La police a perquisitionné mercredi au domicile de Françoise Meyers-Bettencourt, fille de l'héritière de L'Oréal , à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), apprend-on de source judiciaire.
Les enquêteurs se sont présentés au domicile de la fille de Liliane Bettencourt dans le cadre de l'enquête pour atteinte à la vie privée portant sur des enregistrements clandestins réalisés au domicile de sa mère entre mai 2009 et mai 2010 par un employé.
Françoise Meyers, en vacances, n'était pas présente chez elle. La procédure, une enquête préliminaire dirigée par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), vise à déterminer si le majordome auteur des enregistrements a ou non agi seul.
Son avocat, Me Olivier Metzner, a déclaré que les policiers pouvaient prendre "ce qu'ils voulaient" à la faveur de cette perquisition, sa cliente n'ayant selon lui rien à cacher.
Il a toutefois protesté. "Ils feraient mieux de s'occuper des vrais sujets plutôt que des apparences. Le parquet continue de se pencher sur ce qui n'a pas d'intérêt, alors qu'il s'intéresse moins à ce qui le dérange", a-t-il dit à Reuters.
Il a rappelé que le tribunal et la cour d'appel de Paris avaient autorisé la publication par la presse des transcriptions d'enregistrements, au motif qu'ils présentent un intérêt public.
Ces enregistrements ont été remis sous forme de CD-Roms mi-juin à la justice par Me Metzner. L'avocat dit avoir été contacté par le majordome mais conteste toute commandite de l'opération par sa cliente.
La publication dans la presse des enregistrements ont mis en difficulté le ministre du Travail, Eric Woerth.
Ils mettent au jour de présumées manoeuvres de fraude fiscale, ainsi que l'existence d'un financement légal de l'UMP par Liliane Bettencourt et un possible emploi de complaisance chez son gestionnaire de fortune pour l'épouse d'Eric Woerth, à l'époque où il était ministre du Budget.
Ils semblent confirmer que la milliardaire de 87 ans est en état de faiblesse psychologique.
POSSIBLE IMPACT SUR D'AUTRES PROCÉDURES
Dans cette enquête pour atteinte à la vie privée, en juin, le procureur Philippe Courroye avait fait placer le majordome en garde à vue, de même que Claire Thibout, l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, et son compagnon, soupçonné d'avoir numérisé les enregistrements.
S'il était avéré que les enregistrements résultaient d'une opération frauduleuse, leur valeur probatoire devant la justice pourrait être affaiblie.
Françoise Meyers a déposé plainte en 2007 pour "abus de faiblesse" contre le photographe François-Marie Banier, soupçonné de dépouiller la milliardaire de 87 ans.
Une enquête du parquet a démontré qu'il avait reçu un milliard d'euros de dons de Liliane Bettencourt de 2002 à 2007, mais le procureur a renoncé à le poursuivre fin 2009 en estimant que la plainte de Françoise Meyers était irrecevable.
Les enregistrements montrent que Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, savait par un conseiller de Nicolas Sarkozy dès juillet 2009 que le procureur annoncerait cette décision trois mois plus tard.
"Je me demande comment le procureur, cité dans les enregistrements, peut toujours conduire l'enquête", a dit à Reuters Me Metzner.
Il a saisi directement le tribunal correctionnel d'une poursuite contre François-Marie Banier et la magistrate Isabelle Prévost-Desprez conduit actuellement un supplément d'information dans ce cadre.
Trois autres enquêtes préliminaires ont été ouvertes par le parquet sur la fraude fiscale présumée et l'embauche litigieuse de l'épouse d'Eric Woerth chez le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, en novembre 2007.
Une de ces procédures concerne des soupçons de financement politique illégal mettant en cause notamment Eric Woerth et apparus dans des dépositions d'anciens employés de Liliane Bettencourt, notamment son ancienne comptable Claire Thibout.
mercredi 28 juillet 2010
Perquisition chez la fille de Liliane Bettencourt
Huit mille six cents inscrits de moins à Pôle emploi le mois dernier : la baisse du nombre de demandeurs d'emploi en juin est toujours trop faible, trop fragile, pour autoriser, de la part du gouvernement, le moindre triomphalisme. Celui-ci s'en garde bien, d'ailleurs. D'autant que cette évolution en cache deux autres, qui font craindre encore quelques mois difficiles. La première est le rebond du nombre de candidats actifs à l'embauche ayant, en parallèle, une activité réduite. Ce phénomène traduit le développement - positif -de « petits boulots », pour la plupart saisonniers à l'approche de l'été, mais il est aussi le signe - négatif -d'une certaine précarité des reprises d'emploi.
L'autre mouvement, aussi préoccupant que persistant, est l'augmentation du chômage dès l'âge de 50 ans, comme si les entreprises faisaient payer aux jeunes quinquagénaires le prix de leur plus grande vertu envers des salariés seniors (55-59 ans) dont le taux d'emploi ne cesse de se redresser (4 points de plus entre 2007 et 2010).
Ces nuances étant apportées au tableau, elles ne sauraient dissimuler l'impression générale en ce début d'été, celle d'une accalmie durable du chômage. Au-delà des dégradations mensuelles qui ont singulièrement gâché le printemps et qui se reproduiront, à n'en pas douter, cet automne, la proportion de Français en recherche d'un emploi tend maintenant à se stabiliser.
Attendu avec impatience, le chiffre du chômage de juin le confirme. Le semestre écoulé vient, à quelques nuances près, conforter le scénario des experts de l'Institut national de la statistique, selon lesquels le taux de chômage sera à la fin de l'année 2010 au même niveau qu'à la fin 2009 (9,5 %). Après six trimestres de hausses consécutives en 2008 et 2009, l'ascenseur infernal semble arrêté. Le chômage reste au même étage.
Deux voyants verts viennent appuyer cet espoir. L'un est, corollaire du redémarrage de l'intérim, le retour de la baisse du chômage des jeunes, eux qui auraient pu continuer à être les plus durement frappés par la crise. En un an, le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans a été contenu. L'autre signal, plus ténu, est la trop lente, sûrement, mais réelle décélération du chômage de longue durée, écueil traditionnel des politiques de l'emploi.
Bien sûr, nul n'est censé se satisfaire - et surtout pas les Français en quête d'emploi -de voir le chômage en métropole stationner à son niveau le plus élevé depuis dix ans. Mais c'est une consolation de constater que les réformes intervenues pour assouplir le marché du travail et rationaliser l'indemnisation du chômage ont aidé à éviter à la France un désastre social comme il s'en est produit dans bien des pays de l'Union européenne. Entre mai 2007 et mai 2010, le nombre de chômeurs tel qu'estimé par le Bureau international du travail a augmenté moitié plus vite dans la zone euro.
JEAN-FRANCIS PÉCRESSE
Tout, dans la problématique dite des "gens du voyage", concourt à multiplier les ambiguïtés, à commencer par cette appellation de "gens du voyage". On le sait bien en Alsace, le nomadisme n'est plus depuis vingt ou trente ans le mode de vie majoritaire des Gitans, Manouches, Tsiganes et autres Roms. La plupart sont sédentarisés et ont la nationalité française.
Contrairement à ce que laisse entendre le prétexte de la réunion prévue cet après-midi à l'Elysée, le problème majeur que rencontrent les maires n'est pas un traitement ethnique de la délinquance, mais un traitement social pour accompagner une population qui, culturellement et linguistiquement, se distingue du reste de la population française. Ethniciser un cas particulier de violence, en faire un dossier global à traiter d'urgence comme l'a fait Nicolas Sarkozy après l'attaque d'une gendarmerie du Loir-et-Cher est inutile.
Les dispositions juridiques générales suffisent à gérer les difficultés. La République doit sanctionner les débordements mais elle se met en porte-à-faux quand elle désigne du doigt, même avec quelques précautions oratoires, une population spécifique.
S'agissant de la délinquance, si une bande se forme autour de Tsiganes, il convient de lui appliquer le code pénal qui régit la drogue s'il y a trafic de drogue, le code pénal qui régit le cambriolage s'il y a cambriolage et le code pénal qui régit le vandalisme quand la gendarmerie de Saint-Aignan est saccagée. Mais on n'a pas plus besoin d'un code pénal spécial pour certains Tsiganes que d'un code fiscal spécial pour certains habitants de Neuilly. De même il convient d'appliquer les lois habituelles contre le racisme à toute personne qui, relayant des préjugés séculaires, s'obstine à voir un voleur dans tout Rom qui se promène dans la rue.
S'il faut une réunion au sommet de l'Etat pour examiner les problèmes des Roms, elle doit regarder comment scolariser les enfants des familles roms qui continuent à voyager, comment favoriser l'insertion professionnelle de tous, nomades ou sédentaires, comment faciliter l'inscription sur une liste électorale, comment aider les maires à organiser la cohabitation avec les riverains autour des aires dédiées aux caravanes, etc.
C'est à ces conditions que l'on pourra éviter les campements sauvages qui fâchent tant et prévenir les anathèmes et préjugés qui, de part et d'autre, gâtent souvent la vie entre Roms et gadjés.
« Le sens de l'humour peut prolonger la durée de vie. Son effet est positif sur la santé mentale et sur la vie sociale », avec une réduction de la mortalité de l'ordre de 20%. C'est l'étonnante conclusion d'une enquête menée en Norvège auprès de 55 000 personnes.
Étonnante sans être vraiment surprenante. Par la grâce d'un bon mot, d'un trait d'esprit ou tout simplement d'un modeste calembour, la relation sociale s'éclaire d'un sourire, d'un pétillement du regard, contribuant au charme de l'instant. C'est toute l'existence qui s'en trouve adoucie. Non que les problèmes disparaissent par miracle. Mais, en les mettant à distance, l'humour permet de s'en assurer une certaine maîtrise et de s'en protéger. Voilà pourquoi il constitue un puissant élixir de jouvence.
Les résistants à cette philosophie de l'existence n'y voient que légèreté et frivolité. Sur le premier point, ils ont raison. À ceci près que ce qu'ils tiennent pour travers est en réalité vertu: il ne s'agit pas de prendre la vie à la légère, mais d'en alléger les épisodes pénibles. Ainsi de ce chauffeur de taxi londonien qui, en pleine guerre, vient de traverser la capitale sous les bombes et dit à son passager à l'arrivée : « Nous avons eu de la chance. Pas de feux rouges ! » N'est-ce pas pour la même raison qu'au seuil de la chambre d'un malade, on prépare quelque formule prêtant à sourire ?
De la même manière, combien l'humour est-il précieux pour éviter le conflit d'une formule qui, ou bien signale le désaccord sans insister, ou bien le dépasse provisoirement. Un exemple. En 1906, le très anticlérical Clemenceau invite son voisin curé à élaguer les arbres donnant sur sa propriété. Le problème peut virer à l'aigre. Le curé s'exécute et Clemenceau se fend d'un bon mot de remerciement : « Mon père, je peux bien vous appeler 'mon père' puisque vous m'avez donné le jour. » Du tac au tac, le curé lui répond : « Je peux bien vous appeler 'mon fils' puisque, grâce à moi, vous avez vu le ciel. » Dans le contexte très tendu de la loi de séparation de l'Église et de l'État, un tel échange n'allait pas de soi.
Quant à la frivolité, elle n'est souvent qu'un trompe-l'oeil. Il s'agit en réalité d'une forme de pudeur. On donne l'impression de s'amuser de choses sérieuses, par dérision. Or, c'est l'inverse qui est vrai, comme l'a bien noté Nietzsche à propos de certains philosophes grecs : « Ils étaient superficiels, dit-il, par profondeur. » L'humour permet de conjurer, pour un temps, le tragique de la condition humaine, de s'en détourner sans le perdre de vue. En cela, il lui rend hommage comme, dira André Breton, « politesse du désespoir ».
Gardons-nous donc d'associer l'humour au rire. Tout ce qui fait rire n'est pas humour. La satire, la farce, l'ironie, la gaudriole peuvent amuser. Elles ne relèvent pas pour autant de son domaine, comme le démontrent, à l'envi, les prestations de prétendus « humoristes » qui ne sont souvent que des atrabilaires déversant à pleins seaux leur humeur noire. Où est la différence ? En ceci que, protestataire, contestataire ou ravageur ¯ voir l'humour juif ou dissident ¯, jamais l'humour ne se départit d'une élégance le prémunissant de l'aigreur, de la grossièreté ou de la calomnie qui ne constituent pas, elles, des brevets de vie prolongée. Vive le frais sourire de l'humour !
L'Agence française pour les investissements internationaux (Afii) vient de publier un tableau de bord de l'attractivité de la France qui remet de l'ordre dans un certain nombre d'idées reçues. D'abord et pour résumer, le pays se classe entre le premier et le quatrième rang mondial dans neuf des quatorze critères d'attractivité pour des investisseurs étrangers. Dont, par exemple, le taux de subvention à l'investissement, le réseau de TGV, le prix de l'électricité, la productivité par personne, le pourcentage de jeunes d'éducation supérieure ou - qui l'eût cru ? -le temps de procédure pour créer une nouvelle entreprise, fruit des efforts du gouvernement. Mais les tendances dominantes au dénigrement ou à l'autocritique ont fini par accoutumer à une image négative. Sans parler du « Wall Street Journal », qui nous classe dans les pays incurablement « socialistes ».
Il reste que nos cotisations sociales sont lourdes, ainsi que le taux nominal de notre impôt sur les sociétés - mais qui n'excède pas 17 % en termes réels selon l'étude, compte tenu des exemptions diverses. Le caractère très incitatif du crédit d'impôt recherche et la perspective de suppression de la taxe professionnelle inscrivent cependant des signaux forts, et apparemment appréciés. Quant au coût d'implantation des entreprises, notre cinquième place mondiale, et première européenne, apporte plus que des compensations à certaines de nos faiblesses.
Tous ces détails concrets pour dire que la réalité démode l'image reçue d'un pays bureaucratique et écrasé d'impôts. Il ne se débarrassera pourtant pas de si tôt de son péché de « gréviculture », entretenu surtout, il est vrai, par son secteur public. Les 20.000 entreprises étrangères actuellement implantées, qui entretiennent plus de 2,5 millions d'emplois, s'en sont jusqu'ici plus ou moins accommodées. Si l'électoralisme syndical ne s'aggrave pas, il y a des chances que d'autres les rejoignent.
EDF futur grand actionnaire d'Areva ?
L'Elysée a dévoilé ce mardi soir les conclusions chocs du rapport Roussely sur la filière nucléaire française.
L'Elysée annonce ce mardi soir des décisions stratégiques pour la filière nucléaire française en dévoilant le rapport Roussely, réalisé par l'ex patron d'EDF François Roussely, aujourd'hui banquier chez CSFB (Credit Suisse First Boston).
Les groupes publics Areva et EDF vont s'associer pour l'exportation de centrales nucléaires avec EDF comme chef de file. L'Etat entend ainsi tirer les leçons de l'échec tricolore de la vente de réacteurs nucléaires aux Emirats arabes, contrat de plusieurs milliards d'euros, pourtant donné comme acquis et finalement emporté à la surprise générale par les Sud-Coréens.
Surtout, Areva, qui a déjà récupéré 4,1 milliards d'euros en vendant sa filiale T & D (transmission et distribution) au tandem Schneider - Alstom (ex propriétaire de T & D), va augmenter son capital de 15% d'ici à la fin de l'année. Et la participation d'EDF à l'opération n'est pas exclue. Cette hypothèse va être examinée souligne l'Elysée. Le champion de l'électricité passerait de 2,4% actuellement à quelque 10% selon certaines sources.
Par ailleurs, le projet du deuxième réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR en France, celui de Penly, en Seine Maritime (après celui de Flamanville dans la Manche) est gelé dans l'attente des conclusions sur la construction des deux premiers exemplaires - dont le premier qui ne cesse d'accumuler les retards, en Finlande.
La gamme de produits proposée par la filière française sera élargie, pour mieux répondre à la diversité des besoins des clients. Ainsi, la certification du réacteur Atmea (1.100 MW), plus petit que l'EPR, sera poursuivie. EDF, GDF-SUEZ et éventuellement d'autres électriciens y seront associés. L'Atmea est actuellement développé par Areva et Mitsubishi.
A l'amont du cycle, l'accord de partenariat entre EDF et Areva "visera à conforter la sécurité et la compétitivité de l'approvisionnement en combustible", précise l'Elysée. "Afin de renforcer les capacités françaises relatives à l'approvisionnement en métaux stratégiques, des partenariats industriels pour l'activité minière d'Areva, pouvant comporter une dimension capitalistique, seront examinés", ajoute la présidence française.
Nicolas Sarkozy a d'autre part demandé au gouvernement de proposer des mesures complémentaires portant notamment sur la coordination de l'action des services de l'Etat, le renforcement de la recherche-développement et du potentiel humain, ainsi que sur les conditions de travail des salariés du secteur nucléaire.
L'amie de Belmondo attaque la police belge
La compagne de "Bébel" a porté plainte pour diffamation. Elle accuse la police belge d'avoir tenté de monter l'acteur français contre elle sur la base de fausses informations
"Nous allons intenter cette semaine deux actions contre les enquêteurs belges qui ont procédé fin juin à Paris à une audition scandaleuse de Belmondo", a déclaré l'avocat de Barbara Gandolfi, la compagne de Jean-Paul Belmondo.
"La première auprès de l'inspection générale de la police fédérale, la seconde est une plainte contre X que nous allons déposer au pénal" à Bruxelles "pour plusieurs motifs, dont déloyauté dans la procédure et violation du secret de l'instruction", a expliqué l'avocat. Il a revanche nié des informations ayant fait récemment état d'une plainte directe de Jean-Paul Belmondo contre la police belge.
"Une chose est d'entendre Jean-Paul Belmondo en tant que témoin, c'en est une autre de lui faire entendre des pièces de la procédure de manière à le pousser à déposer plainte contre Mme Gandolfi", a estimé l'avocat, qualifiant de "déloyal" le procédé. L'autre accusation de la compagne de l'acteur français aux enquêteurs belges concerne la violation du secret professionnel.
Cette offensive judiciaire fait suite à une audition fin juin par la police de Jean-Paul Belmondo comme témoin à Paris, à la demande de la justice belge, dans le cadre d'une enquête visant Barbara Gandolfi et l'ex-mari de cette dernière, Frederic Vanderwilt, qui réside en Belgique.
Le parquet de Bruges s'intéresse à des flux financiers présumés suspects sur les comptes des sociétés de l'ex-mari de Mme Gandolfi, à Dubaï notamment. Les enquêteurs belges soupçonnent Barbara Gandolfi d'avoir utilisé Jean-Paul Belmondo dans ce cadre pour lui soutirer de l'argent.
FICTION :Octobre noir pour Nicolas Sarkozy
UN SCÉNARIO DE LA TRIBUNE: Vendredi 1er octobre, 15h30, à bord du Falcon 7x présidentiel
Depuis une demi-heure, le petit triréacteur jouait à saute-nuages. Calé dans son fauteuil, Nicolas Sarkozy gardait les yeux fermés. Tout d'abord pour échapper à la conversation sans intérêt dont le gratifiait Luc Chatel, qu'il aimait bien pourtant. Mais surtout parce que se réveillait sa vieille peur du ciel. Malgré le confort du Falcon 7X et l'expérience du pilote. Le vol du matin avait déjà été plutôt agité. Tout cela pour une visite de deux heures tout au plus dans un lycée agricole du Vaucluse, où il avait fallu écouter une dissertation sans fin sur la culture du melon. A la sortie de l'établissement, le chef de l'État avait appelé Claude Guéant. Les choses allaient leur cours à Paris. Dès son retour, Nicolas Sarkozy devait recevoir le Premier ministre. Sur la table en noyer dépliée devant lui, "Libération" proclamait venu le temps du "nettoyage par le vide". "Le Figaro" croyait imminente la formation d'"un gouvernement resserré à dix super-ministres". Le sixième président de la Ve République sourit. Tous les leurres avaient fonctionné.
Les moteurs Pratt & Whitney se mirent à ronronner plus fort tandis que l'avion entamait sa descente vers l'aéroport militaire de Villacoublay. Nicolas Sarkozy regarda machinalement Paris qui se déroulait à ses pieds, sous la couverture grise et cotonneuse. Quelques minutes plus tard, le Falcon roulait sans à-coup sur le tarmac de la base aérienne 107. Dans un quart d'heure, motards et sirènes aidant, le chef de l'État serait à l'Élysée. Où l'attendait le secrétaire général de la présidence.
Claude Guéant était un personnage paradoxal. Discret en apparence, la voix douce, urbain et courtois jusqu'à l'extrême. Mais, l'œil vif derrière ses lunettes en était un premier indice, ce haut fonctionnaire, qui avait juré une fidélité absolue à Nicolas Sarkozy, était animé d'une volonté de fer au service de l'ambition du chef de l'État. Ce vendredi, Claude Guéant savait que la partie qui s'engageait était sans doute la plus importante depuis qu'avait commencé l'aventure, lorsque Nicolas Sarkozy s'était emparé de l'UMP en 2004. La rupture n'avait été pour l'instant qu'un slogan, elle allait devenir réalité.
Le secrétaire général de l'Élysée se tourna vers Franck Louvrier, le "monsieur Communication" du président. Lui aussi d'un naturel calme et souriant. Comme si Nicolas Sarkozy aimait à s'entourer de ses contraires. Le succès de l'opération en cours dépendait principalement du petit nombre de personnes dans la confidence. Cela tombait bien. Ils n'étaient que trois. Guéant, Louvrier et le chef de l'État. Même Carla Bruni-Sarkozy avait été tenue à l'écart des préparatifs. Une sorte de vertige s'empara du secrétaire général de l'Élysée. Franck Louvrier, dont les doigts couraient sur le clavier de son Blackberry, releva la tête: "Je pense que le mieux, c'est un communiqué à l'AFP. Une heure avant l'allocution télévisée, ce sera bien suffisant."
La porte du bureau du secrétaire général de l'Élysée s'ouvrit sur un huissier, ce qui annonçait l'entrée du président. Nicolas Sarkozy salua ses collaborateurs d'une claque dans le dos pour Franck Louvrier et d'une poignée de main pour Claude Guéant. Avant de se laisser tomber sur un fauteuil de velours vert sombre. Une ride barrait son front. Claude Guéant écarta des parapheurs sur la table basse et indiqua que le chef du gouvernement était attendu au palais présidentiel dans le quart d'heure. Nicolas Sarkozy pianota un texto sur le petit Nokia argenté dont il ne se séparait pas. Puis il broya le bras de Franck Louvrier qui avait pris place à côté de lui. "Prêts pour le coup d'État ?" lança le chef de l'État. Et il éclata de rire.
Lundi 4 octobre. 11 heures. Paris. Rue de Solférino
Martine Aubry raccrocha le téléphone. Bernard Thibault, le leader de la CGT, venait de lui confirmer que la manifestation du 7 octobre contre la réforme des retraites risquait d'être explosive. Le défilé du 23 septembre avait déjà été émaillé d'incidents très violents. Le service d'ordre syndical avait été débordé par des petits groupes très organisés. Et les CRS et gendarmes mobiles déployés le long du parcours avaient sans nul doute attisé les braises. Bilan : deux blessés graves parmi les manifestants, une trentaine de voitures incendiées et une dizaine de magasins pillés.
La première secrétaire du Parti socialiste avait gardé suffisamment de contacts dans les ministères pour savoir quand quelque chose se préparait. Et là c'était indéniable. La maire de Lille regarda Harlem Désir et Benoît Hamon, plongés dans la lecture des journaux sur le canapé confortable du bureau qu'elle avait fait réaménager quelques mois après son arrivée rue de Solférino. Murs blancs, bibliothèques blanches, grande table de travail, l'atmosphère était paisible. Mais Martine Aubry bouillonnait intérieurement.
Elle avait convoqué pour le lendemain un bureau national exceptionnel. Tous les ténors du parti avaient été priés de se libérer pour l'occasion. Il s'agissait de montrer face aux caméras et aux objectifs des photographes que les socialistes étaient "unis et rassemblés face à un état de crise". Même François Hollande, l'ennemi juré de Martine Aubry, avait promis d'être "au rendez-vous de la responsabilité".
La patronne du parti gardait en mémoire l'attitude ambiguë de François Mitterrand pendant les événements de Mai 68. Le futur leader de la gauche avait paru davantage animé par sa soif de pouvoir que par une quelconque empathie avec les émeutiers. Si les choses devaient mal tourner, comment devrait-elle se comporter ? Après tout, n'en déplaise à tous les "éléphants" socialistes, c'était elle qui était en position d'incarner l'alternative si le pouvoir actuel venait à basculer. "Je n'avais pas signé pour ça " soupira-t-elle à voix haute. Sur l'écran de son téléphone portable, un "sms" envoyé par Dominique Strauss-Kahn la fit grimacer. "Bon courage ma grande. Je te jure que c'est vrai: je n'aimerais pas être à ta place". Le message était accompagné d'un "smiley" avec des lunettes de soleil.
Benoît Hamon et Harlem Désir se levèrent pour aller rencontrer les journalistes conviés au point de presse hebdomadaire au rez-de-chaussée. Martine Aubry sentait monter une petite migraine. Elle devait déjeuner avec Ségolène Royal. Même si leurs relations s'étaient considérablement "normalisées", selon un vocabulaire qui fleurait bon le stalinisme, les rencontres entre les "deux dames" du PS restaient plus protocolaires qu'amicales. La veille, l'ex-candidate de 2007 avait tiré à boulets rouges, et même écarlates, sur Nicolas Sarkozy, qu'elle avait comparé à Adolphe Thiers, le "bourreau sanguinaire" de la Commune de Paris.
"N'est pas Louise Michel qui veut", avait aussitôt répliqué Jean-Pierre Raffarin, qui poursuivait Ségolène Royal de sa vindicte depuis les élections régionales de 2004. Frédéric Lefebvre et Dominique Paillé, porteurs de la parole - et des flingues - de l'UMP, avaient menacé la présidente de Poitou-Charentes des foudres de la justice et tenté un vague jeu de mots sur le fait qu'elle allait "tomber par terre, la faute à la promotion Voltaire" de l'Ena, dont elle était issue. Mais Ségolène Royal faisait ce matin la une de tous les journaux radio et télé. Une fois de plus, elle avait atteint son but. Martine Aubry sourit malgré elle. Après tout, si Ségolène voulait le job...
Mardi 5 octobre. 17 heures. Palais de l'Élysée
Nicolas Sarkozy surprit un garde républicain en bondissant hors de son bureau comme un diable de sa boîte. Le chef de l'État essayait de ne pas courir dans les couloirs. Mais cet après-midi, c'était difficile. Il descendit d'une traite l'escalier Murat, s'engouffra dans le vestibule d'honneur puis dans le salon des Ambassadeurs. Il s'arrêta, soudain pensif, devant la statuette équestre de Marc Aurèle. Non pas qu'il fut saisi d'une réminiscence historique, mais parce que le bronze lui plaisait, tout simplement.
Le soleil d'automne faisait courir des dorures sur les arbres du parc. Nicolas Sarkozy plissa les yeux pour apercevoir l'homme qui cheminait vers lui. Cet hôte tout particulier était arrivé par la grille du Coq. Henri Guaino aimait à rappeler que c'est par cette entrée, au fond des jardins, à l'abri des regards, que le général de Gaulle avait quitté l'Élysée après son référendum perdu en 1969. "Moi, je sortirai par la grande porte", répliquait de façon immuable Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, le président n'en était plus si sûr.
Alain Minc, puisque c'était lui l'invité mystère, s'inclina avec un sourire amusé devant le chef de l'État. Nicolas Sarkozy ne se lassait pas de son éternel optimisme. Quand beaucoup dans la majorité lui prédisaient le goudron et les plumes en 2012, le conseiller officieux plaisantait et taillait en pièces les adversaires éventuels du chef de l'État, à droite comme à gauche. Avec une prédilection pour les deux "zinzins", Dominique de Villepin et Ségolène Royal.
Nicolas Sarkozy et Alain Minc s'installèrent à une table sur la terrasse. Un serveur, surgi de nulle part, fit son apparition avec un plateau, deux Perrier et une coupelle de cacahuètes.
La veille, en fin de journée, la Bourse de Paris avait dévissé, victime de terribles rumeurs au sujet d'une dégradation de la note souveraine de la France. L'agence de notation Standard and Poor's s'apprêtait, disait-on, à sanctionner Paris pour une réforme des retraites insuffisamment libérale et des comptes publics désespérément dans le rouge. Le sacrifice aoûtien d'Éric Woerth n'avait servi à rien.
Alain Minc prit la mesure de l'énervement présidentiel en voyant Nicolas Sarkozy, dont le visage s'était émacié en trois ans à l'Élysée, piocher à plusieurs reprises dans le bol d'arachides. "Je suis entre le marteau et l'enclume, diagnostiqua sombrement le chef de l'État. Entre les marchés et la rue." Alain Minc hocha la tête: "Il vous faut reprendre l'initiative. Je vous avais dit qu'un remaniement ne suffirait pas. Vous avez un lien direct avec les Français. Tout ce qui passe à votre périphérie est... périphérique. Le fil n'est pas rompu. Les Français vous attendent."
L'épaule droite de Nicolas Sarkozy tressauta. "Au tournant, ils m'attendent, grinça le président. Eh bien, ils vont l'avoir le tournant du quinquennat". "C'est-à-dire ?" s'enquit poliment Alain Minc. Le chef de l'État se prit la tête dans les mains. "Moi, le boulot je le voulais, et je l'ai eu ! J'avais cette boule, vous savez, au creux de l'estomac. Le jour où j'ai été élu, elle est partie [une poignée de cacahuètes]. Le reste, c'est du superflu. Je ne suis pas là pour être aimé, je suis là pour faire mon travail. La 'big picture', comme ils disent les Américains. Je suis là pour moderniser la France. Elle en a besoin, la France [une autre poignée de cacahuètes]. Et, honnêtement, j'ai pas mal réussi déjà non ? Alors voilà, il faut parfois savoir tout remettre en jeu. Il faut savoir repartir de zéro. Demain, je démissionne."
Alain Minc crut voir une flamme jaillir au cœur d'une porte-fenêtre. Mais ce n'était que le soleil couchant...
Mercredi 6 octobre. 15 heures. Assemblée nationale
Bernard Accoyer prit lentement sa place au perchoir. La séance des questions au gouvernement s'annonçait aussi pénible qu'avant la pause estivale. Un huissier remit au président de l'Assemblée nationale une enveloppe contenant un mot manuscrit: "On se voit juste après. C'est hyper- urgent. JFC." Jean-François Copé, le patron des députés UMP. Bernard Accoyer leva les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il allait encore inventer pour se rendre intéressant celui-là ? Il le chercha des yeux dans l'hémicycle. Très entouré à son banc, le député-maire de Meaux parlait en agitant les bras. Déjà assis dans leurs travées, les députés de l'opposition observaient le manège. Puis le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, prit la parole pour interpeller sans passion le Premier ministre sur le climat politique "délétère".
Sitôt finie la séance, les députés s'égayèrent vers la salle des Quatre-Colonnes, où les journalistes campaient à l'affût de petites, ou même de grandes phrases. Bernard Accoyer s'isola avec Jean-François Copé dans la bibliothèque de l'Assemblée. "Que voulais-tu me dire de si important ?" Le président du groupe UMP lui saisit la manche: "C'est énorme. J'ai vu Sarko ce matin, il va démissionner..."
La rumeur n'avait pas tardé à se répandre dans les couloirs du Palais-Bourbon. Mais aussi dans la presse. Les camionnettes des chaînes d'information continues et les voitures des radios encombraient les trottoirs du Quai d'Orsay. De l'autre côté de la Seine, rue du Faubourg-Saint-Honoré, des policiers débordés éloignaient les journalistes et les curieux massés devant le lourd portail de l'Élysée. La dépêche AFP tomba à 18 h 03: "Le président de la République prononcera une allocution solennelle en direct à 20 heures, a annoncé le service de presse de l'Élysée. Des informations gouvernementales, non confirmées par l'entourage de Nicolas Sarkozy, font état d'une démission imminente du chef de l'État." L'urgent était signé par Nadège Puljak, la correspondante de l'agence à l'Élysée. Ce qui donnait du poids à la nouvelle.
Une heure et cinquante-sept minutes plus tard, le silence se fit dans les foyers français, mais aussi à l'Assemblée, au Sénat, à Matignon, dans les ministères, dans les salles de rédaction, où les téléviseurs avaient tous été allumés. L'image familière du palais de l'Élysée barré du drapeau tricolore apparut sur les écrans. Immédiatement suivie par celle de Nicolas Sarkozy, grave, costume sombre, cheveux de plus en plus grisonnants: "Mes chers compatriotes, en mai 2007, vous m'avez élu pour que j'assure la rupture avec les méthodes du passé, avec les comportements qui, si souvent, ont conduit la France dans l'abîme. Aujourd'hui, les forces de l'immobilisme et du conservatisme se liguent pour ruiner vos efforts, pour entraver la marche en avant de ce pays qui nous tient tant à cœur. J'ai fait le choix du courage et de la responsabilité. Je démissionne ce jour de mes fonctions de président de la République. Une élection présidentielle anticipée sera organisée dans les délais prévus par la Constitution. Il vous reviendra de dire si vous voulez que la France s'engage résolument dans la modernisation. J'aurais pu, comme le demandaient des esprits irresponsables dans l'opposition, vous interroger par référendum sur la réforme des retraites qu'Éric Woerth, tombé au champ d'honneur de la politique, avait lancée avec noblesse. Je préfère vous saisir de l'ensemble des questions qui se poseront dans les années qui viennent à ceux qui auront la charge de diriger la France. Parce que mon vœu le plus cher est de continuer de la servir. Pour garantir à chacun d'entre vous l'avenir auquel il a droit. Je vous remercie. Vive la République, vive la France..."
Jeudi 7 octobre. 11 heures. Siège de l'UMP
Xavier Bertrand était en train de perdre son calme. Le téléphone n'arrêtait pas de sonner. Et les nouvelles étaient peu rassurantes. Alain Juppé venait de donner une rapide conférence de presse à Bordeaux pour annoncer sa candidature à des primaires de l'UMP. Jean-François Copé venait de déclarer sur le site Internet du journal "Le Monde" qu'il réfléchissait à un « engagement personnel ». Michel Bettan, fidèle collaborateur du secrétaire général de l'UMP, se rongeait les ongles en attendant la retransmission télévisée du discours que devait prononcer Dominique de Villepin. Une conférence de presse de Martine Aubry était attendue dans l'après-midi.
Sur LCI, le politologue Dominique Reynié discourait sur le "coup d'État à froid" de Nicolas Sarkozy. Le sondeur Gaël Slimane lui portait la contradiction en affirmant que le chef de l'État, loin de se garantir un plébiscite, avait "ouvert un boulevard à la gauche". Des constitutionnalistes s'empoignaient sur les conséquences du choix présidentiel sur une Ve République déjà exsangue.
Un pupitre transparent frappé du sigle tricolore du mouvement villepiniste "République solidaire" apparut à l'écran. En studio, les présentateurs faisaient patienter en rappelant le coup de théâtre de la veille. Soudain, l'ancien Premier ministre, longue silhouette, visage aigu, cheveux gris coupés court, fit son entrée. Dominique de Villepin sourit aux caméras avant de déplier deux feuilles de papier devant lui. "Françaises, Français, mes chers compatriotes. Hier, le président de la République a porté un coup fatal à l'esprit de nos institutions. En transformant ce qui doit être, ce qui doit rester un moment de communion républicaine, la rencontre entre un homme et un peuple, en transformant l'élection présidentielle en farce antidémocratique, en tragi-comédie autocratique. Depuis trois ans déjà, la France est abîmée, la France est abaissée par la volonté d'un homme, Nicolas Sarkozy. Il y a quatre mois, en créant République solidaire, j'ai voulu appeler au sursaut. Aujourd'hui, je mesure la responsabilité, je mesure la tâche qui est la mienne. En me portant candidat à la présidence de la République, hors des petits arrangements des partis, des petites cuisines sur les petits réchauds, j'appelle tous les républicains, toutes les femmes et tous les hommes de progrès à me rejoindre dans le combat qui commence. L'idée républicaine nous oblige et nous fait devoir. Je vous remercie".
Xavier Bertrand resta silencieux un long moment. Interrompu par le bourdonnement de son portable. Pas besoin de regarder pour savoir qui appelait. À l'autre bout de la ligne, Nicolas Sarkozy était métallique de colère froide: "Il se prend pour qui ce guignol ? Il sait ce que j'en fais de sa France ? Il se croit dans la Résistance ? Je vais me le faire, moi, Jean Moulin !" Le secrétaire général de l'UMP rassura le chef de l'État: "Il n'a aucune chance. Les primaires vont le disqualifier dans notre électorat. Et le PS ne va pas lui laisser d'espace. C'est mort pour lui."
À la Maison de l'Amérique latine, où il avait fait sa déclaration solennelle, Dominique de Villepin se laissait aller aux confidences devant la presse: "Sarkozy est cuit. Il a cru réussir un coup de poker mais les Français ne sont pas dupes. J'ai des retours de plusieurs ministères, les administrations craquent de l'intérieur, on ne compte plus les hauts fonctionnaires qui veulent nous rejoindre. C'est une insurrection républicaine." Et la gauche ? demandèrent les journalistes. "Pas crédibles, des guignols", lâcha l'ennemi intime de Nicolas Sarkozy.
Jeudi 7 octobre. 14h30. Boulevard Beaumarchais. Paris
Comme souvent, les socialistes avaient rendez-vous devant le cirque d'Hiver. Le service d'ordre était nerveux. Le carré de tête syndical venait de passer devant les banderoles du PS. Suivi par des groupes de manifestants qui faisaient résonner des slogans vengeurs sur le pavé de la capitale: "Sarkozy, t'es foutu, tu finiras tout nu" ; "La retraite pour Sarko, c'est 55 ans, c'est maintenant"; "Nicolas, démissionne mais ne reviens pas !".
Martine Aubry était assiégée par une forêt de micros et de caméras. La première secrétaire du PS ramena le calme avec l'autorité ronchonne qui était sa marque de fabrique. "Je m'exprimerai plus longuement tout à l'heure... Mais d'ores et déjà je veux vous dire ceci : Nicolas Sarkozy a choisi d'anticiper l'échéance. Il ne réussira qu'à anticiper la sanction." "Serez-vous la candidate des socialistes ?" lança une journaliste. La maire de Lille tourna les talons.
Comme toujours, Ségolène Royal était en retard. Sa voiture avalait les kilomètres qui séparent Poitiers de Paris. France Info diffusait des nouvelles alarmantes sur le cortège parisien. Des barricades avaient été dressées place de la Nation. Assis à l'avant, l'officier de sécurité de l'ancienne candidate à la présidentielle répondit au téléphone. C'était Laurence Ferrari qui demandait si Ségolène Royal pouvait être sur le plateau du "20 heures" de TF1. La réponse fut positive.
La cour intérieure de Solferino débordait. Des grappes de journalistes tentaient de se frayer un chemin vers la salle Marie-Thérèse-Eyquem, où Martine Aubry patientait au pupitre. Le silence se fit au moment où la première secrétaire commença à parler. "La France vit aujourd'hui une situation quasi insurrectionnelle. Trois années de détricotage du vivre ensemble, trois années de mise à mal des services publics, trois années de politiques injustes et inefficaces ont rompu le contrat entre les Français et leurs dirigeants. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy va jusqu'à dévoyer les institutions de la Ve République pour tenter un passage en force. Il trouvera le Parti socialiste en ordre de bataille face à lui. Nous gagnerons l'élection présidentielle et nous ramènerons dans ce pays la sérénité et l'esprit de justice indispensables à la réussite des réformes nécessaires..." "Qui sera le candidat du PS ?" tenta un journaliste. Martine Aubry cligna des yeux face aux projecteurs: "La situation rend impossible l'organisation des primaires telles que nous les avions imaginées. Je me suis entretenue avec François, Manuel... et Ségolène. Nous tiendrons samedi un conseil national extraordinaire et les militants seront appelés à voter dans un délai d'une semaine pour choisir entre les candidats..." "Dont vous ferez partie ?" insista une voix dans la marée médiatique. Comme d'habitude, Martine Aubry quitta la pièce sans répondre.
Laurence Ferrari goûtait ces moments où, elle le devinait, huit à neuf millions de Français lâchaient leur fourchette pour écouter son invité du jour répondre à une question cruciale. Ségolène Royal avait la veste blanche des jours de bataille. C'était bon signe. "Serez-vous candidate Mme Royal ?" demanda la présentatrice, la voix un peu tremblante. Le regard bleu de la présidente de la région Poitou-Charentes se posa sur la journaliste. "Je vais vous répondre. Mais d'abord, je veux dire que ma préoccupation va vers les Français qui souffrent. Depuis 2007, trois années ont été perdues. Je suis aujourd'hui la mieux placée pour riposter à l'offensive de Nicolas Sarkozy. Mais ce sont les militants socialistes qui le diront. Oui, je suis candidate, pour permettre à la France de rattraper le temps perdu".
Samedi 9 octobre. 16 heures. Résidence de la lanterne
Calé dans son fauteuil de jardin, Nicolas Sarkozy restait sourd aux appels de son fils Louis, qui l'invitait à le rejoindre dans la piscine. Piscine creusée du temps de Michel Rocard, aimait à rappeler, persifleur, le chef de l'État, devenu très susceptible sur la question des deniers publics.
Le bilan de la semaine était mitigé. Certes, il avait créé un incontestable effet de surprise en remettant en jeu son mandat. La presse étrangère avait même salué son sens de la mise en scène. Mais les premiers sondages décortiqués par le toujours efficace Pierre Giacometti montraient que le pari était loin d'être gagné. Au premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy obtenait 28 %, juste devant le candidat socialiste, crédité de 27 % des suffrages. Dominique de Villepin raflait 10 % des voix... et Marine Le Pen 25 % ! De quoi donner des sueurs froides aux stratèges de l'UMP et des maux de tête aux sondeurs. La représentante de l'extrême droite était-elle sous-estimée ou surestimée ? Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy était de fort méchante humeur.
La télévision, branchée sur Public Sénat, retransmettait le conseil national du PS, où apparemment tout se passait plutôt tranquillement.
Ils étaient finalement quatre candidats à se disputer les faveurs des sympathisants socialistes: Martine Aubry, soutenue par le message vidéo d'un Dominique Strauss-Kahn souriant et bronzé, Ségolène Royal, venue à la réunion dans une drôle de petite voiture électrique Heuliez, François Hollande, encore plus souriant et bronzé que DSK, et Manuel Valls, l'air sombre et nerveux. Là aussi sollicités, les sondages donnaient Martine Aubry en tête, devant Ségolène Royal et François Hollande. Manuel Valls était distancé. Mais devant le palais de la Mutualité les journalistes estimaient qu'une surprise était possible.
Claude Guéant avait parié sur Martine Aubry et Franck Louvrier le défiait en plaçant ses billes sur François Hollande. Nicolas Sarkozy grimaça: "Ce ne sont pas des adversaires faciles de toute façon. Enfin, si je suis au second tour..." Ses deux fidèles s'insurgèrent contre cette flambée de pessimisme. Patrick Buisson avança que Marine Le Pen était quand même plus fréquentable que son père. Nicolas Sarkozy n'était pas convaincu. Le président trouvait que la fille de Jean-Marie Le Pen avait un esprit de revanche bien développé depuis qu'il avait siphonné les voix de l'extrême droite avec sa campagne musclée de 2007. Non, vraiment, il n'y avait pas de quoi se réjouir. Seule satisfaction: le naufrage de François Bayrou, qui ne savait même pas s'il pourrait se présenter à la présidentielle. Nicolas Sarkozy avait pourtant tendu la main au président du Modem ces derniers mois.
Mais il y avait un geste que Nicolas Sarkozy refusait d'effectuer. Il restait sourd aux appels à la raison de Jean-François Copé, qui se déployait sur toutes les radios et télés. Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé lui avaient laissé des messages désespérés. Le premier le suppliait "d'enlever le croc de boucher qu'il avait dans la tête". Le deuxième le priait de « faire le premier pas, le seul qui coûte". Même le très sage Bruno Le Maire s'était exaspéré de voir la majorité se diviser "artificiellement à l'orée d'une difficile bataille". Rien à faire, le chef de l'Etat ne voulait pas entendre parler d'une réconciliation avec Dominique de Villepin, qui, pour ne rien arranger, avait prévu d'aller parader une nouvelle fois en banlieue dans l'après-midi.
Nicolas Sarkozy laissait donc la haine courir dans ses veines. Elle lui donnait la force de continuer...
Pourquoi la Russie privatise ses grandes entreprises
Moscou va vendre des parts de conglomérats publics pour 29 milliards de dollars. L'objectif n'est pas tant de renflouer le budget que de réduire la part de l'Etat dans l'économie et d'attirer les investisseurs étrangers, explique Georges Sokoloff, professeur émérite des Universités, spécialiste de la civilisation russe contemporaine.
L'Etat russe a présenté un programme de privatisation d'entreprises publiques de premier plan, qui vise à rapporter près de 30 milliards de dollars. Est-ce un plan historique?
Ce programme est certes plus important que ce qui avait été annoncé à l'automne 2009 (il était alors question de dégager 2 milliards de dollars en vendant des participations dans plusieurs milliers d'entreprises), mais c'est surtout parce que depuis la conjoncture internationale est beaucoup plus favorable qu'il y a six mois. Au final, ces privatisation ne concernent qu'une petite dizaine d'entreprises.
Les ventes concernent cependant des conglomérats publics stratégiques (le pétrolier Rosneft, le monopole de pipelines Transneft, l'opérateur ferroviaire RZD ou encore le réseau de caisses d'épargne Sberbank)...
Oui, mais l'Etat ne cède pas une part significative de ses entreprises, il garde la part majoritaire de blocage. C'est-à-dire qu'il garde le contrôle de ses entreprises, tout en engrangeant un bénéfice non négligeable.
Ces recettes vont-elles servir à combler le déficit budgétaire du pays ?
Non, ces privatisations représentent moins de la moitié de l'effort de l'Etat pour ramener le déficit budgétaire de 5% du PIB en 2010 à 4% en 2011 et 2% en 2012. Le déficit public russe n'est de toute façon pas un problème : le budget de l'Etat est alimenté par la taxe sur les ventes de produits pétroliers et les hydrocarbures, principale manne de l'économie russe. Or les prix des matières premières sont orientés à la hausse, ce qui pourrait permettre à l'Etat russe de résorber son déficit sans efforts. Le vrai problème de la Russie, ce n'est pas le déficit budgétaire mais la dette des entreprises privées russes, et notamment des banques, qui atteint près de 420 milliards de dollars.
Pourquoi les entreprises et les banques russes ne subissent-elles pas une plus forte pression des marchés ?
Parce qu'en face il y a les réserves de l'Etat, qui s'élèvent à quelque 400 milliards de dollars. Pour les marchés, l'Etat russe sert indirectement de garant aux entreprises privées.
Si le programme de privatisation ne sert pas à réduire le déficit, quel est son objectif ?
L'objectif est d'attirer des investisseurs étrangers, d'améliorer la gestion des entreprises russes et donc d'accroître leur compétitivité. Surtout, ce plan de privatisation vise à réduire la part monumentale et inutile de l'Etat dans l'économie russe, qui s'élève à 40%.
Comment expliquer que l'Etat russe possède encore 40% des actifs productifs du pays, alors qu'il y a eu une longue période de privatisations dans les années 1990, suite à l'éclatement de l'URSS ?
Après des ventes chaotiques dans les années 1990, dénoncées par les milieux économiques internationaux parce qu'elles favorisaient les oligarques russes, la Russie a freiné ces dernières années le mouvement des privatisations. C'est Poutine qui a engagé ce retour de l'Etat dans la vie économique, dont le symbole est le démantèlement du géant pétrolier Ioukos en faveur des groupes publics Gazprom et Rosneft. Mais Poutine n'est plus au pouvoir et Dimitri Medvedev entend moderniser l'économie russe, notamment en s'attaquant aux conglomérats publics.
Les entreprises françaises sont-elles présentes et ont-elle intérêt à investir en Russie ?
La France est loin d'avoir déployé toutes ses cartes commerciales en Russie. C'est l'Allemagne qui est son principal partenaire économique. Toutefois, depuis quelques mois, la France est le principal investisseur étranger en Russie. Tant mieux, car c'est une opportunité évidente. Le principal moteur de l'économie russe, c'est la consommation des ménages. Les grandes entreprises sont d'ailleurs très bien implantées en Russie : Total, Renault, Airbus, et surtout Auchan, qui est leader de la grande distribution là-bas. Le problème, c'est pour les petites et moyennes entreprises, qui ne sont à mon avis pas assez accompagnées par les banques pour s'implanter en Russie.