1. Hongrie, juillet 1946
Taux mensuel d'inflation : 4.190.000.000.000.000.000 %
Dans la Hongrie de l'après-guerre, tout manque. L'ancienne alliée de l'Allemagne nazie est occupée par l'armée rouge, mais a voté massivement pour un parti conservateur en novembre 1945. Les tensions entre l'occupant et le gouvernement ne contribuent guère à redresser l'économie de cette petite république enclavée. D'autant que les Communistes ont tout intérêt à accuser leurs adversaires des difficultés économiques. Sans aide extérieure, Budapest n'a d'autre recours pour payer ses fonctionnaires et ses dépenses que l'impression de milliards de pengö, la monnaie d'alors. L'hyperinflation va frapper le pays d'août 1945 à juillet 1946 et le taux quotidien de hausse des prix sera de 207%.
2. Zimbabwe, novembre 2008
Taux d'inflation mensuel : 79.600.000.000.000 %
Le bras de fer entre le président Robert Mugabe et la communauté internationale isole ce pays d'Afrique méridionale. La rareté des denrées et l'usage immodéré de la planche à billet provoquent une période d'hyperinflation démesurée de mars 2007 à novembre 2008. Chaque jour en moyenne, les prix augmentent de 98%.
3. Yougoslavie, janvier 1994
Taux d'inflation mensuel : 313.000.000 %
Le régime de Slobodan Milosevic soutient la communauté serbe dans le conflit bosniaque et s'attire les sanctions de la communauté internationale. Là encore, l'isolement du pays attise l'inflation. D'autant que le pays est en phase de destruction des structures issues du régime titiste et que les réseaux économiques se sont effondrés avec les indépendances croates et slovènes. Chaque jour, les prix augmentent de 64,6% dans ce qui reste de la fédération yougoslave. Hank et Krus placent du reste en quatrième position le cas de la Republika Srpska, entité serbe de Bosnie qui utilisait le dinar yougoslave comme monnaie et dépendait de l'économie yougoslave.
4. Allemagne, octobre 1923
Taux d'inflation mensuel : 29.500 %
Après la défaite de 1918 et le traité de Versailles du 18 juin 1919, l'Allemagne de Weimar croule sous les dettes de guerre et le paiement des réparations. La monnaie métallique est quasi-introuvable et les gouvernements ont recours à la planche à billet pour financer leurs dépenses toujours croissantes. Après une première période d'hyperinflation en janvier 1920, la hausse des prix prend un tour dramatique à partir d'août 1922 et s'accélère avec l'occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges en janvier 1923. L'acmé de cette hausse est atteinte en octobre. A partir de janvier 1924, l'hyperinflation est endiguée grâce à l'introduction d'un strict contrôle budgétaire, d'une indépendance complète de la banque centrale et de la mise en place d'une nouvelle monnaie forte.
5. Grèce, octobre 1944
Taux d'inflation mensuel : 13.800 %
L'hyperinflation débute en Grèce dès l'invasion du pays par les troupes allemandes. Le pays est fragile économiquement est sera mis en coupe réglée par les nazis. A partir de 1943, le pays est divisé entre zones occupées et zones contrôlées par les divers groupes de résistance, souvent rivaux. Après la libération du pays en septembre 1944, la tension est très vive entre la résistance de gauche et le gouvernement probritannique. Le pays, exsangue, doit tout importer et les luttes politiques qui déboucheront sur la guerre civile ouverte entre 1946 et 1949 chassent la bonne monnaie qui se cache. L'hyperinflation va durer jusqu'en décembre 1945. C'est la plus longue période d'hyperinflation renseignée par l'étude : 55 mois où les prix ont, chaque jour, progressé de 17,9% en moyenne.
13. France, août 1796
Taux d'inflation mensuel : 304 %
C'est le plus ancien grand cas d'hyperinflation renseigné par l'étude. Et le seul qui concerne la France. Dès 1789, la France doit émettre des «assignats» pour éviter la banqueroute. Ces bons rapportant intérêts et gagés sur les biens nationaux deviennent cependant rapidement du papier-monnaie. Sous le régime montagnard (mai 1793-juillet 1794), les mesures autoritaires freinent la dépréciation de cette monnaie de papier, mais les «Thermidoriens» libèrent l'économie et rouvrent la Bourse. L'assignat s'effondre. L'hyperinflation touche le pays à partir de mai 1795 et s'accélère, car l'Etat continue d'émettre des assignats. L'arrivée du Directoire en janvier 1796 change la donne. Le pouvoir tente de remplacer l'assignat par une nouvelle monnaie, le «mandat territorial», le 18 mars. Mais il choisit un taux de conversion trop faible ( 30 assignats pour un mandat). Le mandat manque aussi de gage concret et s'effondre encore plus vite que l'assignat. Le Directoire doit annoncer la fin du papier-monnaie pour stopper l'hyperinflation en novembre. Durant cette période, les prix n'auront augmenté «que» de 4,77% par jour. En février 1797, la planche à billet est symboliquement brûlée. Et la France fait banqueroute des deux tiers de sa dette en septembre...
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