Les ministres importants, ce sont ceux qui ont leur photo en grand dans les journaux. Cinq hommes : Ayrault, Fabius, Valls, Sapin, Moscovici. Hollande d'accord pour faire la parité, mais pas trop près de son bureau.
vendredi 25 mai 2012
Les ministres importants, ce sont ceux qui ont leur photo en grand dans les journaux. Cinq hommes : Ayrault, Fabius, Valls, Sapin, Moscovici. Hollande d'accord pour faire la parité, mais pas trop près de son bureau.
France-Allemagne : Hollande joue avec le feu
L'axe franco-allemand n'est pas une péripétie politicienne. C'est une nécessité historique. Attention de ne pas le détruire !
François Hollande affiche à l'égard de l'Allemagne
une certaine désinvolture. Au-delà des divergences qui peuvent exister
entre Paris et Berlin, le président de la République ne semble pas avoir
pleinement pris la mesure de l'enjeu fondamental que constitue la
relation franco-allemande. Lors du dîner "informel", mercredi 23 mai,
des chefs d'État et de gouvernement visant à préparer le sommet européen
du 28 juin, François Hollande s'est montré plutôt distant à l'égard d'Angela Merkel.
Là où ses prédécesseurs ne manquaient pas une occasion de démontrer la
proximité - voire la complicité - entre les deux pays, le nouveau chef
de l'État prend soin de relativiser l'importance de l'axe
franco-allemand. Comme si c'était une péripétie ! Comme si des solutions
alternatives existaient !
L'affaire n'est pas nouvelle : chaque nouveau président rêve d'un "ménage à trois", généralement avec l'Angleterre.
"On va voir si l'herbe est plus verte à côté avant de revenir vers le
pâturage rhénan", observe un diplomate familier du dossier. Rien n'est
en effet possible en Europe
sans le moteur franco-allemand. "Plus on est nombreux, plus celui-ci
doit être puissant", constate notre diplomate. L'engin fonctionne selon
le principe des moteurs à explosion : les crises périodiques déclenchent
ensuite une impulsion.
Vouloir isoler Merkel : une grosse erreur
Encore faut-il savoir gérer ces crises, ménager les susceptibilités, sauver les apparences, ne jamais accréditer l'idée que les rapports entre Paris et Berlin sont en train de se déliter. La prestation de François Hollande laisse, sur ce point, à désirer. Sur le fond : pourquoi avoir exigé, avant de devenir plus flou, une renégociation du pacte budgétaire (TSCG - traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'union économique et monétaire) dont on sait pertinemment qu'elle est inacceptable ? Le pacte a déjà été validé par plusieurs États et, pour entrer en vigueur, il suffit que 12 pays sur 17 de la zone euro le ratifient. Et pourquoi ressortir la vieille lune des eurobonds dont Berlin ne veut à aucun prix?Sur la forme : Hollande est à peine poli avec Angela Merkel et donne l'impression de vouloir l'isoler. Il feint d'ignorer que la chancelière n'est pas dans une position politique facile. Elle dirige une coalition, ce qui est toujours compliqué. Elle a dû batailler pour faire admettre à son opinion publique la nécessité d'aider la Grèce, pays qui a fait de la gabegie une méthode de comptabilité publique. Elle doit composer avec le Bundestag (chambre basse) et le Bundesrat (la chambre haute). Dans cette dernière, qui représente les Länder, l'opposition est majoritaire. Elle est sous le contrôle de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui veille comme le lait sur le feu à tout transfert de souveraineté vers l'UE. Angela Merkel ne peut pas faire tout ce qu'elle veut et surtout pas faire admettre aux Allemands qu'il faut payer plus...
Petits calculs
François Hollande aurait tort de spéculer sur une victoire des sociaux-démocrates aux prochaines élections. D'abord parce que celles-ci sont encore loin, en principe en 2013, et qu'il y a le feu dans la maison Europe. Ensuite parce qu'Angela Merkel est loin d'être battue d'avance. Enfin parce que c'est le SPD de Gerhard Schröder qui a mis en place les réformes (recul de l'âge de la retraite, flexibilité du marché du travail, diminution de la durée d'indemnisation du chômage) dont le Parti socialiste en France ne veut pas entendre parler.L' axe franco-allemand ne ressort pas de la politique politicienne, de petits calculs à court terme, des manoeuvres à courte vue. Depuis le traité de l'Élysée de 1963, la réconciliation entre les deux peuples voulue par de Gaulle et Adenauer, il s'agit d'une communauté de destin dictée par la géographie et l'histoire.
Les banques allemandes font-elles de l’économie ou de la politique ?
Le 21 mai dernier, la Deutsche Bank a repris par le biais d’une note une proposition émise par Citigroup en septembre 2011 évoquant la création d’une double monnaie en Grèce. Il s’agirait de conserver l’euro comme devise pour les échanges commerciaux et la libélisation de la dette, et le « geuro » comme monnaie intérieure afin de permettre une dévaluation compétitive pour affaiblir le coût du travail. Quelles conséquences économiques pour la Grèce et la zone euro pourrait avoir la mise en place d’un tel scénario ?
La Deutsche Bank ne cherche t-elle pas à préparer les esprits afin de renforcer la position tenue par Angela Merkel actuellement en difficulté dans les négociations européennes ?
Alors que l’OCDE estime que le rétablissement de l’économie mondiale dépendra de la zone euro, comment expliquer que ces banques tiennent une telle position ? Ne défendent-elles pas plutôt leurs intérêts ?
Dieu que le X est triste
Il faudrait punir le crime de lèse-Choron
Dans la 1ère circonscription de l’Ariège, une certaine Céline Bara se présente aux élections législatives 2012. Elle appartient toute entière au MAL, le Mouvement Antithéiste et Libertin (mais également, on n’est jamais trop prudent, « antisectes et anticapitaliste »).Cette actrice de films pornographiques, dont le titre du dernier en date, Au nom du fist, est une sorte de synthèse de son projet anti-religieux et de ses activités extra-conjugales, a toute une série d’intéressantes mesures à promouvoir comme la fermeture des lieux de culte et des zoos, l’avortement jusqu’au dernier mois de grossesse et la peine de mort pour le condamné qui la réclame, l’interdiction de conduire pour les plus de 70 ans et la stérilisation des handicapés à la naissance, la politique de l’enfant mais également de l’animal domestique uniques etc…
On passera sur la contradiction qu’il y a à se dire anticapitaliste et avoir à son actif plus de 150 films classés X, à parler de volupté tout en affichant un regard glacial même soumise à toute une série d’acrobaties censées arracher au moins un sourire, à se dire libertine, tout en interdisant son site aux plus de 70 ans, mais on prendra plus au sérieux sa prétention à perpétuer l’esprit du Professeur Choron en ayant proposé, en 2009 mais également cette année, des calendriers supposés renouer avec l’iconoclasme d’Hara-kiri.
Si l’on voit sur le premier la dame dépoitraillée en niqab, en Vierge au chimpanzé ou en déesse Shiva faisant des doigts d’honneur, sur le dernier en date, on est en effet davantage dans une veine excrémentielle, avec étrons sur le drapeau français (mais ouf ! Frappé du logo du FN, donc dans une perspective qu’on imagine dérangeante et salutaire) ou traînées sanguinolentes par le biais d’un crucifix judicieusement placé, sur une étoile de David et un croissant (conjointement, hein ! pas de favoritisme). A noter également la dame sur le pot, celui-ci étant décoré comme une petite synagogue de poche, intitulé finement « territoire occupé ». A part peut-être le cliché qui la montre avec un marteau et une faucille comme si elle arborait des symboles hautement transgressifs (alors qu’ils sont, sur le canapé rouge de Drucker, à la portée du premier facteur venu), aucune de ces photos n’est drôle, plutôt triste à pleurer même, tant elles témoignent de la complète absence de cet esprit mordant et absurde, drolatique et violent, qui faisait le sel des montages d’Hara-kiri.
Comme l’a intelligemment démontré Pacôme Thiellement dans Tous les chevaliers sauvages (Editions Philippe Rey, 2012)), l’humour des Choron, Gébé ou Reiser ne peut plus contrer le système d’aujourd’hui non seulement parce que l’homme ou la femme politiques sont devenus des humoristes comme les autres, aussi ringards, aussi mauvais que les autres, mais surtout parce que la réjouissante cruauté et les éclats destructeurs d’Hara-kiri seraient immédiatement mis en cause comme « atteinte aux libertés fondamentales », « populisme qui ne dit pas son nom » ou que sais-je de plus infamant encore. Rien de tel bien évidemment ici, car en se tenant à quelques symboles souillés avec application, regard noir et poitrine en avant, en ne créant aucune surprise libératrice, à l’instar d’une banale pub Benetton pour adultes, Mme Bara fait surtout preuve d’un conformisme ennuyeux à mourir.
Elle est en tout cas l’une des preuves, s’il en était besoin, que le monde politique n’est plus que « le secteur divertissement du monde industriel et financier »1.
Faudra-t-il se résoudre à briser le couple franco-allemand pour sauver l’Euro ?
Atlantico : A l'occasion du sommet européen de mercredi a eu lieu un diner entre Angela Merkel et François Hollande. Un repas au goût salé : il semble que les divergences aillent en s’accentuant, notamment sur la question des eurobonds. Face à de telles divergences, peut-on aujourd'hui sauver le couple franco-allemand ?
Réduisons le spectre : la zone euro pourrait-elle s’en sortir sans l’Allemagne ?
Dans la mesure où François Hollande et Angela Merkel n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les réponses à apporter à la crise, que faire ?
Cette divergence peut, quand tout va bien, se réduire à peu de chose. Mais, que la crise vienne taper à la porte, et les intérêts réciproques de nos États retrouvent alors tous leurs droits.
Il nous faut comprendre que la crise actuelle combine un problème particulier, la Grèce, et un problème bien plus général. L’endettement de certains pays ne peut être dissocié de la crise de la zone euro, crise dont les manifestations sont évidentes en Espagne, mais aussi au Portugal et en Irlande, ou encore en Italie et même en France.
La seule stratégie possible et jouable consiste donc à mettre l’Allemagne devant ses responsabilités, en la menaçant de lui faire porter le fardeau d’un éclatement de la zone euro. Croit-on, en effet, que Berlin serait très heureux d’une sortie de la France accompagnée d’une dévaluation de 25% ? Que deviendraient ses excédents commerciaux ? Croit-on que, politiquement, l’Allemagne puisse assumer l’éclatement de l’Europe ? On oublie trop souvent que ce n’est pas avec des ris et des sourires que l’on négocie. L’Allemagne doit donc faire un effort, et abandonner sa politique de « lone rider » (cavalier solitaire) qu’elle exerce depuis plus de dix ans. Elle doit contribuer directement par des transferts budgétaires et indirectement, par des hausses de salaires, à la création d’un contexte expansionniste en Europe.
Et si jamais l’Allemagne refusait, ce que l’on peut comprendre, alors la France devrait en tirer les conséquences et proposer à ses autres partenaires la solution d’une dissolution de la zone euro, avec une entente sur les montants des dévaluations respectives. À terme, cela permettrait de reconstituer une zone de coordination monétaire en se protégeant soigneusement des marchés financiers, dont l’Allemagne et ses alliés seraient exclus.
Cette dernière solution n’est pas souhaitable, mais elle est préférable à la poursuite de la situation actuelle qui voit la pression économique exercée par l’Allemagne porter atteinte désormais à nos intérêts vitaux en contribuant dramatiquement à l’accélération de la désindustrialisation. Nos deux pays ne peuvent s’entendre que s’ils se respectent et s’ils assument leurs différences. L’euro, tel qu’il a été conçu, organise le champ clôt de l’affrontement avec l’Allemagne. La relation entre nos deux pays ne tardera pas à s’envenimer de plus en plus. Si l’on veut sauver l’Europe, et si l’on ne peut changer l’Allemagne (et d’ailleurs de quel droit pourrions-nous le faire ?), alors il nous faut retrouver des marges de flexibilité monétaires.
Sarkozy : le renoncement ?, Saleh : bombe à retardement, Hollande : homme secret, Valérie : les points sur les i
La chute de la maison Delors
Martine Aubry dévisse et l’Europe de papa agonise
Un beau lapsus vaut mieux qu’un long discours. En souhaitant que « Martine Aubry » ne soit pas élue, le 17 juin, député de la circonscription d’Hénin-Beaumont, Vincent Peillon a révélé les vrais sentiments qu’il éprouve pour la première secrétaire du Parti socialiste : une aversion comparable à celle qu’il entretient à l’égard de Marine Le Pen. La loi d’airain de la vie politique se résume au « Vae victis ! » (Malheur aux vaincus !) du chef gaulois Brennus jetant son bouclier sur la balance pour augmenter la quantité d’or extorquée aux Romains défaits. Tous les sourires, amabilités et bises sonores échangés ces derniers jours entre Hollande, Ayrault et Martine Aubry doivent être interprétés comme une posture préélectorale. Le PS serait ainsi le pays des Bisounours, alors que du côté de l’UMP, la castagne entre Copé et Fillon n’a pu être mise au frigo en attendant le 17 juin. Personne n’est dupe, mais cette hypocrisie est une forme de politesse que l’on doit aux électeurs, comme celle des parents qui, conscients de leurs responsabilités, évitent de se quereller devant leurs enfants. Le sort des urnes a été régulièrement défavorable à Martine Aubry depuis le lancement de la primaire socialiste à la présidentielle. Emberlificotée dans le « pacte de Marrakech » conclu avec Dominique Strauss-Kahn (à lui l’Elysée, à elle Matignon), elle se plante lors de la primaire, largement battue par François Hollande. Et se comporte pendant cette campagne de manière à rendre impossible un rabibochage avec le vainqueur (« gauche molle », « quand c’est flou, y a un loup… »). La vraie campagne présidentielle redonne pourtant quelque espoir à Martine : la montée en puissance de Mélenchon dans les sondages allait rendre incontournable sa venue à Matignon, elle seule étant en mesure de se concilier les bonnes grâces d’un Front de gauche revenu aux scores du PC d’avant Mitterrand. Caramba, encore raté ! La fusée mélenchoniste n’a pas atteint l’orbite espérée, et Martine Aubry doit faire ceinture pour la rue de Varenne.Il ne lui reste plus comme choix que de faire allégeance en entrant dans le gouvernement Ayrault, qualifiée par elle de « naze », selon Le Canard enchaîné, ou de se mettre « en réserve de la République » en boudant dans son beffroi lillois. Elle a choisi cette dernière solution, qui pourrait bien être le commencement de la fin de sa carrière politique. Elle ne sera pas député, car elle ne se présente pas aux législatives, et elle a annoncé qu’elle ne briguerait pas la direction du PS lors du prochain congrès prévu au mois d’octobre prochain. Une sage décision, car en étant candidate à sa propre succession, elle allait au devant d’une grosse déconvenue : malgré toute l’amitié que lui portent quelques barons locaux du parti, ils ne se bougeront pas pour bourrer les urnes en sa faveur, comme ce fut le cas lors du congrès de Reims en 2008. Quand le patron est à l’Elysée, la maison socialiste doit être gardée par un fidèle de chez fidèle, comme du temps de Mitterrand. Comme, de l’avis général, Martine Aubry est une vraie méchante, elle profite des derniers leviers de pouvoir qui lui restent rue de Solférino pour faire quelques mauvaises manières au nouveau président, en écartant des proches de François Hollande de l’investiture PS aux législatives au profit de ses amis.
On aurait tort, cependant, de ne voir dans cet affrontement Hollande-Aubry qu’un banal choc d’ambitions personnelles. Martine Aubry, jusqu’à sa défaite aux primaires, avait amorcé un vrai tournant idéologique du PS. Flanquée sur sa gauche par Benoît Hamon (plus inconsistant que lui, tu meurs !), elle avait entrepris une dépolitisation en profondeur de la doctrine du parti. Le social disparaissait au profit du « sociétal » dans le sillage des théories développée par la fondation Terra Nova, du sociologue Michel Wieviorka et des épigones français de l’idéologie américaine du « care ». L’alliance programmatique de long terme avec les Verts s’était concrétisée par un compromis avec les écologistes où ces derniers se taillaient la part du lion, avec la sortie du nucléaire, et une approche communautariste et multiculturaliste de la gestion de la société française. Dès la victoire de François Hollande à la primaire socialiste, il fut mis bon ordre à tout cela pour en revenir à une conception plus traditionnelle d’une social-démocratie à la française, sociale dans la limite des possibilités financières, raisonnablement productiviste et ne considérant pas la Nation comme un gros mot.
Les premiers pas de Hollande sur la scène internationale, au G8, à l’OTAN et à Bruxelles confortent ce retour aux principes fondamentaux d’une gauche au pouvoir qui ne craint pas d’affirmer la singularité française dans les controverses sur la marche du monde. Il semble avoir compris que l’Europe de 2012 n’est plus celle des années 90, où Mitterrand, Delors et Kohl pouvaient, hélas, imposer à leurs peuples et au continent le funeste traité de Maastricht, dont nous payons aujourd’hui les conséquences. Penser que l’instauration d’une monnaie unique dans un espace géopolitique sans solidarité entre ses utilisateurs pouvait fonctionner en temps de crise défie toutes les lois du bon sens. Aujourd’hui, en rassemblant autour de lui la gauche du « oui » et du non au référendum de 2005, Hollande prend acte que Merkel n’est pas Helmut Kohl, et qu’il urge de sortir du dogme du couple franco-allemand envers et contre tous. L’issue de la bataille sur les euro-obligations sera à cet égard décisive.
Elle ne débouchera pas, contrairement à ce que pensent les éternels eurobéats, sur une fédéralisation en catastrophe de la gestion économique et sociale de l’UE, pour la bonne et simple raison que les Allemands et leurs alliés (Pays-Bas, Suède, Finlande et quelques autres) n’en veulent à aucun prix. Même le SPD allemand est à cet égard dans une nasse : l’opinion outre-Rhin est très majoritairement hostile à ce que l’Allemagne finance les pays dits du « Club Med », et les élections générales sont pour 2013… L’idée fédéraliste européenne est en recul partout en Europe, dans les partis de droite comme dans ceux de gauche, à l’exception des libéraux et des écologistes, dont la forme électorale n’est pas brillante… Il n’y aura donc pas d’euro-obligations « modèle Hollande », pour permettre le financement des pays en difficulté.
L’habileté de Hollande sera de faire porter à l’Allemagne la responsabilité de l’écroulement du château de cartes construit par son ancien mentor Jacques Delors. Ce dernier, qui était sorti de sa retraite pour soutenir sa fille (« la meilleure ! »), lors de la primaire PS, n’était présent ni à l’Elysée, ni à la mairie de Paris lors des cérémonies d’investiture de François Hollande. Qu’il n’ait pas été invité, ou qu’il ait boudé ces raouts est anecdotique. Il savait parfaitement que le triomphe de son ancien disciple signifiait l’enterrement de l’œuvre de sa vie.
Soixante millions d’hypocrites
- Non seulement Sarkozy n’a perdu « que » 2 millions de voix entre 2007 et 2012, mais il a fait un meilleur score que Ségolène Royal il y a cinq ans (16 865 340 contre 16 790 440). ↩
“C’est la fin de l’hégémonie allemande”
Grâce à la nouvelle orientation défendue par Paris, le
rapport de force interne à l’Union européenne devient défavorable à
Berlin et à la rigueur prônée par l’Allemagne. Ces circonstances
permettent aux Grecs d’entrevoir le bout du tunnel et de reprendre
espoir, se félicite-t-on à Athènes.
Ce sommet avait aussi une autre particularité. L’Allemagne devait, pour la première fois depuis très longtemps, faire face à un ordre du jour qu’elle n’avait pas dicté : celui des questions liées à la croissance. Peut-être qu’aucune décision n’a été prise mercredi soir, mais il est un constat clair : l’hégémonie allemande est désormais remise en cause par l’Europe. Et Berlin le sait très très bien : les dirigeants allemands sentent déjà qu’on les a chassés de leur trône.
La domination de l’Allemagne est activement contestée. Et cela affecte directement la Grèce. Hier, avant le début du sommet, la banque centrale allemande a dévoilé publiquement un rapport indiquant qu’il ne devrait plus y avoir aucun geste envers la Grèce. Et que si elle faisait faillite, ce serait un moyen “d’en finir avec cette histoire”… Au même moment, François Hollande réaffirmait son soutien et sa confiance au pays et au peuple grec.
Plus personne ne soutient la politique d'Angela Merkel
Cependant, le nouvel équilibre européen qui prend forme en ce moment se retrouve dans les conclusions du sommet : “Nous ferons en sorte que les fonds européens et tous les moyens soient mobilisés pour mettre la Grèce sur la voie de la croissance et de la création d'emplois.”L'hégémonie allemande en Europe se termine. Comme une très grande partie de la presse allemande le souligne depuis hier, Angela Merkel est plus isolée que jamais face à ses partenaires, mais pas seulement. En réalité, sa politique n'a plus aucun allié. Des organisations internationales aux États-Unis en passant par Paris et Madrid, plus personne ne la défend.
Que vont faire les Allemands ? Tout oublier et s'adapter aux nouvelles réalités, comme si rien ne s'était passé ? Certainement pas. Ils se battront, et même beaucoup. Ils ont la volonté et la puissance. Mais ils ne sont plus seuls aux commandes. Ils ne déterminent plus à eux seuls la politique à mener. Cela engendre d'énormes espoirs pour l'Europe, et surtout pour la Grèce.
La Grèce aperçoit le bout du tunnel
Pour notre pays, les circonstances ont radicalement changé ces derniers temps. La Grèce a désormais la possibilité de se battre pour revendiquer un meilleur avenir. Bien entendu, il faudra qu’elle tienne ses promesses, comme le souligne la grande majorité de nos partenaires. C'est un fait. Mais il y a un mois, personne n’anticipait ce qui s’est passé hier, ce nouvel équilibre européen. Les “engagements” auxquels tous se réfèrent, et à juste titre, ne sont plus un ensemble de dogmes hermétiques auxquels on ne peut toucher. Le paramètre de la “croissance”, maintenant mis sur la table, change la donne.La Grèce peut se baser là-dessus, comme elle peut faire bien plus encore. Elle peut se battre, tout simplement parce que nous atteignons la fin du rigorisme derrière lequel se cachait la politique nationaliste allemande. Berlin n'est plus notre seul interlocuteur... Nous devrions maintenant commencer à avoir des résultats, par exemple, sur les privatisations, ou dans le secteur de l'énergie. A quel point est-il important, surtout en ce moment, de procéder à ces avancées ?
Le pays sort du tunnel du désespoir dans lequel l’avait poussé l'hégémonie allemande. Mais nous devons montrer que nous croyons pouvoir devenir un véritable Etat européen qui souhaite ne pas vivre avec des béquilles. Nous devons faire ce qui est de toute façon absolument nécessaire pour ne pas mourir, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Europe. Et nous pouvons le faire beaucoup plus facilement maintenant que l'état d’asphyxie est en voie de disparition.
Notre avenir est aujourd’hui beaucoup plus entre nos mains qu'il ne l’était hier. Cela est de bon augure. Mais il faut une politique. Et la politique est l'art du possible. Par conséquent, le fanatisme est maintenant le plus grand ennemi. Des fanatiques, nous en avons beaucoup, et de tous les côtés. Que peut-on faire contre ? La première observation que nous devons faire aujourd'hui, c'est que la position de la Grèce ces dernières semaines, en dépit de ce qui s’est dit, s’est déjà améliorée.
Il faut s’agripper à ce rayon de lumière qu’on aperçoit au bout du tunnel, et se battre pour changer notre sort. Maintenant, nous le pouvons. L'Europe n'est plus ce qu'elle était il y a encore quelques semaines. Le contexte est différent. En outre, ce changement est le résultat de l'expression de la volonté de deux peuples, les Français et les Grecs. Les Français avaient le pouvoir de contester le Tout-Puissant allemand qui avait complètement subjugué l'ancien président jusqu'à le faire changer. Et les Grecs ont eu la force de montrer, à travers leur vote, leur mécontentement. Aujourd'hui, avec le repli du Tout-Puissant allemand, la voie européenne de la Grèce est de nouveau ouverte. Montrons que nous comprenons et que nous allons nous battre pour reconquérir notre avenir. Les conditions, en tout cas, existent désormais.
Η συγκεκριμένη σύνοδος κορυφής είχε και μία άλλη ιδιαιτερότητα, άμεσα συνυφασμένη με την προηγούμενη: η Γερμανία είχε για πρώτη φορά έπειτα από πολύ καιρό να αντιμετωπίσει μια ατζέντα που δεν είχε θέσει η ίδια: αυτή των θεμάτων ανάπτυξης. Μπορεί αποφάσεις να μην ελήφθησαν, αλλά το δεδομένο είναι πλέον ξεκάθαρο: η γερμανική ηγεμονία αμφισβητείται πλέον ξεκάθαρα στην Ευρώπη. Και στο Βερολίνο το γνωρίζουν αυτό πάρα πολύ καλά: νιώθουν ήδη να ξεβολεύτηκαν από τον αυτοκρατορικό τους θώκο…
Είναι ξεκάθαρο ότι η ολοκληρωτική ηγεμονία της Γερμανίας στην Ευρώπη πλέον αμφισβητείται έμπρακτα. Και αυτό είναι ένα γεγονός που επηρεάζει άμεσα και την Ελλάδα. Χθες, πριν από την έναρξη της συνόδου, η Ομοσπονδιακή Γερμανική Τράπεζα δημοσιοποιούσε έκθεσή της σύμφωνα με την οποία δεν πρέπει να γίνει απολύτως τίποτα άλλο για την Ελλάδα και ας χρεοκοπήσει να τελειώνει η ιστορία… Την ίδια ώρα, ο Φρανσουά Ολάντ, δήλωνε εκ νέου την υποστήριξή του στη χώρα και ζητούσε από τον ελληνικό λαό να του έχει εμπιστοσύνη.
Όμως, η νέα ευρωπαϊκή ισορροπία που τώρα διαμορφώνεται έγινε εμφανής και στο ίδιο το κείμενο συμπερασμάτων της Συνόδου, όπου, μεταξύ άλλων, αναφέρεται πως «θα διασφαλίσουμε ότι τα ευρωπαϊκά ταμεία και εργαλεία θα κινητοποιηθούν προκειμένου να φέρουν την Ελλάδα στον δρόμο της ανάπτυξης και της δημιουργίας θέσεων εργασίας».
Η γερμανική ηγεμονία τελειώνει στην Ευρώπη. Όπως πολύ μεγάλη μερίδα του γερμανικού Τύπου ήδη από προχθές σημειώνει, η Αγκελα Μέρκελ είναι πλέον όσο ποτέ απομονωμένη ανάμεσα στους εταίρους της και όχι μόνον: στην πραγματικότητα, η πολιτική της δεν έχει πλέον κανέναν σύμμαχο, από τους διεθνείς οργανισμούς, μέχρι τις Ηνωμένες Πολιτείες και από το Παρίσι μέχρι τη Μαδρίτη, όπως δεν έχει και κανέναν υπερασπιστή.
Το τέλος αυτής της ηγεμονίας δεν θα είναι μια υπόθεση στρωμένη με ροδοπέταλα. Τι θα κάνουν οι Γερμανοί; Θα τα ξεχάσουν όλα και θα προσαρμοστούν στη νέα πραγματικότητα σα να μη συνέβη τίποτα; Ασφαλώς όχι. Θα παλέψουν και μάλιστα σκληρά. Εχουν και τη βούληση, έχουν και τη δύναμη. Όμως, δεν είναι πλέον μόνοι τους. Δεν καθορίζουν πια εκείνοι τα πάντα. Κι αυτό γεννά τεράστιες ελπίδες για την Ευρώπη και, ιδίως, για την Ελλάδα.
Για τη χώρα μας, οι συσχετισμοί έχουν μεταβληθεί άρδην το τελευταίο διάστημα. Η Ελλάδα έχει τώρα τη δυνατότητα να παλέψει με αξιώσεις για τη βελτίωση του μέλλοντός της. Φυσικά και πρέπει να τηρήσει τις δεσμεύσεις της, όπως οι πάντες της υπογραμμίζουν. Αυτό είναι δεδομένο. Όμως, πριν από έναν μήνα, κανείς δε μιλούσε για αυτά που ήδη χθες, από την πρώτη ημέρα με τις νέες ευρωπαϊκές ισορροπίες, αποτυπώθηκαν.
Οι «δεσμεύσεις» στις οποίες οι πάντες αναφέρονται, και ορθώς, δεν είναι πλέον ένα κλειστό σύνολο που δεν μπορεί τίποτα σε αυτό να αλλάξει. Ηδη η εκπεφρασμένη πλέον παράμετρος της ανάπτυξης αλλάζει αυτές τις δεσμεύσεις. Η Ελλάδα μπορεί να πατήσει πάνω σε αυτή, όπως μπορεί να κάνει και πολλά άλλα. Μπορεί να το παλέψει, ακριβώς επειδή έφτασε το τέλος μιας ακαμψίας που πίσω της κρυβόταν η γερμανική εθνικιστική πολιτική. Το Βερολίνο δεν είναι πια ο μόνος συνομιλητής μας… Οφείλουμε τώρα να αρχίσουμε να φέρνουμε αποτελέσματα, λ.χ. στις αποκρατικοποιήσεις, ή στα ενεργειακά όπου μπορούμε και πρέπει, έτσι κι αλλιώς, να το κάνουμε άμεσα: πόση σημασία θα έχει άραγε αν, ειδικά αυτή τη στιγμή, προχωρήσουμε σε αυτές τις κατευθύνσεις;
Η χώρα βγαίνει μέσα από το τούνελ της απελπισίας στο οποίο την είχε ωθήσει ο γερμανικός ηγεμονισμός. Πρέπει όμως να δείξει ότι πιστεύει στην ανάγκη να γίνει και η ίδια ένα πραγματικά ευρωπαϊκό κράτος το οποίο θέλει να μη ζει με δεκανίκια. Πρέπει να κάνει αυτά που ούτως ή άλλως είναι απολύτως αναγκαίο να γίνουν για να μην πεθάνει είτε εντός είτε εκτός Ευρώπης. Και μπορεί να τα κάνει, πολύ πιο εύκολα, τώρα που το καθεστώς της ασφυξίας ουσιαστικά υποχωρεί.
Το μέλλον μας είναι τώρα πολύ περισσότερο και πάλι στα χέρια μας απ’ ό,τι ήταν μέχρι χθες. Και είναι πολύ πιο ευοίωνο. Όμως χρειάζεται πολιτική. Και πολιτική είναι η τέχνη του εφικτού. Συνεπώς, ο φανατισμός είναι σήμερα ο μέγας εχθρός μας. Από φανατισμό έχουμε μπόλικο κι από πολλές πλευρές: από πολιτική, όμως, τι κάνουμε; Η πρώτη διαπίστωση που οφείλουμε να κάνουμε σήμερα είναι ότι η θέση της Ελλάδας τις τελευταίες εβδομάδες, παρά τα όσα λέγονται, έχει ήδη αντικειμενικά βελτιωθεί.
Πρέπει να πιαστούμε από αυτή την αχτίδα φωτός και να παλέψουμε να αλλάξουμε τη μοίρα μας. Τώρα, μπορούμε. Η Ευρώπη δεν είναι πια αυτό που ήταν μέχρι πριν από λίγες εβδομάδες. Το πλαίσιο είναι διαφορετικό. Αλλωστε, αυτή η αλλαγή είναι αποτέλεσμα της έκφρασης της βούλησης δύο λαών: του γαλλικού και του ελληνικού. Ο γαλλικός είχε τη δύναμη να αμφισβητήσει τη γερμανική παντοκρατορία στην οποία ο πρώην πρόεδρός του είχε πλήρως υποταχθεί – και τον άλλαξε. Και ο ελληνικός, είχε τη δύναμη να οδηγήσει, μέσα από το αποτέλεσμα της ψήφου του σε διατυπώσεις σαν αυτή που ήδη αναφέρθηκε. Σήμερα, με την υποχώρηση της γερμανικής παντοκρατορίας, ο ευρωπαϊκός δρόμος της Ελλάδας έχει ανοίξει ξανά. Ας δείξουμε κι εμείς ότι το κατανοούμε και ας παλέψουμε να κερδίσουμε και πάλι το μέλλον μας. Οι προϋποθέσεις, πάντως, τώρα υπάρχουν.
Crise, par ici la sortie
En acceptant de discuter d’investissements communs et des
euro-obligations lors du sommet extraordinaire du 23 mai, les Vingt-Sept
ont enfin su dépasser l’opposition entre pays “vertueux” et
“dépensiers” et fait un pas vers davantage d’intégration économique.
C’est donc ce qui s’est passé hier et, dans ces quelques six heures de discussions, François Hollande a poussé ses pions face à la chancelière allemande qui a répété, elle, que "les euro-obligations ne constituaient pas une contribution à la croissance". Soutenue par plusieurs pays dont la Suède, la Finlande et les Pays-Bas, Madame Merkel a redit son opposition à cette idée défendue par la France de mutualiser les emprunts des Etats-membres afin que tous bénéficient, en donnant leur garantie commune, de taux égaux et largement inférieurs à ceux qui sont aujourd’hui imposés aux plus faibles d’entre eux.
Dès lors qu’elle ne faisait décidément pas l’unanimité, cette idée ne pouvait pas être retenue et, comme prévu, elle ne l’a pas été mais… Mais les choses ont beaucoup bougé. Outre que de solides convergences sont apparues sur la nécessité d’investissements communs, il s’est d’abord confirmé, fait nouveau, que les euro-obligations avaient désormais la faveur d’une majorité des pays de l’Union, y compris de la Grande-Bretagne qui bloque d’ordinaire tout ce qui peut conduire à une plus grande intégration des politiques européennes.
Un vrai débat pragmatique
Le débat ne recoupe plus maintenant les lignes de partage habituel entre gouvernements libéraux et sociaux-démocrates ou tenants de l’Europe des nations et avocats du fédéralisme. C’est un vrai débat, parfaitement pragmatique, sur les meilleurs moyens de relancer la croissance tout en rétablissant les équilibres budgétaires – "un débat équilibré" a jugé Madame Merkel – et qui a ainsi débouché sur l’établissement d’une feuille de route.Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen a été chargé de présenter au sommet du 28 juin un rapport sur les étapes d’un "approfondissement de l’Union monétaire" et, notamment sur "les euro-obligations dans une perspective de long terme, une supervision des banques plus intégrée et un schéma commun de garantie des dépôts bancaires".
Entre ces deux positions, le seul compromis possible était d’établir de plus amples règles communes et de pousser l’intégration plus loin. C’est ce que les Européens ont décidé de tenter et, s’ils y parviennent, l’Union aura beaucoup progressé, dos au mur comme toujours.