Il convient de relativiser la baisse de popularité de cet automne 2009 dans lequel beaucoup souhaiteraient voir l'amorce d'une crise de confiance.
Deux ans et demi après son arrivée à l'Élysée, Nicolas Sarkozy n'est pas le plus mal loti des présidents de la Ve. Loin s'en faut. Plusieurs de ses prédécesseurs -François Mitterrand et Jacques Chirac, pour prendre les plus récents - ont connu situation bien pire. À pareil moment de son septennat, le premier, la mort dans l'âme, avait dû se résoudre à décréter la rigueur. Quant au second, il entamait une interminable cohabitation avec Lionel Jospin. Il convient donc de relativiser le trou d'air de cet automne 2009 dans lequel beaucoup souhaiteraient voir l'amorce d'une crise de confiance, voire le début de la fin.
La première partie du quinquennat de Nicolas Sarkozy se résume facilement : des réformes et une crise. Des réformes sur lesquelles des gouvernements de droite et de gauche dissertaient aimablement depuis des lustres, une crise financière imprévue et d'une ampleur sans égale. Cela s'appelle une situation inédite, puisqu'on n'a rarement vu telle frénésie réformatrice conjuguée à un tel tsunami économique. Beaucoup prédisaient l'an dernier que la crise allait calmer Nicolas Sarkozy ; les mêmes doivent reconnaître aujourd'hui qu'il n'en est rien. C'est à la fois heureux et risqué.
C'est heureux parce que la France doit poursuivre son effort de modernisation que d'autres pays comparables - et souvent dirigés par des sociaux-démocrates - ont entrepris bien avant elle, sans que cela d'ailleurs donne lieu à de grands psychodrames nationaux. C'est évidemment risqué parce qu'en France plus qu'ailleurs on a un attachement particulier pour «les paysages qui ne changent pas», comme disait Mitterrand lorsqu'il contemplait la vue du haut de la roche de Solutré.
Or, les paysages changent à une vitesse inimaginable. Celui qui s'offre à notre regard en cet automne 2009 n'est déjà plus le même que celui qui a accueilli Nicolas Sarkozy en mai 2007. Ainsi, le G8 n'existe plus et a cédé la place au G20. C'est le fameux «monde d'après» qui se met en place, dans lequel l'Europe du traité de Lisbonne entend jouer un rôle majeur.
À moitié chemin de son quinquennat, Nicolas Sarkozy n'a d'autre choix que de poursuivre ce qu'il a entrepris, et donc d'adapter la France à ce qui vient. D'autant plus que si le PS nous explique tous les jours pourquoi il a tort de faire ce qu'il fait, on ignore toujours ce qu'il ferait à sa place. Sarkozy, dit-on désormais Rue de Solferino, est «prenable» en 2012. Soit. Il suffit juste à la gauche de trouver un programme. Et le candidat qui va avec.
jeudi 5 novembre 2009
Sarkozy au milieu du gué
Offensive contre les terrasses fumeurs
Entièrement bâchées et chauffées, elles sont illégales. La justice va se prononcer.
Trois ans après l'adoption du décret instaurant l'interdiction de fumer dans les lieux publics, les militants antitabac sont à nouveau mobilisés. Jusqu'alors restée sur le qui-vive, l'association Droits des non-fumeurs (DNF) vient en effet d'engager une offensive contre les terrasses fumeurs. Une série de restaurants et de cafés parisiens, dont Le Bistrot Mazarin à Saint-Germain-des-Prés (VIe), La Bucherie (Ve) ou encore Le Café des Phares, à Bastille, vont recevoir dans les jours qui viennent des citations à comparaître en justice pour non-respect de la loi. Ils encourent une amende de 750 euros.
«Lorsqu'elles sont entièrement fermées par des bâches, les terrasses fumeurs sont illégales, souligne Gérard Audureau, président de l'association subventionnée par la Direction générale de la santé et l'Institut national du cancer. Or la loi est de plus en plus souvent contournée. Après avoir vainement alerté le ministère de la Santé et la profession, nous avons décidé de demander au juge d'intervenir.» Depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer, les terrasses se sont multipliées, passant en trois ans de 30 000 à 45 000 en France, selon le syndicat Synhorcat. À Paris, les demandes d'ouvertures ont augmenté de près de 27 % entre 2007 et 2008. Bâchées et chauffées, accueillant les fumeurs, les terrasses sont devenues des espaces très prisés qui contribuent pour beaucoup au chiffre d'affaires de l'établissement.
Or, selon une étude menée en 2008 par DNF, l'air intérieur des cafés et restaurants est pollué par la fumée de cigarettes venant de ces espaces. L'association, se fondant sur des mesures de concentration des particules fines dans l'air, concluait : «Dans ces établissements, les bénéfices de l'interdiction de fumer sont annulés par l'existence des terrasses.»
Pour l'exemple
Regrettant l'absence de contrôles et de sanctions, DNF espère désormais que des condamnations en justice auront valeur d'exemple. Le décret Bertrand, du 15 novembre 2006, autorise les terrasses fumeurs, à condition qu'elles soient en partie ouvertes - le toit ou la façade principale. Selon Me Pierre Mairat, avocat, «ce que craignent les associations de lutte contre le tabagisme, c'est que le décret devienne obsolète, à force de débordements, comme ce fut le cas pour la loi Evin». Parallèlement, d'autres procédures ont été lancées pour publicité illicite. Le restaurant Tante Marguerite, situé à deux pas de l'Assemblée nationale et fréquenté par les députés, est lui aussi visé par une procédure pénale.
Compromis européen sur les coupures d'accès Internet
Alors que le Royaume-Uni s'apprête à suivre l'exemple français et à punir par des coupures d'accès à Internet les téléchargements illégaux, un accord a été trouvé au niveau européen, jeudi 5 novembre, pour mettre des garde-fous à de telles sanctions.
Après des mois de bataille, le Parlement européen et les gouvernements de l'Union se sont entendus pour autoriser les coupures d'accès Internet, mais seulement sous certaines conditions. Il faudra "une procédure préalable juste et impartiale" garantissant "le respect de la présomption d'innocence" et assurant "le droit d'être entendu" pour la personne visée, prévient le texte.
En septembre 2008, le Parlement européen avait voté à 88 % l'amendement 138, déposé par les eurodéputés Guy Bono et Daniel Cohn-Bendit, selon lequel "aucune restriction ne peut être imposée à l'encontre des droits fondamentaux et des libertés des utilisateurs finaux, sans décision préalable des autorités judiciaires". Voté dans le cadre d'une vaste réforme du marché européen des télécoms, ce texte a ensuite fait l'objet de longues tractations entre les parties prenantes européennes.
"UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION"
Le nouveau compromis renonce ainsi à déterminer qui décide de la coupure d'accès, un choix qui peut désormais revenir à une autorité judiciaire ou administrative, mais fixe plus précisément les conditions de la décision. "La seule réponse claire sera donnée par un tribunal", estime toutefois l'eurodéputé belge Philippe Lamberts (Verts), qui appelle à être "extrêmement vigilant face à la façon dont ce texte sera mis en œuvre". Pour l'eurodéputé "pirate" suédois Christian Engström, il s'agit d'"un pas dans la bonne direction bien plus grand que ce que j'aurais osé espérer".
La Quadrature du Net se montre quant à elle plus mesurée. Le collectif de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet reconnaît que cette version contient des éléments positifs, mais précise aussi que "cette disposition sans ambition sera maintenant sujette à interprétation, et il reste donc à voir si elle permettra d'invalider les dispositifs de restriction de l'accès au Net tels que la 'riposte graduée'".
UN TEXTE COMPATIBLE ?
L'enjeu, notamment en France, est en effet de savoir si le dispositif européen est compatible avec la loi Hadopi 2, validée par le Conseil constitutionnel, à la fin d'octobre. Ce texte entérine la "riposte graduée", censée lutter contre les téléchargements illégaux de musique ou de films sur Internet, d'abord en envoyant des avertissements puis en coupant l'accès à Internet. Après une première censure du Conseil constitutionnel, la décision de la coupure a été transférée à un juge dans un second texte, qui utilise "la procédure simplifiée de l'ordonnance pénale", sans débat préalable et avec un juge unique.
Le texte européen prévoit certes des exceptions pour des raisons de sécurité nationale, mais "la décision doit être motivée, argumentée par une urgence démontrée", souligne Catherine Trautmann, rapporteure parlementaire. Si cela s'applique aux cas de terrorisme ou de pornographie infantile, il est difficile en revanche de convaincre que des téléchargements illégaux de musique portent atteinte à la sécurité nationale.
L'accord européen doit encore être validé par un vote en plénière du Parlement européen, à la fin du mois, et par une décision formelle des gouvernements de l'Union. Le "paquet télécom", qui achoppait sur cette question, pourrait entrer en vigueur au début de l'année 2010.
LE PREMIER APPLE STORE FRANÇAIS
Vidéo Challenges.fr Apple ouvre son premier magasin en France samedi dans le Carrousel du Louvre. La presse y était invitée dès jeudi. Visite guidée.
L'APPLEMANIA se poursuit en France avec l'ouverture, samedi 7 novembre à 10 heures, de la première boutique du géant américain en France. Située rue de Rivoli, dans la galerie commerciale du Carrousel du Louvre, face à la pyramide en verre inversée du célèbre musée, cet "Apple Store" s'étend sur quelque 750 mètres carrés, et emploiera 150 personnes.
Un design épuré pour mettre en avant les produits, que les clients pourront tous tester -ordinateurs Mac, baladeurs iPod, mais aussi et surtout l'iPhone.
Les boutiques, dont la première a été ouverte en 2001 -celle-ci est la 277e- sont devenues un canal majeur de vente pour Apple. Le groupe y réalise "environ 20% de son chiffre d'affaires", selon Ron Johnson, le patron des Apple Store dans le monde, qui note que "170 millions de personnes" s'y sont rendues l'an passé dans le monde.
La France est le dixième pays où la firme se dote d'une boutique. Dans l'Hexagone, l'iPod domine le marché des baladeurs et "plus de 40% des téléphones intelligents vendus sont des iPhone", se félicite le vice-président d'Apple Europe, Pascal Cagni.
19.508,21 euros: la rémunération mensuelle de Sarkozy
Le montant exact de la rémunération mensuelle de Nicolas Sarkozy comme président de la République est de 19.508,21 euros net en 2009, selon le rapport du député PS Jean Launay sur les crédits alloués à l'Elysée en 2010, examinés jeudi à l'Assemblée nationale.
"Le montant mensuel brut (soumis à cotisation) de la rémunération du président de la République s'élève en 2009 à 21.133,37 euros, y compris une indemnité de fonction de 4.226,22 euros. Cela correspond à un montant mensuel net de 19.508,21 euros", peut-on lire dans ce rapport.
Globalement, la dotation "Présidence de la République" pour 2010 est de 112,534 millions d'euros, "en hausse apparente de 0,18% et en réalité (à périmètre constant) de 1,2%" par rapport à 2009, "ce qui correspond au montant estimé de l'inflation", indique M. Launay.
Rachida Dati pour un président européen "fort"
Interview de l'ex-ministre de la Justice devenue parlementaire européenne, à l'heure où la ratification du traité de Lisbonne change la donne pour l'Union.
La Tribune - À l'approche des grandes négociations climatiques, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé l'Europe à maintenir son « leadership ». L'Europe arrivera-t-elle forte à Copenhague ?
Rachida Dati - Quand on parle du leadership européen, tout part du paquet énergie-climat obtenu à l'arraché par Nicolas Sarkozy, après une négociation pays par pays. On a une unité, une ambition européenne forte, avec des objectifs chiffrés. Je pense que c'est déjà un succès que chacun soit à l'affût d'un accord et de vouloir mettre tout le monde autour de la table, y compris les États-Unis.
- Vous êtes membre de la commission de l'Industrie au Parlement européen. L'Europe ne court-elle pas le risque à Copenhague de s'imposer un handicap en matière de compétitivité ?
- Non, parce qu'il y a la taxe carbone aux frontières de l'Union. Elle ne fait pas l'unanimité, mais elle commence à avoir une majorité en Europe. Avec cette taxe, il ne s'agit pas de dire : « Nous sommes protectionnistes », mais plutôt : « Nous sommes pour la concurrence loyale — donc totalement loyale. » Si on s'astreint à une réglementation environnementale européenne, on ne peut pas accepter que d'autres pays en dehors de l'Union ne respectant pas les mêmes critères puissent exporter leurs produits chez nous. La loyauté a aussi un prix.
- Le traité de Lisbonne va créer le poste de président du Conseil européen. Vous êtes pour un président fort et politique et pas pour un simple organisateur. Mais avec quelqu'un de fort, n'y a-t-il pas des risques de clash avec Nicolas Sarkozy ?
- Non, c'est tout l'enjeu. Avec quelqu'un de fort, vous êtes tiré vers le haut. C'est comme quand vous choisissez les meilleurs collaborateurs. Pour être tiré vers le haut, il ne faut pas se dire : « Il y a un risque de concurrence, alors... on prend les plus mauvais. » Regardez l'Eurogroupe, le président de la République l'a réuni au niveau des chefs d'État et de gouvernement pour la première fois durant la présidence française. Il pouvait très bien se dire : « Je suis président de l'Europe, je vais être plus fort que tout le monde. » Non, il a mis tous les chefs d'État et de gouvernement à son niveau.
- Pensez-vous que ce poste de président du Conseil puisse tenter Nicolas Sarkozy dans l'avenir ?
- Je ne fais pas de politique-fiction, c'est un excellent président de la France. Il fait tout ce qu'il peut pour protéger les Français et les sortir de la crise. La France a besoin de Nicolas Sarkozy. L'Europe a aussi besoin de Nicolas Sarkozy. La preuve, c'est que la France est plus forte quand l'Europe est plus forte et l'Europe est plus forte quand la France est plus forte.
- Avec l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la France va avoir deux eurodéputés supplémentaires. On ne sait toujours pas comment ils seront désignés ?
- Oui, on n'a pas encore pris les mesures réglementaires nécessaires. Les eurodéputés, ce sont des élus, pas des fonctionnaires. Cela doit donc être une élection, pas une désignation. Désigner des députés, ça me paraît curieux, cela peut être le cas pour des députés ayant seulement le statut d'observateurs.
- Comment vivez-vous votre nouvelle vie d'eurodéputée ?
Tout le monde disait à mon sujet : « C'est une sanction pour elle. » Beaucoup décriaient le tandem Barnier-Dati. Je tiens d'ailleurs à rendre hommage à Michel Barnier, outre ses compétences avérées, c'est un homme loyal et droit. Je souhaite exercer mon mandat, je n'ai pas été élue pour attendre. Un mandat n'est pas un chèque en blanc et les électeurs attendent que l'on travaille. Depuis le premier jour où je suis arrivée ici, je suis présente et je travaille. Je fais d'ailleurs partie des plus assidus et des plus actifs, en séance comme en commission.
Propos recueillis par Yann-Antony Noghès, à Bruxelles
Nicolas Sarkozy veut "aller vite" dans le choix du président de l'UE
Nicolas Sarkozy s'est déclaré certain, jeudi 5 novembre, que l'Union européenne se mettra rapidement d'accord sur le choix d'un président du Conseil et de son haut représentant pour les affaires étrangères. Le chef de l'Etat, qui s'exprimait à l'issue d'un conseil des ministres franco-polonais, s'est félicité que le chef du Parti conservateur britannique, David Cameron, ait renoncé mercredi à son projet de référendum sur le traité de Lisbonne.
Interrogé sur les clauses d'exemption que les conservateurs britanniques souhaitent négocier en cas de retour au pouvoir, il a fait valoir qu'il en existait déjà dans le traité pour la Grande-Bretagne comme pour la Pologne. "Ce qui est très important, c'est que Lisbonne soit enfin signé et ratifié par tout le monde", a ajouté Nicolas Sarkozy dans une allusion à sa ratification par la République tchèque.
"Cela permettra à l'Europe de tourner la page d'années de débats institutionnels qui nous éloignaient beaucoup des Européens (...), c'était beaucoup de pertes de temps, beaucoup d'incompréhension et beaucoup de malentendus," a-t-il dit. "Il nous reste à mettre des femmes et des hommes aux postes qui sont prévus par les institutions. Ce sera le travail du mois de novembre", a poursuivi le chef de l'Etat.
Il a précisé qu'il avait eu mercredi une longue conversation avec le premier ministre suédois, Fredrik Reinfelt, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union, à propos du choix des futurs présidents du Conseil et hauts-commissaires aux affaires étrangères. "Il faut aller assez vite. Personne ne comprendrait qu'on perde du temps maintenant que les choses sont en place. Je suis certain que dans les jours qui viennent et dès la semaine prochaine, il y aura une rencontre pour mettre en place les institutions et qu'on passe au concret," a-t-il conclu.
Un site pour comparer les prix du gaz et de l'électricité
Les consommateurs particuliers vont pouvoir comparer les offres de fourniture de gaz et d'électricité d'EDF, de GDF Suez et de leurs concurrents grâce à un nouveau site Internet mis en ligne jeudi 5 novembre par le médiateur de l'énergie, une fonction instituée en décembre 2006 en prévision de l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie. Jeudi en début d'après-midi, le serveur du site Internet accusait cependant quelques ralentissements et difficultés de connexion.
Ce comparateur se veut un "outil pédagogique" destiné à améliorer la connaissance des ménages. "Le paradoxe de ce marché, c'est que les gens ont l'impression d'être bien informés alors qu'ils le sont en réalité très peu", remarque Stéphane Mialot, directeur des services du médiateur.
Plus de la moitié des Français (58 %) ignorent qu'ils peuvent quitter EDF ou GDF Suez, selon un sondage LH2, réalisé pour le médiateur et la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Ils sont en outre 77 % à ne pas connaître la procédure pour changer de fournisseur, selon ce même sondage, réalisé du 14 au 26 septembre auprès de quinze cents foyers représentatifs. Au 30 juin dernier, plus de neuf ménages sur dix étaient clients d'EDF ou de GDF Suez, selon la CRE.
Avec ce comparateur, qui se présente comme indépendant des fournisseurs d'énergie, les consommateurs pourront évaluer les différentes offres commerciales en fonction de leur prix annuel, mais aussi du type de tarif proposé (fixé par l'Etat ou non) ou de la part d'énergie renouvelable incluse dans l'offre.
LA FRANCE ACCUSÉE DE PRÉSERVER EDF
Outre EDF et GDF Suez, qui fournissent chacun à la fois du gaz et de l'électricité, il existe sept autres fournisseurs d'énergie au niveau national, à savoir Direct Energie, Enercoop, Planète Oui, Poweo, Alterna, GEG Source d'Energie et Altergaz. Tous ont décidé de participer au comparateur, sauf Enercoop, qui estimait que cet outil ne mettait pas assez en valeur la spécificité de son offre, selon les services du médiateur.
Paris s'était engagé à renforcer la concurrence dans l'électricité au 1er juillet 2010 afin de régler un contentieux avec la Commission européenne, qui l'accusait de préserver EDF. La France s'est ainsi engagée à supprimer en 2015 les tarifs réglementés pour les moyennes et les grandes entreprises, qui font l'objet de deux enquêtes de la Commission européenne, dont une procédure d'infraction à la directive relative au marché intérieur de l'électricité. Le premier ministre, François Fillon, a en revanche promis le maintien des tarifs réglementés pour les ménages et les petites entreprises.
Présidentielle : le PS recommence à y croire
Depuis 2007, chaque élection révèle un rapport de force favorable à la gauche.
Au début, ils étaient pessimistes. Après la défaite de 2007, nombre de socialistes soupiraient d'ores et déjà : «Nicolas Sarkozy est là pour dix ans.» Deux ans et demi plus tard, ils ont presque oublié leurs propos. Le chef de l'État est «prenable», dit-on jusqu'au sommet du PS.
Certes, le parti est encore mal en point. Certes, l'opposition est émiettée alors que la droite se présente unie. Mais d'élection en élection, ses experts électoraux aboutissent à la même conclusion : le rapport de force est favorable à la gauche. Et depuis la rentrée, les difficultés et les faux pas s'accumulent pour la majorité. Polémique sur Brice Hortefeux, Jean Sarkozy, Frédéric Mitterrand… Divergences au sein de l'exécutif, sur la taxe carbone par exemple. Dissensions sur le grand emprunt ou la suppression de la taxe professionnelle. Au PS, on s'étonne même de «l'ampleur de la grogne» qui court dans les rangs de l'UMP.
Moralité : la gauche se dit qu'elle pourrait gagner la présidentielle en 2012… à condition de ne pas la perdre. «Nous sommes le seul parti d'opposition réaliste… si nous sommes crédibles» , explique le député du Lot-et-Garonne, Jérôme Cahuzac, vice-président du groupe à l'Assemblée.
La bataille sera difficile
Mais après avoir jugé que les présidentielles de 2002 puis 2007 étaient gagnables (avec le résultat que l'on sait), les socialistes sont désormais prudents. «Ce qui peut susciter le doute, c'est que la droite est minoritaire dans le pays - elle l'est à chaque élection depuis 2007 - mais l'opposition est divisée et dispersée», a observé mercredi sur France Inter l'ancien premier secrétaire, François Hollande.
Dispersée entre le PS, les Verts, le MoDem ou le Front de gauche qui se font concurrence. Mais aussi divisée au sein de la famille socialiste, qui compte les seuls présidentiables de gauche. «Le candidat zéro défaut n'existe pas», répète souvent Claude Bartolone, proche de Martine Aubry. La bataille sera difficile, selon lui, «face à un président sortant».
«La préoccupation de Nicolas Sarkozy, c'est sa réélection. Alors pour lui, il faut que les régionales, la dernière étape avant la présidentielle, n'invalident pas cet objectif, analyse François Kalfon, l'expert ès sondages du PS. Si le Parti socialiste sortait conforté, ce serait un coup d'arrêt à une réélection sans crainte.» Avant de rêver de 2012, les socialistes savent qu'il faut attendre le printemps 2010.
Sarkozy a tranché: le grand emprunt sera entre 25 et 50 milliard
POLITIQUE - Le montant exact devrait être défini début décembre...
Mercredi soir l'Elysée a fait savoir que le montant retenu du grand emprunt serait compris entre 25 et 50 milliards d'euros, le président Nicolas Sarkozy devant trancher «au début du mois de décembre». Il a ainsi mis fin aux bagarres internes dans la majorité, certains réclamant d'aller jusqu'à 100 milliards d'euros quand d'autres, comme les anciens Premiers ministres Michel Rocard et Alain Juppé, chargés de plancher sur le projet, plaident pour une fourchette beaucoup plus basse.
François Fillon lui même a évoqué un montant de l'«ordre de grandeur de 20 à 30 milliards» d'euros et a déclaré que le montant du grand emprunt voulu par le chef de l'Etat dépendrait notamment «des capacités d'emprunt supplémentaire» du pays. «Le montant sera fonction des priorités d'avenir qui seront retenues et de notre capacité d'emprunt supplémentaire.», affirme le Premier ministre dans un entretien au Monde daté de vendredi.
Pas «contradictoire»
Matignon assure que le montant évoqué par Premier ministre «n'est en rien contradictoire avec celui de l'Elysée» affirmant que les deux fourchettes ne couvraient pas exactement les mêmes champs. La commission Juppé/Rocard doit remettre ses propositions au président de la République «vers la mi-novembre».
Le revirement de GM sur la vente d' Opel déclenche l'ire du gouvernement allemand
Contrairement à son accord de la mi-septembre, General Motors fait une brusque volte-face et renonce à vendre sa filiale européenne Opel au tandem Magna-Sberbank. Il préfère la restructurer lui-même, mais avec quels crédits ? Par ce geste, GM s'est aliéné d'un seul coup plusieurs gouvernements européens et la quasi-totalité de ses 50.000 salariés européens.
La sortie de crise a convaincu General Motors de renoncer à la vente d'Opel au tandem Magna-Sberbank. La chancelière allemande, Angela Merkel, venait tout juste de monter dans son avion de retour, à Washington, lorsque le communiqué de GM est tombé. Visiblement réconforté par les fragiles signaux de redressement aux Etats-Unis et en Europe, GM a finalement annoncé, mardi soir, enterrer la cession d'Opel et de sa société soeur britannique
Vauxhall en invoquant « l'amélioration de l'environnement » et l'importance stratégique de sa
filiale.
Malgré la colère immédiate des autorités allemandes, GM espère encore obtenir quelque 3 milliards d'euros d'aides des gouvernements européens (dont 2 milliards de Berlin) pour mener à bien la restructuration de sa filiale. « Nous comprenons la complexité et la longueur du processus pour toutes les parties concernées. Mais depuis le début, notre objectif a été d'assurer la meilleure solution à long terme pour nos clients, employés, fournisseurs et concessionnaires, ce qui se traduit par la décision obtenue[mardi] », a tenté d'expliquer le PDG de GM, Fritz Henderson, qui plaidait encore pour une cession quelques jours plus tôt.
Risque de dépôt de bilan
Le groupe de Detroit suggère que le coût de restructuration d'un Opel restant dans le giron de GM sera inférieur à celui prévu dans le cadre d'une reprise par Magna. Fritz Henderson présentera prochainement un nouveau plan de restructuration aux gouvernements européens concernés.
Depuis le début, les atermoiements du conseil de GM sur la vente d'Opel n'étaient pas de bon augure pour le canadien Magna. La recomposition du conseil par l'administration Obama, dans la foulée de sa mise temporaire sous le chapitre 11, semble avoir joué un rôle déterminant dans ce changement de pied.
Pour la plupart des analystes, la vente d'Opel risquait de saper les efforts de GM qui cherche à élargir sa gamme de petites voitures, un segment considéré comme le principal moteur de la croissance du marché automobile dans les prochaines années. En outre, GM n'avait jamais caché ses craintes sur les risques que l'accord conclu entre Magna et le russe Sberbank puisse donner accès à des concurrents à ses brevets. Tout en soulignant que le groupe cherchera à obtenir l'essentiel du financement de son plan de 30 % de réduction de coûts à travers des prêts garantis par les gouvernements, GM n'a pas caché qu'en cas de non-obtention ou d'absence d'accord avec les syndicats, Opel pourrait être encore conduit au dépôt de bilan.
Mais la grande confédération allemande IG Metall ne semble pas près de plier. Au contraire, ses responsables ont aussitôt annulé l'accord conclu mardi qui portait sur des concessions salariales en vue d'un rachat par Magna. « Nous n'accompagnerons pas la voie qui ramène à GM », a déclaré Klaus Franz, le président du comité d'entreprise. Ce dernier estime que trois sites, Bochum, Kaiserslautern et Anvers, sont « extrêmement en danger ».
Actions de protestation
Le syndicat a lancé un appel à la manifestation dès aujourd'hui en Allemagne, où se trouve la moitié des 55.000 salariés du constructeur américain en Europe. Les actions de protestation devraient s'étendre demain au reste de l'Europe. Elles visent à « montrer au conseil d'administration de GM ce que nous pensons de sa décision », prévient Armin Schild, représentant d'IG Metall au conseil de surveillance d'Opel. Et Berthold Huber, le patron du syndicat, de renchérir : « GM a d'abord mis Opel en difficulté à cause d'erreurs de management. On voit mal comment le groupe pourrait faire émerger une solution solide. »
Du côté politique, les réactions n'étaient pas plus clémentes (lire ci-dessous). Berlin a entre autres demandé le remboursement du prêt de 1,5 milliard d'euros, dès le 30 novembre, qui faisait partie de l'aide de 4,5 milliards promise à Magna. Reste à savoir si l'Etat allemand sera prêt à apporter une aide financière à GM dans un tel climat.
PIERRE DE GASQUET (À NEW YORK) ET INGRID FRANCOIS (À FRANCFORT), Les Echos
Les «caprices» de Rama Yade énervent l'Elysée
Le chef de l'Etat constate la «difficulté à s'insérer dans une équipe» de sa secrétaire d'Etat aux Sports, alors qu'un remaniement ministériel se profile «vraisemblablement» après les régionales. Sur la polémique qui a visée Jean Sarkozy, il admet par ailleurs «une erreur» .
Rama Yade de plus en plus près de la porte? Après avoir «trouvée et promue» comme jeune espoir de la droite et symbole de la diversité, Nicolas Sarkozy, agacé depuis plusieurs mois par les goûts de luxe de sa secrétaire d’Etat aux Sports, lui trouve aujourd’hui une «difficulté à s’insérer dans une équipe, quelle qu’elle soit».
Selon l’Elysée, cité par l’AFP, «M. Sarkozy l’a retirée» du ministère des Affaires étrangères, où elle était secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, «parce qu’elle ne se supportait plus avec (Bernard) Kouchner». «Maintenant, c’est la bagarre avec Roselyne Bachelot», son actuelle ministre de tutelle. Conclusion cinglante: «Il y a un moment donné où il faut travailler en équipe ou alors, ce n’est pas possible.» Et la même source d’enfoncer encore Yade, tancée dernièrement par la majorité et le Premier ministre pour avoir rechigné à se présenter dans le Val-d’Oise aux régionales et pour avoir marqué son désaccord avec Bachelot sur la suppression des exonérations fiscales pour les sportifs: «C’est une affaire sérieuse, le gouvernement de la France, ce n’est pas une affaire de caprice!», a-t-on ajouté.
Sur la sellette, la ministre la plus populaire du gouvernement est d’ailleurs prévenue du prochain remaniement ministériel, «vraisemblablement» au lendemain du scrutin de mars 2010. Et ce changement d’équipe gouvernementale pourrait bien ne pas concerner le Premier ministre, François Fillon. «Il faudra étudier les résultats des régionales» mais en tout cas, «après les régionales, il y aura une nouvelle étape», prévoit-on au Château. Dans cette seconde partie du quinquennat de Nicolas Sarkozy, plusieurs réformes sont programmées, dont le cinquième risque (dépendance), les retraites et la justice.
Deux semaines après la violente polémique qui a visé son filsy, le président reconnaît par ailleurs avoir commis une «erreur» en ayant laissé Jean Sarkozy se présenter à la présidence de l’Epad, la structure gérant le quartier d’affaires de la Défense. Selon la même source, le chef de l’Etat ne s’était pas opposé à la candidature de son fils cadet parce qu’il ne s’agissait pas d’une fonction «rémunérée»: «Le président de l’Epad n’a pas de salaire, pas de bureau, pas de secrétaire, pas de voiture, pas de chauffeur.»
Masse critique
Une vie politique sans opposition, ça vous donne une majorité qui part dans tous les sens. L’ironie de ce quinquennat est que, pour avoir transformé le Parti socialiste en rillettes, Nicolas Sarkozy se retrouve avec un camp présidentiel balkanisé : le débat qui ne peut se tenir à gauche s’en trouve déplacé au sein même de la majorité, entretenu par les rivalités en vue de 2012 ou 2017 et par les humiliations de moins en moins rentrées de certains acteurs de premier plan.
Le chef de l’Etat a des problèmes avec sa majorité et avec son électorat. Ce n’est pas nouveau mais, à mi-mandat, le phénomène s’amplifie au point de soulever des doutes sur l’automaticité de sa réélection. L’épisode bling-bling et les aléas conjugaux du locataire de l’Elysée avaient déjà éloigné la frange la plus âgée et la plus conservatrice de son électorat.
Plus récemment, les affaires Frédéric Mitterrand et Jean Sarkozy ont réveillé la crispation, rendue d’autant plus préoccupante que, devant l’envolée du chômage et des chiffres de la délinquance, les voix récupérées en 2007 sur le Front national ne demandent qu’à retourner au bercail. De quoi expliquer les opérations de diversion telles que le débat sur l’identité nationale ou les propositions de Brice Hortefeux en faveur d’un couvre-feu pour les mineurs délinquants. On n’est plus dans le réel ; on est dans l’affichage.
Côté majorité, les relations n’ont jamais été faciles entre le Château et les parlementaires. L’ouverture est restée sur l’estomac de ces derniers. Et la présence du vibrionnant Jean-François Copé à la tête du groupe à l’Assemblée n’a pas peu contribué à perturber la météorologie des rapports avec l’exécutif d’une part et avec le parti présidentiel, de l’autre, à la tête duquel officie Xavier Bertrand, grand rival du maire de Meaux. Si aujourd’hui la situation atteint la masse critique, c’est que Nicolas Sarkozy est en train de payer tout à la fois la mise en concurrence entre Matignon et les conseillers élyséens, la mise sous tutelle d’un parlement qui, malgré la réforme institutionnelle, ne voit pas vraiment ses pouvoirs renforcés, et la paix signée avec Jacques Chirac sur le dos d’un Dominique de Villepin qui, depuis, est devenu littéralement enragé.
Philippe WAUCAMPT.
« Comme l’UMP ne veut plus d’elle, on est prêt à lui accorder le droit d’asile. »
Michèle Sabban, vice-présidente PS de la Région Ile-de-France, a offert hier le « droit d’asile » à la secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade. « Comme l’UMP ne veut pas d’elle, on est prêt à lui accorder le droit d’asile » et « on lui fait même la proposition de prendre la tête de liste PS dans les Hauts-de-Seine », a affirmé Michèle Sabban qui souligne que sa proposition n’a « rien d’ironique ». La porte-parole de campagne de Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, parle d’une « plaisanterie ».
Frondes à l’UMP : Sarkozy hausse le ton
Après une semaine de couacs dans la majorité, Nicolas Sarkozy a sévèrement recadré son gouvernement hier. La veille, François Fillon a notamment mis en garde Rama Yade et Henri Guaino à l’Assemblée.
Tribunes frondeuses de parlementaires, cacophonie au gouvernement avec Rama Yade sur la sellette : la fébrilité n’en finit pas de régner dans la majorité, au point de forcer l’Elysée et Matignon à un sévère recadrage. Nicolas Sarkozy a profité hier du Conseil des ministres pour souligner la « nécessité d’être solidaires », selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.
Animé d’une colère froide, le président n’a pas mâché ses mots la veille face aux dirigeants de l’UMP. « Il y a autour de nous un océan de fébrilité », a-t-il clamé, sermonnant Jean-Pierre Raffarin pour sa tribune cosignée avec 23 autres sénateurs contre la réforme actuelle de la taxe professionnelle.
« On n’a pas apprécié ce coup d’éclat alors que la majorité est déjà assez bien secouée comme ça », confie un responsable de la majorité. Un ministre ironise : « Raffarin s’emmerde et n’a pas digéré de ne pas avoir eu la présidence du Sénat. » « C’est normal, il n’y a pas d’opposition, alors le débat a lieu dans la majorité. Il n’y a pas de gauche, donc on se bouffe le nez entre nous », glisse le même.
François Fillon s’est lui départi mardi de son flegme habituel devant le groupe UMP à l’Assemblée nationale. S’il a égratigné le conseiller spécial de l’Elysée, Henri Guaino, le Premier ministre a surtout fustigé Rama Yade pour s’être « désolidarisée » du gouvernement, relançant le suspens sur le sort de la secrétaire d’Etat aux Sports de 32 ans, toujours protégée par sa grande popularité.
Yade « pas directement menacée »
En s’opposant à la suppression d’exonérations fiscales pour les sportifs, la benjamine du gouvernement n’a pas arrangé sa réputation de rebelle. Ses jours sont-ils comptés ? « Il s’agissait d’un rappel à l’ordre », tempère-t-on dans l’entourage de François Fillon, assurant qu’elle n’est « pas aujourd’hui directement menacée ».
En privé, un ministre proche de Sarkozy semblait pourtant récemment en avoir fait le deuil : « Ce n’est pas une grande bosseuse, elle marche plus à l’instinct. Qu’elle trace son propre sillon. »
« Quand on est jeune, c’est parfois un peu plus difficile, il faut parfois un grand frère ou une grande soeur ou un chef d’équipe pour rappeler les règles », a professé Christine Lagarde, chargée pour sa part de rassurer le Sénat sur la taxe professionnelle.
Une mission qui s’annonce délicate : malgré son rappel à l’ordre, Jean-Pierre Raffarin a prévenu que « personne ne peut sermonner personne, parce que chacun doit respecter chacun ».
L’exécutif risque aussi de devoir éteindre le feu à l’Assemblée, après l’amendement sur les sportifs, contesté par le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand. Après une passe d’armes avec son grand rival, le patron des députés UMP Jean-François Copé, l’Elysée a encore dû siffler la fin de la polémique avec la création d’une mission sur la rémunération des champions et le report du texte controversé à la fin de la saison sportive.
"Depuis deux ans et demi, nous tenons nos engagements"
Les affaires Clearstream, Pasqua, Chirac n'imposent-elles pas de maintenir le juge d'instruction ?
Ces affaires montrent que, contrairement à ce qu'on raconte toute la journée, la justice française est totalement indépendante. Mais s'agissant du juge d'instruction, la réforme que nous préparons vise à transformer le juge d'instruction en juge de l'instruction. De manière à supprimer une dérive du système qui conduit un juge à avoir toutes les responsabilités.
Quand on met les gens en garde à vue sans précaution, quand on maintient les gens en détention provisoire pendant des durées invraisemblables, c'est absolument contraire à la conception que je me fais des droits de l'homme. Il y a une vraie amélioration des droits de la personne à apporter à travers une réforme de la justice.
Il faut introduire dans le droit français une sorte d'habeas corpus, comme nos voisins, en même temps qu'il faut garantir à l'enquête cohérence et efficacité.
Sur le cas Chirac, à titre personnel, un ancien président de la République devant les tribunaux, qu'en pensez-vous ?
Cela ne me fait pas plaisir, mais je ne m'exprime pas, parce que je considère que toute expression du chef du gouvernement sur ce sujet est contraire à la séparation des pouvoirs et sujette à interprétation.
Ces affaires n'alourdissent-elles pas le climat de la mi-quinquennat ?
Ce sont des affaires très anciennes qui ont peu de rapport avec la vie politique d'aujourd'hui. C'est tout le problème du temps de la justice qui n'est pas le même que le temps de la politique.
La droite se reconnaît-elle encore dans les valeurs de Nicolas Sarkozy ?
Les électeurs de droite ont une préoccupation principale, celle de savoir si le président, ce gouvernement et la majorité tiendront leurs engagements. La crise politique qui a culminé avec l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle en 2002, était le résultat d'une crise de confiance. Les gens avaient le sentiment que les engagements n'étaient jamais tenus.
Depuis deux ans et demi, avec le président de la République, nous tenons nos engagements. Sur les valeurs, j'ai toujours défendu l'idée qu'il n'y avait pas un peuple de droite avec ses valeurs et un peuple de gauche avec les siennes. Si vous voulez me faire dire que le travail, la responsabilité, le respect de la loi, la place de l'Etat sont des valeurs de droite, je ne vais pas vous contredire.
Mais en même temps, je ne veux pas laisser à la gauche la valeur de la justice sociale et de la solidarité. Quand on évoque le bouclier fiscal, si on est honnête, il faut évoquer le RSA, les augmentations fortes des minimas sociaux, l'ensemble des mesures prises en faveur des Français frappés par la crise économique.
Propos recueillis par Françoise Fressoz, Sophie Landrin et Arnaud Leparmentier
Pour Jacques Chirac, les "emplois fictifs" "avaient tous une raison d'être"
Jacques Chirac conteste dans son entretien à Europe 1 qu'il y ait pu avoir des emplois fictifs à la mairie de Paris du temps où il la dirigeait, entre 1977 et 1995. "Aujourd'hui on me reproche d'avoir recruté des personnes qui n'auraient pas eu de lien avec l'action municipale, je conteste formellement cette affirmation", a déclaré l'ancien président de la République. Le procès de Jacques Chirac, renvoyé en correctionnelle avec neuf autres prévenus, devrait se tenir en 2010, a indiqué une source judiciaire mercredi après la décision du parquet de Paris de ne pas faire appel de l'ordonnance de Mme Simeoni.
"Ces emplois avaient tous une raison d'être pour la ville et pour le maire de Paris", a-t-il ajouté. "Même les 21 ?", a demandé Jean-Pierre Elkabach. "Même les 21 naturellement […], ils travaillaient bien entendu pour les Parisiens", a-t-il répondu en référence au nombre d'emplois présumés fictifs retenu par la juge Xavière Simeoni dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel.
"Je suis fier de mon action au service des Parisiennes et des Parisiens. Ce qui compte c'est le jugement des Parisiens plus que celui des exégètes après coup", a poursuivi l'ancien maire de Paris. Les Parisiens "m'ont accordé leur confiance pendant dix-huit ans, rien ne pourra me faire oublier ça", a-t-il encore dit.
BNP Paribas fait mieux que prévu au 3e trimestre
BNP Paribas a enregistré au troisième trimestre un bénéfice net de 1,305 milliard d'euros, légèrement supérieur aux attentes des analystes, grâce à des résultats une nouvelle fois élevés dans la banque de financement et d'investissement. Le résultat annoncé est dans la fourchette haute des estimations des analystes, qui tablaient en moyenne sur 1,197 milliard d'euros, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires.
Il est en hausse de 44,8 % par rapport au troisième trimestre 2008, marqué par la faillite de la banque Lehman Brothers, mais s'affiche encore en retrait par rapport aux plus de deux milliards de bénéfice enregistrés il y a deux ans. La banque profite de la très bonne tenue de la banque de financement et d'investissement, qui lui fournit près de 60 % de son revenu avant impôt, quand elle représente un tiers de son produit net bancaire (hors BNP Paribas Fortis).
La banque de détail continue en revanche à souffrir d'une nouvelle hausse du coût du risque (provisions pour défaut des clients), liée à la crise. Pour l'ensemble du groupe, le coût du risque est stabilisé à un niveau élevé de 2,3 milliards d'euros, légèrement en recul par rapport au précédent trimestre.
François Fillon : "Le bilan se fera à la fin du quinquennat"
Dans un entretien au Monde, le premier ministre dresse le bilan des réformes accomplies depuis deux ans. Il plaide pour un grand emprunt compris entre 20 et 30 milliards d'euros, recadre la secrétaire d'Etat aux sports et nie que Matignon soit un enfer. Extraits. Retrouvez l'intégralité de cette interview à 10 h 45.
Quel doit être selon vous le montant de l'emprunt ?
Il ne faut pas que la crédibilité française diverge de celle de l'Allemagne. Le montant sera fonction des priorités d'avenir qui seront retenues et de notre capacité d'emprunt supplémentaire. Sur ce sujet, le Trésor évoque un ordre de grandeur de 20 à 30 milliards en première analyse.
Lorsque vous dites à propos de Rama Yade qu'il faudra tirer les conséquences de son attitude le moment venu, pensez-vous à son limogeage ?
Lorsque l'on est secrétaire d'Etat, on est sous l'autorité d'un ministre. C'est contraignant, mais c'est la règle du jeu. On ne peut pas être au gouvernement et en opposition avec la ligne du gouvernement. Les membres du gouvernement sont porteurs de l'intérêt général, pas seulement des intérêts qui s'expriment auprès de leur ministère.
La démarche des sénateurs emmenés par Raffarin est-elle légitime ?
La méthode est contestable. Le débat sur la taxe professionnelle est difficile. Beaucoup de ceux qui demandent le report de la réforme n'ont pas trouvé la force dans le passé de l'engager. Il y a des marges de négociation au Sénat, mais le gouvernement a posé deux lignes rouges : la suppression de la taxe professionnelle devra être opérationnelle en 2010 et le barème d'imposition sera national, pour ne pas remettre en cause l'avantage donné aux entreprises.
Pourriez-vous engager votre responsabilité sur le texte ?
La question ne se pose pas, mais il y a des lignes rouges qui engagent notre responsabilité.
Comment expliquer à mi-quinquennat que le président de la République soit si bas dans les sondages ?
Il faut regarder cela sur la durée. Hier le président américain perd deux élections partielles, nous, nous les avons gagnées. Le président de la République a engagé un train de réformes sans précédent, le plus important depuis 1958. Il n'est pas anormal qu'il y ait des interrogations, des critiques. C'est une telle rupture ! In fine, les critiques disparaissent lorsque les réformes sont mises en œuvre. Regardez l'université, les régimes spéciaux, le revenu de solidarité active et même le travail du dimanche, qui oserait aujourd'hui revenir en arrière ? Le bilan se fera à la fin du quinquennat, mais nous avons fait la démonstration que nous avons pu dégripper les moteurs du changement sans remettre en cause le modèle social et culturel français.
Sur le cas Chirac, à titre personnel, un ancien président de la République devant les tribunaux, qu'en pensez-vous ?
Cela ne me fait pas plaisir mais je ne m'exprime pas, parce que je considère que toute expression du chef du gouvernement sur ce sujet est contraire à la séparation des pouvoirs et sujette à interprétation.
Propos recueillis par Françoise Fressoz, Sophie Landrin et Arnaud Leparmentier
A mi-quinquennat, Nicolas Sarkozy fait son mea culpa
Nicolas Sarkozy ne fêtera pas, vendredi, sa mi-quinquennat. Le pays, en crise, n'est pas d'humeur à la fête. Zizanie dans la majorité, mauvais sondages, cap perdu. C'est une mauvaise passe. Le président se rassure en se comparant à Barack Obama, qui vient de perdre trois élections.
Il prend soin aussi de se distinguer de ses prédécesseurs – De Gaulle, Mitterrand, Chirac — tous enlisés à la même époque dans de graves difficultés. Pour prouver qu'il conserve ses capacités d'action, il évoque devant ses proches les réformes qu'il a menées depuis septembre : taxe carbone, taxe professionnelle, réforme de la poste, réforme du fret SNCF, réforme des collectivités territoriales, le tout sans conflit social majeur.
Il n'en reconnaît pas moins des erreurs depuis deux ans et demi : la réforme des lycées, qu'il a dû retirer sous la pression de la rue avant de la retravailler, sa croisière sur le yacht de Bolloré, juste après son élection, que l'Elysée qualifie aujourd'hui de "faute de goût" , le choix de Patrick Devedjian comme secrétaire général de l'Elysée en 2007 mais aussi la candidature de son fils à la tête de l'EPAD. Nicolas Sarkozy reconnaît n'avoir rien vu venir mais il admet qu'à partir du moment où il y a eu polémique il y a eu faute.
Françoise Fressoz