lundi 25 novembre 2013
On ne peut légitimement défendre la liberté à disposer du corps d'autrui
Alors que des personnalités issues du monde de la culture et des médias ont signé dans le magazine Causeur un manifeste contre la pénalisation de la prostitution intitulé «Touche pas à ma pute», la polémique sur cette initiative se poursuit. Selon notre contributeur Cyril Jorais, cette initiative procède d'une «méconnaissance, ou d'une volonté d'ignorer les ressorts de la prostitution».
L'insulte, arme ultime de la gauche larguée
L'insulte, arme ultime de la gauche larguée
Le réveil du peuple n’est décidément pas du goût de ceux qui prétendent encore parler en son nom. Dans Le Monde de samedi, l’intellectuel Daniel Lindenberg parle d’"agitation fascisante" à propos de l’insurrection civique que je décrivais dans lebloc-notes du 15 novembre. Appliquant la vieille recette de la reductio ad hitlerumdénoncée par Leo Strauss, l’historien assure : "Une certaine tentation factieuse renaît des profondeurs d’une droite française dite parfois un peu vite républicaine (…)". Et encore : "Les héritiers de Maurras se coiffent de bonnets rouges". Lindenberg, qui ne se pose pas la question de savoir pourquoi les Oubliés sont à ce point exaspérés, soutient que la véritable insurrection civique est celle qui s’impose devant "le retour à visage découvert des idées les plus rances". La violence et la haine contenues dans ces propos ressemblent à un hurlement de détresse et de rage : celle d’une gauche qui a perdu le contact avec les gens, qui ne comprend plus leur révolte, qui n’a plus le monopole des manifestations de rues. Non, l’insurrection ne viendra pas de ces "progressistes" sectaires, qui n’ont jamais su argumenter autrement qu’en traitant de fascistes et de nazis leurs contradicteurs. Ils ont perdu la bataille des idées, faute d’un minimum d’ouverture aux autres et aux réalités.
Ce divorce avec le peuple n’est pas seulement une humiliation pour les doctrinaires habitués à se pousser du col. Les syndicats viennent de démontrer eux-mêmes leur perte d’influence dans les luttes qui s’écrivent. La réplique aux Bonnets rougesqu’ils ont voulu organiser, samedi en Bretagne, s’est soldée par un échec. Répartis entre Rennes, Lorient, Saint-Brieuc, et Morlaix, les manifestants n’ont pas réuni, au total, la moitié de ceux qui avaient spontanément défilé à Quimper, le 2 novembre. Ces corps intermédiaires ont dénoncé, eux aussi, ceux qui leur tournent le dos. Ces derniers ont notamment été traités de "poujadistes", pour ne retenir que le plus aimable. Le front syndical que la CGT et la CFDT annoncent, ce lundi, vouloir constituer contre le "populisme", ne ménagera pas ses insultes contre les Indignés, coupables de vouloir désormais se faire entendre par eux-mêmes. Mais il est peu probable que les rentiers du combat social, défenseurs d’illégitimes chasses gardées, intimident les nouveaux braconniers de la société civile. Jean-Marc Ayrault, qui ouvre ce matin les consultations sur son obscure réforme fiscale en recevant ces syndicats démonétisés, confirme d’ailleurs que la gauche ne comprend rien à la colère des Français. Il va donc falloir probablement, pour eux, mettre les points sur les i.
Nabila, la connerie sous haute protection
L’AFP nous apprend que les trois expressions « Allô, non mais allô quoi », « allô quoi » et « Allô ! t’es une fille, t’as pas de shampoing, c’est comme si je dis t’es une fille t’as pas de cheveux »viennent d’être déposées à l’Institut national de la propriété industrielle par la société qui produit l’émission « Les Anges de la téléréalité » et par Nabila Benattia, l’auteur de ces propos dont les spécialistes admireront la qualité stylistique.
Aujourd’hui, on ne se contente pas d’être con ni même d’en tirer quelque honneur comme des générations de cons glorieux ont procédé depuis la nuit des temps : on réclame des royalties sur sa propre connerie. Et on rivalise, on se concurrence pour le faire.
Cependant, un grave problème de droit se pose ici : la société de production a été plus rapide que Nabila Benattia pour déposer sa connerie à l’INPI. Il se peut donc très bien que le producteur perçoive les bénéfices de la connerie de Nabila Benattia.
Il ne lui restera plus à la petite angelotte téléréelle que les yeux pour pleurer. Que faire pour réparer cette injustice ?
Une seule solution. Demander le transfert immédiat et inconditionnel de Nabila Benattia au Pavillon de Sèvres. On la mettrait sous cloche. Elle y ferait un excellent étalon de la bêtise. Et puis, elle y gagnerait beaucoup en humanité, puisque qu’elle serait enfin pourvue de la seule qualité qui lui manque : le silence.
Europe : Le procès pour racisme de Saint Nicolas ou les dérives de la dictature de la pensée
Saint Nicolas est-il raciste ?
Ce thème ô combien surréaliste vient de faire l'objet d'une enquête d'une commission du Haut Commissariat de l'ONU visant à déterminer si la présence du personnage dénommé le Père Fouettard (Zwarte Piet en néerlandais), qui accompagne Saint Nicolas et joue le rôle du méchant censé faire peur aux enfants qui n'ont pas été sages, est justifiée. Ce Zwarte Piet ne serait que le reflet du racisme prétendument ambiant dans les pays d'Europe de l'Ouest.
Sans vous faire l'historique du personnage au visage noir et à l'apparence étrange, nous n'avons jamais vu un père fouettard avec un os dans le nez ou une casserole pour faire cuire les enfants comme dans les histoires de cannibales racontée aux temps des colonies. Père Fouettard ; c'est un ramoneur, un personnage précolonial, qui n'a rien avoir avec un quelconque racisme anti-noir ni de près ni de loin. On le retrouve d'ailleurs dans d'autres pays sous différentes formes et couleurs mais pour le cas d'espèce, le Zwarte Piet étant le surnom des ramoneurs hollandais.
L'ONU enquête
Mais la Commission du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, qui avait envoyé un questionnaire aux Pays-Bas en début d’année, ne l'entend pas comme ça.
« Selon les informations que nous avons reçues, l’image du Pierre Noir perpétue une vision stéréotypée du peuple africain et des personnes d’origine africaine qui apparaissent comme des citoyens de seconde zone », questionne un courrier rédigé par quatre enquêteurs demandant aux autorités néerlandaises de clarifier la question.
Ces derniers n’ont pas voulu préjuger de ce problème, mais ont demandé de « bien vouloir indiquer dans quelle mesure votre gouvernement a impliqué la société néerlandaise, y compris les Africains (…), dans les discussions sur le choix de Santa Claus et de Zwarte Piet comme symbole culturel dans ce pays. »
Le problème est sensible, et les esprits s’échauffent à propos de ce personnage, dont les (rares) détracteurs disent qu’il est une réminiscence de l’esclavage dans les colonies hollandaises.
Mais bien avant la conclusion, la présidente de cette commission, la Jamaïcaine Verene Shepherd, devait se rendre aux Pays-Bas ce mois-ci pour observer par elle-même la tradition. Mais elle a déjà alimenté le débat en assurant à la télévision néerlandaise: « En tant que noire de peau, je pense que si je vivais aux Pays-Bas, j'aurais des objections (...). Le groupe de travail ne comprend pas pourquoi les gens aux Pays-Bas ne peuvent pas voir qu'il s'agit d'un retour à l'esclavage et qu'au XXIe siècle, cette pratique devrait cesser », a-t-elle ajouté.
D'une part, cette affirmation de Mme Shepherd est d'un point de vue juridique et éthique absolument inconcevable puisqu'elle est juge et partie, ou du moins prononce déjà la sentence avant d'avoir terminé son « enquête », mais en plus, cela discrédite l'ONU qui se fait décidemment l'agent subventionné des défenseurs du grand remplacement de population et dorénavant de culture.
Du sapin de la discorde au pendentif discriminant
Avant les Pays Bas, il y avait eu ce sapin de Noël jugé par les responsables de la Ville de Bruxelles comme trop symbolique de la majorité « catholique ». A la place d'un sapin, les belges ont eu droit à une sculpture cubiste. L'univers magique des enfants en aura pris un coup. Pas de sapin mais un ensemble d'échafaudages déshumanisé. Un peu comme leur avenir... diront certains.
A Nancy, cette année, l’élue Areski Sadi propose l’abandon du marché de Noël :
«Ce marché n’est plus que sujet de moqueries et de tensions ». Des tensions ethniques dues à un marché de noël... on croit rêver !
A Bruxelles, c'est le Centre d'Action Laïque, véritable institution qui « plaide depuis longtemps pour une réforme globale du calendrier, des jours fériés et sa déchristianisation puisqu'on peut considérer que c'est discriminant à l'égard d'autres religions ». Le lobby laïc trouvant déjà pesantes les pratiques chrétiennes (en perte totale de vitesse en Europe occidentale), promeut une « déchristianisation », y compris dans des noms de fêtes.
La discrimination serait partout et nos inquisiteurs la traquent, y compris dans la France profonde. Ainsi, la petite ville de Broue a dû faire scier une croix sur le cimetière de la commune à la demande d’une conseillère qui avait affirmé que « le cimetière étant un bâtiment public, il ne devrait pas y avoir de signes religieux ». C’est « au nom de la tolérance» que le maire dit avoir accéder à cette demande. Pour votre information, la croix sur le portail mesurait quinze centimètres...
Plus au Nord, c'est une présentatrice vedette du journal de la chaîne publique norvégienne NRK, Mme Sællmann, qui vient de se voir interdire par la direction de cette télévision de porter à l’antenne une petite croix sur une chaîne suite aux nombreuses plaintes de musulmans jugeant le pendentif « discriminant ».
La chasse aux sorcières est ouverte
Il s'agit clairement et une nouvelle fois de procès en sorcellerie modernes. Créer une mésentente communautaire sur des sujets apparemment secondaires mais qui mis les uns après les autres commencent très sérieusement à alimenter un ras le bol de la part de citoyens. Après le remplacement du sapin de noël de Bruxelles, les révélations du hallal dans la région parisienne, le changements des noms des fêtes religieuses, les scandales dus à des gestes imbéciles ou enfantins concernant Mme Taubira, les grognements de singes dans les stades… l'ONU et les maîtres à penser condamnent toute une population jugée génétiquement raciste, islamophobe et homophobe. Le coup du Saint Nicolas qui a entraîné 21 procès aux Pays-Bas visant l'interdiction de son défilé marque un summum dans le grotesque de ces prétendus antiracistes.
Stigmatisation et culpabilisation semblent avoir remplacé intégration et assimilation. A défaut d'avoir une réussite dans le culte multi culturaliste, certaines élites ont joué à la surenchère dans l'autre sens. La culture, la nation, la religion : c'est l'apanage de la génération « vieux cons », selon un titre duHuffington post s'étant offusqué des propos d'Alain Delon sur le mariage gay contre nature, d'après l'acteur. Le Huffposttoujours très avant-gardiste dans l'art de la déculturation.
Pour cette année, Saint Nicolas accompagné de son Père Fouettard ont finalement pu entrer dans les rues pour la joie des tout-petits mais protégés tout de même par la police puisqu’une manifestation anti-Saint Nicolas y a encore fait des vagues. Cette fois silencieuses, puisque les manifestants ont eu l'excellente idée de se mettre sur la bouche de la bande isolante ou du papier collant en guise de protestation. Au moins, nous avons échappé pour cette fois à une attaque de harpies aux seins nus hurlant devant les enfants ou pourquoi pas un tir d'un furieux gauchiste parisien.
L'assassinat du Père Noël
Le réflexe de toute cette frange de l'élite intellectuelle alliée aux prétendues victimes d'un racisme ancestral va en tout les cas s'attaquer à chaque domaine de notre quotidien pour en débarrasser les symboles de la culture chrétienne qui existait avant leur arrivée et leur naissance.
Si nous ne sommes pas arrivés encore à l'explosion des temples de Tombouctou, des églises coptes par des Egyptiens enragés ni à la décapitation des bouddhas de Bamiyan par des talibans rétrogrades, à l'allure et par les sujets qu'elle touche, la déculturation programmée pourra en quelques décennies (voire moins) éliminer tous les attributs d'une culture et d'une civilisation dont les seuls défauts auront d'avoir été trop niais et de ne pas faire d'enfants en grand nombre.
Trop cérébral, l'Européen de l'Ouest s'est laissé aller à rêver à un monde idéal multi culturel où chacun cohabiterait en harmonie avec son voisin ou le nouveau venu. La réalité le gifle tous les jours afin qu'il se réveille de sa torpeur, mais rien n'y fait. Somnolent, inconscient et obsolescent, l'Européen se borne encore à croire au miracle. Si au pays de l'espoir, il n'y a jamais d'hiver, cette année, le Père Noël risque pour la première fois de prendre sa retraite quand d'autres penseront à l'exil vers des lieux où la neige resterait, malgré les procès, blanche et surtout immaculée. N
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur
Vers une nouvelle révolution chinoise ?
Le 15 novembre dernier, le monde a peut-être été témoin d’une de ces révolutions silencieuses qui marquent l’histoire de l’Humanité pour plusieurs décennies. La presse internationale, prudente peut-être, n’en a fait qu’un modeste écho. En France, bien sûr, elle est consciencieusement passée à côté pour s’attarder sur des histoires de bananes.
Et comme on pouvait raisonnablement s’y attendre, ce discret chambardement vient de Chine. Comme nous l’apprend une brève de Contrepoints, à l’issue d’une réunion du comité central du Parti communiste chinois, une liste de réformes a été livrée par l’agence officielle Chine nouvelle.
J’ai déjà évoqué, un peu, les mutations que traverse l’Empire du Milieu dans sa marche posée hors du communisme mortel qui précipita des millions de Chinois à leur perte après la seconde guerre mondiale, en remarquant notamment que, ces cinq dernières années, le rapport des autorités chinoises à l’or avait progressivement évolué au point que le pays en achète maintenant plus que tout autre, et que ses réserves, stockées par sa banque centrale, en sont difficilement estimables mais certainement bien supérieures aux 1054 tonnes officiellement détenues.
Ici, on comprendra qu’un pays qui concentre près de 20% de la population terrestre compte forcément un peu dans le concert des monnaies. À ce titre, tout changement de politique vis-à-vis de son Yuan impactera forcément l’ensemble de la planète à commencer par les économies occidentales, au premier rang desquelles les États-Unis dont le dollar est massivement détenu par les autorités chinoises. Ainsi, l’augmentation drastique du stock d’or de la banque centrale chinoise peut raisonnablement montrer une volonté, pour le gouvernement, de se détacher de sa dépendance à la monnaie américaine, par exemple en proposant un Yuan convertible, voire, éventuellement, adossé à l’or.
Certains m’objecteront qu’une telle manœuvre provoquerait un décrochement du dollar et amoindrirait beaucoup la valeur des réserves chinoises ; je note cependant que les dirigeants chinois ont parfaitement compris que les petits exercices actuels de la Fed finiront par aboutir au même résultat. Le fait, pour ces derniers, de passer à une monnaie-or leur permet de conserver à la fois le contrôle du moment et de la quantité de dollars qui leur resterait sur les bras, ainsi que les conditions et le contexte international d’une telle opération monétaire. Finalement, mieux vaut perdre un peu selon ses propres termes que tout selon les termes d’un adversaire commercial dont les manipulations sont de plus en plus erratiques.
Et c’est tellement vrai que la Chine serait prête à contracter ses achats de pétrole directement en Yuan, ce qui revient de facto à amoindrir nettement la position du dollar comme monnaie unique pour les échanges énergétiques, et indique sans ambiguïté le rôle croissant du Yuan sur la scène internationale.
Si j’évoque cette question du Yuan, c’est parce que cette monnaie figure dans les sujets couverts par les réformes évoquées à la fin du dernier Plenum chinois. Pour les dirigeants chinois, il est temps d’envisager la convertibilité libre du Yuan sur les marchés des changes mondiaux. C’est, clairement, un pas vers la stratégie évoquée ci-dessus. Bien évidemment, les réformes s’étendent bien au-delà de ces considérations monétaires et c’est aussi cela que je veux évoquer dans les quelques paragraphes ci-dessous.
Ici, je pourrais m’étendre un peu sur la fin de la politique de l’enfant unique, ou l’abaissement de certaines barrières administratives aux mouvements de populations ; ces éléments amélioreront indubitablement la vie de tous les jours des Chinois, et c’est tant mieux : ce peuple mérite, lui aussi, de sortir enfin du communisme, et le sociétal est une étape indispensable. Mais la réforme qui m’apparaît bien plus importante (et qui fut quasiment passée sous silence par les médias français) est à mon avis celle qui concerne le rapport des citoyens chinois à la terre, et notamment à la possession agricole.
On apprend en effet que les agriculteurs se verront accorder des droits de propriété, pour posséder, utiliser et transférer les terres qu’ils cultivent. Mieux : ils pourront utiliser leurs droits de propriété comme caution pour des opérations financières. Voilà un changement profond, stupéfiant et fondamental de la façon dont fonctionne la Chine: jusqu’à présent en effet, toutes les terres agraires sont officiellement possédées par l’État, qui en cède la jouissance aux agriculteurs. On comprend ici qu’une telle réforme va provoquer un changement colossal dans le pays puisque, dans le principe, elle revient à donner un capital (la terre) à quasiment un milliard de personnes, capital qui pourra servir, être investi de différentes façons.
Il ne faut pas se leurrer : le gouvernement chinois reste celui d’un pays communiste, d’essence totalitaire, dont le rapport à la transparence et à la sincérité est au moins aussi trouble que les gouvernements occidentaux actuels, ce qui n’est pas peu dire. L’importance de cette réforme devra donc être mâtinée d’une bonne dose de prudence, d’autant que, comme le remarque fort justement The Economist, les réformes concerneront aussi les entreprises d’état, monopolistiques, qui devront s’ouvrir à la concurrence et devront composer avec une Justice que le gouvernement chinois entend rendre aussi indépendante que possible. Il n’y a donc pas d’efforts à faire pour imaginer les réticences, les résistances plus ou moins farouches et les frictions peut-être violentes qui vont s’opérer dans les prochaines années dans l’Empire du Milieu.
Il n’en reste pas moins que la réforme légale des droits de propriété peut, très concrètement, transformer la planète : lorsqu’un milliard de personne accède ainsi au capitalisme, l’impact sur l’économie mondiale promet d’être énorme. On peut même noter, comme le fait justement James Gruber dans un papier d’Asia Confidential que ces profonds changements auront un effet possiblement négatif sur les marchés mondiaux, puisque la Chine va se transformer, d’une économie majoritairement productrice et exportatrice, en économie essentiellement consommatrice, avec une réduction notable de sa croissance : la période que nous venons de vivre pendant laquelle la Chine tirait l’économie mondiale en étant devenue l’usine du reste du monde est en train de s’achever et la nouvelle configuration mondiale promet de sérieuses remises en questions.
Devant ces bouleversements, il est de plus en plus consternant, par contraste, d’observer l’état de décrépitude et d’immobilisme français. Il est même douloureux de constater qu’un pays comme la Chine parvient progressivement à se réformer, et affirme de plus en plus fort, de plus en plus clairement que l’économie de marché fonctionne, qu’elle permet de faire sortir un nombre croissant d’individus de la pauvreté, et va même jusqu’à jeter une grosse poignée de capitalisme bien dodu vers une population qui en était privée depuis des décennies ; pendant ce temps, la France progresse dans le sens inverse, grignotant chaque jour la notion même de propriété privée (les lois Duflot en sont un exemple glacial, la rétroactivité des ponctions sur l’épargne en formant un autre aussi inique), allant même jusqu’à inculquer un culte du Tout-à-l’État et le mépris affiché du monde de l’entreprise à toute une génération d’élèves, au travers d’une propagande grossière et stérilisante.
Indubitablement, les prochaines décennies verront le monde changer dans des proportions que peu sont en mesure d’appréhender ; et il suffit de parcourir les petits articles de la presse franchouille sur le sujet chinois pour se rendre compte qu’au moins, la population française sera sagement rangée à l’abri de tous ces changements, aussi bénéfiques soient-ils : l’intelligentsia veille et ne leur en parlera pas, de peur de les choquer.
La Chine, tous les jours, sort un peu plus du communisme. Mais tout va bien : pour compenser, la France a heureusement choisi le chemin inverse.
Quelle solidarité féminine ? La salopitude grandissante des femmes les unes envers les autres
Les groupes qui se sentent vulnérables ou injustement traités ont toujours la logique de se battre au sein du groupe pour essayer de s'en sortir plutôt que de se battre contre "l'ennemi". La femme peut ainsi se révéler être un loup pour la femme.
Une étude réalisée par des chercheurs de McMaster University en Ontario souligne la tendance des femmes à médire les unes des autres (lire ici). En clair, à pratiquer l’agression indirecte. Les critiques se portant généralement sur les femmes aux mœurs considérées comme légères et sur l’apparence physique. Ces comportements sont-ils nouveaux ou ont-ils existé de tous temps ?
Sophie Bramly : Je crois que de tout temps, il y a eu une distinction entre les hommes et les femmes pour qui le sexe est une force vitale tonifiante, qui donne un appétit de la vie et doit s'afficher comme tel, et ceux et celles pour qui la relation au sexe est plus complexe et à cacher.
J'aimerais avoir plus de détails sur la façon dont ces femmes ont été recrutées pour participer à cette étude. Sont-elles toutes épanouies dans leurs vies professionnelles et affectives, ou non ? Cela a son importance. Les hommes et femmes sont agressifs de la même manière : lorsqu'ils se sentent vulnérables ou insatisfaits. Et comme les hommes, les femmes qui ne sont pas épanouies dans leurs vies peuvent tout à fait devenir agressives à la vue d'une bombe sexuelle, justement parce qu'elle s'affiche sexuelle, prédatrice, s'arroge un droit que d'autres se refusent, pour des raisons souvent culturelles.
Les groupes qui se sentent vulnérables ou injustement traités ont toujours la logique - discutable - de se battre au sein du groupe pour essayer de s'en sortir, plutôt que de se battre contre "l'ennemi". Il y a 30 ans, je m'étonnais déjà de voir les Noirs s’entretuer dans le Bronx, plutôt que de s'attaquer aux Blancs qui maintenaient plus ou moins consciemment une forme de ségrégation.
>>>A lire également sur notre site : Violences faites aux femmes : celles qu'on voit, celles qu'on ne voit pas
Que révèlent ces comportements des attentes de la société vis-à-vis des femmes et de la vision que ces dernières ont d’elles-mêmes ?
Notre actuelle société est anxieuse et lorsque l'économie se porte mal les idées rétrécissent et l'humeur n'est plus au relâchement des mœurs. Il faut ajouter à cela que la tendance mondiale est à la femme comme voie de salut pour l'économie (on parle d'un marché bien supérieur aux BRIC). Cela donne une situation qui est cocasse en résumant de façon caricaturale : aujourd'hui les femmes se sont émancipées, mais une bonne partie de l'argent que beaucoup d'entre elles gagnent est ré-investit dans un nombre exponentiel d'armes de séduction massive : la mode qui s'est infiltrée partout mais aussi la chirurgie esthétique, coaching, bien-être, etc. Un argent que les hommes dépensaient autrefois pour elles !
Si la société tente d'imposer ce modèle, les comportements des femmes changent et sont loin de tous se bâtir sur ce modèle. Il y a sans doute, en ce moment, des tendances contradictoires dictées par ceux qui sont effrayés par la situation économique actuelle. On voit chez les 20-30 ans deux mouvements divergents, entre celles qui veulent couvrir leur corps et celles qui veulent au contraire le découvrir un peu plus. Dans le premier cas, on reste dans un schéma ancestral de séduction : "je me couvre pour que tu viennes me découvrir", dans l'autre cas au contraire c'est un modèle frondeur, presque dé-érotisé, où la femme choisit de faire à sa guise.
Les frondeuses font peur à celles qui ne s'accordent pas cette liberté là et sont donc dépendantes du désir du partenaire potentiel. Mais je note plutôt une tendance bienveillante et nouvelle du regard que les femmes posent sur les autres femmes. Entre celles qui montent des réseaux féminins (de plus en plus nombreux) et celles qui développent des médias porteurs d'autres messages, on assiste aussi à une entraide, une empathie féminine qui me parait de bon augure ...
Les participantes de l’étude étaient âgées de 20 à 25 ans. Ces pratiques sont-elles une question d’âge ? Les femmes plu âgées font-elles preuves de davantage de solidarité ou de bienveillance entre elles ?
Disons que des questions biologiques ont encore leur importance. Que la femme désire ou non avoir un enfant, son horloge biologique parle avec elle, pour elle. Elle raisonne instinctivement autour de la question de procréation : trouver un mâle puissant au sein du groupe capable de protéger sa progéniture, tout comme le mâle est en compétition spermatique avec ses congénères. Une fois cette question réglée (d'une façon ou d'une autre), la femme raisonne pour elle-même. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la vie sexuelle des femmes se trouve mieux et s'épanouit plus une fois réglée la question des enfants. Donc, oui, une fois que la question de la procréation disparaît, les femmes sont plus bienveillantes entre elles, ce qui n'empêche pas, comme partout et comme toujours, une certaine réserve lorsque certaines ont des façon de fonctionner qui s'éloigne trop du modèle en vigueur.
Quelles conséquences sur les victimes de ce "slut shaming" ?
Comme toujours, c'est Nietzsche qui a raison. Ce qui ne les tue pas les rend plus fortes. Au début des années 1980, il y avait un bruit qui courait autour d'une chanteuse qui avait un ou deux singles à son actif. Les hommes qui travaillaient dans l'industrie musicale à New York se refilaient le tuyau : "elle couche avec tout le monde par ambition, tu peux y aller" et les femmes usaient du "slut shaming" qui ne portait pas encore ce nom. Rira bien qui rira le dernier. Il est évident aujourd'hui que Madonna ne fait plus rire aucun d'entre eux, qu'elle les a tous utilisés à son avantage et est devenue un modèle d'émancipation pour nombre de chanteuses après elle, et de femmes aussi.
Je dirais qu'au commencement était Lilith, première femme sexuellement puissante de l'histoire, puis les sorcières calquées sur son modèle, et maintenant, en caricaturant de façon schématique, les femmes que l'on traite de putes. La bonne nouvelle c'est que plus on avance plus il y a de femmes au bas de cette pyramide-là, ce qui fait que peut-être un jour elles seront en nombre suffisant pour devenir la norme et cesser d'effrayer.
Comment faire évoluer ces comportements ?
En se focalisant sur l'économie !Quand les peuples ont un toit, un travail et de l'argent ils sont très ouverts à laisser de la place à la différence, à la curiosité, à l'hédonisme... Quand les gens ont peur, c'est le pire d'eux-mêmes qui se révèle le mieux.
La solidarité féminine n’est-elle qu’un mythe ?
Ni plus ni moins que la solidarité au sein de n'importe quel groupe. On est solidaire quand on a les moyens de le faire, on ne s'occupe que de sa préservation lorsqu'il y a un danger. Les associations, les fondations, les engagements en faveur des défavorisés sont le plus souvent le fait de ceux qui ont été privilégiés par la vie et ont envie de rendre.Les femmes seront très solidaires dès qu'elles sentiront leur place chèrement acquise un peu stable.
Les hommes sont-ils plus solidaires ou s’agit-il d’un mythe également ? Sur quels aspects la compétition entre homme se dispute-t-elle ? Se manifeste-t-elle également à travers l’agression directe ou les hommes agissent-ils de manière plus frontale ?
Je fais très peu de différences entre les hommes et les femmes, j'en fais beaucoup plus entre les dominants et les dominés, et n'est pas toujours le dominant celui qui croit l'être. Mais d'un point de vue biologique, le comportement de celui qui a des millions de spermatozoïdes tous les jours, pour assurer sa survie, est peut-être plus axé vers la prise de risques que celle qui n'a que 400 gamètes pendant une courte période de sa vie. Et peut-être que les hommes sont un peu plus solidaires entre eux parce qu'ils font beaucoup plus de sports d'équipe et qu'autrefois l'armée entraînait aussi à cela. Mais ce n'est que du culturel et par conséquent est amené à évoluer, Cela dit, ils ne se sont jamais privés d'agressions directes, généralement tournées autour "d'en avoir ou pas", d'avoir "la plus grosse" ou d'être "couillu", émasculant psychiquement l'ennemi à abattre. Quant à l'agression féminine, depuis que les femmes s'y sentent autorisées, je n'ai pas l'impression qu'elles se gênent, aux dires des chiffres de la police.
Mais l'agression est le propre de celui qui a peur et/ou est en colère, donc ce n'est pas forcément une bonne nouvelle ...
Pour Jacques Faizant, Mitterrand-Hollande, même combat !
Ce dessin du caricaturiste remonte à 1982. Il met en scène un François Mitterrand sans cap ni idées. De quoi faire sourire François Hollande et ses amis.
Ce dessin est paru dans le numéro 514 du Point daté du 28 juillet 1982. Il montre un petit groupe de touristes sacs au dos et visiblement perdus dans une épaisse forêt. "J'ai l'impression que nous sommes égarés", reconnaissent-ils. Ils appellent leur guide. Celui-ci prend les traits de François Mitterrand et conserve une placidité à toute épreuve pour avouer qu'il ne sait pas où il est, pas plus qu'il ne sait où il va, qu'il ne dispose ni d'une boussole ni de vivres, avant d'avouer qu'il est incompétent et a éhontément menti à ses clients. C'est d'une drôlerie d'autant plus dérangeante que ces sept cases restent d'une actualité inquiétante. François II est-il un meilleur guide que son illustre prédécesseur ? On peut aussi poser la question différemment. N'a-t-on pas souvent l'impression que nos gouvernants sont égarés dans une nuit épaisse et qu'ils ne savent pas très bien comment se sortir de cette délicate situation.
Qui a dit que l'histoire était un éternel recommencement ? Sans doute un fin observateur des arcanes et des héros de la politique française. Le Hollande bashing bat son plein depuis plusieurs mois. Le principal reproche qui est fait au chef de l'État est de ne pas donner l'impression d'avoir un cap et de savoir gouverner par gros temps.
Retour vers le futur !
À 31 ans d'écart, ces dessins viennent une nouvelle fois prouver que les caricaturistes de presse sont souvent plus talentueux que bien des journalistes politiques. En quelques traits, ils savent rendre compte d'une situation et saisir une complexité politique. À l'été 1982, Jacques Delors, ministre de l'Économie et des Finances du Premier ministre Pierre Mauroy, tentait de convaincre François Mitterrand d'entreprendre une politique de rigueur, de faire une pause dans les réformes sociales, de ne pas sortir du système monétaire européen, de mettre en place une politique de relance alors que la loi de nationalisation est devenue effective en février. À l'automne, le père de Martine Aubry obtint officiellement gain de cause. Un cap social-démocrate fut donné à la politique de la France. Et si 1982 et 2013 se ressemblaient encore plus qu'on ne le pense..
L’impopularité européenne de François Hollande
L'impopularité historique du président français est devenue transnationale, contagieuse.
Mercredi 20 novembre, Rome. François Hollande, accompagné de dix ministres dont Jean-Marc Ayrault, est convié par le chef du gouvernement italien Enrico Letta, du PD (Partito Democratico) pour un sommet franco-italien qui doit consacrer plusieurs accords économiques bilatéraux, et surtout, sur la pression de Bruxelles, faire avancer à toutes forces le dossier de la ligne à grande vitesse qui doit relier Lyon à Turin. Il s’agit également pour François Hollande de « se placer » en vue de la présidence italienne de l’Union Européenne, qui interviendra juste après les élections européennes : la distribution des fauteuils, portefeuilles et autres sinécures aurait-elle déjà commencé ?
Invité par son homologue italien, socialiste comme lui, pour signer de juteux contrats au pays de la dolce vita : rien de mieux pour échapper à la sinistrose française, et profiter de l’intermède pour s’afficher comme acteur de la croissance, avec son compère Letta, tous deux plus européistes que jamais. Luxe, calme et volupté en somme, le temps d’une journée.
Las ! Ce que l’on n’a pas su, c’est que les Romains, ce même jour, ont vécu une journée d’enfer : trafic paralysé pour des automobilistes bloqués plus de quatre heures dans leur voiture, scènes de guérilla urbaine dans tout le centre historique (une dizaine de blessés), ambassade de France aux allures de camp retranché, milliers de policiers sur les dents, armés, casqués et bottés. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est le profil des contestataires : altermondialistes, anarchistes, immigrés et militants de la gauche radicale se sont attaqués au siège du PD et à son cercle historique dont la valeur est, en Italie, hautement symbolique.
À quelques pas du Campo de’ Fiori, le cercle du PD fut celui du Parti communiste italien depuis 1946, qui l’avait lui-même pris au Parti fasciste. Un symbole éminent, donc, de la victoire contre la barbarie. Dès le lendemain matin, toute trace des exactions commises avait disparu, murs repeints, plaques flambant neuves. Les habitués du cercle étaient d’ailleurs un peu gênés aux entournures et minimisaient ces agressions de la part de ceux-là même qui les ont portés au pouvoir.
Retour en France.
Mercredi 20 novembre, Paris. La police traque un tireur isolé, un « dangereux extrémiste », qui terrorise la capitale et qui sera rétrogradé au rang d’« individu solitaire et déséquilibré », « tordu », voire « énigmatique » quand on l’aura interpellé et que l’on aura découvert qu’il vient de l’« ultra » gauche, que c’est une sorte d’antifa façon vieille école, sans doute un brin nostalgique des brigades rouges, et qu’il a disparu des radars de la police pendant plus de treize ans.
Jeudi 21 novembre, Paris : les « agriculteurs en colère » organisent le blocus de la capitale avec force tracteurs et engins agricoles, opérations escargot et banderoles déployées, autoroutes quasi-bloquées. Une journée chaotique dans une atmosphère chaque jour plus pesante, un climat tendu nourri de heurts à répétition : une journée presque banale si elle n’était gorgée d’angoisses et d’exaspération. L’impopularité historique du président français est ainsi devenue transnationale, contagieuse, il a réussi le tour de force de bloquer, en l’espace de deux jours, deux capitales européennes.
Dans le même temps, les syndicats tentent, de leur côté, de voler au secours du gouvernement par une tentative, assez balourde, de discréditer la révolte fiscale, dont celle, emblématique, des bonnets rouges, en la qualifiant de populiste : les anciens maoïstes pratiquent le bouche-à-bouche sur l’État français. Le problème est qu’ils ne représentent plus grand-chose, et qu’ils ont surtout, comme François Hollande, un train de retard : le clivage gauche-droite, si confortable, a volé en éclats. La contestation la plus violente n’est pas, loin s’en faut, celle de la France bien élevée, mais celle de ceux qui ne croient plus aux lendemains qui chantent.
Le national narcissisme
Le national narcissisme
La lecture des journaux d’autrefois est particulièrement instructive. On y accède sur le site Gallica de la bnf qui donne accès à l’intégralité des article de la Revue des deux Mondes, du Temps, du Figaro, du « Petit parisien », etc. Une chose saute immédiatement aux yeux : la presse du XIXème et des deux premiers tiers du XXème siècle, se passionne pour l’international et l’essentiel de l’actualité est consacrée aux évènements de la planète. Or, par un étrange paradoxe, à l’heure du village global, de la mondialisation poussée à l’extrême et de l’affaiblissement des frontières réelles, nous assistons à un repli des consciences sur les passions et les polémiques internes, comme si rien d’autre ne comptait. Qu’est-ce qui enflamme le pays en ce moment et mobilise l’attention des médias : l’impopularité du pouvoir en place, les sondages, les scores de l’équipe de foot, le (soi-disant) « racisme français », les querelles de personnes, etc. Pendant ce temps, des événements d’une portée considérable, y compris sur nos vies quotidiennes, sont en cours dans le monde, sans que personne ne s’y intéresse vraiment. Nous songeons par exemple à la rupture des relations entre l’Egypte et la Turquie, le nucléaire iranien, ou aux massacres survenus récemment en Irak ou encore du chaos qui se répand en Afrique centrale. Cette réduction du champ d’appréhension du monde, grand paradoxe de la mondialisation, est sans doute un autre symptôme de la dictature de l’émotion, de l’immédiat, et du recul concomitant de la curiosité intellectuelle et aussi d’une certaine conception de la France comme "lumière du monde". Mon propos n’est ni prétentieux ni élitiste car l’intérêt pour les affaires planétaires n’est pas, ou ne devrait pas être, une affaire de diplômes et d’études, mais avant tout d’ouverture d’esprit et de curiosité. Il ne vise aucunement à nier la détresse du quotidien, sous toutes ses formes, mais à la resituer dans son contexte. Le national narcissisme est un phénomène dangereux car il prive l’opinion de tout un plan de compréhension du monde, d’outils de l’esprit critique et facilite le triomphe du mensonge, des caricatures et simplifications excessives et par conséquent des manipulations de masse.
NB: A lire (qu’on soit d’accord ou non) pour la liberté d’expression:http://www.atlantico.fr/decryptage/finkielkraut-c-est-parce-que-j-ai-destabilise-edifice-ideologique-gauche-avec-livre-que-j-ai-fait-objet-tant-hargne-907138.html
L'économie n'est pas une science morale
Dans le cadre de la crise économique et financière qui sévit aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis, la manipulation pratiquée sur les opinions publiques atteint son paroxysme.
Nous pensons que nous savons. Dans le cadre de la crise économique et financière qui sévit aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis, la manipulation pratiquée sur les opinions publiques atteint son paroxysme. Certes, cette intox n’est-elle (et de loin) pas un phénomène récent. Déjà en 1996, un sondage avait révélé que la majorité des citoyens américains était persuadée que le déficit budgétaire s’était détérioré sous la Présidence Clinton…alors que – en réalité - il n’avait fait que s’améliorer !
Pour autant, la désinformation subie par nos sociétés devient aujourd’hui carrément dramatique. Ainsi, un sondage conduit il y a quelques semaines par Google indique une majorité convaincue de l’aggravation du déficit budgétaire US depuis 2010, sachant que 40% des sondés vont jusqu’à déclarer que ce chiffre s’est même très substantiellement détérioré. Alors que seuls 12% des sondés semblent au courant de la réalité, qui est que le déficit budgétaire américain s’est considérablement amélioré depuis 2010 ! Nous pensons que nous savons. Mais nous sommes induits en erreur par des responsables politiques ultra-libéraux, dont l’unique objectif est de conditionner notre réflexion et nos réactions en faveur d’un strict conservatisme économique.
Pour autant, la désinformation subie par nos sociétés devient aujourd’hui carrément dramatique. Ainsi, un sondage conduit il y a quelques semaines par Google indique une majorité convaincue de l’aggravation du déficit budgétaire US depuis 2010, sachant que 40% des sondés vont jusqu’à déclarer que ce chiffre s’est même très substantiellement détérioré. Alors que seuls 12% des sondés semblent au courant de la réalité, qui est que le déficit budgétaire américain s’est considérablement amélioré depuis 2010 ! Nous pensons que nous savons. Mais nous sommes induits en erreur par des responsables politiques ultra-libéraux, dont l’unique objectif est de conditionner notre réflexion et nos réactions en faveur d’un strict conservatisme économique.
Restons sur le terrain américain où l’affrontement entre progressistes et orthodoxes prend des allures de pugilat. A cet égard, soyons sans illusion sur la situation prévalant en Europe, même si cette ligne de fracture – qui existe aussi très clairement – évite pour le moment de sombrer dans les excès verbaux. Ou dans des déclarations ambigües et fallacieuses, quand elles ne sont pas ouvertement mensongères, comme cela se pratique quotidiennement aux Etats-Unis. A l’instar de ce parlementaire Républicains éminent, Eric Cantor, qui affirmait tout récemment que le déficit de son pays était en augmentation. Ou comme le Sénateur Rand Paul qui accuse le gouvernement US actuel d’accumuler depuis des années un déficit d’« un trillion de dollars », alors que ce dernier – qui ne fait que baisser- serat de seulement 642 milliards en 2013 ! Sachant que ce même Rand Paul, expert auto-proclamé en économie et potentiel candidat à la Présidentielle américaine, fit une réponse incroyable à une question posée par un journaliste. En effet, interrogé sur son candidat idéal à la succession de Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale, Rand Paul devait afficher sa préférence pour … Milton Friedman, décédé en 2006 et qui – même encore vivant- aurait largement dépassé la limite d’âge pour diriger une banque centrale puisqu’il aurait eu 101 ans en 2013 !
Par delà cette bourde anecdotique et ridicule attestant de la culture et de la compétence économiques des « austériens », l’assainissement des déficits passe très clairement pour eux (bien) avant l’emploi. Leur pierre angulaire se décline donc en remboursement immédiat toutes les dettes et en réductions drastiques de toutes les dépenses publiques. Même si les travaux de leurs théoriciens – les économistes Reinhart et Rogoff cités à outrance pour leurs calculs déterminant un cliquet des endettements publics à 90% supposé nuire à la croissance – sont passés à la trappe pour des « erreurs excel » pitoyables.
Même si l’institution dont ils se réclamaient tous – à savoir le F.M.I. – a admis dès 2012 avoir sous-estimé les conséquences néfastes de la rigueur instaurée en Europe. En réalité, cette psychose de la dette est distillée pour des raisons identifiées il y a déjà près de 150 ans par Marx : pour asseoir et pour consolider l’emprise du capital sur nos sociétés. Et décrites il y a 70 ans par l’économiste Kelecki dans son ouvrage –« Les aspects politiques du plein emploi « – à une époque où il était encore du devoir des Etats d’assurer le plein emploi. Kalecki avait en effet lucidement décrit l’opposition féroce du monde des affaires, des patrons d’entreprises et du capital en général à l’encontre des dépenses publiques. Pour eux, toute intervention étatique était à bannir et à honnir – y compris dans le cadre d’une récession sévère -, car elle remettait en cause le climat de confiance, préalable à tout investissement.
Dès lors, la régulation, les dépenses sociales excessives, l’assurance-santé (comme on le voit aujourd’hui aux Etats-Unis) et les hausses d’impôts visant les nantis seraient autant d’écueils fragilisant la confiance, l’investissement et en définitive l’emploi ! Cette désinformation – ou ce chantage ! – se poursuit bien entendu de nos jours, tout en prenant une ampleur inédite puisqu’il nous est quotidiennement assené que l’expansion monétaire provoque l’hyperinflation, que les déficits budgétaires aboutissent à l’escalade des taux d’intérêt, que la rigueur budgétaire favorise l’emploi, que la croissance s’inverse dès que les déficits publics dépassent 90% du P.I.B, et que la politique activiste de certaines banques centrales (Fed, Banque du Japon) empêche une croissance saine… Des forces à la puissance redoutable sont donc à l’œuvre – la droite conservatrice, les néo libéraux, la Bundesbank, la nation allemande, l’ignorance de nos politiques des mécanismes macro économiques – dont l’objectif est d’instaurer toujours et partout la discipline et la culture de l’argent qui se doit d’être durement gagné.
Les organes de cette orthodoxie partent donc du principe dogmatique selon lequel souffrance et privations sont un chemin de croix incontournable pour lutter contre la dépression de nos économies. Ces austères austériens exigent une inflation nulle tout en récusant violemment une banque centrale dont la préoccupation serait de rétablir l’activité économique. Ces adeptes de l’ « école autrichienne » vivent dans un monde pré-copernicien, celui où l’on était encore persuadé que la Terre était plate ! Car, pour eux, tout doit être sacrifié – y compris l’emploi qui n’est en finalité qu’une variable – dans le but de conserver une inflation quasi-nulle, car leur morale leur enseigne que l’argent est une valeur sacrée. Tandis que la reflation est diabolique, parce que trop facile.
(*) Michel Santi est économiste, auteur de « L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique », « Capitalism without conscience » . Son dernier ouvrage est «Splendeurs et misères du libéralisme» (l’Harmattan),
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