samedi 13 juillet 2013
Tout pour le physique
Pour avoir le corps de leurs rêves, certains n’hésitent pas à recourir à des solutions extrêmes.
Justin Jedlica et Valeria Lukyanova ont ce que beaucoup d’entre nous pensaient impossible : des corps parfaits. C’est en tout cas ce qu’ils pensent avoir obtenu en se transformant respectivement en véritables Ken et Barbie humains. Le tout à coups de scalpel. Implants dans les fesses, les pectoraux et les bras, nombreuses retouches au visage… il aura fallu 90 opérations et un budget de 100 000 dollars à l’Américain de 32 ans pour arriver à ce résultat surhumain. Pour être « beau », il était prêt à tout. Enfin, sauf à faire du sport, qui selon lui n’est vraiment « pas glamour ». Quant à l’Ukrainienne de 27 ans, entre poitrine démesurée, taille de guêpe et visage de porcelaine, sa ressemblance avec une poupée Barbie – son idole – est vraiment perturbante.
Mais si ces deux-là représentent des cas à part de transformation totale du corps, on trouve à travers le monde un tas de pratiques localisées tout aussi bizarres. En Thaïlande, par exemple, les hommes se font injecter de l’huile d’olive, de la cire d’abeille ou encore du silicone dans le pénis dans l’espoir d’en augmenter la taille. Résultat : des irritations, voire des infections. Les plus chanceux s’en sortent indemnes après avoir eu des difficultés pour marcher et des douleurs sous la douche pendant quelques jours. Mais dans certains cas, ça se termine carrément par une ablation des organes génitaux. Du côté des femmes, on trouve le soin par la gifle… Certains salons de Bangkok proposent en effet des séances de 15 minutes de… grosses baffes sur les seins. Cette technique, mise au point par une certaine Khunyingtobnom (“Madame gifleuse de seins” en thaï), permettrait de gagner un bonnet. Et pour 750 euros la séance, les clients de son salon peuvent recevoir une série de gifles sur le visage, pas pour le faire gonfler, mais pour le rendre plus fin cette fois.
Au Japon aussi, la mode du visage fin tourne parfois à la folie pure. Dans les magasins, on trouve toute une série de masques spéciaux pour affiner les bouilles un peu trop rondes. Kogao, le fabricant de ces étranges objets en nylon explique qu’ils stimulent la transpiration au niveau du visage tout en exerçant des pressions sur la peau pour la rendre plus ferme.
Et quand ce n’est pas le visage qui est soumis à ces transformations et réductions en tout genre, c’est le tour de taille. Depuis trois ans, Michele Koebke, une Allemande de 24 ans, porte un corset jour et nuit dans le but d’obtenir un tour de taille terriblement minuscule. Au cours des années, elle a graduellement réussi à se sculpter une taille de guêpe de 40 centimètres de diamètre (le tour de taille moyen des Françaises est de 79,9 cm). Mais Michele espère toujours faire mieux. Son objectif est de battre le record du monde de Cathie Jung, 38 cm. Problème : la réduction drastique du tour de taille de l’Allemande commence déjà à entraîner des problèmes de santé importants : déplacement d’organes, et surtout de l’estomac, capacités respiratoires réduites et affaiblissement des muscles abdominaux… Dans quelques années, il se pourrait qu’elle ne puisse plus du tout se passer de corset pour se tenir debout.
Avoir un corps plus petit à n’importe quel prix, c’est aussi cet état d’esprit qui pousse de plus en plus d’Américains à recourir au patch cousu sur la langue pour pouvoir enfin maigrir. Cette technique qui ressemble presque à de la torture, a un fonctionnement on ne peut plus simple : la présence de ce patch de la taille d’un timbre sur la langue rend toute tentative d’avaler de la nourriture solide tellement douloureuse que les patients qui ont recours à cette opération ne peuvent plus se nourrir que d’aliments liquides. Et pour rendre les choses un peu plus cradingues, il est précisé que le patch ne peut pas être gardé plus d’un mois, sinon il commence à fusionner avec la langue.
Oui, décidément, certains sont prêts à tout.
Sifflets et soufflet pour François Fillon
C'est le scénario catastrophe pour François Fillon. Lancé depuis quelques mois dans une opération "conquête du coeur des Français", l'ancien Premier ministre voit revenir son concurrent le plus sérieux dans la course à l'investiture pour 2017 : Nicolas Sarkozy.
L'image hebdo : Sifflets et soufflet pour... par LeNouvelObservateur
Selon Sylvain Courage, les sifflets essuyés par François Fillon à son arrivée au conseil extraordinaire de l'UMP lundi dernier, sont le symbole du chemin de croix du député de Paris. Pensant profiter du silence que Nicolas Sarkozy s'était imposé, il a dû se rendre à l'évidence: l'ancien président n'a rien perdu de son pouvoir d'attractivité dans l'appareil UMP. Dur dur d'être l'éternel numéro 2...
Les verrous français
Les verrous français
Les verrous qui bloquent la France et l’enferment dans la stagnation, la médiocrité, la morosité, la logique du déclin, sont de nature idéologique, mentale, incrustés dans les cerveaux bien plus que dans les institutions, la finance ou les lois. L’actualité nous en donne trois exemples.
1/ L’exploitation du « gaz de schiste » dont la France est avec la Pologne le pays européen le mieux pourvu, nous donne l’occasion, grâce aux progrès technologique, de relancer la croissance, de créer un million d’emplois, de renforcer notre pays sur la scène européenne et planétaire. Or, la classe dirigeante, cela vient d’être répété ce matin par le Premier ministre, exclut cette perspective. En raison du risque supposé pour l’écologie, il n’est même pas question d’en étudier la possibilité. Je connais mal le sujet et n’ai pas encore d’idée arrêtée sur la question. L’interdit qui pèse sur ce débat d’intérêt national me semble en revanche profondément choquant.http://www.futura-sciences.com/magazines/terre/infos/dico/d/geologie
2/ En 2013, 90% des candidats au bac général obtiennent le diplôme. La sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur devient donc vitale pour s’assurer de la pertinence de l’orientation et la valeur des diplômes. Tout le monde le sait. La qualité des formations est liée à l’existence d’une sélection à l’entrée, d’où le succès des grandes écoles et de certaines formations à caractère universitaire comme Science po ou « Paris dauphine » qui détiennent, on ne sait trop pourquoi, le privilège de pouvoir imposer un concours ou examen de passage aux candidats à une première inscription. Ces succès contrastent avec la faillite des enseignements ouverts sans limite, en particulier des facultés. D’où un enseignement supérieur à deux vitesses, effroyablement inégalitaire : celui de la réussite et celui de la paupérisation et de l’échec. Le tabou est hypocrite, pernicieux, absurde, mais toutes les élites françaises s’y complaisent aujourd’hui : pas de sélection, ne serait-ce qu’un entretien d’aptitude et de motivation, à l’entrée de l’université !
3/ La Cour des Comptes vient de publier un rapport critiquant la complexité de l’administration française. Nous le savons tous, l’empilement des niveaux d’administration et leur enchevêtrement est dramatique : Europe, Etat, région, département, arrondissements, cantons, structures intercommunales (multiples), communes, etc… Depuis des décennies, la lourdeur de ce dispositif ne fait que s’accroître, paralysant la vie publique, coûtant des fortunes aux contribuables, démultipliant les contraintes pour la vie des entreprises et des usagers. Cependant, il est hors de question de toucher au « mille feuilles » afin de ne pas déranger les rentes de situation et troubler les féodalités locales.
L’incapacité des dirigeants politiques ou administratifs à décider, à prendre des risques, à changer le paysage français, se traduit par deux types d’attitudes. La première est la « glaciation intellectuelle » : il est strictement interdit d’en parler, d’y réfléchir, de proposer, sous peine de passer pour un ringard ou un sale réactionnaire. Elle caractérise les élites dirigeantes au pouvoir ou dans les partis dits « de gouvernement ». La seconde est la « fuite en avant ». Pour éviter d’avoir à choisir et à décider, on se lance dans les grands idéaux abstraits et démagogiques, par exemple l’idée de « sortir de l’Europe », ou « rompre avec le capitalisme ». Cette attitude est celle des mouvements extrémistes (de droite ou de gauche). Un autre comportement révélateur de la France politique actuelle est le délire nombriliste de politiciens sans envergure, obnubilés par l’idée de s’installer à l’Elysée, dont les médias évidemment se régalent. Avant toute révolution sociale ou juridique, c’est une révolution des esprits dont la France a besoin.
Hygiène et vertu
Ainsi donc, les coureurs cyclistes des années 1990 se dopaient — tu parles d’une nouvelle ! On a soigneusement conservé leurs mictions pour les analyser vingt ans plus tard, et Jalabert est pris par la patrouille des touche-pipi.Le mois dernier, les analyses d’Armstrong et autres gros bras révélaient que les grands champions ne fonctionnaient pas à l’eau claire — on a sanctionné l’Américain (bien fait pour lui, il est… américain), mais on n’a pas osé pousser la logique jusqu’au bout et destituer les cinquante coureurs arrivés à ses basques (parce que franchement, rayer Armstrong des registres et garder Ullrich…), qui ne fonctionnaient pas non plus à l’eau minérale. Demi-mesure : on aurait dû les décapiter sur les Champs-Elysées, où ils sprintaient en se moquant du pauv’ peuple et des journalistes qui, bien sûr, n’étaient absolument pas au courant de la fable du peloton.
Pendant que l’on stigmatise le cyclisme, on évite de se poser la moindre question sur le type de carburant que les joueurs de foot s’injectent dans les veines. C’est qu’il y a beaucoup d’argent dans le foot (un cycliste professionnel « ordinaire » gagne à peine plus qu’un prof débutant — autant dire que dalle), et que la vertu sportive exigée est inversement proportionnelle aux sommes en jeu. En vingt ans, on a épinglé un ou deux joueurs de tennis. Aucun golfeur (si, si, on se dope aux béta-bloquants dans les sports de précision), aucun joueur de base-ball, aucun boxeur, aucun…
Soyons clairs : on savait dès les années 1900 que le Tour demande des efforts inhumains (« Vous êtes des assassins ! », hurlaient les frères Pélissier, qui se chargeaient à l’époque en cocaïne, au témoignage d’Albert Londres, aux organisateurs en 1924 — voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Pélissier). Que personne ne roule à cette allure sur 3500 kilomètres sans composer avec la nature. Qu’aucun sportif, jamais, n’est parvenu au sommet sans passer des arrangements avec les règlements — pas plus les athlètes grecs d’Olympie que les champions d’aujourd’hui.
Et les guerriers (le sport n’est jamais que de la guerre édulcorée, n’est-ce pas…) n’ont jamais non plus craché sur un petit cordial avant de monter à l’assaut — Douaumont, c’était autre chose que le Galibier ou le Ventoux (eh, lecteur de passage, tu as déjà essayé d’escalader le Ventoux via Bédoin ou Malaucène à la seule force de tes petits mollets de coq en moins de deux heures ? Charly Gaul le faisait en 1958 en une heure et des broutilles, mais en combien de temps l’ont gravi Armstrong et Pantani en 2000…).
Sans parler des tonnes de Viagra absorbées avant de grimper Madame — ah, mais ça, paraît-il, ce n’est pas de la triche, c’est l’art d’aider la Nature, n’est-ce pas… Pourtant, on devrait l’interdire, si l’on tient compte que l’on meurt aussi bien sur les côtes de la créature qu’en grimpant le Ventoux en 1967.
Nous sommes entrés dans une ère vertueuse qui me fait gerber. Je ne fume pas, la fumée des autres me gêne parfois, j’ai horreur d’embrasser les cendriers froids, mais j’ai la politesse de ne pas le leur dire. Les envoyer grelotter sur les trottoirs en plein hiver est une vexation immonde. L’ostracisme général lancé en direction des nicotineurs n’est jamais qu’une façon de se dédouaner des bénéfices considérables encaissés par l’Etat — en taxes acquittées et pensions non versées à des fumeurs heureusement décédés, en moyenne, à l’heure du départ à la retraite (si, si, c’est le calcul qui a été fait pour légitimer la perpétuation de la vente : le tabac, qui pour l’essentiel tue après cinquante ans, quand on a déjà l’essentiel de sa carrière derrière soi, rapporte plus qu’il ne coûte en soins médicaux). Assez curieusement, ce sont les substituts de tabac que l’on veut faire interdire aujourd’hui, au nom d’un principe de précaution que l’on n’a jamais imposé ni à Marlboro ni à Gitanes — cherchez l’erreur. Une façon aussi pour les non-fumeurs d’exhiber leur vertu. Ah, comme ils doivent se sentir meilleurs… La santé est l’antichambre de la sainteté.
Le chantage à la santé explose. Mangez bio (en fait, il y a un gigantesque marché du bio sur lequel se sont lancés les Allemands bien avant nous), roulez à pied (si je puis m’exprimer ainsi), achetez des produits issus du commerce équitable (si vous vous imaginez que les paysans du Chiapas voient la couleur de votre argent, c’est que vous êtes vraiment des bobos gogos), calculez le bilan carbone de chaque produit acheté, et votez EELV — là, c’est le sommet — en jouant avec le PS un tango bien à vous (un pied dedans, un pied dehors). Réduisez le déficit de la Sécu. La vertu écolo parle par impératifs puissamment catégoriques.
Non que j’aie adopté le slogan de Churchill (« No sport ! ») ni que je consente de bon gré à bouffer de la merde. Mais la vertu décrétée, l’hygiène obligatoire, m’amènent à penser que nous sommes entrés dans un fascisme de la santé par conformité qui me donne une légère nausée. Ces oukases perpétuels sont le plus mauvais héritage de la vertu robespierriste — avec à la clé le même goût pour la terreur. M’étonne guère que Meirieu soit écolo, tiens !
La vertu n’est pas, contrairement à ce que pensait Montesquieu, la clé du gouvernement républicain — qui n’a jamais été aussi grand qu’avec à sa tête des hommes qui s’embarrassaient peu de morale, voyez Clémenceau ou Roosevelt, ou même Mitterrand, qui ne fut jamais un exemple de vertu, ni privée, ni publique. La vertu est l’outrance de la République. Ce puritanisme est le symptôme des temps de crise. On hait sa famille, comme disait Gide, lorsqu’on entend l’appel du large — mais le large, aujourd’hui, est houleux. Alors, repliement sur la cellule primitive, la grotte, le terrier. L’écolo rêve d’être un lapin. Tous aux abris. Division binaire entre le sain et le malsain, le vertueux et le vicieux, le bien et le mal, le carnivore et le végétarien, le libertin et le curé. Rousseau c’est bien, et Céline est le mal. Capote obligatoire entre pucelles et puceaux, et macrobiotique imposée. Haro sur le steack, à moins qu’il ne soit de soja. L’antispécisme fait des ravages, le végétarisme aussi. On nous menace de cancers divers (pour un peu, les croisés de la santé à tout prix nous les souhaiteraient, pour nous faire les pieds — creuse ta tombe avec tes dents en te délectant d’une entrecôte aimablement persillée, hé, assassin…). On cherche à nous culpabiliser sur le sucre, sur le sel, le fumé, le grillé, — ou la quantité. Riz complet pour tout le monde ! Arrosé au Robinetus Simplex, parce que les alcools élevés en barriques de bois contiennent eux aussi des poisons innommables, et que le bilan carbone des eaux minérales en bouteilles plastiques est lamentable. Et si j’ai envie de regarder les bulles dans mon verre ? Mais non, Perrier ou Dom Pérignon, c’est fou.
J’ai très envie d’écrire un petit livre qui réhabiliterait la viande, la bidoche, la barbaque, histoire de répondre au No steack d’Aymeric Caron. Un livre qui dirait le plaisir d’écraser entre ses dents les cellules ingénieusement attendries en mûrissoirs, saisies sur des braises adéquates, recouvertes d’une croûte caramélisée voluptueuse (merci à Maillard qui le premier a décrit cette réaction !), gorgées de sang et d’Histoire — car déguster un steack (voir Barthes sur le sujet) renvoie à une chronologie et à une culture bien plus que millénaires. La viande était l’aliment de base des gladiateurs romains, le mets de choix des Grecs qui ne sacrifiaient aux Dieux que l’odeur des festins, tout comme le gigot de pré-salé était le carburant majeur (avec les saumons qui remontaient alors le Couesnon) des ouvriers qui rebâtissaient le Mont Saint-Michel avec Corroyer en 1878.
Mais le steack, c’est le plaisir, et le plaisir sera macrobiotique ou ne sera pas. D’ailleurs, il vaut mieux qu’il ne soit pas — le plaisir est suspect.
Une jeunesse nourrie (intentionnellement ?) aux McDo et autres substances molles est la cible de choix de cette culpabilisation systématique. Le mou marque la récession vers l’infantile. Mâcher sera bientôt une activité anachronique : après les dents de sagesse, ce sont désormais les canines qui disparaissent — ou que l’on fait sauter pour que les incisives aient un peu de place dans les mâchoires étroitisées du troisième millénaire.
Amis de Cro-Magnon et de Néandertal, ressaisissez-vous ! Réclamez le droit à la bidoche, à l’amour sans entraves, au cigare-cognac-Lagavulin ! Réclamez l’érotisme débridé des années 70, le non-conformisme, le droit de ne pas aimer Marc Lévy ni Anna Gavalda ! Battez-vous pour une école élitiste, la seule à fabriquer de l’égalité sur la base des talents, alors que l’égalitarisme est le garant des inégalités de naissance. Aspirez à un président anormal mais efficace ! Prenez le contrepied, allumez des contrefeux, formulez des contre-propositions — et mangez de la vraie viande.
Pendant que l’on stigmatise le cyclisme, on évite de se poser la moindre question sur le type de carburant que les joueurs de foot s’injectent dans les veines. C’est qu’il y a beaucoup d’argent dans le foot (un cycliste professionnel « ordinaire » gagne à peine plus qu’un prof débutant — autant dire que dalle), et que la vertu sportive exigée est inversement proportionnelle aux sommes en jeu. En vingt ans, on a épinglé un ou deux joueurs de tennis. Aucun golfeur (si, si, on se dope aux béta-bloquants dans les sports de précision), aucun joueur de base-ball, aucun boxeur, aucun…
Soyons clairs : on savait dès les années 1900 que le Tour demande des efforts inhumains (« Vous êtes des assassins ! », hurlaient les frères Pélissier, qui se chargeaient à l’époque en cocaïne, au témoignage d’Albert Londres, aux organisateurs en 1924 — voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Pélissier). Que personne ne roule à cette allure sur 3500 kilomètres sans composer avec la nature. Qu’aucun sportif, jamais, n’est parvenu au sommet sans passer des arrangements avec les règlements — pas plus les athlètes grecs d’Olympie que les champions d’aujourd’hui.
Et les guerriers (le sport n’est jamais que de la guerre édulcorée, n’est-ce pas…) n’ont jamais non plus craché sur un petit cordial avant de monter à l’assaut — Douaumont, c’était autre chose que le Galibier ou le Ventoux (eh, lecteur de passage, tu as déjà essayé d’escalader le Ventoux via Bédoin ou Malaucène à la seule force de tes petits mollets de coq en moins de deux heures ? Charly Gaul le faisait en 1958 en une heure et des broutilles, mais en combien de temps l’ont gravi Armstrong et Pantani en 2000…).
Sans parler des tonnes de Viagra absorbées avant de grimper Madame — ah, mais ça, paraît-il, ce n’est pas de la triche, c’est l’art d’aider la Nature, n’est-ce pas… Pourtant, on devrait l’interdire, si l’on tient compte que l’on meurt aussi bien sur les côtes de la créature qu’en grimpant le Ventoux en 1967.
Nous sommes entrés dans une ère vertueuse qui me fait gerber. Je ne fume pas, la fumée des autres me gêne parfois, j’ai horreur d’embrasser les cendriers froids, mais j’ai la politesse de ne pas le leur dire. Les envoyer grelotter sur les trottoirs en plein hiver est une vexation immonde. L’ostracisme général lancé en direction des nicotineurs n’est jamais qu’une façon de se dédouaner des bénéfices considérables encaissés par l’Etat — en taxes acquittées et pensions non versées à des fumeurs heureusement décédés, en moyenne, à l’heure du départ à la retraite (si, si, c’est le calcul qui a été fait pour légitimer la perpétuation de la vente : le tabac, qui pour l’essentiel tue après cinquante ans, quand on a déjà l’essentiel de sa carrière derrière soi, rapporte plus qu’il ne coûte en soins médicaux). Assez curieusement, ce sont les substituts de tabac que l’on veut faire interdire aujourd’hui, au nom d’un principe de précaution que l’on n’a jamais imposé ni à Marlboro ni à Gitanes — cherchez l’erreur. Une façon aussi pour les non-fumeurs d’exhiber leur vertu. Ah, comme ils doivent se sentir meilleurs… La santé est l’antichambre de la sainteté.
Le chantage à la santé explose. Mangez bio (en fait, il y a un gigantesque marché du bio sur lequel se sont lancés les Allemands bien avant nous), roulez à pied (si je puis m’exprimer ainsi), achetez des produits issus du commerce équitable (si vous vous imaginez que les paysans du Chiapas voient la couleur de votre argent, c’est que vous êtes vraiment des bobos gogos), calculez le bilan carbone de chaque produit acheté, et votez EELV — là, c’est le sommet — en jouant avec le PS un tango bien à vous (un pied dedans, un pied dehors). Réduisez le déficit de la Sécu. La vertu écolo parle par impératifs puissamment catégoriques.
Non que j’aie adopté le slogan de Churchill (« No sport ! ») ni que je consente de bon gré à bouffer de la merde. Mais la vertu décrétée, l’hygiène obligatoire, m’amènent à penser que nous sommes entrés dans un fascisme de la santé par conformité qui me donne une légère nausée. Ces oukases perpétuels sont le plus mauvais héritage de la vertu robespierriste — avec à la clé le même goût pour la terreur. M’étonne guère que Meirieu soit écolo, tiens !
La vertu n’est pas, contrairement à ce que pensait Montesquieu, la clé du gouvernement républicain — qui n’a jamais été aussi grand qu’avec à sa tête des hommes qui s’embarrassaient peu de morale, voyez Clémenceau ou Roosevelt, ou même Mitterrand, qui ne fut jamais un exemple de vertu, ni privée, ni publique. La vertu est l’outrance de la République. Ce puritanisme est le symptôme des temps de crise. On hait sa famille, comme disait Gide, lorsqu’on entend l’appel du large — mais le large, aujourd’hui, est houleux. Alors, repliement sur la cellule primitive, la grotte, le terrier. L’écolo rêve d’être un lapin. Tous aux abris. Division binaire entre le sain et le malsain, le vertueux et le vicieux, le bien et le mal, le carnivore et le végétarien, le libertin et le curé. Rousseau c’est bien, et Céline est le mal. Capote obligatoire entre pucelles et puceaux, et macrobiotique imposée. Haro sur le steack, à moins qu’il ne soit de soja. L’antispécisme fait des ravages, le végétarisme aussi. On nous menace de cancers divers (pour un peu, les croisés de la santé à tout prix nous les souhaiteraient, pour nous faire les pieds — creuse ta tombe avec tes dents en te délectant d’une entrecôte aimablement persillée, hé, assassin…). On cherche à nous culpabiliser sur le sucre, sur le sel, le fumé, le grillé, — ou la quantité. Riz complet pour tout le monde ! Arrosé au Robinetus Simplex, parce que les alcools élevés en barriques de bois contiennent eux aussi des poisons innommables, et que le bilan carbone des eaux minérales en bouteilles plastiques est lamentable. Et si j’ai envie de regarder les bulles dans mon verre ? Mais non, Perrier ou Dom Pérignon, c’est fou.
J’ai très envie d’écrire un petit livre qui réhabiliterait la viande, la bidoche, la barbaque, histoire de répondre au No steack d’Aymeric Caron. Un livre qui dirait le plaisir d’écraser entre ses dents les cellules ingénieusement attendries en mûrissoirs, saisies sur des braises adéquates, recouvertes d’une croûte caramélisée voluptueuse (merci à Maillard qui le premier a décrit cette réaction !), gorgées de sang et d’Histoire — car déguster un steack (voir Barthes sur le sujet) renvoie à une chronologie et à une culture bien plus que millénaires. La viande était l’aliment de base des gladiateurs romains, le mets de choix des Grecs qui ne sacrifiaient aux Dieux que l’odeur des festins, tout comme le gigot de pré-salé était le carburant majeur (avec les saumons qui remontaient alors le Couesnon) des ouvriers qui rebâtissaient le Mont Saint-Michel avec Corroyer en 1878.
Mais le steack, c’est le plaisir, et le plaisir sera macrobiotique ou ne sera pas. D’ailleurs, il vaut mieux qu’il ne soit pas — le plaisir est suspect.
Une jeunesse nourrie (intentionnellement ?) aux McDo et autres substances molles est la cible de choix de cette culpabilisation systématique. Le mou marque la récession vers l’infantile. Mâcher sera bientôt une activité anachronique : après les dents de sagesse, ce sont désormais les canines qui disparaissent — ou que l’on fait sauter pour que les incisives aient un peu de place dans les mâchoires étroitisées du troisième millénaire.
Amis de Cro-Magnon et de Néandertal, ressaisissez-vous ! Réclamez le droit à la bidoche, à l’amour sans entraves, au cigare-cognac-Lagavulin ! Réclamez l’érotisme débridé des années 70, le non-conformisme, le droit de ne pas aimer Marc Lévy ni Anna Gavalda ! Battez-vous pour une école élitiste, la seule à fabriquer de l’égalité sur la base des talents, alors que l’égalitarisme est le garant des inégalités de naissance. Aspirez à un président anormal mais efficace ! Prenez le contrepied, allumez des contrefeux, formulez des contre-propositions — et mangez de la vraie viande.
Et si François Hollande plaçait ce 14 juillet sous le signe de la vérité ?
La France vient encore de passer une semaine de doutes et d’hésitations au niveau de sa gouvernance. Doutes sur l’interprétation de la situation économique, inquiétude de plus en plus forte sur la stabilité du pays dans les trois mois à venir et incapacité du pouvoir à porter des réponses cohérentes et surtout rassurantes. Le 14 juillet, c’est le jour de la liberté, de la fraternité, de la solidarité mais si seulement on pouvait y ajouter le mot « vérité ». Du moins dans la pratique, ça changerait tout : vérité des faits, des chiffres, des intentions et des promesses.
C’est Pierre-André de Chalendar, le président de Saint-Gobain, star du CAC 40 et l’un des piliers les plus solides de l’élite industrielle française, qui réclamait un peu plus de vérité. C’était dimanche dernier en clôture des journées économiques d’Aix-en-Provence. « On a commencé en niant la crise, on continue en multipliant les zigzags » lance-t-il devant 800 personnes : des étudiants mais surtout des économistes déprimés et des chefs d’entreprise désabusés. Christine Lagarde, directrice du FMI, venait de réclamer des lignes stratégiques plus claires. Pierre-André de Chalendar a été applaudi, ce qui ne se fait pas souvent à Aix où les spectateurs restent en général sur la réserve (un peu comme à l’Opéra… on applaudit à la fin). Et bien là, pas du tout. On a salué l’artiste. Du coup, ça n’a pas plu à Pierre Moscovici qui lui a été un peu chahuté, ce qui est encore plus rare.
Cela dit, à l’applaudimètre le summum de l’insolence a été atteint par Eric Orsenna, écrivain et ancien conseiller spécial de François Mitterrand, quand il a proposé que la France crée une sorte d’Erasmus réservé aux hommes politiques afin qu’ils aillent dans les entreprises ou à l’étranger avant d’exercer leurs fonctions. « Au moins a-t-il conclu, ça éviterait qu’un jeune et brillant élu de la Corrèze n’attende d’être président de la République pour découvrir que la Chine existe ! ». Le chef économiste de la banque centrale chinoise, Ly Yang, a éclaté de rire, c’est extrêmement rare chez un notable chinois et Pierre Moscovici n’a pas supporté que les économistes soient aussi peu sérieux. C’est dire l’ambiance.
« Chez ces gens-là, on ne dit rien, on réfléchit ». Jean-Hervé Lorenzi, le grand manitou depuis des lustres, le champion du compromis, a cru à un tremblement de terre. Peu importe. Ses amis universitaires lui ont expliqué qu’après tout, Aix était vivant, ce qui en soi était une bonne nouvelle.
Les bruits de grogne et de rogne sont donc remontés à Paris par le TGV du dimanche soir mais n’ont pas ébranlé pour autant le pouvoir central. Ils ont simplement renforcé l’hésitation du Président quant à son programme de communication. Faut-il laisser les Français partir en vacances avec ce sentiment que tout va mal ? Cette vision d’un président de la République dont la dernière apparition à la télévision dans cette émission, « Capital », où il n avait rien à dire et rien à faire, a été un fiasco total … Donc partir en vacances et attendre la rentrée que tout cela soit oublié ? Ou bien faut-il au contraire reprendre la main ?
Paradoxalement, c’est le retour très réussi sur la scène médiatique de Nicolas Sarkozy, en début de semaine, qui a installé l’idée qu’il fallait peut-être réagir.
Mais il a fallu encore attendre mercredi après-midi pour apprendre que le président de la République allait redevenir un Président normal pour le 14 Juillet. Du moins dans la forme. C’est-à-dire un Président qui ne se prend pas la tête pour être proche des gens mais un président qui incarne le pouvoir républicain avec tous ses attributs.
La décision a donc été prise à l’Élysée. Le président de la République a décidé de tourner le dos à toutes les promesses de simplification du protocole qui avaient été faites pendant la campagne pour vivre normalement la fonction. Sauf que la décision a été difficile à prendre tant elle apparaît comme un reniement de plus. Dilemme quasi idéologique.
Décision prise d’assumer politiquement le retour à la norme pour le Président et ses ministres. Dans la forme toujours, parce que dans le fond ça va être plus difficile.
Décision prise d’assumer politiquement le retour à la norme pour le Président et ses ministres. Dans la forme toujours, parce que dans le fond ça va être plus difficile.
La situation apparaît catastrophique et surtout sans perspectives de redressement. D’où les rumeurs de plus en plus persistantes de krachs financiers pendant l’été.
Les plus pessimistes parlent même de la semaine qui précède le 15 août. C’est généralement le moment choisi pour lancer les attaques spéculatives les plus violentes sur les pays ou les institutions les plus endettées. Pourquoi le mois d’août ? Parce que c’est le moment où les dirigeants de banques sont absents. Consigne a donc été donnée cette année aux directeurs généraux des grandes banques françaises, BNP-Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Banque Populaire, de rester à Paris.
Qu’est-ce que l’on craint ? D’abord un krach obligataire mondial. Comme on avait eu un blocage mondial du marché du crédit en septembre 2008 ou en août 2011. Il se peut que la hausse des taux d’intérêts américains provoque la dévalorisation des obligations émises et, qu’une fois dépréciées, elles ne trouvent plus à s’échanger sur les marchés. Tout le monde préférant souscrire des obligations américaines mieux rémunérées. Du coup, le marché mondial des emprunts publics se fige. Du coup, les pays ne trouvent plus de quoi financer leurs dettes sauf à des prix exorbitants. Pour conjurer ces inquiétudes, la FED a fait savoir cette semaine que le président Ben Bernanke n’était pas favorable a une évolution de la politique monétaire américaine. Le président non, mais beaucoup à son conseil y pensent.
L’autre risque qui pend au nez des Européens, c’est évidemment un risque de défaut de paiement.
Sur un des pays fragiles, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grèce ou la France. Ce qui menace la France, c’est une crise de confiance qui ferait fuser les taux d’intérêts. Le financement de la dette française tient aujourd’hui en équilibre parce que l’Europe fonctionne à peu près et que l’Allemagne garantit l’équilibre de l’ensemble. Il suffirait que la gouvernance française par maladresse ou politique en arrive à énerver vraiment les Allemands pour que les marchés en tirent la conclusion que le couple arrêtera de se réassurer mutuellement.
Globalement, depuis son arrivée au pouvoir, François Hollande a parfois joué les matamores mais finalement il n’a jamais insulté l’avenir de la relation franco-allemande. Il a toujours accepté bon gré, mal gré, et contre l’avis de ses amis qui n’ont pas encore compris que l’appartenance à l’Europe n’était pas négociable sauf catastrophe, il a donc signé et resigné le contrat de solidarité. Sauf que la gouvernance française doit veiller à ne pas passer la ligne jaune trop souvent, alors que certains ministres du gouvernement nous font prendre des risques par des manifestations d’indépendance complètement déplacées. C’est ce genre d’incident qu’il faudra surveiller tout l’été. La France n’a pas les moyens d’aller provoquer pour des raisons politiques ses partenaires qui sont aussi ses banquiers.
Au-delà des risques de krachs pendant cet été, la France court évidemment le risque d’étouffement.
Jacques Attali passe dans les ministères les plus responsables pour prévenir de la nécessité de faire des reformes. La France, dit-il, « a jusqu’à la fin de l’année pour redresser la barre, après il sera trop tard parce qu’on entrera en campagne électorale permanente ». C’est exactement ce qu’a dit Pierre Gattaz, le nouveau président du Medef, quand il a été reçu à l’Elysée cette semaine. D’abord il a réclamé des réductions de dépenses publiques pour donner de façon mécanique de l’oxygène au privé et ensuite il a réaffirmé l’obligation de transférer 100 milliards au moins au niveau des entreprises pour qu’elles retrouvent de la compétitivité.
François Hollande aurait donné son accord en ajoutant « qu’il était obligé de faire ce qu’il fallait pour obtenir des résultats. Sinon il serait viré comme un malpropre à la fin du quinquennat. Le faire quel que soit le prix politique. «Paroles, paroles, explique un conseiller de Bercy, le Président dit oui à tout le monde, en fait il gagne du temps »
Le problème quand on gagne du temps c’est qu’on ne fait pas les réformes et que pour ajuster les comptes, on ne pourra compter ni sur de la croissance, ni sur des réductions de dépenses publiques. Il faudra donc augmenter à nouveau les impôts.
Au Parti Socialiste, on se passe le dernier recensement des très riches en France et on se dit qu’il y a encore de la marge pour ponctionner de l’argent. Les riches en France sont cette année presque 30% plus riches que l’année dernière. Il y a 100 Français de plus que l’an passé à posséder plus d’un milliard d’euros.
Présentée comme cela, la géographie des riches en France permet d’espérer des moyens pour redresser. Jean-Luc Mélenchon en fera son miel. Sauf que les riches sont riches en patrimoine professionnel, ils sont plus riches parce que leurs entreprises ou la valeur de leurs participations ont été revalorisées par la bourse de 30 %. Ca ne veut pas dire que ce capital soit mobilisable. Il y a deux ans la famille Peugeot était richissime. Aujourd’hui elle essaie de sauver les meubles.
Ce qui est vrai en revanche, c’est que les riches qui peuvent réaliser leur fortune ou qui sont surtaxés sur leurs revenus (la plupart arrivent à 80%) continuent de s’expatrier. Le flot ne s’est pas réduit, au contraire. Depuis six mois beaucoup de propriétaires d’hypermarchés indépendants très riches (entre 50 et 150 millions d’euros) s’en vont à Bruxelles. C’est aussi le cas de beaucoup de commerçants qui possède un capital de 10 millions, une grosse pharmacie en province par exemple. Sans parler des seniors aux revenus de retraites aisés qui cherchent un paradis fiscal du côté du Maroc, de l’Ile Maurice ou du Portugal.
Le départ le plus emblématique sera celui de la famille Pinault. François Pinault qui a manifesté beaucoup de sympathie pour François Hollande l’a prévenu lors d’un petit déjeuner top secret à l’Élysée : « La direction générale de Kering (ex-PPR) n’a plus aucune raison de rester à Paris. Ils préparent tous à titre individuel un déménagement sur Londres ou New York. Le numéro 2 du groupe, Jean François Palus, vient lui-même de rendre officiel son installation à Londres pour des raisons personnelles (c’est-à-dire fiscales). Son revenu annuel atteint les 2,5 millions d’euros. François-Henri Pinault lui-même habite dans son avion. Et le père, François Pinault, ne passera pas l’été dans sa propriété de St-Tropez où il allait en invitant d’ailleurs tous les ans la famille Chirac. François et Maryvonne Pinault sont installés à Los Angeles en toute discrétion dans une propriété qu’ils viennent d’acquérir. Et s’ils reviennent en Europe d’un coup d’avion, ce sera pour se poser a Venise, à la fermeture de la biennale.
L’opération vérité pour François Hollande devrait passer par l’examen de toutes ces situations et en tirer les leçons. Pas en terme de sanctions comme le suggère la commission économique du Parti socialiste mais en terme de rebond possible.
Premier axe : la baisse des dépenses publiques. Absolument indispensable pas seulement pour faire plaisir à Bruxelles mais aussi pour dégager des marges de sécurité et de financement. Pour l’instant, la loi de finances 2014 ne prévoit aucune baisse. Au contraire, on continue dans la phase préparatoire d’accumuler des dépenses. Le premier ministre a annoncé 12 milliards d’investissement pour assurer la transition énergétique alors que sur les 12 milliards on n’a pas un sou. Toujours rien sur les gaz de schiste dont on sait qu’ils sont à l’origine du rebond américain et peuvent permettre une baisse des prix très importante.
Le gouvernement a remis en place Arnaud Montebourg qui, une fois n’est pas coutume, a sorti des propositions responsables en demandant des expérimentations. En attendant, les écologistes se plaignent de l’augmentation des prix de l’électricité mais refusent toute initiative structurelle pour modifier l’équilibre du marché. Ils ont obtenu que Jean-Marc Ayrault remette Arnaud Montebourg dans les clous. Ce que l’intéressé n’accepte pas. L’été au gouvernement va être chaud.
Dans un tout autre domaine, Cécile Duflot s’attend à devoir ferrailler avec Bercy. Elle enverra la semaine prochaine à la commission des finances le texte de loi portant la réforme du logement. Beaucoup de choses intéressantes mais beaucoup de gages politiques dont certains vont coûter cher au budget. Ce qu’elle n’avait pas prévu, ni annoncé.
Le projet de créer par exemple, une garantie universelle des loyers, une sécurité sociale du logement. En communication, ça fait du buzz auprès des associations de mal logés. Mais cette sécurité sociale du locataire qui serait théoriquement géré par un organisme public, coûterait près de 1,4 milliard par an à l’État. Intenable. D’autant que les initiatives coûteuses et très politiques sont nombreuses. Et alors que les sociétés d’assurance le font très bien de leur cote. Pourquoi refaire au niveau public et administratif ce que le Privé est capable d’organiser a un cout plus faible. C’est une manie.
Deuxième axe : la réforme des retraites. Là encore, on est en train de l’enterrer joyeusement en se disant que le jeu du sauvetage des retraites qui seront versées dans 20 ans ne vaut pas le coût politique d’aujourd’hui. Le plus grave, c’est que beaucoup d’experts à gauche pensent qu’en cas de problèmes on pourra toujours puiser dans la manne des assurances vie. Ils se trompent parce que si l’assurance vie draine autant d’épargne volontaire c’est parce qu’elles ne sont pas sécurisées par les régimes obligatoires, mais c’est aussi parce que l’État a besoin d’argent. Maintenant si l’État se met à taper dans l’assurance-vie, ça va grogner très fort et pas pour des raisons populistes.
Troisième axe : la compétitivité. Le nerf de la guerre. François Hollande va être obligé de revoir le dispositif du CICE. Le crédit d’impôt est une véritable usine à gaz. Un système inutilisé. Les entreprises ne savent pas ce que c’est. Les entreprises qui savent le trouvent trop compliqué. Enfin, les grandes entreprises ont tendance parfois à racketter les plus petites en leur réclamant qu’elles leur reversent une partie du crédit d’impôt. Bref, c’est ingérable et tout le monde commence à s’en plaindre. Il faudra revenir à une baisse massive des charges.
Le problème est évidemment politique. Tout le monde sait ce qu’il faudrait faire pour sortir de la crise. Y compris François Hollande. Tout le monde est d’accord sur le même remède lié à la compétitivité mais personne ne sait quoi faire en complément pour être réélu. Le problème de l’homme politique aujourd’hui est de protéger sa fonction. Si seulement l’opinion publique exigeait qu‘ils disent la vérité, ça changerait tout. Mais dans ce cas là on n’aurait pas des hommes politiques mais des hommes d’État.
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