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jeudi 12 mai 2011

Le PS peut-il reconquérir les classes populaires?


Le Parti socialiste souhaite reconquérir les classes populaires qui se sont progressivement détournées de la gauche depuis 1981. Un challenge impossible?

 
Le 30e anniversaire de l'accession au pouvoir de François Mitterrand donne des envies et des idées au Parti socialiste en vue de la campagne présidentielle de 2012. Comme en 1981, de nombreux cadres du PS estiment que la victoire passe par la reconquête des classes populaires.  
Reconquête, car, oui, les classes populaires se sont tournées vers Nicolas Sarkozy en 2007, et le FN aujourd'hui. Loin de la gauche. 
Pourtant, le divorce entre la gauche et les classes populaires ne date pas d'hier. "Dès que la gauche arrive au pouvoir, les ouvriers commencent à s'en détacher. Lors des législatives de 1993, une majorité d'ouvriers votent à droite tandis qu'aux élections présidentielles de 1995, Jean-Marie Le Pen arrive déjà en tête des votes dans cet électorat", analyse Nonna Mayer, chercheuse au centre d'études européennes de Sciences Po - CNRS.  
Un divorce progressif
Ancien numéro trois du Parti communiste dans les années 80, Pierre Juquin explique qu'il y a "une déception considérable des classes populaires pour les partis de gauche (PS et PC) qui n'ont pas réussi à changer durablement la société et qui sont aujourd'hui décrédibilisés dans leur défense d'un projet alternatif et égalitaire". Le président du Mouvement Républicain et Citoyen, Jean-Luc Laurent partage le même constat: "Les couches populaires ont abandonné le PS depuis 1983 et le tournant de la rigueur". 
Le contexte géopolitique explique également cette mutation du vote ouvrier. Vote de protestation, comme l'explique, dans son livre A quoi sert le Parti communiste, le politologue Georges Lavau, celui-ci s'est déplacé depuis le début des années 90 vers le Front national, en partie à cause de la chute de l'union soviétique et du modèle communiste.  
Signe que le vote ouvrier est d'abord protestataire, "40 à 60% des électeurs qui ont voté pour Jean-Marie Le Pen lors des différentes présidentielles auxquelles il s'est présenté ne souhaitaient pas qu'il soit président" analyse le sociologue Sylvain Crépon.  
Opération reconquête 
Dans ces conditions, le Parti socialiste peut-il renouer avec les classes populaires? C'est en tout cas l'objectif affiché par certains cadres socialistes, tels que François Kalfon qui vient de publier L'équation gagnante. Pour ce secrétaire national chargé des études d'opinion au sein du PS, la victoire en 2012 ne se fera qu'à ce prix.  
Mais le 10 mai 1981 mis à part, le Parti socialiste n'a jamais réussi à être majoritaire chez les ouvriers. "L'idée que la classe ouvrière vient naturellement à la gauche et au PS en particulier est une aimable plaisanterie", constate le député de Paris Jean-Marie Le Guen.  
Une analyse que confirme Sylvain Crépon: "Depuis les années 80 et 90, le PS est perçu comme un mouvement d'intellectuels sans relais au sein des classes populaires."  
L'ancien député de l'Essonne Pierre Juquin estime que "le PS n'a pas assez promu les ouvriers dans ses rangs à l'exception notable de Pierre Bérégovoy".  
Constatant que les classes d'employés et d'ouvriers sont aujourd'hui très interpénétrées, François Kalfon pense que le Parti socialiste doit leur répondre simultanément en défendant en priorité "les intérêts du monde du travail".  
Mais s'attaquer aux préoccupations des classes populaires ne suffira pas. Il faudra également savoir leur parler. Pour Sylvain Crépon, le Parti socialiste pâtit justement d'une communication inadaptée aux quotidiens des ouvriers: "Beaucoup d'électeurs frontistes ne comprennent pas les discours de gauche et se disent: 'ce n'est pas fait pour moi'".  
Pour ce sociologue, "la grande réussite de Nicolas Sarkozy en 2007, c'est justement d'avoir tenu un discours accessible qui faisait sens pour cet électorat". Le PS sait ce qui lui reste à faire pour retrouver la joie du 10 mai 1981. 

“Mitterrandolâtrie” et Sarkophobie

J’ai hésité avant d’apporter ma pierre à ce monument d’idolâtrie que constitue le 30e anniversaire de l’élection de François Mitterrand à l’Elysée, car il me semblait qu’une béatification par mois suffisait et que Jean-Paul II avait probablement plus apporté à notre monde en sapant le système communiste que M. Mitterrand en instituant la retraite à 60 ans. Mais les choses étant ce qu’elles sont dans un pays qui adore regarder dans le rétroviseur du passé, allons-y gaiement. François Mitterrand élevé à droite, catholique maurrassien jusqu’à porter la francisque de Vichy a eu l’extraordinaire habilité de se faire élire par la gauche en dupant ses alliés du Parti communiste. Il a changé un peu la vie du peuple de gauche entre 1981 et 1983 après quoi il a dû serrer les boulons et renoncer à la réforme de l’école privée.
Du premier septennat, on retiendra une conviction courageuse, l’abolition de la peine de mort et la décentralisation. Du second, on retiendra une autre conviction, l’Europe et l’euro et la part d’ombre des années fric, quelques affaires et quelques morts mystérieuses. Un bilan contrasté mais honorable que la gauche n’a cessé de glorifier et de soutenir. C’est la leçon politique à retenir pour 2012. On ne peut être élu et réélu qu’avec le soutien total de son camp, le contre-exemple étant Valéry Giscard d’Estaing, déserté par les chiraquiens. Le bilan des quatre ans de Nicolas Sarkozy a révélé un chef d’Etat, ardent, réformateur et capable du meilleur face aux grandes crises. Pourra-t-il rallier une seconde fois le centre et la droite entre PS et FN ? Le délire de sarkophobie a ses limites.

Mitterrand et ses enfants