samedi 2 août 2014
François Hollande aime les tribunes : le 8 mai à quelques semaines des élections européennes dans Le Monde, en juin sur la réforme territoriale dans la presse régionale, et également ce vendredi 1er août sur la Première Guerre mondiale et la paix. Une multiplication d'interventions pas toujours opportunes.
Jean-Philippe Dubrulle : Cette tribune assez convenue est une affirmation d’idéaux. Elle est d’abord publiée en échos aux commémorations autour de la mort de Jean Jaurès et présente un caractère opportun évident. Elle se situe aussi en échos au conflit israélo-palestinien et aux manifestations comme à Barbès. La réponse de François Hollande, c’est de mettre en avant l’union nationale, la Grande Guerre servant à hisser en idéal l’union nationale dans un moment où l’on pourrait craindre les tendances communautaires.
Cette tribune est très coupée des préoccupations des Français à l’heure où l’on annonce une hausse du chômage en juin. Leurs préoccupations sont centrées sur la situation économique du pays. On le voit dans notre baromètre Ifop puisque ¾ des Français considèrent que François Hollande n’est pas proche de leurs préoccupations, ce que la tribune semble confirmer. Depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois la communication de François Hollande est centrée sur la grandeur de la France. On voit que François Hollande se raccroche à ce rôle de représentation nationale. Cela peut passer pour une manœuvre d’évitement. Au lieu d’évoquer les problématiques économiques et sociales on a l’impression que François Hollande tente de capitaliser sur ce qui est toujours bénéfique pour la cote de popularité du président de la République : la politique internationale et la place de la France dans le monde. En juillet, 3/4 des Français n’approuvait pas la politique de François Hollande mais la moitié approuvait son action à l’étranger.
Utiliser Nicolas Sarkozy est difficilement compréhensible, mais on peut éventuellement voir dans son discours une tentative de toucher l’électorat de l'ancien président.
Lire également : Pourquoi la gauche et la droite feraient bien de s’inspirer de Marine Le Pen et des raisons de son succès dans les sondages
Le fait que la parole et l’engagement du président de la République soient mis à mal par sa propre majorité témoigne de tensions et d’un manque de contrôle de l’exécutif sur le Parlement. Comment expliquer ce revirement sans y voir la résistance des élus locaux ? Il faut rappeler que dans l’engagement de réduire le nombre de conseillers territoriaux il y avait l’idée de faire des économies… En faisant une tribune dans la presse régionale François Hollande marque sa volonté de s’exprimer directement auprès des Français. Il fait donc une promesse solennelle qui n’est pas tenue. Cela peut créer des problèmes dans le futur lorsqu’il voudra mettre en œuvre des réformes et les faire voter.
On voit que François Hollande est dans l’affirmation d’idéaux et de principes comme celui de la France unie alors que les préoccupations sont ailleurs. On peut en déduire qu’il y a une coupure, un décalage et un manque de dialogue entre le Président et les Français. Si l’exécutif ne s’exprime que sur des déclarations très consensuelles c’est qu’il est difficile pour lui de le faire sur d’autres sujets. C’est donc en soit une manière de faire diversion. La question du bien-fondé des interventions se pose, mais le président doit de nos jours occuper le terrain médiatique et s’exprimer.
Toutefois, parler de cette manière et de cette façon pourrait favoriser le vote contestataire.
A force de trop parler des sujets qui n’importent pas aux Français, François Hollande risque de creuser la rupture entre le président et les citoyens et d’être considéré comme détaché de leurs préoccupations. Il risque de faire monter le vote protestataire. On le voit dans les sondages, puisque Marine Le Pen atteint 26 % des intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Le capital électoral engrangé par le FN lors des dernières élections présidentielles, municipales et européennes se consolide voire augmente.
Etiquetage de la viande : prend-t-on les consommateurs pour des veaux ?
A partir de décembre prochain, la classification de la viande en grande surface sera simplifiée. Hélène Strohl fustige une opération marketing du gouvernement et des acteurs économiques de l'élevage, où le consommateur est encore une fois infantilisé.
Il paraitrait que nos concitoyens, les plus démunis bien sûr ou les jeunes, qui se fournissent en viande dans les grandes surfaces, aux rayons viandes préemballées, ne comprendraient pas ce que signifient les mots «filet, bavette, plat de côtes, collier, échine, tendrons, escalopes…».
Heureusement l'Etat est là: un arrêté à valeur réglementaire, remplacera ces mots «archaïques», qui n'ont aucun sens, dixit le représentant de l'Union des consommateurssur une antenne de radio mâtinale par un «système simple et transparent»: une étoile, deux étoiles, trois étoiles ; on suppose que même les consommateurs illettrés savent compter jusqu'à 3 et comprendront que 3 étoiles, c'est mieux qu'1!
Et de justifier le remplacement des mots poétiques, poire, merlan, hampe, basse côte, gîte, paleron, filet mignon, onglet par une «vraie évaluation de la qualité! On se demande d'ailleurs si ce brave représentant ne prend pas les consommateurs pour des imbéciles, quand il critique le fait que le morceau dit «poire» ait un nom de fruit ou merlan un nom de poisson. On ne sait jamais avec les gens du peuple, ils pourraient croire qu'ils achètent des filets de poisson!
Le système est simple, simpliste même: aux morceaux à griller les trois étoiles, aux morceaux à bouillir l'étoile unique et aux intermédiaires, escalope ou morceau à braiser, deux étoiles. La qualité d'une viande disait ce brave homme, c'est sa tendresse et son moelleux. C'est tout!
Oublieux de deux choses: selon le mode de cuisson, un morceau de basse côte lentement braisé ou un morceau de gîte cuit longuement dans un bouillon de légumes acquièrent une tendresse égale et conservent souvent un goût incomparable. D'autre part, les qualités de la viande, son goût, sa saveur, sa tendresse sont liés à la qualité de l'élevage (nourriture et mode de pacage de la bête), à la découpe (savoir faire des maîtres bouchers) et à la conservation de la viande au moins autant qu'au type de morceau de la bête.
Qui gagne quoi dans cette affaire?
La transparence, dit-on, comme si l'étiquetage iconique en étoiles permettait de juger de la qualité de la viande, alors qu'il s'agit simplement d'indiquer le type de morceau, qu'il s'agisse d'une vieille vache ou d'un jeune broutard!
La simplicité, comme si les morceaux de viande, dans la tradition de la boucherie française se réduisaient à trois catégories: grillé, braisé, bouilli.
Pour le reste, rien d'intéressant.
Du point de vue sanitaire, cet étiquetage ne renseigne pas sur la provenance de la bête: ainsi un agneau peut être dit de Sisteron s'il a passé quelques semaines dans les Alpes de Haute Provence, alors qu'il a été élevé en Nouvelle Zélande.
Du point de vue diététique, l'étiquetage est absurde, car la qualité nutritive de la viande n'est en rien liée à ce classement en morceaux nobles et bas morceaux ; au contraire, un pot au feu bien cuit et dégraissé sera moins gras qu'une entrecôte bien persillée!
Du point de vue économique et notamment du pouvoir d'achat des acheteurs de ces viandes en paquets, il y aura peu d'économies à escompter: les grandes surfaces vendaient peu de «bas morceaux» de cette façon, les réservant pour les plats cuisinés, les steacks hachés etc. Au contraire des bouchers traditionnels qui achetant leur viande en carcasses pouvaient faire des marges moins élevées sur les bas morceaux et proposer ainsi une daube ou un des morceaux à ragoût de bonnes bêtes à des prix bas.
Du point de vue environnemental enfin, il est clair que l'attribution de ce label qualitéaux morceaux à griller ne fera que doper la propension du public à se détourner des morceaux à cuisson lente et dès lors il faudra plus de bêtes pour satisfaire la demande de steacks et autres brochettes. Or on sait que les protéines animales sont écologiquement chères à produire. Bien sûr il ne s'agit, pour l'instant, que d'un étiquetage à l'usage des grandes surfaces, dont on comprend bien quel intérêt elles ont à pousser à une telle normalisation: vendre de la viande de qualité moyenne sous un label «trois étoiles» et écouler le reste des bêtes en haché et autres farces est sûrement une bonne opération. Ne plus distinguer d'ailleurs à l'intérieur des catégories entre des morceaux rares (parce qu'ils sont petits sur la bête) comme l'onglet ou le manteau et d'autres plus abondants (l'entrecôte) a sans doute un intérêt économique.
Enfin, l'habillage en étoiles renvoie bien sûr à ce stéréotype du guide gastronomique le plus connu des Français et permet ainsi une parodie de luxe à bon compte. C'est l'intrusion du Kitsche (comme parodie abondante d'un produit rare) dans la nourriture aurait dit Abraham Moles!
Cette pantalonnade de notre Etat «pan-intrusif» traduit donc non seulement les gesticulations d'une administration et de politiques en panne d'idées de gouvernement, mais également leur inféodation totale aux diverses puissances économiques, grandes surfaces pour ce jour, grands groupes de restauration collective pour les normes relatives à celle-ci, filières diverses imposant qui un pourcentage de bois dans les constructions, qui une interdiction d'introduire des gâteaux «faits maison» dans les crèches et les écoles au profit d'un cake industriel emballé sous vide etc.
Ce qui est triste, c'est de voir disparaître tout un pan de notre culture gastronomique: celle qui avait conduit les maîtres bouchers du XIXème siècle à développer l'art de la découpe parisienne en étroite liaison avec les grands cuisiniers, pour que la totalité de la bête soit utilement découpée et cuisinée.
Et ceci au profit d'un fantasme d'étiquetage généralisé pour illettrés ne sachant plus distinguer un pot au feu d'une daube et une pièce de bœuf d'une escalope de veau.
Morts d’ailleurs
Morts d’ailleurs
Hors de contrôle ! Ni vaccin, ni traitement… Le simple énoncé de ce constat par les autorités sanitaires suffit à propager une peur panique du virus Ebola. Et les États-Unis d'en rajouter une couche avec leur crainte de voir la maladie se « réensemencer et se propager, hors d'Afrique, comme un feu de forêt. » Tant que le mortel virus reste en Afrique, notre attention se laisse distraire, n'est-ce pas, et l'on s'assure de notre bonne conscience en distribuant, comme poignée de cerises, quelques subsides supplémentaires aux médecins et personnels des ONG qui, eux, luttent sur le terrain pour sauver des vies, soulager les misères. Nous, nous parlons frontières, ce degré maximum de l'égoïsme, comme si l'épidémie se souciait des barrières administratives et factices.
Le fantôme du H1N1 plane encore dans nos mémoires et réactive nos angoisses, nous faisant même oublier que son principal effet avait été de remplir les hangars de tonnes de vaccins inutiles. Aussitôt égrenés les bilans catastrophiques dans les pays concernés, les ministres européens se précipitent sur les micros pour assurer que les pays développés ont les moyens de faire face.
Le coupable est notre monde mondialisé, bien sûr, qui ne nous permet plus de circonscrire les épidémies aux pays pauvres d'Afrique. Des pays, comme ceux les plus touchés par Ebola, en proie à d'interminables guerres civiles et à une hygiène terreau des maladies infectieuses. Des pays où l'on manque de tout et surtout du minimum, abandonnés par la trop souvent invoquée « communauté internationale » forcément impuissante puisqu'elle n'existe pas. 730 morts depuis six mois ! Aéroports fermés, mises en quarantaine, championnats de foot suspendus, l'angoisse gagne. La peste était arrivée chez nous par bateau à voile. Alors, dans notre monde totalement interconnecté…
Les scientifiques, les experts de l'OMS et même le découvreur du virus ont beau répéter que la probabilité de voir l'épidémie se propager au monde est très basse, rien n'y fait. La psychose reprend le dessus et piétine un peu plus nos valeurs et nos devoirs de solidarité et d'assistance humanitaire à nos frères qui souffrent.
Hollande, Aubry et les réducteurs de têtes
Martine Aubry va de contrariété en contrariété.
François Hollande et Manuel Valls -qui la suspectent d'être, dans la pénombre, le chef d'orchestre des "frondeurs"- l'ont punie: puisque c'est comme cela, pas de délai, pas d'atermoiements, la région Nord-Pas-de-Calais et la région Picardie, que cela plaise ou non à "Martine", sont priées de se marier. Et vite. Attendre, ce serait faire le jeu des corporatismes.
Mais il y a pire pour la maire de Lille qui avait entrepris en 2011 de mettre sur pied, avec Cécile Duflot et aux prix de géantes concessions du PS aux écologistes, une alliance rose-verte (et un peu rouge).
D'une part, les Verts sont en train de passer, à l'initative du tandem Hollande-Valls, chez les réducteurs de têtes: on leur demande de devenir sérieux, d'arrêter de rouler les mécaniques et de choisir une bonne fois pour toutes entre les gauchistes du NPA et le PS ou, si l'on préfère, entre Chavez et Tony Blair (ou Jaurès ?). Dans ces conditions, Cécile Duflot, dont Martine Aubry avait fait son alliée privilégiée, a préféré, on le sait, quitter le navire. Minoritaires à Europe-Ecologie-Les Verts, Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Barbara Pompili, eux, ont pris le chemin inverse: oui à une alliance décomplexée avec les sociaux-démocrates.
D'autre part, non contente de s'être installée en force (avec culot et... talent) à la tête du ministère-clé de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, Ségolène Royal, la crise aidant, a entrepris d'essorer, de lessiver, de pressurer le poétique programme que les Verts ont tenté, pendant dix-huit mois et contre toute évidence, de présenter comme crédible. Que la ministre n'ait pas les moyens du projet -pourtant réduit- qu'elle défend désormais sous la bannière de la "transition énergétique", c'est ce que dit la droite. Le fait est cependant que Ségolène Royal, quitte à décevoir ceux qui avaient sincèrement cru aux lubies vertes, "vend" maintenant un projet de transition énergétique différent et crédible parce que, tout simplement, réaliste. Y compris sur le nucléaire, dont il est désormais permis à nouveau de parler au PS sans subir les foudres des ayatollahs.
La leçon de l'affaire est double.
1. Un "accord" comme celui conclu en quasi-catimini en 2011 entre le PS et les Verts menait forçément à un cul-de-sac. C'est fait.
2. Aucun cadeau ne sera fait à Martine Aubry dont le programme anti-nucléaire et hyper-vert de 2011 n'avait, les hollandais en sont convaincus, qu'un but: piéger Hollande. Ou plutôt: tenter de le piéger.
La Grèce fut un pilier de la résistance
L’historienne Joëlle Fontaine, auteur de De la résistance à la guerre civile en Grèce, 1941-1946, évoque le rôle joué en Europe par le mouvement de résistance grecque.
Les apports de la Grèce antique à la civilisation européenne sont souvent évoqués, mais la Grèce moderne a rarement droit à cet honneur. Combien savent aujourd’hui le rôle joué par ce pays dans le grand combat du milieu du XXe siècle contre le fascisme ? La résistance grecque a pourtant été l’une des plus massives et des plus importantes du continent européen.
D’abord attaquée par Mussolini, en octobre 1940, la Grèce a réussi en deux semaines à repousser l’invasion italienne mais n’a pu contenir celle des troupes nazies en avril-mai 1941, malgré une résistance qui a forcé l’admiration d’Hitler lui-même, et l’a obligé à repousser d’autant ses opérations contre l’URSS. Le Parti communiste grec, le KKE, est alors totalement désorganisé par les persécutions qu’il a subies les années précédant l’occupation, celles de la dictature fascisante du général
Metaxas. La plupart de ses dirigeants sont emprisonnés ou déportés, mais plusieurs s’évadent et mettent très vite sur pied des organisations de résistance : d’abord la Solidarité nationale, l’EA, afin de venir en aide à une population décimée par une terrible famine (la pire d’Europe) au cours de l’hiver 1941-1942 ; puis, dès septembre 1941, le grand Front national de libération, l’EAM, qu’ils constituent avec trois petits partis socialisants – faute de rencontrer l’écho espéré auprès des deux grandes formations traditionnelles qui restent à l’écart de toute action.
L’EAM organise d’immenses manifestations dans les villes, où l’on voit des jeunes gens et des jeunes filles se jeter contre les tanks italiens ou allemands à mains nues... C’est ainsi qu’en février-mars 1943 la population athénienne coupe court aux tentatives allemandes d’instaurer le service du travail obligatoire ! En février 1942, l’EAM crée son Armée populaire de libération, l’Elas, qui harcèle continuellement l’ennemi, obligeant les Allemands à maintenir en permanence en Grèce près de dix divisions et facilitant à plusieurs reprises d’importantes opérations alliées : par exemple en novembre 1942, lorsque l’explosion du pont de Gorgopotamos coupe la voie de ravitaillement des troupes de l’Afrika Corps de Rommel, ou lorsqu’une intense campagne de sabotage, début juillet 1943, détourne l’attention des forces de l’Axe de la Sicile où se prépare le débarquement allié.
Et cela malgré un climat de terreur indescriptible. Outre les exécutions d’otages, après de telles opérations, on ne compte pas en Grèce les villages entièrement brûlés, avec femmes et enfants, les corps des hommes exécutés pendus à l’entrée des ruines fumantes. Le comble de l’horreur est atteint en juin 1944, à Distomo, près de Delphes, où la Wehrmacht laisse derrière elle 300 cadavres horriblement mutilés... On comprend que la presse grecque rappelle aujourd’hui régulièrement à l’Allemagne qu’elle n’a jamais payé ses dettes de guerre !
Dès l’été 1943, l’Elas a libéré un tiers du territoire de la Grèce, tout au long de la zone montagneuse qui va de la Macédoine occidentale au golfe de Corinthe. Dans cette Grèce libre, l’EAM crée un véritable État de type nouveau. Des assemblées générales où participent les femmes (chose incroyable alors en Grèce !) élisent différents comités locaux : auto-administration, tribunal populaire et commissions pour la sûreté, le ravitaillement, l’école et l’église. L’EAM multiplie parallèlement les tentatives auprès du gouvernement présidé par le roi de Grèce en exil à Londres, puis au Caire, pour former un gouvernement d’union nationale. Mais devant le refus de celui-ci, il crée en mars 1944 son propre Comité politique de libération nationale et organise le mois suivant, dans la Grèce libre et ailleurs dans la clandestinité, des élections à un Conseil national de 180 députés : réuni du 14 au 27 mai, ce dernier rédige une Constitution sur la base des institutions déjà créées et lance un important travail législatif.
C’est que, comme la plupart des mouvements de résistance dans l’Europe occupée, l’EAM n’a pas pour seul but la libération du pays. Son programme prévoit aussi de profondes réformes, plus que nécessaires dans un pays qui n’a jamais vraiment connu de régime démocratique et est encore dans une situation d’extrême pauvreté et de grandes injustices sociales. Dans une situation de dépendance aussi, notamment vis-à-vis de la Grande-Bretagne, et c’est ce qui va être fatal à la résistance grecque.
Churchill tient en effet à restaurer à la libération le régime monarchique grec, le meilleur garant selon lui des intérêts de l’empire britannique dans cette zone stratégique de Méditerranée orientale. Dès 1943, il tente par tous les moyens de nuire à l’EAM, suscitant ou finançant des organisations concurrentes, n’hésitant pas à soutenir en sous-main les milices collaboratrices qui attaquent l’Elas et piégeant les dirigeants de la résistance par des manœuvres politiques qui leur ôtent toute possibilité d’action autonome. Ces derniers acceptent finalement en août 1944 de participer à un gouvernement constitué au Caire et n’ayant d’unité nationale que le nom – puis, deux mois après, le débarquement de troupes britanniques en Grèce, alors que les Allemands s’en sont déjà retirés. Et ce sont ces troupes « alliées », jointes aux milices collaboratrices grecques, qui imposeront en janvier 1945 le désarmement des partisans après plus d’un mois de bombardement d’Athènes « de terre, de mer et du ciel », mettant ainsi fin brutalement aux immenses espoirs suscités par la Résistance.
De la résistance
à la guerre civile
Le peuple grec a décidément été bien peu récompensé
de sa magnifique résistance. L’EAM gardait en 1945
un immense dynamisme et pouvait l’emporter largement aux élections. Mais une terreur implacable s’abattit aussitôt sur les résistants désarmés, au point de rendre non seulement leur participation politique, mais aussi leur simple survie impossible. D’où un retour au maquis pour nombre d’entre eux, une guerre civile de trois ans où les Américains succédèrent aux Anglais comme « protecteurs » de la Grèce, et plusieurs années de régimes répressifs culminant avec la dictature des colonels. La résistance n’a été reconnue officiellement
en Grèce qu’en 1982.
Antiphrase
Le hasard, qui est sans pitié, nous a remis naguère sous les yeux le discours que fit le président de la République à Échirolles, le 1er octobre 2012 : « Je vous apporte la sécurité, la justice et la réussite ». Depuis la devise républicaine, qui fait l’essentiel de son corpus rhétorique, la gauche aime les promesses en trois volets ; elles vous ont quelque chose de définitif et, pour tout dire, de tenu d’avance. La sécurité, la justice et la réussite, le triptyque est presque aussi beau, dans le genre, que “le pain, la paix, la liberté” sur quoi se fit élire la chambre du Front Populaire. Les socialistes, qui sont pourtant de grands rhétoriciens (au point, comme il y a deux ans, de l’emporter par une figure de style) sont curieusement d’une modestie de rosière quand il s’agit de rappeler leurs fastes de tribune et cette figure où ils excellent par-dessus tout : nous voulons parler de l’antiphrase. Les promesses l’appellent, mieux : elles l’invoquent avec une fatalité quasi horlogère. Il allait donc de soi que les électeurs qui, en 1936, votaient pour le pain, la paix et la liberté, auraient quatre ans plus tard la guerre et la défaite, la disette et le rationnement et, pour la plupart d’entre eux, la captivité en Allemagne. L’histoire électorale de la gauche (et de ce point de vue la droite n’est le plus souvent qu’une gauche timorée) n’est que l’histoire de ses promesses non tenues parce que non tenables, une histoire elle aussi antiphrastique, puisque l’oubli lui est constitutif, et que de scrutin en scrutin l’amnésie des électeurs vaut amnistie des élus. L’actuel élu suprême ne déroge donc pas à la règle. Dans le Nommé Jeudi, Chesterton remarquait que « le rare, le merveilleux, c’est d’atteindre le but ; le vulgaire, le normal, c’est de le manquer ». Nous vivons bien, comme lui-même l’a revendiqué, sous un président normal.
L’été de la chienlit
Le désordre est partout. Dans les rues. Au gouvernement. En économie avec des indicateurs catastrophiques. Et sur le plan sociétal avec une immigration galopante.
Nous voilà déjà à cheval entre juillet et août. C’est-à-dire en plein coeur de l’été. À un moment où les grandes villes sont désertées par les vacanciers qui vont oublier leurs soucis sur les plages, dans nos campagnes, à la montagne, voire à l’étranger. Les parlementaires ont arrêté leurs travaux il y a tout juste une semaine. Quant aux ministres, ils se réuniront une dernière fois lundi prochain, avant de partir eux aussi en vacances. Tout est donc réuni pour que le pays plonge comme chaque année dans la torpeur estivale.
Mais tel n’est pas le cas. Paris et plusieurs grandes villes sont devenues le lieu de guérillas urbaines où les propalestiniens viennent provoquer, tous les trois jours, les forces de l’ordre. Après les scènes surréalistes des manifestations interdites de Barbès et de Sarcelles, le pouvoir se montre incapable de contenir cette “intifada française”. C’est une chose que de proscrire un rassemblement. C’en est une autre que de faire respecter cette interdiction. Samedi dernier, place de la République à Paris, on comptait 2 000 représentants des forces de l’ordre face à 1 500 propalestiniens de tout acabit. Et malgré cela, Paris a été le théâtre des mêmes scènes d’émeute, de jets de projectile et de cassages organisés.
Comment en serait-il autrement, lorsque le premier ministre et son ministre de l’Intérieur ont la peur au ventre devant ces islamistes fanatisés, et redoutent une escalade de la violence ? Comment pourrait-on assister à un autre spectacle lorsque, quelques jours plus tôt, une manifestation de soutien à la Palestine, autorisée cette fois, était suivie par une trentaine de parlementaires socialistes ? Comment arrêter cette dramatique montée des communautarismes quand, au cours de ce défilé, des slogans clairement antisémites ont été hurlés, sans que cela ne provoque la moindre gêne des proches du pouvoir présents dans le cortège ?
Il y a un an, au moment de la “manif pour tous” contre le projet de loi Taubira, Jacques Attali croyait avoir vu défiler « le fascisme en loden ». Mais que l’on brûle le drapeau d’Israël dans les rues de Paris et que l’on crie “mort aux juifs” sur l’esplanade des Invalides ne semblent pas émouvoir nos politiques, nos intellectuels et toutes les éminences de la République. Devant un tel spectacle, le général de Gaulle n’aurait eu que trois mots à la bouche : « La chienlit, non ! » Et tout ce petit monde serait rentré chez lui, quitte à ce que les forces de l’ordre montrent vraiment les dents.
Le problème, c’est que la chienlit ne s’observe pas seulement sur les pavés parisiens, au rythme de l’escalade du conflit israélo-palestinien. Elle se remarque au sein même du gouvernement. Le 14 juillet dernier, François Hollande assurait, urbi et orbi, que la France tiendrait ses engagements européens en matière budgétaire, « car nous sommes un grand pays ». Jusqu’à ce que l’on apprenne, il y a quelques jours, que Manuel Valls allait entamer une tournée des capitales européennes afin de convaincre nos partenaires de nous accorder un nouveau délai (le troisième en deux ans).
Le chef de l’État a eu beau s’indigner que Pierre Gattaz, le patron des patrons, juge que la France est dans un état « catastrophique ». Elle l’est bien. Les derniers chiffres du chômage, le baromètre de la confiance des chefs d’entreprise et surtout l’indice Markit évoquant une « contraction de l’activité » au troisième trimestre sont là pour montrer que la reprise, si chère à François Hollande, s’éloigne à chaque fois qu’il en parle. C’est donc bien aussi la chienlit sur le plan politique et économique pour que le premier ministre contredise celui qui l’a nommé et humilie son pays en allant quémander à Berlin, Bruxelles, Rome, Madrid ou Londres un nouveau délai pour notre objectif de réduction du déficit budgétaire.
Machiavel écrivait : « On ne doit jamais laisser se produire un désordre pour éviter un conflit ; car on ne l’évite jamais, on le retarde à son désavantage. » Aujourd’hui le désordre est là. Il est partout. Le désordre des rues. Le désordre du communautarisme. En attendant, à la rentrée, le désordre social. Mais aussi le désordre politique avec un président inapte à présider, un premier ministre qui n’en fait qu’à sa tête, et des députés socialistes qui n’en peuvent plus de se faire insulter lorsqu’ils retournent dans leurs circonscriptions. Le désordre économique avec des gouvernants incapables de tenir parole. Le désordre sociétal enfin avec cette immigration galopante à laquelle le gouvernement s’apprête à ouvrir encore plus grandes les portes du pays. Toute cette chienlit sape la confiance de chacun d’entre nous dans l’avenir. Jusqu’à ce que la droite décide enfin de s’atteler à la reconquête du pouvoir.
Aux larmes, citoyens !
Aux larmes, citoyens !
Le grand 'uvre mémoriel passe à la vitesse supérieure. Dans cet emballement commémoratif, passionnel autant que commercial, on ne prendra guère le temps de se demander s'il n'aurait pas mieux valu célébrer la victoire plutôt que la déclaration de guerre et cet an I de la plus grande boucherie humaine de notre histoire. Une boucherie qui saigna nos campagnes et vendangea la suprématie technologique que nous avions mis des siècles à construire, en nous entre-tuant comme des sauvages pendant les quatre années d'une Première Guerre mondiale que l'on croyait être la dernière. Et tout cela pour une paix mal signée au bas d'un traité de Versailles raté qui, avec la folie de Hitler, créateur illuminé du monstre nazi, préparait la suivante.
La guerre a pesé sur le siècle, mais qui peut croire que se souvenir de la terrible épreuve peut servir à l'éviter. Ceux qui l'ont vécu et ont consacré leur vie à faire 'uvre de mémoire et à promouvoir les valeurs universelles de la paix en ont la conviction sincère. Hélas, l'histoire, même dévastatrice, est complexe et elle ne laisse pas de leçons. Tout au plus permet-elle de se poser des questions.
Au moins peut-on espérer que les commémorations soient mises à profit pour un vrai travail d'analyse. Pour une lecture officielle de l'histoire qui ne laisse pas de côté la diversité des idées face à la guerre et les sentiments pacifistes de quelques-uns qui payèrent de leur vie pour avoir enlevé la fleur de leurs fusils et avoir témoigné de leur ranc'ur contre ceux, politiques et militaires, qui les envoyaient à l'abattoir. Le « plus jamais ça » commençait à contester le patriotisme d'avant 14 et écornait l'unité nationale qui, jusque-là, avait été la caractéristique de cette guerre. À la différence de la suivante, marquée par les violents affrontements civils entre les Français qui se rangent du côté de la liberté et des Alliés et ceux qui choisissent l'ennemi et le nazisme.
Dix millions de jeunes morts au combat dans un conflit des nationalismes dont on a pu, un moment, rêver qu'il aurait fait comprendre que le meilleur moyen d'éviter la guerre était de limiter la souveraineté des nations, comme essaya de le faire la Société des Nations.
L’hommage disputé
Accompagné du vice-chancelier allemand et ministre social-démocrate de l’Economie, Sigmar Gabriel, François Hollande, alias “Guimauve le Conquérant”, comme le qualifie Jean Cochet, a rendu jeudi 31 juillet un hommage sobre et solennel à Jean Jaurès en déposant, un siècle jour pour jour après l’assassinat de cette figure du socialisme, une gerbe sur les lieux mêmes – devant l’ancien Café du Croissant (rebaptisé la taverne du Croissant) situé au 146, rue Montmartre, dans le 2e arrondissement de Paris – où il était tombé sous les balles d’un fanatique.
Un hommage quasi silencieux – quelques applaudissements de la part des badauds massés sur le trottoir opposé derrière une rangée de barrières – au cours duquel le chef de l’Etat, après s’être attablé quelques minutes à l’intérieur de l’établissement, a répondu que le message qu’il retenait de Jean Jaurès était : « La paix et l’unité, le rassemblement de la République ». Message peut-être retenu mais bien loin d’être appliqué depuis son entrée à l’Elysée.
« C’est Jaurès qu’on assassine »
Si François Hollande se réclame de l’ancien dirigeant socialiste, en revanche, beaucoup, à la gauche de la gauche, lui dénient le droit de se revendiquer de son héritage. Parmi ceux-ci : Pierre Laurent, le numéro un du PCF, et le plus virulent, le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Un Mélenchon qui, comme à son habitude, ne mâche pas ses mots. Pour lui, Jean Jaurès, « c’est le contraire de François Hollande, c’est une intelligence engagée, tandis que François Hollande, c’est avant tout un planqué de l’esprit. C’est quelqu’un qui cherche à ne pas aller au combat, à passer son temps à fuir ».
Dans la même veine, Pierre Laurent a fustigé les « usurpateurs » de l’héritage de Jaurès, en ajoutant que « ceux qui maquillent leurs mesures de régression sociale et économique derrière les mots de Jaurès ne peuvent faire illusion ».
A noter que le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, venu lui aussi déposer une gerbe, accompagné notamment du ministre de l’Education Benoît Hamon, du secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen, et de quelques élus, a reçu un accueil houleux et a été conspué par des militants communistes criant à la « trahison » et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Hollande, tu as trahi Jaurès ».
La paix, l’unité et le rassemblement de la République, qu’il disait… Pas sûr qu’avec François Hollande ça soit un jour au programme.
Un hommage quasi silencieux – quelques applaudissements de la part des badauds massés sur le trottoir opposé derrière une rangée de barrières – au cours duquel le chef de l’Etat, après s’être attablé quelques minutes à l’intérieur de l’établissement, a répondu que le message qu’il retenait de Jean Jaurès était : « La paix et l’unité, le rassemblement de la République ». Message peut-être retenu mais bien loin d’être appliqué depuis son entrée à l’Elysée.
« C’est Jaurès qu’on assassine »
Si François Hollande se réclame de l’ancien dirigeant socialiste, en revanche, beaucoup, à la gauche de la gauche, lui dénient le droit de se revendiquer de son héritage. Parmi ceux-ci : Pierre Laurent, le numéro un du PCF, et le plus virulent, le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Un Mélenchon qui, comme à son habitude, ne mâche pas ses mots. Pour lui, Jean Jaurès, « c’est le contraire de François Hollande, c’est une intelligence engagée, tandis que François Hollande, c’est avant tout un planqué de l’esprit. C’est quelqu’un qui cherche à ne pas aller au combat, à passer son temps à fuir ».
Dans la même veine, Pierre Laurent a fustigé les « usurpateurs » de l’héritage de Jaurès, en ajoutant que « ceux qui maquillent leurs mesures de régression sociale et économique derrière les mots de Jaurès ne peuvent faire illusion ».
A noter que le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, venu lui aussi déposer une gerbe, accompagné notamment du ministre de l’Education Benoît Hamon, du secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen, et de quelques élus, a reçu un accueil houleux et a été conspué par des militants communistes criant à la « trahison » et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Hollande, tu as trahi Jaurès ».
La paix, l’unité et le rassemblement de la République, qu’il disait… Pas sûr qu’avec François Hollande ça soit un jour au programme.
François Hollande, le président commémorateur
Fort occupé à représidentialiser son image, François Hollande commémore. Dimanche en Alsace puis lundi en Belgique, ce sera le début de la Grande guerre. Jeudi, c’était l’assassinat de Jean Jaurès. Pendant le Tour de France déjà, il s’était rendu sur le Chemin des Dames. Le 14 juillet, c’était aussi le centenaire de la Première guerre mondiale. Et en juin, c’était la Seconde, avec le 70e anniversaire du Débarquement allié en Normandie. Bientôt, ce sera la Libération de Paris en 1944 dont il faudra se souvenir.
Tout cela est bel et bon. On ne saurait faire grief au chef de l’Etat d’honorer les morts d’hier ni lui reprocher de tirer les leçons des épreuves
traversées par la Nation. Pas plus qu’on ne peut le critiquer lorsqu’il affiche son empathie avec les victimes d’aujourd’hui, et qu’il fait mettre les drapeaux en berne pendant trois jours suite au crash du Boeing d’Air Algérie.
Mais un président de la République ne doit pas seulement être le témoin du passé et le chef d’orchestre des émotions nationales. Car la commémoration, la commisération et la compassion font peut-être une bonne communication, mais pas une politique. Il ne faudrait pas que toutes ces cérémonies détournent François Hollande des tâches sur lesquelles les Français le jugeront : réforme de l’Etat, lutte contre les déficits publics, dossiers internationaux brûlants…
Si François Hollande veut laisser sa propre trace dans l’Histoire, il doit agir ici et maintenant. « On reconnaît un discours de Jaurès à ce que tous les verbes sont au futur », disait Georges Clémenceau avec malice. A l’inverse, on n’aimerait pas que tous les discours de Hollande soient désormais au passé.
L'été de la décision
L'été de la décision
L'été de la décision. Les élections législatives de 2017 auront lieu à la proportionnelle. Qu’est-ce que cela change ? Tout. À gauche comme à droite. Pour Sarkozy aussi.
Impuissant dans le chaos mondial actuel, François Hollande prépare lui aussi, entre les commémorations et le désordre, l’échéance de 2017. Aujourd’hui, il se sait perdu. Et s’il ne lui reste que deux 14 Juillet à vivre (2015 et 2016), il a bien l’intention de sauver ce qui pourra l’être. Comment ? Par la réforme qu’il sortira le moment venu. Sa décision est déjà prise. Il l’a annoncé, le 14 juillet dernier, durant son intervention télévisée, mais personne n’y a prêté attention : il réformera le mode de scrutin pour les législatives de 2017.
La proposition 48 de son programme présidentiel prévoyait d’introduire « une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale ». C’est ce qu’il continue à dire à ses visiteurs : l’élection des députés comprendra « une part » de proportionnelle. En fait, et c’est là que tout le jeu politique promet d’être bouleversé, ce sera un scrutin à la proportionnelle intégrale. Modèle Mitterrand 1986.
C’est le 3 avril 1985, près de quatre ans après son accession au pouvoir, que François Mitterrand fait approuver en Conseil des ministres le projet de loi électorale qui met fin au scrutin majoritaire à deux tours et instaure la proportionnelle intégrale par département (le nombre de députés passe alors de 491 à 577). Quel était le but de Mitterrand ? Les sondages étaient très mauvais pour la gauche ; il fallait donc diviser la droite pour “limiter la casse” à gauche – ce fut l’objet de la proportionnelle. Elle ferait entrer le Front national à l’Assemblée et réduirait d’autant le nombre de députés de la droite classique.
Un an plus tard, aux élections de mars 1986, le résultat fut conforme : certes la gauche fut battue, mais de peu, et le FN obtint 35 députés, autant que le Parti communiste. En revanche, le scrutin majoritaire ayant été rétabli ensuite par la droite, la gauche devait être écrasée aux élections de 1993 : les socialistes ne sauvèrent que 57 sièges et les communistes 23. Une « hécatombe inoubliable », nota Olivier Duhamel dans son Histoire de la Ve République (Dalloz). L’hécatombe a été d’autant moins oubliée que Hollande, battu en Corrèze, aurait pu disparaître de la scène politique.
Il va donc revenir à la proportionnelle pour préserver son parti d’une débâcle annoncée. Il lui suffit d’une loi ordinaire (alors que le droit de vote des étrangers non européens nécessite une réforme de la Constitution). Il a non seulement sa propre majorité pour la faire voter, mais il aura aussi pour l’occasion le soutien entier des communistes, de l’extrême gauche, des Verts, de certains centristes — et du Front national. Hollande retrouvera soudain de la hauteur et du crédit et ne sera désavoué que par l’UMP, qui verra lui échapper la majorité massive que lui aurait promise le maintien du scrutin majoritaire. Et cette proportionnelle sera intégrale, prédisent les bons analystes, parce qu’après l’épreuve de la réforme territoriale, François Hollande ne voudra pas procéder à un nouveau découpage des circonscriptions (“tripatouillage”), nécessaire s’il s’était limité à une « part de proportionnelle »…
Mais, dira-t-on, cela ne change rien pour la présidentielle de 2017, puisque les législatives ont lieu après. Mais si, la perspective change du tout au tout ! Chacun voudra se compter au premier tour de la présidentielle pour pouvoir, dans la foulée, s’affirmer aux législatives — alors que, jusqu’à présent, le champion de chaque camp entraînait avec lui une coalition pour la distribution des investitures ensuite. La proportionnelle fait tout éclater. Chacun pour soi, après on voit.
Les élections européennes (à la proportionnelle) ont fixé un cadre de raisonnement. Appliqué au premier tour de la présidentielle de 2017, le résultat signifie que Marine Le Pen est qualifiée pour le second. Mais qui sera son adversaire, avec l’assurance d’être élu ? Au moment des européennes, c’était le candidat de l’UMP. Mais l’UMP existait encore. Que va-t-il se passer maintenant ? Les trois membres de la direction actuelle ne seront pas candidats à la présidence du parti : ni Juppé (qui a déjà donné), ni Raffarin (qui vise le Sénat), ni Fillon (qui vient de l’annoncer). Les autres seront nombreux, Mariton, Le Maire, Wauquiez, etc.
Mais si Fillon s’était tant battu pour la présidence de l’UMP contre Copé, c’était bien qu’il entendait en faire un tremplin pour ses ambitions présidentielles. Qui peut croire que celui qui sera élu à la présidence de l’UMP pour la reconstruire ne se considérera pas comme légitime pour aller ensuite à la présidentielle ? Et qui peut croire aussi que l’UMP pourrait survivre à la perspective de la proportionnelle sans se donner un président à l’énergie implacable ? La question n’est plus de savoir si Sarkozy divise ou rassemble, mais de se demander qui sera capable d’aller au second tour au duel avec Marine Le Pen. Cela se décide cet été.
Calendrier des vacances scolaires 2014-2015
Le gouvernement a publié il y a deux jours sur son site service-public, le calendrier des vacances scolaires pour l'année 2014-2015.
À vos agendas !
La rentrée scolaire pour l'année 2014-2015 débutera le mardi 2 septembre 2014. Les écoles rouvriront leurs portes le mardi et non le lundi comme d'habitude !
Avec la nouvelle réforme des rythmes scolaires, vous ne saviez pas vraiment ce qui allait changer ? Voici le calendrier, détaillé zone par zone des vacances scolaires.
Pour les zones A, B et C, les vacances de la Toussaint vont débuter le samedi 18 octobre 2014 et prendront fin le dimanche 2 novembre 2014.
Les vacances de Noël débuteront le samedi 20 décembre 2014 et se termineront le dimanche 4 janvier 2015.
Pour les vacances d'hiver, la zone A (académies de Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Nantes, Rennes et Toulouse) partira en vacances en premier du 7 février 2015 au 22 février 2015.
Suivra la zone C (académies de Bordeaux, Créteil, Paris et Versailles) avec ses congés du 14 février 2015 au 1er mars 2015.
Et enfin la zone B (académies d'Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Limoges, Nice, Orléans-Tours, Poitiers, Reims, Rouen et Strasbourg) sera en vacances du 21 février 2015 au 8 mars 2015.
Pour les vacances de printemps, elles débuteront le 11 avril et s'achèveront le 26 avril 2015 pour la zone A, du 18 avril au 3 mai 2015 pour la zone C et du 25 avril au 10 mai 2015 pour la zone B.
L'année s'achèvera le 4 juillet 2015 pour tout le monde.
La Corse et les Dom-Tom ont, quant à eux, leur propre calendrier.
Avec la nouvelle réforme des rythmes scolaires, vous ne saviez pas vraiment ce qui allait changer ? Voici le calendrier, détaillé zone par zone des vacances scolaires.
Pour les zones A, B et C, les vacances de la Toussaint vont débuter le samedi 18 octobre 2014 et prendront fin le dimanche 2 novembre 2014.
Les vacances de Noël débuteront le samedi 20 décembre 2014 et se termineront le dimanche 4 janvier 2015.
Pour les vacances d'hiver, la zone A (académies de Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Nantes, Rennes et Toulouse) partira en vacances en premier du 7 février 2015 au 22 février 2015.
Suivra la zone C (académies de Bordeaux, Créteil, Paris et Versailles) avec ses congés du 14 février 2015 au 1er mars 2015.
Et enfin la zone B (académies d'Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Limoges, Nice, Orléans-Tours, Poitiers, Reims, Rouen et Strasbourg) sera en vacances du 21 février 2015 au 8 mars 2015.
Pour les vacances de printemps, elles débuteront le 11 avril et s'achèveront le 26 avril 2015 pour la zone A, du 18 avril au 3 mai 2015 pour la zone C et du 25 avril au 10 mai 2015 pour la zone B.
L'année s'achèvera le 4 juillet 2015 pour tout le monde.
La Corse et les Dom-Tom ont, quant à eux, leur propre calendrier.
EN FAIT, RIEN NE CHANGE.
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