mercredi 18 juin 2014
Une gauche de trop
Une gauche de trop
Allez y comprendre quelque chose ! Avec le vent de fronde qui le traverse, le PS est cul par-dessus tête. En désaccord avec la politique économique conduite par l'exécutif, voici que les députés socialistes contestataires refusent d'être traités en « sécessionnistes ». Ils estiment au contraire que c'est le gouvernement qui est sorti de la majorité issue des urnes après la présidentielle. De fait, il y a loin des charges tonitruantes du candidat Hollande contre la finance, au virage social-démocrate opéré ces derniers mois. La nomination de Manuel Valls à Matignon a achevé de symboliser ce que les frondeurs considèrent comme une trahison.
La vigueur des avertissements lancés par le Premier ministre, relayés par les dirigeants du parti, souligne l'ampleur du malaise. « La gauche peut mourir » avait dramatisé samedi Manuel Valls. À quoi les réfractaires ont répondu insolemment que ce qui pouvait faire mourir la gauche était qu'elle ne soit plus… de gauche. Hier matin, lors de la réunion de groupe PS, le Premier ministre s'est employé à calmer le jeu, au prix de concessions sur quelques amendements des « rebelles », avant l'examen des textes budgétaires à l'Assemblée.
Manuel Valls s'est même félicité de « voir l'esprit de responsabilité » avancer. Il n'empêche que c'est bel et bien la résurgence de deux gauches, au sein du PS, à laquelle on assiste. Pendant combien de temps, Manuel Valls parviendra-t-il à concilier l'inconciliable en imposant une « caporalisation » du parti ? Surtout que le cercle « des 41 frondeurs » s'est élargi avec les amorces de rapprochement avec les Verts et les communistes, qui rêvent d'une majorité alternative de « vraie » gauche.
L'exécutif est plus que jamais pris entre deux feux alors que la Cour des comptes, dubitative sur les objectifs du pouvoir, en a encore appelé hier à des efforts supplémentaires. Il est vrai que si le gouvernement lâche du lest de tous côtés pour contenir la grogne, on ne voit toujours pas se dessiner les grandes économies promises. En vérité, deux gauches, c'est une de trop pour mener une politique cohérente.
François Hollande : mon ennemi, c'est le socialisme !
S'il est un domaine qui s'est vu retirer toute influence socialiste, c'est bien le domaine économique. Les cadres judiciaire, social, ou éducationnel par exemple de la politique gouvernementale conservent aux socialistes une
marge de manœuvre, leur permettant de marquer leur différence avec une politique dite «de droite». Le rapport à l'autorité qu'il s'agit d'accorder aux forces de l'ordre, ou l'initiative militaire dans le cadre d'opérations extérieures peuvent également faire état de différences politiques classifiables en termes de droite et de gauche. L'économie a perdu ce privilège, exception faite peut-être du questionnement fiscal, lequel a malheureusement été réduit à la triviale antienne: plus ou moins d'impôts?, ou de celui qui consiste à trouver le moyen de rehausser les salaires minimum et d'en plafonner d'autres.
Pourquoi cette dépossession? Elle s'est accomplie en plusieurs étapes, et nous passerons rapidement sur la dimension théorique dont l'élément déclencheur a été le moment révisionniste bernsteinien, au tournant du XXème siècle, lorsque la critique du marxisme orthodoxe a vu le socialisme emboiter le pas au libéralisme pour faire de l'accroissement de la richesse l'unique moyen d'endiguer la prolétarisation des masses. Toute la question est alors devenue, comment accroitre la richesse et favoriser la redistribution? Le socialisme de gouvernement a peu à peu adopté tous les présupposés du capitalisme qu'il s'était pourtant, un siècle auparavant, engagé à combattre, voire à exterminer. Le renoncement au concept de lutte des classes a constitué une des premières étapes, initiée par Jaurès, suivie par l'acceptation de l'économie de marché, par le renoncement à la nationalisation massive, puis à la nationalisation tout court, par l'acceptation de l'ouverture des frontières et la validation des théories du libre-échange, et, enfin, par la dépossession des seuls instruments qui pouvaient encore conférer aux théories keynésiennes un semblant d'emprise sur l'économie nationale, la monnaie et le budget.
Sachant que ces renoncements ont été le fait de gouvernements de gauche aussi bien que de gouvernements de droite, c'est-à-dire sachant que ces renoncements ont été assumés - même si pas toujours ouvertement - par l'ensemble des partis de gouvernement, il naît toujours une forme de stupéfaction à entendre un dirigeant socialiste avancer des propositions audacieuses en matière économique, qui, sur le papier, tranchent avec les présupposés libéraux, car tous savent aujourd'hui que ces bases du libéralisme ont été validées par ailleurs depuis des décennies. Est-ce à dire qu'un dirigeant socialiste ne serait pas à même d'impulser une politique économique socialiste innovante? Disons qu'aujourd'hui, être innovant, pour un socialiste qui voudrait rester socialiste, ne saurait rimer avec les objectifs et les moyens traditionnellement définis. Un dirigeant de droite, vu le manque de flexibilité de notre marché de l'emploi, pourrait envisager d'accroître cette flexibilité - malgré la complexité politique d'une telle entreprise. Il pourrait songer à réduire encore le périmètre de l'Etat. A ouvrir d'autres secteurs de l'économie nationale à la concurrence. En bref, à s'inscrire dans une lignée hayekienne, et viser ainsi à placer la France dans l'axe des pays anglo-saxons. Que pourrait faire un dirigeant socialiste qui soit vraiment socialiste? La dimension conjoncturelle de l'économie est désormais entre les mains de l'Europe. Ceci ne dérange que peu un économiste néo-classique pour qui la monnaie est neutre et l'intervention de l'Etat sur le plan budgétaire néfaste. En revanche, pour un (néo, ou post) keynésien, ceci revient à se retrouver les mains liées dans le dos. Structurellement parlant, prenons l'exemple de la réindustrialisation du pays, qui est un des axes privilégiés du moment. Celle-ci ne saurait exister ailleurs que sur le papier. Car dans les faits, elle est «socialistiquement» impossible. En effet, elle supposerait tout d'abord des investissements. Ils ne sauraient être intérieurs car le pays est financièrement exsangue, et les socialistes en ont officiellement pris acte ; ils ne saurait être entièrement extérieurs, car comment un socialiste pourrait accepter de soumettre l'industrie de son pays à des investissements étrangers dont on connaît la nature de plus en plus spéculative?
Repenser la structure de l'économie sans en changer entièrement les termes suppose également des débouchés, pour que les biens manufacturés qui seront produits consécutivement à cette réindustrialisation puissent se transformer en exportations. Nous savons qu'à la fois le coût du travail élevé - contre lequel les socialistes sont impuissants de peur d'affaiblir les bas salaires et de précariser leur électorat -, et le niveau de la monnaie - dont le contrôle leur a été retiré - réduisent la compétitivité des produits «made in France», et de facto rendent ce vœux de réindustrialisation pieux. Nous pourrions montrer que la question de l'emploi, et donc de la recherche de la croissance, met à jour des contradictions similaires. Dans ce domaine, et dans bien d'autres, comme l'économie verte, les services, l'agro-alimentaire, etc., même en imaginant que de telles politiques soient mises en œuvre, on peine à comprendre quelle pourrait être la marque socialiste qui permette de se différencier d'une politique similaire menée par la droite, et qui permette dans le même temps de gagner en effectivité. L'absence de théorie macro-économique réellement alternative aux théories libérales, et applicable dans le cadre d'une économie ouverte telle que la nôtre, constitue un frein majeur. Par ailleurs, le niveau d'acceptation par la gauche, au fil des décennies, des présupposés du capitalisme leur a désormais interdit toute politique innovante tant que les termes du contrat qui les lie avec le système capitaliste n'auront pas été profondément repensés. Cela supposerait des choix radicaux qu'ils ne sont manifestement pas prêts à accomplir - si tant est que la population, de toute façon, le soit.
Le dernier choix en date, celui du conseiller économique de l'Elysée en la personne de Laurence Boone , confirme ce diagnostic. Son profil, par ailleurs très compétent dans son domaine, est celui d'une spécialiste de l'économétrie et de la finance. Le dernier aspect, financier, - elle a été débauchée de la banque Meryll Lynch après être passée chez Barclays - est sans appel et atteste de la voie libérale progressivement suivie par la gauche en matière économique. L'autre aspect, économétrique, est davantage intéressant. Car en effet, sur le type de profil de son conseiller économique, François Hollande avait une carte à jouer. Il a choisi un calculateur, un spécialiste de ces modèles mathématiques qui structurent les canaux de la finance. Il aurait pu faire un autre choix. Les économistes capables d'inscrire leur réflexion dans un cadre gouvernemental tout en conservant leur dimension atypique, ou hétérodoxe, ou, pourrait-on dire, «alter-capitaliste», pour paraphraser la dimension «alter-mondialiste» insufflée au commerce international par des économistes issus de la même veine, sont suffisamment nombreux pour qu'un choix raisonnable puisse être réalisé en leur sein. Un tel choix aurait marqué le quinquennat de François Hollande d'une pierre blanche, car, après avoir appelé à Matignon un tenant de l'aile droitière du parti, il aurait réaffirmé sa volonté de repenser la dimension économique de sa présidence sous l'angle socialiste, ou «néo-socialiste». Manifestement, tel n'a pas été son choix. Un nouveau pas, même s'il n'est pas décisif, en direction d'une politique économique libérale a été franchi. Comment éviter dès lors que les français interrogent la crédibilité d'un Président de la République qui mène une politique économique de droite à reculons - c'est-à-dire sans en prendre toute la mesure, et donc sans en tirer tous les bénéfices - tout en tenant un discours de gauche?
Face à la menace fell et viet sur les Champs-Elysées, mobilisation générale !
Face à la menace fell et viet sur les Champs-Elysées, mobilisation générale !
Depuis notre article mobilisateur du 4 juin dernier (« Des fellouzes et des Viet-Minh dans le défilé du 14 juillet ! »), les choses ont bien bougé. Grâce, notamment, à l’immediat response des associations de rapatriés d’Afrique du Nord, celles des anciens combattants, des anciens d’Indochine, etc.
Leurs initiatives pour contrer cette insupportable provocation, leurs communiqués pour appeler à marcher là contre, sont si nombreux que nous ne pourrions les reproduire tous dans le seul cadre de ce numéro. Je vous invite donc à vous reporter aux sites internet de Jeune Pied-Noir, VERITAS, USDIFRA, UNP, Anfanoma, Adimad, UNC, Cercle algérianiste, UNC, etc.
Signalons cependant que, à l’initiative de Jeune Pied-Noir, a été mis en place un Groupe unité action 14-Juillet 2014 pour dire non au défilé sur les Champs-Elysées des armées algéro-FLN et vietnamo-communistes.
Ce Groupe est ouvert à tous ceux qui refusent cette falsification de l’Histoire, cette insulte aux « Morts pour la France » de 1870, 1914-1918, 1939-1945, Indochine, AFN et TOE. Il s’agit dans un premier temps – mais le temps passe vite : il reste moins d’un mois – de réfléchir en commun sur les actions légales envisageables pour empêcher l’inacceptable.
Les premières actions peuvent consister à envoyer une simple, ferme mais courtoise, lettre de protestation à Hollande (pas à Kader Arif, c’est un zombie béni-oui-oui) et à signer une pétition. Ce qui ne représente pas beaucoup d’efforts. On peut aussi envisager une manifestation, pacifique et motivée, sur les Champs-Elysées le 14 juillet. Envisageable, encore, mais ça coûte des sous, une campagne de presse dans quelques médias.
Certains pessimistes nous disent : « C’est foutu, tout est plié, le gouvernement qui a envoyé ses bristols à Alger et à Hanoi ne voudra pas se déjuger. »
Rien n’est joué ! Faut-il rappeler qu’en juin et juillet 1958, sans les moyens mobilisateurs dont on dispose aujourd’hui, l’armée française avait organisé le déplacement en métropole de 4 000 anciens combattants et de 3 000 jeunes Français musulmans. Venus de toutes les villes et de tous les villages d’Algérie française pour défiler, sur les Champs-Elysées, devant le président Coty. En application d’un certain discours qui expliquait : « Il n’y a désormais en Algérie que 10 millions de Français à part entière et avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. » Ces 10 millions de Français qui votèrent la nouvelle Constitution à 97,3 % et envoyèrent à l’Assemblée 70 députés Algérie française (dont le Bachaga Saîd Boualam).
En 1914-1918 et en 1939-1945, comme pendant les événements d’Algérie, tous les habitants de notre province livrée aux fellaghas étaient des citoyens français régis par les lois des gouvernements légaux. Il en va de même pour l’ancienne Indochine française (dont une partie est devenue le Vietnam communiste) et pour tous les territoires sous souveraineté française avant leur indépendance.
Alors ? Alors mobilisation générale ! Pour vous tenir au courant de l’état des lieux, voici – outre Présent, bien sûr – deux adresses (région Nord et région Sud) : Jeune Pied-Noir, BP 4, 91 570 Bièvres (Bernard Coll au 06 80 21 78 54 et jeunepiednoir.pagesperso-orange.fr) et USDIFRA, Les Renaudes, 83 210 Solliès-Port (Gabriel Mène au 06 09 78 58 92).
Sortir du déni
Sortir du déni
Les avertissements sont de plus en plus nombreux et de plus en plus pressants : la France ne tiendra pas ses objectifs de croissance. Elle ne parviendra pas, en l’état, à réduire ses déficits ni à contenir sa dépense publique comme elle s’y était engagée.
Les mises en garde se multiplient, et pourtant, rien ne bouge. Certes, Manuel Valls affiche une détermination sans faille, et il faut lui rendre grâce de porter haut ce discours. Mais au-delà des mots et des postures, regard d’acier et menton bien droit, les actes manquent de l’ampleur nécessaire : Bruxelles, la Cour des Comptes, le Haut Conseil des Finances publiques, tous le disent. Et rien ne change. C’est le déni absolu.
Mais qu’attendent-ils, ceux qui prétendent réformer, pour admettre que les deux premières années de François Hollande ont planté le pays, et qu’il est vidé de ses forces comme aucun autre ne l’est en Europe ? Pour comprendre que les efforts actuels sont encore peu de choses au regard de ce qui serait nécessaire pour sortir la France de ces sables mouvants dans lesquels elle s’enfonce ? Pour avouer que la croissance n’atteindra certainement pas ce modeste 1 % auquel le pouvoir s’accroche contre toute évidence ? Et que le chômage continuera à augmenter… Qu’attendent-ils pour sortir du déni ?
Ces mensonges sont graves : ils installent l’opinion publique dans l’idée que la France est déjà au taquet de l’austérité, alors qu’elle ne fait qu’effleurer la rigueur. Ils éloignent tout espoir d’avoir des résultats, ce qui revient à saper toujours plus la confiance dans la politique et ceux qui l’incarnent. Enfin, ils laissent le champ libre à tous les zélateurs d’une « autre politique », celle du moindre effort. Celle qui nous ferait passer du déni à la supercherie.
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