TOUT EST DIT

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dimanche 2 septembre 2012

Sortie de crise : bons baisers d'Islande


Alors que la région la plus riche du monde, l'Europe, ne parvient pas à en finir avec la crise économique arrivée des Etats Unis en 2008, il est intéressant de rappeler qu'une île, peuplée de 320 000 habitants, perdue sur le cercle polaire arctique, sans industrie ni agriculture puissante, a été le premier pays européen touché et pourtant celui qui s'en est sorti le mieux. Il s'agit bien sûr de l'Islande.
Faisons préalablement un bref rappel historique pour analyser ensuite ce « miracle islandais », et les leçons que l’on peut en tirer pour la zone euro.

Commençons par décrire la structure de son économie avant l’arrivée de la crise. L’Islande avait misé sur le secteur bancaire et des politiques d’inspirations néolibérales qui lui ont assuré un fort développement économique et une élévation du niveau de vie. Mais cette évolution est en fait virtuelle car ce secteur financier demeure hypertrophié en comparaison de l’économie réelle. La croissance économique ne repose alors sur rien de concret mais uniquement sur des capitaux investis par des étrangers dans ce que l’on considère comme un nouvel El Dorado financier.
C’est pourquoi, en 2008, lorsque la crise financière américaine devient contagieuse, le pays est très durement frappé. Rapidement, les trois principales banques du pays (Kaupthing, Landsbanki et Glitnir) furent incapables d’y faire face, n’ayant pas conservé suffisamment de fonds propres par rapport aux montants colossaux de leurs prêts (équivalents à 11 fois le PIB de l’Islande !)

Mais « l’exception islandaise » est caractérisée par un comportement unique en Europe qui consiste purement et simplement à laisser couler les banques, considérant que ce sont des organismes privés et que le contribuable islandais n’a pas à payer les dettes des banquiers à leur place. Ce sont les actionnaires, majoritairement étrangers, qui ont dû supporter les pertes des banques, tandis que les dépôts islandais ont été garantis par l’Etat.
L’Etat a ensuite nationalisé les banques (ce qui lui a coûté tout de même 80% de son PIB), tout en dévaluant la couronne islandaise de 60% de sa valeur en six mois. Les ménages qui avaient contracté des prêts immobiliers en masse, dont les taux d’intérêt étaient indexés sur la valeur de la livre sterling ou de l’euro, ont vu leurs mensualités exploser. Le système entier s’est alors grippé et l’Etat islandais est entré en faillite.
Cependant, très vite, le FMI, la Grande-Bretagne, les pays scandinaves et l’Allemagne ont débloqué un prêt de près de 8 milliards de dollars en contrepartie d’une cure d’austérité pour un assainissement des finances publiques islandaises.
Le gouvernement, alors de couleur sociale-démocrate, a su rester fidèle au principe de différence de John Rawls, qui demande à ce qu’on vienne en aide en premier aux plus démunis d’une société. En effet, l’Etat a par exemple trouvé la force de rallonger la durée du versement des allocations chômage de 3 à 4 ans. La mise en place en parallèles des efforts de rigueur et de la dévaluation compétitive de la couronne islandaise, ont permis à la balance commerciale de redevenir excédentaire et à la croissance économique de revenir. En revanche, si l’Etat a garanti les dépôts islandais, il ne l’a pas fait pour les avoirs étrangers. Ce qui a donné lieu à l’affaire « Icesave ».

Cette affaire a démontré le courage des citoyens islandais qui ont refusé à 93% au cours d’un référendum de rembourser à la place des banquiers les déposants britanniques et néerlandais d’Icesave, filiale de Landsbanki. Après de fortes tensions entre les Etats concernés, le gouvernement islandais parvient à recapitaliser et à reprivatiser les banques de l’île, qui ont ainsi pu commencer à rembourser elles-mêmes leurs déposants à partir de décembre dernier.
L’Etat islandais aura ainsi tenu tête aux marchés et aux pressions internationales à la fois. Le résultat est sans appel. La croissance islandaise pour 2012 est prévu à 3%, lorsque la croissance dans la zone euro est de -0,3%. Son taux de chômage a perdu un point entre 2011 et 2012, lorsque celui de la zone euro continue de grimper. Son déficit public va même passer sous la barre des 3% du PIB. Enfin, l’Etat a réussi à rembourser en avance une partie de sa dette !
Les financiers responsables de l’effondrement du système financier islandais ont pour la plupart été rattrapés par la justice islandaise, même hors du territoire national, apportant encore une dimension morale et juste à cette sortie de crise, décidément bien originale.

Certes, ce modèle de sortie de crise n’est pas transposable à la zone euro, à cause de l’importance des banques européennes dont la faillite serait dévastatrice pour l’économie mondiale. Certes, les institutions européennes nous interdisent de dévaluer la monnaie unique et de faire jouer à notre banque centrale le rôle de prêteur en dernier ressort. Mais force est de constater que ce furent pourtant des armes essentielles pour l’Islande dans sa bataille contre la crise…
Le cas islandais nous aura appris qu’un Etat peut sortir de la crise en sauvegardant les intérêts de sa population et en tenant tête à ses créanciers, tout cela, dans le respect de principes sociaux-démocrates ; priorité aux plus démunis et égalité des chances pour tous. Nous pouvons les remercier de la leçon et prendre bonne note.

La crise de l'Euro n'a pas disparu pendant l'été

Les médias ont préféré parler vacances que crise de l'Euro, mais cela n'aura pas suffi pour faire disparaître celle-ci. Les temps qui viennent s'annoncent difficiles.
L’été touche à sa fin, les vacances se terminent et il est grand temps pour tout le monde de retrouver le train-train de la crise au quotidien. On s’y attendait, les Français ont relativement été épargnés par les médias pendant la période estivale : Ceux-ci ont préféré réaliser de pertinents micros-trottoirs de touristes pataugeant dans l’eau qu’aborder la superflue crise de la zone euro. Un choix éditorial intéressant.

Bref, inutile de se voiler la face, on a beau être de retour de vacances, la crise que traverse la monnaie unique, elle, n’a pas pris de congés. On va donc pouvoir tranquillement continuer à s’endetter, mais cette fois-ci avec le teint hâlé, ouf ! Pour le reste donc, la formule reste la même : les politiques s’accrochent mais la monnaie unique décroche. Encore aujourd’hui, François Hollande et le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, ont renouvelé leur soutien à l’euro (ça lui fait une belle jambe…) : « ni l’Euro, ni le marché unique, ni l’Union ne reviendront en arrière » ont-ils déclaré. C’est bien beau de ne pas faire marche arrière, mais sachant qu’on n’avance pas non plus, on fait quoi alors ? Et bien on stagne. De la procrastination généralisée ?
En fait c’est cela, il ne se passe rien, absolument rien : il n’y a aucune solution pour sortir la zone euro de là. Pire, toutes celles qui ont été envisagées ont échoué. Donc on renouvelle sa confiance à chaque déclaration, histoire d’essayer de rassurer les marchés. Mais sincèrement, ce n’est qu’un spectacle d’illusionnistes qui ne dupe personne… Pour l’instant on maintient l’euro en vie artificielle, on se refuse à le débrancher, on sait jamais : il va peut-être se réveiller ?
Oui, mais non. Tous les docteurs en économie s’accordent à dire que c’est fini, les dommages sont irréversibles. On ne fait que repousser l'échéance : à l'image de François Hollande qui demande « des réponses structurelles » afin de résoudre la crise au mois d'octobre, le journal Les Echos rapporte ainsi la déclaration du Président Français : «C'est au Conseil Européen du 18 et 19 octobre que nous aurons à prendre des décisions durables sur la zone euro. Cela fait trop longtemps que nous repoussons un certain nombre de choix et que nous laissons les doutes s'installer ». Sincèrement, on ne sait pas si les politiques croient eux-mêmes à ce qu'ils énoncent... Il est évident que repousser la résolution de la crise au prochain Conseil européen au mois d'octobre (« allez, cette fois c'est sûr hein : on arrête la crise ! ») n'apportera rien. Tout comme le sommet européen de juin 2012 n'a rien apporté si ce n'est un sursaut pour l'Espagne, on va en fait de sommet « décisif » en sommet « décisif » (rappelez-vous déjà en 2011...: Le prochain sommet européen sera décisif), ca en devient navrant. Personne n'ose réellement pointer le système bancaire du doigt et proposer une restructuration globale. On est définitivement prisonnier d'un système qui se mange de l'intérieur et on a tout l'air de filer vers l'oeil du vortex.
Vu le contexte mieux vaut ne pas attendre la panique générale (on y est pas encore, certains refusent de voir venir la vague d'inflation... et pourtant...), il est fortement conseillé de se préparer en se débarrassant de ses actifs financiers pour se tourner vers des valeurs qui sauront garantir le niveau de votre épargne en toute circonstance. On pense évidemment à l'or dans ce cas, car après tout, c'est ce que font les banques centrales en ce moment non ?

La crise de l'euro est politique

The Economist l'admet, "la crise de l'euro est fondamentalement politique, non pas monétaire ou financière."
Clairement, la crise de l'euro ne peut pas être si compliqué que ça - même The Economist est capable de le comprendre : "La crise de l'euro est fondamentalement politique, non pas monétaire ou financière", écrit-il. "La BCE ne peut pas redresser l'euro ; elle peut seulement gagner du temps."
Ne soyons pas ingrats devant ce genre de petits miracles, ils ont enfin reconnu la réalité. Nous l'avions dit depuis longtemps, et nous nous étions demandé pourquoi ils étaient incapables de le comprendre, avec ceux comme Roger Bootle [NdT économiste et éditorialiste pour The Daily Telegraph] nous répétant que "les difficultés de l'eurozone sont à la fois financières et économiques".
Mais même si l'important journal qu'est The Economist s'est rendu à la vérité, cela ne signifie pas que les choses vont changer. Les articles peu inspirés vont garder le même discours, et les compte-rendus sur l'évolution de la crise vont continuer à utiliser un biais financier et économique.
Cependant reconnaître que la crise est politique vous aide à comprendre ce qui se passe exactement. Cela vous aide à comprendre qu'il n'y a pas de solution économique. Il doit alors y avoir une solution politique ; il ne peut y avoir qu'une solution politique.
Par conséquent, cela vous aide à comprendre pourquoi la BCE ne peut que gagner du temps. Cela vous aide à comprendre pourquoi cela a été la stratégie des "collègues" depuis le début : gagner du temps. Ils attendent que les conditions soient mûres pour une solution politique.
Et cela vous aide à comprendre aussi pourquoi, contre toute attente, Merkel réclame un nouveau traité. La voilà la solution politique, la seule qui ait une chance de fonctionner, même si elle est probablement condamnée à la faillite, ensevelie sous l'avalanche de dettes.
Et même si cela a pris tant de temps à The Economist pour reconnaître que le problème était politique, les politiciens en étaient conscients depuis longtemps. Ils ont géré la crise comme un événement politique, trompant par là leurs critiques qui, dans leur ignorance, attendaient des réponses économiques.
Si donc la BCE réussit avec d'autres à tenir sa ligne, gagnant du temps heure par heure, jour par jour, semaine par semaine, ils devraient réussir à tenir jusqu'à la fin de l'année avec un euro intact. Alors interviendra la proposition de convention portée par le Conseil Européen.
Et alors les "collègues" iront dans le sens d'un nouveau traité. Ils le doivent, parce que ce sera la seule solution, et parce que ça a été leur intention depuis le début. Et si par un miracle qui défie la gravité ils y parvenaient, la crise providentielle aura fait son travail. C'est aussi simple que ça.

François Hollande à la recherche du bon tempo

Les Français le savaient avant de le porter au pouvoir : François Hollande serait un président "normal", à l'opposé de "l'hyperprésident" que fut Nicolas Sarkozy. Cette posture, le nouveau chef de l'Etat en a usé et abusé durant ses quatre premiers mois de présidence. Il en subit désormais le contrecoup : face à la crise, François Hollande paraît trop effacé, ce qui commence à lui coûter de précieux points dans les sondages de popularité.
Vendredi 31 août, en déplacement à Châlons-en-Champagne (Marne), François Hollande a entamé une rentrée médiatique qui le mènera sur le plateau du JT de TF1 le 9 septembre, veille d'une rentrée parlementaire avancée de deux semaines. Un retour sur le devant de la scène qui n'a pas totalement dissipé le procès en immobilisme intenté par ses détracteurs. François Hollande n'a pas fait d'annonce choc. "Je prendrai les décisions dans un calendrier ordonné, en respectant les rythmes du Parlement et le dialogue social", a-t-il martelé vendredi, contraint d'assumer le rythme apaisé qu'il s'est fixé.

Flamby, dans toute sa normalité
Les Français impatients
Cette explication suffira-t-elle à rassurer les Français ? "Depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, l'opinion s'est habituée à ce que le président intervienne beaucoup. Dans l'esprit des Français, nous sommes encore dans cette ère où le président est encore le personnage principal", décrypte pour FTVi Christian Delporte, professeur d'histoire contemporaine et spécialiste de la communication politique.
Jean-Marc Ayrault ne semble pas encore s'être imposé comme l'homme qui tient la barre du bateau France. C'est pourtant bien le rôle que François Hollande souhaiterait le voir occuper. "La mission de président de la République, a-t-il énoncé à Châlons-en-Champagne, c'est de conduire notre pays pour qu'il fasse des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et dans la bonne direction. Et c'est au gouvernement, sous l’autorité de Jean-Marc Ayrault, de mettre en œuvre cette orientation."
En attendant, les Français s'impatientent. "Le changement, c'est pour quand ?" ont écrit des militants CGT sur leurs banderoles en accueillant le président. "Hollande s'est peut-être rendu compte qu'il était allé trop loin dans sa stratégie de non-communication. Mais il a fini par comprendre que se contenter de prendre le contrepied de Sarkozy ne permettait pas de combler les attentes", avance le communicant Bastien Millot. Reste maintenant à se trouver un vrai cap, à inventer sa propre communication.
Coincé entre deux calendriers
François Hollande n'est pour l'instant pas prêt à renverser la table et à changer radicalement de stratégie. "L'action que je conduis s'inscrit dans la durée du mandat qui m'a été confié par les Français : non pas sur trois mois, pas davantage sur douze mois mais sur cinq ans. Mais en même temps, a-t-il déclaré, il n'y a pas de jours à perdre. Tout compte. Trop de retards ont été pris. Trop d'urgences nous assaillent. Trop de périls nous menacent."
Une précision qui s'adresse directement à une opinion publique abreuvée jour après jour de mauvaises nouvelles économiques, qui comprend mal que les responsables politiques ne fassent pas feu de tout bois pour endiguer la crise. "Il y a une très grande impatience qui ne correspond pas au rythme d'un éventuel retour de la croissance", juge Christian Delporte.
Pour l'éditorialiste de France Inter Thomas Legrand, "les politiques sont confrontés à deux calendriers contradictoires, à deux échelles du temps concurrentes. La leur, celle de la réforme, de la fabrication des lois, c'est-à-dire de la démocratie, et la nôtre, celle des médias et de la fabrication de l’info, c'est-à-dire de la démocratie d'opinion". Toute la difficulté pour François Hollande est de relégitimer la première, quand son prédécesseur s'était engouffré jusqu'à l'excès dans la seconde.

Ordre bafoué 


Le ministre de l’Intérieur et des Cultes est aujourd’hui à Mulhouse. Le déplacement de Manuel Valls concerne principalement le volet cultuel de son ministère : il inaugure la synagogue restaurée. Il arrive aussi dans une ville qui, à l’instar de bien des cités françaises, doit faire face à une délinquance persistante. Mulhouse n’a pas été sélectionnée dans la première tranche des zones de sécurité prioritaires. Elle aurait, hélas, largement pu en faire partie.
Et c’est bien là que le bât blesse. Le développement de la délinquance dans les quartiers difficiles est tel que l’État est condamné à sélectionner les cancres de la sécurité et du bien-vivre, pour tenter de les ramener dans le droit chemin. De ce point de vue, Marseille est classé hors catégorie. La vague meurtrière qui ensanglante cette ville témoigne de l’échec des politiques menées depuis des années dans la deuxième ville de France. Le folklore et la réputation centenaire de violence qui collent à la peau de la cité phocéenne peuvent expliquer que l’on y ait laissé pourrir la situation. Borsalino et la French Connection faisaient partie du folklore local, au même titre que le pastis et la pétanque. On comptait, lâchement, sur les parrains du Milieu local pour maintenir une sorte de « violence acceptable », quitte à leur abandonner une partie du maintien de l’ordre. De leur ordre.
Aujourd’hui, la coupe est pleine de sang. La kalachnikov fait la loi dans certains quartiers, au point que des élus républicains appellent l’armée au secours. Redoutable solution ! Dans un État de droit, la police est seule à même de défendre l’ordre. Appeler l’armée, c’est reconnaître que cet ordre est bafoué, que, quelque part, la République est en danger, et qu’il y a urgence à agir.
L’heure du ménage a sonné. L’État doit reconquérir les quartiers par l’épée, mais aussi par l’éducation et la morale.
Morale. Un mot désuet, dans une ville où les mises en examen d’élus de tous bords témoignent d’un certain relâchement des mœurs. Appeler l’État au secours est une démarche compréhensible. Il serait tout aussi souhaitable de voir les élus marseillais commencer par balayer devant leur porte.

Société désintégrée 
 

Marseille, c’est loin. Un monde exotique, fait de cigales, de plages et parfois de rafales autres que celles du mistral. On peut crier à l’amalgame. Pendant que les réseaux sociaux s’affligent de tueries aux États-Unis, la police est réduite, dans une ville française, à se faire comptable des morts par balles.
Invoquer un genre de tradition locale sonnerait faux, en plus de se vouloir provocateur. Certes, le grand banditisme avait su hier prendre ses aises dans la deuxième ville du pays. Les parrains évoluaient dans un milieu organisé à défaut d’être très socialisé, avec ses conventions propres et sa légende sanglante. Cette criminalité pouvait bien inquiéter. Ses limites étaient perceptibles.
Aujourd’hui, l’ère de la Kalachnikov secoue l’Etat de droit plus sèchement. Le passage des vols à l’arraché à une violence débridée et radicale reflète l’aggravation et la multiplication des misères parmi des groupes marginalisés, déréglés. La répétition des règlements de comptes n’est pas le fruit du seul trafic de drogue. Ces déchaînements marquent aussi le basculement d’une société de l’intégration à une autre de désintégration.
Faute d’un contexte sécuritaire minimal, comment, pour des gouvernants, mener les batailles du chômage, de l’échec scolaire, des inégalités? Il ne s’agit pas là de mater une ville, comme le supposerait une idée délirante de faire donner l’armée. Mais de réapprivoiser une composante de sa population. En un sens, parce qu’elle appartient à la même nation effarée, Marseille nous est aussi très proche.

La croissance vaut bien une messe 


  François Hollande ira-t-il jusqu'à faire de la restauration des marges des entreprises françaises une cause nationale ?

Le retour de la croissance vaut bien une messe libérale. Dix ministres et le chef d'un gouvernement de gauche à l'université du MEDEF, dans l'antre du capitalisme, serrant des mains de patrons, souriant à des électeurs qui n'ont pas tous voté François Hollande. C'était cette semaine.
La présence était massive et le symbole si fort que Jean-Luc Mélenchon a dénoncé « les risettes » faites à Laurence Parisot, baptisée « chef d'état-major de la réaction ». Le patron du Front de gauche cherche à exister de nouveau en reprenant sa posture radicale, en guerre contre les patrons, en rupture avec le capitalisme.
Le gouvernement, lui, est confronté à la réalité. Il porte désormais la responsabilité de la conduite des affaires du pays en période de crise. Sans états d'âme, le nouveau pouvoir politique est allé chercher auprès du pouvoir économique des raisons d'espérer dans le retour d'une croissance dont il a tant besoin.
Quand il est impossible d'augmenter la dépense publique pour faire repartir la machine économique parce que la dette est trop lourde, quand il est suicidaire de tailler brutalement dans ces dépenses et de renforcer la pression fiscale, au risque de la récession, le chemin de crête ressemble à la corde du funambule.
Il faut contenir les dépenses en supprimant celles qui ne sont pas essentielles, il faut alourdir les impôts sans tuer la consommation des ménages et l'investissement des entreprises, et il faut surtout renouer avec la croissance. C'est elle qui permettra l'augmentation des recettes fiscales de l'État et qui créera de l'emploi.
Ces « risettes » au patronat sont, pour le président de la République, une façon de reconnaître, sans le dire, l'importance primordiale de la compétitivité de nos entreprises. Jusqu'où François Hollande ira-t-il dans son credo entrepreneurial ?
On sait que la bien meilleure santé économique de l'Allemagne tient à un positionnement haut de gamme de ses produits, à une recherche et développement plus efficace, et à un tissu de PME de plus grande taille.
On dit moins que les entreprises allemandes voient leur profitabilité augmenter depuis dix ans, quand celle des entreprises françaises baissait fortement.
Or, ce sont ces profits qui permettent aux entreprises allemandes d'investir dans leur appareil de production, dans l'innovation et dans la formation des hommes.
François Hollande ira-t-il jusqu'à faire de la restauration des marges des entreprises une cause nationale ? Ce qu'il ne pouvait dire au peuple de gauche quand il devait se faire élire, osera-t-il le dire au peuple français une fois élu ?

La victoire en déchantant 
Flamby et Tarlouse de Paris


  Alors que la cote de confiance de François Hollande est passée sous la barre des 50 %, le Parti socialiste se réunit à La  Rochelle sans pouvoir fêter une victoire qui est déjà une vieille affaire pour les Français. Le désenchantement a vite repris ses droits dans une époque où la crise ternit tout.
La gauche de gouvernement se retrouve comblée et inquiète à la fois. Elle a aujourd'hui tous les pouvoirs, locaux et nationaux. Elle peut décider et agir sans autre contre-pouvoir que celui de la rue. Les administrations sont à son service. Les assemblées à sa main. Elle est toute puissante, au moins dans le domaine institutionnel. Le Parti socialiste était habitué au pouvoir local, pas au pouvoir national. À l'échelon local, on gère, à l'échelon national, on critique. C'est la pratique qui prévalait jusque-là. Aujourd'hui, il faut toujours gérer les collectivités locales, et il faut en plus gouverner la France.
Les Français ont élu un président et une Assemblée nationale de gauche. Ils regardent maintenant vers ce pouvoir dont ils attendent tout parce qu'il maîtrise tout.
Ils n'espèrent pas de résultats immédiats, parce qu'ils ont bien compris l'épaisseur de la crise. Mais ils ont néanmoins besoin d'être rassurés. Et si l'on en juge par les derniers sondages, ils ne le sont pas. François Hollande président prolonge le François Hollande candidat. Pas de promesses inconsidérées, pas de frénésie d'actions. Il était l'anti-Sarkozy, il le reste.
Son prédécesseur faisait oublier son absence de cap par des sprints éperdus qui focalisaient l'attention. À chaque événement répondait une « séquence  ». Rien n'était laissé sans écho, même si ce bruit ne faisait pas une mélodie. Son successeur s'est engagé dans le registre de la modestie, de la réflexion, du temps retrouvé. La posture plaisait par contraste. Elle ne suffit plus.
Si François Hollande veut retrouver la confiance de l'opinion sans renouer avec l'hyperprésidence, il lui faut nécessairement indiquer un cap et annoncer les grandes étapes du rétablissement. Les Français peuvent attendre, à condition qu'on leur propose des échéances.
Le flou du candidat permettait aux électeurs de projeter dans son discours toutes leurs attentes. Le flou du président transforme toutes ces attentes en déceptions.
Comment le président de la République compte-t-il redonner à la France le dynamisme économique qu'elle n'a plus connu depuis plus de dix ans ? Par quelles actions cette réhabilitation passe-t-elle et au prix de quels efforts ? Comment compte-t-il faire baisser les dépenses publiques sans plomber la croissance ? Comment espère-t-il augmenter les recettes fiscales sans scléroser un peu plus le pays ? Comment faire accepter les sacrifices indispensables à une sortie de crise ?
Ils n'espèrent pas de résultats immédiats parce qu'ils ont compris l'épaisseur de la crise.
Mais ils ont néanmoins besoin d'être rassurés.

Les dernières paroles du cardinal Martini : "L'Eglise a 200 ans de retard"

Sa dernière interview ne sera pas passée inaperçue. Dans un entretien réalisé en août, et publié samedi 1er septembre par le Corriere della serra, le cardinal Martini, mort vendredi à l'âge de 85 ans, dresse un portrait au vitriol de l'Eglise catholique, institution qu'il présente comme ayant "200 ans de retard".
"Notre culture a vieilli, nos églises sont grandes et vides, la bureaucratie ecclésiastique est omniprésente, nos rites religieux et les habits que nous portons sont pompeux", tacle le cardinal, considéré jusqu'à sa mort comme une grande figure du courant progressiste.

Divorce, préservatif, femmes prêtres : pas de sujet tabou
Le cardinal militait pour une politique beaucoup plus ouverte à l'égard des personnes divorcées. Sans quoi l'Eglise perdra la confiance des générations futures, prédit-il dans cet entretien. Selon lui, la question n'est pas de savoir si ces couples peuvent communier, mais comment l'Eglise peut accompagner ces situations familiales complexes.
Prônant "une transformation radicale, à commencer par le pape et ses évêques", le cardinal Martini, très respecté par Jean-Paul II et Benoît XVI, n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat : "Le scandales sexuels avec des enfants nous obligent à emprunter le chemin d'une transformation."
Atteint depuis dix ans de la maladie de Parkinson, ce grand intellectuel jésuite s'était par le passé montré ouvert sur la question du préservatif ("un moindre mal") et des femmes prêtres.

Hauts fonctionnaires : travailler plus mais pour quoi faire ?

656 fonctionnaires gagnent plus que Hollande et Ayrault. C’est ce que révèle le magazine Challenges à travers une enquête menée sur les salaires de hauts fonctionnaires de l’Etat. Le décret officialisant la baisse de 30 % du salaire du Président et de son premier ministre, publié le 24 août fait ainsi passer de la 52 eme à la 657 eme place des rémunérations de l’Etat. L’hebdomadaire souligne également les écarts entre un ambassadeur en Afghanistan (entre 30 et 35 000 euros bruts/mois) à comparer aux 14 910 euros bruts du chef de l’Etat.

Heyrault, le crétin de service.
Passée cette goutte d’eau dans un océan de déficit public, passée la démagogie de cette mesure phare du début de quinquennat Hollande avec cette baisse en trompe l’œil (la masse salariale étant plus importante sous le gouvernement Hollande que le premier gouvernement Fillon), passée surtout cette hypocrisie socialiste de faire l’impasse sur les mauvaises habitudes *de ses prédécesseurs, Mitterrand et Chirac en tête… que retenir ?
Qu’un grand chef d’entreprise, en l’occurrence ici l’Etat, gagne moins que ses employés, fut il exposé à la pire des situations, c’est-à-dire prendre un Ferrero Rocher en compagnie d’un barbu à Kaboul.
Pour comprendre cette particularité française, petit retour en arrière. La jurisprudence Hollande nous avait auparavant éclairé un peu sur cette « normalité » en matière de politique salariale publique. Pour « montrer l’exemple », Bercy a décidé de marquer les esprits en fixant un plafond de rémunération des dirigeants d’entreprise publique sur la base de vingt fois la moyenne des 10 % les plus bas, soit un plafond d’environ 450 000 euros annuels le traitement. Soit. Sur le papier pourquoi pas, car tout ce qui peut réduire le train de vie de l’Etat finalement est bon à prendre en cette période. Mais Bercy a oublié une chose : nous ne sommes pas dans une économie administrée, même dans son meilleur fantasme. Et tous ceux qui sont concernés par une réduction de leur rémunération sont ceux finalement qui ont les responsabilités les plus importantes. Les autres n’étant pas concernés sauf à décider par décret de la baisse de l’ensemble des salaires de la fonction publique, ce qui revient à changer tous les contrats de travail.
On arrive à ce même constat : un patron finalement moins payé que son comité de direction et parfois aussi de ses collaborateurs. Le goût de l’effort, le sens des responsabilités ne semblent donc pas des valeurs en vogue et payante de la Hollandie, même dans la fonction publique. Comment dès lors susciter des vocations et attirer des talents lorsqu’on lui dit que le numéro deux, trois ou vingt sera mieux payé que vous avec moins de responsabilité ? Pour vous je ne sais pas, mais moi, franchement, n’étant pas maso je ferai tout ce qui est possible de faire pour ne pas devenir dirigeant et me faire mal voir de ma hiérarchie.
Dans ce domaine, c’est vrai, reconnaissez que l’on ne manque pas d’idées pour y arriver. Le plus simple, c’est de ne pas faire grand-chose, ou tout du moins retarder l’échéance pour ne pas devoir rendre des comptes très rapidement. On peut ainsi se créer à foison des comités, des réunions en veux-tu en voilà, histoire de dire que l’on est ouvert à tous et que l’on prendra une solution collégiale le temps venu. Avantage : un an de gagné et ça peut permettre de passer la période d’essai. Le problème, c’est que même en s’agitant, cela finit rapidement par se voir. Mais le mieux est de montrer un signe de non assiduité pour le job. Quelle que soit la situation, ne surtout rien faire, rien dire, sortir des phrases creuses. Le must, c’est prendre des vacances alors que l’on vient de commencer son job et que tout le monde compte sur vous. Et ça, notre Président l’a bien compris. On comprend finalement mieux cette décision de se baisser lui-même son salaire.
* Les « fonds secrets », sorte de petit argent de poche laissé à discrétion du Président échappaient, avant N Sarkozy, au calcul de cette rémunération et surtout au contrôle des finances publiques.

LA HONTE LA BÊTISE ET LA PEUR !
C'EST AVEC CE RAISONNEMENT QUE LA FRANCE VA DEVENIR UNE TERRE ISLAMIQUE, JE LE REFUSE DE TOUTE MA FORCE, L'ISLAM
 C'EST LA HAINE LA MISOGYNIE ET LA MORT. L'ÉGLISE CATHOLIQUE A 200 ANS DE RETARD....QU'ELLE SE RÉVEILLE ET VITE !!

Sarkozy peut-il revenir?


L’anecdote est authentique, je vous en donne ma parole. Hier soir, lors d’un dîner, je retrouve une vieille connaissance, dans le style bobo socialisant. Pendant cinq ans, il n’a jamais cessé de vomir sur l’ex-président, déversant tous les poncifs de l’époque : « Sarkozy président des riches, néo-conservateurs, otage des américains, des banques et des sociétés du CAC40, représentant  la droite xénophobe » etc. Or, hier soir, en beau milieu de soirée, il me dit: « Tu as vu comme ça va mal ? C’est effroyable !  On en finit par regretter Nicolas ! Il peut revenir tu penses ? »
Peut-il revenir ? Je trouve cette question, en arrière-plan de toutes les manœuvres politiques à droite, quelque peu déplacée.
Sarkozy est le premier à reconnaître qu’il a commis des erreurs et des maladresses. Quel homme d’Etat peut se targuer d’un parcours sans faute? Mais, pendant cinq ans, avec ses forces et ses faiblesses, il a remué ciel et terre, sans une seconde de repos, à un rythme infernal, avec une obsession, une fixation, un leitmotiv : « les Français attendent de moi que je les sorte de la crise Durant toutes ces années, il n’a jamais cessé de subir une avalanche d’insultes et de mauvais coups haineux, avec une violence et une constance qui n’ont pas d’équivalents dans l’histoire. Il faut être bien naïf pour imaginer qu’on puisse tirer une once de bonheur à faire un métier pareil.
Résultat : une majorité de Français l’a remercié le 6 mai dernier, l’a mis dehors et a voulu à sa place un « président normal. » Pourquoi souhaiterait-il revenir dans ces conditions ? Il y a toujours un homme sous le costume des institutions. Reprendre du service? Une affaire personnelle, entre lui et la France…

ZORBA LE GREC À VOLOS

Souvenez vous, dans le film, le jeune homme échoue dans son entreprise et se retrouve ruiné.
Zorba l'entraine alors sur la plage et lui apprend cette danse (qui n'existe que dans le film) pour oublier.
Ici à Volos, un millier de personnes font symboliquement de même pour la Grèce, qui n'a plus d'industrie.