mercredi 4 septembre 2013
Heures supplémentaires : un débat sur leur défiscalisation divise la gauche
Et si la défiscalisation des heures supplémentaires revenait au centre des débats ? Évoquée mardi 3 septembre mais démentie dans la foulée, la possibilité de re-défiscaliser les heures supplémentaires - une mesure prise sous Nicolas Sarkozy et supprimée par François Hollande - provoque quelques dissensions au sein du Parti socialiste. C'est le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée, Thierry Mandon, qui a, le premier, proposé que l'on accorde une franchise d'impôts de 1 000 à 1 500 euros pour les salariés qui feraient des heures supplémentaires dans les PME-PMI. Une idée qui excluait de facto les grandes entreprises. "Ce serait une mesure de pouvoir d'achat et de soutien à la consommation qui ne coûterait pas trop cher et qui pourrait tout à fait être présentée comme un dispositif de justice sociale et aussi d'accompagnement à la reprise attendue", affirmait-il alors.
Thierry Mandon est soutenu par François Kalfon. Selon le leader de la Gauche populaire au sein du PS, "il est temps désormais de passer à la redistribution en direction des salariés (...) On ne peut plus fermer a priori la porte à une défiscalisation des heures supplémentaires au nom du pouvoir d'achat". Un argument soutenu par Philippe Doucet. Dans une tribune publiée sur le site de l'Huffington Post, le député-maire PS d'Argenteuil estime qu'"augmenter le pouvoir d'achat des salariés, en particulier des plus modestes d'entre eux, c'est le sens du combat historique de la Gauche. C'est pourquoi je crois que c'est aujourd'hui le devoir de la majorité parlementaire de rouvrir le dossier de la défiscalisation des heures supplémentaires", ajoutant que la fiscalisation des heures supplémentaires ne permettait pas, contrairement à ce que soutient le gouvernement, de lutter contre le chômage.
D'autres députés socialistes tels que Gérard Bapt et Laurent Grandguillaume soutiennent la proposition de Thierry Mandon et souhaitent la tenue d'un débat "sur des propositions pragmatiques, sans esprit polémique, au sein du groupe socialiste".
Mais face à ces élus, le gouvernement ne cède pas. Le ministre du Travail s'est d'ores et déjà fermement opposé à un retour sur la mesure. "Quand pour une entreprise, c'est moins cher de payer plusieurs salariés en heures supplémentaires que d'embaucher un salarié supplémentaire, eh bien, elle choisit la facilité, c'est-à-dire le chômage", estime-t-il. Des propos renforcés ce matin par la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Invitée de BFMTV/RMC, la ministre des Droits des femmes affirme que "la défiscalisation des heures sup' ne va pas dans le sens avec l'inversion de la courbe du chômage. Réduire les cotisations des employeurs sur les heures sup', c'est les décourager à embaucher. On ne revient pas sur la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires".
Le gouvernement dispose d'ailleurs de deux soutiens de poids au sein de l'Assemblée nationale. Si le président du groupe PS dans l'Hémicycle, Bruno Le Roux, concède qu'"il peut y avoir des analyses sur ce que nous avons fait, les conséquences sur les plus petits salaires, la perte de pouvoir d'achat", il refuse de revenir sur la défiscalisation, "au moment où nous sommes engagés dans l'inversion de la courbe du chômage".
Même son de cloche du côté de la présidente PS de la commission des Affaires sociales.Selon Catherine Lemorton, un retour en arrière n'aurait que des effets négatifs : "Ce serait nous tirer une balle dans le pied. Cela créerait de nouvelles inégalités entre salariés et des effets de seuil pour les entreprises". Conscients du coût des mesures de la loi Tepa pour l'Etat - plus de 4 milliards d'euros par an - mais soucieux de préserver un dispositif qui rapportait, selon eux, en moyenne 500€ par an à ses bénéficiaires, les députés Jean-Pierre Gorges (UMP) et Jean Mallot (PS) proposaient, dans un rapport publié en 2011, de ne supprimer que la réduction de charges patronales pour conserver la défiscalisation des heures supplémentaires. Une recommandation que n'aura finalement pas suivie le gouvernement Ayrault.
'Il faudra 20 ans à la Grèce pour recréer le million d'emplois détruits pendant la crise'
Il faudra 20 ans à la Grèce pour recréer le million d'emplois perdus au cours des quatre dernières années de crise, a indiqué mardi l'Institut du Travail de la Confédération Générale du Travail Grec (GSEE).
Lors d’une émission de télévision, le directeur de l’institut, Savvas Rombolis, a expliqué qu’il faudrait 20 ans pour que le taux de chômage repasse sous la barre des 10% en Grèce. Il prévoit que le chômage devrait poursuivre sa hausse pour atteindre 29 à 30% cette année, et même 31,5% en 2014. Pire : l’institut prédit que le chômage des jeunes devrait grimper à 64% cette année.
Le message a suscité la colère du gouvernement. Le ministre du Travail Yiannis Vroutsis a évoqué «les cassandres qui utilisent les scénarios du pire de leurs modèles mathématiques pour prédire la destruction et voler la vedette ». « Selon les données de l’Agence Nationale Grecque des Statistiques (ELSTAT), le taux de croissance du nombre de chômeurs sur une base annuelle a baissé de 42,8% en juillet 2012 à 16,3% en mai 2013, ce qui est un signe clair de stabilisation du marché du travail », a précisé le ministre.
Selon l'institut, les employés et les travailleurs indépendants ont perdu 41 milliards d’euros de revenus depuis 2009. Au cours de la même période, les salariés ont perdu un quart de leur pouvoir d’achat.
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Les impôts commencent à peser sur la cote de confiance de Hollande
Près d'un Français sur cinq n'ayant pas confiance dans le président de la République cite la fiscalité comme facteur explicatif de sa défiance. Un tournant, selon Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion de Harris Interactive.
Alors que la question du ras-le-bol fiscal des Français a animé le débat politique de la fin du mois d'août,
François Hollande a décrété la " pause fiscale ". Selon certains médias, le président de la République aurait même envisagé un temps de revenir sur la suppression de ladéfiscalisation des heures supplémentaires avant que la porte-parole du gouvernement n'écarte officiellement cette option...
Normal ? |
Quoi qu'il en soit, une enquête d'opinion de Harris Interactive publié ce mercredi apporte un éclairage sur les dessous de ces débats. Elle indique en effet que " pour la première fois, la thématique fiscale constitueun élément explicatif de l'absence de confiance exprimée en François Hollande pour près d'un Français sur cinq ", affirme Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion de l'institut de sondages.
" Tendanciellement, entre 7 et 10% des Français n'accordant pas leur confiance au Président mentionnaient les impôts. Aujourd'hui, ce sont 19% d'entre eux, détaille encore le politologue. Et alors qu'en juin ou juillet derniers les principales critiques reposaient sur la personnalité du chef de l'Etat ("mou", "incompétent") ou sur sa difficulté à traduire en actes ses promesses de campagne ("mensonges", "promesses non tenues") le terme "impôts" occupe aujourd'hui - et pour la première fois - une place centrale ".
Les déçus de la fiscalité sont aussi à gauche
Si, sans surprise, les électeurs de droite et les plus de 50 ans se montrent le plus sensibles à cette thématique, l'étude fait apparaître une " proportion non négligeable d'électeurs de François Hollande ". Ces déçus de gauche de la fiscalité représentent 20% des personnes ne lui accordant plus leur confiance. Autre première, selon Harris Interactive, des personnes issues des catégories populaires s'emparent à leur tour de ce sujet, soit 14% des sondés exprimant un avis négatif sur le président.
A l'inverse, écrit encore Jean-Daniel Lévy, " les 35% de Français déclarant faire confiance à François Hollande ne mobilisent pas l'argument selon lequel la fiscalité serait empreinte de justice. Et la frange de la Gauche qui avait vibré au Bourget à la résonance du terme " égalité " ne mobilise pas ce terme pour qualifier positivement l'action du Président ". D'après lui, " les Français perçoivent plus la fiscalité comme une dépense immédiate de leur part sans que la finalité de l'utilisation des fonds ne soit perçue alors, qu'en début de mandat, ils la considéraient plus comme un investissement pour la préparation de l'avenir ".
Oradour-sur-Glane et “un passé qui se regarde en face” : pourquoi les Allemands ont toujours été plus efficaces que les Français pour examiner leur responsabilité dans la Seconde Guerre mondiale
François Hollande a qualifié le massacre de 642 personnes par une division SS à Oradour-sur-Glane, où il se rend ce mercredi avec le président Allemand, de "passé qui se regarde en face". Chose que nos voisins germaniques ont toujours su mieux faire que nous.
Ce mercredi 4 septembre, François Hollande et le président de la République allemand, Joachim Gauck, se rendent à Oradour-sur-Glane pour commémorer le massacre de 642 personnes perpétré par une division SS le 10 juin 1944. Cette première visite d’un président allemand à Oradour-sur-Glane signifie-t-elle que les blessures de la Seconde Guerre mondiale sont refermées ou au contraire qu’elles ne le seront jamais ?
Cécile Desprairies : Il y a là deux questions en une. La visite de Joachim Gauck traduit une fois encore que l’Allemagne assume depuis 70 ans la responsabilité de ce qu’elle fait sous le régime nazi. Et au-delà du fait que l’Allemagne soit en campagne électorale et qu’Angela Merkel ait également fait des déplacements commémoratifs, il s’agit d’un geste très fort et positif qui s’inscrit dans une logique globale allemande de reconnaissance de son passé et de sa responsabilité.
Sur la question des blessures de la France ouvertes pendant la Seconde Guerre mondiale,les commémorations sont une bonne chose dans le sens où elles évitent que ce soit le silence qui entoure ces évènements. Il est important d’ouvrir le passé et de le regarder. Cependant, il semble que la France pourrait, au-delà de la responsabilité du régime nazi, ouvrir le débat sur sa propre responsabilité. Aujourd’hui, la plupart des historiens s’accordent sur cette nécessité. Je me souviens d’un dialogue que j’ai eu avec Olivier Wieviorka chez Jean-Pierre Elkabbach, et nous étions tombés d’accord pour dire que les résistants « encartés » représentaient à peine 1% des Français. Or, la fausse image de la France résistante que les gaullistes ont imposée depuis 70 ans nous empêche de regarder les choses en face.
Cette image de « La France résistante » que vous évoquez ne permet-elle pas de tenir à distance des idéologies proches du nazisme et plus largement de tels massacres ?
Non, je ne le crois pas. Au contraire. Cette représentation flatte l’ego, elle est valorisante mais ne résout rien. Il faut comprendre qu’elle fait passer sous silence une ambiance de guerre civile qui allait jusqu’à diviser des fratries au sein des familles quant au comportement adopté sous l'Occupation. Cette image a servi de ciment mais elle est clairement bâtie sur un mensonge.
Les Allemands, eux, n’avaient rien à perdre et ont donc pu regarder leur passé et faire face à leur responsabilité. Nous, Français avions encore un peu à perdre et nous nous sommes donc reconstruits sur ces 1% de Français qui ont eu le courage de résister. Car malgré tout ne l’oublions pas, certains l’ont fait – ils ont d’ailleurs été plus nombreux dans les trois dernières semaines. Ainsi, entretenir cette fausse image d’une France résistante qui n’a pas collaboré est négative parce qu’elle est fausse, que les gens le savent et elle est même dangereuse par ce qu’elle cache de ce que les Français ont fait – ou non.
Au sein de cette division SS responsable du massacre se trouvaient de nombreux Alsaciens, des Français donc. La Collaboration est-elle la véritable blessure que porte en eux les Français ?
De toute évidence. C’est cela la blessure car la Collaboration ne se limite pas uniquement aux « collaborationnistes » et à la Gestapo, elle comprend aussi la Collaboration entre Français et Allemands, celle entre Français et Français, les « malgré nous » - ces 140.000 Alsaciens, Mosellans et autres enrôlés de force. Je fais, pour mon prochain ouvrage un tour de France des archives de l’époque et je réalise à quel point cette Collaboration allait se loger dans une dimension humaine et quotidienne, entre gens qui habitaient le même quartier et qui se croisaient tous les jours.
Oradour-sur-Glane c’est la « division venue de nulle part » qui remonte la France et massacre tout sur son passage, elle est emblématique, elle est horrible mais elle ne révèle pas la totalité du fait.
Avons-nous plus facilement pardonné aux Allemands qu’à nos concitoyens ?
Pardonner est une notion catholique, je trouve que cela donne une grande valeur à tout cela et je ne pense pas qu’il soit pertinent pour moi de juger de ce qui a été pardonné ou pas et à qui. Je citerais tout de même un proverbe corse qui dit ceci : « Pardonner est d’un chrétien, oublier, d'un imbécile». Ne soyons pas imbéciles, en premier lieu pour ce qui nous concerne.
Les Français ont toujours eu une relation très complexe aux Allemands, faite à la fois de fascination et de rejet, ils sont pour les Français des « autres qui ne sont pas vraiment autres ». Quant à savoir si les Français pardonnent ou non, il est certain qu’au-delà du pardon ou pas à nous-mêmes et à nos aïeuls, nous ne voulons pas encore regarder ce qu’il en a vraiment été. Signalons toutefois que la disparition progressive des gens ayant vécu cette époque tend à faciliter ce déblocage.
Depuis l’amnistie qui a été votée pour les Français ayant participé au massacre d’Oradour-sur-Glane, les relations sont tendues entre les élus locaux et les représentants de l’Etat. Pardonne-t-on jamais à son propre pays quand on a le sentiment qu’il nous a trahi ?
Il est bien facile d’amnistier, trop peut-être. Le général De Gaulle lui-même a fait libérer d’anciens officiers nazis dans le cadre de l’amitié franco-allemande, lors du traité de l'Élysée, en 1962. Cela relève de la même rapidité de traitement que l’épuration pour laquelle Bousquet a été un des derniers à comparaître et qu'il a été acquitté malgré sa grave culpabilité. Il est l'organisateur de la rafle du vél d'Hiv ! Avant d’amnistier, il aurait fallu prendre le temps d’élucider notre passé sans quoi, et comme c’est la cas, on génère de la frustration dans l’esprit des gens. Il y a donc bien au-delà de la question judiciaire une question pédagogique. Il faut sortir des termes d’amnistie ou de pardon qui entretiennent les notions de bien et de mal, c’est autour de la vérité qu’il faut travailler pour avancer.
Une fracture s’est-elle ouverte entre les Français et leur Etat depuis la Seconde Guerre mondiale, dont nous constatons aujourd’hui les résultats ?
Non, je ne crois pas que la fracture provoquée par la Seconde Guerre mondiale se situe entre l’Etat, le gouvernement, et les citoyens. Ce n’est pas une question de gouvernement, c’est une question de mémoire collective. La fracture est interne à la société française qui a conscience de vivre sur de fausses images d’elle-même. Sortons de la Seconde Guerre mondiale, mais restons sur l’Allemagne. Il est de bon ton de dire que le couple franco-allemand est le moteur de l’Europe alors que tout le monde sait qu’aujourd’hui seule l’Allemagne sert de moteur au vieux continent. C’est de cela que souffre la France, de se mentir sur ce qu’elle est et a été.
La solitude de François Hollande
Après le refus du Parlement britannique d'intervenir en Syrie et la volte-face d'Obama, qui a finalement décidé de convoquer le Congrès pour décider ou non d'une intervention, le président se retrouve seul sur le front syrien.
Dessin de Sondron.
Mais avec le vote négatif du Parlement britannique et la surprenante décision de Barack Obama de demander l'accord du Congrès avant d'agir, les cartes ont changé, commente le quotidien espagnol La Vanguardia. François Hollande se retrouve désormais "seul, très seul dans la crise syrienne", ajoute le journal, qui explique que son seul allié, les Etats-Unis, se trouve de l'autre côté de l'Atlantique dans une position délicate. La France, selon La Vanguardia, serait d'ailleurs incapable de conduire seule cette intervention.
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De plus, précise le quotidien, François Hollande ne peut même plus compter sur les Français, "hostiles pour 64 % d'entre eux à une intervention française en Syrie", et doit faire face à une opposition qui réclame un vote au Parlement.
Ainsi, le dirigeant politique occidental qui avait proposé avec le plus de conviction d'intervenir en Syrie se retrouve finalement seul, abandonné par ses principaux alliés et par une opinion publique peu convaincue.
LE PHÉNOMÈNE "THIGH GAP"
Zoom sur un phénomène chez les adolescentes en quête de minceur qui inquiète les psychiatres et les nutritionnistes. Le phénomène s'appelle le "thigh gap", littéralement "écart cuisses", considéré comme nouveau critère de minceur, voir même de maigreur. Des centaines de jeunes-filles en France, étalent sur leur blog, leur quête du "thigh gap". Cette "mode" vient des Etats-Unis et prend une ampleur alarmante.
Zoom sur un phénomène chez les adolescentes en quête de minceur qui inquiète les psychiatres et les nutritionnistes. Le phénomène s'appelle le "thigh gap", littéralement "écart cuisses", considéré comme nouveau critère de minceur, voir même de maigreur. Des centaines de jeunes-filles en France, étalent sur leur blog, leur quête du "thigh gap". Cette "mode" vient des Etats-Unis et prend une ampleur alarmante.
Assis sur un tas de cadavres
Assis sur un tas de cadavres
Les morts reposent, les vivants fuient. Au train où vont les choses, il n’y aura bientôt plus personne à bombarder en Syrie. Deux millions d’habitants, soit un sur dix, ont déjà quitté la mère patrie. En matière d’exode, les chiffres dévoilés hier par l’ONU donnent le vertige. Du jamais vu dans l’histoire récente.
Les réfugiés, avec le désespoir pour unique bagage, s’installent au-delà des frontières proches. D’immenses camps d’infortune grossissent alentours : Jordanie, Liban, Turquie, Irak. Tout y manque, à commencer par l’eau. Les maladies prospèrent, l’horreur sociale aussi. L’Unicef pointe notamment les risques de travail forcé, de mariages précoces et d’exploitation sexuelle.
Les réfugiés, avec le désespoir pour unique bagage, s’installent au-delà des frontières proches. D’immenses camps d’infortune grossissent alentours : Jordanie, Liban, Turquie, Irak. Tout y manque, à commencer par l’eau. Les maladies prospèrent, l’horreur sociale aussi. L’Unicef pointe notamment les risques de travail forcé, de mariages précoces et d’exploitation sexuelle.
Au-delà du regard porté sur le régime de Damas, cette calamité humanitaire s’impose au monde. D’autant que les pays d’accueil, débordés, lancent à leur tour des SOS. Ils ne réclament pas des armes, eux, mais de l’argent pour héberger et soigner. Soit cinq milliards de dollars jusqu’alors introuvables…
Pareil désastre, avec ou sans attaque chimique, devrait suffire à condamner Assad. Au contraire, il triomphe ! La valse-hésitation d’Obama lui tient lieu de victoire provisoire. La Russie le soutient toujours. Et la France, dindon de la farce tragique, devient un “ennemi” privilégié. Assis sur un tas de cadavres, le président syrien maintient ses positions. De toute façon, désormais, en redescendre signerait sa propre mort…
Mémoire en ruines
Mémoire en ruines
François Hollande y a sûrement pensé, mais on ne lui en tiendra pas rigueur. Oradour-sur-Glane sera, aujourd'hui, le lieu d'un de ces gestes hautement symboliques qui jalonnent l'histoire de la réconciliation franco-allemande et façonnent les destins. La visite du président allemand Joachim Gauck, au côté de François Hollande, dans ce bourg de la Haute-Vienne où furent massacrées 644 personnes le 10 juin 1944, n'a pas de précédent. Mais elle prend de surcroît une signification particulière au moment où résonnent, de par le monde, d'inquiétants bruits de bottes en réponse à une barbarie toujours renaissante.
Rien ne laissait prévoir, lorsque fut pris, en mai dernier, le rendez-vous entre notre président et son homologue allemand, qu'une actualité explosive viendait interférer avec ce moment mémoriel. Dès hier, après avoir accueilli Joachim Gauck, François Hollande a dit sa constante détermination dans le dossier syrien en plaidant (tardivement) pour une réunion entre Européens. Il y a là, de sa part, un net infléchissement destiné à le sortir de son intenable isolement.
Aujourd'hui aussi, on guettera le poids des mots dans les discours des deux présidents. Rien ne servirait, dans des textes parcheminés, d'évoquer les blessures de l'histoire en oubliant après coup d'en tirer toutes les leçons. Se souvient-on qu'à Oradour, en 1994, François Mitterrand invita les « générations prochaines à bâtir un monde où des Oradour ne seront plus possibles » ?
Rappellera-t-on qu'à l'occasion du 60 e anniversaire du Débarquement, le chancelier Schröder exhorta citoyens et politiciens européens « à ne donner aucune chance, ici et ailleurs, aux guerres, aux crimes de guerre et au terrorisme » ? Aujourd'hui, à Oradour-sur-Glane, François Hollande et Joachim Gauck vont célébrer la si nécessaire amitié (sans tension) franco-allemande dans une Europe unie et agissante. Notre président insistera aussi sur la réconciliation des Français avec eux-mêmes. De quoi inspirer l'action à venir de nos dirigeants afin que, d'Oradour à Damas, le devoir de mémoire ne tombe pas en ruines.
Syrie : l’indécision et le sang
Syrie : l’indécision et le sang
Les nouvelles pleuvent à propos de la Syrie mais pas les bombes, Barack Obama n’ayant pas réussi à l’heure d’écrire à convaincre le Congrès de l’utilité d’une intervention. A Londres, le refus du Parlement a été enregistré et le gouvernement de Cameron a fait savoir qu’il ne lui reposerait pas la question d’une intervention armée : les Britanniques n’iront pas. De nombreux pays ont fait savoir qu’ils ne s’engageraient que derrière les Nations unies. La tonalité générale est nette : quoi que l’on puisse imaginer sur le schéma « frappes chimiques organisées par l’opposition syrienne pour déclencher une intervention mondialiste », le fait est qu’elle semble bien loin de se mettre en route.
Dans ce schéma François Hollande détone. François Hollande qui continue d’envisager une intervention aux côtés des Etats-Unis. Commentaire de Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée : il a accusé le président français d’être « complètement dépendant du Congrès américain » qui s’exprimera le 9 septembre au plus tôt. « Pourquoi François Hollande n’a-t-il pas suscité un Conseil européen ? (…) Qu’a fait notre diplomatie depuis deux mois ? »
Qu’a-t-elle fait depuis le début du conflit syrien ? Là est sans doute la vraie question ; l’indécision si manifeste aujourd’hui n’est que le point culminant d’une politique de paroles et non d’actes qui s’est soldée par plus de 100 000 morts en Syrie, plus de deux millions de réfugiés répartis dans les pays limitrophes et plus loin, tandis que le monde regarde. Ce monde qui ne prend pas acte du caractère tribal de l’affaire, malgré la leçon de la Libye, ni du conflit religieux inter-islamique qui l’alimente en violence et en extrémisme de part et d’autre. Reste intacte la raison du conflit : la domination alaouite, une domination sans pitié, sur un pays majoritairement sunnite.
L’indécision n’est pas dans le fait de frapper militairement ou non. Bernard Antony note que la France est placée dans une « indécente posture de freluquet matamore » par ce Hollande prêt à engager la vie de soldats français mais « lâché par un grand costaud de copain », cet Obama hésitant, et prêt également à se lancer dans « un aventurisme guerrier destructeur » accompagné d’« une absence totale d’idée de solution politique », ces « remèdes pires que les maux » éprouvés « en Afghanistan, en Irak comme en Libye ».
L’indécision, couplée avec le soutien réitéré de la Chine, de l’Iran, de la Russie à Bachar el-Assad, donne déjà à ce dernier les dividendes qu’il pouvait espérer de la situation. Menacé de frappes, mais si elles ont lieu elles ne seront pas massives, et au fond si son régime est effectivement le maître d’œuvre de l’attaque chimique du 21 août, ce « franchissement de la ligne rouge » aura pour l’instant démontré une forme d’impunité que peut espérer el-Assad.
Dans une interview recueillie par Georges Malbrunot du Figaro, Bachar el-Assad se pose en dominant, menaçant la France de voir des « répercussions négatives » sur ses intérêts en cas d’intervention et pratiquant une langue de bois flamboyante. Il se veut le garant de la stabilité de la région. On peine à croire en la sincérité absolue d’un tel discours, même en sachant combien la désinformation infeste aussi celui des « va-t-en-guerre » aujourd’hui récalcitrants. Il dit combattre des terroristes, ceux d’Al-Qaïda actifs dans la rébellion ; soit. Mais quid du Hezbollah dont il revendique le soutien, et comment ne pas penser aux attentats qui continuent d’être commandités par la Syrie au Liban, ni aux attaques meurtrières massives contre sa propre population que Damas a menées sous les Assad, père et fils ?
La teneur du rapport des renseignements français sur les attaques à l’arme chimique publié lundi soir ne peut, à cet égard, être renvoyée d’un revers de la main, pour tentante que soit l’explication d’un « montage » des rebelles. Internet a multiplié les sources d’information, mais aussi de désinformation – dans tous les camps en présence, n’en doutons pas.
Que la guerre soit la pire des solutions, et qu’elle n’est ni dans l’intérêt de la France, ni dans celui des Chrétiens d’Orient, c’est la chose certaine. Devant une situation qui est devenue si inextricable, il est temps d’en appeler au vrai Maître de l’histoire. Le pape François a lancé une journée de jeûne et de prière pour la paix, samedi.
Retraites : les fonctionnaires veulent un compte pénibilité
La reconnaissance de la pénibilité intéresse aussi les professions libérales. À commencer par les médecins.
Le «compte personnel de pénibilité», qui sera instauré en 2015 dans le cadre de la réforme des retraites pour les seuls salariés du privé, rend déjà jaloux les fonctionnaires. Certes, les agents qui exercent des métiers réputés difficiles bénéficient déjà d'un statut d'exception, les «carrières actives», qui leur accorde une retraite précoce.
Ce statut laisse donc de côté certains métiers qui pourraient bénéficier du compte pénibilité… s'ils étaient exercés dans le privé. Comme, nouvellement, les infirmières ou les contractuels qui n'y ont pas droit en raison de leur statut de «précaire» de la fonction publique. «Il ne faut pas que le même métier, dans le public et le privé, ouvre des droits différents à la pénibilité dans le public et dans le privé», fait valoir Philippe Soubirous, de FO Fonction publique. La CFDT, qui juge impossible de mettre en œuvre pour l'heure une telle avancée, réclame tout de même une réflexion avec le gouvernement sur le sujet. Quant à la CGT, elle ne veut pas introduire le compte pénibilité dans le public qui offrirait au mieux un départ anticipé à la retraite de deux ans, contre cinq pour les «carrières actives». La centrale de Montreuil plaide plutôt pour un élargissement des carrières actives.
Outre les fonctionnaires, la reconnaissance de la pénibilité intéresse aussi les professions libérales. À commencer par les médecins dont le principal syndicat, la CSMF, réclame un compte pénibilité. «Les praticiens sont confrontés aux gardes de nuit enchaînées avec les journées de travail sans repos, au travail debout, au stress, et parfois à des conditions d'insécurité», rappelle la CSMF.
Le travail est pénible pour tous ceux qui travaillent , sinon les travailleurs ne seraient pas payés pour travailler !!
Seuls les élus socialistes l'ignorent , normal , ils n'ont jamais bossé !
La théorie du genre ou le nouvel ordre sexuel républicain
Les rentrées françaises ont elles aussi leur charme, leurs couleurs et … dès cette année, leur nouveau goût de mixité. Non, bien sûr, je n’entends pas par là la mixité des écoles que j’ai toujours applaudie. Par mixité, nous entendons aujourd’hui, fondamentalement, la confusion anthropologique des catégories du genre qui fait que toute identité sexuelle est a priori discutable.
Telle petite fille ramène en classe sa poupée et se montre toute fière de porter un magnifique serre-tête surplombée d’une rose. Cette pauvre enfant ignore en fait qu’elle est la victime innée d’un modèle patriarcal répressif qui lui a inculqué ce goût essentiellement culturel, donc, en partie contre-nature, des poupées ou des serre-tête. Certes, la culture est une deuxième nature, on le sait depuis voilà trois cents ans, mais il s’agit bien de traiter les préférences de la petite sous un angle préférentiellement et surtout partialement culturel, donc, relativement artificiel.
Quel genre de théorie ? |
Je dois par conséquent, si on pousse le raisonnement à plus loin, abdiquer en tant que parent dans mon rôle d’éducateur abandonnant l’enfant qui m’est confié(e) à ses représentations déformées sans oser les dénoncer comme telles.
Je dois par conséquent, restant dans la logique dudit raisonnement, en déduire que la maternité ou la paternité ne sont rien moins que l’obscur résultat d’un conditionnement social détestable, m’insurgeant automatiquement contre leurs aspects injustes. Pourquoi enfanter si je peux m’en dispenser au même titre que les hommes qui sont physiologiquement privés de cette faculté ? Pourquoi irais-je faire l’amour à une femme si la possibilité de louer un ventre féminin m’est grande ouverte ? C’est précisément de cette façon que la problématique de l’adoption de la PMA (Procréation médicalement assistée) et de la GPA (Gestation médicalement assistée) secoue de plus en plus intensément les milieux médicaux.
Il existe deux fondements à ces pratiques dont on projette d’empoisonner nos enfants. Primo, le fondement consumériste, ce dernier ayant deux volets. Le volet capitaliste débridé, car consommer les ventres d’autrui revient à consommer n’importe quel autre produit du moment qu’il est reconnu commercialisable. Le volet moral, si je puis me permettre, car il y une tentative certaine, via les PMA et GMA, de mécaniser le sacré. Je ne dis pas rationaliser, car l’insémination artificielle assistée qui intervient en cas d’impasses physiologiques ou sociales ne fait que rationaliser le processus de fécondation. En revanche, la mécanisation de la conception et de la maternité au nom des minorités concernées dévalorise dans l’absolu le statut de parent. Or, le noyau d’une société, n’est-ce pas la famille ? Navrée, mais ce n’est pas une paire de seins louée par un couple homo masculin pour allaiter le bébé qu’ils ont commandé comme on commande une couette aux 3 Suisses.
Secundo, l’aspect consumériste évoqué se double d’une approche à la fois curieusement laxiste et totalitaire. Oui, le laxisme peut être totalitaire du moment qu’il est imposé comme seule norme envisageable. Si je veux, je peux. Je ne dois rien à la société, mais elle me doit tout. Du moment que je me permets de rappeler que toute relation sociale est régie par un code déontologique défini, on me reproche de porter atteinte à la République, à l’esprit démocratique qui en est l’essence, aux droits les plus élémentaires qui la cimentent. La théorie du genre sous-tend une politique anti-déontologique, et, en conséquence, déconstructive. Le nihilisme verbal est dépassé. Nous en sommes à un nihilisme en acte, à un nihilisme effervescent, à un nihilisme totalitaire.
Certains psychiatres, M. Serge Hefez en est l’exemple le plus typique, ont tendance à édulcorer ce qu’ils appellent Le nouvel ordre sexuel, comme s’il pouvait y avoir un nouvel ou un ancien ordre dans ce que la nature a conçu comme étant immuable. Il n’est pas question de répartition sociale des rôles, ce qui serait une chose, mais bel et bien de la sexualité pure et dure. Inutile de citer Simone de Beauvoir sans tenir compte du contexte historique et sociale qui l’avait poussé à écrire ceci : on ne naît pas femme, on le devient. Doit-on rappeler que, jusqu’en 1970 grosso modo, les Françaises étaient considérées comme étant d’éternelles mineures ? Pourquoi s’étonner qu’une intellectuelle formée à une époque où les femmes n’avaient même pas le droit de voter ait pu énoncer cette thèse aujourd’hui archaïque qui a motivé l’écriture de son essai clé, le Deuxième Sexe? Mais M. Hefez joue sur les termes les arrachant à leur véritable contexte. C’est ainsi, malignement, que l’on procédera dans les écoles mais avec encore plus de franchise. Si papa porte une robe et Jean a deux mamans, alors, pour paraphraser Dostoïevski, tout est permis. Si on veut insérer un étrange cocktail de psycho et de socio dans les programmes de biologie, alors il n’est plus question d’enseigner à l’école des matières bien différenciées, mais d’y prêcher une idéologie. Je vous renvoie au témoignage de Mme. Isabelle Ami, professeur d’SVT, témoignage que vous pouvez consulter sur youtube.
La révision du genre s’inscrit dans une longue tradition de remodelage éthique ambiant. Rappelez-vous les débats encore tout récents sur l’euthanasie, car le principe, au fond, est le même. On lègue le droit à l’individu de disposer de son corps comme bon lui semble, cela en vertu d’une liberté de conscience sans frontières. Or, cette liberté est une liberté acquise face à la mort (euthanasie), face au dépérissement progressif du genre humain (identité sexuelle discutable). Laissera-t-on l’Education nationale enseigner à nos enfants cet espèce de nécro-humanisme ?
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