jeudi 5 septembre 2013
Syrie : pour en finir avec la BHLisation des esprits
Le dossier syrien est pollué par une approche manichéenne du problème, marqué par le règne de l’émotion et de la com. Cela porte un nom : la BHLisation des esprits.
On se croirait revenu plusieurs années en arrière, au temps de l’éclatement de l’ex Yougoslavie ou du conflit au Kosovo. Comme à cette époque, les médias sont investis par deux sortes de personnages : des « experts » de la chose militaire transformés en commentateurs, et des éditorialistes prompts à chausser leurs rangers pour régler un conflit complexe au moyen de solutions simplifiées à l’extrême. Le « Moyen Orient compliqué »(De Gaulle) ? Foutaises. « Y’a qu’à » bombarder Assad et tout sera réglé.
C’est la forme supérieure de la BHLisation des esprits. Elle consiste à ériger l’émotion en guide suprême, à vider l’ONU de son contenu et à faire de quelques va-t-en guerres les shérifs attitrés d’une nouvelle police internationale autoproclamée. Bernard-Henri Lévy écrit dans sa dernière chronique du « La force est le dernier recours pour faire entendre raison aux assassins ». Au nom de quoi il faut « faire bloc autour du chef des armées ». A vos ordres, mon général. Ces paroles viriles sont dignes des chambrées nationalistes de 1914.
Certes, l’émotion face aux révélations sur le recours probable au gaz par Assad ou l’un de ses sbires est légitime, même si l’échelle des responsabilités reste peu claire. Mais on ne peut laisser BHL écrire de ceux qui ne partagent pas son entrain guerrier comme unique riposte possible que cette histoire d’attaque au gaz ne leur fait « ni chaud, ni froid ». Personne n’a le monopole de l’indignation. Encore faut-il voir plus loin que le bout d’un missile Tomahawk et se demander comment apporter une réponse qui ne peut se résumer à une simple « punition », pour reprendre l’expression puérile de François Hollande.
« La loi internationale » existe, écrit BHL. Justement. Si elle existe, il faut la faire respecter par les instances habilitées, aussi lourdes soient-elles à manœuvrer, et ne pas se laisser aller à une riposte à la hussarde.
Or c’est ce qu’ont fait les Etats-Unis et la France, relayés par quelques potentats arabes rêvant de déstabiliser la Syrie à des fins inavouables. Barack Obama et François Hollande ont brandi l’étendard de la guerre contre l’avis de l’Onu, de la plupart des pays européens, et de la totalité des Brics. Mine de rien, ça fait du monde.
BHL aime à se déchaîner contre la Russie de Poutine (au demeurant fort critiquable), ou contre la Chine. Mais il oublie de relever que l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du sud sont également contre une intervention. Va-t-on nous expliquer que c’est parce qu’ils soutiennent eux aussi l’infâme Assad ? En vérité, ces pays mesurent peu ou prou les risques d’un engrenage dont nul ne sait à quelles extrémités il peut conduire.
L’historien Edward Luttwak, qui fut pourtant conseiller en stratégie de Reagan et de Bush père, dit de Barack Obama, dans Le Point : « Il s’est fait piéger en nommant autour de lui des gens qui sont des interventionnistes enthousiastes…des droits-de-l’hommiste, des Bernard-Henri Lévy, en somme ». Et de poursuivre : « Aucun d’entre eux ne comprend quelque chose à l’armée, aucun n’a jamais revêtu l’uniforme, mais ils poussent le président à utiliser la force armée à toute occasion ».
On connaît très bien cette engeance. On se gardera de la confondre avec tous ceux qui prônent une intervention ponctuelle, même s’ils font fausse route. Il y a parmi eux des gens fort respectables. Tous ne sont pas des clones de BHL ou de Bernard Guetta, soudain transformé en conseiller militaire matinal de France Inter. On comprend la nécessité de ne pas laisser la Syrie se transformer en champ d’expériences attentatoires à des principes universellement reconnus. Mais rien ne serait plus périlleux que de succomber aux sirènes de l’aventurisme au nom des bons sentiments.
C’est ce qu’a fait Sarkozy en Libye, naguère, déjà téléguidé par BHL. Résultat : Kadhafi a été éliminé, ce dont personne ne se plaindra, mais la Libye est devenu un foyer de terrorisme qui a débordé au Mali, forçant la France à intervenir afin de déloger des fous de Dieu qui attendent qu’elle vienne les aider en Syrie en bombardant cet autre fou qu’est Assad. Dans l’art d’avancer en s’embourbant, il est difficile de faire mieux. Renouveler l’opération en Syrie pourrait avoir des conséquences incalculables.
C’est la forme supérieure de la BHLisation des esprits. Elle consiste à ériger l’émotion en guide suprême, à vider l’ONU de son contenu et à faire de quelques va-t-en guerres les shérifs attitrés d’une nouvelle police internationale autoproclamée. Bernard-Henri Lévy écrit dans sa dernière chronique du « La force est le dernier recours pour faire entendre raison aux assassins ». Au nom de quoi il faut « faire bloc autour du chef des armées ». A vos ordres, mon général. Ces paroles viriles sont dignes des chambrées nationalistes de 1914.
Certes, l’émotion face aux révélations sur le recours probable au gaz par Assad ou l’un de ses sbires est légitime, même si l’échelle des responsabilités reste peu claire. Mais on ne peut laisser BHL écrire de ceux qui ne partagent pas son entrain guerrier comme unique riposte possible que cette histoire d’attaque au gaz ne leur fait « ni chaud, ni froid ». Personne n’a le monopole de l’indignation. Encore faut-il voir plus loin que le bout d’un missile Tomahawk et se demander comment apporter une réponse qui ne peut se résumer à une simple « punition », pour reprendre l’expression puérile de François Hollande.
« La loi internationale » existe, écrit BHL. Justement. Si elle existe, il faut la faire respecter par les instances habilitées, aussi lourdes soient-elles à manœuvrer, et ne pas se laisser aller à une riposte à la hussarde.
Or c’est ce qu’ont fait les Etats-Unis et la France, relayés par quelques potentats arabes rêvant de déstabiliser la Syrie à des fins inavouables. Barack Obama et François Hollande ont brandi l’étendard de la guerre contre l’avis de l’Onu, de la plupart des pays européens, et de la totalité des Brics. Mine de rien, ça fait du monde.
BHL aime à se déchaîner contre la Russie de Poutine (au demeurant fort critiquable), ou contre la Chine. Mais il oublie de relever que l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du sud sont également contre une intervention. Va-t-on nous expliquer que c’est parce qu’ils soutiennent eux aussi l’infâme Assad ? En vérité, ces pays mesurent peu ou prou les risques d’un engrenage dont nul ne sait à quelles extrémités il peut conduire.
L’historien Edward Luttwak, qui fut pourtant conseiller en stratégie de Reagan et de Bush père, dit de Barack Obama, dans Le Point : « Il s’est fait piéger en nommant autour de lui des gens qui sont des interventionnistes enthousiastes…des droits-de-l’hommiste, des Bernard-Henri Lévy, en somme ». Et de poursuivre : « Aucun d’entre eux ne comprend quelque chose à l’armée, aucun n’a jamais revêtu l’uniforme, mais ils poussent le président à utiliser la force armée à toute occasion ».
On connaît très bien cette engeance. On se gardera de la confondre avec tous ceux qui prônent une intervention ponctuelle, même s’ils font fausse route. Il y a parmi eux des gens fort respectables. Tous ne sont pas des clones de BHL ou de Bernard Guetta, soudain transformé en conseiller militaire matinal de France Inter. On comprend la nécessité de ne pas laisser la Syrie se transformer en champ d’expériences attentatoires à des principes universellement reconnus. Mais rien ne serait plus périlleux que de succomber aux sirènes de l’aventurisme au nom des bons sentiments.
C’est ce qu’a fait Sarkozy en Libye, naguère, déjà téléguidé par BHL. Résultat : Kadhafi a été éliminé, ce dont personne ne se plaindra, mais la Libye est devenu un foyer de terrorisme qui a débordé au Mali, forçant la France à intervenir afin de déloger des fous de Dieu qui attendent qu’elle vienne les aider en Syrie en bombardant cet autre fou qu’est Assad. Dans l’art d’avancer en s’embourbant, il est difficile de faire mieux. Renouveler l’opération en Syrie pourrait avoir des conséquences incalculables.
Vers la suppression des niches fiscales pour les parents d'étudiants et de lycéens
D'après Les Echos, le gouvernement réfléchit à la suppression des réductions d'impôts pour les familles avec des enfants scolarisés dans le secondaire et le supérieur. Ce qui pourrait lui rapporter 445 millions d'euros en 2014.
Le gouvernement envisage de supprimer dans le budget 2014 des réductions d'impôts pour les familles avec des enfants scolarisés dans le secondaire et le supérieur, indiquent mercredi Les Echos. La suppression de ces niches fiscales permettrait à l'Etat d'obtenir 445 millions d'euros de recettes supplémentaires, a précisé le journal, citant des documents budgétaires.
Le gouvernement avait annoncé début juin la suppression de la niche fiscale concernant les élèves scolarisés dans le secondaire, dans le cadre de la réforme des prestations familiales, rappelle le journal qui souligne que cette mesure "était alors passée relativement inaperçue". Il prévoyait ainsi des recettes supplémentaires de 235 millions d'euros. Dans le courant de l'été, l'exécutif aurait décidé "d'élargir le champ de la mesure" pour l'étendre aux familles dont les enfants sont étudiants dans le supérieur, selon Les Echos. Grâce à ces recettes, l'Etat percevrait 210 millions d'euros supplémentaires.
Le gouvernement avait annoncé début juin la suppression de la niche fiscale concernant les élèves scolarisés dans le secondaire, dans le cadre de la réforme des prestations familiales, rappelle le journal qui souligne que cette mesure "était alors passée relativement inaperçue". Il prévoyait ainsi des recettes supplémentaires de 235 millions d'euros. Dans le courant de l'été, l'exécutif aurait décidé "d'élargir le champ de la mesure" pour l'étendre aux familles dont les enfants sont étudiants dans le supérieur, selon Les Echos. Grâce à ces recettes, l'Etat percevrait 210 millions d'euros supplémentaires.
Retraites : la France mécontente
Retraites : la France mécontente
Décidément, en France, l’indice de satisfaction reste du domaine de la théorie. Selon le dernier sondage Ifop publié mercredi par le magazine Pèlerin, ce sont désormais 74 % des Français qui ne sont pas satisfaits de la réforme des retraites présentée par Jean-Marc Ayrault.
Ça fait tout de même beaucoup, trois quarts de nos concitoyens ! Surtout qu’il ne s’en trouve que 2 % pour être « très satisfaits ». Sans doute n’avaient-ils pas compris la question…
Oh ! certes, les insatisfaits sont plutôt des sympathisants de l’UMP, et l’on imagine déjà Pépère fourguer ledit sondage au panier. Pas trop vite, toutefois. Car, s’il prend le temps de lire les chiffres jusqu’au bout, il s’apercevra que 80 % des 25-49 ans en font également partie. Alors qu’on aurait pu – dû ? – supposer que cette tranche d’âge n’envisageait pas, déjà, l’heure de la retraite. Ce qui prouve que, à force d’être matraqués, les Français sont décidés à réfléchir un peu, et à voir plus loin que le bout de leur nez.
Pour Hollande, la question est tout de même cruciale, parce qu’elle a une conséquence immédiate sur sa popularité. Même si celle-ci, selon la formule de l’AFP, « remonte mais reste basse ». Genre quadrature du cercle sans doute.
Cela dit, à l’Ifop, on commente en assurant que cela signifie que, « en plein conflit syrien, 55 % des Français jugent qu’il défend bien les intérêts du pays à l’étranger ». Va falloir qu’on me les présente ceux-là. Ce ne sont pas précisément ceux que l’on croise au café, ou dans le métro.
Il est vrai que le commentateur ajoute : « Sa gestion de la réforme du système des retraites semble à ce stade avoir été bien perçue par l’opinion. »
Ah ?
Ce n’est pas précisément ce qu’a compris le collectif « La Retraite une affaire de jeunes » qui redoute, au contraire, que les jeunes soient « les premiers perdants » de cette réforme. Et appelle en conséquence à la mobilisation le 10 septembre.
« Désolé les jeunes, aujourd’hui vous êtes précaires, demain vous allez être au chômage, et après-demain vous n’aurez pas de retraite à taux plein », a ainsi lancé Emmanuel Zemmour, président de l’Unef, lors d’une conférence de presse.
Faut tout de même pas en conclure que le gouvernement ne serait composé que d’esprits obtus… Ainsi le ministère de la Fonction publique, sous la férule de Marylise Lebranchu, envisage-t-il d’étaler dans le temps les hausses des cotisations retraites des… fonctionnaires.
On sait déjà que ça ne leur suffira pas. Pour FO, Christian Grolier observe : « Ça ne m’étonne pas qu’on essaye d’atténuer le choc supplémentaire de baisse du pouvoir d’achat ; mais pour nous ce n’est absolument pas une solution. La solution, c’est l’augmentation de la valeur du point. Donc, ce n’est pas cet artifice technique qui va nous satisfaire. »
On s’en doute…
Mais il y a pire. A savoir le manque de psychologie manifeste de nos dirigeants. Au moment où trois quarts de nos concitoyens clament leur insatisfaction d’une réforme, annoncer un coup de pouce, si dérisoire soit-il, en faveur des fonctionnaires, ce n’est pas précisément se rendre favorable l’opinion publique.
Il est vrai que, au point d’impopularité auquel il est arrivé, François Hollande ne peut plus guère se permettre d’illusions.
Kodak de retour aux affaires
En janvier 2012, Kodak se plaçait sous la protection de la loi contre les faillites. L’entreprise, qui a tenu de main de maître le marché de la photographie durant des décennies (Kodak a été créé en 1881), s’est retrouvée bien nue lorsque la révolution numérique a bousculé tous les marchés, le sien y compris.
La période de banqueroute, durant laquelle la société a été protégée de la férocité des créanciers pour se restructurer, est terminée : la nouvelle version allégée de Kodak est désormais seule en piste. Au passage, la compagnie a tenté de gratter partout où elle le pouvait (notamment dans les poches d’Apple), elle a perdu la face en justice, et a revendu sa propriété intellectuelle - 1.100 brevets pour 525 millions de dollars, alors qu’elle en attendait 2 milliards… Cette mauvaise fortune a néanmoins permis aux frères ennemis que sont Apple et Google de se réconcilier, au moins pour dépecer le trésor.
La période de banqueroute, durant laquelle la société a été protégée de la férocité des créanciers pour se restructurer, est terminée : la nouvelle version allégée de Kodak est désormais seule en piste. Au passage, la compagnie a tenté de gratter partout où elle le pouvait (notamment dans les poches d’Apple), elle a perdu la face en justice, et a revendu sa propriété intellectuelle - 1.100 brevets pour 525 millions de dollars, alors qu’elle en attendait 2 milliards… Cette mauvaise fortune a néanmoins permis aux frères ennemis que sont Apple et Google de se réconcilier, au moins pour dépecer le trésor.
Kodak a également cédé toute son activité grand public. On ne risque pas de retrouver demain des appareils photo griffés de la marque, mais qui sait. La société va se concentrer sur les marchés pro, comme le packaging, l’impression pour entreprises, la communication graphique et le service, annonce le CEO Antonio Perez. L’an dernier, Kodak a perdu 1,38 milliard de dollars.
Non, le travail n'est pas un gâteau
Michel Rocard et Pierre Larrouturou persistent dans l’erreur et promeuvent une nouvelle réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage.
C'est un argument qui revient régulièrement dans la bouche des socialistes de tous horizons : il y a de moins en moins de travail à pourvoir et de plus en plus de personnes sans emploi. La solution est donc simple : il faut réduire le temps de travail des gens qui ont un travail – sans perte de salaire, cela va de soi – et donner la quantité de travail restante aux chômeurs.
Cette approche résulte d'une conception particulière de notre univers : elle signifie que la quantité de travail est finie, qu'elle présente une limite supérieure indépassable tout comme la croissance qui en est à l'origine. Or force est de constater que la croissance existe encore. Mais contrairement à ce que croit massivement nos gouvernements, elle ne se décrète pas par des lois. On peut juste lui donner des conditions favorables d'exister. Ni plus, ni moins. C'est alors aux investisseurs de faire le reste, à savoir créer de la richesse et donc des emplois [1]. Quant à la baisse du temps de travail, elle peut exister, mais doit résulter de gains de productivité et en aucun d'une loi.
D'ailleurs au regard de l'histoire, aucune baisse – significative – du chômage n'a été enregistrée par la baisse du temps de travail, pas plus en 1936 avec les 40 heures hebdomadaires [2] que depuis 1998 avec la fameuse loi des 35 heures [3]. Pourtant l'échec de ces mesures pousse ses promoteurs à pousser le raisonnement encore plus loin : comme 35 heures par semaine, c'est apparemment encore trop, ils veulent descendre à 32 heures [4], voire même à 28 heures. À ce compte-là, si on passe à la semaine de 2 heures, je pense – sans nulle hésitation – que le chômage devrait disparaître avant la fin de l'année...
Non, si le gouvernement actuel veut faire baisser durablement le chômage il faut qu'il éclaircisse d'urgence l'horizon des investisseurs potentiels. Que ce soit sur la réglementation du travail, rendue complexe par l'amoncellement constant de lois, ou bien la fiscalité alourdie, ces revirements continuels n'ont de cesse de fragiliser la confiance en l'avenir. Stabiliser et assouplir ces contraintes redonneront l'impulsion nécessaire à l'investissement et à la croissance, nécessaires à la création d'emplois. Car la politique – il s'agit toujours de la même – menée en France depuis plus de 40 ans, ne produit que pénurie et déserts industriels. Un comble quand on voit les progrès technologiques effectués sur la même période.
- Rappelons-nous la phrase d'Helmut Schmidt, ancien chancelier de la RFA : "les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain". ↩
- Alfred Sauvy déclara dans son ouvrage Histoire économique de la France entre les deux guerres que la reprise économique n'aura véritablement lieu qu'avec assouplissement de la loi en 1938. ↩
- À ceux qui me diront le contraire, je leur conseille de regarder les chiffres de la croissance et ceux du chômage sur les quinze dernières années... ↩
- C'est ce que promeuvent Michel Rocard et Pierre Larrouturou dans leur livre commun, La Gauche n'a plus le droit à l'erreur, Flammarion, 2013. ↩
L’éradication du christianisme comme but ultime du « printemps arabe »
La chute du régime de Bachar al-Assad signera la fin de la civilisation chrétienne en Syrie mais aussi dans toute la région du Proche-Orient, redoutent les experts. Les chrétiens de cette partie du globe sont déjà persécutés et leur vie est en danger. Après le christianisme ce sera peut-être le tour des autres grandes religions.
Ceux qui mènent aujourd’hui la guerre contre Bachar al-Assad en Syrie sont liés au terrorisme international représenté, par exemple, par Al-Qaïda. Ces gens-là ne respectent pas les religions sauf la leur ce qui fait que ceux qui ne partagent pas leurs vision de vie et opinions politiques sont proclamés « étrangers », a dit le président du Conseil des oulémas de l’Association de l’entente islamique des muftis de Russie, Farid Salman.
« Al-Qaïda est l’un des mouvements islamiques qui n’acceptent catégoriquement pas les chrétiens. Si l’islam traditionnel considère que les chrétiens et les Juifs sont les gens de l’Ecriture sainte, les extrémistes, islamistes et autres estiment que ni les chrétiens, ni les Juifs ne peuvent être leurs partenaires dans un dialogue interconfessionnel et ne sont considérés non plus comme êtres humains. C’est ce qu’on observe, par exemple, aujourd’hui en Egypte. C’est également ce qui se passe aujourd’hui en Syrie. »
Farid Salman est convaincu que si les islamistes s’emparent de la Syrie, l’éradication des chrétiens y sera beaucoup plus sévère que ce n’a été en Irak.
« A la différence de l’Irak les relations entre les chrétiens et les musulmans sont beaucoup plus stables et profondes en Syrie. Si en Irak les rapports interconfessionnels portaient toujours le caractère de simple partenariat, en Syrie ils sont plus humains et humanitaires. L’attitude des islamistes envers les chrétiens sera donc toute différente. Du point de vue des islamistes tout ce qui a le rapport au christianisme est à effacer. Moi, j’ai vu de mes propres yeux l’héritage chrétien en train d’être détruit en Syrie. »
En lançant un appel à la croisade contre le gouvernement Bachar Assad les pays occidentaux n’ont pas pensé qu’en le faisant ils signaient l’arrêt de mort du christianisme en Syrie, considère le politologue Ajdar Kourtov, expert de l’Institut russe des études stratégiques.
« En suivant les déclarations faites par les politiques occidentaux et les publications dans la presse occidentale je peux dire que les problèmes évoqués au sujet de la Syrie concernaient en général les violations du droit humanitaire international protégeant la population civile alors que les problèmes interconfessionnels, on n’en a pratiquement pas parlé. »
De l’avis de nombreux historiens et politologues, c’est la présence des chrétiens en Syrie et au Proche-Orient qui constituait une sorte de garantie de préservation et du renforcement des positions de l’islam traditionnel dans la région.
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