TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 24 mai 2012

Regain de tension sur les dettes souveraines après le sommet européen

Alors que l'incertitude plane sur la zone euro, provoquant une fébrilité sur les marchés financiers, le sommet européen qui se tenait hier n'a pas été à la hauteur des enjeux. Ce rendez-vous manqué continue de peser sur la monnaie unique, déjà fortement chahutée la veille, et plus encore sur les couts d'emprunts des pays jugées les plus fragiles. 

 Afin de lutter contre la spéculation sur les dettes souveraines, le thème des euro-obligations, une idée défendue par François Hollande et que l'Allemagne refuse de mettre en place, a été abordée, mais les points de désaccord persistent alors que la croissance économique fait défaut. Le PMI manufacturier Français qui s'est effondré à 44,4 en mai, contre 46,9 en avril et 47 attendu est là pour en témoigner.
D'ailleurs, outre le spectre d'une sortie de la Grèce de la zone euro, les marchés redoutent surtout un clash entre la France et l'Allemagne, les deux locomotives économiques de l'Europe, sur la question centrale de la croissance. Car les points de vue sur les moyens de relancer la machine économique divergent aussi entre la France et l'Allemagne, notamment parce qu'ils n'ont pas la même définition de la croissance.
A l'issue de ce sommet qui se voulait informel, les 27 se sont contentés de réaffirmer leur "volonté que la Grèce reste dans la zone Euro, tout en respectant ses engagements" de redressement budgétaire. Mais en coulisse les Européens se préparent au pire, c'est à-dire à une sortie de la Grèce de l'euro. L'Eurogroupe aurait d'ailleurs demandé à un groupe de travail de plancher sur l'organisation d'une sortie de la Grèce de la zone euro", afin de ne pas être pris de court par la réalité, et surtout pour prévenir une contagion de la crise à l'Espagne et l'Italie. Pour de plus en plus d'économistes, une sortie de la Grèce de l'union monétaire est inéluctable, les économistes de Citigroup prévoient déjà sa sortie pour le 1 er janvier 2013. 
De quoi provoquer des tensions sur les marchés obligataires. Le CDS espagnol à 5 ans se tend de 4 points de base pour s'établir à 544 points alors que parallèlement les taux longs du pays s'inscrivent à 6,21%. La prime de risque à 5 ans pour l'Italie suit la même pente ascendante que l'Espagne avec un CDS qui s'installe confortablement au dessus du seuil des 500 points, en hausse de 11 points, à 516 points alors que le taux à 10 ans s'établit à 5,66%. Le CDS français à 5 ans progresse également de 5 points de base à 223 points, alors que parallèlement l'OAT se détendait de 7 points, pour s'inscrire à 2,67%.

Ces hommes qui ne pensent plus à Fernande

La part de la population masculine qui souffre d’une diminution ou d’une absence de désir sexuel est importante et les facteurs la suscitant sont nombreux. Mais il existe des traitements efficaces.
Désir sexuel hypoactif (DSH). Voilà comment on nomme toute diminution ou absence de désir sexuel, cette importante cause de consultation en sexologie clinique. C’est que le DSH a une forte prévalence dans la population générale, et pas seulement auprès des femmes, plus touchées: 12,5% à 28% des hommes souffriraient d’une baisse du désir sexuel de manière occasionnelle, périodique ou fréquente, environ 3% d’un DSH avéré.

Ce trouble est souvent à l’origine de crises de couple, de séparations et d’une baisse significative de la qualité de vie. Il se manifeste par un déficit ou une absence de fantasme ou de désir. Le sujet est peu motivé dans la recherche de stimuli, il ne prend pas l’initiative d’une activité sexuelle ou s’y livre avec réticence quand son partenaire prend les devants.
Les facteurs susceptibles de causer un DSH ne sont pas forcément spécifiquement liés à la fonction sexuelle et ils sont nombreux. A commencer par l’âge: plus les années passent, plus le désir a tendance à diminuer. Selon une étude américaine, le DSH toucherait 26% des hommes de plus de 70 ans alors qu’il n’en concernerait que 0,6% parmi la tranche des 40 ans et 49 ans. Toutefois, de nombreux hommes continuent à ressentir un désir significatif après 80 ans et une multitude de couples âgés considèrent l’activité sexuelle comme est un aspect important de leur vie.

Déficits hormonaux

Déficits hormonaux, notamment des androgènes –les principales hormones impliquées dans la fonction sexuelle masculine–, peuvent aussi expliquer un DSH. Chez l’homme, les taux normaux de testostérone varient avec l’âge et se situent moyennement entre 10 et 12 nanomoles par litre(nmol/l). Ces taux sont largement au-dessus des valeurs nécessaires pour assurer une fonction sexuelle adéquate. C’est seulement au-dessous d’un certain seuil que des troubles sexuels commencent à apparaître et c’est à un taux critique inférieur à 6-7 nmol/l que la majorité des patients deviennent symptomatiques.
Des taux trop importants de prolactine, cette hormone qui diminue la sécrétion de testostérone, ont un effet inhibant, alors que les maladies génétiques, neurologiques (épilepsie temporale, sclérose en plaques), infectieuses (VIH), chroniques (insuffisance rénale ou cardiaque, diabète), voire une fatigue peuvent également s’accompagner de troubles de la fonction sexuelle et d’un DSH.

Drogues et alcool

L’utilisation chronique des drogues, tout comme la méthadone, ainsi que plusieurs médicaments, dont certains antidépresseurs, affectent significativement et de manière négative le désir sexuel chez l’homme. L’alcool à de faibles doses peut certes avoir un effet de désinhibition et il est souvent utilisé pour favoriser les contacts sexuels. A plus forte dose par contre, il inhibe tout désir. Cet effet est dû à une action directe sur le système nerveux central et sur le foie en favorisant la conversion de la testostérone en œstrogènes, ce qui induit une baisse de la libido.
Les trois-quarts des patients dépressifs présentent une baisse importante du désir sexuel. Certaines phobies, le trouble obsessionnel compulsif, l’anxiété et l’état de stress post-traumatique s’accompagnent souvent d’une baisse de la libido. On citera également une santé mentale instable (passée et actuelle), une image de soi négative, des expériences sexuelles passées négatives, des coutumes et croyances sexuelles conflictuelles, un imaginaire érotique pauvre, absent ou culpabilisant, une éducation sexuelle rigide, une aversion envers certaines pratiques sexuelles, un évitement des perceptions positives, des traumatismes sexuels, une peur de l’échec ou encore des troubles identitaires.

Prise en charge complexe

Face à ces nombreux facteurs, la prise en charge doit être précise. L’évaluation sexologique, moment fondamental du bilan clinique, se fera idéalement en présence du patient seul et, si cela est possible par la suite, en couple. Bien qu’il soit parfois difficile de rencontrer le partenaire, sa présence se révèle être souvent une aide précieuse. La prise en charge thérapeutique du DSH est complexe et devrait être effectuée par un spécialiste du domaine de la médecine sexuelle et de la sexologie clinique.
Il n’existe actuellement pas de traitement pharmacologique spécifique recommandé pour le DSH. Cependant, quand la cause est hormonale, un apport d’androgènes ou un dosage de prolactine peut tout à fait être proposé même si les effets secondaires sont parfois importants. Il existe également une vaste palette de sexothérapies fondées sur des bases scientifiques et reconnues pour le traitement de ces troubles chez l’homme. Leur efficacité, variable, dépend du modèle appliqué mais aussi de l’expérience, de la personnalité et de l’engagement du thérapeute.

LES FEMMES SONT AUSSI DEVENUES REPOUSSANTES,
 IL FAUT Y PENSER À ÇA !!!!
POUAHHHH

TAUBIRA PAS DE DIRE DES CONNERIES, HEIN ???

" les brûleurs du drapeau français le 6 Mai ne seront pas pousuivis. "Il s'agit d'un geste de liesse pardonnable"
Quel amour immodéré pour la France de la part de la gauche angélique et laxiste !!!

CODE PENAL Article 433-5-1 créé par la loi n°2003-239 du 18 mars 2003- Art 113 JO du 19 mars 2003  Le fait au cours d'une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques, d'outrager publiquement l'hymne natiional ou le drapeau tricolore est puni de 7500 euros d'amende.   Lorsqu'il est commis en réunion, cet outrage est puni de 6 mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende.  Après une telle déclaration, il est urgent que François Hollande dise enfin aux Français ce qu'il veut faire de notre Pays en nommant une telle personne garde des Sceaux  !

Michel Sapin rejette l'idée d'une forte hausse du smic

 Le ministre du travail, de l'emploi et du dialogue social Michel Sapin a estimé jeudi 24 mai "légitime" de donner un coup de pouce au Smic mais il a rejeté l'idée d'une forte hausse comme le demandent certains syndicats.
"Quand vous êtes une caissière à 70 % du Smic, vous n'arrivez pas à vivre, il est légitime que de donner un coup de pouce au Smic", a déclaré Michel Sapin sur Canal+.

Avant de nuancer : "Mais quand vous êtes une petite entreprise avec des carnets de commandes difficiles, vous vous posez la question de l'équilibre de votre compte, et là on ne peut pas non plus faire des sauts sur le Smic, c'est cela qu'il faut concilier et une décision sera prise", a ajouté le ministre, en insistant sur la concertation avec les partenaires sociaux. "Il n'y a pas de bonne décision s'il n'y a pas le dialogue qui précède cette décision", a-t-il martelé.
Le coup de pouce au smic est un des engagements de campagne de François Hollande. Lors du débat d'entre-deux tours, ce dernier avait promis : "Le Smic sera indexé non seulement sur les prix, mais sur une part de la croissance. Chaque fois que la croissance s'élèvera, le SMIC sera réajusté. Le coup de pouce sur le Smic sera donc fonction de la croissance."
DEUX SYNDICATS RÉCLAMENT UNE FORTE HAUSSE

Ce coup de pouce du smic est un des sujets de la conférence sociale qui se tiendra avant mi-juillet, deux syndicats revendiquent un effort conséquent : une hausse de 300 euros bruts pour la CGT à 1 700 euros bruts mensuels, tandis que FO réclame une augmentation progressive à 1 340 euros nets contre environ 1 100 euros nets aujourd'hui.
Invité à dire si le gouvernement accéderait à la revendication de Jean-Claude Mailly, numéro 1 de FO, le ministre a répondu: "Il le sait lui-même".
Sur le chômage, autre thème clé de la conférence sociale, Michel Sapin a mis en garde contre "les plans sociaux qui sont encore devant nous". "Ils étaient sous le tapis et ressortent de dessous le tapis", en mettant en cause "l'Etat actionnaire précédent" dans la situation d'Air France, qui pourrait selon la presse supprimer 5 000 emplois d'ici trois ans.

MAIS ! ON L'AVAIT ENTENDU ÇA !! 
FRANÇOIS LE HARDI L'A PROMIS ÇA ! 
QU'IL FASSE CE QU'IL A PROMIS !!!

SOS Déontologie : ces secteurs qui auraient tout autant besoin d’une charte que le gouvernement

Les ministres du premier gouvernement de l'ère Hollande ont signé une "charte de déontologie". Une action utile, mais qui doit maintenant irriguer d'autres secteurs de la vie publique. De l'Assemblée nationale aux entreprises, certaines pratiques posent de sérieux problèmes éthiques.

Les ministres de Jean-Marc Ayrault ont signé, dès leur premier conseil, une charte de déontologie. Est-ce un pas dans la bonne direction ?

Séverine Tessier : C’est un bon début qui montre qu’il y a une cohérence entre les discours et les actes sur le thème de l’exemplarité et de l'éthique en politique. Jusqu’à maintenant, on nous avait promis la république irréprochable, mais ça n’a pas été le cas. On prend donc acte de cette charte de déontologie, notamment sur ce qui concerne l’impartialité et le non cumul des fonctions et des mandats. Mais on souhaite aller plus loin : c’est un premier pas intéressant mais il faut le décliner dans le reste du monde politique français.

Justement, quels sont les milieux politiques où l'accent doit être particulièrement mis sur l'éthique ?

Il faut décliner cette charte de déontologie au niveau local. Je pense notamment aux partenariats publics/privés, où on retrouve beaucoup de cumuls de fonctions et de pratiques d’influences.
On parle beaucoup de cumul des mandats, mais assez peu de cumuls des fonctions, que ça soit des fonctions exécutives locales et nationales, des conflits intéressants entre des fonctions publiques et privées, ou la question du pantouflage. Un décret a par exemple été pris le 4 avril par l’ancien Premier ministre François Fillon, qui permet à des ministres ou des collaborateurs de devenir avocat d’affaire. Ça leur permettra de manière légale d’aller pantoufler dans des entreprises pour se reconvertir.
Niveau local, on a actuellement des élus locaux qui ont responsabilités exécutives, qui sont parfois dans des commissions d’appels d’offres, et qui en même temps sont cadres dans des entreprises qui répondent à la commande publique. Certains sont juge et partie. C’est un vrai problème de conflit d’intérêt.

L’interdiction du cumul des fonctions n’empêche pas le risque de pots de vins, par exemple. Comment lutter contre cela ?

Il faut en premier lieu lutter contre « l’esprit de corruption », cette idée .que tout s'achète, y compris les politiques publics, qu’on peut facilement démarcher un élu en lui offrant des cadeaux ou qu’on peut facilement obtenir un logement en versant un pot-de-vin. C’est cet état d’esprit qui doit évoluer, pour qu’on ait une éthique nouvelle en politique, comme dans les pays scandinaves.
Il faut instiller cette déontologie par une méthode. On propose d’associer les citoyens dans le contrôle des politiques, notamment dans l’attribution des aides financières et des aides associatives. C’est ce qu’on appelle l’open-data, la transparence. Il faut un renforcement des outils institutionnels de contrôle et des contre-pouvoirs citoyens. Le rôle de la société civile doit être prégnant. La charte signée par les ministres est d’ailleurs une traduction de ce qu'elle demande depuis des années.

Au niveau de l’Assemblée nationale, qu'est-il possible de faire ?

Il faut en finir avec ce système discrétionnaire de badges et de pratiques d’influences au sein même de l’institution, en interdisant l’accès des lobbies aux couloirs de l'Assemblée et en les laissant seulement participer aux auditions faites par les commissions. Que dans le cadre des projets de loi, ceux qui en font la demande, qu'ils aient des intérêts lucratifs ou non, puissent être auditionnés de manière transparente.

Au Parlement européen, les lobbys sont présentés comme tels et ne se cachent pas. N’est-ce pas une bonne solution ?

« Lobby » veut dire influence. Nous sommes donc défavorable à l’institutionnalisation des pratiques d’influence. On est en même temps pour une plus grande ouverture à des formes coopératives de démocratie. Il faut entendre la société civile, entendre des groupes d’intérêt qui en font la demande, mais sans que ça soit du lobbyisme. C’est de l’information parlementaire. Ce travail peut se faire dans le cadre des auditions. Tout le monde serait alors sur un pied d’égalité, car actuellement les lobbyistes qui ont accès aux parlements, français ou européen, sont ceux qui ont le plus de moyen. Il y a toujours un régime favorable aux plus gros.

Sortons de la sphère politique pour aller vers l’entreprise. Y trouve-t-on également un manque d'éthique ?

Oui, même si certaines ont fait l’effort de mettre en place des chartes éthiques et des chartes de transparence, il reste beaucoup à faire. Notamment sur la protection des lanceurs d’alertes. Ce sont des personnes qui, dans les entreprises ou les administrations, dénoncent des malversations ou refusent exécuter un ordre manifestement illégal. Actuellement, la loi a créé le droit d’alerte, mais il n’y a pas eu de décret d’application et les salariés et cadres ne sont pas protégés.  Pour le faire, on peut penser à la création d’un numéro vert ou d’un médiateur qui pourrait jouer ce rôle de protection et signalement aux autorités publiques pour ensuite diligenter des contrôles.
Sur l'aspect financier, il faut renforcer le contrôle fiscal pour mieux contrôler les entreprises et lutter contre la délinquance financière. Il faut également lutter contre l’évasion fiscale à travers certaines niches ou l’utilisation de certains avantages qui ont été détournés de leur objet, par exemple le crédit impôt-recherche. Une mission d’évaluation parlementaire a d'ailleurs pointé du doigt ce problème.
Reste enfin la question des sanctions, en cas de manquement aux obligations par rapport aux aides économiques versées par l’Etat : certaines entreprises perçoivent ces aides, par exemple pour maintenir des emplois ou effectuer certaines réalisations, mais elles sont parfois utilisées à d’autre escient. Un volet sanction doit être mis en place.
La question du lobbyisme doit aussi être vue du côté des entreprises, qui sont rarement sanctionnées. On parle souvent des élus corrompus mais rarement des corrupteurs. Il y a là un travail à faire notamment pour écarter de la commande publique des entreprises qui auraient été condamnées pour corruption. La loi actuelle prévoit cinq ans d’interdiction d’accès aux marchés publics, mais elle n’est jamais mise en œuvre.
Toute cette question de déontologie est aussi un des aspects qui permettront de redresser la France au niveau économique. Sur le plan moral c’est une chose, sur le plan économique aussi.

Selon vous la question de la déontologie a donc un impact économique ?

Plus que le manque de déontologie, c’est le vice. Il est tellement facile aujourd’hui d’avoir accès à des élus à coup de lobbying, notamment en offrant des voyages, des cadeaux, en organisant des salons d’élus… plutôt que d’investir sur la qualité de la production et de valoriser une économie saine. Certes, cela dope l’image des entreprises auprès des élus, notamment pour conquérir des marchés, mais ça pose de vrais problèmes dans la mise en œuvre des choix économiques. Il faut donc plus de transparence sur ces sujets et limiter le budget qui y est accordés.

De manière générale, la France est-elle sur la bonne voie en matière d'éthique ?

Elle est à l’avant-garde de l’éthique et en même temps elle crée des attentes. Cela incite à une très grande vigilance et à une portée plus concrète de cette action. Sur la scène internationale, c’est très novateur. C’est une culture politique et la culture d’entreprise qui sont en train de changer.

"L'esprit critique est mort" 

Philippe Tesson considère que "Libération" s'est acharné contre Nicolas Sarkozy, le signe de la disparition du débat et de la tolérance.
L'intellectuel au front de taureau qui dirige Libération n'a pas encore compris que la gauche a remporté l'élection présidentielle. Réveille-toi, jeune homme, et calme tes ardeurs militantes, ton rut quotidien et superflu, Hollande a gagné, Sarkozy est mort, sois heureux. Mais non, c'est plus fort que lui, ce garçon a la victoire grincheuse et vinaigre.
À l'instar de ces soldats japonais qui en 1945 continuaient le combat alors que la paix était signée, il s'obstine, le sang dans les yeux, à poursuivre la droite et Sarkozy de cette haine aveugle et mortelle qui lui a tenu lieu, à lui et à son journal, d'argument idéologique durant la campagne.
De quoi se mêle donc cette mouche ? Dans son journal, il faisait lundi à la droite le procès irrésistiblement ridicule d'avoir "impensé" (ce vocabulaire !) sa défaite et de n'en avoir tiré aucun enseignement, de n'avoir encore mené à ce sujet "aucune révision de doctrine, aucune réflexion sur le corpus idéologique", bref de n'avoir pas déjà répondu à cette question : "qu'est-ce qu'être de droite aujourd'hui ?" Question ontologique, dit-il. C'était quoi la définition ontologique de la gauche selon Libération durant la campagne ? C'était : mort à Sarkozy ! De l'idéologie, cette curée ? Du journalisme, ce lynchage quotidien ?
Combien de temps va durer cet acharnement ? Qu'un intellectuel reproche à la droite de n'avoir pas pensé en l'espace de quinze jours son échec, son avenir et son être, c'est non seulement frivole et idiot, mais c'est le signe de la mort de l'esprit critique, du débat et de la tolérance. Est-ce à ce prix-là que la gauche a gagné ? Si oui, elle a perdu à terme, et avec elle la forme éclairée de la démocratie. Le peuple est innocent de ce crime si ce sont les "élites" triomphantes qui lui en montrent le chemin.

Révisez votre Keynes !

Un paradoxe permanent. L’homme qui passe pour être l’un des plus grands penseurs économiques du siècle, dont la doctrine est brandie comme une bible par des fidèles du monde entier… n’a pas arrêté de changer d’avis. Keynes girouette ? Un article d’archives de Contrepoints pour vous y retrouver.
Un provocateur et un maître de l’équivoque
Les keynésiens de coeur n’ont pas tous lu leur gourou dans le texte. En ces temps de faible croissance et de fort chômage, que dirait Keynes, que ferait Keynes ? Déjà, hostile au culte de la personnalité, il commencerait par se moquer de ses trop nombreux disciples. Il le ferait autant par horreur de l’embrigadement que pour le plaisir de se déclarer antikeynésien. Car Keynes fut, toute sa vie, un provocateur. Et un maître de l’équivoque.
Première contrevérité, souvent énoncée : Keynes serait né pauvre. Erreur. John Maynard Keynes naît le 5 juin 1883, dans une famille de la petite bourgeoisie britannique. Son père, John Neville Keynes, est professeur d’économie à Cambridge et sa mère, Florence Ada, militante du Parti libéral, deviendra plus tard la première femme maire de Cambridge.
Autant Marx, mort l’année de la naissance de Keynes, a vécu dans l’éxil, pourchassé par la police, antant Keynes appartient à l’intelligentsia aisée. Il fera des études brillantes, à Eton puis à Cambridge. Dilettante de génie que la crainte de la médiocrité va pousser à la tâche, il abat des journées de dix heures de travail. Il s’inspire beaucoup de l’économiste Antoine de Montchrestien, l’un des rares Français qu’il admire, avec Montesquieu. Grand provocateur, Montchrestien se définissait comme un Cyrano de Bergerac normand. Keynes l’imitera, menant une vie de Cyrano de l’économie. Jamais où on l’attend.
Mauvaises note en économie
Un économiste, Keynes ? Pas du tout. Celui qui deviendra la référence du siècle n’avait dans sa jeunesse que du mépris pour les économistes. D’ailleurs, il avait choisi les mathématiques, une matière qui le passionnait. Son diplôme en poche, après avoir passé ses vacances à lire des poètes latins avec son amie Virginia Woolf, il se rend aux arguments de son père et passe le concours du Trésor britannique. Une mauvaise note en économie, infligée par un économiste distingué, le professeur Pigou, le relègue au bas du classement. Ce qui ne lui laisse guère d’autre choix que l’administration coloniale. Keynes n’aura de cesse de montrer que ce Pigou est un ignare. Dans la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, son oeuvre majeure publiée en 1936, un appendice au chapitre XIX dénonce la doctrine du chômage du professeur Pigou, qualifiée de « plus redoutable des erreurs commises sur ce sujet ».
Devenu gratte-papier au bureau londonien du service des affaires coloniales, il prend en grippe l’administration et son fonctionnement. Cette découverte va transformer le déjà libéral Keynes en détracteur résolu de l’Etat et de ses agents. Il trompe l’ennui en publiant un volumineux traité de calcul des probabilités. De cet ouvrage, il ne sera jamais fait aucun écho. Et pour cause.

Dépité, Keynes décide alors, sur le tard puisqu’il a déjà 30 ans, sur le conseil d’Alfred Marshall, de se consacrer à l’économie. Une réorientation judicieuse puisqu’il grimpera vite dans la hiérarchie du Trésor et qu’il deviendra parallèlement, en 1911, rédacteur en chef de la revue universitaire The Economic Journal, ce qui ne l’empêchera pas de toujours conserver une grande réserve à l’égard des universitaires. Il continuera à suivre l’évolution des sciences exactes.
Economiquement, Keynes est… insaisissable. Ses adversaires soulignent que l’opposition systématique à la pensée économique élaborée au XIXe siècle constitue le seul élement stable de son oeuvre au caractère très changeant. Winston Churchill racontait souvent qu’une conversation avec Keynes était très féconde : au début de la conversation il défend un point de vue, au milieu un autre et à la fin un dernier, avec suffisamment de conviction et d’arguments pour qu’on le croie tout le temps sincère. Hayek soutenait quant à lui qu’il est « extrêmement difficile d’exprimer des désaccords précis avec ses exposés tant ils sont obscurs et peu systématiques ». Keynes lui-même, parlant de son traité sur la monnaie, a écrit : « Esthétiquement, ce livre est un échec. J’ai trop changé ma pensée au cours de son élaboration pour qu’il possède une vraie unité ».
Si la Théorie générale se veut une oeuvre de facture académique, avec des formules mathématiques pour lui donner un tour scientifique, elle contient une forte dose, habituelle chez Keynes, de paradoxes. Il gratifie Montesquieu du titre de grand économiste et fait l’éloge de Silvio Gesell, un obscur mais prolixe économiste argentin devenu commissaire du peuple aux finances de l’éphémère et psychopathique République soviétique de Bavière…
Dès son premier ouvrage économique, Keynes a pris le contre-pied des idées monétaires du XIXe siècle. Son métier de fonctionnaire colonial l’occupait assez peu puisque sur les deux ans où il a exercé ces fonctions à l’India Office, il s’est limité à l’expédition d’un taureau à Bombay. Il a eu le temps non seulement de rédiger son traité sur les probabilités, mais aussi de s’intéresser au système monétaire indien. Il a prôné le rattachement de la roupie à la livre et non à l’or, faisant de son ouvrage un réquisitoire contre l’or, pivot incontesté du système monétaire international de l’époque.
A vrai dire, le succès de Keynes repose avant tout sur un grand sens de la communication et des prises de position idéologiques excentriques. Après les négociations du traité de Versailles, ayant proposé en vain de ramener de quatre à une année de production les réparations allemandes, il publie un ouvrage pour justifier son point de vue. Son outrance anti-française va lui assurer une grande publicité. En effet, indigné, le financier international Klotz, ancien ministre des Finances de Clemenceau, prend la peine de répondre à Keynes dans un livre qui donne une dimension nouvelle à cette polémique. Et permet à l’économiste anglais de signer son premier succès de librairie.
Mais c’est la crise économique de 1929 qui lui apporte vraiment la notoriété. Face à un chômage dévastateur, les gouvernements démocratiques restent passifs, attendant du marché le retour du plein emploi. Le communisme, recours d’une certaine gauche, propose la mise en place d’une étatisation de l’économie qui conduit à un arbitraire sanglant. Pour ces deux idéologies, la fin du chômage vient de l’organisation de l’offre. Pour les premiers, le marché doit faire baisser le prix du travail jusqu’au niveau permettant aux entreprises d’embaucher. Selon le dogme commnuniste, c’est l’Etat qui doit assurer directement l’embauche. Le coup de génie de Keynes sera d’adopter une approche économique complètement différente.
Pas Keynésien, le multiplicateur
Pauvre Jean-Baptiste Say ! Au début du XIXe siècle, il avait démontré que la demande passe pour la conséquence automatique de la production. Eh bien, Keynes soutiendra que la production vient de la demande. Il n’est pas le père de cette affirmation. Son sens de la provocation l’a conduit à préférer aux économistes marginalistes qui tiennent le haut du pavé, les économistes marginaux : il lit Saint Thomas, encense les mercantilistes. Mais surtout il étudie les écrits de Richard Khan, l’un de ses collègues de King’s College, qui lui fait découvrir Wicksell, économiste suédois de la fin du XIXe peu connu au-delà de Stockholm.
C’est là que Keynes puisera ses idées sur le rôle de la demande. Pour mettre la demande au centre de l’économie, il accuse les théories en vigueur d’ignorer deux phénomènes majeurs : la rigidité à la baisse des salaires et les causes réelles de l’investissement. Les salaires et donc les coûts n’évoluent pas, selon lui, de façon régulière, mais par sauts. En cas de déflation, les entreprises baissent régulièrement leurs prix, accumulent les pertes dans la période où les salaires se maintiennent et font faillite, faisant faire aux salaires un saut ultime vers zéro. Comme les autres économistes, Keynes fait de l’investissement la condition de la croissance.
Sauf que le fameux multiplicateur que tous les étudiants de sciences éco qualifient de keynésien n’est pas de Keynes : il s’inspire de Richard Khan. Selon lui, 100 d’investissement initial conduisent à 130 ou 140 de richesse supplémentaire. John Maynard Keynes n’a pas cherché à ravir à Khan la gloire de cette découverte. Car il a apporté sa propre contribution.
Pour les économistes de cette époque, l’investissement dépend du coût du capital, c’est-à-dire des taux d’intérêt. Selon Keynes, il dépend aussi des bénéfices qu’on en attend, c’est-à-dire de la demande future. Sa théorie colle parfaitement aux années trente. La grande crise est née d’un enchaînement de faillites dues à une baisse des prix plus rapide que celle des salaires. Les licenciements ont réduit la masse salariale globale. Ils ont donc affaibli la consommation et inhibé l’investissement (1). Pour faire face à une situation comparable, Keynes recommande aux gouvernements d’augmenter les investissements publics. Si on les augmente sans ajouter toutefois d’impôts supplémentaires, le revenu des ménages reste inchangé et la demande globale s’accroît.
Une tentative astucieuse, sans plus
La grande question, c’est de se demander si Keynes peut être encore d’actualité. Keynes n’a jamais eu autant raison que dans l’échec des la déflation des années trente. L’économiste britannique propose alors aux grands décideurs d’être simplement pragmatiques. Roosevelt, a priori défenseur de l’équilibre budgétaire, l’écoute et lance les grands travaux du New Deal pour rompre avec un immobilisme aux conséquences dramatiques.
La seule faille sera que, à l’expérience, la création de demande évite si bien la déflation qu’elle finit par constituer surtout une source d’inflation. D’ailleurs, lorsque les grands pays industrialisés abandonnent les politiques keynésiennes à Tokyo en 1979, ils le font parce que l’inflation, qui a emporté le système monétaire international menace les systèmes monétaires internes.
Le keynésianisme n’apparaît plus que comme une tentative astucieuse de gérer l’inflation qui a atteint ses propres limites. Si les néokeynésiens croient pouvoir repartir dans des politiques qui créeraient de nouvelles tensions inflationnistes dans un système financier construit pour les éviter, ils courent à leur perte. Et à la nôtre. En revanche, s’ils veulent faire passer l’esprit de Keynes, ils sont les bienvenus. A condition qu’ils l’aient bien saisi.
L’esprit keynésien, c’est d’abord le refus du dogmatisme et la volonté d’adaptation permanente de la politique économique. C’est également, on l’oublie trop souvent, un certain humanisme, hérité de la tradition libérale anglaise (2). Keynes aimait rappeler que son admiration pour Montesquieu concernait certes l’économie, mais aussi le gentilhomme éclairé à qui son père avait donné un mendiant pour parrain afin qu’il n’oublie jamais les pauvres…
« Intellectuel snob »
Pourtant, Keynes n’a jamais été ni physiquement ni idéologiquement proche du prolétariat. Politiquement, l’inspirateur du travaillisme d’après-guerre n’a jamais été socialiste. Qu’on se le dise. Très influencé par sa mère, Keynes avait d’ailleurs rejoint très tôt le Parti libéral (3). A King’s College, où il a poursuivi de brillante études, il a adhéré au club très fermé de Gladstone Apôtres, où se sont cotoyés des héritiers de Gladstone et des sympathisants travaillistes comme Bertrand Russel, avec qui il se liera par amour partagé des mathématiques.
Mais Keynes prendra toujours soin de se tenir à égale distance des conservateurs, incarnation d’une aristocratie déclinante qu’il exècre, et des travailleurs, porte-parole d’un mouvement syndical qu’il juge rétrograde et hypocrite. Keynes se retrouve parfaitement dans le Parti libéral, que Margaret Thatcher qualifiera plus tard de « rassemblement d’aventuriers politiques et d’intellectuels snobs ».
S’agissant de Keynes, c’est en partie vrai. Au sein du Parti libéral, il s’est positionné plutôt à gauche. Il a milité pour le droit de vote des femmes et a pris part à des manifestations pacifistes en 1916 et 1917. Hostile par principe à l’ »establishment », il s’est néanmoins assagi avec le temps, même si ses idées sociales se « gauchisent » peu à peu. Le succès venant, il acceptera de plus en plus volontiers les honneurs. Jusqu’à la récompense suprême pour un sujet britannique : ce dandy sera anobli en 1942.
Déjà très fatigué, il prendra la présidence de la toute nouvelle Banque internationale pour la reconstruction et le développement, présidence qu’il se sait physiquement incapable d’assumer. Mais le plan qu’il avait vigoureusement défendu à la conférence de Bretton Woods, à la tête de la délégation, prévoyait même la création d’une monnaie mondiale, le « bancor », devant assurer une parfaite stabilité des changes.
Sa mort, en 1946, à l’âge de 63 ans, lui évitera d’assister à la déroute de la livre, qui aura lieu à peine un an plus tard, en 1947. Un an après que lord Keynes eut affirmé avoir définitivement stabilisé la monnaie britannique dans le cadre du système monétaire né des accords de Bretton Woods…
Jean-Marc Daniel Le Nouvel Economiste, n°1084, 18 juillet 1997. Repris dans Problèmes économiques n°2550, 7 janvier 1998.
Notes
1 : Cette théorie diffère tout de même quelque peu de celle de Wicksell, singulièrement telle que Irving Fisher l’a reformulée au regard de la Grande Crise des années trente. Le facteur déclencheur est pour ces deux auteurs d’ordre psychologique et financier : l’endettement croissant des entreprises, qui attendent des profits sans cesse plus élevés, provoque un excès de confiance qui conduit tout droit au surendettement. Lorsqu’un obscur retournement de conjoncture se produit, alors l’enchaînement décrit par Keynes se réalise : la baisse des prix est en effet plus rapide que celle des salaires. (NdCatallaxia) 2 : Cela ne vous fait-il penser à personne ? Keynes et celui que l’on présente abusivement comme son opposant systématique — qui fut en réalité l’un de ses meilleurs amis et plus fidèle lecteur — ont en commun bien des choses que ce site ne renierait pas. 3 : Vous avez bien lu ! (NdC)

Keynes en dix questions

1. Keynes est-il socialiste ?

Il est hostile au marxisme. Il condamne le totalitarisme communiste. Il se méfie des travaillistes, trop inféodés aux syndicats et trop nationalisateurs. A contrario, les socialistes sont-ils keynésiens ? Ils l’ont été, mais la plupart sont revenus sur leurs positions. En 1976, James Callaghan, le Premier Ministre britannique, avait déjà déclaré au congrès du Parti travailliste que les politiques keynésiennes ne conduisaient qu’à l’accélération de l’inflation ; il avait amorcé un processus de dérégulation économique qui lui fit perdre le soutien des syndicats. Aujourd’hui, Tony Blair se refuse à se définir comme keynésien. En Europe, il n’y a plus que les socialistes français qui se réfèrent à lui. A la veille de la mort de Keynes, Joseph Schumpeter, un autre grand économiste du XXe siècle, disait que la Théorie générale était un livre fondamental bien que déjà dépassé. Keynes ne voulut ni confirmer, ni infirmer.

2. Keynes est-il protectionniste ?

Dans ses premiers écrits, il a dénoncé le protectionnisme. Pourtant, dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, i la raisonné en économie fermée et fait le constat que le multiplicateur baisse au fur et à mesure que l’économie s’ouvre. Mais les exportations sont un élément indispensable et indissociable de la demande. Keynes est hostile au principe des droits de douane. Pour améliorer la compétitivité de l’économie et l’efficacité du multiplicateur, il propose dévaluer la monnaie. Les produits sont alors moins chers à l’exportation, ce que ne permet pas une politique protectionniste traditionnelle. Donc, en définitive, Keynes est hostile au protectionnisme, même s’il a souvent rendu hommage aux mercantilistes, ces penseurs économiques du XVIIIe siècle qui furent d’incorrigibles protectionnistes.

3. Keynes prône-t-il un secteur public important ?

John Keynes est devenu la référence de tous les sociaux-démocrates européens, parce que son nom est associé aux nationalisations des travaillistes anglais en 1945. Certains de ses disciples, comme Joan Robinson, ont même interprété son « interventionnisme » comme une vision étatiste de la gestion économique. Or Keynes a toujours manifesté une grande méfiance vis-à-vis de l’Etat et de son fonctionnement qu’il a connu de l’intérieur en tant que fonctionnaire aux Affaires coloniales, puis au Trésor. Dans ses écrits, il s’est montré hostile aux nationalisations. Selon lui, la politique économique d’un Etat doit consister à maintenir des taux d’intérêt les plus bas possibles et à créer de la demande par des investissements publics. L’Etat doit définir le cadre juridique de l’action des agents économiques et surtout s’en tenir là.

4. Keynes est-il partisan d’encourager l’épargne ?

Dans sa Théorie générale, il a qualifié la promotion de l’épargne de « conspiration ». Pour montrer que l’absence de dépense que constitue l’épargne est néfaste, il prend l’exemple de quelqu’un qui se priverait de repas. Cette privation n’est pas récupérable. Elle nuit au restaurateur qui perd un client et au consommateur qui perd une occasion de bien-être. Selon Keynes, l’épargne est nocive parce qu’elle est un frein à l’action de relance de l’activité. Son combat contre l’épargne s’inscrit dans une approche des mécanismes de court terme. Pourtant, Keynes est favorable à un fort taux d’investissement, et l’épargne est égale à l’investissement. Ses successeurs essaieront de lever cette contradiction : Harrod a ainsi établi que le taux d’épargne doit avoir un montant très précis, fonction de l’efficacité du capital et de l’évolution de la population.

5. Keynes est-il hostile à la flexibilité du marché du travail ?

Au sujet du salaire, il est opposé à l’approche de l’école économique dominante de son temps. En acceptant une baisse de son salaire, un travailleur peut trouver un emploi mais, sur un plan global, la baisse des salaires réduit les débouchés et crée du chômage. Selon lui, si l’Etat n’intervenait pas, certains travailleurs comme les leaders syndicaux ne trouveraient jamais du travail, même s’ils acceptaient de travailler gratuitement. Keynes estime donc indispensable l’existence du Code du Travail. Mais il estime aussi qu’une des causes du sous-emploi réside dans un niveau général des salaires trop élevé. L’inflation offre donc à ses yeux l’avantage de baisser le niveau des salaires de façon indolore, car les salariés sont sensibles au montant figurant sur leur fiche de paie et non à la réalité de leur pouvoir d’achat.

6. Keynes est-il favorable à une fiscalité progressive ?

Keynes a toujours milité pour la réduction des inégalités, notamment grâce aux impôts sur le revenu et sur l’héritage. D’abord, pour des raisons d’efficacité économique : en transférant des revenus des riches vers les pauvres, on les transfère de la classe sociale qui épargne vers celle qui consomme. Dans son système, moins on épargne, plus on a de chances de se rapprocher du plein emploi. Puis, plus il a avancé en âge, plus Keynes s’est senti proche des idées de la gauche (contrairement à ce que l’on constate souvent chez les personnes âgées !). Dans le dernier chapitre de la Théorie, il a fait de la redistribution une nécessité morale. En revanche, John Keynes ne s’est guère montré intéressé par l’existence d’un système de sécurité sociale. Tel, notamment, que l’a formalisé Beveridge dans un rapport en se référant à Keynes.

7. Keynes considère-t-il que l’inflation est bénéfique ?

La déflation, c’est-à-dire la baisse des prix, lui paraît dangereuse pour la croissance. La rigidité des salaires à la baisse fait de la déflation une source de chômage : les prix baissent mais pas les salaires. Alors que, pour les partisans de la déflation, cela augmente le pouvoir d’achat et donc les volumes échangés. Selon Keynes, l’inertie des comportements fait que le volume des ventes ne s’accroît pas : les entreprises dont les coûts demeurent et le chiffre d’affaires baisse font faillite : c’est la spirale de la déflation et du chômage. A la fin des années cinquante, des travaux statistiques ont établi une relation entre l’inflation et le chômage. Les keynésiens en ont déduit que l’inflation permet de réduire le chômage. En fait, on constate que la baisse du chômage et la hausse des prix interviennent simultanément, et inversement. Mais il est hasardeux d’aller au-delà.

8. Keynes est-il favorable aux parités de changes fixes ?

Ayant dirigé la délégation britannique à Bretton Woods, Keynes passe pour un des pères du système des parités fixes mis en place à l’époque. pourtant, dès ses premiers écrits sur la monnaie… indienne, il s’est déclaré hostile à la fixité, incarnée à l’époque par la définition de la monnaie en poids d’or. Il a constaté qu’on ne peut pas, en matière monétaire, bénéficier de la liberté de circulation des capitaux, de la maîtrise de son taux de change et de l’autonomie de sa politique monétaire, notamment de la capacité de fixer le niveau de ses taux d’intérêt. Pour lui, la prérogative à conserver est la conduite de la politique monétaire. Il n’accepte des changes fixes que s’ils sont ajustables, c’est-à-dire s’ils permettent des dévaluations. Quant à la politique monétaire, son objectif doit être d’éviter l’inflation comme la déflation.

9. Pour Keynes, la dette publique est-elle un problème ?

Sa formation économique porte Keynes à penser en termes d’équilibre durable. L’équilibre de plein emploi étant obtenu grâce à un déficit permanent, il conduit à une dette accumulée. Keynes propose « l’euthanasie des rentiers », la spoliation des épargnants. La rémunération de la dette publique fournit des revenus à des gens souvent oisifs, qui refusent de prendre des risques dans la création de richesse. Pour se défaire de cette dette, l’inflation lui paraît le moyen de spoliation le plus naturel, même si par ailleurs il la condamne. En pacifiste conséquent, la dette qu’il dénonce le plus nettement est celle issue des guerres. Dans son livre sur le traité de Versailles, il condamne les versements réclamés à l’Etat allemand : il rappelle que le doublement de la dette française en 1871 après le traité de Francfort a fait perdre à la France une part de sa capacité de croissance.

10. Keynes est-il favorable au déficit public ?

Pour Keynes, le déficit public a un effet multiplicateur : l’augmentation de la richesse obtenue est supérieure à l’investissement initial. Mais il reconnaît lui-même les limites de cet effet. Car l’accroissement de demande dû au déficit accroît le volume des importations. Les politiques keynésiennes, notamment en Grande-Bretagne, ont buté en permanence sur cette contrainte, naviguant du « go » de la relance vers le « stop » pour réduire le déficit extérieur. En outre, Keynes a conscience que le déficit public peut créer une tension sur les taux d’intérêt et pénaliser l’investissement privé. Il préfère donc des politiques de soutien à l’investissement privé, par le biais de la baisse des taux d’intérêt. Il a d’ailleurs écrit que « la politique la plus avantageuse serait de faire baisser les taux d’intérêt jusqu’à ce que le plein emploi soit réalisé ».

Fonction publique, la grève est à nos frais

En dépit des rodomontades des différents gouvernements, on paie toujours les jours de grèves, sinon en totalité, du moins en grande partie.  C’est à nous que la grève coûte cher. 
Dans la fonction publique française, la grève est une institution.

C’est même une institution vénérable puisqu’elle constitue l’un des principaux droits nouveaux contenus dans le statut Thorez de 1946. Le remettre un tant soi peu en cause, c’est s’en prendre aux fonctionnaires, c’est-à-dire aux gardiens de l’intérêt national et mieux encore, aux gardiens de la justice sociale. On l’a vu lors de la tentative de mettre en place un service minimum élargi, au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. L’idée même de service minimum résonnait comme un blasphème épouvantable.
Selon l’administration, le nombre de jours perdus pour « fait de grève » a été de 1 851 083 en 2010, uniquement pour les ministères. Entre 1999 et 2010, 1,45 million de jours ont été perdus en moyenne chaque année. Ce chiffre concerne les personnels de l’État, de la Caisse des dépôts, de France Télécom et de La Poste
Il est vrai que fonctionnaires et para-fonctionnaires du secteur public font volontiers la grève. On a vu ainsi, en 2010, les agents des transports en commun (SNCF, RATP)  débrayer contre un texte qui ne les concernait nullement.
Incitation à la grève
Il est vrai que les fonctionnaires grévistes ne risquent pas grand-chose pour leur salaire. Aux termes de la loi, une journée  de grève donne lieu à une retenue d’une journée de salaire sur un mois. C’est ce que l’on appelle le « trentième indivisible ». Dans la réalité, les retenues prévues sont appliquées plus que mollement au point que l’on peut parler d’une véritable incitation à la grève.
En dépit des rodomontades des différents gouvernements, on paie toujours les jours de grèves, sinon en totalité, du moins en grande partie. Mieux encore : plus la grève est longue, plus le paiement des jours de grève fait partie des revendications non négociables, ce qui entraîne trop souvent le durcissement des conflits et un véritable désastre économique puisque l’argent dépensé est le fruit d’un non-travail. C’est à nous que la grève coûte cher.

Les Allemands exaspérés par l'intransigeance d'Hollande

La presse allemande dénonce l'«arrogance» du président français. Angela Merkel, qui estime avoir fait des efforts en direction d'Hollande, prépare sa riposte.

Résolus à laisser au nouveau président français le temps de «prendre ses marques» et d'adapter son discours aux «réalités économiques», la chancelière allemande et ses ministres peinent cependant à masquer leur mauvaise humeur. Berlin estime que le modèle allemand de renforcement de la compétitivité à travers des réformes structurelles a fait ses preuves et ne veut pas recevoir de leçon de la France.

Euro-obligations

Bild, le quotidien le plus lu outre-Rhin, a ouvert le feu mercredi, dénonçant le retour d'une certaine «arrogance» française. «Il fait de la gonflette et se met en travers de la route, écrit Bild dans un éditorial. Hollande veut prendre le commandement. Mais il reste sur la trajectoire de sa campagne électorale, qui conduit dans le mur. Il y avait un couple Merkozy. Merkollande n'existe pas. C'est un problème de plus pour l'Europe.»
L'insistance d'Hollande à réclamer l'introduction d'euro-obligations, des titres de dette mutualisés auxquels l'Allemagne est farouchement opposée, passe particulièrement mal. «Hollande sape la vision patiemment construite selon laquelle la crise ne sera pas résolue d'un coup de baguette magique, mais à travers des efforts solides et à long terme», juge le quotidien Die Welt. Le journal conservateur estime que le président français se fait des illusions s'il croit pouvoir «imposer des eurobonds contre la volonté de l'Allemagne, source de la précieuse solvabilité» qui ferait baisser les taux d'intérêt de telles obligations.
À Berlin et aux États-Unis, Angela Merkel a pris le temps de jauger son nouveau partenaire français. La chancelière estime avoir fait des pas dans sa direction en soutenant le redéploiement des fonds structurels pour des projets stimulant la croissance, en acceptant un renforcement de la Banque européenne d'investissement (BEI) et en laissant la porte ouverte à des «project bonds». Désormais, elle peaufine sa riposte. Merkel insistera sur la nécessité de mener des réformes structurelles pour réduire les déficits et renforcer la compétitivité. «L'augmentation du spread (l'écart des taux d'intérêt) entre la France et l'Allemagne montre que les marchés parient déjà sur la fin des réformes en France», juge Die Welt.

«Un petit début»

Pour le volet budgétaire, le pacte imposant plus de discipline est «un petit début» sur la bonne voie, explique Merkel. «Mais quand on voit les difficultés de sa mise en place, on ne peut que supposer à quel point il sera difficile de mettre sur pied une véritable union budgétaire», dit-elle. Pour Berlin, une telle harmonisation serait pourtant un préalable à l'éventuelle création d'eurobonds.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a encore enfoncé le clou: «Tant qu'un pays mène sa propre politique budgétaire, il est exclu de mettre en commun la garantie pour les obligations», a-t-il dit mercredi, car cela n'inciterait pas à la discipline budgétaire. «Hollande veut discuter des eurobonds, il vient d'être élu. Naturellement, nous allons en discuter», a-t-il déclaré. Avant d'appuyer sur le talon d'Achille du président français: «Chaque pays qui paie des taux d'intérêt élevés veut payer moins. Pour cela, il faut convaincre les marchés en faisant des réformes structurelles créatrices de croissance. Nous avons montré en Allemagne que l'on peut faire de la croissance avec des finances solides. Nous avons le taux de chômage le plus bas. Nos efforts ont permis de renforcer la compétitivité de notre économie, nous faisons reculer les déficits. Les recettes qui ont fonctionné en Allemagne doivent être appliquées pour d'autres pays. Et non l'inverse.»

Le personnel de la "République hollandaise" est-il vraiment calibré pour faire face à une crise financière majeure ?

La vie de la gauche au pouvoir passée au laser de Serge Federbusch. Cette semaine : la charte de déontologie, les énarques du gouvernement, la pudeur de Médiapart à l'égard de Lionel Jospin...

1 . Apparatchiks et bureaucrates forment 100 % du personnel de direction «hollandais» !

La sclérose de la classe dirigeante française a deux origines. D’une part, le système des grands corps administratifs, qui verrouille les carrières, crée des chasses-gardées pour les uns et des plafonds de verre pour les autres. D’autre part, celui des élus à vie qui portent les serviettes de leurs aînés en débutant comme assistants parlementaires puis élus locaux et nationaux. N’ayant connu d’autre métier que celui de la politique, ils sont hautement fragiles en cas de perte de leurs mandats et peu enclins à prendre des décisions difficiles ou à s’opposer aux consignes venues d’en haut.
Certains individus appartiennent aux deux groupes : fonctionnaires très peu de temps, élus professionnels ensuite ; François Hollande en est un parfait exemple, comme Laurent Fabius ou Pierre Moscovici.
Quand on observe dans le détail la composition du cabinet du nouveau président et celle du gouvernement, on se rend compte que ces deux filières trustent quasiment 100 % des emplois de direction - politiques et administratifs - de l’Etat : à l’Elysée, que des énarques ou presque ; au gouvernement, que des élus à vie ou presque. On confie à Emmanuel Macron, un inspecteur des finances de 34 ans qui a pantouflé deux ans dans une banque d’affaires, le suivi névralgique des questions économiques et financières quand, dans l’entourage d’Obama par exemple, des universitaires et banquiers chevronnés assument ou ont assumé le rôle de conseiller sur ces sujets. Que pèse-t-on face à un ancien président d’Harvard comme Lawrence Summers ou un ancien président de la Fed, comme Paul Volcker, quand on quitte à peine les langes de Bercy ?
Bref, la république «hollandaise» va devoir lutter contre un virus avec l’instrument même qui l’a inoculé. Bon courage la France !

2 . Ratiboisés pour l’exemple !

Ainsi donc, président, Premier ministre, ministres et quasi-ministres ont signé une «charte de déontologie» et se voient soumis à une baisse de leurs traitements de 30%. Inutile de rappeler que, du fait de la disparition des secrétaires d’Etat, les économies budgétaires seront infinitésimales au regard des dépenses publiques : un six-centième environ du seul coût de l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire. Ces mesures ont essentiellement un objectif de communication. Quant à la charte de déontologie, elle ne peut que rappeler des règles qui existent déjà dans les textes, sauf à être illégale.
Ne négligeons pas pour autant ces effets d’annonce. Car qu’est-ce qu’un «exemple» s’il n’est pas destiné à être suivi par d’autres et à caler les comportements de tous sur une norme forgée pour quelques uns ? Bref, dans la panade budgétaire actuelle, il sera plus facile dans quelques années, si ce n’est même quelques mois, de demander aux hauts fonctionnaires d’abord, puis aux autres, de suivre ce fameux exemple. Pourquoi refuseraient-ils ce qu’en haut lieu les dirigeants se sont imposés à eux-mêmes ? Ce serait bien égoïste. Fonctionnaires socialistes, gare à vos primes !

3 . Un président vraiment modeste

Ferdinand Lop voulait prolonger le boulevard Saint Michel jusqu’à la mer. François Hollande est plus modeste : la composition du gouvernement Ayrault prouve qu’il entend simplement prolonger la rue de Solférino jusqu’à Matignon. Mais, à la différence de Lop, il est parvenu à ses fins.

4 . Pudeur soudaine de Médiapart

Après avoir, des mois durant, fait des gorges et des tribunes chaudes de l’affaire Karachi, où la responsabilité de Nicolas Sarkozy était quasiment établie - aux dires de ces parangons de vertu journalistique - par le seul fait qu’il était porte-parole d’Edouard Balladur et ministre du Budget, voilà soudain, consternation, que les enquêteurs de ce site nous apprennent que Lionel Jospin avait validé, en avril 1998, : « la poursuite de l’exécution du contrat » malgré l’existence de « circuits de financement suspects » et que «la justice ne sera (donc) jamais saisie». Bref, la responsabilité du «grand frisé de l’île de Ré» ne paraît, de prime abord, en aucun cas moindre que l’éventuelle implication de Sarkozy dans l’enterrement de cette affaire. Pourtant, c’est un petit article, au contenu payant, perdu en fin de page d’accueil qui nous l’apprend. Cette pudeur fait chaud au cœur.

5 . Eva enfin trouver un job ?

Candidate à la fonction de présidente de la République, Eva Joly, toute de lucidité, avait déjà rabattu ses ambitions sur celle de Garde des Sceaux, à la faveur d’une pétition opportune. Puis elle a fait savoir qu’elle se verrait bien siéger au Conseil constitutionnel. Voilà maintenant qu’elle dit son intérêt pour un rôle de «Haut commissaire à la réforme financière». La fin d’une errance professionnelle douloureuse ? Banquiers et hommes d’affaires bientôt réformés par ce juge condamné pour diffamation n’ont qu’à bien se tenir. La France prépare l’avenir.

6 . L’Allemagne paiera !

On a déjà entendu cette antienne après la Première Guerre mondiale, sans grand succès. On la réécoute aujourd’hui, emballée dans le vocabulaire technique des euro-bonds, project bonds et autres «mobilisation de fonds structurels». La question est en réalité simple : après s’être saignés aux quatre veines pour renflouer les länder de l’Est, les Allemands prendront-ils le risque de flamber leur épargne pour aider sans fin les Grecs et les Espagnols et permettre à François Hollande de ne pas réformer sa république pléthorique ? Mon petit doigt me dit : «nein».
Les folliculaires journalistico-socialistes qui prennent leurs désirs pour des réalités en annonçant qu’une Angela Merkel fragilisée politiquement va devoir se rapprocher des demandes françaises vont vers de graves déconvenues. Tout comme Sarkozy en France, la candidate libérale-conservatrice qui prépare les élections de septembre 2013 au Bundestag a au contraire intérêt à se démarquer des thèses dépensières de la «gauche» française.
L’échec d’Hollande servirait de contre-exemple à son opinion publique. L’économie allemande se portant mieux que celle de la France, Angela a des chances sérieuses de continuer à chagriner notre président quelques années.

7 . Tout n’est pas perdu pour autant !

François Hollande est un garçon intelligent et madré ainsi qu’un fin manœuvrier. Il se doute bien que les Allemands ne lui feront aucun cadeau. Et il a intérêt à préparer d’urgence le scénario d’un éclatement de la zone euro dont il éviterait de porter la responsabilité. Ce sera le rôle de l’opposition de bien montrer que ses esquives et ses subterfuges seront l’une des causes majeures de la débâcle.

8 . Le grand pardon

Taubira, celle par qui Jospin a en partie chu en 2002 ?
Fabius, celui par qui le «non» l’a emporté en 2005 ?
Les voilà spectaculairement réhabilités. Il faut dire que le premier secrétaire du PS de l’époque avait réussi à échapper à toute sanction politique après ces deux gamelles retentissantes. Comment s’appelait-il déjà ?

9 . Basket Belle

Quelle meilleure épreuve sportive au programme de réinsertion voulu par la nouvelle Garde des Sceaux que le jet de poudre d’escampette ? Le détenu qui s’est carapaté lors d'un challenge de basket réunissant détenus et personnel pénitentiaire à Paris-Bercy en présence de Christine Taubira était membre de l’UMP ou quoi ?

10 . Strauss-Kahn à la barre !

Pour finir sur une note légère, grivoise et bien française, ce «redressement productif» confié à Montebourg, n’est-il pas une tâche tellement importante qu’il eût plutôt fallu la donner à un personnage de premier plan qui a fait ses preuves en ce domaine jusqu’aux États-Unis ? Devinez : son prénom commence par D ...

L’heure de vérité a sonné

Laisser la Grèce sortir de l’Euro ? Sauver les banques espagnoles ? Continuer à miser sur l’austérité ou donner sa chance à la croissance ? Autant de questions auxquelles les dirigeants de la zone euro sont sommés de répondre lors du sommet extraordinaire qu’ils ont convoqué ce 23 mai, s’ils veulent que les Européens fassent encore confiance au projet commun.

La Grèce et le système financier espagnol – avec la grotesque nationalisation de Bankia comme clé de voûte – sont les nouveaux croquemitaines qu'agite l'Europe pour faire peur aux enfants. Ce qui paraissait impossible est non seulement devenu envisageable, mais ceux qui trouvent cette solution souhaitable se font de plus en plus nombreux et bruyants : l'Europe n'a jamais été aussi proche d'une rupture “par le bas” (Grèce) ou du sauvetage de l'un de ses grands pays (les aides à l'Espagne pour le secteur bancaire).
Les deux options sont extrêmement délicates. Le principe de prudence le plus élémentaire imposerait de les éviter pour deux raisons : par peur, car les effets potentiels de contagion pourraient s'avérer dévastateurs, et parce qu'il n'y a pas encore d'urgence car l'Europe peut lever le pied de l'austérité et la Banque centrale européenne (BCE) a encore beaucoup de marge de manœuvre. Une intervention en Espagne n'est pas encore inévitable.

Revirement stratégique

Une solution finit toujours pas être trouvée in extremis pour dénouer le nœud gordien de la crise, mais ce ne sera peut-être pas le cas cette fois-ci. Tout est possible maintenant que le tabou a été brisé : le président français, François Hollande, pense qu'il est souhaitable que l'Europe porte secours aux banques espagnoles ; la chancelière Angela Merkel, de son côté, a suggéré un référendum sur l'euro en Grèce et veut absolument faire adopter ses plans d'urgence au cas où les Grecs feraient honneur à l'adage selon lequel toutes les grandes crises européennes commencent dans les Balkans.
Tout cela oblige l'Europe à un revirement stratégique de dernière minute avant le prochain sommet. Il y a quelques jours, cette réunion devait être l'entrée dans le monde de François Hollande et la présentation de ses idées à contre-courant sur la croissance, mais les tensions nécessitent désormais de refondre l'ordre du jour. Merkel, Hollande et consorts doivent répondre à deux questions cruciales : la Grèce doit-elle sortir de la zone euro étant donné que les plans de sauvetage ne fonctionnent pas et que les Grecs sont désenchantés ? L'Espagne doit-elle demander des aides financières à l'Europe pour secourir ses banques et combler des déficits qui pourraient devenir ingérables ? Seules les questions un peu naïves sont réellement profondes, voilà pourquoi toutes ces interrogations peuvent se résumer en une seule phrase : l'Europe croit-elle en son projet ?
Deux réponses s'imposent et aucune d'elles n'est convaincante. On peut décider de se fier au discours habituel, alarmiste et apocalyptique, compréhensible étant donné la gravité des événements de la première moitié de mai, mais auquel on peut reprocher une tendance à l'exagération – un trait caractéristique de cette crise digne de Faust, qui est capable de rendre célèbre les divinations les plus délirantes. La seconde option est la négation, c'est-à-dire l'inaction, scénario dans lequel la Commission européenne se transforme en statue de sel en attendant que Berlin et Paris décident de la voie à emprunter.

Déluge de liquidités

La sortie de la zone euro de la Grèce et un plan de sauvetage pour les banques espagnoles sont deux possibilités de plus en plus probables. Si elles se réalisent et que nous n'assistons pas ensuite à une impulsion considérable sur les marchés de la part de la BCE, ainsi que de Berlin, de Paris et des autres institutions européennes, avec des mesures claires afin de parvenir à une forme d'union politique, il y aura des files d'attente dans les banques, des sorties de capitaux à la périphérie de l'UE et un flot de pays en faillite”, prévient Ken Rogoff, professeur à Harvard et auteur d'une histoire complète des crises financières qui ont éclaté ces derniers siècles, dans un entretien téléphonique depuis New York.
Tano Santos, de l'université Columbia, qualifie de “très dangereuse” une intervention en Espagne. “Cela entraînerait un assèchement immédiat des liquidités pour tout le pays, assure-t-il, et il n'y a pas suffisamment d'argent officiel pour un cas aussi difficile que celui de l'Espagne”. Même chose pour la Grèce, qui représente à peine 2 % du PIB européen : si elle venait à sortir de l'euro, cela aurait toutefois un impact sur le système financier proche du demi-milliard d'euros, selon Citibank, qu'il faudrait compenser par un déluge de liquidités de la BCE, à supposer que les fuites de dépôts ne soient pas généralisées.
Alors même que le débat entre austérité et croissance reprenait de plus belle, la situation se complique de telle manière que cette controverse en devient presque secondaire : les banques ne tiennent plus qu'à un fil, comme aux pires moments qui ont suivi la faillite de Lehman Brothers. Tous les chemins mènent à Berlin et Francfort. Tout un ensemble de facteurs peuvent obliger l'Allemagne à faire un geste pour empêcher l'Europe de basculer dans la catastrophe. “Mais il y a aussi lieu de penser que Berlin n'a rien appris de son Histoire et que l'approche disciplinaire qu'elle impose dépasse toutes les bornes”, note Paul De Grauwe de la London School of Economics. Rogoff ne mâche pas ses mots : “Soit l'Allemagne accepte l'inflation (hausse des salaires, relance, BCE à l'américaine), soit il y aura des défauts de paiement, des cadavres politiques, et même pour eux [les Allemands] ce sera très dur”. En définitive, tout ramène à un manque de leadership. C'est là que réside le principal problème de l'Europe depuis longtemps : les solutions ne sont pas inimaginables, elles existent, il ne manque que la volonté politique pour les mettre en œuvre.

Dernière utopie

Il n'y pas de solution évidente pour l'autre grande faiblesse de l'Europe : la déception de l'opinion publique, liée à la fois au déficit démocratique et à la crise de légitimité de l'union. L'UE a toujours été relativement impopulaire dans les pays du nord. La nouveauté, c'est que son impopularité gagne le sud des Pyrénées, où elle était perçue comme la dernière utopie réalisable. Au sud, de plus en plus de gens reprochent à l'UE et à la BCE les excès d'austérité. L'Allemagne et d'autres pays de l'UE accusent l'UE de les obliger à aider les pécheurs du sud. “Pourtant, paradoxalement, n'importe quelle solution passe par plus d'Europe”, conclut Charles Grant, du Center for European Reform.
A court terme, la solution passe par la BCE. “Seules les interventions de la banque centrale ont une crédibilité, explique l'analyste Juan Ignacio Crespo, car elles ne se limitent pas à de vaines paroles”. A moyen terme, le retour de la croissance est indispensable : Paris et Berlin ont beaucoup à dire cette semaine à Bruxelles. Enfin, à long terme, il faudra quelque chose qui ressemble à une agence européenne de la dette, plus d'union budgétaire et une UE qui se décide à être davantage qu'un club économique. Ce qui suppose des leaders à Paris, à Berlin, à Bruxelles et à Tombouctou. Où sont ces leaders ?

Législatives : candidatures dissidentes à gauche 



6 591 candidats sont actuellement en lice pour les législatives des 10 et 17 juin prochains. Ce qui nous donne, pour les 577 circonscriptions, une moyenne de 11 candidats. C’est beaucoup… Et pourtant moins qu’en 2007, où 7 639 postulants à la députation avaient déposé leurs candidatures. En dépit de l’élan que lui donne incontestablement la victoire de son candidat à l’élection présidentielle, la gauche s’avance dans un paysage politique où pour elle tout n’est pas totalement rose. Verts, Front de gauche et PS n’auront finalement pas pu s’accorder sur la délicate tactique du candidat unique dans les circonscriptions où les représentants de la gauche courent le risque de ne pas pouvoir franchir la barre du premier tour (12 % des inscrits). Chacun se renvoyant bien sûr la responsabilité de cet échec. Les communistes et les amis de Jean-Luc Mélenchon se plaignent des tendances « hégémoniques » des socialistes en position de force. Tandis que ces derniers, avec leurs alliés écolos, dénoncent les exigences du Front de gauche et sa « surenchère » systématique.
Roses contre Verts : le choc des couleurs
Europe Ecologie-Les Verts a pour objectif, avec l’aide prépondérante du PS, de constituer un groupe autonome à l’Assemblée nationale (15 députés minimum). C’est ce que lui garantit l’accord passé en novembre dernier entre Cécile Duflot et Martine Aubry. Un accord qui donne aux candidats écologistes le feu vert dans une soixantaine de circonscriptions. Dont la moitié paraissent, du moins sur le papier, gagnables. Mais ces circonscriptions préemptées pour les écolos suscitent dans les rangs du PS bien des « mécontentements locaux », attisés après le 22 avril dernier par le score étriqué d’Eva Joly à l’élection présidentielle (2,3 %). Election où la candidate franco-norvégienne a quelque peu patiné. Celle-ci s’attend néanmoins à être repêchée par le gouvernement Hollande à un poste de « Haut-commissaire à la Réforme financière ». Mme Joly aurait plutôt, d’ailleurs, le profil d’un commissaire du peuple, comme il en existait jadis dans les démocraties dites populaires. Avec elle, l’inquisition fiscale que la gauche s’apprête à conduire aurait le visage rébarbatif, inquiétant et répressif qui convient.
Des dissidents socialistes, que la menace d’exclusion de leur parti ne semble guère impressionner, sont ainsi pointés dans le Rhône, la Saône-et-Loire, en Bretagne, en Normandie, en Indre-et-Loire… Ces candidats n’auront certes pas l’onction du PS, mais ils disposent en revanche d’une bonne implantation locale. Et ils sont souvent soutenus en sous-main par des caciques du parti. C’est le cas à Lyon où le maire, Gérard Collomb soutient ouvertement son adjoint, Thierry Braillard (un homme qui sait se faire entendre) face au Vert Philippe Meirieu, qui risque fort d’en perdre ses voix. En Saône-et-Loire, le ministre Arnaud Montebourg affiche lui-même sa préférence pour une socialiste « exclue » face au candidat officiel. En Bretagne, le maire socialiste de Guingamp, Annie Le Houérou, se présente sans complexe contre une écologiste soutenue par le PS. Même cas de figure dans l’Orne et le Calvados, dans les Bouches-du-Rhône et en Haute-Garonne. Dissidences encore et toujours dans les Pays de la Loire, où « les cinq circonscriptions réservées aux Verts » ont du mal à passer.
Charcutage, redécoupage, saucissonnage
La gauche s’inquiète aussi de ce qu’elle nomme le « charcutage » opéré par le précédent gouvernement. C’est-à-dire la nouvelle carte électorale redessinée en 2010, au marteau et au burin, par l’ex-secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Alain Marleix. « 330 circonscriptions ont été (re)découpées, 33 supprimées mais compensées par les 11 des Français de l’étranger et 22 nouvelles en métropole et outre-mer ». Un saucissonnage dont sont coutumiers les détenteurs du pouvoir. La gauche a fait par le passé le même micmac et s’apprête sans doute à récidiver pour les législatives de 2017. La charcuterie électorale figure quasiment au menu de chaque président. C’est en quelque sorte le pâté — et quelquefois la surprise — du chef !
Une candidate de la gauche « libertine »…
Quelques candidatures inattendues, pittoresques ou incongrues, viennent comme toujours pimenter ces élections. Dont, cette année, la présence du généticien Axel Kahn (frère de Jean-François Kahn) qui affrontera, sous les couleurs socialistes, François Fillon dans la 2e circonscription de Paris, d’où l’ancien Premier ministre a fini, non sans mal, par chasser Rachida Dati qui souhaitait s’y incruster. Cette dernière ayant signé son acte de reddition dans le dernier numéro du Figaro-magazine où elle nous expliquait : « Pourquoi je ne suis pas candidate à Paris ». L’ex-présentateur météo Patrice Drevet, devenu météorologue politique, sera lui candidat du Parti radical dans l’Hérault. Espérons pour lui qu’il a consulté sa grenouille avant de prendre pareille décision. Quant aux heureux électeurs de la 1re circonscription de l’Ariège, qui n’en demandaient sans doute pas tant, ils pourront voter pour Céline Bara. Une candidate de la « diversité », actrice et productrice de films pornos dans le civil. Celle-ci incarne le MAL, « Mouvement Anti-théiste et Libertin ». Une doublure de DSK en quelque sorte ? Comme ce dernier – ce n’est pas une grande découverte, plutôt une confirmation – le MAL est à gauche…
Le PS, fort de sondages toujours favorables, et en dépit des bisbilles évoquées ci-dessus, « espère conquérir la majorité absolue au Palais Bourbon », soit 289 sièges. François Hollande aurait alors les coudées franches pour gouverner sans dépendre de ses alliés. Mais peut-être devra-t-il aussi remanier un peu son gouvernement puisque, a averti Jean-Marc Ayrault, les ministres battus aux législatives devront démissionner. Peu téméraires, la porte-parole Naja Vallaud-Belkacem et la Garde des Sceaux Christine Taubira ont aussitôt jeté l’éponge, renonçant à se présenter. Michel Sapin, le ministre du Travail, a lui minimisé les risques : il se présentera comme suppléant dans l’Indre. En cas d’échec, cette défaite ne sera pas la sienne. Vingt-cinq ministres brigueront en revanche un siège au Palais Bourbon. Le plus exposé d’entre eux étant le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, candidat dans une circonscription de la Sarthe où François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient quasiment, le 6 mai dernier, au coude à coude.
De son côté l’ex-majorité présidentielle dénonce le risque d’une « concentration des pouvoirs par la gauche sans précédant ». Durant l’épisode mitterrandiste ou jospiniste, la droite détenait au moins la majorité au Sénat. Ce n’est plus le cas aujourd’hui… Majoritaire à l’Assemblée, la gauche régnera avec une totale suprématie. Et pourtant l’UMP continue dans le même temps de proclamer son refus inconsidéré de tout accord avec le Front national, dont la candidate a recueilli lors de la dernière présidentielle 17,9 % des suffrages. Un chiffre qui, même légèrement amenuisé, permet potentiellement au FN de franchir la barre des 12 % dans un nombre de circonscriptions estimé par les experts de la carte électorale entre 100 et 140.
Rappelons que Marine Le Pen a devancé Nicolas Sarkozy, le 22 avril dernier, dans une douzaine de circonscriptions : « la 5e de l’Aisne où l’UMP Isabelle Vasseur, député sortant, peut se retrouver en fortes difficultés ; la 12e des Bouches-du-Rhône, la 2e du Gard, la 6e de l’Hérault ; la 2e de Haute-Marne, la 1re de la Meuse ; les 5e et 7e de la Moselle ; la 2e de l’Oise ; la 2e des Pyrénées-Orientales, les 3e et 4e du Vaucluse ». L’ostracisme de l’UMP est certes fort dommageable pour le FN : il empêche celui-ci d’avoir à l’Assemblée un groupe de députés correspondant aux six millions et demi de Français qu’il représente. Six millions et demi de Français actuellement sans représentation parlementaire. Mais cet apartheid anti-national est surtout suicidaire pour la droite dans son ensemble. « La droite veut croire en une victoire », titrait Le Figaro en début de semaine. Bien à tort puisque l’UMP s’entête à lui en barrer les chemins avec des ukases que lui imposent des ligues de vertu républicaine, sous influence idéologique de gauche. Comme par exemple le MAL de Mme Céline Bara ?