vendredi 8 août 2014
Impôts : François Hollande pris à son propre piège
Impôts : François Hollande pris à son propre piège
Pour François Hollande, le cauchemar fiscal n’est pas près de s’achever. A qui la faute ? Moins au Conseil constitutionnel qu’à lui-même. Prisonnier de ses préjugés, le chef de l’Etat paie d’abord une erreur de diagnostic : avoir cru que la prétendue faible progressivité de l’impôt sur le revenu permettait de tondre les classes moyennes, « sans les faire criailler » comme disait Colbert. Déjà ponctionnées par le gouvernement Fillon, puis touchées en plein cœur par la fiscalisation de la mutuelle ou le rabotage du quotient familial, elles ont exprimé un ras-le-bol inédit. Il interdit désormais tout accroissement des prélèvements, sauf à détériorer un consentement à l’impôt déjà bien mal en point.
A ce péché originel, le Président a ajouté un manque d’ambition coupable. Plutôt que de moderniser un système fiscal usé au point d’en être antiéconomique, il a préféré les bricolages de circonstances et les corrections précipitées. Or il est trop tard à présent pour corriger le tir. Le supposé premier fiscaliste de France ne répond à aucun des critères indispensables pour se lancer dans une grande réforme, un temps évoquée par Jean-Marc Ayrault pour amuser la galerie. Pas de leadership incontesté, pas de majorité solide sur le sujet, pas de courage politique pour tout chambouler, pas de soutien syndical clair. Et l’absence de croissance n’arrange rien. Obligé d’improviser, il ne peut plus être crédible. Comment dès lors ne pas anticiper que les annonces à venir provoqueront scepticisme et désillusion ? D’ici à la fin de son mandat, l’apprenti sorcier Hollande est donc condamné à de mauvaises mesurettes. Angoissant.
Mort d’un journal
Mort d’un journal
Rassurez-vous, il ne s’agit pas de Présent, dont la santé semble s’améliorer progressivement (voir mon éditorial du 2 août). Il s’agit de L’Unita. Fondé en 1924 par Gramsci, L’Unita fut longtemps un modèle, pour la presse communiste et plus généralement pour la gauche européenne. Les tirages de ce quotidien étaient impressionnants. Son apogée s’est située à la « belle époque » du stalinisme flamboyant. Rappelez-vous Don Camillo et Peppone ! Dans le moindre village italien, L’Unita avait ses lecteurs, son comité de diffusion. Et tout ce que Rome comptait d’intellectuels se pressait à ses portes.
La chute du mur de Berlin a mis à mal cette belle entreprise. Et lorsque le Parti communiste italien s’est autodissous, en janvier 1991, L’Unita est devenu une sorte de poulet sans tête. Le journal a continué à paraître, mais sans plus savoir quelle ligne adopter. Extrême gauche ? Gauche ? Centre-gauche ? Les lecteurs se sont éloignés sur la pointe des pieds.
Ces derniers jours, L’Unita, qui comptait encore 80 journalistes et employés, ne se diffusait plus qu’à 21 000 exemplaires. Sa rédaction n’était plus payée depuis trois mois. Et les pertes cumulées s’établissaient à trente millions d’euros. Il était vraiment temps que l’aventure se finisse !
Il y a vingt ans, cette mort aurait fait l’effet d’un coup de tonnerre. Elle est passée quasiment inaperçue, jeudi dernier (31/7), quand le journal a annoncé qu’il fermait.
Bien évidemment nous ne verserons pas une larme sur la disparition de ce diplodocus de l’ère bolchevique. Mais nous avons, nous aussi, des leçons à tirer de ce naufrage. D’abord ceci : actuellement le journal papier est un objet fragile. Les journaux sont mortels. Et quand disparaît un journal, il ne s’en crée pas un autre pour prendre la place. Le plus souvent, le vide ne sera plus jamais comblé. C’est pourquoi, si vous aimez votre journal, montrez-le, dites-le. Apportez votre soutien, en espèces, bien entendu, mais aussi en lui faisant de la bonne publicité.
Même si vous ne partagez pas à cent pour cent toutes ses opinions ? Oui, même dans ce cas !
Si certaines positions vous irritent (je pense à la question ukrainienne, qui fait vraiment débat chez nos lecteurs… et nos rédacteurs !) exprimez-vous, manifestez-vous. Car sur un sujet aussi complexe que les événements d’Ukraine, qui mêlent des enjeux de mémoire, religieux et surtout géopolitiques, des enjeux qui vont façonner les clivages et les rapports de force de demain, la certitude d’avoir la position juste n’est pas évidente. Mais conservez votre amitié pour votre quotidien. D’abord parce que cette amitié, c’est notre raison de vivre et d’écrire chaque jour. Ensuite parce que vous devez garder à l’idée que Présent n’a au fond qu’une seule ligne politique : l’intérêt de notre pays. Et sur ce plan, nous nous retrouvons tous. C’est notre plus petit dénominateur commun. Mais pas si petit, en fait !
La chute de L’Unita nous donne une seconde leçon : quand le sel s’affadit, l’envie de lire diminue. Certes le sel communiste de L’Unita avait un goût de mines sibériennes ! Mais les errements de l’Unita, entre brigades rouges et social-démocratie, sans jamais parvenir à choisir vraiment, ont fini par lasser ses lecteurs. Pour nous aussi, pour Présent, le salut ne peut pas venir d’un recentrage sur notre politiquement correct à nous, par épuration de tout ce qui ne serait pas assez ceci ou trop cela. Le « pas d’ennemi à droite », qui était l’un des slogans du Présent des origines, le Présent conquérant de l’époque Brigneau-Madiran-Wagner, doit retrouver tout son sens. Et Présent entend le pratiquer plus que jamais. Toute personne, groupe, média qui met l’intérêt de notre pays au premier rang de ses préoccupations, nous intéresse, et doit trouver dans les pages de Présent une terre d’accueil. Et il doit en être de même à l’égard de la « cathosphère », chapelles, revues, monastères et associations. A tous nous devons pouvoir donner la parole. Ce n’est pas l’opinion médiane ou la plus « raisonnable », qui doit être recherchée, c’est l’opinion de ceux qui partagent ces engagements-là : une passion pour la France et les Français, dans une Europe aux racines chrétiennes plus réaffirmées que jamais. Dans ces domaines, l’excès n’est pas un péché, mais une vertu.
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