jeudi 11 novembre 2010
Claude Allègre : mon plaidoyer pour Nicolas Sarkozy
Eloge. De gauche, mais en rupture avec le PS, l'ex-ministre réhabilite les réformes du président.
Le conflit sur la réforme des retraites s'estompe, laissant la France hébétée et un peu groggy au moment où nous avons besoin de toutes nos ressources pour sortir de la crise. Les bonnes âmes, un peu gênées de justifier un mouvement excessif contre une réforme qu'elles savent nécessaire, disent : "C'est un mouvement anti-Sarkozy, le refus global d'une politique." Certes, le président apparaît très impopulaire dans les sondages. Mais cette situation n'est-elle pas subjective, due à l'hyperprésidence et aux maladresses multiples qui lui sont associées, ou est-elle justifiée par la politique qu'il a effectivement menée ? Peut-on sortir de l'irrationnel, de l'émotionnel et du sectarisme et faire un bilan réaliste de cette présidence ? Désormais spectateur définitif de la politique, n'ayant plus de lien partisan et très attaché à mes convictions et plus encore à ma liberté de pensée et d'expression, je tente la gageure.
Commençons donc par les retraites. Fallait-il faire cette réforme ? Oui. Fallait-il la faire si vite ? Oui encore, sinon nos caisses de retraites, alors en quasi-faillite, auraient été obligées de baisser les pensions. Les personnes âgées le savent très bien ! Souvenez-vous que Michel Rocard jugeait cette réforme urgente en 1988, que Lionel Jospin voulait la faire en 2000. Force est de constater que c'est Balladur et Fillon qui l'ont amorcée, et Sarkozy et Fillon qui l'ont bouclée. Pour autant, la réforme est-elle parfaite ? Bien sûr que non, et il faudra la compléter et l'infléchir sur bien des points, notamment la prise en compte des métiers pénibles. Mais la mise en place, dans quelques années, d'un système par points ouvre la voie vers une retraite choisie. C'est désormais une perspective intéressante. Alors que nous allons vers une espérance de vie qui dépassera bientôt 90 ans, peut-on continuer de s'arrêter de travailler à 60 ans ? Le simple bon sens nous dit que ce n'est pas possible !
En filigrane des mouvements sociaux, j'ai perçu une dévaluation du travail qui m'a choqué. Et les préoccupations de certains lycéens ou étudiants pour leur retraite m'ont affligé. Ils sont heureusement une minorité, car, sinon, la France serait dans une bien mauvaise posture. Chemin faisant, Nicolas Sarkozy a montré qu'il savait résister aux défilés et aux manifestations. Il n'y a pas de légitimité démocratique de la rue face aux urnes, pas plus qu'il n'y a en démocratie de légitimité des sondages. La rue, c'est un cri d'alarme auquel il faut prêter attention, ce n'est pas une injonction démocratique. La légitimité, c'est la représentation nationale librement élue !
Par ailleurs, Sarkozy a montré qu'il savait aussi ne pas plier pour défendre un ministre qu'il juge capable et honnête. C'est une vraie innovation !
L'épisode des retraites n'est pas l'unique événement où la détermination et le courage de Nicolas Sarkozy ont été décisifs. Quand la crise a éclaté, il a créé le G20, entraînant une Amérique de Bush apeurée et pourtant responsable de tout. On a pu ainsi dresser les prémices d'une solidarité mondiale, évitant du même coup les réflexes du chacun-pour-soi et d'une guerre de dévaluations compétitives qui aurait amené le chaos mondial. Dominique Strauss-Kahn a été un allié précieux dans cette action.
A-t-on oublié aussi qu'avec Gordon Brown Sarkozy a entraîné l'Europe dans une action solidaire de recapitalisation des banques alors que l'Allemagne tardait à réagir ?
Plus important, se souvient-on qu'en garantissant les crédits des banques il a stoppé net la panique qui avait saisi les épargnants au point qu'ils étaient prêts à vider leurs comptes, ce qui aurait été un pur désastre ? Certes, le combat n'est pas terminé, mais au moins on a évité 1929 ! Même si j'aurais préféré que l'Etat prenne provisoirement des actions des banques. Nous aurions alors empoché une vingtaine de milliards dans l'opération. Quant à la stratégie économique adoptée pour la France dans la crise, elle se situe dans le difficile équilibre entre une nécessaire rigueur et un refus d'étouffer la croissance. Chemin faisant, je me suis réjoui de voir Sarkozy rejoindre le camp des keynésiens.
En politique internationale, la France est à nouveau en bons termes avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde ou le Brésil. Au Moyen-Orient, notre amitié avec Israël a été réaffirmée dans un discours à la Knesset auquel j'ai assisté et que François Mitterrand aurait applaudi, et en même temps notre réconciliation avec la Syrie permet à nouveau à notre diplomatie d'être efficace. Bien sûr, je trouve que le merveilleux projet d'Union de la Méditerranée n'avance pas assez vite, mais est-ce la faute de Sarkozy, qui l'a lancé ?
Lorsqu'on examine la politique intérieure de la France, il y a aussi des innovations porteuses d'avenir. Comment l'universitaire que je suis ne serait-il pas sensible à la priorité budgétaire donnée à l'université ? Je crois depuis longtemps que ce domaine est la clé de l'avenir de la France, mais je n'ai jamais réussi à faire totalement partager ce point de vue au Parti socialiste. L'effort financier entrepris depuis trois ans n'a aucun équivalent depuis le premier gouvernement du général de Gaulle.
Et pourtant, c'est un effort qu'il faudra doubler si l'on veut atteindre une situation comparable à celle des États-Unis.
Quant à l'autonomie des universités, elle avait été réclamée au colloque de Caen réuni autour de Pierre Mendès France dans les années 60... Force est de constater que c'est Sarkozy et Fillon qui l'ont réalisée.
C'est vrai que bien des collègues universitaires me disent chaque jour pis que pendre de la mise en oeuvre de cette politique : les salaires des enseignants-chercheurs restent insuffisants pour arrêter l'hémorragie des meilleurs vers l'étranger, le logement étudiant n'a pas bénéficié d'une impulsion suffisante, la réunionite recommence à sévir dans nos universités et le gigantisme universitaire, qui n'a jamais été un gage de qualité, prend un essor inquiétant, etc. Cette non-reconnaissance par les universitaires de l'immense effort accompli est en soi un problème. Mais l'impulsion qui a été donnée sera, j'en suis sûr, pérenne. C'est un pari sur l'intelligence. Qui osera revenir là-dessus ?
L'idée de créer un ministère associant écologie, énergie et aménagement du territoire n'est-elle pas, par ailleurs, la meilleure manière pour que les impérieux problèmes écologiques soient pris en compte en les intégrant pleinement dans l'économie ? Même si le Grenelle de l'environnement est aujourd'hui très critiqué par de nombreux économistes, avec des arguments sérieux sur les hyper-subventions mises en place pour l'éolien ou le photovoltaïque (que Bercy vient d'ailleurs de rogner), l'initiative était bonne. Sans doute trop d'arrière-pensées politiques ont-elles été associées au Grenelle. On peut citer la velléité d'une taxe carbone franco-française, l'oubli du nucléaire, celui des OGM. L'oubli des problèmes de l'eau, de la géothermie y a été une lacune grave. Mais l'impulsion initiale va petit à petit transformer en profondeur notre pays et son rapport avec la nature, l'espace et le développement. Ce ministère sera l'instrument qui permettra de construire une écologie qui ne tourne pas le dos au progrès et sera l'un des moteurs de la nouvelle croissance.
La modernisation de l'aménagement du territoire constitue un autre chantier ouvert. La loi de décentralisation, que de Gaulle jugeait nécessaire, mais que ni Pompidou ni Giscard n'avaient eu le courage de faire, est l'un des grands apports de la gauche à la modernisation de notre pays. Elle a permis de rapprocher les décisions du citoyen. Mais, au cours du temps, les structures se sont complexifiées. On a ajouté des strates sans jamais en supprimer : commune, communauté de communes, pays, département, région, Etat, Europe. Ne faut-il pas simplifier le mille-feuille ? Si on ne le fait pas, la France mourra asphyxiée par la bureaucratie et le citoyen s'éloignera un peu plus de la politique. Je ne partage pas nécessairement toutes les dispositions de la réforme territoriale, mais je trouve que s'y être attaqué est un acte courageux. Encore faudra-t-il dans le même temps simplifier la réglementation et alléger les structures étatiques qui souvent doublonnent avec celles des collectivités. Et pourquoi ne pas réformer le Sénat pour en faire un Bundesrat à l'allemande, rapprochant du même coup les structures de la France et de l'Allemagne ?
Dans le même esprit, ne faut-il pas essayer d'adapter notre territoire au monde moderne : essayer de faire émerger un Grand Paris, muscler les capitales régionales, tenter de simplifier les cartes judiciaire et hospitalière ? Certes, en faisant cela, on va supprimer des élus, muter des fonctionnaires et donc susciter des oppositions farouches. Mais faut-il préférer le confort routinier de quelques-uns à l'intérêt général ?
A l'inverse, je n'ai pas aimé l'épisode des Roms. Il était inutile et maladroit. Fustiger une population fragile, repoussée de partout, ne correspond pas à notre tradition. Mais je n'ai pas aimé davantage les réactions outrancières de Michel Rocard, Dominique de Villepin ou Viviane Reding. Ces domaines sont humainement délicats, mais ne soyons pas naïfs : les nomades créent souvent des situations difficiles à maîtriser. Tous les maires vous le diront, surtout depuis l'imparfait traité de Schengen.
Au fond, mon désaccord est politique. L'idée de faire des clivages entre les partis de gouvernement sur des sujets comme l'immigration ou la sécurité me paraît mauvaise. Ce sont deux sujets bien distincts, mais hélas parfois liés. Pour résoudre ces problèmes sociétaux essentiels dont l'importance va devenir croissante, en raison de la démographie mondiale et du chômage chronique, il faut chercher un consensus national droite-gauche. Et c'est possible ! Ni le gouvernement de Lionel Jospin ni les maires socialistes n'ont été laxistes sur ces sujets. Il faut définir une politique qui, tout en respectant les traditions d'hospitalité et d'humanisme, ne soit ni laxiste ni naïve.
Sur le plan de la démocratie, on fait par ailleurs à Nicolas Sarkozy un procès qui me paraît profondément injuste. J'ai applaudi en son temps la réforme constitutionnelle qu'avaient approuvée aussi bien Jack Lang que Guy Carcassonne. Pourquoi l'avoir combattue férocement, comme l'a fait l'opposition ? L'apprenti dictateur que certains nous décrivent a eu l'idée " étrange " de s'interdire plus de deux mandats et donc de gouverner moins longtemps que Mitterrand. C'est bien lui qui a donné aux députés le droit de fixer un tiers de l'ordre du jour de l'Assemblée, leur permettant un meilleur contrôle du gouvernement.
Pourquoi a-t-il nommé un socialiste à la tête de la commission des Finances de l'Assemblée et un autre à la Cour des comptes, chargée de contrôler les finances du gouvernement ?
Pourquoi a-t-il nommé un ancien conseiller de François Mitterrand au Conseil constitutionnel, évitant par là que la gauche y soit absente ?
L'idée de saisine du Conseil constitutionnel était-elle dangereuse ? En tout cas, le succès ne se dément pas, comme l'a montré le débat ouvert sur le thème de la garde à vue. Ce sont là bien sûr les stigmates d'un ennemi de la démocratie...
N'empêche, me direz-vous, qu'il est impopulaire et détesté par certains, notamment les jeunes.
La première raison de ce désamour, c'est la crise. Les courbes de popularité de Zapatero, d'Angela Merkel ou le cuisant échec du très pédagogue Barack Obama suffisent à démontrer cette évidence. Tous ces responsables sont victimes de la dépossession démocratique de l'économie !
La seconde raison se trouve dans les réformes entreprises et menées au pas de charge. Sarkozy considère que la France a pris un retard considérable dans la dure compétition internationale et que la rapidité de la réforme est une condition de sa survie. Il a voulu faire en trois ans ce que ses prédécesseurs auraient dû faire en trente. Il a cru que la France était une Ferrari, or c'est un tracteur. Cette volonté boulimique de réformes énerve et inquiète. Le Français aime qu'on lui parle de réformes pourvu qu'elles ne s'appliquent pas à lui !
Mais il y a aussi un désamour plus profond, presque viscéral, qu'il ne faut pas ignorer. Je connais Nicolas Sarkozy depuis 2003, quand des échanges épistolaires violents nous avaient opposés sur la Corse. Depuis, il me reçoit de temps à autre. J'ai pu constater le caractère sympathique de cet homme, qui cherche à plaire, bien sûr, mais qui écoute, argumente, dialogue, sans jamais recourir à l'argument d'autorité que j'ai pu connaître chez tel ou tel de ses prédécesseurs. Lorsqu'on lui fait part de désaccords, et je ne m'en prive pas, il cherche à comprendre avec simplicité et à argumenter. Mais, en même temps, on sent chez lui une volonté permanente de mettre la France à l'heure du XXIe siècle avec, contrairement à ce qu'on écrit, peu de certitudes mais beaucoup de conviction.
Alors, pourquoi tant de haine ? D'abord, bien sûr, parce que l'arrivée à la présidence d'un jeune président dans un vieux pays a été un choc pour l'un et pour l'autre. La communication du président et du gouvernement a échoué à faire pénétrer l'image d'un président sympathique mais impatient et volontariste dans le grand public. C'est aussi sans doute parce qu'il a lui-même sous-estimé la manière dont les Français veulent voir leur président. Les Français sont restés nostalgiquement royalistes. Ils sont certes devenus républicains, mais ils veulent un monarque républicain, comme les Italiens le disaient de François Mitterrand. C'est ce qui a fait le socle du pouvoir et du prestige du général de Gaulle. L'évolution des mentalités appartient à l'histoire des longues durées. Un président décontracté parlant comme tout le monde, cela sera peut-être apprécié, mais pas avant le XXIIe siècle !
Ils ne veulent pas non plus un président se mêlant trop visiblement de politique politicienne. Un président doit chercher à être un rassembleur autant qu'un bâtisseur ! Dans ce chapitre de la posture présidentielle, beaucoup d'erreurs d'attitude, de déclarations intempestives, de provocations inutiles ou d'interventions inopportunes ont été commises, et Nicolas Sarkozy en est largement responsable. Nul ne peut le nier. Il le paie aujourd'hui dans les sondages. Mais, dans les circonstances de cette terrible crise, qui aurait fait mieux pour la France ? Celle que l'on n'a pas élue ? Chaque Français doit réfléchir à cette question !
Moi, homme de gauche dont les convictions profondes sont intactes, qui ai rompu avec le parti qui était le mien depuis trente ans parce qu'il avait préféré Ségolène Royal à Dominique Strauss-Kahn, j'ai été atterré par l'attitude fermée de la candidate à la présidentielle lors des débats sur la Constitution comme sur les retraites. Atterré et peiné, car, malgré ma rupture, c'est ma famille, et j'en espérais mieux. Le pays, certes, a besoin d'une opposition vigoureuse, mais aussi constructive, qui propose, contribue, innove. Car la route du redressement de la France va être longue. Pour résister à ce terrible défi de la mondialisation, nous avons besoin de toutes les idées.
L'attitude béate de tous les dirigeants européens depuis quarante ans a conduit la belle construction européenne au bord du gouffre. Et ce n'est pas le traité de Lisbonne qui l'en sortira. Le salut n'est pas à Bruxelles, il est à Paris et Berlin. Chacun le sait. Si l'Allemagne aujourd'hui décolle, c'est grâce aux réformes initiées par Gerhard Schröder et mises en oeuvre par le gouvernement de coalition droite-gauche.
Peut-on rêver pour la France que, sur les sujets majeurs, nous nous rassemblions par-delà nos clivages politiques sans pour autant nous confondre ? Car les chantiers majeurs sont devant nous. Rebâtir l'Europe autour de l'axe franco-allemand sans la diluer, rendre notre économie compétitive avec comme finalité première le plein-emploi, remobiliser les jeunes désabusés et désenchantés, dynamiser l'innovation, clé essentielle des portes de l'avenir, mais aussi pour nous, Européens, fils des Lumières, ne pas perdre ce qui constitue notre essence : l'humanisme. Comme le dit très bien Luc Ferry dans son dernier livre, l'enjeu ultime, c'est de ne pas perdre la quête du sens de la vie dans cette mondialisation qui n'en a pas.
Bruxelles souhaite protéger la neutralité du Net
La commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Neelie Kroes, est favorable à un Internet neutre, où chacun peut accéder à tous les services et contenus, et s'est dite prête à agir si nécessaire pour l'assurer, a-t-elle indiqué jeudi 11 novembre.
"Je suis prête à agir pour assurer ceci, si cela s'avère nécessaire à quelque moment que ce soit", a-t-elle prévenu. La commissaire néerlandaise a estimé que les instruments de régulation existant dans l'immédiat étaient suffisants, mais a averti qu'elle allait "surveiller de près" les actions des régulateurs nationaux, afin d'assurer une approche harmonisée au sein de l'UE.
"La gestion du trafic devrait être utilisée de manière appropriée, pour améliorer la qualité des services Internet, préserver l'intégrité des réseaux et permettre de nouveaux investissements. Cela ne devrait pas être simplement un moyen d'exploiter les contraintes actuelles du réseau", a-t-elle encore dit.
Mme Kroes a reconnu qu'il y avait encore des problèmes, comme par exemple quand des opérateurs de téléphonie mobile empêchent leurs clients d'utiliser des services de téléphonie via Internet comme Skype. Ce type de service coûte beaucoup moins cher qu'une communication téléphonique classique, mais rapporte aussi moins à l'opérateur.
Les consommateurs doivent être "dûment informés" de telles limitations de services et "ne pas sous-estimer leur propre pouvoir", a-t-elle noté. "Je dis aux gens pour qui Skype est actuellement bloqué : votez avec vos pieds et changez d'opérateur de téléphonie mobile."
EADS : Nicolas Sarkozy étrenne son nouvel avion présidentiel
Nicolas Sarkozy a étrenné aujourd'hui son nouveau long-courrier, un Airbus A330-200 réaménagé. L'appareil a décollé d'Orly peu après 13h30, direction Séoul où le Président est attendu pour le G20.
Acquis auprès de la compagnie Air Caraïbes, l'A330-200 d'une capacité initiale de 324 places a été transformé en un avion VIP d'une soixantaine de places, avec chambre, salle de bain et salle de réunion.
Ce vol inaugural portera peut-être chance au groupe aéronautique qui publiera demain matin ses comptes du 3ème trimestre 2010. Les analystes interrogés par Bloomberg misent en moyenne sur 10,88 Milliards d'Euros de revenus (fourchette 10,24 à 11,46 MdsE) sur un EBIT de 310,75 MdsE (fourchette 202 à 429 ME) et un bénéfice net ajusté de 133,61 ME (fourchette de 47 à 254 ME).
La presse économique pessimiste à l'ouverture du G20
"Des différences considérables persistent sur les questions des monnaies et des déséquilibres des comptes courants", a déclaré le porte-parole du comité présidentiel sud-coréen du G20, Kim Yoon-Kyung, après des discussions mercredi entre hauts responsables des finances."Beaucoup reste à faire" pour réduire les déséquilibres, affirmait de son côté David Cameron. Autant de déclarations qui laissent peu d'espoir de voir des solutions concrètes émerger, alors que s'ouvre le sommet de Séoul jeudi.
COUVRE-FEU POUR LA GUERRE DES MONNAIES
Le China Daily expliquait jeudi matin que "les représentants n'ont pu se mettre d'accord [sur le communiqué], mais essaieront d'arriver à des accords plus tard"... Selon le Wall Street Journal, le document devrait se contenter de réaffirmer la nécessité de laisser le marché déterminer les taux de changes, sans mettre davantage de pression sur la Chine sur la réévaluation du yuan.
Un pronostic partagé par le Financial Times. Le quotidien rappelle que des progrès sur ce point dépendent essentiellement de la Chine et des Etats-Unis, mais que tous deux disposent de marges de manœuvre réduites à cause de leur situation intérieure. L'administration américaine dépend du Congrès pour mettre en place des mesures de réduction de ses déficits qui apaiseraient les critiques sur la politique d'assouplissement menée par la Fed. La Chine, de son côté, craint les implications politiques et sociales que pourraient avoir des changements trop brutaux dans sa politique économique.
PAS D'OBJECTIFS CHIFFRÉS POUR LES DÉSÉQUILIBRES
Les représentants des pays membres n'ont visiblement pas réussi à surmonter les tensions entre pays excédentaires et déficitaires. Les déséquilibres des balances commerciales sont accusés de contribuer à l'instabilité de l'économie mondiale. Barack Obama avait souhaité que le communiqué final du sommet "commence à mettre en place des mécanismes qui nous aideront à identifier et à encourager une croissance équilibrée et durable". Mais les Etats-Unis auraient finalement renoncé à réclamer un plafond de 4 % du PIB pour les excédents de la balance des comptes courants, préférant "miser sur le long terme", d'après le Financial Times, Washington voyant toute pression supplémentaire sur Pékin comme "contre-productive".
Le secrétaire d'Etat américain au trésor Timothy Geithner avait défendu cette mesure devant ses collègues du G20 en octobre. Mais Berlin et Pékin, tous deux excédentaires et premiers visés, ont rejeté en bloc la proposition. "Fixer politiquement des plafonds aux excédents ou aux déficits des comptes courants n'est ni économiquement justifié ni politiquement approprié", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel devant un parterre d'hommes d'affaires, peu avant l'ouverture du sommet.
Pour le quotidien économique allemand Handelsblatt, qui titre "La muraille de Chine contre le flot américain", un engagement sur un "partage du travail", qui verrait les pays excédentaires faire des efforts pour stimuler leur demande et les Etats-Unis accepter de mettre en place une politique monétaire plus restrictive, est improbable dans l'immédiat.
Si cette tendance se confirme, le G20 pourrait au mieux déboucher sur un accord a minima demandant au FMI d'élaborer des directives pour réduire les écarts entre pays déficitaires et excédentaires.
Le producteur de cinéma Dino De Laurentiis est mort
Dino De Laurentiis, producteur italien notamment de Riz amer, de Giuseppe De Santis, et de films à succès de Fellini comme La Strada et Les Nuits de Cabiria, ou encore de Dune, de David Lynch, est décédé à l'âge de 91 ans à Los Angeles, ont indiqué jeudi 11 novembre plusieurs agences italiennes.
UN DES PRODUCTEURS PHARES DU NÉO-RÉALISME
De Laurentiis avait commencé sa carrière très jeune, à seulement 20 ans, devenant l'un des producteurs phares de la renaissance culturelle de l'Italie dans l'après-guerre et du cinéma néo-réaliste. Dans les années 50, outre Fellini, il avait travaillé avec les réalisateurs Roberto Rossellini et Eduardo De Filippo, et avait produit La Grande Guerre de Mario Monicelli, avec Alberto Sordi et Vittorio Gassman.
Avec Carlo Ponti, producteur qui deviendra plus tard l'époux de Sofia Loren, De Laurentiis avait fait réaliser en 1948 le premier film italien en couleurs. Il avait épousé en 1957 l'actrice Silvana Mangano, dont il avait divorcé en 1988, un an avant la mort de la star.
"C'est la fin de l'ère du consensus pour le gouvernement de Cameron"
La Grande-Bretagne n'était plus habituée à assister à des débordements de violence lors de manifestations. Lors du G20 en 2009, la police avait quadrillé la ville de Londres et largement empêché tout débordement. Mais hier, le défilé des étudiants contre le plan d'austérité du gouvernement Cameron a donné lieu aux manifestations les plus violentes en Angleterre depuis vingt ans.
Le tabloïd The Sun dénonce plutôt des "abrutis sans cerveau" ("brainsless"). Une description qu'il applique aussi bien aux manifestants qui se sont attaqués aux locaux du Parti conservateur qu'aux forces de l'ordre, pas du tout préparées à ces actes selon lui. Le journal raille les tactiques policières, devenues "tout doux, tout doux" après les bavures lors du G20 en 2009 : "Dans un premier temps, seuls vingt policiers barraient la voie vers la Millbank Tower. Il a fallu deux heures avant que des renforts significatifs arrivent. A un moment, la police a même dû se résoudre à envoyer des messages sur Twitter pour tenter de calmer les jeunes", s'exclame le journal, atterré.
CES MANIFESTATIONS "DÉTOURNENT L'ATTENTION DU RÉEL PROBLÈME"
Le conservateur et moralisateur Daily Express rappelle que l'université est censée être "la destination des plus brillants jeunes du pays". Pour lui, la manfestation a dégénéré à cause de "l'habituelle clique d'extrême gauche 'prête-à-manifester' convaincue que le désordre va faire chuter le capitalisme". Il est surtout sévère sur les conséquences de ces violences. Pour lui, s'il existe des "arguments légitimes" pour s'élever contre des coupes trop importantes dans le budget de l'éducation, la manifestation de mercredi va les affaiblir : "Les millions de personnes qui ont assisté à ces scènes se diront sûrement qu'il y a bien d'autres groupes à défendre et qui méritent les aides publiques plus que les étudiants."
Le Guardian se fait nettement plus nuancé dans son analyse et espère que le public fera la différence entre la minorité qui a violemment attaqué le siège des tories et l'immense majorité des manifestants qui est restée pacifique. Dans son éditorial, il estime que "la manifestation d'hier pourrait marquer une étape importante" : "L'opinion reste divisée à propos des mesures d'austérité du gouvernement. Beaucoup admettent qu'elles sont nécessaires, mais perçoivent aussi qu'elles sont trop rapides et trop profondes. L'ampleur de la manifestation des étudiants pourrait encourager les opposants à ces mesures à entrer dans le mouvement et à rejoindre les protestations des étudiants."
LES FACS DEVIENDRONT "DES BASTIONS POUR ENFANTS DE RICHES"
Le quotidien The Independent poursuit l'analyse politique de la manifestation en avançant qu'elle marque déjà "la fin de l'ère du consensus pour le gouvernement de coalition". Un consensus "pourtant promis par David Cameron lors de sa prise de pouvoir il y a tout juste six mois".
Comme le Daily Mail, le populaire tabloïd The Mirror s'en prend aussi dans son éditorial à ceux qui ont "piraté" la manifestation. Mais pour lui, c'est parce qu'il risquent de "détourner l'attention du public du réel problème des enfants des familles à bas et moyens revenus qui seront exclus de l'éducation". Les dommages causés par d'imbéciles casseurs peuvent être réparés, poursuit-il. (...) Mais nous ne devons pas perdre de vue l'incidence qu'aura l'augmentation de près de 9 000 livres [10 563 euros] des frais de scolarité et comment les universités vont redevenir des bastions pour enfants de riches."
Bouleversement sur le marché mondial des téléphones mobiles
Deux éléments expliquent la déconvenue de Nokia. D'une part, et ce n'est pas nouveau, la concurrence est de plus en vive sur le segment haut de gamme, celui des smartphones. Apple a ainsi amélioré sa part de marché au troisième trimestre, grâce à la sortie de son iPhone 4. Le groupe à la pomme repasse même devant Research in Motion (RIM), le fabricant du BlackBerry. De même, les smartphones fonctionnant avec le logiciel Android de Google, des appareils fabriqués par Samsung, LG, Sony Ericsson ou encore Motorola, font une énorme percée.
Android passe devant l'iPhone
Le système Android équipe 25 % des 80 millions de smartphones vendus dans le monde au troisième trimestre, plus de cinq fois plus qu'un an auparavant. Android passe devant l'iPhone (16,7%, en baisse de 0,4 point), mais derrière Symbian, le système de Nokia (36,6%, en chute de 10 points).
Second phénomène, plus nouveau et surtout qui prend de l'ampleur : la concurrence des fabricants des pays émergents qui ne disposent pas forcément de leurs propres marques mais qui fabriquent des téléphones pour des tiers (marques blanches). Ces constructeurs, comme les chinois Yulong, Bird ou Kejian, détiennent, selon Gartner, 33 % du marché mondial, soit 137 millions d'appareils vendus au troisième trimestre, essentiellement dans les pays émergents, un segment de marché que lequel Nokia écrasait toute la concurrence autrefois. Il y a un an, ces « marques blanches » ne représentaient que 16 % du marché mondial.
Selon Gartner, la percée des fabricants de téléphones sous marque blanche va nourrir la croissance du marché mondial des téléphones mobiles en 2010. Le cabinet table sur une hausse de 30 % des volumes vendus cette année, contre une précédente prévision de 13 % à 15 % de hausse auparavant.
35 millions de dollars pour une bouteille de Coca Cola de Warhol
Une toile en noir et blanc d'Andy Warhol représentant une bouteille de Coca Cola a été acquise pour 35,36 millions de dollars lors d'enchères organisées mardi par Sotheby's.
Le lot de 54 oeuvres d'art d'après-guerre et contemporaines mises en vente a trouvé preneur à 91% pour un total de 222,4 millions de dollars, commissions incluses.
La toile de Warhol, intitulée "Coca-Cola (4) (Large Coca-Cola)" a largement dépassé le haut de sa fourchette d'estimation qui était de 25 millions, illustrant l'appétit croissant des collectionneurs pour l'art d'après-guerre.
D'autres ventes marquantes furent celles d'oeuvres de Gerhard Richter acquises pour 13,23 millions et 11,3 millions, et "Figure in Movement" de Francis Bacon cédée pour 14 millions, chacune ayant été attribuées pour plus du double de leur estimation basse.
En tout, six oeuvres ont dépassé les 10 millions de dollars, dont une oeuvre sans titre de Rothko acquise pour 22,5 millions de dollars.
Ce marché, ainsi que l'intérêt pour l'art contemporain, s'est développé au cours des dernières années, éclipsant parfois la demande pour les artistes impressionnistes ou "modernes".
Après un rapide déclin dans le sillage de la crise financière de 2008, le marché de l'art a retrouvé sa vigueur en 2010, tiré en partie par l'émergence de nouveaux collectionneurs dotés de fortunes tirées du pétrole, du gaz et de l'or.
Le PS renoue avec les joutes entre présidentiables
L'unité affichée par le Parti socialiste depuis six mois sort écornée du débat sur l'égalité réelle, qui a fait naître une coalition de circonstance entre outsiders présidentiels au grand dam de Martine Aubry.
Au nom de la "crédibilité", François Hollande, Pierre Moscovici, Manuel Valls et leurs proches, trois poids lourds tenants de la ligne social-démocrate au sein du PS, se sont abstenus mercredi soir lors du vote sur le projet qui va de l'éducation à la fiscalité en passant par la santé.
"Je ne sais pas ce que ça veut dire d'être trop à gauche", a répliqué le premier secrétaire du PS sur France Culture, accusant ses adversaires internes d'affaiblir le parti "au moment où la crise est forte".
Revenue dans le jeu collectif, Ségolène Royal a fait parvenir ces derniers jours un ensemble de propositions sur l'égalité des chances, concentrées sur l'emploi des jeunes.
Mercredi, l'ancienne candidate à l'Elysée, qui, comme Martine Aubry, entretient le suspense sur ses ambitions présidentielles, a appelé à la fin des "postures" politiciennes au sein du parti.
"Nous sommes dans le temps du travail collectif pour montrer que la France mérite mieux que ce qu'elle a. Ensuite il y aura le temps des candidatures", a déclaré la présidente de Poitou-Charentes en marge d'une conférence de presse sur la croissance verte à Paris.
Preuve d'une certaine résistance mais surtout d'une apathie générale sur un texte censé constituer le "fil rouge" de toutes les politiques socialistes à venir, seuls 59 élus ont voté "pour" mardi soir sur 330 votants potentiels, 12 s'abstenant.
Les trois précédents textes - sur le "modèle de développement", la rénovation politique et les relations internationales - avaient été adoptés à la quasi-unanimité.
"Douze abstentions, c'est personne. Ils ont beaucoup aboyé mais la caravane passe", relativise un proche de Martine Aubry pour qui le vote de mardi soir était "un premier round de primaires" qui se conclut par un "avantage Martine".
ARRIÈRE-PENSÉES
Pour Manuel Valls, au contraire, le PS est "dans une espèce d'édredon", parce que la direction du parti fuit la confrontation mais surtout "parce que tout le monde attend de savoir qui est candidat" pour se mobiliser à nouveau.
Les primaires présidentielles sont prévues à l'automne prochain, après les élections sénatoriales, ce qui promet de longs mois de bataille plus ou moins feutrée avant le dépôt officiel des candidatures, en juin.
Le PS doit encore tenir deux forums à haut risque - sur la sécurité en décembre et les institutions en février - avant de présenter son projet présidentiel, en avril prochain.
Si "on fait des catalogues à la place des programmes, ça va être très dur", prévient Manuel Valls. "Le rôle des politiques c'est de dire que tout n'est pas possible. Les électeurs sont mûrs pour ce message", estime le député-maire d'Evry, seul candidat ouvertement déclaré aux primaires.
Pour certains au PS, il y a aussi des arrière-pensées présidentielles chez Martine Aubry. Comme l'ancienne ministre des Affaires sociales "ne sait toujours pas ce qu'elle veut faire, elle est sur les dents et elle se laisse déborder sur son aile gauche", déplore un secrétaire national.
François Rebsamen, proche de François Hollande, concentre d'ailleurs ses attaques sur Benoît Hamon, porte-parole du PS et pilier de la gauche du parti, qui n'exclut pas une candidature aux primaires si le directeur du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn décidait de se présenter.
L'ancien député européen a piloté les travaux de la convention sur l'égalité réelle qui a débouché sur un texte prônant, entre autres, la suppression du crédit renouvelable, un "pôle public de l'énergie" appuyé sur Total ou des régies publiques de distribution d'eau.
Verdict de François Rebsamen: "Une vision quelque peu étatiste et simpliste de la société" française.
Au fond, c'est une question de morale. Simple. Ecouter (téléphoniquement) les journalistes, c'est mal. Et, même pour les cyniques qui le contesteraient, l'expérience le prouve : écouter les journalistes, c'est politiquement stupide parce que ça n'a jamais servi à rien d'autre qu'à alimenter scandales et polémiques.
Le temps n'y fait rien. L'alternance des régimes non plus. La tentation n'a pas de couleur. Sinon l'empreinte du pouvoir, toujours tenté d'abuser de son pouvoir. Toujours tenté de contorsionner la loi pour la plier aux pulsions d'une curiosité aussi excessive que malsaine. Savoir, savoir à tout prix... pour déminer ce qu'on croit être explosif.
Tour à tour la gauche et la droite ont été prises la main dans le pot de confiture, et les doigts dans les fiches des écoutes illégales. François Mitterrand s'était déshonoré à ce petit jeu qu'il avait développé à grande échelle dans le secret le plus absolu. Aujourd'hui, c'est l'Elysée, le ministère de l'Intérieur et celui de la Justice qui, tout en contestant les allégations du Monde et de Mediapart, justifient de façons diverses et variées, des procédures présentées comme légales mais qui reviennent à espionner la presse en tentant de démasquer ce qu'elle a de plus précieux et de plus confidentiel : ses sources d'information. La loi protégeant ces même sources, pourtant souhaitée par le président lui-même, ne serait-elle qu'un paravent de vertu dissimulant l'inavouable ?
Ici, la nuance est irrecevable. Eplucher des factures téléphoniques détaillées, c'est un viol caractérisé des libertés publiques. Justifier de telles opérations par la protection des intérêts supérieurs de la nation, c'est tout bonnement un abus de droit. Un pouvoir ne peut pas se retrancher derrière le flou de l'article 20 de la loi de 1991 pour s'autoriser à utiliser une procédure de contre-espionnage réservée à des situations de guerre ou de menace terroriste directe. Jusqu'à preuve du contraire, les péripéties de l'affaire Bettencourt n'entrent pas dans cette catégorie. Elles ne mettent en péril, ni de près, ni de loin, la sécurité de la nation...
On ne demande qu'à croire Bernard Squaricini, le directeur de la DCRI quand il déclare qu'il « ne dirige pas une officine de barbouzes ». Mais le double rappel de Matignon au respect des règles, pourtant lâches, indique assez clairement qu'elles auraient pû être outrepassées. Pour éviter le doute, il aurait mieux valu, de toutes façons, s'abstenir.
Que ces dérives ne soient pas nouvelles, ce n'est pas une excuse. Le plus révoltant est là, sans doute, dans l'acceptation du parlement, mais aussi la résignation molle d'une certaine partie de la presse, devant des pratiques indignes des valeurs de notre démocratie.
Pauvre Président, qui vole d'une guerre à l'autre ! Il y a peu encore, il espérait pacifier le monde en mettant fin, grâce au G20, à la guerre des monnaies. Impossible, prévient Madame Lagarde, qu'on a connue plus optimiste, la question est trop compliquée pour être réglée en un sommet. Notre Président escomptait également nous offrir en octobre un tout nouveau gouvernement, et nous voici en pleine guerre de Matignon, sous les feux croisés des fillonistes et des borlooistes, troupes considérables s'il en est. Oui, pauvre Président… Mais il l'a bien cherché. Qui l'obligeait d'annoncer dès juin un remaniement virant aujourd'hui à l'Arlésienne, fausses notes en prime ? Qui le contraignait à prétendre résoudre, par le miracle de sa seule personne, une crise monétaire datant d'au moins trente ans ? L'humilité est, dit-on, le secret de la réussite - mais on ne refera pas notre Président.
L'abominable tuerie que fut la Grande Guerre cessa enfin le 11 novembre 1918, voici presque un siècle. Pourtant, si éloignée que soit cette époque, nous commémorons encore avec émotion les événements qui marquèrent si profondément les pays d'Europe. Bien sûr, c'est d'abord l'héroïsme des combattants que nous saluons ainsi. Que l'on songe à ce qu'ils subirent durant quatre années, aux sacrifices qu'ils consentirent, aux peurs, aux angoisses, aux blessures qui les atteignirent, on ne peut qu'être admiratifs. On voit là ce qu'un homme peut accepter pour préserver sa patrie, promouvoir ses valeurs, sauvegarder son idéal.
Mais ce que supportèrent les soldats français de l'époque, les soldats allemands, eux aussi, le souffrirent avec autant de courage, de ténacité et d'abnégation.
Aujourd'hui, on se demande comment il se fit que deux nations de cultures et de traditions si proches, partageant souvent les mêmes croyances, purent arriver à se combattre avec un tel acharnement et tout cela pour parvenir finalement à l'épuisement de tous, et singulièrement de la France et de l'Allemagne saignées à blanc. Voyez les longues listes des tués et disparus sur les monuments aux morts des deux pays.
Cependant, la haine n'animait pas toujours les combattants. Plongés dans le même cataclysme, ils se trouvaient frères de peur et de souffrance au fond du même trou d'obus, où pleuvaient balles et éclats d'acier meurtriers. On connaît les gestes de compassion qu'ils firent les uns envers les autres pour soulager les souffrances de l'adversaire blessé. C'était l'humanité soignant l'humanité.
Combattre ce risque
C'est de cela dont nous voudrions nous souvenir d'abord.À la fois pour éviter le retour de tels malheurs et pour retrouver, au fond de chacun de nous, ce sens de la fraternité entre les hommes quels qu'ils soient.
Il n'en reste pas moins que cette guerre fut en quelque sorte le suicide de l'Europe. La guerre de 1914-1918 portait, en germe, la Seconde Guerre mondiale qui fit plus de destructions sur notre continent qu'il n'en connut jamais dans l'histoire. En démontrant qu'ils n'étaient pas invincibles, elle fit aussi perdre la face aux colonisateurs qu'étaient les peuples européens et les conduisit à se replier derrière leurs frontières, abandonnant progressivement leur influence.
Ainsi, le recours à la guerre, on le sait désormais, est la pire des conduites et pourtant il fallut bien la faire pour abattre le nazisme qui voulait dominer le monde pour les mille ans à venir.
Aujourd'hui, la guerre semble écartée. Pourtant, elle sommeille, prête à dresser à nouveau les nations les unes contre les autres en de nombreux points du globe. Une explosion, ici ou là, pourrait entraîner une déflagration générale et, cette fois, avec des armements dont la nature peut menacer la vie, toute vie sur la planète.
La guerre de 1914 montre que les civilisations sont capables de se suicider. Le risque est toujours là mais, cette fois, c'est l'humanité entière qui peut être concernée. C'est cela qui devrait nous rendre attentifs à la commémoration de cette victoire qui fut, sans qu'on le sache encore, l'amorce d'autres désastres.
Le 17e arrondissement de Paris de plus en plus "fashion" !
Certes, Dominique de Villepin vient de racheter un hôtel particulier au coeur du triangle d'or de l'arrondissement, rue Fortuny, là même où Nicolas Sarkozy passa une bonne partie de son enfance. Mais des pontes de la pub, des quadras fortunés du Net, des stars du show-biz comme Gad Elmaleh, Franck Dubosc, Élie Semoun et même les DJ branchés David Guetta et Martin Solveig ont récemment posé leurs valises dans ce coin de Paris. Et ils n'ont pas acheté des lofts dans la partie populaire des Épinettes, derrière la place Clichy reliftée. Que nenni : ils ont élu domicile sur l'aristocratique plaine Monceau (Guetta, côté 8e).
Les historiens, eux, s'en étonnent peu : les artistes ont longtemps fait partie de l'ADN du 17e. Sarah Bernhardt, Edmond Rostand, puis Marcel Pagnol ont tous les trois habité la rue Fortuny. C'est d'ailleurs l'hôtel particulier de la tragédienne que Dominique de Villepin, homme politique mais aussi écrivain, vient de reprendre. Tout près, Edmond Rostand a composé Cyrano, et Marcel Pagnol, au début du XXe siècle, y a installé son domicile et ses bureaux.
Il y a mieux encore, comme le rappelle Lucien Maillard, fin connaisseur de l'histoire locale. Igor Stravinsky a été professeur à l'École normale de musique ; Gounod, Fauré, Ravel, Poulenc ont traîné leurs partitions dans l'arrondissement, et Dumas a été hébergé gratuitement à la fin de sa vie par les frères Péreire, boulevard Malesherbes.
Moralité de l'histoire : la vie du côté des Ternes ne fut pas toujours terne... Après, certains grincheux considéreront peut-être que mettre en parallèle Stravinsky, Rostand, Pagnol avec Dubosc, Semoun et des DJ est quelque peu osé, mais bon, c'est un autre sujet.