mardi 26 novembre 2013
Schäuble : plus de risques de contagion dans la zone euro
M. Schäuble a déclaré que la réalisation des reformes de la Grèce ces dernières années, qui comprenaient la croissance et le progrès dans la réduction de son déficit et qui ont fonctionné mieux que prévu, méritaient le respect. Il a également souligné la baisse de la différence entre les rendements des obligations allemandes et grecques.
Il a aussi déclaré que les crises gouvernementales et les négociations de coalition ne posaient plus de risque de contagion pour le bloc de la monnaie unique dans son ensemble, sans préciser le ou les pays dont il faisait allusion, rapporte Reuters.
S'exprimant plus tard lors de l'événement, M. Samaras a rappelé que son pays, la Grèce, n'avait pas besoin d'un autre plan de sauvetage. Au lieu de cela, il faudra juste remplir les conditions de son programme actuel.
Athènes a dit qu'il était prévu de sortir de la récession qui dure depuis six ans, l'année prochaine. De plus, la Grèce a doublé sa prévision de l'excédent budgétaire avant paiement des intérêts pour cette année.
La Grèce a donc déclaré, qu'elle afficherait un excédent budgétaire primaire avant paiement des intérêts de 0,4% du PIB cette année.
Pourtant, selon les termes de son plan de sauvetage international, il faut élargir l'excédent à 4,5% du PIB en 2016. Mais Athènes a dit qu'il arriverait à cet objectif sans prendre des mesures d'austérité impopulaires, aidé par une reprise économique et par une meilleure perception de l'impôt.
Toutefois, la « troïka » des bailleurs de fonds - la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international - insiste pour que le pays fasse d'autres coupures, car elle doute que la mesure dans laquelle une reprise économique et une répression de la fraude fiscale sont prévues, puissent améliorer les finances de la Grèce.
Dans le même temps, les bailleurs de fonds internationaux sont au milieu de leur dernier examen de la performance de la Grèce sur ses objectifs de réformes. L'affichage d'un excédent budgétaire avant paiement des intérêts ouvrirait alors la voie à la Grèce pour demander l'allégement de la dette. En outre, Athènes fait face à des paiements d'obligations de 1,85 milliards d'euros depuis le début de janvier.
En outre, après plus de deux d’examen de l'économie de la Grèce, les prêteurs n'ont pas encore accepté de libérer la tranche suivante fonds de sauvetage à cause d'un désaccord avec Athènes sur l’importance du déficit budgétaire pour 2014-2015.
Par ailleurs, le chef de la mission du FMI pour la Grèce, Poul Thomsen, a suggéré qu’il y avait de la place pour un compromis, depuis qu'Athènes et ses prêteurs avaient convenu que des mesures qui nuiraient à l'économie du pays devaient être évitées.
S'exprimant vendredi lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel, M. Samaras a réaffirmé qu'il n'y aurait pas de nouvelles réductions de salaires et de retraite dans le plan d’austérité de la Grèce.
D'après M. Thomsen, la Grèce et ses prêteurs ont encore à régler de nombreuses questions, y compris le budget grec 2014, la stratégie budgétaire 2014-2017, et une nouvelle taxe foncière.
Pourquoi l’Allemagne ne redémarre pas
L’Allemagne n’a toujours pas de gouvernement. Pas de chancelière, pas de ministre. Le pays n’est plus gouverné depuis les élections qui ont eu lieu le 22 septembre et qui ont sacré Angela Merkel. Le Parlement lui, est au chômage technique. Du jamais vu en Allemagne.
Angela Merkel n’ayant pas donné à son parti la majorité absolue, il lui faut trouver un compromis avec le social-démocrate SPD, si elle veut être nommée et commencer à constituer son équipe et gouverner. La négociation patine dans les querelles à n’en plus finir. Ce qui est intéressant, c’est que les points de désaccords en Allemagne sont aussi des marqueurs de changement de la politique économique qui pourraient ne pas être sans conséquences pour l’Europe. En clair, l’Europe toute entière pourrait tirer parti d’une Allemagne qui serait obligé de transiger sur des principes sacro-saints qui ont fait sa puissance et qui pourrait par la même, perdre de sa compétitivité légendaire.
Les deux dossiers sur lesquels la négociation est le plus tendu portent sur le salaire minimum et sur la politique de l’énergie.
Sur les salaires, ça pourrait être le premier talon d’Achille de l’Allemagne après la crise. La force économique de l’Allemagne sur les marchés étrangers vient de la qualité de ses produits industriels mais aussi de ses coûts du travail particulièrement avantageux. Les salaires sont moins chargés qu’ailleurs et le salaire net dans la poche du salarié est plus faible qu’en France.
L’Allemagne a choisi une politique du travail et de l’emploi plutôt qu’une politique du non-emploi comme en France. Ceci étant, la grande revendication des socio-démocrates porte sur les salaires, avec la condition de la création d’un salaire minimum qui n’existe pas aujourd’hui. Le SPD pourrait obtenir de la CDU qu’il accepte la création de ce salaire minimum. Les dirigeants du SPD ne pourront participer à cette grande coalition que si la programmation d’un SMIC allemand sera adoubée par les 500.000 adhérents du parti socialiste. Il faudra donc que ce SMIC ne soit pas symbolique.
Toute l’Europe suit, avec beaucoup d’attention, cette négociation dont l’issue peut impacter la puissance des entreprises allemandes. Un salaire minimum de 8,5 euros de l’heure, augmentera l’ensemble des coûts salariaux. Selon les calculs faits par les économistes du patronat allemand, cette augmentation serait de 1% en moyenne et peut se retrouver dans la consommation des ménages. Ce phénomène aurait deux conséquences. D’une part, il attaquerait la compétitivité des produits allemands sur les marchés étrangers : ce qui allègerait la pression concurrentielle. D’autre part, il relancerait la demande interne et toute l’Europe en profiterait.
Par ailleurs, les partis majoritaires ont aussi promis pendant la campagne électorale des augmentations importantes de dépense publique. Sur les infrastructures et sur les retraites, beaucoup de promesses ont été faites, y-compris par Angela Merkel. Il faudra en respecter quelques-unes. Ce changement dans la politique des dépenses publiques redonnera également de l’oxygène au marché intérieur.
Le deuxième grand dossier sur lequel il existe une négociation âpre est celui de l’énergie.
L’Allemagne s’est engagée, sous la pression des verts, dans une politique énergétique désastreuse. Elle a arrêté les centrales nucléaires, multiplié les sources d’énergies renouvelables et ré-ouvert des centrales au charbon. En voulant produire une énergie propre, elle a produit une énergie chère. Et comme les énergies renouvelables ne suffisaient pas, elle a investi massivement dans le charbon. Le résultat de tout cela, c’est que l’Allemagne qui voulait être exemplaire est devenue le plus gros pollueur de l’Europe avec son charbon importé. Son électricité est payée au prix fort par les ménages pour que les entreprises puissent la payer au prix du marché international.
L’Allemagne a eu tout faux. Ce désordre et cette innocence alimente un débat qui ne fait que s’ouvrir. Le débat est tellement chaud que les partis ont décidé de ne pas en faire un élément du compromis. Cela dit, ils ont tous signé l’augmentation des dépenses publiques pour réduire les prix de l’énergie dans les régions agricoles pauvres et pour l’industrie. Ça ne pourra pas durer. L’énergie est porteuse d’une faiblesse structurelle pour l’économie allemande.
Cette situation bloquée sur les salaires et sur l’énergie est inquiétante pour la compétitivité allemande. Ceci dit, son avance est telle, qu’elle peut négocier un compromis. Cependant, son incapacité a trouver une solution va la rendre beaucoup moins puissante qu’on pouvait le craindre.
La Grèce, l’Espagne et l’Italie pourrait en profiter. Quant à la France, elle se réjouit en silence du malheur des autres. On a tort, car contrairement aux autres pays qui sortent de la crise, la France n’a pas fait beaucoup d’efforts pour en sortir. Plutôt que d’espérer que les autres aillent plus mal mieux vaudrait profiter de cette nouvelle situation pour négocier de nouveaux contrats de solidarités, de nouvelles coordinations. Accepter la main tendue pour plus de fédéralisme. On n’y est pas !
Zone euro: ne pas relancer la croissance pourrait créer une "génération perdue"
Paris (awp/afp) - Les pays de la zone euro ont un "impératif de solidarité" face à la crise, car faute "d'action résolue" en faveur de la croissance, "le risque est réel de créer une génération perdue", a estimé Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE.
"La crise en cours, à travers la contraction des revenus et la hausse du chômage qu'elle a provoquées, suscite de l'incompréhension et parfois de la colère dans de nombreuses régions d'Europe", a déclaré M. Coeuré, selon le texte de son discours prononcé samedi matin devant la 19e Université d'automne de la Ligue des droits de l'Homme, à Paris.
"Le taux de chômage atteignait 12,2% dans la zone euro en septembre 2013, contre 7,6% au début de la crise financière, au deuxième trimestre 2007" a-t-il poursuivi, soulignant que les jeunes "paient un très lourd tribut avec plus de 3,5 millions de moins de 25 ans sans emploi (...), soit près d'un quart de cette tranche d'âge".
"En Grèce et en Espagne, ce chiffre dépasse même 50%", a-t-il rappelé.
"Cette situation explique la perte de confiance dans les institutions nationales et européennes. Or on ne peut relever le défi du chômage en revenant aux solutions nationalistes du passé", a estimé M. Coeuré, pour qui "seul un effort conjoint peut faire reculer le chômage de manière soutenable, en utilisant à la fois les instruments nationaux et européens".
"En l'absence d'action résolue pour la croissance, le risque est réel de créer une +génération perdue+, comme l'Europe l'a fait dans des circonstances plus tragiques, en 1914-1918", a jugé le responsable de la BCE.
"Les interdépendances et la responsabilité commune qu'implique l'euro créent un impératif de solidarité européenne face à la crise", a-t-il encore affirmé, évoquant un "défi majeur" pour l'UE.
Réforme fiscale : une baisse des impôts ou rien
Réforme fiscale : une baisse des impôts ou rien
François Hollande a été obligé d’intervenir pour calmer une nouvelle polémique déclenchée par l’annonce d’une grande réforme fiscale. Cette réforme était pourtant destinée à calmer la colère des contribuables contre, entre autre, l’écotaxe.
Les propos du président de la République ne vont rien calmer du tout. Cette refonte du système fiscal, explique François Hollande, doit répondre à trois objectifs. Un objectif de simplification, un objectif de clarification et un objectif de justice. Pour encore mieux calmer les inquiétudes, il ajoute que cette réforme fiscale prendra le temps du quinquennat. Si les contribuables, et surtout les chefs d’entreprise, sont rassurés avec tout cela, chapeau M. le Président ! Il vous faudra tout de même songer à réviser tous les cours de communication politique.
L’annonce d’une mise à plat de la fiscalité française a semé une belle pagaille dans tous les rouages de la société. A Bercy d’abord, le ministère n’était pas au courant. Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve ne sont d’ailleurs pas encore intervenus dans cette affaire. C’est visiblement l’Élysée et Matignon qui la pilote et qui recevront les partenaires sociaux pour une première grand-messe.
Pagaille aussi chez les chefs d’entreprise qui n’osent plus bouger une oreille de peur de se tromper d’interprétation sur un texte fiscal. A peine ont-ils compris et intégré une nouvelle disposition qu’ils reçoivent un nouvel arrêt leur indiquant un changement de cap. Ça fait un an que ça dure. Ils ont besoin de stabilité avant tout pour faire des projets, sinon la photo de l’avenir sera floue. Ça bouge tout le temps. Pagaille enfin chez les contribuables et les épargnants qui n’ont toujours pas digéré les hausses multiples et qui sont menacés tous les matins d’un nouvel agent du fisc.
Le contribuable considère surtout que l’impôt est globalement trop lourd
Alors, si l’on vient à annoncer à toutes les victimes d’overdose fiscale qu’ils ont été entendus et que l’on va engager une grande réforme pour simplifier et clarifier l’impôt, ils dressent l’oreille. Ils sont forcément intéressés. C’est vrai que le système est compliqué, que la retenue à la source qui existe dans tous les pays serait plus simple. Mais arrêtons de spéculer : le contribuable (particulier consommateur et chef d’entreprise) considère surtout que l’impôt est globalement trop lourd.
Alors, quand Jean-Marc Ayrault précise que la grande réforme se fera à taux de prélèvement constant et que, selon le président de la République, tout cela ne sera pas mis en musique avant la fin du quinquennat, les contribuables hésitent entre l’éclat de rire et la crise de nerf.
Les partenaires sociaux sont d’une correction très politique. Ils viendront comme ils sont venus à toutes les grandes messes célébrées à Matignon. Mais du Medef à la CGPME, on ressortira le bréviaire des entrepreneurs qui réclament plus de compétitivité. Donc politesse mais aucune illusion.
On peut imaginer toutes les réformes que l’on veut, il faut savoir trois choses.
La première, c’est que plus l’ambition de réforme fiscale est affichée, plus les risques de cassure du consentement à l’impôt sont grands. La dernière grande réforme fiscale a été la création de la CSG. C’est une invention de Michel Rocard qui l’a fait passer sans trop expliquer son potentiel. La CSG a toutes les qualités, ses taux sont réduits, elle est proportionnelle, avec une assiette très large… C’est devenu le deuxième impôt français en termes de rendement, après la TVA.
Deuxième élément, toute réforme de l’impôt doit s’accompagner d’une suppression des niches fiscales. Mais pour pouvoir fermer les niches, il faut commencer par s’occuper des chiens qui gardent les niches.
Enfin dans les conditions actuelles, c’est-à-dire avec une pression fiscale dissuasive. Toute réforme fiscale doit se traduire par une baisse des prélèvements obligatoires. Or, l’annonce faite par le Premier ministre que la réforme se fera à taux de prélèvement équivalent, tue toute la réalité de la réforme. Sans allègement, la réforme est non seulement impossible à faire passer mais elle est préjudiciable à l’économie et à l’équilibre du corps social.
Le premier ministre écarte d’emblée toute baisse d’impôt parce qu’il ne veut absolument pas envisager une baisse des dépenses publiques.
C’est le Président lui-même qui a vendu la mèche hier en disant que l’on prendra le temps. Ce ne sera pas le chantier du siècle mais un enterrement de première classe. On est donc revenu à la case départ des problèmes français. On espère que pendant ce temps-là, on aura oublié l’écotaxe et que les contribuables seront retournés au travail.
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