jeudi 4 septembre 2014
Le livre scandale
Le livre scandale
On savait la sortie du livre imminente. Depuis longtemps déjà, même les socialistes, sans trop le dire, étaient choqués. Mettre sur la place publique, ses sentiments les plus personnels et ses états d’âme sous couvert d’analyse, était d’autant plus malvenu que le pays est en crise et le chômage en augmentation permanente. Si la tendance est à briser quelques tabous, encore ne faut-il rien exagérer : certains secrets doivent demeurer des mystères. Certes, en France, quiconque touche à la politique a l’obligation quasi morale d’écrire. Mais tout est question de calendrier. Aussi M. François Rebsamen, ministre du Travail, est sage d’avoir différé la sortie de son bouquin sur les coupes du monde de football qu’il a écrit à ses moments perdus, entre deux contrôles de chômeurs.
Humiliation publique, affaire publique
Humiliation publique, affaire publique
Tout est sinistre dans le livre de Valérie Trierweiler. Sinistre l’ouvrage lui-même, sinistre l’idée qu’il ait pu être écrit, sinistre la démarche vengeresse d’une femme humiliée. Mais sinistre aussi le personnage de François Hollande que dessine son ancienne compagne : cynique, froid, manipulateur, dissimulé, calculateur, inconstant et lâche, tellement lâche…
Passé le premier sentiment d’écœurement, c’est l’effarement qui l’emporte. Ainsi donc, ce Président qui s’était construit une image de type sympa, ne résistant pas à l’effet d’une bonne blague, rond et rose, souriant et dispo, ainsi donc cet homme normal est celui-là ? Sinistre. Bien sûr, ses affidés expliqueront qu’il s’agit d’une affaire privée, qu’ils ne liront pas le livre, que toute cette boue indécente ne regarde pas les affaires de l’Etat. C’est faux. Car cette humiliation publique laissera de profondes traces.
Personne, en effet, quelle que soit sa résistance à l’adversité, ne peut rester insensible à la violence de cette charge. Depuis l’instant où le livre est paru, François Hollande sait que tous ses interlocuteurs, ses proches, ses collaborateurs, le regardent autrement. Et le jugent sur le plan humain. Même s’il est totalement privé d’affect, son comportement ne peut pas ne pas en être perturbé.
Et ce qui est vrai pour son premier cercle le sera aussi pour les Français comme pour tous ses interlocuteurs étrangers. Incapable d’obtenir des résultats, menant une politique à l’opposé ou presque de ce qu’il avait promis à ses électeurs, déstabilisé par l’érosion constante de sa majorité, le voici humilié dans sa personne privée. Impopulaire comme personne avant lui pour sa politique, démasqué pour son inélégance et son manque total de valeurs personnelles, il entraîne avec lui la fonction présidentielle. Comment peut-il encore espérer retrouver une once de crédibilité ?
Christian Delporte : «Hollande paie au prix fort la confusion vie privée-vie publique»
L'historien spécialiste de la communication politique Christian Delporte analyse les conséquences pour François Hollande de la publication du livre de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment.
Le livre de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment, est, selon ses premiers lecteurs, «dévastateur» pour le chef de l'Etat, à tel point que François Hollande est, selon Le Parisien, «atterré» par cette publication. Quel sera selon vous l'impact de cette œuvre sur la popularité du président?
Christian DELPORTE: Je ne pense pas qu'il faille raisonner en matière de popularité. Après tout, François Hollande n'est déjà plus qu'à 16% d'opinions positives dans les sondages. Comment voulez-vous qu'il aille plus bas?
En revanche, ce livre risque d'avoir un effet dévastateur sur l'un des rares atouts du président: on le trouvait jusqu'ici encore sympathique. D'après les premiers extraits publiés çà et là dans les journaux, les communicants de l'Elysée vont avoir du pain sur la planche pour protéger cette image positive…
Dans ce livre, l'ancienne compagne de François Hollande raconte sa relation avec ce dernier, au quotidien, dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle raconte notamment que le chef de l'Etat continuait de la contacter après leur séparation, en lui disant qu'il «allait la regagner, comme si j'étais une élection». Attaquer la personnalité propre du Président de la République, est-ce la dernière étape du discrédit? Peut-on encore aller plus loin?
Ce qui se passe ici est le dénouement d'une longue histoire du dévoilement de l'intime par les hommes de pouvoir, les dirigeants d'entreprise et les chefs politiques. De Gaulle pensait qu'il fallait du mystère et de la distance autour des grands de ce monde. Or, l'homme qui exerce le pouvoir est depuis devenu un homme ordinaire, recherchant avant tout le lien affectif, la proximité avec ses compatriotes, la sympathie du public: toutes les mises en scène des enfants et des femmes des hommes de pouvoir vont dans ce sens.
Ce qui me frappe, c'est qu'on assiste à une rupture. Jusqu'ici, ce système fonctionnait car il était sous contrôle. Là, François Hollande semble être dépassé par la machine médiatique et la communication présidentielle est juste mobilisée pour tenter d'éteindre l'incendie.
François Hollande a répété à l'envi, durant la campagne de 2012, qu'il souhaitait être un «président normal», proche des Français, et dont il partagerait les aléas quotidiens. Paie-t-il aujourd'hui sa propre volonté de transformer la fonction présidentielle? Tout a commencé avec l'affaire Gayet, où Hollande s'est retrouvé pris à son propre piège. Sa posture, adoptée pendant sa campagne présidentielle, et s'opposant à la «peopolisation» de Nicolas Sarkozys'est alors brisée. En 2012, Valérie Trierweiler était ainsi en retrait, et le candidat Hollande refusait de l'utiliser comme argument politique pour séduire les électeurs.
L'affaire Gayet a ensuite eu un effet inverse. Il est entré, dans la pire des situations et à son corps défendant dans la peopolisation, en contradiction avec sa volonté et son message politique. Il a été victime d'une évolution qui s'est produite avant lui qui a rendu la presse de plus en plus inquisitrice sur la vie privée des politiques et l'opinion de plus en plus réceptive à son dévoilement.
C'est une procédure déjà ancienne. Giscard d'Estaing avait déjà, à son époque, mis en scène sa famille, et plus particulièrement ses enfants, qu'on pouvait voir dans Paris Match ou Point de Vue. On avait même eu droit à une couverture médiatique du mariage de ses filles. Cependant, cette mise en scène était encore contrôlée et pensée pour créer une identification de la famille française à cette famille Giscard.
Alors que le président accumule les crises (politique, diplomatique avec la Russie, économique), ce nouveau camouflet peut-il être tourné à son avantage? Peut-il utiliser cette publication pour regagner la sympathie des Français?
A mon avis, François Hollande a surtout intérêt à baisser la tête, laisser passer l'orage et montrer qu'il se bat pour la France. Plus que jamais, la séparation entre vie privée et vie publique doit être claire et sans faille. Tout ce qu'il dira sur Valérie Trierweiler le desservira ; il doit montrer qu'il ne se préoccupe même pas du dérisoire, des règlements de compte, et que seul importe son combat pour notre pays.
Le 18 septembre, il y aura sans doute une question des journalistes, durant la conférence de presse de l'Elysée, à ce sujet ; mais nul doute qu'il éludera la question grâce à une réponse préparée par ses communicants.
Attaqué sur sa politique, sur son autorité, son ambition, et maintenant sur sa personnalité, François Hollande peut-il quand même songer aux prochaines présidentielles de 2017?
En politique, on n'est jamais mort. Le facteur politique me semble plus important que le facteur personnel. La vraie question devient alors: son noyau dur d'électeurs lui reste-t-il fidèle? D'après un sondage paru après le remaniement, les électeurs qui regrettent le plus le départ d'Arnaud Montebourg sont ceux du Front National et du Parti de Gauche, tandis que seulement 33% des électeurs de François Hollande - autant que ceux de Nicolas Sarkozy! - regrettent l'ancien ministre du Redressement productif. Cela peut révéler que la ligne Valls est soutenue par la majorité des socialistes, mais aussi que son électorat ne veut plus aucun couac gouvernemental.
Paris envisage une action «militaire» contre l'État islamique
À l'issue d'un conseil restreint de défense, dédié à la situation en Irak, François Hollande a précisé mercredi que cette réponse, «si nécessaire militaire», devait s'inscrire «dans le respect du droit international».
L'inflexion est notable. À l'Élysée, il n'est désormais plus exclu de répondre par les armes au défi lancé par les djihadistes de l'État islamique. Mercredi soir, à l'issue d'un conseil restreint de défense sur la situation en Irak, François Hollande «a souligné l'importance d'une réponse politique, humanitaire et si nécessaire militaire dans le respect du droit
international», a fait savoir la présidence française dans un communiqué. «La France entend poursuivre une concertation étroite avec l'ensemble de ses partenaires pour que cette réponse soit coordonnée dans tous les domaines et se montre à la mesure d'une menace globale qui est devenue grave», précise le même texte. François Hollande s'est entretenu mardi par téléphone avec le président irakien, le Kurde Fouad Massoum.
L'abruti en discours. |
Il y a encore une semaine, le discours était encore sensiblement différent. Dans son adresse aux ambassadeurs, qui fixe les grandes lignes de la diplomatie française pour l'année à venir, François Hollande avait consacré une bonne partie de son discours à la menace représentée par l'État islamique. Il avait notamment soulignée l'aide humanitaire déjà délivrée aux populations persécutées et les armes fournies aux forces kurdes. «Nous ne pouvons en rester là», avait laissé présager le président de la République, appelant de ses vœux la réunion à Paris d'une conférence internationale sur la sécurité en Irak. François Hollande avait néanmoins posé comme condition la constitution d'un gouvernement irakien.
Le ton monte dans les chancelleries occidentales
L'exécution mardi d'un second ressortissant américain, le journaliste Steven Sotloff, semble avoir accélérée les choses. Et le ton est monté d'un cran dans les chancelleries occidentales. «Ces actes horribles ne font qu'unir notre pays et renforcer notre détermination à combattre ces terroristes», a notamment réagi Barack Obama, le président américain en a même fait une affaire personnel en promettant de détruire l'État islamique. La Maison-Blanche a indiqué que le président américain s'apprêtait à consulter ses alliés de l'Otan, qui doivent se retrouver jeudi et vendredi en Estonie, pour «développer une coalition internationale et dessiner une stratégie». Pour sa part, l'Union européenne s'est dit «plus que jamais engagée à soutenir les efforts internationaux pour combattre l'État islamique»
Outre le soutien aérien américain et les armes délivrées aux forces kurdes, les États-Unis ont envoyé au total 820 soldats et conseillers américains dont les 350 annoncés la veille pour conseiller les troupes irakiennes et protéger le personnel américain. Même Berlin a brisé un véritable tabou ce week-end. L'Allemagne a fait une entorse à sa politique depuis le Seconde Guerre mondiale en décidant l'envoie d'armes à destination des combattants kurdes. Paris avait déjà sauté le pas et un premier convoi est arrivé en Irak fin août. Les hommes de l'État islamique ont conquis de vastes territoires dans le Nord de l'Irak et en Syrie voisine depuis le mois de juin. Durant le seul mois d'août, au moins 1420 personnes ont été tuées dans les violences en Irak, selon un décompte de l'ONU.
Ségolène Royal
La présidente de Poitou-Charente n'a pu retenir ses larmes après son échec au second tour de la primaire PS, le 9 octobre 2011. Avec moins de 7% des voix, Ségolène Royal se place en 4e position, loin derrière Arnaud Montebourg. Une lourde défaite pour celle qui fut candidate aux élections présidentielles de 2007 face à Nicolas Sarkozy.
Ségolène Royal est la fille de Jacques Royal, colonel d'artillerie et de Hélène Dehaye, qui eurent huit enfants. Elle a été la compagne de François Hollande, Premier secrétaire du Parti socialiste, avec qui elle a eu quatre enfants. Leur séparation a été annoncée en juin 2007.
Après l'ENA , elle adhère au Parti socialiste en 1978, à la section du 6e arrondissement de Paris. De 1984 à 1988, François Mitterrand lui confie les affaires sociales et l'environnement. Sa carrière politique prend son véritable essor au niveau national à partir du gouvernement Bérégovoy, en 1992, dans lequel elle est ministre de l'Environnement.
Poitou-Charentes
Puis, de 1997 à 2000, elle est ministre déléguée à l'Enseignement scolaire du gouvernement Jospin. De 2000 à 2002, elle est ministre déléguée à la Famille, à l'Enfance et aux Personnes handicapées. En 2004, elle conquiert le conseil régional de Poitou-Charentes dont elle devient présidente. Elle est reconduite dans ses fonctions en mars 2010 avec 60% des voix contre 40 pour son opposant le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau.
Première femme
Le 16 novembre 2006, elle est désignée au premier tour par 60,65 % des 178 000 militants socialistes comme candidate officielle du Parti socialiste pour la présidentielle de 2007. Elle devance Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Le 22 avril 2007, après une campagne menée tambours battants elle accède au second tour de l'élection présidentielle française avec 25,87 % des voix (contre 31,18 % à son rival Nicolas Sarkozy).
Une apogée médiatico-politique qui se soldera par un échec à l'issue du second tour mais qui marquera fortement les esprits en France. En effet, Ségolène Royal a été la première femme à accéder au second tour d'une présidentielle. En avril 2013, elle est nommée ministre de l'Ecologie, de l'Environnement et de l'Energie.
Ségolène Royal est la fille de Jacques Royal, colonel d'artillerie et de Hélène Dehaye, qui eurent huit enfants. Elle a été la compagne de François Hollande, Premier secrétaire du Parti socialiste, avec qui elle a eu quatre enfants. Leur séparation a été annoncée en juin 2007.
Après l'ENA , elle adhère au Parti socialiste en 1978, à la section du 6e arrondissement de Paris. De 1984 à 1988, François Mitterrand lui confie les affaires sociales et l'environnement. Sa carrière politique prend son véritable essor au niveau national à partir du gouvernement Bérégovoy, en 1992, dans lequel elle est ministre de l'Environnement.
Poitou-Charentes
Puis, de 1997 à 2000, elle est ministre déléguée à l'Enseignement scolaire du gouvernement Jospin. De 2000 à 2002, elle est ministre déléguée à la Famille, à l'Enfance et aux Personnes handicapées. En 2004, elle conquiert le conseil régional de Poitou-Charentes dont elle devient présidente. Elle est reconduite dans ses fonctions en mars 2010 avec 60% des voix contre 40 pour son opposant le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau.
Première femme
Le 16 novembre 2006, elle est désignée au premier tour par 60,65 % des 178 000 militants socialistes comme candidate officielle du Parti socialiste pour la présidentielle de 2007. Elle devance Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Le 22 avril 2007, après une campagne menée tambours battants elle accède au second tour de l'élection présidentielle française avec 25,87 % des voix (contre 31,18 % à son rival Nicolas Sarkozy).
Une apogée médiatico-politique qui se soldera par un échec à l'issue du second tour mais qui marquera fortement les esprits en France. En effet, Ségolène Royal a été la première femme à accéder au second tour d'une présidentielle. En avril 2013, elle est nommée ministre de l'Ecologie, de l'Environnement et de l'Energie.
Livre de Trierweiler : "Le président normal est mis à nu"
"Merci pour ce moment" est disponible depuis ce jeudi matin. Un "coup de grâce" pour Hollande, d'après les éditorialistes.
Valérie Trierweiler, l'ex-compagne de François Hollande, porte "le coup de grâce" au président de la République dans un ouvrage - publié ce jeudi - aux allures de "grand déballage" et de "règlement de comptes", estiment jeudi de nombreux éditorialistes. L'ancienne première dame, qui "repousse jusqu'au malaise les frontières du mélange des genres entre vie publique et vie privée", "choisit son moment pour décocher l'attaque la plus perfide", écrit Cécile Cornudet dans Les Échos. "Alors que François Hollande voit une partie de ses troupes s'interroger sur la sincérité de son engagement à gauche, elle le décrit comme un homme qui n'aime pas les pauvres... On appelle ça un coup de grâce."
Valérie Trierweiler "a livré un cadeau de rupture dévastateur", en décrivant
François Hollande comme "un être dénué d'affect (...), mais surtout un cynique s'asseyant carrément sur son électorat", renchérit Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain). "Elle va lui coller à la peau, cette phrase sur la famille pas très jojo de sa compagne, ou celle sur les pauvres, les sans-dents..." "Aujourd'hui, la femme trompée, humiliée, congédiée raconte. Cynisme et indifférence, boniment et condescendance : le président normal est mis à nu. Le spectacle est affligeant, l'obscénité à son comble", assure Yves Thréard (Le Figaro), avant d'asséner : "Vie privée, vie publique, le mensonge est partout sur l'Aventin élyséen.""Étalage impudique et consternant"
"Parce qu'on déteste la vulgarité et la bassesse, on ne devrait pas parler du livre de Valérie Trierweiler. Néanmoins, on va le faire", avoue Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées). "Parce qu'il dit l'époque. Parce qu'il dit l'homme qui nous gouverne. Et parce qu'il faut bien reconnaître que nous sommes voyeurs, ce qui dit tout autant l'époque. Une époque où les journaux people font des tirages faramineux et où la presse d'information se meurt..." Pourtant, ajoute-t-il, "si l'affaire a des allures de comédie de boulevard, comme les tragédies, elle pourrait se clore par la mort (politique) de son principal personnage".
Avec "cet étalage impudique et consternant des divagations d'un couple qui n'en était pas vraiment un", souligne Jacques Camus, "c'est un ultime engagement de campagne qui s'effondre : celui de ne point exposer sa vie privée à la manière d'un Nicolas Sarkozy dont les épanchements familiaux font pourtant figure, rétrospectivement, d'aimable bluette à côté de l'actuel Dallas élyséen". Mais "le plus grave" dans cette affaire, affirme Bruno Dive (Sud-Ouest), est que "l'ouvrage de Valérie Trierweiler porte atteinte à une fonction présidentielle déjà passablement dégradée". La journaliste de Paris Match"croyait ne pointer que les faiblesses d'un homme. C'est l'image et l'aura de la fonction suprême qu'elle abîme."
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