et pas les activités ferroviaires. Enfin, selon Le Monde vendredi, la partie énergie serait valorisée 10 milliards d'euros hors la trésorerie d'Alstom. Toujours selon le journal, «les discussions en vue d'un rapprochement pourraient s'accélérer ce week-end».
L'industriel français, qui produit des équipements pour centrales électriques, lignes à haute tension et du matériel ferroviaire dont l'emblématique TGV, a connu un redressement salué après avoir évité la faillite en 2003-2004. Mais le groupe (93.000 employés dont 18.000 en France) a renoué avec les difficultés depuis un peu plus d'un an, sous l'effet notamment d'un marché européen des infrastructures électriques atone.
Pauvre Montebourg, quel est l'industriel Français qui aura les reins assez solides pour garantir dans le temps la santé financière d'un groupe comme Alsthom ?
Hollande: "La dissolution, dernière carte d'un roi aux abois"
Alors que le roi est toujours dans de sales draps, notre contributeur Hervé Karleskind revient sur la question de la dissolution de la Chambre, la dernière pierre de l'édifice qu'est la Cour, sous la plume de la marquise de Sévigné.
Ha! Ma chère et tendre, il s'en passe de belles en cette Cour. Ne mande-t-on pas que le roi a passé de tristes fêtes de Pâques. Il a du, ainsi que vous le savez, se séparer de son ange noir, Monsieur de Morelle; et le voici perdu, errant comme une âme en peine, nimbé de mélancolie, contemplant de son regard chassieux les jardins déserts du Château, n'ayant plus le goût de rien, pas même du chocolat.
"La vérité, nous souffle Artois qui a toujours ses petites entrées, est que le Flou ne sait quel saint prier pour l'aider à sauver ce qu'il reste de sa judicature. N'est-il pas allé jusqu'à confesser que si le nombre des désoeuvrés ne baissait pas, il renoncerait à la couronne?
Stupéfiant aveu qui cependant laisse Artois de marbre. "Mensonge, stratagème, boniment de vieille sorcière! Le roi trompe son monde car il sait que, tôt ou tard, le désoeuvrement décroîtra et avant même la fin de son règne. Ce roi est un tricheur, un imposteur, pesta Artois en ce lundi de Pâques.
"Jamais il n'abdiquera, jamais il ne renoncera, car il lui reste le pouvoir, cette épée de Damoclès qui pend comme jambon sur la tête des parlementaires, ce pouvoir de dissoudre la Chambre basse et donc de contraindre ses adversaires de gouverner et ainsi de réparer les dégâts, les errements, les échecs de sa politique ".
Artois, très en verve, de poursuivre: "Il en rêve, il rêve éveillé de voir Copé de Meaux à la place du comte Valls de Catalogne! Il connaîtrait enfin les savoureux délices de la paix, de la sérénité, et le loisir de s'arroger toutes les bonnes nouvelles, laissant à son Grand chambellan du moment la tâche ô combien ingrate d'écoper les mauvaises".
"Dans le moment, il est à peu de choses près condamné à faire voeu de silence, à faire le gros dos. Il est à bout de souffle, il ne dort plus, consent un oeil dédaigneux et oblique aux gens de sa petite Cour, pressés de chanter, déclamer, réciter, corner à l'envi que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes".
Au moment du souper où l'on présenta les légumes, selon la dernière mode qui commande de ne plus les mépriser, une jeune gazetière plutôt délurée interpella le comte en ces termes:
-Mais, comte, le roi se doit d'affronter encore de biens mauvaises nouvelles: les parlementaires sans culottes sont au bord de la sédition et menacent de ne point ratifier ses édits au motif qu'ils trahissent leur maudite doxa.
"Par le Ciel, qui ose ainsi venir à me contredire", siffla Artois, peu coutumier de s'entendre ainsi contesté par une oie si écervelée.
-Ce n'est que ma modeste personne, Monsieur, souffla la jeune gazetière au teint empourpré de son insolence.
"Si fait, je ne suis ni sourd ni aveugle: je suis simplement peu rompu à ces nouvelles règles d'une étiquette qui m'échappe. Mais, Madame, votre grâce et votre charme vous valent absolution". Aussi vous répondrai-je comme il se doit. Le lourd nuage qui s'était appesanti sur le souper s'évanouit alors comme par enchantement.
-A la Diète de Strasbourg, s'enhardit la jeune courtisane nullement éhontée ni même chavirée de son impertinence, le Flou va subir une nouvelle défaite qui ne manquera pas faire la fortune de la Marinella.
"C'est précisément le voeu du roi! Tout fait ventre pour affaiblir le comte Valls! Escomptez qu'avant peu, le Flou saura lui faire porter le poids de la défaite. Tout ainsi qu'il le rendra responsable del'effilochage de sa majorité qui, à présent, part en quenouille! Ne croyez pas un instant, chère enfant, que le Flou se désole, que ne devrais-je dire le Filou, se désole donc de la déréliction du royaume! Il en fait même son miel, prêt à spéculer comme un banquier sans scrupule aucun.
-Comment cela est-il possible? Peut-on croire que le roi subisse un tel calvaire à des fins de conserver son pouvoir et ainsi faire preuve d'un cynisme sans aucune faille?
Artois, embéguiné de sa jeune convive, émoustillé tel un gentilhomme prêt à déclamer son madrigal, dédaigna les légumes qu'il abhorrait, écarta d'un revers agacé le gigot pascal qui lui était présenté, se prit alors de boire du champagne, son breuvage favori, comme pour reprendre son souffle.
"Or donc, Madame, ce roi n'est point de la race de ses pairs: c'estun médiocre, un fat, un fourbe; non que la fourberie soit un défaut chez un monarque. Mais la médiocrité est un irrémissible péché", tonna Artois, qui avait, grâce aux vertus du champagne, fendu l'armure de son éducation de gentilhomme, au point de faire vaciller la flamme des candélabres et trembler coupes et couverts.
"S'il vient à dissoudre la Chambre basse, ce que tout le monde redoute comme feux de l'Enfer, et notamment son opposition qui serait alors portée aux affaires par une victoire dont elle ne veut à aucun prix dans de telles circonstances, il déchainerait les foudres et prendrait l'énorme risque de ne trouver ligue, parti, coterie qui consentirait à gouverner à ses côtés".
-Mais que se passerait-il alors? Les convives, stupéfaits, formèrent un choeur pour poser la même question et donc presser le comte de mander l'avenir, telle une chiromancienne du Bois de Meudon.
"Nous sombrerions alors dans un étrange chaos: le royaume ne serait plus gouverné et la France entrerait en déshérence".
-Se trouverait-il une âme égarée pour croire d'aussi sombres prédictions, lança la jeune gazetière.
"Si fait, coupa Artois. Je vous fais grâce de votre si précoce sagacité. Mais la carte de la dissolution de la Chambre est la dernière d'un roi déchu, discrédité, ruiné, moqué, trahi même par son mage".
-Mais, le comte Valls...
"Que voulez-vous qu'il fasse, harcelé qu'il se trouve par la meute qui ne rêve que le saigner tel le cerf aux abois. Dans cette grande vénerie, le roi tient sa dague, prête à signifier la curée".
Ma chère et tendre, quand vint l'heure du dessert, un feuilletage à la façon de La Varenne, le comte, seul, s'abîma dans la goinfrerie.
Recherche 50 milliards désespérément : ce qui n’a pas encore été détaillé dans le plan Valls (presque tout...), ce qui ne relève pas de réformes structurelles (tout)
Manuel Valls devait présenter ce mercredi 23 avril en Conseil des ministres un plan d'économies de 50 milliards. Les députés se prononceront lors d'un vote consultatif mardi 29 avril. Parallèlement, le week-end dernier, quelques députés de la majorité ont planché sur des propositions alternatives, jugeant celles du Premier ministre trop radicales. Mais avant d'être radicales, elles sont floues.
A - Le plan de Manuel Valls
18 milliards d’euros d’économies de la part de l’Etat
Ce qui est annoncé concrètement :
- Ces économies s’appuieront sur la maîtrise des dépenses de fonctionnement desministères. Elle passe par des économies sur les dépenses immobilières, lamutualisation des fonctions support (achats et systèmes d’information notamment), et une réduction du train de vie de l’Etat.
- Les fonctionnaires contribueront à l’effort d’économie nécessaire avec la poursuite de la stabilisation de la valeur du point fonction publique.
- Les créations d’emplois prévues dans l’Education nationale, la sécurité et la justice seront maintenues, dans le cadre de la priorité donnée à la jeunesse, et à la sécurité des Français.
- Les interventions de l’Etat seront également recentrées pour être plus efficaces.
- Les opérateurs et autres agences de l’Etat verront leurs dépenses de fonctionnement et leurs interventions revues à la baisse. Leurs moyens avaient augmenté de 15 % sous le précédent quinquennat.
Niveau de détail : note de 1 à 5
Jacques Bichot : Aucun détail, seulement des têtes de chapitre. 1/5
Jean-Charles Simon : 1/5. C’est la partie la plus importante d’un point de vue quantitatif… mais aussi la moins détaillée et peut-être la moins convaincante. La seule précision vraiment chiffrable, c’est la poursuite du gel du point de la fonction publique sur la période.
Réformes structurelles ou conjoncturelles ?
Jacques Bichot : Le manque de précisions ne permet pas de savoir s'il y aura des réformes structurelles dans le fonctionnement des services de l'État. Cette partie du plan est plutôt du type "coup de rabot", avec des exceptions (Éducation nationale) qui iront en sens inverse (ajout d'une couche : plus de fonctionnaires donc plus de dépenses). Des annonces du type "les interventions de l'État seront recentrées pour être plus efficaces" ne sont ni structurelles, ni conjoncturelles : ce sont des incantations, des déclarations de bonnes intentions dépourvues de toute portée pratique.
Jean-Charles Simon : Des rationalisations sont promises sur les moyens et les interventions de l’Etat, les dépenses des agences et opérateurs de l’Etat sont également visées. Mais fondamentalement, c’est une logique de rabot, sans la moindre dimension structurelle.
Potentiel de ces annonces
Jacques Bichot : Le blocage de la valeur du point produira des effets mécaniques, mais comme on n'a aucune indication sur les mesures compensatoires qui continueront à être accordées (ou qui seront inventées en sus) l'économie résultante ne peut être connue avec précision. Tout le reste est tellement vague que la précision du chiffre annoncé (18 milliards d'économie) est psychédélique. Avec le même baratin (c'est hélas le genre littéraire du texte du Premier ministre), on aurait pu annoncer 1 milliard, ou 40 milliards.
Jean-Charles Simon : Tout dépend, sur l’ensemble de ce plan, de ce qu’on entend par "50 milliards d’économies". S’il s’agit de faire progresser au global les dépenses publiques de 50 milliards de moins qu’un scénario "normalement" dépensier, alors ce serait un effort bien modeste. Une hausse de 1,5 % par an au lieu de 3%, en valeur : ça y est, on a bien 50 milliards de moins au bout de trois ans. Et la manière dont ces 18 milliards (qui étaient 19 dans le discours de politique générale) sont présentées n’est pas très rassurante, car on a plutôt l’impression que le gel du point d’indice, par exemple, est considéré comme une économie. Alors qu’il ne fait que stabiliser et non diminuer la masses salariale, et pour partie seulement, car il y a d’autres facteurs de hausse des rémunérations des agents des fonctions publiques.
Ce qu'on pourrait faire pour vraiment y parvenir durablement
Jacques Bichot : Ce n'est pas ici le lieu de refaire la copie du Premier ministre, mais de donner quelques exemples de ce qu'elle aurait dû contenir. D'abord, des indications sur la méthode. Par exemple, on sait que la pratique systématique des appels d'offre, et notamment des appels d'offre groupés, entraîne une déperdition d'énergie considérable, un travail souvent improductif pour les administrations et pour les entreprises qui répondent, donc un renchérissement des coûts ou une baisse de la qualité ; s'engager dans la voie d'un remplacement de cette parodie d'économie de marché par une responsabilisation des fonctionnaires chargés de contracter avec des entreprises serait un moyen concret de faire des économies. De même, puisque le plan Valls évoque les systèmes d'information, on s'attendrait à ce qu'il dise comment les services vont être incités à ne plus faire les énormes erreurs en la matière qui plombent nos forces armées ou notre système judiciaire. Et puisque l'accroissement des moyens de la justice fait partie des exceptions, on aurait apprécié que figure au programme l'annonce d'une révision des codes de procédure axée sur les gains de rapidité et de productivité, ces deux qualités qui manquent si désespérément à nos tribunaux. Dernier exemple de réforme structurelle : ne plus recruter de fonctionnaires, mais seulement des salariés "ordinaires", sauf pour l'armée, la justice et quelques autres fonctions vraiment régaliennes.
Jean-Charles Simon : Un exercice de vraie réforme : celle des missions de l’Etat, et donc du périmètre et des moyens qui en découleraient, en premier lieu en matière de nombre de fonctionnaires. Or, cette revue des champs d’action de l’Etat veut dire que l’exécutif se mettrait à administrer, alors qu’il a une tendance historique, surtout sous la Ve République à d’abord légiférer et à placer l’administration en mode pilote automatique. C’est tellement plus médiatique et gratifiant pour un ministre de faire des lois plutôt que de réformer en profondeur les missions d’une administration…
11 milliards d’euros d’économies sur les collectivités locales
Ce qui est annoncé concrètement :
- Le premier texte de loi portant décentralisation (dite loi MAPTAM) votée en janvier 2014 permet des mutualisations entre communes et intercommunalités, sources d’économies.
- Le projet de loi clarifiant l’organisation territoriale de la République supprimera la clause de compétence générale des départements et des régions. C’est une manière de rationaliser les dépenses et de clarifier le rôle de chacun. Par exemple, confier aux Conseils Régionaux toutes les compétences de développement économique (dont certaines étaient exercées par les départements) permettra près de 500 millions d'euros d'économies (source : le rapport Queyranne, Demaël et Jurgensen de 2013). Cela permettra également aux entrepreneurs et bénéficiaires de ces aides une simplification de leurs démarches.
- La Dotation Globale de Fonctionnement sera reformée dans le projet de loi de finances (PLF 2015), pour encourager les comportements vertueux et renforcer les mécanismes de solidarité financière entre collectivités riches et défavorisées.
- Dans une logique de simplification, le Conseil National d’Evaluation des Normes, mis en place avant l’été, donnera plus de place aux élus dans la diminution des normes, anciennes et nouvelles.
Niveau de détail : note de 1 à 5
Jacques Bichot : Cette fois, il y a quelques pistes concrètes. 3/5 parce qu'après avoir corrigé une copie vraiment nulle on est toujours un peu généreux avec la suivante si elle a au moins un rapport avec le sujet.
Jean-Charles Simon : 2/5. C’est un peu plus détaillé et convaincant, par exemple avec des économies liées à la fin de la clause de compétence générale, si elle est bien mise en œuvre. Par ailleurs, on comprend bien que la dotation globale de fonctionnement, c’est-à-dire le gros du financement des collectivités par l’Etat, va servir de variable d’ajustement.
Réformes structurelles ou conjoncturelles ?
Jacques Bichot : Il y a un peu de structurel, mais aussi du hors sujet. Par exemple la réforme de la dotation globale de fonctionnement visant à "renforcer les mécanismes de solidarité financière entre collectivités riches et défavorisées", c'est gentil, mais quel rapport avec les économies ?
Jean-Charles Simon : Si le gouvernement parvient à mener à bien certains des chantiers qu’il a évoqué (fin des conseils départementaux, regroupement des régions, fin de la clause de compétence générale...), alors il y aura indiscutablement une réforme structurelle de l’organisation territoriale.
Potentiel de ces annonces
Jacques Bichot : Comme précédemment, on ne voit pas comment les réformes esquissées produiront les 11 milliards d'économie annoncés. Qu'est-ce qui va inciter les dirigeants des collectivités territoriales à dépenser moins ? Va-t-on baisser de 11 milliards la dotation globale de fonctionnement ?
Jean-Charles Simon : L’exécutif doit penser pouvoir mettre une forte pression sur les collectivités locales, puisqu’il a même relevé de 10 à 11 milliards cette enveloppe entre le discours de politique générale et l’annonce du plan d’économies. Mais rien ne dit que les collectivités ne répercuteront pas cette baisse de ressources sur les ménages par le biais des impôts locaux. Auquel cas, il ce sera agi d’un coup d’épée dans l’eau car la notion de dépenses publiques couvre bien entendu celle des collectivités locales en propre.
Ce qu'on pourrait faire pour vraiment y parvenir durablement
Jacques Bichot : Premièrement, responsabiliser les élus locaux en les laissant prélever sur leurs électeurs la totalité de ce qu'ils entendent dépenser. Le principe même d'une dotation globale de fonctionnement en provenance de l'État est un pousse-au-crime : l'électeur vote volontiers pour l'élu qui parvient à soutirer à l'État de quoi faire toutes sortes de choses, même inutiles, dans sa commune ou son département. Deuxièmement, comme pour l'État, ne plus recruter de fonctionnaires locaux, mais des salariés de droit commun.
Jean-Charles Simon : Les pistes esquissées sont intéressantes. Mais pour que la baisse des dépenses soit structurelle et qu’elle ne soit pas un simple transfert de la poche de l’Etat vers celle des collectivités qui se refinanceraient sur les contribuables, il faut à la fois que les réorganisations ne se fassent pas à moyens constants mais réduits, et surtout que les collectivités n’aient plus de marges de manœuvre fiscales très significatives.
10 milliards d’euros d’économies sur l’assurance maladie
Ce qui est annoncé concrètement :
Les économies reposeront sur l’amplification des réformes structurelles engagées dans le cadre de la stratégie nationale de santé :
- mieux organiser les parcours de soins, en renforçant les soins de premier recours, en développant la chirurgie ambulatoire, en facilitant le retour à domicile après une hospitalisation, en améliorant le suivi des personnes âgées en risque de perte d’autonomie ;
- améliorer notre dépense de médicaments, grâce à une consommation plus raisonnée, à un plus grand recours aux génériques et à des prix davantage en adéquation avec l'innovation thérapeutique ;
- agir sur la pertinence médicale pour réduire le nombre d’actes et d’interventions inutiles ou évitables.
Niveau de détail : note de 1 à 5
Jacques Bichot : Il y a quelques indications concrètes, même s'il s'agit davantage de résultats à obtenir que de moyens pour les obtenir. Persévérons donc dans la mansuétude : 3/5.
Jean-Charles Simon : 2/5. C’est à peine plus précis que pour les dépenses de l’Etat. Mais le champ est plus restreint, et en rappelant la moindre augmentation de l’Ondam ces deux dernières années, on voit bien se profiler la piste des rustines habituelles, comme les déremboursements de médicaments, pour parvenir à l’objectif annoncé.
Réformes structurelles ou conjoncturelles ?
Jacques Bichot : Il y a un peu de structurel, même si l'essence même des dispositions structurelles, à savoir la mise en place de dispositifs permettant aux agents d'agir avec intelligence et efficacité dans un sens conforme au bien commun, n'est pas mieux perçue que précédemment. Par exemple, les soins de premier recours relèvent principalement de la médecine libérale : oui, mais il n'y a plus guère de jeunes médecins pour vouloir exercer en libéral. Il faudrait donc dire si l'on veut développer des structures de type dispensaire public, ou dispensaire privé avec des médecins salariés, ou débarrasser le statut de médecin libéral de toutes les stupidités bureaucratiques qui dissuadent actuellement les jeunes de l'adopter. Parler de soins de premier recours quand par exemple il faut trois mois pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmo ou un dermato, c'est de l'humour noir.
Jean-Charles Simon : Du pur conjoncturel, hélas, puisque non seulement les pistes sont assez floues et convenues, mais surtout car elles s’accompagnent d’un plaidoyer renouvelé sur la grandeur de notre système. Rien de structurel à espérer en la matière.
Potentiel de ces annonces
Jacques Bichot : Impossible à déterminer : la stratégie adoptée est clairement bureaucratique, c'est-à-dire qu'elle se propose d'ordonner aux agents de faire ceci ou cela ; or on sait que les êtres humains opposent une résistance efficace à ces stratégies de commandement – que l'on relise les analyses du fonctionnement des administrations par Michel Crozier ! Il faut un peu plus de subtilité : créer un cadre institutionnel dans lequel les agents puissent donner le meilleur d'eux-mêmes et aient envie de le faire.
Ce qu'on pourrait faire pour vraiment y parvenir durablement
Jacques Bichot : On ne peut pas réparer rapidement les bêtises faites par les gouvernements qui ont mis en place des numérus clausus absurdes pour la formation des médecins il y a un quart de siècle ; il faut donc, tout en préparant 2025 par des formations de médecins en nombre suffisant, trouver des solutions à moyen et court terme. À moyen terme, la fusion rendue possible entre la gestion de l'assurance maladie de base et la complémentaire permettrait d'économiser 4 ou 5 milliards. À court terme, responsabiliser davantage les hôpitaux (halte à la bureaucratie dominatrice des ARS, les agences régionales de santé !) ; et diminuer fortement la charge de formalités bureaucratiques imposée au personnel de santé sous statut libéral (médecins, infirmiers, kinés, etc.) permettrait d'augmenter leur productivité et donc de stabiliser le tarif de remboursement de leurs actes. Les soignants passent trop de temps à faire de l'administratif inutile : là se situe une possibilité importante de faire des économies.
Jean-Charles Simon : Pour tout le champ de la protection sociale, la première des conditions d’une vraie réforme repose sur la prise de conscience que l’existant n’est pas soutenable. Que c’est bien de ce champ que vient l’essentiel de la dérive des dépenses publiques, dont il représente près de 60 % du total aujourd’hui, en croissance régulière. Qu’il faut donc le repenser globalement sauf à se condamner à des mesures d’urgence en cascade, qui n’évitent pas pour autant une hausse des prélèvements consacrés au financement des dépenses.
>> 11 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de protection sociale
Ce qui est annoncé concrètement :
- Pour près de 3 milliards d’euros, ces économies résulteront de réformes déjà engagées : modernisation de la politique familiale décidée en 2013 ; loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraites ; accord entre partenaires sociaux sur les régimes complémentaires AGIRC-ARRCO.
- Au-delà, les caisses de sécurité sociale dégageront 1,2 milliard d’économies, en exploitant notamment les possibilités offertes par la dématérialisation, la simplification et la meilleure articulation entre les différents organismes.
- Dans un contexte de faible niveau actuel de l’inflation, les prestations sociales ne seront pas revalorisées pendant un an. Cette stabilité concernera les pensions du régime de retraite de base (1,3 milliards d’euros). Le même effort pourrait être réalisé s’agissant des retraites complémentaires qui relèvent des
partenaires sociaux (2 milliards d’euros). Cet effort temporaire épargnera les retraités dont les pensions sont les plus modestes puisque le minimum vieillesse continuera, lui, d’être revalorisé. Le niveau des autres prestations sociales (logement, famille, invalidité) sera également stable jusqu’en octobre 2015 (0,7
milliard d’euros). Cette mesure ne touchera pas les minima sociaux (RSA, ASS, AAH, minimum vieillesse), dont la revalorisation sera garantie.
- Décidés dans le plan pauvreté de janvier 2013, les engagements de revalorisation exceptionnelle pour le RSA, le complément familial et l’allocation de soutien familial sont confirmés. Mais elles seront décalées d’une année.
- Une nouvelle convention d’assurance-chômage, sur laquelle les partenaires sociaux se sont accordés, va permettre d’améliorer le fonctionnement du marché du travail, notamment en matière de sécurisation de l’emploi et de la formation professionnelle. Le régime d’assurance-chômage devra mieux contribuer au bon fonctionnement du marché du travail, et permettre de rétablir l’équilibre financier de l’UNEDIC à l’horizon 2017 (2 milliards d’euros au total).
- Enfin, la modernisation de la politique familiale engagée en 2013 sera poursuivie, en renforçant l'équité des aides aux familles, et en orientant davantage les prestations vers l'emploi des femmes (0,8 Md€).
Niveau de détail : note de 1 à 5
Jacques Bichot : Cette fois, comme il s'agit de coups de rabot assez simples, il y a des précisions : 4/5.
Jean-Charles Simon : 4/5. C’est un peu la surprise du plan d’annonces : la partie la plus détaillée était aussi la dernière annoncée, puisqu’elle n’était qu’esquissée dans le discours de politique générale.
Réformes structurelles ou conjoncturelles ?
Jacques Bichot : Conjoncturelles principalement, sauf pour la politique familiale dont la réduction et l'évolution dans un sens paternaliste est une tendance de long terme qui se trouve confirmée. Pour l'assurance chômage, il y a une prétention au structurel, mais en fait rien n'est prévu dans ce plan pour améliorer effectivement le fonctionnement du marché du travail, meilleur moyen de diminuer le coût de cette assurance.
Jean-Charles Simon : On est pour l’essentiel dans le conjoncturel à la petite semaine : du gel de prestation, des mesures de rabot, et seulement 1,2 milliard d’économies de gestion et de modernisation. Surtout, près de 5 milliards viennent de mesures déjà connues, comme les accords sur l’assurance chômage ou les retraites complémentaires déjà actés par les partenaires sociaux.
Potentiel de ces annonces
Jacques Bichot : Comme d'ordinaire, la seule chose certaine est la réduction, dénommée "modernisation", de la politique familiale, et le coup de frein aux dépenses de retraite.
Ce qu'on pourrait faire pour vraiment y parvenir durablement
Jacques Bichot : L'assurance chômage et l'ARRCO-AGIRC sont déjà gérés par les partenaires sociaux : il suffirait que le législateur leur interdise de continuer à fonctionner avec un déficit chronique, et ils prendraient les mesures courageuses nécessaires pour y parvenir. La gestion des autres branches pourrait être elle aussi confiée aux partenaires sociaux, avec interdiction de ne pas couvrir les dépenses par des recettes. L'une des réformes structurelles à réaliser est donc la séparation du législateur et du gestionnaire, source de nos dérives à répétition depuis un quart de siècle. Bien d'autres réformes structurelles fourniraient des économies : 3 milliards, par exemple, rien que sur les frais de gestion, si l'on unifiait les retraites (de base et complémentaire) par répartition.
Jean-Charles Simon : Comme pour l’assurance maladie, le reste du champ de la protection sociale suppose une remise à plat de la prise en charge des risques par la sphère publique. S’il s’agit de rester universel et à un niveau élevé de prise en charge de tous sans considération des ressources, alors il n’y a pas de solution viable dans un pays vieillissant et à faible croissance potentielle. Il faudrait savoir resserrer notre système social sur un dispositif de solidarité et non d’assurance universelle, pour la retraite, la maladie, la famille et le chômage.
B - les trois propositions alternatives
À moins de dix jours du vote sur le plan d'économies à l'Assemblée, des députés PS ont proposé des solutions alternatives au plan de Manuel Valls. Tout en respectant le cadre des 50 milliards d'économies, ce groupe de députés a travaillé sur trois scénarios alternatifs comprenant tous un volet important sur la fiscalité des entreprises :
Appliquer le pacte de responsabilité pour les entreprises petites et moyennes dès 2015, mais reculer son application pour les grands groupes à 2017 :
Niveau de détail : note de 1 à 5
Jacques Bichot : Il n'y a pas grand-chose à préciser, si ce n'est les limites entre PME et "grands groupes" : 3/5
Jean-Charles Simon : 2/5. Rien de tout ceci n’est vraiment plus précis que le plan en lui-même, puisqu’il s’agit de le prendre comme base et de déplacer quelques milliards de baisse des prélèvements sur les entreprises vers les ménages.
Réforme structurelle ou conjoncturelle ?
Jacques Bichot : C'est purement conjoncturel, et ça n'a rien à voir avec une réforme.
Jean-Charles Simon : On est vraiment dans la politique assez politicienne, même s’il y a un peu d’habillage technocratique. Au final, il s’agit d’envoyer à une partie de l’électorat deux signaux conjoints, un peu démagogiques : faire moins de "cadeaux" aux entreprises, surtout les plus grandes, en gelant ou en diminuant certaines réductions de prélèvements existantes ou prévues ; réinvestir les sommes ainsi "économisées" en soutenant le pouvoir d’achat, par exemple des fonctionnaires ou de l’ensemble des ménages.
Potentiel de cette annonce
Jacques Bichot : Quelques milliards de réduction sur le manque à percevoir de la sécurité sociale, et un point supplémentaire de stupidité pour cette idiotie bureaucratique qu'est le pacte de stabilité.
Ce qu'on pourrait faire pour vraiment y parvenir durablement
Jacques Bichot : Question sans objet : la mesure est par définition transitoire.
Jacques Bichot : S’il s’agit de dire que le pacte de responsabilité et le plan d’économies de 50 milliards sont trop durs pour les ménages et trop favorables aux entreprises, c’est un peu un déni de réalité par rapport à des cures autrement plus drastiques mises en œuvre ailleurs.
Dans le contexte actuel, il me semble que la France a surtout l’urgence de la baisse des prélèvements sur les entreprises. A contrario, c’est l’un des pays où le pouvoir d’achat des salariés a été le plus préservé. La crise a frappé par le chômage, pas sur les revenus ou les patrimoines de ceux qui ont gardé leur emploi, contrairement à ce qui a prévalu dans beaucoup d’autres pays touchés par la crise.
Bloquer l'évolution de certaines dépenses fiscales, en plafonnant par exemple le crédit impôt à son niveau de 2014
Niveau de détail : note de 1 à 5
Jacques Bichot : 1/5 : on ne dit pas comment plafonner le crédit d'impôt.
Réforme structurelle ou conjoncturelle ?
Jacques Bichot : Ce serait plutôt structurel puisqu'il s'agirait de diminuer les niches fiscales, qui sont devenues caractéristiques de l'impôt sur le revenu.
Potentiel de cette annonce
Jacques Bichot : Il s'agit d'augmenter la pression fiscale ; on peut aller très loin en la matière, du moins jusqu'à ce que les contribuables exaspérés déclenchent un changement de majorité.
Ce qu'on pourrait faire pour vraiment y parvenir durablement
Jacques Bichot : La suppression de nombreuses niches fiscales réalisée en parallèle avec un abaissement des taux de l'impôt sur le revenu est une mesure dont on peut discuter de façon intéressante. Mais il est à craindre que la partie diminution des taux ne soit pas au programme, même à long terme…
>> Réduire la fiscalité des entreprises à 33 milliards d'euros au lieu de 38 milliards
Niveau de détail : note de 1 à 5
Jacques Bichot : 1/5 : quelle fiscalité (il existe des dizaines de taxes et impôts sur les entreprises), et comment on s'y prend ?
Réforme structurelle ou conjoncturelle ?
Jacques Bichot : Ce pourrait être structurel
Potentiel de cette annonce
Jacques Bichot : Il y a peu de chances que cela se fasse durant ce quinquennat.
Ce qu'on pourrait faire pour vraiment y parvenir durablement
Jacques Bichot : Des économies !
C - Finalement, que reste-t-il des réformes structurelles promises par François Hollande et qui visaient à réaliser des économies ?
Jacques Bichot : Il n'est pas certain que le président de la République se fasse une idée très exacte de ce qui est structurel et de ce qui ne l'est pas. Ses interventions ne donnent pas l'impression d'une pensée très structurée, d'une aptitude à utiliser des concepts ayant un sens précis. Quand il a parlé, à différentes reprises, de faire des réformes structurelles, c'est un peu comme ces entreprises dont la publicité promet des produits "naturels" : il ne s'agit pas d'un engagement précis, mais de l'usage d'un mot que les acheteurs potentiels sont censés ressentir positivement. La direction marketing de l'entreprise espère que la connotation positive accordée à ce mot va rejaillir sur le produit et faciliter le passage à l'acte d'achat. Inutile de chercher ce que cette entreprise met sous la dénomination "naturel" ; inutile de chercher ce que François Hollande entend par "structurel" : il s'agit simplement pour lui (comme pour beaucoup d'autres hommes politiques, et pas seulement de gauche !) de provoquer une réaction positive en utilisant une étiquette qui a un air de sérieux, sans que cela veuille dire quoi que ce soit de précis quant à la composition du produit électoral qu'il veut vendre à la population, et aux média, qui font l'office de distributeurs.
Jean-Charles Simon : En matière fiscale, il y aura eu un peu de créativité, par exemple avec le CICE. Mais la réforme fiscale globale semble enterrée, en particulier les projets autour du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, ou même d’un rapprochement impôt sur le revenu-CSG. Et surtout, pour l’instant, on attend toujours un quelconque ajustement structurel des dépenses publiques. Or, c’est la clé de tout. C’est ce qui pourrait permettre de dégager des marges enfin très substantielles, grâce à une réduction du périmètre de la sphère publique. C’est ce qu’a fait par exemple la Suède dans les années 90 : 2 points de PIB par an de dépense en moins en moyenne pendant 7 ans. Quasiment l’équivalent d’un plan de 50 milliards qui nous intéresse chaque année pendant 7 ans de suite ! Tant qu’on n’acceptera pas de repenser le champ de l’action publique, et d’abord celui de la protection sociale, alors il sera difficile voire impossible de réduire structurellement la dépense, et donc de pouvoir abaisser d’autant les prélèvements obligatoires.
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