mercredi 13 mars 2013
Sarkozy préféré à Hollande pour la première fois
Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls reste en tête des personnalités dont les Français ont une bonne opinion (68% dans son cas, -3 points en un mois). Viennent ensuite Christine Lagarde(65% d'opinions favorables, +2) et Bertrand Delanoë (64%, -1).
Arnaud Montebourg (57%) progresse de 9 points, Martine Aubry (53%) de 6, Jean-Luc Mélenchon (48%) de 7.
Sondage réalisé par téléphone du 7 au 9 mars auprès de 1005 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas.
Impôts, retraites, politique familiale : comment les classes moyennes vont être contraintes de payer le prix fort
Un rapport qui sera examiné jeudi par le Haut Conseil de la famille estime que les économies à dégager de la branche famille de la Sécurité sociale s'élèvent à 2,2 milliards d'euros d'ici 2016.
D'après le rapport qui sera examiné jeudi par le Haut Conseil de la famille, il faudra réduire les dépenses de prestations familiales de 2,2 milliards d'euros en trois ans pour que la Caisse nationales d'allocations familiales puissent atteindre l'équilibre. Une redistribution des allocations familiales des plus aisés vers les plus précaires serait à l'étude, tout comme un plafonnement à partir d'un certain niveau de salaire. Concrètement, les classes moyennes vont-elle être les premières concernées par ce nouvel effort ?
Eric Verhaeghe : Avec l’annonce gouvernementale d’un effort sans précédent sur les allocations familiales, les classes moyennes s’entendent officiellement dire ce qu’elles supposaient déjà, mais qui était nié par le pouvoir : l’heure de payer vient. Chèrement.
En vérité, les classes moyennes savent depuis plusieurs années qu’elles sont les grandes perdantes de la crise de 2008.
Avec moi, vous aurez la totale. |
Pour mémoire, l’Insee, depuis le rapport Stiglitz et Sen commandé par Nicolas Sarkozy, suit avec une attention particulière l’évolution des niveaux de vie selon les tranches de revenus en France. Et ce que montrent les statistiques, c'est que les classes moyennes françaises souffrent depuis 2009. En effet, alors que le niveau de vie moyen français est passé de 20 890 euros en 2004 à 22 470 euros en 2009, puis à 22 590 euros en 2010, soit une augmentation constante, avec un tassement à partir de 2008, la situation des classes moyennes a en revanche empiré à partir de 2009. Seules les personnes appartenant au dernier décile de revenus (c’est-à-dire les 10% les plus riches) ont connu une situation bien plus favorable en 2010 qu’en 2009, avec un passage d’un niveau de vie moyen de 54 020 euros à 56 190 euros. Toutes les autres catégories de population ont vu leur niveau de vie baisser en volume.
Ce phénomène est encore plus marquant, toujours selon l’Insee, quand on retient la catégorie socio-professionnelle des personnes. Dès 2008, les cadres et les indépendants ont connu des baisses de niveaux de vie, qui se sont répétées à partir de 2009. Les ouvriers et les professions intermédiaires étaient, pour leur part, épargné en 2009 par ce phénomène de baisse.
En d’autres termes, il existe un faisceau de statistiques qui convergent toutes dans le même sens : le sentiment de paupérisation qui frappe les classes moyennes françaises est corroboré par les chiffres officiels. Les cadres sont des perdants majeurs des difficultés qui touchent le pays, alors que le dernier décile préserve ses intérêts, et alors que les couches les moins favorisées bénéficient de transferts sociaux qui amortissent la saignée de la crise.
Véronique Langlois et Xavier Charpentier : Les classes moyennes risquent en tout cas de se sentir les premières concernées. Même si elles ne le sont pas au premier chef, financièrement - nous verrons concrètement comment les réformes impacteront chacun - il est probable au regard de ce qu'elles nous disent depuis 6 ans sur nos plateformes qu'elles auront tendance à être hypersensibles à tout changement sur ces questions.
Leur leitmotiv depuis des années - réaffirmé de façon constante dans toutes les études qualitatives comme les notres depuis 2007 - c'est qu'elles payent pour tout le monde. Qu'elles sont trop autonomes - c'est-à-dire responsables, désireuses de s'assumer par leur travail et leur mérite - pour être aidées, et pas assez bien rémunérées pour vivre correctement. C'est-à-dire avec le niveau de confort et de perspectives qui à leurs yeux correspond à l'effort qu'elles fournissent pour s'assurer un revenu décent sans avoir à emprunter comme elles le font par exemple aux Etats-Unis. Quand bien même elles seraient au final épargnées par la réforme qui sera finalement mise en œuvre, en un sens pour elles le problème restera entier. Au-delà de la redistribution des allocations familiales ou de tout autre réforme de la protection sociale, c'est une réforme complète de l'Etat-Providence dans un sens qu'elles jugeraient plus juste, faisant plus de place à ce qu'elles appellent le "mérite" , qu'elles attendent. Certains Français que nous interrogeons régulièrement formulent du reste de façon très claire cette attente de refondation. Une attente sans illusion, qui implique d'ailleurs les entreprises de façon beaucoup plus ouverte que ce que l'on pourrait croire : "puisque notre système est à la dérive et que les dépenses publiques ne cessent de croître, ce sont les entreprises qui doivent faire preuve d’initiative dans les domaines de la santé, de la famille et du pouvoir d’achat. Les entreprises n’ont pas vocation à jouer entièrement ce rôle là mais bon, force est de constater qu’il serait pourtant nécessaire qu’elles participent à l’effort commun."
Au delà des allocations familiales, dans quels domaines les classes moyennes vont-elles également être mises à contribution ?
Eric Verhaeghe : Dans ce contexte morose, les annonces faites par le gouvernement sonnent le glas pour tous ceux qui espéraient échapper au pire. Voici une illustration de quelques-uns des malheurs qui attendent les bénéficiaires de revenus moyens en France.
Les malheurs immédiats d’abord. Ils sont de deux sortes.
L’augmentation des impôts directs est la couleuvre la plus évidente à avaler, et paradoxalement elle n’est pas forcément la pire. Dans un pays où seule la moitié des contribuables doit payer effectivement une somme annuelle au trésor public - concrètement la moitié la mieux rémunérée, l’assiette de contributions est évidemment très faible. Elle impose des taux de plus en plus exorbitants et de plus en plus douloureux pour les assujettis.
Comme nous savons tous que ce gouvernement est trop décrédibilisé pour imposer des mesures fortes de réduction des dépenses à ses fonctionnaires (les dépenses ont d’ailleurs augmenté depuis 2013...), les premiers à payer l’addition de cet Etat dépensier seront les malheureux assujettis à l’impôt sur le revenu, dont une forte augmentation est inévitable. C’est-à-dire les classes moyennes.
On rappellera ici avec malice les chiffres de l’Insee : seuls les 10% les plus riches de la population ont connu, en 10 ans, une augmentation de leur patrimoine supérieure à 1% (proche de 3% pour être exact). D’ici peu, la moitié du patrimoine des Français sera détenue par ces 10%, qui, par la nature de leurs revenus, sont moins soumis à l’impôt. En revanche, le patrimoine des classes moyennes stagne: le relèvement de l’imposition des revenus d’activité aura donc un effet massif sur eux.
L’autre malheur immédiat que les classes moyennes peuvent redouter, c’est la diminution des transferts sociaux en leur faveur. Le coup donné sur le bec des prestations familiales en est l’indice le plus probant. Selon toute vraisemblance, les prestations destinées à accompagner le mode de garde des enfants seront durement touchées. Pour les cadres parisiens qui n’ont pas de place en crèche parce que titulaires de revenus trop élevés, l’addition va être salée. Quand on connaît le prix au mètre carré à Paris pour loger ses enfants, et le prix des nounous, on mesure rapidement l’impact de cette mesure sur la natalité des classes moyennes.
Des malheurs à plus long terme sont également à craindre. Là encore, il en est de deux sortes.
Première sorte : les malheurs sociaux. Dans la ligne de mire, on trouve au premier chef la dégradation des taux de remplacement des retraites. Avec un déficit abyssal prévisible pour les années à venir, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les revenus dont l’écart-type est le plus large - concrètement tous ceux qui sont au-dessus du plafond du régime général, vont méchamment douiller et voir leur taux moyen de remplacement passer d’un petit 70% à un probable 50, voire 40%.
Autrement dit, là où la pension de retraite équivalait à trois petits quarts du dernier salaire, elle risque de ne même plus en représenter la moitié. Voilà une mauvaise nouvelle qui oblige à préparer ses arrières en dégageant une épargne retraite le plus tôt possible, et dans tous les cas à s’y mettre à 45 ans au plus tard. Le sujet n’est d’ailleurs pas facile, car les bons produits de retraite ne courent pas les rues. Pour les cadres en entreprise qui ne seraient pas déjà couverts, c’est le moment d’adhérer à un syndicat et de réclamer à l’employeur la mise en place d’un plan collectif adapté... Et de suivre ses performances, car les banques prennent plaisir à distribuer des produits sans intérêt pour les salariés, mais juteux pour leurs profits.
Deuxième sorte de malheur : la fiscalité du patrimoine. Car dans la grande folie binaire et idéologique qui conduit le gouvernement à méchamment taxer tous les patrimoines (mais à ne pas baisser le seuil de l’ISF... Peut-être faudrait-il prendre la déclaration de patrimoine de nos élus pour comprendre pour quoi...), ceux qui auront péniblement mis de l’argent de côté pour préparer leurs vieux jours seront soumis à la double peine: ils devront aussi payer sur les quelques fruits de leur patrimoine.
Je pense ici avec empathie aux cadres soumis au forfait dans les entreprises, qui abattent bon an mal an leurs soixante ou soixante-dix heures par semaine, dans des conditions de stress souvent épouvantables. Leurs revenus, puis leur épargne, vont y passer. Car ils forment le grenier naturel de l’austérité : les quelques couches de gras qu’ils peuvent fabriquer au cours de leur vie sont une proie tentante pour un gouvernement aux abois, coincé entre les exigences européennes et la quasi-récession du pays. A moins, évidemment, s’il n’est pas trop tard, de quitter la France.
Quelles vont être les conséquences économiques et sociales ? Une partie de la classe moyenne ne risque-t-elle pas d’être paupérisée ?
Serge Paugam : Les classes moyennes ne constituent pas un ensemble social parfaitement homogène. Quelle est la frange que l’on peut considérer comme favorisée et qui pourrait dès lors contribuer à ces efforts ? Et quelle est la frange qui risque au contraire de basculer si on continue les pressions financières ? Il est difficile de le mesurer sans risque d'erreur. On voit bien qu’il y a des ménages qui, tout en se distinguant des classes populaires, ont des enfants à charge, sont parfois endettés et n'ont pas forcément de garantie face à l'avenir, notamment dans un contexte de crise de l'emploi. Tout effort de solidarité supplémentaire risquerait de les déséquilibrer davantage. Il est vrai que lorsque l’on parle du déclassement de la classe moyenne, cela ne concerne qu’une frange de la classe moyenne. Parmi les classes moyennes, certaines sont propriétaires et ont des revenus assurés alors que d’autres ménages sont plus fragiles. Je pense d’ailleurs que c’est pour cette raison qu’en 1998, après la commission Thélot, le gouvernement avait fini par estimer qu’il était préférable de revenir sur la réforme mise en oeuvre qui avait conduit de nombreux ménages, au delà d'un certain seuil de revenus, a être privés des allocations familiales, alors même que certains d'entre eux avaient plusieurs enfants et pouvaient compter sur ces allocations pour équilibrer leur budget. De fait, des familles qui avaient trois ou quatre enfants et qui ne disposaient pas pour autant de revenus très élevés ont pu faire l'expérience d'une réduction sensible de leur niveau de vie. L’effort de fiscalisation dont il est question aujourd’hui est de nature différente. La fiscalisation ne signifie pas suppression. Elle se revendique d'une perspective de justice sociale. Elle aurait des conséquences moindres pour les familles nombreuses ou très nombreuses de la classe moyenne. Il est clair néanmoins que dans un contexte de crise et d'instabilité de l'emploi, d'aucuns verront cette mesure comme une menace de plus de difficultés financières.
Véronique Langlois et Xavier Charpentier: La classe moyenne se sent déjà paupérisée- en tout cas celle que nous sondons régulièrement depuis 6 ans et qui exprime à longueur de posts sa peur du déclassement et son sentiment de vivre au jour le jour la baisse de leur niveau de vie, qui est aussi une forme quotidienne de déclassement. Il y a eu beaucoup de débats d'experts autour des chiffres de la croissance ou de la baisse du pouvoir d'achat. Notre point de vue sur cette question est qu'au-delà des chiffres, c'est une perception qui s'impose à elle de façon lancinante. Comme le disait déjà il y a trois ans un Français lors d'une de nos enquêtes, "la misère, ce n'est pas d'aller aux Restos du Coeur, c'est de ne pas arriver à boucler ses fins de mois sans avoir fait aucune sortie, aucun extra."
Nul doute que pour ces classes moyennes qui ont le sentiment de se priver de beaucoup de choses, dans leur consommation courante, depuis des années, le climat actuel est très anxiogène Car pour elles, qui ont l'impression - c'est même un de leurs marqueurs identitaires - d'être toujours trop riches pour être aidées et trop justes pour vivre comme elles le mériteraient, tout changement peut très vite être perçu comme une menace. Sans préjuger des conséquences économiques et sociales de ce qui est aujourd'hui en discussion, une grande prudence s'impose donc sur ces questions. Entre 2000 et 2005, le niveau des dépenses contraintes dans le budget des ménages de classes moyennes inférieures mesuré par le Credoc a rattrapé celui des classes modestes... Ce phénomène de paupérisation de tous les jours est donc en fait tout sauf nouveau et crée une tension de plus en plus perceptible quand on se met à leur écoute. Cette hypersensibilité cumulative ne peut bien sûr être ignorée. Surtout quand on parle à un domaine aussi symbolique que la politique familiale, qui est avec la santé au coeur de leurs valeurs et de leurs préoccupations.
Le PS au pied du mur
Le PS au pied du mur
Dans le vocabulaire de la gauche, « austérité » est plus qu’un gros mot. Une insanité. Une insulte à sa générosité revendiquée. L’été dernier encore, le gouvernement Ayrault parlait pompeusement de « redressement dans la justice ». Ces hypocrisies langagières sont détestables. Il est impensable de se réfugier derrière des trompe-l’œil maintenant que la Cour des comptes a rappelé leurs responsabilités aux ministres.
Les magistrats ont souligné que la baisse des dépenses est prioritaire ; pas de maîtrise du déficit sans réduction des dépenses publiques. La dette qui cavale impunément, voilà l’obstacle à attaquer de front.
Cela oblige à une révolution conceptuelle. La gauche a longtemps cru que taxer plus lui permettrait de redistribuer mieux, que secouer les riches serait suffisant pour donner aux pauvres. Or entre les riches et les pauvres, on trouve la vaste et fragile classe moyenne qui, après avoir hissé la gauche de succès en victoires, ne s’y retrouve plus. Elle dérape sur la pente de la précarité sans gagner en aides sociales, perdant au passage ses repères et ses espoirs.
Le drame de la majorité présidentielle est dans cet effet de ciseau venu d’une faiblesse économique doublée d’une menace politique. Les socialistes et les écologistes, qui seront confrontés en 2014 à des élections municipales décisives, en sont encore à danser d’un pied sur l’autre, ne sachant pas quand fixer le moment où le remède de cheval devra se substituer à l’addition insidieuse des purges.
Mais plus ils attendront et plus approchera une échéance encore plus redoutable, la fin d’un quinquennat dans lequel ils ont placé plus que leurs espoirs : leur croyance et leur raison d’être.
A chacun son heure de vérité !
Le « Hollande tour »
Le « Hollande tour »
Où va Hollande ? Il va en province ! À la question inquiète posée tout uniment par la presse ces derniers jours, l'Élysée a choisi de répondre à sa façon. Le chef de l'État inaugure, aujourd'hui, à Dijon, une série de visites de 48 heures sur le terrain, au plus proche des Français. Ce « Hollande tour », au rythme envisagé d'un déplacement dans l'Hexagone toutes les six semaines, marque une nouvelle phase de la communication présidentielle. Une communication plus directe et plus incarnée. Autrement dit, une communication enjambant les relais intermédiaires, à commencer par le Premier ministre.
Pour celui qui, une fois élu, entendait refuser les excès de la présidentialisation en veillant à la répartition des rôles dans l'exécutif, ce revirement stratégique est l'aveu d'un échec. François Hollande ne voulait pas être le président « qui s'occupe de tout », mais les événements et les sondages lui intiment de devenir le président qui s'explique sur tout. Inutile de souligner l'échec de Jean-Marc Ayrault dans son rôle de « patron » des ministres.
Après une tentative de reprise en main, en début d'année, les « couacs » ont resurgi. François Hollande ne peut plus rester le spectateur muet de ces annonces malencontreuses, confuses et contradictoires sur le diesel, les impôts, les retraites et même sur le « bon dictateur Chavez ». Après la « présidence normale », la « présidence sereine » a vécu. À toujours temporiser, François Hollande pourrait devenir le président d'une force trop tranquille.
Voilà les raisons de ce « Hollande tour » à l'incertain résultat. Comment croire qu'il pourrait suffire de rencontrer et d'écouter les Français pour inverser les courbes ? D'autres s'y sont essayés sans succès. Giscard d'Estaing dînait chez l'habitant, Sarkozy passait en coup de vent dans des « villages Potemkine ». Certes, précise-t-on à l'Élysée pour se démarquer, le président dormira sur place en préfecture. La belle affaire. Cela reste de la com'. Ce qui ne remplacera jamais la politique.
Ayrault, le général Hiver
Ayrault, le général Hiver
Il paraît que gouverner, c'est prévoir. Y compris le temps qu'il va faire. Pas étonnant, dans ces conditions, que l'exceptionnel épisode neigeux intervenu dans la moitié nord de la France ait déclenché l'habituel concert de protestations indignées sur l'imprévoyance de nos dirigeants et des pouvoirs publics. Il s'inscrit dans notre propension à refuser les aléas, climatiques ou autres, qui perturbent le bon ordonnancement de nos habitudes de vie. Dire cela n'empêche pas de compatir à la galère endurée depuis l'autre nuit par les naufragés de la route et du rail, ainsi que celle des 68.000 foyers privés d'électricité. Simplement convient-il de s'interroger sur l'imprévisibilité de tels événements et les moyens d'y faire face.
On notera que ce n'est pas la première fois que les mêmes causes produisent les mêmes effets. À savoir un tollé généralisé. Ce qui pousse le pouvoir à surréagir, au risque de se voir reprocher, après, de ne pas en avoir fait assez, avant. Hier, François Hollande a promu Jean-Marc Ayrault au grade de général Hiver dans ces circonstances « exceptionnelles ».
Chargé d'activer la cellule interministérielle de crise, le Premier ministre a carrément décrété la mobilisation générale contre la « crise climatique ». Rien que ça. Évitons de nous gausser. D'autres, avant lui, n'ont pas fait autrement. Reconnaissons aussi que, face à des situations exceptionnelles, nous serons toujours sous-équipés. Demandons-nous, aussi, si nous sommes prêts à accepter les contraintes d'une politique de précaution.
Dans le cas présent, on peut déplorer que les multiples alertes orange lancées par Météo France n'aient entraîné aucune prise de disposition préventive. Mais il n'est pas sûr que nous en aurions accepté les excès. Même si notre bon général Hiver est arrivé un peu après la bataille, il faut admettre que les Français ne s'accommoderaient pas forcément d'un état d'alerte permanent.
Grand écart socialiste
Grand écart socialiste
François Hollande a donc décidé d'aller vers les Français. Hier à Dijon, bientôt à la télévision, il amorce le récit d'un quinquennat en deux temps : après l'effort, le réconfort.
Pour l'effort, on n'avait pas besoin de discours. Pour le réconfort, on ne demande qu'à croire qu'un peu de croissance, associée au traitement social, finira par contenir le chômage. D'ici là, cette scénarisation, qui sent trop la com', ne dit pas tout : les socialistes ont changé de logiciel.
Être socialiste, en 1936 ou en 1981, consistait à distribuer du pouvoir d'achat et des aides pour relancer l'économie par la consommation. Dans un monde ouvert, cette politique serait désastreuse : elle creuserait le commerce extérieur, en donnant du travail au Chinois, et nos déficits, en mettant la France au banc de l'Europe.
Être socialiste, aujourd'hui, c'est produire au moindre coût les meilleurs services et marchandises possibles. Créer de la richesse avant d'en distribuer les bénéfices. Excepté la justice dans l'effort, on ne sait plus très bien ce qui le distingue de la droite, même si elle ne propose pas grand-chose d'autre qu'une motion de censure.
Tout se passe comme si François Hollande n'osait pas assumer cette révolution, accélérée par la crise et l'Europe. Pour se l'entendre dire, il suffit d'écouter la gauche de la gauche. Dans son cynisme, Jean-Luc Mélenchon a raison.
Même si dix mois de gauche n'équivalent pas dix-sept ans de présidence de droite, il ne sert à rien d'invoquer l'héritage - les Français ont choisi en mai 2012 ! - ni de brandir la crise. Les faits sont les faits. Si la manière d'y répondre a changé, il faut dire, haut et fort, que la politique de l'offre compétitive a remplacé celle de la relance par la demande.
L'opinion déboussolée
En l'assumant mal, la majorité donne le tournis, que les sondages traduisent bien.
L'opinion est déboussolée par une gauche qui protestait, hier, contre la TVA sociale, et qui applique, après bien des contorsions, un crédit d'impôt qui vaut son pesant de libéralisme.
Elle est déconcertée par un PS qui appelait à manifester contre la réforme des retraites et qui admet, aujourd'hui, qu'il faudra cotiser plus longtemps.
Elle croyait avoir voté pour une majorité qui revaloriserait les allocations et les pensions, pas pour une gauche qui pense à les taxer ou laisse filer le prix de l'essence.
Elle se souvient même d'Édith Cresson ministre, qui bloquait les magnétoscopes japonais à Poitiers, et regrette que l'on ne protège pas les briquets Bic du dumping chinois.
Elle déplorait les misères faites, par la droite, aux collectivités locales, sans savoir que la gauche les soumettrait à une diète sévère.
Ces changements de cap, la cacophonie fiscale qui donne l'impression, chaque matin au réveil, que l'on va encore payer cinq milliards de plus, minent le moral et créent de l'attentisme. À défaut de relance par la consommation, la relance par la confiance, elle ne coûte rien, si ce n'est de la clarté et de la cohérence.
François Hollande fait ainsi le grand écart entre des alliés chauds bouillants, une gauche sagement gestionnaire et une base qui espérait mieux. Voilà pourquoi il est aussi risqué que nécessaire d'aller au contact des Français.
En tournée !
En tournée !
En visite à New Delhi, Moscou ou Alger, François Hollande incarne la France, sa culture et ses industries. A Tombouctou, il est le chef d’une armée dont on salue l’engagement. Mais à Dijon, chef-lieu de la Côte-d’Or, qui représente-t-il sinon une majorité amincie et une présidence chahutée ?
Le PS laisse entendre que le chef de l’Etat est sur le point de « parler aux Français ». Mais si une allocution télévisée permet de tracer des perspectives et de développer des projets, elle ne peut pas grand-chose contre une décote d’amour. Face à la débandade des cœurs, rien ne vaut le bain de foule et les rencontres avec « les vraies gens ».
Pas question toutefois de bomber le torse, on n’est pas au Mali. Il faut agir finement, garder ce qu’il faut d’humilité pour montrer qu’on perçoit les angoisses du peuple tout en affichant la détermination de celui qui a un cap et entend s’y tenir. L’habillage du calendrier est décisif. François Hollande passe une trentaine d’heures à 300 km de Paris et cela devient « un voyage de deux jours ». Découcher en province, la belle prouesse ! Mais dans notre monde de signes et de « communication », cette nuitée bourguignonne est là pour écarter l’idée que le président est coupé de ceux qui l’ont élu.
Le bain de foule est l’antidote des sondages acides, la potion de l’élu en déconfiture. Donner à voir les applaudissements des militants est une façon de réactiver le bon vieux principe politique : « si des gens vous applaudissent, c’est qu’au fond ils adhèrent ». C’est pourquoi, même à l’heure de Twitter et de Facebook, quand le chômage touche 3,7 millions de compatriotes, François Hollande doit mettre ses pas dans ceux de Mitterrand, Chirac et Sarkozy, serrer des mains, hocher la tête, souligner qu’il est « à l’écoute » et dire qu’envers et contre tout il faut « garder confiance ».
Métier de président, métier compatissant !
Les niches fiscales auxquelles pourrait s'attaquer le gouvernement
Les niches fiscales sont dans le viseur du gouvernement. Dans ses lettres de cadrage envoyées aux ministres, Jean-Marc Ayrault a demandé à ce que ces dépenses baissent de 5% en 2014 par rapport à leur évolution spontanée. Ce qui représente environ 3,5 milliards d'euros de nouvelles coupes à trouver, selon Les Echos.
Le choix est large : il existe quelques 433 niches, dont le coût est estimé à 70,77 milliards d'euros, selon un document publié en annexe du projet de budget 2013. Mais l'exécutif devrait probablement se focaliser sur 17 mesures, qui concentrent plus de la moitié de ces dépenses. Revue de détail des plus onéreuses d'entre elles, qui représente chacune une charge de plus de 2 milliards pour le contribuable.
TVA allégée sur les travaux d'entretien et de rénovation des logements
Coût en 2013 : 5,33 milliards d'euros
Coût en 2013 : 5,33 milliards d'euros
Actuellement, les travaux de rénovation, d'aménagement ou d'entretien réalisés dans des logements achevés depuis plus de deux ans sont soumis à un taux de TVA de 7%. Cette niche, qui vise à soutenir le secteur du BTP, est la plus onéreuse de toutes : 5,33 milliards d'euros en 2013, après 5,23 milliards l'an dernier. L'avenir de cet avantage fiscal reste flou. En théorie, le taux de TVA doit passer à 10% en janvier 2014, afin de financer le crédit d'impôt compétitivité. Mais des députés socialistes militent pour le redescendre à 5%.
Crédit d'impôt recherche
Coût en 2013 : 3,35 milliards d'euros
Coût en 2013 : 3,35 milliards d'euros
Les entreprises engageant des dépenses en matière de recherche et développement peuvent récolter ce crédit d'impôt, égal à 30% des dépenses jusqu'à 100 millions d'euros et à 5% au-delà. Environ 14.300 sociétés en ont bénéficié en 2011.
Abattement de 10% sur le montant des pensions
Coût en 2013 : 3,28 milliards d'euros
Coût en 2013 : 3,28 milliards d'euros
Les retraités bénéficient d'un abattement de 10% pour le calcul de leur impôt sur le revenu. Compris entre un minimum de 374 euros par retraité et un maximum de 3.660 euros par foyer fiscal, ce dispositif profite à 7 millions de ménages. Il a été récemment contesté par la Cour des Comptes, pour qui les retraités n’ont plus à supporter de dépenses au titre de leurs frais professionnels.
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