TOUT EST DIT

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lundi 14 mai 2012

Grèce : une sortie de l'euro n'est plus impensable

Alors que la Grèce tente de former un nouveau gouvernement - et de sauver par la même occasion sa place dans la zone euro -, l'Union européenne semble, de plus en plus, n'envisager qu'un seul scénario : la sortie de la zone euro d'Athènes. Encore impensable il y a quelques mois, cette possibilité est aujourd'hui abordée sans tabou par les journaux européens.
Décomplexé, l'hebdomadaire britannique The Observer, explique "comment la Grèce pourrait quitter la zone euro en cinq étapes difficiles" - étapes que le pays devra, selon elle, affronter dans "les mois qui viennent". Pour la journaliste Julia Kollewe, cela passe d'abord par la "paralysie électorale" qui priverait le pays de gouvernement, et donc de politique d'austérité. Conséquence, la troïka - Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne - cesserait tout aide financière.
Troisième étape selon elle, la Grèce devrait alors revenir à la drachme, entraînant une forte hausse de l'inflation... et, quatrième étape, la fuite des Grecs hors des frontières. Dernière étape, "l'onde de choc des spreads" - écart de taux d'emprunt entre les pays - qui pourrait provoquer une "terrible recession mondiale".
"ACROPOLIS, ADIEU !"
Plus alarmiste, le blog Sober Look met en garde l'Union européenne contre une sortie de la zone euro de la Grèce. Revenir à la drachme signifierait, selon lui, que tous les engagements financiers de la Grèce envers d'autres pays seraient également convertis... au risque pour l'Union européenne de perdre trois mille milliards d'euros.
Loin de s'affoler, au contraire, Wolfgang Münchau, l'éditorialiste du Financial Times, considère que la pire option pour la Grèce serait d'opter pour un statu quo, c'est-à-dire, la continuation de la politique d'austérité imposée par la troïka. Celle-ci provoquerait, selon lui, "dix années de dépression, une sortie inévitable de l'euro et une abolition de la démocratie". Pour le Guardian, c'est presque inévitable, puisque les Grecs sont "allergiques" à l'austérité.
Mais de toutes, c'est la "Une" du magazine Der Spiegel, dimanche, qui a marqué un tournant dans les esprits : "Acropolis, adieu ! Pourquoi la Grèce doit quitter l'euro". Pour l'hebdomadaire allemand, l'hésitation n'est plus permise, et pour Athènes, le temps est venu "d'admettre la défaite". Et d'asséner : "Il est clair que la sortie (de l'euro) est dans l'intérêt des Grecs (...) Seule une sortie de la Grèce de la zone euro donne une chance au pays, dans le long terme, de se remettre d'aplomb."
"DIVORCE À L'AMIABLE"

D'ailleurs, pour l'instant, au sein de l'Union européenne, seuls les Allemands assument cette position, portée sans complexe par le ministre des finances, Wolfgang Schäuble. Si le chef de la banque centrale belge, Luc Coene, évoque la possibilité d'un "divorce à l'amiable", dans le Financial Times, il ne le souhaite pas pour autant.
En France, en revanche, on s'y prépare et on rassure. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a déclaré, lundi, qu'aucun groupe financier français, banque ou compagnie d'assurance, ne serait en difficultés en cas de "scénario extrême sur la Grèce".
Quant à la Commission européenne, elle a réaffirmé son souhait, lundi, de voir Grèce rester au sein de la zone euro, à condition de respecter ses engagements envers la troïka. Vendredi, le président de la Commission s'était pourtant montré bien plus catégorique : "Si les accords ne sont pas respectés, cela signifie que les conditions ne sont pas réunies pour continuer avec un pays qui ne respecte pas ses engagements", avait-il déclaré dans un entretien à la chaîne télévisée italienne SkyTG24.
Quoi qu'il en soit, pour l'Américaine Arianna Huffington - Stassinopoulos de son nom de jeune fille -, née à Athènes, il est temps pour les grecs, qui "ont inventé la démocratie", de "ranimer l'esprit grec d'innovation et d'ingénuité", concluant avec espoir dans une colonne du New York Times que "si avoir un futur signifie sortir de l'euro, il est probable que c'est ce que la plupart des Grecs choisiront".

La comédie du pouvoir

Les Grecs, et toute l’UE avec eux, attendent que les dirigeants des trois principaux partis s’accordent pour former un gouvernement et éviter ainsi des élections qui pourraient aggraver la crise. Mais pour l’instant, ils semblent plutôt occupés à assurer leur propre avenir politique. Extraits.
Qui a pu suivre avec un peu de recul la rencontre entre les dirigeants du Pasok (Parti socialiste), de Nouvelle Démocratie (ND, droite) et de la Coalition de la gauche radicale Syriza, dimanche 13 mai, en connaissant les véritables motivations de chacun, a dû se tordre de rire.

L'histoire avait clairement le caractère divertissant d'une pièce de théâtre, avec un humour grossier, alors que la rencontre était censée être cruciale et dramatique : il s'agissait de négociations entre les trois dirigeants autour du président de la République [Karolos Papoulias] pour voir s'il était possible de former un gouvernement de coalition avec certains partis, ou si le pays devait se tourner vers l'organisation de nouvelles élections législatives en juin.
Le but de certains politiciens est limpide. Il relève de l'intérêt personnel de chacun. Ainsi, des élections pourraient faire oublier ou effacer le résultat électoral de son parti.
Voyons ce que veut chacun : Antonis Samaras, le chef de Nouvelle Démocratie, veut éviter des élections quoi qu'il arrive. Son obsession relève d'une estimation erronée, si l'on en croit le résultat de ND aux élections du 6 mai [18,85%], qui ont bouché l'avenir politique au lieu de lui fournir une majorité comme Samaras le souhaitait. ND a obtenu le score le plus bas de son histoire. Après ce résultat, Samaras aurait dû être évincé de son poste de dirigeant, s'il n'y avait eu la possibilité de l'intégrer dans un gouvernement de coalition et s'il n'y avait eu la possibilité de nouvelles élections dans un mois.
D'autant qu'avec son score ridicule, ND est tout de même arrivé en tête, avec un nombre de députés deux fois supérieur à ce qu’il aurait dû obtenir [108 députés sur 300, grâce au bonus de 50 députés accordés par la loi au parti arrivé en tête]. Mais s’il y a de nouvelles élections, le Syriza sera sans doute le premier parti, et empochera le bonus. Ce qui signifie que ND perdra 50 à 60 sièges. Si c'est le cas, Antonis Samaras devra quitter le parti de nuit, s’il veut éviter de se faire dévorer par les prétendants à son poste.

Score historique

Evangelos Vénizelos est dans la même situation. Le Pasok est déconnecté, en proie à des divisions internes et en passe de disparaître de la scène politique, après les 13,18% [et 41 députés] obtenus le 6 mai. Son président cherche donc à rassembler. S'il ne participe pas à un prochain gouvernement, Vénizelos aura le même avenir que Samaras. Il va donc tout faire pour former un gouvernement et éviter d’être mis dehors.
A l'opposé se trouvent Alexis Tsipras et le Syriza [qui a obtenu 16,78% des voix et 52 députés le 6 mai]. Avec la vague qui porte ce parti, puisqu'il exprime le courant anti-mémorandum [le document signé par le gouvernement grec avec la troïka UE-BCE-FMI sur les mesures d’économies et les réformes à entreprendre en échange de l’aide financière], il a tout intérêt à demander de nouvelles élections car il pourrait obtenir 120 ou 130 sièges – un score historique pour la gauche. Il a donc décidé de ne pas soutenir les partis traditionnels.
Pour être sérieux, nous devons admettre qu'Alexis Tsipras n'a aucun intérêt à participer à un gouvernement avec Nouvelle Démocratie et le Pasok, qui ont 149 sièges à eux deux [la majorité au Parlement est à 151 sièges] et qu’il perdrait sa crédibilité auprès des Grecs s'il le faisait.
Le seul espoir est donc placé dans Fotis Kouvelis, de la Gauche démocratique. Mais il a échoué à à convaincre Tsipras. Si Kouvelis accepte finalement de s'unir au Pasok et à ND, ils auraient 168 sièges ensemble, mais ne seraient soutenus que par 38% des Grecs...



Eloge de la cohabitation

Bien sûr, la cohabitation entre un chef de l’Etat et un Premier Ministre s’appuyant sur une assemblée nationale d’un bord politique opposé n’est pas en temps ordinaire le mode de gouvernement idéal dans la mesure où elle risque  d’introduire un facteur de division au sommet de l’Etat.
Cependant, elle peut être souhaitable en certaines circonstances.
D’un point de vue historique tout d’abord, la cohabitation est un cas de figure classique dans notre pays et les exemples ne manquent pas : Louis Napoléon Bonaparte (1848-1952), puis Thiers (1871-1873), ont présidé le pays avec des chambres monarchistes méfiantes à leur égard ; Mac Mahon avec ses présidents du Conseil Jules Simon et Dufaure (1877-1879) ; Emile Loubet, républicain modéré avec Emile Combes, radical (1902-1904) ; Vincent Auriol, socialiste avec Antoine Pinay Indépendant en 1952 ; René Coty, Indépendant, avec Guy Mollet, socialiste en 1956 ; Mitterrand/Chirac en 1986-1986 ; Mitterrand/Balladur en 1993-1995 ; Chirac/Jospin en 1997-2002.
En France, la cohabitation n’a donc rien d’une anomalie.
Elle est logique sur le plan institutionnel, correspond d’ailleurs  à ce que pourrait être une “présidence normale”. Le chef de l’Etat incarne la République, il représente la France sur le plan international tandis que le Premier ministre gouverne le pays comme le prévoit l’article 20 de la Constitution. Dans un pays en crise profonde, économique, sociale, intellectuelle, elle peut avoir l’avantage d’exprimer une forme d’unité nationale. La droite et la gauche sont obligées de s’entendre sur l’essentiel, la règle du jeu. Il n’y a pas de perdant, aucun des deux camps n’est humilié par la défaite. Il faut impérativement que les deux têtes de l’exécutif s’accordent d’une manière ou d’une autre.
Les derniers développements politiques semblent créer une situation propice à ce type d’équilibre. Une majorité de Français a voulu changer de Président. A mes yeux, elle avait tort. Mais enfin, c’est fait. En revanche, sur les grandes questions politiques de cette période, l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, aucun engouement n’est perceptible envers les solutions proposées par le parti socialiste qui préconise des embauches supplémentaires de fonctionnaires, le droit de vote des étrangers, et un net recul sur la sécurité avec la suppression des peines plancher et de la rétention de sûreté.
 Les Français n’ont pas non plus forcément envie de voir un seul parti, le PS, concentrer tous les pouvoirs : la Présidence, le Sénat, les mairies, les conseils généraux et régionaux, l’Assemble nationale, sans parler de la presse et des médias où il exerce un monopole de fait.
Une cohabitation aurait enfin l’avantage de ne pas figer les choses pendant cinq ans. En cas d’échec d’une majorité, le Président pourrait dissoudre l’Assemblée au bout de deux ans et redonner la parole aux Français.
Voilà. Même si en apparence, les jeux paraissent faits, je garde espoir que le bon sens des Français, leur caractère insoumis et leur goût de l’unité les pousseront à se donner une majorité parlementaire et donc un gouvernement de droite en juin 2012 pour appliquer une politique dans l’intérêt du pays et ne pas concéder les pleins pouvoirs à un seul parti.

Ministères du Temps Libre, du Sahara, de la Condition féminine: petite histoire des portefeuilles gadgets

Qui sera le Premier ministre de François Hollande? Qui seront ses ministres? Le suspense va tenir jusqu’aux 15 et 16 mai. A la constitution du premier gouvernement, nul doute que seront également scrutés les noms des ministères.
La France connaît une longue lignée des portefeuilles d'opportunisme, directement liés à l'actualité et censés incarner les nouvelles priorités du gouvernement. Avec l’élection de François Hollande trente-et-un ans après celle de François Mitterrand, les documentaires nous ont par exemple rappelé le joli «ministère du Temps Libre» de 1981.
Une inventivité que Nicolas Sarkozy désapprouvait dans un discours sur les institutions le 5 avril 2006:

«Les modifications incessantes du périmètre des ministères, en fonction des modes ou des équilibres politiques, perturbent le bon fonctionnement des administrations et aggravent leur tentation séparatiste, car leur mémoire et leur identité ne dépendent plus de leur ministère de rattachement, mais de leur existence propre.»
L’ex-président avait pourtant cédé à cet exercice le 23 juin 2009. Quatre autres portefeuilles avaient été créés ex nihilo (Michel Mercier ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire, Valérie Létard promue secrétaire d'Etat aux Technologies vertes et aux Négociations sur le climat, Nora Berra secrétaire d'Etat aux Aînés et Jean-Marie Bockel secrétaire d'Etat aux Prisons, même si cet intitulé n'avait pas été pas publié au Journal officiel).
Finalement, tous les gouvernements succombent à cette tentation. En attendant le premier gouvernement de François Hollande, revue de l'innovation ministérielle sous la Ve République.

Années 1950: Le ministère du Sahara se perd dans les sables

Le premier gouvernement de la Ve République fait la part belle au problème colonial alors extrêmement sensible. L'Algérie est en pleine guerre civile et le gouvernement Debré reconduit un portefeuille créé en 1957: le ministère du Sahara et des DOM-TOM. Le Sahara était devenu subitement un enjeu stratégique depuis que deux importants gisements de pétrole y avaient été découverts et qu'une structure administrative (l'OCRS) y avait été créée pour développer le commerce. L'indépendance algérienne en 1962 rendit l'initiative caduque et le ministère du Sahara disparut dans les sables.

Années 1960: Pompidou et ses «problèmes»

Georges Pompidou traverse les années 1960 avec une grande sobriété dans l'intitulé de ses ministères. Mais vers la fin de la décennie, le Premier ministre de Charles de Gaulle se rend compte que la France a des problèmes. 1968 —et la déferlante des baby-boomers qu'il faut éduquer et loger— va passer par là. Pour les exorciser, il créera en 1967 et 1968 deux secrétariats d'Etat à la lettre de mission transparente: le secrétariat d'Etat aux problèmes de l'Emploi et le secrétariat d'Etat aux problèmes du Logement. Miracle en 1969 avec le gouvernement Chaban-Delmas: les «problèmes» semblent réglés et la question de l'«Emploi» n'apparaît même plus au casting. Mais le gouvernement a un nouveau souci: «la protection de la nature et de l'environnement», qui obtient pour la première fois un portefeuille.

Années 1970: l'écologie ne trouve pas sa place

La tendance du moment: l'environnement et les hippies, le retour à la terre... Pour la première fois, un candidat écologiste se présente à une présidentielle. Mais la question de la protection de l'environnement, encore mal appréhendée, va être balancée de ministères en ministères au cours de la décennie. En 1973, lors de son troisième gouvernement, Pierre Messmer invente un curieux portefeuille associant les Affaires culturelles et l'Environnement.
Quelques mois plus tard, Jacques Chirac ne fera pas beaucoup mieux en noyant l'écologie dans un ministère fourre-tout de la «Qualité de vie» qui englobe aussi la Jeunesse, les Sports et le Tourisme. En 1977, Raymond Barre ressuscite l'association Culture et Ecologie, avant de reculer et d'inventer en 1978 un nouveau ministère, celui de l'Environnement et du Cadre de vie.
La principale innovation des années 70 tient dans le portefeuille confié par Jacques Chirac à Françoise Giroux, la Condition féminine. La journaliste justifiait son secrétariat d'Etat en expliquant que «les femmes sont une catégorie à part et ce qu'il faut arriver à faire justement, c'est qu'elles cessent de l'être». Mais c'est Simone Veil qui portera à bout de bras la loi sur l'IVG.
Giroud n'ira pas au bout de sa tâche et sous diverses appellations (notamment «Droits de la femme»), ce secrétariat d'Etat tiendra jusqu'au gouvernement Bérégovoy en 1993 avant de disparaître, et de faire une dernière pige entre 1998 et 2002. La notion de «droit de la femme» sera noyée dès 2002 dans le concept vague de «parité».

Années 1980: Temps Libre et «French doctors»

Le ministère gadget des années 1980, emblématique des années Mitterrand, est celui du «Temps Libre», un portefeuille réunissant la Jeunesse, les Sports et le Tourisme. Inspiré par l'idéologie du Front Populaire des années 1930, ce ministère entend «conduire par l'éducation populaire, une action de promotion du loisir vrai et créateur et de maîtrise de son temps». La notion de Temps Libre est raillée par les médias et le portefeuille disparaît dans l'hilarité générale en 1983.
Au rang des innovations éphémères, Laurent Fabius inventera en 1984 le secrétariat d'Etat à la Prévention des risques naturels et technologiques majeurs. Un intitulé à rallonge qui permettait d'intégrer au gouvernement le populaire vulcanologue Haroun Tazieff. Autre idée vite abandonnée: le secrétariat d'Etat à l'Economie sociale qui entendait développer les coopérations et autres mutuelles.
Et quand on n'a plus d'inspiration, on crée des secrétariats d'Etat à rien. En 1988, Tony Dreyfus est nommé tout simplement «secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre». Dans un de ses discours, il illustre lui-même l'incongruité du poste:
«Etant un ministre sans portefeuille, il m'arrive d'accomplir des tâches que je n'avais pas prévues. Aujourd'hui il s'agit de remettre la Coupe du français des affaires...».
Mais rendons-lui justice: les secrétaires d'Etat sans attribution étaient légion dans les années 1960-1970.
Bernard Kouchner fait son entrée au gouvernement en 1988 au poste taillé sur mesure de secrétaire d'Etat à l'Action humanitaire. La conscience humanitaire en France, qui date du conflit au Biafra en 1967, trouve enfin une prolongation institutionnelle. En 1995, symboliquement, c'est un autre French doctor, Xavier Emmanuelli qui occupera le poste avant qu'il disparaisse définitivement.

Années 1990: Les «Jupettes» et Fillon au Minitel

En termes d'innovation ministérielle, les années 1990 sont évidemment marquées par la création d'Alain Juppé, les «Jupettes», ces ministres jetables —peut-être censées remplacer le secrétaire d'Etat aux Droits de la femme alors porté disparu. Elles étaient 12 femmes lors du premier gouvernement en mai 1995, elles ne sont plus que 4 lors du remaniement en novembre 1995.
Dans ce grand ménage, deux portefeuilles gadget disparaissent: le ministère de la Solidarité entre les générations et le secrétariat d'Etat aux Quartiers en difficulté (une problématique qui devient très sensible à cette période: la France a découvert les quartiers dits sensibles en créant pour Bernard Tapie un ministère de la Ville).
A signaler au crédit d'Alain Juppé ce portefeuille rétrospectivement très drôle attribué à François Fillon: le ministère des Technologies de l'Information et de la Poste. On comprend mieux pourquoi Fillon se présente aujourd'hui comme un «geek», il a été le ministre du Minitel et de l'Internet très bas-débit.
Lionel Jospin ne plaisantait pas trop avec les attributions de ses ministres. Sa seule tentative d'innovation se résume dans la création d'un secrétariat d'Etat à l'Economie solidaire. Ce portefeuille, taillé pour ses alliés Verts, entendait fournir la «boîte à outils» nécessaire aux associations et aux entreprises voulant «innover». Un concept très bobo qui ne passera pas l'alternance.

Années 2000: La diversité, c'est gadget

Au tournant du siècle, la diversité devient un sujet sensible et les gouvernements successifs intègrent la contrainte dans leur casting. Mais, en dehors de Rachida Dati, les ministres issus de la diversité sont souvent relégués à des postes subalternes. Trois portefeuilles baroques créés dans les années 2000 ont été occupés par des personnalités étendards de la diversité: Tokia Saïfi, secrétaire d'Etat au Développement durable, Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'Égalité des chances et bien sûr Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme.
La disparition de ce poste lors du remaniement de juin 2009 a eu un grand retentissement médiatique. Mais on a un peu vite oublié que le secrétariat d'Etat aux Droits de l'homme a été inventé par... Jacques Chirac en 1986. Un poste alors beaucoup moins encombrant car rattaché au Premier ministre et non aux Affaires étrangères comme l'était Rama Yade.
Vincent Glad

De "têtes" à couper en changements démographiques passés sous silence, ces inquiétants lendemains de victoire...

Cette semaine : la tragi-comique affaire Salviac, l’harmonie plurielle des cités, la démagogie grecque et un syndicat d’étudiants juifs qui a porté plainte pour incitation à la haine raciale suite à des insultes antisémites.
 Je crains le syndrome Kennedy. Du nom de ce pauvre rédacteur de l’Associated Press renvoyé comme un malpropre au lendemain de la victoire de 1945. Le type, de Reims, avait voulu, dès le 7 mai 1945, écrire que les Allemands avaient capitulé. Las, Staline voulait attendre le 8 mai pour capitaliser sa conquête berlinoise. C’était un temps où Roosevelt n’avait rien à refuser au petit père des peuples soviétiques. On empêche le journaliste trop indépendant, y compris ses chers confrères, de câbler la nouvelle par tous les moyens. Et on le vire. Il vient seulement cette année d’être réhabilité.
Gare, donc à l’euphorie de la victoire qui peut annoncer des lendemains qui déchantent.
Mais il y a des petits signes, qui ne trompent pas.

Ainsi, ces membres très progressistes du personnel de RFI – France 24 qui réclament aux édiles socialistes les têtes pourtant bien faites de Mmes Roselyne Febvre et Goetzinger pour cause de mal pensance. Il faudra la démarche épistolaire d’un Didier Tourancheau, transfuge de Libération, pour calmer leurs ardeurs militantes.
Ainsi encore, ce courrier électronique adressé par une gracieuse Valérie T à une modeste collègue de Paris-Match et dans lequel la première morigène la seconde d’un inquiétant «mais à quel jeu joues tu ? », sous le prétexte que la malheureuse a osé présenter Thomas comme «le fils du couple Hollande-Royal» et non de «l’ex couple».

On veut croire que la presse bien-pensante aurait réagi avec une égale tempérance si l’expéditrice s’était prénommée Carla.
Enfin, la tragi-comique affaire Salviac. Bien sur que ce tweet du journaliste sportif de RTL était on ne peut plus bourrin.
Mais enfin, il ne s’agissait que d’un courriel balancé, qui sait, après boire.
Il existe, en matière de droit social, suffisamment de nuances dans la palette des sanctions professionnelles, de l’avertissement au blâme, pour que l’on puisse suggérer que le licenciement prononcé paraisse un peu outrancier pour ne pas ressembler à la punition d’une lèse-majesté.

C’est dans ce contexte légèrement inquiétant, qu’on est rassuré par ce qui ne change pas.
Sofia Aram, avec sa délicatesse habituelle, s’est moquée lundi matin sur France Inter de la défaite de Sarkozy.
Et Pascale Clark, reste tellement Pascale Clark que même Télérama commence à trouver que, décidément, elle est trop agressive envers les interlocuteurs situés sur sa droite.
Cela étant, avec une hauteur de vue qui l’honore, l’hebdomadaire lui demande de rester à son poste. Ouf.

Syndrome Kennedy mais aussi syndrome Straw qui semble nous attendre au lendemain de cette élection... Straw, du nom de cet ancien ministre de l’intérieur britannique travailliste, autrefois dur avec le crime, mais aujourd’hui doux envers les islamistes, depuis que sa circonscription a vu modifiée de fond en comble sa structure démographique au cours de la dernière décennie [NDLR Blackburn dans le Lancashire]. 
En France, la gauche, selon la stratégie développée par Terra Nova, a labouré de nouvelles terres et de nouvelles "communautés". 
Une thèse, développée par d’élégants esprits, voudrait faire croire qu’alors que dans les banlieues métissées, la gauche triomphe, dans les bourgs péri-urbains exclusifs d’immigrés, la droite joue des fantasmes et gagne.
L’explication, un brin irénique, s’en déduit naturellement : ceux qui vivent dans les cités bigarrées sont ravis de l’harmonie plurielle qui y règne, au rebours des péquenots dont on a instrumentalisé les frayeurs ignorantes.
Je ne verrais, évidemment, aucun inconvénient de principe à la conquête de ces voix de citoyens qui ont bien le droit de s’exprimer dans les urnes, si je ne craignais, contrairement à l’idée que s'en font les propagateurs de cette pieuse croyance sur l'aimable France de la diversité, que la réalité soit bien entendu plus crue et que les modifications démographiques, difficilement quantifiables, au regard de la prohibition des statistiques ethniques, soient davantage à l’origine du phénomène électoral constaté.

Si on comprend bien ces Grecs qui semblent avoir un faible pour la gauche radicale, leur pays devrait rester dans cette Europe qui les avait, jusqu’à présent particulièrement bien traités, tout en ne payant pas leurs dettes pour cause de prodigalité.
La Grèce, on le sait, a inventé la démocratie. Elle a inventé aussi la démagogie.
Pour qu’on puisse le lui dire, encore faudrait-il qu’on ose se le dire.
Il pourrait échoir très vite à notre nouveau président de devoir tenir ce langage bien osé pour lui.

Il y a quelque temps, un lecteur de peu de foi, m’a demandé avec quelque rudesse ce que pouvait bien être cet islamo-gauchisme que je présentais comme le nouveau fascisme à combattre prioritairement.
Un récent exemple toulousain me donne la possibilité d’en apporter la triste démonstration.
Un communiqué du syndicat d’étudiants juifs, proche du PS, l’UEJF nous apprend le 3 mai que celui-ci a été conduit à porter plainte pour incitation à la haine raciale suite à des insultes antisémites lors de la visite d’étudiants Israéliens à l’université Toulouse le Mirail.
Ces incidents qui se sont déroulés quelques jours seulement après le massacre commis par Mohamed Merah dans une école juive de la même ville ont été filmés et peuvent être regardés sur Youtube.
Un groupe composé notamment de femmes voilées s’est approché du stand tenu par l’UEJF et des étudiants israéliens venus proposer de partager un moment de dialogue autour du thème «avoir 20 ans en Israël».
On voit les perturbateurs invectiver les jeunes juifs en déclarant notamment avec un mégaphone sur lequel on peut voir un logo du syndicat d’extrême gauche Sud : «vous êtes des colonisateurs, vous êtes des criminels, vous êtes des voleurs. Franchement, on devrait vous exterminer. Vous ne devriez même pas exister.» Certains ont ensuite crié en arabe le slogan «Khaibar,Ô juifs, l’armée de Mahomet reviendra» (en référence à cette bataille ou des juifs ont été massacrés et réduits au servage).
Je pense avoir ici donné une assez bonne illustration de ce qu’est l’islamo-gauchisme ordinaire.
En outre, si j’étais cruel, je rappellerai qu’ici même, et notamment à l’intention de ce syndicat d’étudiants, dont évidemment les éléments toulousains ne sont pas en cause, je mettais en garde contre les manifestations intempestives menées contre des personnalités de la droite extrême, comme par exemple à l’université Dauphine  dernièrement.
Précisément, je disais que les juifs pourraient prochainement être victimes de pareils manquements à la liberté d’expression.
Encore plus récemment, je m’étonnais que ceux qui avaient décidé de manifester contre Marine Le Pen  ne l’aient pas fait contre l’UOIF.
Je suis décidément trop gentil.


Europe 1 : Jean-Pierre Elkabbach sauvé par François Hollande

Le journaliste, proche de Nicolas Sarkozy, restera à l'antenne grâce à l'arrivée du socialiste au pouvoir.  
Après la présidentielle, Europe 1 soigne son positionnement politique à l'aube de ce nouveau quinquennat. Après avoir péché au début du mandat de Nicolas Sarkozy en s'attirant le sobriquet de "radio Sarko", la station ne souhaite pas cette fois-ci tomber dans l'ornière de la "radio-Hollande." C'est à ce titre que Jean-Pierre Elkabbach, 75 ans en septembre prochain, conserve son interview politique du matin. Le vétéran d'Europe 1, proche de l'ancien président, jouera, en quelque sorte, le rôle de poil à gratter du pouvoir socialiste.
En 1981, "JPE", jugé trop proche de Giscard, avait fait l'objet de la purge mitterrandienne. Les temps ont changé : cette fois, Elkabbach est sauvé grâce au retour de la gauche ! Bien sûr, celui qui a connu Georges Marchais ne peut guère espérer traverser tout le mandat au micro d'Europe 1. Mais grâce à Hollande, Elkabbach va gagner encore une ou deux saisons sur son CV déjà bien rempli.

Les destins croisés d'Elkabbach et Chabot

Arlette Chabot a décidé, quant à elle, d'abandonner les fonctions de directrice de l'information. Un souhait exprimé dès le mois de janvier. Le management, qu'elle exerce avec poigne et ironie, n'est pas sa tasse de thé. Elle abandonne le manche à Fabien Namias, un transfuge de France 2 qui retrouve son ancienne maison, celle où déjà son père, Robert, avait prospéré dans les années 70-80. Si Elkabbach se maintient, Arlette Chabot a pu être soulagée de sa fonction grâce à la défaite de Nicolas Sarkozy.
Pour des raisons qui restent obscures, l'ancien président avait pris Arlette Chabot en grippe. Elle avait dû quitter France 2 peu de temps après l'arrivée de Rémy Pflimlin à la présidence de France Télévisions. Chabot figurait, à ce moment-là, parmi les personnalités à abattre. Si Nicolas Sarkozy l'avait emporté, Europe 1 aurait été dans l'obligation de maintenir Arlette Chabot à son poste afin de ne pas donner l'impression de céder à un oukase présidentiel... Sarkozy chassé du pouvoir, Denis Olivennes, le patron de Lagardère Médias, peut accéder à sa demande : Arlette Chabot souhaite seulement faire de l'antenne. La passion du journalisme l'anime encore. Denis Olivennes lui offre, en outre, un rôle de "conseillère". Ça ne mange pas de pain.
En fin de compte, Elkabbach et Chabot sont les deux faces d'une même médaille, celle de l'indépendance qu'Europe 1 souhaite accrocher à son cou.

L'homme normal 


François Hollande sera-t-il à la hauteur ? Il n'y a aucune raison de s'inquiéter. À une condition : qu'une fois au pouvoir il devienne vraiment lui-même, c'est-à-dire un social-démocrate authentique, à la scandinave, j'allais dire intelligent.
Si François Hollande fait de sa victoire celle du secteur public contre le secteur privé et exposé, s'il applique à la lettre son programme dépensier et continue, comme ses prédécesseurs, à laisser filer les déficits en augmentant les impôts, alors, là, il n'a aucune chance de réussir : sa présidence est condamnée d'avance.
Rien, dans sa personnalité, n'autorise cependant à désespérer déjà : contrairement à ce que prétendaient ses camarades socialistes, François Hollande a du caractère, il l'a prouvé pendant la campagne, et la moindre de ses qualités n'est pas son aptitude à rassembler. Il devra en jouer au maximum s'il veut réussir le redressement, mot qu'il a souvent prononcé, et c'était bon signe, au cours des dernières semaines. Un redressement financier, industriel et moral, la France étant aujourd'hui, chose incompréhensible, le pays le plus pessimiste du monde.
Nous venons de vivre une fable : le 6 mai, un homme normal a vaincu un personnage d'exception, à l'énergie ébouriffante, qui s'est battu jusqu'au dernier sang. François Hollande restera dans l'Histoire si, sans attendre, il remet sur pied le pays. En se transcendant. En s'affranchissant de tout, y compris de son parti. En se répétant sans cesse cette phrase de Roger Martin du Gard (1) que tous les hommes d'État devraient connaître par coeur : "Lorsqu'on est décidé à prendre au sérieux la vérité et à suivre notre conscience, il est bien difficile d'être de son parti sans être un peu de l'autre."

1. Cf. "Jean Barois".

« Acropolis, Adieu ! »: la sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus un tabou

« Acropolis, Adieu ! Pourquoi la Grèce doit maintenant quitter l’euro », clame cette semaine la une du magazine allemand Der Spiegel, rejoignant plusieurs personnalités économiques et politiques allemandes qui se demandent si la sortie d’Athènes de la zone euro n’est pas la meilleure solution. La sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus un tabou depuis l’échec des tentatives de former un gouvernement d’union à Athènes à la suite des législatives du 6 mai.

« En dépit de notre scepticisme, nous avions défendu jusqu’ici le maintien de la Grèce dans la zone euro », explique l’éditorial de l’hebdomadaire. « Mais depuis les élections législatives (grecques) début mai, les observateurs du Spiegel ont changé d’avis. » « Les Grecs n’ont jamais été mûrs pour l’union monétaire et ne le sont toujours pas aujourd’hui. Les tentatives de soutenir ce pays par des réformes ont échoué ».

« Il est clair que la sortie (de l’euro) est dans l’intérêt des Grecs (…) Seule une sortie de la Grèce de la zone euro donne une chance au pays, dans le long terme, de se remettre d’aplomb. »

Que restera-t-il du sarkozysme après Sarkozy ?

Entre une certaine forme de populisme et sens aigu des responsabilité, le style hyperactif de Nicolas Sarkozy a marqué les esprits. Et si le sarkozysme avait beaucoup plus marqué la France qu'on ne le croit...?

Dernière journée à l'Elysée pour Nicolas Sarkozy, la passation de pouvoir entre le Président sortant et François Hollande a lieu ce mardi. Que restera-t-il du sarkozysme après Sarkozy ?

David Valence : Le terme de "sarkozysme" recouvre au fond deux choses différentes : la pratique du pouvoir par Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur puis à l'Élysée, et plus globalement sa façon de faire de la politique d'une part ; et le contenu, disons "idéologique", même si ce mot est très mal adapté, du discours de Nicolas Sarkozy, d'autre part.  
 
Je crois que nous aurons une postérité du sarkozysme sur la forme comme sur le fond. Sur la forme, Sarkozy s'est distingué de ses prédécesseurs par son usage délibéré d'un langage direct, parfois abrupt ; par son engagement sur chaque dossier, au risque de rompre avec le mythe d'un president-arbitre, entre 2007 et 2012 ; par son choix de l'ultra-médiatisation, enfin ; la parole de ses prédécesseurs était fondée sur un principe de rareté, selon les préceptes de Jacques Pilhan. 
 
Ce cocktail souvent détonnant chez Sarkozy, ou un sens très aigu des responsabilités se mêlait à des calculs plus populistes, c'est ce qu'on a appelé l'hyperprésidence après 2007. C'est une des composantes majeures du "sarkozysme". Une question très importante se pose pour l'avenir quant à cette façon de faire de la politique. On sait que François Hollande a, en miroir, cultivé un style "rond", simple, peu clivant, plus discret, pour défaire Nicolas Sarkozy. Les Français semblent à première vue avoir ratifié cette promesse d'une présidence au style presque scandinave, la chaleur en plus, en élisant François Hollande. Mais plébisciteront-ils longtemps ce contre-modèle, quand le modèle (Nicolas Sarkozy) aura quitté la scène? 
 
Le risque est que le "profil bas" de François Hollande passe pour un manque de courage. Je ne parierais pas pour ma part sur une interprétation du sarkozysme comme parenthèse historique : on ne passe pas comme cela d'un rythme "électro" au battement tranquille d'une horloge comtoise... 
 
Sur le long terme, l'opinion risque de se retourner, d'autant que François Hollande a une "équation personnelle" assez faible : les sondages montrent que très peu de Français l'ont "choisi" pour son projet ou sa personnalité.
 

Un « président normal » à la tête de la France, ce n’est donc pas une hypothèse politique crédible ?

Non, je n’y crois pas. En discutant avec les électeurs qui se sont prononcés en faveur de François Hollande, j’ai remarqué qu’ils réfutent cette étiquette de « Président normal » et font le pari que le président élu se coulera dans la fonction et se transformera en exerçant la fonction. Bref, ils espèrent que François Hollande finira par "faire président" en devenant président. 
 
Quant aux Français en général, au fond ils n'attendent pas de leur président qu'il soit "normal". Car du "normal" au "banal", et du "banal" au "médiocre", il n'y a qu'un pas. Les Français savent que leur président est peut-être le chef d'État qui dispose des pouvoirs les plus étendus de tout le monde occidental. Le président français est plus puissant, en France, que le président des États-Unis aux États-Unis. C'est une fonction "anormale". Nicolas Sarkozy avait, en 2007, "raté" son arrivée au pouvoir en donnant le sentiment qu'il acceptait toutes les responsabilités d'un président, et même plus, mais qu'il refusait d'imposer à son comportement les contraintes de la fonction (auto-censure minimale, etc). Si François Hollande force la note de la normalité pendant ses premières jours de présidence, il risque de perdre sur les deux tableaux, en donnant le sentiment que, d'une certaine façon, lui non plus n'accepte pas les contraintes de la fonction en termes de comportement et de mode de vie... Et qu'en plus, il n'en accepte pas non plus les responsabilités !
 
C'est parce que l'opinion devine que le "style" de François Hollande devra évoluer que le nom du Premier ministre qu'il va choisir est aussi attendu. Il donnera une indication sur la manière dont Hollande exercera le pouvoir. S'il choisit Ayrault ou Sapin, ce sera le signe qu'il est déterminé à assumer la part d' "exceptionnel" de la fonction, et qu'il veut donc un Premier ministre qui soit un vrai "second" et pas un numéro 1 bis. S'il nomme Martine Aubry, il prendra le risque d'une confusion institutionnelle avec un système ou le Premier ministre est plus qu'un second... Mais je ne crois pas que François Hollande aspire à inaugurer les chrysanthèmes, comme Vincent Auriol ou René Coty.
 

Le sarkozysme est-il d’ores et déjà enterré ?

Je voudrais revenir sur le second aspect que j'ai évoqué tout à l'heure pour definir le "sarkozysme", a savoir son contenu "idéologique", même si le mot ne convient pas, je le répète. 
 
Beaucoup d'électeurs de droite sont reconnaissants à Nicolas Sarkozy de leur avoir permis de "hisser les couleurs". Ils se souviennent qu'avec Chirac, la droite avait honte d'être la droite. Elle était dominée idéologiquement. Ce n'est plus le cas depuis Nicolas Sarkozy et la victoire de François Hollande ne signe en rien la victoire "idéologique" de la gauche. Le retour de la valeur nationale, la méfiance à l'égard des "aventures" budgétaires, la valorisation de l'effort individuel et du travail : ces évolutions sont durables dans l'opinion et la gauche au pouvoir devra faire avec. Elle n'aura pas la possibilité d'intimider idéologiquement la droite comme à l'époque de Jacques Chirac. Car la droite a le sentiment que les Français sont plus proches de "ses" valeurs à elle que de celles de la gauche.
 
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a installé, à droite, l'idée qu'il n'y avait pas de fatalité du Front national et que la droite républicaine pouvait très bien "siphonner" l'électorat frontiste si elle s'en donnait les moyens discursifs. Sa reussite stratégique, en 2007, a acté la victoire du "libéral-conservatisme" sur les autres traditions intellectuelles de la droite et du centre (gaullisme social, radicalisme, démocratie chrétienne), moins porteuses dans les urnes à première vue. Reste une question : la droite peut-elle se permettre de "perdre" définitivement les grandes villes en ne donnant d'elle-même que cette image "libérale-conservatrice"? C'est toute la question de l'espace politique pour un centre-droit "libéral-libéral", qui n'existe pas aujourd'hui en France, qui est posée par ce problème de géographie électorale.
 

On peut noter qu’aujourd’hui plus personne à gauche ne parle de 6ème république. Cela veut-il signifier que la gauche a définitivement validé cette 5ème République après l’avoir régulièrement contestée, du livre « Le coup d’Etat permanent » de François Mitterrand à Arnaud Montebourg ? La position prédominante du Président de la République telle que l’a pratiquée Nicolas Sarkozy est-elle gravée dans le marbre ? 

Nicolas Sarkozy a beaucoup reformé la constitution en 2008 et il a paradoxalement renforcé les contre-pouvoirs (Conseil constitutionnel, Assemblée nationale) au pouvoir présidentiel à cette occasion. Je crois que l'abandon du thème de la VIe République par les socialistes s'explique par une forme de pragmatisme.La gauche modérée a constaté que si la personne de Nicolas Sarkozy pouvait être rejetée, la France restait néanmoins attachée à une présidence forte et ne souhaitait pas revenir au système parlementaire. 
 
C’est une forme de réalisme de s’y conformer, comme d'ailleurs François Mitterrand l'avait fait. Et plus simplement encore, je crois que les questions institutionnelles n'intéressent pas l'opinion publique en France. C'est regrettable, mais c 'est ainsi. Regardez la réforme de 2008, dont j'ai déjà parlé, et qui a profondément modifié notre constitution : les Français l'ont déjà oubliée... L'attachement de l'opinion à un pouvoir présidentiel fort et à l'élection du chef de l'État au suffrage universel d'une part, et la relative indifférence des Français face à la "machinerie institutionnelle" d'autre part poussent à une forme de "statu quo" institutionnel.
 

Et l’anti-sarkozysme ? Que va devenir cette obsession qui a nourri notamment de nombreux commentateurs ce cinq dernières années ?

Il ne faut jamais surestimer la mémoire politique d’un peuple. Je pense qu’une fois que Nicolas Sarkozy aura quitté la vie politique, très vite l'antisarkozysme cessera de jouer comme ressource politique, car le temps fera sans doute considérer la présidence Sarkozy avec plus de bienveillance. La gauche ne pourra en plus bénéficier du rejet de Sarkozy. Le rejet d’une personnalité ne dure que le temps d’une élection.
 
Qui a fait la victoire de Francois Hollande le 6 mai dernier? Les électeurs de François Bayrou qui ont voté à gauche au second tour (soit peut-être 2 ou 3% de l'électorat) et les électeurs de Marine Le Pen qui ont vote blanc ou nul. Ceux-là ont exprimé un antisarkozysme qui ne résistera pas au retrait de Nicolas Sarkozy. Ils sont déjà dans l'opposition à François Hollande, d'une certaine façon ! Car on a eu une victoire en trompe-l'oeil le 6 mai, en ce sens qu'une majorité des Français n'a PAS voté François Hollande. 
 
La situation est donc la suivante : nous avons un président élu, Francois Hollande, qui a construit  sa stratégie en "contre", n'a pas recueilli d'adhésion sur sa personne ou son projet, et qui va gouverner une France plus profondément marquée par le sarkozysme qu'on ne le croit, ... Il faut espérer pour la gauche que François Hollande saura troquer sa "normalité" pour une vraie "présidentialite", bref se transformer à l'épreuve du pouvoir, ou alors l'état de grâce risque d'être bref...

Les armateurs grecs refusent d'être taxés

Reportage chez les armateurs grecs montrés du doigt depuis la crise à cause de notamment de la question des impôts. Une caste à part de privilégiés qui devraient encore le rester malgré l'austérité.

Les bateaux tanguent doucement au port mythique du Pirée. Coté gauche au quai Miaouli, les gros navires qui font nuit et jours la navette entre les îles. Coté droit les yachts et autres embarcations privées. En face, coté rue, les immeubles rutilants aux vitres fumées se succèdent. C’est quelque part par là dans les étages, à l’abri des regards indiscrets mais avec une vue sur le port à vous couper le souffle que se trouvent les sociétés maritimes des armateurs grecs. Enfin de ceux qui ont leurs affaires encore au pays car, la plupart les dirigent de leur bureau à Londres.
Dans ce milieu, la discrétion est de mise. Seule une plaque, sobre, indique de la façon la plus opaque qui soit le nom des sociétés maritimes qui nichent dans les étages.
L’un d’entre eux, Nicos Vernicos aime bien parler à la presse. De ce qui l’intéresse bien sûr et pas d’autre chose. Pas moyen par exemple de connaître le chiffre d’affaires de ses entreprises, « nous vous savez, on n’aime pas parler d’argent cela ne se fait pas » pas plus que d’impôt d’ailleurs «nous sommes les taxis de la mer, lance ce petit homme jovial et malin comme un singe, comment voulez qu’on nous taxe ? Nos entreprises ne sont pas rattachées à un pays. » Et l’argument massue, « nous ne savons même pas nous même combien nous gagnions d’argent ! »
Dans un pays en crise depuis deux ans, et en profonde récession depuis cinq ans, ce type de parole est une pure provocation. Mais Nicos Vernicos, armateur depuis quatre générations, dont la famille est connue pour sa résistance à la dictature des colonels (1967/1973) aime bien provoquer, « vous savez le meilleur ami des pauvres c’est le riche car, le riche donne du travail au pauvre c’est ça la vérité. Tout le reste ne compte pas.» Le reste, par exemple pourquoi une si basse imposition alors que le reste du pays, essentiellement les fonctionnaires et les retraités, est étranglé d’impôts ? Pour Harris Baboukis, ancien ministre de la Marine Marchande, la réponse est simple, « si on les oblige à quoi que se soit ils prennent leur bateaux, leur millions et s’en vont ailleurs .En restant au pays, ils dépensent leur argent ici, achètent des maisons, payent dessus des impôts, investissent et créent des emplois. Nous récupérons d’une autre façon ce que de toute façon nous n'aurions jamais pu prendre.»
Pour ce politicien et avocat d’affaires maritimes, le problème est ailleurs, « un pays quel qu‘il soit, et encore moins la Grèce, ne pourra jamais seul imposer les armateurs car, la concurrence est là ! Les délégations maltaises, turques, même monténégrines arrivent tous les jours en Grèce pour proposer de meilleures conditions de travail aux armateurs grecs. Un faux pas et ils sont partis La seule chose qui les retient ici, c’est leur amour de leur terre et c’est là dessus que l’on mise, mais il ne faut pas pousser.»

Une exemption d'impôt inscrite dans la constitution

Cet amour de leur terre, la Nation reconnaissante le récompense via la Constitution qui une fois pour toute règle la question de la taxation des armateurs .Elle les exempt officiellement de tout impôt ou taxes. C’est gravé dans le marbre. Tous les ministres des finances se sont cachés derrière pour clore toute discussion, Georges Papanconstantinou en tête. S’il n’a pas hésité à affronter l’église en 2010 pour l’imposer, il n’a pas oser effleurer les armateurs. « C’est une décision politique que personne ne veut prendre, explique Giorgos Papous, journaliste économique. Une fois pour toutes on a décidé qu’ils rapportaient plus ainsi qu’imposés » .
C’est vrai que les familles d’armateurs ont toujours été les grands évergètes de la nation héllène. De la guerre d’indépendance contre l’occupant turc ou ils ont mis leur bateaux à contribution, à l’illustre Aristote Onassis qui a crée et légué au pays Olympic Airways en passant par les clans Benaki et Goulandri qui ont multiplié les musées d’art dans le pays, les armateurs ont toujours été les grands bienfaiteurs du pays. Mais uniquement parce qu’ils le voulaient bien ! L’impôt obligatoire qui les rabaisse au rang du commun des mortels, c ‘est autre chose et il n’en est pas question . « Nous les armateurs, rencherit Nikos Vernicos, nous payons un impôt annuel sur chaque bateau, qu’il nous ait rapporté ou pas. Il est perçu à la source et calculé en fonction du tonnage et de l’âge du navire qu’il soit à quai où qu’il navigue .De plus on nous a déjà demandé en 2008 de payer une taxe de solidarité ca suffit ! Si je n’ai plus d’intérêt à rester ici je pars à Monaco. »
Cette fois le propos est clair et même cynique, mais Nikos Vernicos a le courage de dire tout haut ce que ses comparses pensent tout bas . « Et puis, vous dites les armateurs ! Savez-vous combien nous sommes ?  A peine 1 000 ! Alors même si nous donnions chacun un million d’euros cela ne règlerait pas la question des déficits. Je regrette ce qui arrive au pays et à mes compatriotes, mais ce n’est pas à nous de rattraper les erreurs des gouvernements. » A noter que cet avis doit être partagé par les bailleurs de fond du pays. S’ils ont exigé une augmentation des impôts pour les professions libérales, les retraités, et les fonctionnaires, l'Union européenne, le FMI et la Banque centrale européenne n’ont à aucun moment évoqué les privilèges des armateurs à l’inverse de ceux de l’église orthodoxe régulièrement dans la ligne de tir de la Troika.

Plusieurs professions ne paie pas d'impôts

L’idée de prendre exemple sur les richissimes hommes et femmes d’affaires, qui un peu partout en Europe et outre atlantique demandent à être plus imposés, n’effleure même pas ici le monde des affaires ou celui des armateurs. Seuls deux noms se détachent du peloton. Celui de Victor Restis nouveau venu dans l’arène des armateurs qui dés le début de la crise a appelé le monde de armateurs à former une caisse en faveurs des plus démunis. Mais ceci n’a pas eu de suite. Et celui de la fondation Niarchos qui a mis à disposition 100 M€ cet hiver sous forme de dons à des organisations qui travaillent sur le terrain, « pour soulager les Grecs qui souffrent de la crise. ». Cela va de l’aide médicale au soutien éducatif en passant par des aides directes pour que des familles ne soient pas jetées à la rue à cause de loyers impayés .

La fondation Niarchos, désireuse de rester extrêmement discrète sur ce chapitre, travaille avec des ONG indépendantes aussi différentes que Praxis, Médecins sans frontières (MSF), Médecins du monde (MDM), ou encore la toute petite fondation du père Antonios qui travaille avec les enfants de rues. « Vous voyez, triomphe Harris Baboukis, vous croyiez que nous aurions pu avoir 100 M€ en impôts ? Jamais de la vie. Mais la fondation Niarchos est depuis des années versée dans l’aide direct aux Grecs. Un travail de terrain des plus efficace ! »
Yiannis Prétendéris, commentateur vedette sur la chaine privé Méga, ne comprend pas. « Le pays va au naufrage, et ils ne se sentent pas plus concernés que cela. Il existe toute une frange de la population qui ne paye pas d’impôts de façon institutionnelle. Les agriculteurs, les armateurs et jusque récemment l’église. C’est une fraude institutionnelle pourquoi ? je ne sais pas !» s'indigne-t-il. Evangelos Venizelos, chef du parti socialiste, a bien tenté lorsqu’il était ministre des finances quelques appels du pied en demandant aux armateurs lors de son discours inaugural à la foire de Thessalonique en septembre 2011 d'« aider encore plus le pays» Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n"a pas été entendu.

La construction part en Chine


Vassilis Korkodis, président de la confédération grecque du commerce, 'il est impossible de fiscaliser les armateurs"
Pourtant les fonds sont là. Outre le fait que plusieurs armateurs grecs sont répertories par Forbes (voir ci-dessous) comme les plus grandes fortunes mondiales, la marine marchande grecque pèse 6,7% du PIB soit plus que le tourisme considéré comme l’industrie lourde du pays .

Les armateurs grecs représentent la première flotte européenne avec plus de 3 000 bateaux et une capacité totale de transports de 190 millions de tonnes. Ils contrôlent un quart des pétroliers et assurent 15% du tonnage de la planète et emploieraient environ 150 000 personnes en Grèce. Une trentaine des compagnies d’armateurs sont mêmes cotées en bourse sous les coups de buttoirs de la nouvelle génération d’armateurs qui reprennent les affaires gérées plus traditionnellement par les pères et grand pères fondateurs des sociétés . Mieux, Selon Georges Xidarakis, consultant, « Un bateau sur cinq qui change de main est acheté ou vendu par un Grec. » Raison pour laquelle, selon Vassilis Korkidis, président de la confédération grecque du commerce, « il faudrait avoir un regard tout à fait différent sur la Marine Marchande par rapport à toute autre type d’activité ». Selon lui, également à la tête d'une société maritime, «  il est impossible de fiscaliser les armateurs car, leur activité ne se rattache à aucun pays."  Et de conclure, "Margareth Thatcher n’a pas réussi à faire plier ses armateurs vous croyez qu’ un Papademos ou un Venizelos y arriveront ?"

Certes non et c’est bien dommage car, à croire certains économistes, les sociétés maritimes ne rapporteraient finalement pas plus de 15 mrds € au pays à cause des pratiques anciennes toujours en vigueur chez les petits nouveaux .Salaires à moitié au noir pour éviter de payer des cotisations sociales, employés du tiers monde pour travailler sur les bateaux afin de payer des salaires plus bas, réparation des navires faites en Turquie car moins chères etc...

En fait pour les armateurs le danger ne vient pas de la crise que traverse le pays mais de l’Empire du milieu, la Chine avec qui ils ont du s’allier. Restant encore les plus grands transporteurs, les Grecs acheminent les produits des plus grands producteurs de produits finis : les Chinois. Mais jusqu’à quand ? Les Chinois on déjà construit cinq chantiers Navals pour construire leur propres navires .Les voir transporter eux même leurs produits n’est qu’une question de temps.

De plus pour être pour être sûrs de ne louper aucun marché, les Chinois ont promis en 2011, un an après avoir raflé la concession de deux quai du Pirée pour 3,4 mrds €, de donner 5 mrds € aux armateurs grecs afin qu’ils construisent leurs navires….en Chine. Apparemment ça marche : Sept cargos ont déjà été commandés et une option sur huit autres est prise . Pour Georges Xidarakis, « il ne s’agit pas de danger mais de libre concurrence et dans ce domaine, nous n'avons peur de personne ! »

Les armateurs grecs

Liste Forbes

Spiro Latsis (65 ans) et famille 5,3 milliards de $
Descendant d'une famille d'armateurs, vit en Suisse. A la tête de la plus grande banque du pays depuis la fusion de la sienne, Eurobank, avec Alpha Bank. Présent aussi dans le raffinage, les voyages, l'immobilier (dont le Bridgewater House de Londres)...adorait prêter son « petit yacht » à la famille royale britannique pour qu’elle y passe ses vacances.


Philip Niarchos (56 ans) 2,5 milliards de $
Fils aîné du célèbre armateur Stavros Niarchos. Partage sa vie entre la Grèce et la Suisse. Sa fondation est très active : rénovation de l'Opéra, de l'université, de la pinacothèque d'Athènes, nombreux hôpitaux et mise en valeur d'un front de mer près d'Athènes. Il débloque des fonds, un million, pour venir en aide aux Grecs frappés par la crise.

Famille Angelopoulos 1,2-1,7 milliard de $
Théodoros (68 ans) est l'époux de Yanna Aggelopoulou organisatrice des JO de 2004. Présent dans l'édition avec un quotidien, possède un chantier naval aux Pays-Bas qui produit des yachts. A hérité, avec son frère Konstantinos (66 ans), de leur père, magnat de l'acier et armateur.

Vardis Vardinoyannis (78 ans) et Marianna 711 millions de $
Patron de Motor Oil Hellas, possède un réseau de stations-service. La famille, présente dans l'édition, la radio, la télé via Mega, est propriétaire d'un club de foot et d'une compagnie de ferrys. Marianna, sa femme, est très présente dans le caritatif. Elle tente de construire un hôpital pour enfants cancéreux via son association EPLIDA

Yannis Costopoulos (73 ans) 425 millions de $
Originaire de Kalamata. Possède le Hilton d'Athènes. Propriétaire d'Alpha Bank, fondée par son grand-père il y a 160 ans, il a fusionné avec l'Eurobank, se retrou vant à la tête de 1 300 succursales. Sa fondation subventionne bibliothèques, fouilles, films, églises...

Sans oublier les Vernicos , les Oikonomou, les Alafouzos , Les Tsacos les Victor Restis etc...


Ça commence à Berlin 


C’est la semaine où tout commence pour François Hollande. Mardi à 10 heures, il présidera la France. Mardi à 20 heures, à Berlin, il deviendra le Président que regarde et qu’espère l’Europe. Les élections se suivent et se ressemblent pour les socialistes. Hier, la gauche a gagné le scrutin dans la grande région industrielle d’Allemagne, humiliant le parti d’Angela Merkel. Les sociaux-démocrates allemands ont ainsi donné procuration à leur ami français pour fixer un nouveau cap à l’Europe face à cette Chancelière chancelante, désormais contrainte d’intégrer la notion de relance dans sa définition du mot réforme jusque-là synonyme de rigueur. Pour cette Espagne indignée, pour cette Grèce ingouvernable, au bord de la révolution, la seule solution possible est bien cette Europe que les peuples désignent comme le problème.
François Hollande, seul homme neuf, seul dirigeant légitimé par les urnes, va porter sur ses épaules le sauvetage de l’euro, la mission de la réconciliation, l’espoir d’un équilibre entre la discipline chère aux Anglo-Saxons et la croissance qu’attendent des millions de chômeurs. Cette charge ne lui laissera pas le temps de présider la France… ou alors il se tromperait de priorité. Le « Berlinois » François Hollande aura besoin d’un Premier ministre pour s’occuper des affaires du pays. Pas un simple collaborateur.

La politique au front de taureau


Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon seront face à face dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. On n'en profitera pas pour les renvoyer dos à dos. Beaucoup les sépare. Leur filiation, leurs références, leurs intentions, leurs rêves et leur utopie. La gauche radicale et la droite extrême n'ont pas la même vision de l'homme et pas la même morale.


Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon prétendent s'inscrire tous deux dans un cadre républicain. Mais le second y est né, y puise ses forces et ses inspirations quand la première est reliée à une tradition longtemps ennemie de la Révolution française.
L'un et l'autre ont pourtant choisi le même terrain. Qu'il ne soit pas leur berceau ne les disqualifie pas. L'important est de savoir pourquoi ils ont jeté leur dévolu sur ce morceau de France fracassé par la crise et ce qu'ils lui proposent pour sortir de cette spirale de la misère économique engendrant le déclassement social, précipitant le désarroi culturel et dégradant jusqu'à la santé de sa population.
Ce qu'ils offrent tous les deux, c'est un discours, surtout un discours. Ils éructent et admonestent ils sermonnent et ils dénoncent ils sont plus à l'aise dans l'imprécation que dans la précision ils peuvent se livrer tout entiers au plus échevelé des lyrismes et promettre des lendemains qui chantent puisque, de toute façon, ils n'arriveront pas de sitôt au pouvoir.
Ils ne disent pas les mêmes choses, ne promeuvent pas les mêmes idéaux mais ils fabriquent tous les deux un monde irréel, où il fera bon vivre parce que les causes supposées de tous nos maux seront évacuées.
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon font de la politique un puissant jet d'eau à la main. La première refoule les immigrés et l'euro. Le second les riches et le marché. La patronne du Front national pose ensuite des herses aux frontières en rêvant d'une France des années cinquante et soixante souriant à la paix retrouvée et à la reconstruction. Le patron du Front de gauche fait comme si la mondialisation était réversible et réinvente l'illusion de l'avenir radieux qui avait précipité le socialisme des origines dans le communisme totalitaire.
Ils sont deux formes différentes de la nostalgie, cette maladie sénile des sociétés qui refusent de changer. Ils n'ont pas la même vision du monde, mais croient tous les deux qu'il est scindé entre le bien et le mal.
Ils partagent peu de choses mais ressuscitent une politique « au front de taureau » (comme le disait Baudelaire à propos de la bêtise). Celle qu'ils vont servir à une population de la 11e circonscription du Pas-de-Calais, estimant sans doute que sa détresse la rend sourde à un discours nuancé, réaliste, rationnel, équilibré, que la complexité de la crise impose pourtant.

Grèce : La Gauche démocratique douche les espoirs d'une coalition

Avant même le début des discussions qui seront menées par le président Carolos Papoulias ce lundi pour tenter de former un gouvernement de coalition, le leader de la Gauche démocratique annonce qu'"aucun gouvernement d'unité ne peut voir le jour".

Alors que se tiennent ce lundi, les discussions menées par le président de la République Carolos Papoulias pour une ultime tentative de former une coalition gouvernementale, le chef de la Gauche démocratique annonce d'ores et déjà l'échec de ces négociations. Un gouvernement d'unité nationale ne peut pas être formé en Grèce, a-t-il ce lundi matin. "Aucun gouvernement d'unité ne peut voir le jour," a affirmé Fotis Kouvelis, leader du petit parti de la Gauche démocratique pro-europén (Dimar) sur la télévision Antenna ce lundi matin.
Fotis Kouvelis a pointé le refus du parti de la gauche radicale Syriza, arrivé deuxième aux élections et opposé au programme d'austérité réclamé par les créanciers du pays, de se joindre à une coalition.
"Un gouvernement n'incluant pas Syriza n'aurait pas le soutien populaire et parlementaire nécessaires", a déclaré l'ex membre de Syriza qui a quitté le parti en 2010. Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, a pour sa part déjà annoncé qu'il ne se joindrait pas aux discussions sous la houlette du président grec prévues dans l'après-midi. Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les socialistes du Pasok ont eux aussi été conviés, dans une ultime tentative pour sortir de l'impasse politique.
Fotis Kouvelis a réitéré la position de son parti, selon lequel la Grèce doit "immédiatement" commencer à cesser d'appliquer la sévère cure d'austérité imposée par l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), qui selon lui a plongé le pays dans une grave récession. Les partis politiques grecs ont échoué à trouver un accord de coalition une semaine après les élections du 6 mai qui ont fortement sanctionné les partis pro-austérité. De nouvelles élections pourraient être convoquées en juin si aucune coalition ne voit le jour d'ici jeudi.

Les au revoir de Nicolas Sarkozy à ses collaborateurs

Le bientôt ex-président ne dira pas un mot d’ici mardi, jour de son départ de l’Elysée. Il a réservé ses dernières paroles à ses collaborateurs.
Nicolas Sarkozy n’a rien dit depuis une semaine et ne prendra pas plus la parole jusqu'à mardi, jour de son départ définitif de l’Elysée. Pas question de faire une déclaration à la télévision comme le fit en 1981 Valéry Giscard d’Estaing, seul président sortant battu jusqu’à Nicolas Sarkozy.
Le bientôt ex-président de la République a réservé ses mots aux siens. Ses militants le dimanche 6 mai. Les ténors de l’UMP le lendemain. Ses ministres le mercredi suivant. Nicolas Sarkozy a eu aussi une attention particulière pour ceux qui l’ont servi : chauffeurs, cuisiniers et policiers dont certains qu’il a décorés. Vendredi dernier, il a achevé ses adieux de chef de l’Etat aux membres de son cabinet, une soixantaine de personnes.

"Il faut prendre la vie avec appétit parce que si on n’a pas d’appétit, la vie elle passe"

Réunis dans un salon, ils ont écouté le dernier discours de leur "patron". Un moment "émouvant" selon plusieurs témoins. Nicolas Sarkozy a improvisé un propos personnel. Il a d’abord évoqué la "tristesse". "Elle est autorisée, c’est un sentiment créatif et c’est un sentiment qui a une fin. L’amertume ce n’est pas autorisée parce que l’amertume ne crée rien et l’amertume est inextinguible. Plus on est amer, plus on est haineux, a-t-il poursuivi. La tristesse est un sentiment naturel créatif et qui a une fin."
Devant le même public, il a ensuite philosophé sur le succès et l’échec : "Il faut prendre la vie avec appétit parce que si on n’a pas d’appétit, la vie elle passe. Enfin, vous savez, la qualité des gens dans la vie, elle se voit à la façon dont ils gèrent les succès et l’échec : on doit avoir la même attitude passionnée et humble face à cela". Enfin, il a évoqué à mi-mot son état d’esprit au moment de quitter ses fonctions de président de la République. "Il faut prendre des virages et on s’aperçoit que dans chaque pièces qui s’ouvre il y a des nouveaux bonheurs et en tout cas c’est une question d’état d’esprit. Le bon état d’esprit c’est la reconnaissance de ce que la vie nous a donné, la curiosité de ce que la vie va nous réserver à tous. On a créé un réseau qui ne se détruira pas parce que l’on a perdu les élections", a-t-il conclu. Preuve que Nicolas Sarkozy s’éloigne de la politique, de ses collaborateurs. Sans pour autant prononcer des mots définitifs.
Bruno Jeudy - Le Journal du Dimanche

Le PS veut sauver le soldat Ayrault

Ségolène Royal et Vincent Peillon ont loué "l'intégrité" de l'élu condamné pour favoritisme.
Il y a des hasards qui ne le sont pas vraiment. En tout cas, pas pour Ségolène Royal. La présidente PS de la région Poitou-Charentes invitée dimanche du Grand Rendez-vous d'Europe 1/i-Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France, s'est dit "choquée" par la polémique autour de la condamnation de Jean-Marc Ayrault pour favoritisme en 1997.
"Je suis très choquée que soit ressortie comme par hasard cette affaire qui date de plus de 15 ans, qui a été ensuite effacée compte tenu des règles juridiques que vous connaissez très bien", a souligné Ségolène Royal. Depuis 2007, "cette péripétie judiciaire n'a même plus à être évoquée publiquement, c'est une faute contre laquelle il pourrait demander réparation, ce qu'il ne fera pas bien évidemment parce qu'il ne veut pas alimenter cette chronique".
Me Jean-Pierre Mignard, l'avocat de Jean-Marc Ayrault, a rappelé vendredi que cette condamnation était "nulle et anéantie par la réhabilitation intervenue en 2007". "Nul ne peut plus l'invoquer sans être en infraction avec la loi pénale", a-t-il ajouté.

"Ce coup bas ne l'atteindra pas"

"Disons que ça fait partie des coups bas en politique, mais ce coup bas ne l'atteindra pas parce que tout le monde sait que Jean-Marc Ayrault est un homme parfaitement intègre qui s'est consacré corps et âme au service du bien public et qu'il continuera à le faire à la place qui sera la sienne", a encore dit Ségolène Royal. Pour celle dont le nom est évoqué pour prendre le perchoir de l'Assemblée nationale, rien ne pourrait donc empêcher le député-maire de Nantes de devenir Premier ministre.

"Il a payé pour sa faute"

Vincent Peillon a lui aussi apporté dimanche son soutien à Jean-Marc Ayrault. Vantant la "très grande intégrité" de l'élu nantais sur Canal+, le conseiller éducation de François Hollande a rappelé qu'il avait "immédiatement assumé" ses responsabilités dans cette affaire il y a 15 ans. "Il y a eu ce moment, qui était un moment d'ailleurs de distraction, de non observation, et il l'a immédiatement assumé en son nom propre, et il a laissé la justice passer sans faire appel", a déclaré Vincent Peillon.
"Il a payé pour sa faute", a insisté le député européen. "Celui qui décidera si on fait exception ou pas (à l'engagement de M. Hollande de ne pas travailler avec des personnes jugées et condamnées, ndlr), c'est le président de la République", a-t-il conclu.

MIS À PART LE FAIT QU'IL A VRAIMENT UNE TÊTE DE CON, VRAIE PIÈCE À CONVICTION, CE TYPE N'EST MÊME PAS UN BON PROF D'HISTOIRE GÉO.

Hollande : les merguez halal c’est maintenant ! (vidéo)

Élu grâce aux votes communautaires de 90% des Musulmans de France, François Hollande leur a fait croire (à tort, espérons), qu’il comptait régulariser massivement les sans papiers et que la famille du bled pourrait désormais venir les rejoindre facilement. Une vidéo illustre parfaitement comment Hollande et le PS ont sacrifié la France sur l’autel du communautarisme.

On voit sur cette vidéo un homme qui assume parfaitement devant les caméras qu’il est hors la loi. Il explique qu’il est tellement content que François Hollande ait été élu, car maintenant il va pouvoir obtenir des papiers. Il précise qu’avec Hollande les étrangers seront les bienvenus et que c’est pour cela qu’il fête sa victoire. Nouveau pays islamiste oblige, l’homme revient à la charge pour rappeler à tout le monde que ses merguez sont halal.
Tous les dangers et les contradictions de la position démagogique du Parti socialiste quant à l’immigration et à l’Islam sont résumées dans ces images.


De  deux choses l’une. Soit François Hollande compte réellement mettre en place une politique encore plus laxiste quant à l’accueil des étrangers, auquel cas il aura fini de dissoudre la Nation française dans le cosmopolitisme et la mondialisation pour servir sa petite carrière.
Soit il compte adopter la même politique que Nicolas Sarkozy (et globalement l’ensemble des pays de ‘L’UE), auquel cas il a menti à ces millions d’étrangers qui ont placé tant d’espoir en lui, il les a manipulés,… et tout ceci se finira par des émeutes ou une guerre civile, quand ces pauvres vendeurs de merguez se rendront compte qu’il sont été instrumentalisés une énième fois par le PS.

Nicolas Sarkozy ne sera pas Giscard: il ne dira pas « au revoir » aux Français.

Nicolas Sarkozy ne sera pas Valéry Giscard d’Estaing. Pas d’au revoir et de chaise laissée vide après une courte allocution télévisée. "Le président sortant s’est adressé pour la dernière fois aux Français, lors d’un discours reconnaissant sa défaite à la mutualité le 6 mai", indique Franck Louvrier. « La France a un autre président », avait dit M. Sarkozy, qui considère qu’avec les cérémonies du 8 mai, aux côtés de François Hollande, il a réussi sa sortie. « C’est la première fois que le discours du perdant était meilleur que celui du gagnant », assure un collaborateur de l’Elysée. Il veille a ne rien faire, rien dire qui injure l’avenir. Quitte à revenir dans le match politique et tenter une revanche en 2017, si aucun leader à droite ne s’est imposé. M. Sarkozy ne veut pas dire qui de Jean-François Copé  ou de François Fillon, il soutient, dans la guerre de succession à droite. « C’est Copé », glisse un ami. « Chacun dit ce qu’il veut ou croit entendre », assure un second, qui ajoute : « N’oubliez pas Juppé ».
Nicolas Sarkozy quittera le palais de l’Elysée en voiture, et pas à pied, à la différence de Valéry Giscard d’Estaing qui avait eu droit à des « Giscard au chômage », lancés rue du Faubourg Saint-Honoré.
A l’Elysée, donc on vide les bureaux. On a vu sortir les chemises blanches de Nicolas Sarkozy. Hors de question d’être en retard. Lors de la passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, ce dernier avait eu quelques propos vifs avec Bernadette, qui n’avait pas bouclé ses cartons alors qu’elle savait qu’elle quittait les lieux depuis des mois.
M. Sarkozy accueillera à 10 heures M. Hollande. Le chef de l’Etat sortant lui expliquera le fonctionnement des codes nucléaires, s’entretiendra avec lui pendant une vingtaine de minutes. Tutoiement de rigueur pour des gens qui se connaissent depuis toujours et ont le même âge. De source élyséenne, on indique que l’entretien entre Nicolas Sarkozy et François Hollande le soir de la défaite avait été chaleureux. Outre quelques dossiers stratégiques, on parlera du recasage de Xavier Musca, secrétaire général de l’Elysée. Et ce sera tout. Raccompagné par M. Hollande, M Sarkozy s’en ira, comme ses collaborateurs. Tous doivent avoir laissé les locaux disponibles à ce moment.
Lorsque commencera la cérémonie d’investiture, ce sera l’ère de François Hollande. Ce sont ses équipes et elles seules qui valident les invitations pour la cérémonie de passation de pouvoir.
Les équipes entrantes feront la course aux bureaux. En 2007, Henri Guaino, la plume du candidat Sarkozy,  avait exigé le bureau jouxtant celui du président, la chambre Murat, reléguant Emmanuelle Mignon, rédactrice du programme, à une aile du château. Après le temps de la conquête, celui du dur exercice du pouvoir avait commencé et fait sa première victime.