TOUT EST DIT

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lundi 10 mars 2014

Le billet de Michel Schifres

Au soleil


Certes le soleil est plaisant. Ce n’est pas son seul avantage : il libère la parole comme disaient autrefois les gauchistes. Il a nourri ce week-end  la quasi-totalité des conversations, ce qui changeait des habituels échanges du dimanche sur la famille et la pression fiscale. D’ailleurs les chaînes de télévision, qui n’hésitent jamais à sonder les âmes, y ont consacré de longs reportages. Les gens avouaient des choses étonnantes : ils aimaient prendre l’air et préféraient le chaud au froid. Ils redoutaient quand même qu’il n’y ait plus de saison. Certains barbotaient dans la mer, le jarret blanchâtre. Chacun avait un avis, preuve exemplaire de la vitalité de notre démocratie. On ne s’ennuyait pas à entendre ces confidences. 
Avec le temps, on ne perd jamais son temps.

Obsessions fatales

Obsessions fatales


Bien sûr que Nicolas Sarkozy ne pense qu'à se présenter en 2017. Et bien sûr que les socialistes ne songent qu'à l'en empêcher. C'est à l'aune de cette double et fatale obsession qu'il convient, malheureusement, de décrypter l'actualité politico-médiatico-judiciaire nationale. Alors que nous sommes encore à trois ans de l'échéance, ce combat fictif brouille les grilles de lecture en occultant tout le reste. Au gré des « affaires » dont le rythme s'accélère à l'approche de toute échéance électorale, surgissent les mêmes soupçons d'instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place, quel qu'il soit. Ils sont dévastateurs pour la classe politique et pour la Justice.
Dans ce cloaque, le simple citoyen en arrive à se demander si les juges n'en font pas trop pour les uns et pas assez pour les autres. Il est sûr que si Nicolas Sarkozy a été très « écouté », c'est aussi parce qu'il parlait beaucoup trop. Y compris depuis son échec de 2012 et sa fâcheuse tendance à distiller plus ou moins grossièrement des messages de retour. Quel besoin, par exemple, de narguer le pouvoir actuel en médiatisant sa visite à Angela Merkel ?
Cela méritait-il pour autant, depuis un an, ces mises sur écoute de l'ex-président et de son avocat, ainsi que les perquisitions diligentées jusque dans le rouleau de machine à laver de M e Herzog ? Beaucoup d'avocats ont dénoncé un abus de droit et une atteinte à la protection du secret professionnel. À dire vrai, on a connu la gauche plus sourcilleuse sur la protection des droits de la défense.
Mais ce qui choque le plus, ce sont ces sympathies politiques prêtées aux magistrats. Gilbert Azibert, avocat général près la Cour de cassation, aurait été « utilisé » par Nicolas Sarkozy parce qu'il était réputé de droite. Et les juges qui érigent un « Mur des cons » sont évidemment de gauche. Nos magistrats ne devraient être ni de droite ni de gauche mais tout simplement… droits dans leur code ! Que la première « affaire » du nouveau parquet financier créé après le scandale Cahuzac concerne Sarkozy prend valeur symbolique. Pendant ce temps, les fraudeurs fiscaux respirent !

Petit témoignage sans importance

Petit témoignage sans importance


Comme le savent certains visiteurs réguliers de ce blog, j’ai travaillé à l’Elysée pendant 4 ans et demi comme conseiller pour les affaires intérieures du président Sarkozy. Le monde médiatique et politique tend aujourd’hui à réduire cette période à des affaires de caniveau. J’ai participé à une centaine de réunions au moins, parmi les plus sensibles, avec le président et les ministres, des dizaines de déplacements sur le terrain ou à l’étranger, entre mai 2007 et août 2011 autour du chef de l’Etat. Ma parole d’honneur, j’ai vu M. Patrick Buisson une fois, par hasard dans la cour d’honneur de l’Elysée; nous nous sommes croisés et avons échangé deux ou trois mots. J’ai le souvenir, déja lointain, d’une équipe au pouvoir autour du chef de l’Etat et du Premier ministre, obnubilée par la volonté de réussir, de "sortir la France de la crise", acharnée à réussir ses réformes, dans un climat excessivement fébrile en interne et un environnement extrêmement hostile, entre une droite protestataire haineuse et une opposition socialiste tout aussi furieuse. Les réussites et les progrès accomplis, que seuls les gens sectaires peuvent nier, se mêlent aux erreurs de cette époque, les nôtres, aux échecs et aux déceptions. C’est normal, cela fait partie du jeu du pouvoir. Rien n’est plus idiot que de croire qu’on peut changer d’un coup les choses autrement que par le travail intense et l’effort, par un remède miracle, un slogan, ou une baguette magique. Je garde en mémoire un mélange de grandes joies, de satisfactions et de vives souffrances aussi, que je ne revivrais pour rien au monde. Bien entendu des épisodes ont pu m’échapper, notamment après mon départ en août 2011. Pour autant, en 4 ans et demi, témoin privilégié, je n’ai jamais observé autre chose qu’une détermination de fer à faire avancer la France, dans un climat de pression intense et de travail, de jour, de nuit, le dimanche et toute l’année, comme je n’en ai jamais connu ni imaginé dans aucun milieu.