samedi 1 février 2014
La grande allusion !
La grande allusion !
Décidément, Nicolas Sarkozy n'en finit pas de semer des petits cailloux sur le chemin de son retour en politique. Au point que la ficelle est de plus en plus grosse. Aujourd'hui, la question n'est plus de savoir s'il se prépare au match revanche de 2017 mais quand il fera l'annonce officielle de sa candidature. Tout le reste relève d'une véritable comédie. Franchement, personne n'avait cru à son retrait définitif de la politique. Sans doute n'y croyait-il pas lui-même. Simplement, il a de plus en plus de mal à refréner son envie de retour. Admettons que la faute ne lui en incombe pas totalement. Nicolas Sarkozy exploite une conjoncture doublement favorable.
Il y a d'abord la déception générée par les mauvais résultats de la politique de François Hollande, et, d'autre part, l'incapacité de l'UMP à dépasser ses querelles de chefs pour définir une doctrine et adopter des positions cohérentes en qualité de principal parti d'opposition. D'où la « stratégie des cartes postales » adoptées par Nicolas Sarkozy. Hier, à l'occasion d'un déplacement en Charente-Maritime, il a franchi un nouveau palier en multipliant, avec force mimiques, les propos allusifs sur « l'autorité » ou le « mensonge ». Pas besoin d'un dessin.
Toute la question est de savoir si, cédant à son tempérament, Nicolas Sarkozy ne va pas trop vite en besogne. Pour un « ex », un retour réussi en politique doit passer par une période de « décompression » et un oubli momentané. Histoire de gommer la saturation de l'opinion, de se corriger, et d'élaborer un nouveau projet.
Manifestement, Sarkozy a moins changé qu'il ne veut bien le dire. Dans sa conception bonapartiste du rapport direct avec le pays, il entend bien se soustraire à cette primaire dévalorisante que le conseil national de l'UMP vient pourtant de doter d'une haute autorité. En vérité, les non-dits de Nicolas Sarkozy installent la vie politique française dans une forme de feuilleton fictionnel incompatible avec les défis du moment. Il serait préférable que Nicolas Sarkozy arrête son « cinéma » et cesse de nous jouer la « grande allusion » !
Le microcosme et les Français
Le microcosme et les Français
Le monde médiatique ne cesse de me sidérer par sa puérilité. Son rapport à l’ancien président de la République est révélateur. Hier, les radios, (même ma préférée, radio-classique), ne bruissaient que d’un événement, une petite phrase de Nicolas Sarkozy prononcée en Charente-maritime "Je n’aime pas les vacances". Ces mots donnaient lieu à mille supputations sur son "retour prochain" en politique. Je me souviens du traitement médiatique haineux,assassin envers sa personne dont il fut l’objet pendant son quinquennat: "voyou", "fou", "dictateur", "inculte", et les amalgames historiques nauséeux. Aujourd’hui, le même monde, fébrile, est aux aguets du moindre signe le plus infime de sa part. Il me fait penser à une meute qui brûle d’impatience dans l’attente que le lièvre sorte enfin de son terrier pour le prendre en chasse… On lui reprochait son ego et son culte de la personnalité. Mais pourtant, c’est le microcosme médiatique, la France d’en haut, comme un bambin en quête de sensations fortes, qui a besoin de lui, d’une figure centrale, d’un maître à haïr et à dénigrer. Sur la scène politique actuelle, les rôles sont bien calés, les personnages convenus, entre un pouvoir discrédité, une opposition démocratique morcelée, une droite protestataire en quête éperdue de respectabilité. Les personnages en sont tous assez fades et prévisibles, sans grand intérêt. Il manque à l’évidence le trublion, le feu follet, celui qui met le feu au poudres. Oui mais la France "d’en bas", celle de Monsieur et Madame Toutlemonde que nous croisons sur le marché du samedi matin, a l’esprit bien ailleurs: les études des enfants, garder son travail, trouver un appartement, finir le mois… De mille conversations, nous savons qu’elle n’a aucun goût pour les sauveurs, ne compte pas sur l’homme providentiel, ne croit plus aux solutions miracles. Elle n’attend pas grand chose du politique, mais au moins qu’il lui parle droit dans les yeux et cesse de la balader.
Désormais, c’est aux actes et aux résultats qu’elle jugera et le cas échéant, retrouvera la confiance. Les petits jeux l’indiffèrent, et le rêve, c’est fini…
François Hollande ne voit pas l'intérêt de le faire avant 2017 mais, oui ou non la France peut-elle s'en sortir sans modifier les traités européens ?
Lors du sommet franco-britannique organisé vendredi, David Cameron a maintenu sa position, appelant à une révision des traités de l'UE d'ici 2017. La France "souhaite que la zone euro puisse être davantage coordonnée, intégrée et s'il y a des modifications de textes, elles ne nous paraissent pas aujourd'hui de l'ordre de l'urgence", a déclaré François Hollande.
Dans les conditions actuelles, en respectant les traités, la France peut-elle sortir de la crise ? Peut-elle s'en sortir sans une relance européenne et un deal franco-allemand ?
Nicolas Goetzmann : La zone euro ne peut que survivre avec les traités actuels, elle ne peut pas vivre ou espérer. La demande de révision des traités est pourtant une aubaine pour François Hollande, il s’agirait pour lui de prendre la balle au bond et d’imposer de réelles réformes de fond. Mais cela suscite d’aller dans le dur, et cela se prépare. Pour cela, il va falloir convaincre l’Allemagne, comme vous le mentionnez, mais le terrain est peut-être favorable. Les récents évènements dans les pays émergents ne sont pas bons pour le modèle actuel de la zone euro, car ce modèle repose sur la demande extérieure. De plus, les statistiques publiées cette semaine, sur la baisse du crédit, la baisse de l’inflation, sont autant de menaces supplémentaires pour l’économie européenne. Pour être clair, ça clignote au rouge de tous les côtés depuis quelques jours et si la BCE ne réagit pas jeudi prochain, la situation peut déraper très vite. Le contexte est tel que l’Allemagne pourrait être prête à négocier. François Hollande dispose d’une « chance » historique, maintenant, de renverser la tournure désastreuse de son quinquennat. Imposer la relance monétaire, avec fermeté.
Alain Fabre : Si vous faites référence aux derniers traités, non seulement au traité de stabilité budgétaire, c'est grâce aux traités que la France peut sortir de la crise. La crise qu'elle connaît aujourd'hui est une crise de compétitivité mais aussi d'une incapacité à maitriser ses dépenses publiques, ses déficits. S'imposer une contrainte internationale pour atteindre son objectif est certainement pour la France le meilleur levier pour cela. Les traités lui apportent un soutien important pour fluidifier et consolider sa politique économique.
En refusant de modifier les traités européens, François Hollande se tire-t-il une balle dans le pied ?
Nicolas Goetzmann : Il faut être sérieux, les propositions faites par François Hollande au début de cette année ne sont pas une réponse aux problèmes de la France ou de la zone euro. Il faut tout de même se rendre compte que les Etats-Unis ont injecté plus de 3000 milliards dans leur économie pour obtenir des résultats satisfaisants. A l’échelle de la France, cela représenterait plus de 400 milliards d’euros. Alors que la baisse de charges envisagée par le président est de 10 milliards et les baisses de dépenses publiques prévues vont de toute façon neutraliser ces efforts. Il est donc grotesque d’envisager un véritable effet de ces mesures, eu égard au contexte actuel. Les montants sont dérisoires et la méthode de l’offre ne répond pas à une crise de la demande.
La zone euro marche sur la tête depuis 6 ans, et l’euro est devenu l’outil de sa propre destruction. C’est-à-dire que la défiance actuelle des peuples européens, en raison du chômage, de la précarité, ne sont que le résultat d’une gestion désastreuse de la monnaie européenne. L’euro est son propre ennemi. Il suffirait de réadapter la façon dont on gère cette monnaie pour permettre de faire baisser le chômage suffisamment rapidement pour redonner du souffle au projet européen. Plus on attend, plus le risque de voir l’ensemble se replier sur lui-même est important.
La zone euro marche sur la tête depuis 6 ans, et l’euro est devenu l’outil de sa propre destruction. C’est-à-dire que la défiance actuelle des peuples européens, en raison du chômage, de la précarité, ne sont que le résultat d’une gestion désastreuse de la monnaie européenne. L’euro est son propre ennemi. Il suffirait de réadapter la façon dont on gère cette monnaie pour permettre de faire baisser le chômage suffisamment rapidement pour redonner du souffle au projet européen. Plus on attend, plus le risque de voir l’ensemble se replier sur lui-même est important.
Alain Fabre : Les Anglais cherchent à renégocier certains traités en faisant pression sur les Européens pour attirer l'Europe vers une économie de libre-échange plutôt que vers une zone intégrée. Je pense qu'il ne faut pas rentrer dans le jeu des Anglais.
Il y a de toute façon deux Europe, complémentaires. Il faut s'en réjouir. Il y a la zone euro qui se construit sur un projet politique et sur des institutions fédérales. Les Anglais sont en dehors car ils ne rentreront jamais dans l'euro. Cela nous permet de faire une Europe politique que les Anglais ne veulent surtout pas voir émerger. Depuis le XVIIIe siècle, les Anglais ne veulent pas voir d'hégémonie européenne. Dès que l'Europe s'unifie, dès qu'un pays prend l'ascendant sur les autres pour structurer l'Europe, les Anglais se mettent en travers car ils estiment que cela amoindrirait leur capacité d'influence.
Si des modifications doivent être faites, quelles sont les priorités ? Faut-il, par exemple, changer le mandat de la Banque centrale européenne pour mettre la politique de l'emploi au même rang des priorités que la stabilité des prix ?
Nicolas Goetzmann : C’est exactement ça. Voici concrètement la situation :
Les traités européens prévoient ceci : l’article 127, paragraphe 1, du traité définit l’objectif principal de l’Eurosystème : « L’objectif principal du Système européen de banques centrales [...] est de maintenir la stabilité des prix ». Sur le site de la BCE, et si vous n’avez pas encore compris, voici ce que vous pouvez lire : « Par conséquent, la stabilité des prix constitue non seulement l’objectif principal de la politique monétaire conduite par la BCE mais aussi un objectif de l’Union européenne dans son ensemble. Ainsi, le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et le traité sur l’Union européenne fixent une hiérarchie claire entre les objectifs de l’Eurosystème, le maintien de la stabilité des prix constituant la contribution la plus importante que la politique monétaire puisse apporter à la réalisation d’un environnement économique favorable et d'un niveau d’emploi élevé. »
A l’inverse, voici le mandat de la Fed : « promouvoir effectivement les objectifs que sont l’emploi maximum, des prix stables, et des taux d’intérêts de long terme mesurés ».
La différence ? La BCE fait de l’inflation sa priorité absolue alors que la FED en fait un objectif équivalent à celui de l’emploi maximum. Le résultat ? 12% de chômage et 0,8% d’inflation en zone euro, et 6,7% de chômage et 1,5% d’inflation aux États-Unis. Le mandat de la BCE est une honte, c’est un blanc-seing donné au chômage de masse.
Alain Fabre : Il est surtout important de bien faire fonctionner ce qui est à l'œuvre depuis le début de la crise de la zone euro, en particulier les institutions fédérales. La Banque centrale a fait sa mue en devenant un vrai prêteur de dernier ressort. Elle a un fonctionnement assez similaire aux autres banques centrales internationales et cela est plutôt bien. Il y a tout un tas d'éléments qui vont dans le bon sens.
Un autre élément pourrait être mis en avant par les Européens : il absolument réduire la concurrence par les normes. Il est important que la zone euro ait des taux d'impôts dont les écarts soient resserrés, notamment l'impôt sur les sociétés. Par exemple on a 12,5% d'impôt sur les sociétés en Irlande, 43% en France et entre les deux l'Italie, l'Allemagne… Dans un système fédéral comme aux États-Unis ou en Allemagne, les États ne se font pas concurrence entre eux. Il faut donc éviter que les États de la zone euro se fassent concurrence entre eux. La France doit donc accepter de converger avec les politiques de ses voisins en la matière.
Les règles budgétaires, 3% de déficit et 60% d'endettement public, sont-elles encore appropriées à la zone euro ?
Nicolas Goetzmann : Elles le sont si la BCE fait son travail, c’est-à-dire si elle relance et que la croissance additionnée de l’inflation atteint 5%. Parce que c’est sur cette base que ces règles ont été développées. 5% de croissance nominale permettent d’avoir un déficit de 3% sans impacter le niveau de dette qui se situe à 60% maximum. On refait le calcul : une économie vaut 100, elle a une croissance nominale de 5%, elle se retrouve donc à 105 en fin de l’année. Le déficit est de 3%, soit 3. Mon niveau de dette autorisé est de 60%, soit 60. Au total, et à la fin de l’année nous avons un PIB de 105, une dette existante de 60 + les 3 de déficits, soit 63. Et 63, c’est 60% de 105. Et voilà c’est magique, bravo les technocrates.
Le problème c’est que la croissance est à 0 depuis 6 ans, ce qui veut dire que la brillante formule tombe à l’eau. Mais ce n’est pas grave, il faut quand même appliquer le reste parce que c’est la règle. Et voilà comment nous nous retrouvons avec un chômage de masse, des impôts qui crèvent le plafond et une dette de 93% du PIB. C’est un cas qui devra être étudié, parce qu’il atteint des sommets.
Alain Fabre : Elles ont déjà le mérite d'exister. Je pense que, même si toute règle de ce type-là a un côté arbitraire et artificiel, le fait qu'elles existent obligent les États à agir.L'Europe est malade d'un excès d'endettement public. Tout ce qui va dans le sens du désendettement va donc dans le bon sens. Il faut l'encourager. Il faut absolument que les États se désendettent pour que l'épargne se dirige plutôt vers le secteur productif que vers les besoins des États. C'est un facteur qui permettra à moyen terme de réactiver la croissance.
D'un point de vue plus général, n'y a-t-il pas une forme de déconnexion entre le fonctionnement de l'Union européenne et les démocraties qui la composent ?
Nicolas Goetzmann : Il y a une déconnexion entre les règles du traité et la réalité. Les Traités sont bâtis sur l’idée d’un monde de bisounours ou les crises n’existent pas. En tout état de cause, ils ont été imaginés en ne prenant pas en compte une seule seconde ce qui s’est passé en 1929. C’est-à-dire que les moyens de lutter contre les causes même de l’autodestruction européenne entre 1939-45 n’ont même pas été prévus lors de la rédaction des traités. Le vide. Alors soit on les révise pour donner à l’Europe les moyens de lutter soit l’Europe va continuer à se désagréger.
Bien évidemment la situation ne fait pas rêver les Européens. Le problème est aussi que les problèmes monétaires ne sont pas non plus des sujets grand public, et que la pression politique autour de la stabilité des prix est très vive. La génération des dirigeants aux commandes a été bercée par des problèmes d’inflation dans les années 1970, et ils y voient le mal absolu. Mais ils ont oublié la déflation, et c’est ce que nous vivons aujourd’hui.
Alain Fabre : C'est un problème qu'il faut traiter. Le fait d'avoir une monnaie unique et une banque centrale indépendante a eu pour effet de mettre en évidence le besoin d'une politique budgétaire commune ou convergente. Comme les politiques économiques sont la base de la démocratie libérale – pas d'imposition sans représentation – il faudra mettre en œuvre des mécanismes de contrôle des dépenses au niveau fédéral. Il ne faut cependant pas se dire que pour l'instant, il n'y a rien à faire. L’Allemagne en est un bon exemple. Le Bundestag joue un grand rôle dans le suivi de la politique économique européenne. L’Assemblée nationale est de ce point de vue en retard.
"Le déclin n’est pas une fatalité pour la France"
2040. Alassane Bono, le directeur béninois du FMI, s'installe en France pour organiser une énième restructuration financière de sa dette publique abyssale. Le soir, il écrit de longues lettres à sa femme, restée au Bénin, dans lesquelles il lui raconte en détails, à la manière du sage Usbek de Montesquieu dans les "Lettres persanes", le triste sort de l'ex-cinquième puissance mondiale.
Dans cette fiction d'anticipation, de nombreux pays d'Afrique, forts d'une croissance continue depuis le début des années 2000, ont rejoint le cercle des puissances prospères et influentes, dans lequel figurent toujours les pays européens qui ont su se réformer, à l'image de l'Allemagne et de l'Europe du Nord.
En 2031, la France a quitté l'euro
Quid de la France ? Nicolas Baverez, invité jeudi 30 janvier de la deuxième édition des « Matinales de Travaux publics » organisées par « La Tribune » et la Fédération nationale des Travaux Publics, force le trait et voit dans l'ex-pays des Lumières est devenu, sans surprise, l'homme malade de l'Europe. Un nain politique, une aberration économique et une catastrophe sociale. Le chômage y dépasse 25% de la population active, en partie car la politique fiscale confiscatoire et la lourdeur de l'Etat providence ont fait fuir depuis longtemps les grandes entreprises et les jeunes talents. De gigantesques bidonvilles s'étendent au nord de Paris.
Comme Marine Le Pen l'avait souhaité, la France a quitté l'euro en 2031, mais la dévaluation de la monnaie et l'inflation galopante ont ruiné les classes moyennes. Au milieu de cette débâcle, les dirigeants, de gauche comme de droite, pratiquent la politique de l'autruche, s'accrochant désespérément à la sauvegarde du modèle social. De toute façon, qui les écoute ? En 2032, l'extrême-droite a pris le pouvoir, avant qu'une sixième République naisse de ses cendres deux ans plus tard…
Ce qui peut arriver sans changement profond
Ce sombre tableau, qui relève aujourd'hui de la science-fiction, peut-il devenir réalité ? Prédire l'avenir relève d'un exercice périlleux. Nicolas Baverez, qui dépeint dans son livre des dirigeants qui ressemblent étrangement à des personnalités politiques actuelles, revendique la crédibilité de ce scénarii catastrophe.
« C'est un ouvrage de politique-fiction qui n'a rien de fantaisiste. La France de 2014 porte en elle les germes de celle que je décris en 2040 : une économie en panne, une société fracturée, le déni du pouvoir qui n'ose pas réformer depuis vingt-cinq ans. J'ai seulement imaginé ce qui pourrait se produire si la classe politique ne met pas en œuvre un changement de cap profond », explique-t-il.
Le taux de chômage confirme le déclin de la France
L'auteur de « La France qui tombe », publié en 2003, et de « Réveillez-vous ! », adressé aux candidats à la présidentielle de 2012, estime que les dernières statistiques économiques confirment le déclin de la France. L'inversion de la courbe du chômage n'est toujours pas d'actualité malgré la promesse de François Hollande. Ainsi, 170 000 personnes ont rejoint les rangs des chômeurs de catégorie A en 2013 (ceux qui n'ont pas du tout travaillé), portant le total à 3,5 millions et à 5,2 millions en comptant ceux des catégories B et C.
Du côté des finances publiques, si le déficit est passé de 4,8% du PIB en 2012 à 4,1% en 2013, le chemin pour atteindre le standard européen de 3% semble encore long et difficile. La dette, attendue à 95% du PIB fin 2014, se rapproche dangereusement du palier symbolique des 100%, qui pourrait entraîner, selon Nicolas Baverez, une spirale de dévaluations de la part des agences de notation.
La France manque d'attractivité
« La zone euro, même renforcée avec l'union bancaire, les capacités financières étendues de la Banque centrale, le mécanisme de solidarité ou le traité budgétaire, pourrait ne pas survivre si la dette française est attaquée »
En panne de croissance, la France manque aussi d'attractivité. Selon le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les investissements directs étrangers dans l'Hexagone ont chuté de 77% en 2013, pour tomber à 4,1 milliards d'euros. Un chiffre révélateur, qui semble donner crédit à la thèse de Nicolas Baverez et d'autant plus inquiétant qu'ils ont progressé de 37,7% dans l'Union européenne et de 11% dans le monde…
Mais tout n'est pas perdu...
A la différence de nombreux indécrottables pessimistes, persuadés que la France a déjà raté l'occasion de se réformer en profondeur, Nicolas Baverez croit aux effets d'un virage à 180 degrés de la politique économique. Car la 2ème puissance européenne derrière l'Allemagne conserve des atouts, reconnaît-il : une démographie dynamique, du travail qualifié, des entrepreneurs, des universités performantes, une marque France exceptionnelle qui en fait la première destination touristique mondiale, des infrastructures de transports, un patrimoine riche...
Tel un pied-de-nez à ses détracteurs, qui le taxent d'indécrottable « déclinologue », l'ancien haut fonctionnaire de la Cour des comptes se montre même optimiste sur la capacité du pays à « repartir sur de bons rails » si « on arrête l'indécision et les mesures dévastatrices comme la taxe à 75% ou le retour en arrière sur les retraites ».
Le pacte de responsabilité, une lumière au bout du tunnel ?
Devant des chefs d'entreprises du secteur du bâtiment étonnés, le libéral donne son quitus au « pacte de responsabilité » lancé début janvier par François Hollande. « En engageant l'Etat à faire baisser les charges des entreprises en échange d'un million d'emplois et en promettant d'économiser 50 milliards d'euros en trois ans en coupant dans les dépenses publiques, François Hollande a enfin compris que le principal levier de croissance est l'aide aux entreprises. C'est un virage économique majeur », estime Nicolas Baverez. La dernière fois que l'Etat a opéré une telle rupture, c'était en 1983, lors du fameux tournant de la rigueur de François Mitterrand, qui a entériné la conversion de la gauche à l'économie de marché.
L'initiative de François Hollande est-elle le premier pas vers une véritable évolution de la politique économique française ? Le président doit encore réaliser le plus difficile : négocier avec les partenaires sociaux et appliquer son ambitieuse révolution idéologique. Ce serait encore une goutte d'eau dans l'océan des réformes nécessaires pour faire repartir durablement l'économie hexagonale : 35 heures, réforme de l'assurance-chômage, collaboration renforcée avec l'Allemagne, relance de l'industrie et de l'agriculture… Des réformes difficiles, mais que Nicolas Baverez juge indispensables pour faire en sorte que la France de 2040 vue par Alassane Bono reste de la science-fiction.
A contre-courant
A contre-courant
Eh bien, je vais m’exprimer à contre courant de l’air du temps et de la mode dominante, sur Internet, dans la rue, au Parlement… Il n’est pas d’opposant plus déterminé que je ne le suis à la politique actuelle, le matraquage fiscal et social qui plombe l’économie et l’emploi, le clientélisme (journée de carence), la politique étrangère, éducative, de sécurité et d’immigration… Je suis en désaccord avec son style, sa méthode présidentielle (affaire Léonarda). Cependant, je n’arrive pas à comprendre les attaques qui se focalisent sur la personne et la légitimité de François Hollande. Elles me rappellent, inversées, les mesquineries de la haine anti-Sarkozy en 2007-2012. Oui, il est le président élu démocratiquement par la majorité des Français pour 5 ans, avec 51% des voix. C’est ainsi. Un éditorialiste du Point le compare explicitement à un "pingoin". Cette agression contre le physique d’une personne me répugne. Les déchaînements de ces derniers jours contre ce Monsieur, les livres et papiers, qui après l’avoir encensé pour sa "gentillesse", le traitent de dangereux caractériel, me font penser à ces lynchages à coups de pied d’un homme, une fois qu’il est bien à terre. A quoi cela sert-il? Voyons, les présidentielles sont dans 3 ans et demi. Croit-on que les coups portés à sa personne vont le pousser à partir? Bien sûr que non et si tel était le cas, il n’y aurait plus de pouvoir politique possible à l’avenir. D’ailleurs, à l’heure d’aujourd’hui, personne n’est prêt à le remplacer. En s’en prenant à l’homme, on néglige la critique de la politique. Penser l’affaiblir, 40 mois à l’avance, au point d’empêcher une réélection en 2017? C’est la pire des méthodes car elle ne peut qu’entraîner une réaction contraire de l’électorat. Et puis quoi, si en 2017, notre camp l’emporte, que ce passera-t-il dans ces conditions, une nouvelle déferlente de haine contre le prochain président, la paralysie, la violence, l’extrémisme, la guerre civile? L’Elysée devient-il le bouc émissaire des névroses de la société française?
Il faut en finir avec ce climat pourri et revenir à la politique au sens noble du terme, la préparation de l’alternance et du programme de gouvernement…
Le genre de la République est le neutre
Le genre de la République est le neutre
La séparation conceptuelle entre le sexe, déterminé par la biologie, et le genre, vu comme le résultat d’une construction culturelle et politique, ouvre depuis plusieurs décennies un riche champ d’investigation aux sciences humaines. Que cette idée scientifiquement prometteuse devienne, dans la France de 2014, l’objet d’une foire d’empoigne obscurantiste, témoigne de l’état de déliquescence dans lequel se trouve notre débat public. Objets de défiance croissante de la part des citoyens, les partis ne sont plus capables de porter les grandes controverses qui agitent les esprits. Ils devraient donc réfléchir à deux fois avant d’allumer des incendies.
La gauche est certes dans son rôle lorsqu’elle cherche à faire progresser la société ; elle ne l’est plus lorsqu’elle dégoupille grenade sociétale après grenade sociétale, dans l’espoir – d’ailleurs fondé – d’alimenter la poussée de l’extrême-droite au détriment des partis du centre-droit. Il est pitoyable que le Parti socialiste en soit réduit à de tels artifices, dans un pays où le chômage de masse et le délabrement de nos finances publiques devraient mobiliser 100% des énergies du gouvernement et des élus.
Il est tout aussi pitoyable que l’UMP abdique toute réflexion de fond sur sa ligne doctrinale au profit de vaines querelles de personnes. Résultat, ses responsables n’ont plus aujourd’hui de position commune sur les questions de société ou la place de l’Etat. En l’occurrence, c’est le rôle de l’Etat de lutter contre les inégalités, et celles entre les hommes et les femmes sont encore très importantes en France. Mais ce n’est pas son rôle d’imposer l’enseignement à l’école d’une idéologie particulière, fût-elle d’avant-garde.
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