mercredi 25 juillet 2012
Petite psychanalyse de l’Etat : le gouvernement français prend-il inconsciemment les employés de PSA pour des incapables ?
Arnaud Montebourg, une erreur de casting dans le système hollandais ?
- Ce n’est pas vrai que tout le monde il est beau, que tout le monde il est gentil ;
- Ce n’est pas vrai que l’homme est né bon, que la solidarité est une valeur universelle ;
- Ce n’est pas vrai que ceux qui tiennent le haut du pavé veulent votre bien ;
- Ce n’est pas vrai qu’ils gouvernent ou servent les gouvernements dans l’intérêt général ;
- Ce n’est pas vrai qu’ils sont légitimes dès lors qu’ils ont été élus, mais qu’ils vivent sur le mensonge et la non transparence ;
- Ce n’est pas vrai qu’ils défendent et sont détenteurs des valeurs universelles comme la justice, la morale. La liste est longue, mais nous pensons que vous nous avez compris; derrière les masques de la justice, de l’intérêt général se cache toujours la loi du plus fort. Les masques ont pour fonction de vous tromper, de vous culpabiliser, de faire sorte que vos révoltes et ressentiments soient désamorcés. De faire en sorte que vous tendiez toujours la joue gauche, que vous doutiez de vous et du bien fondé de vos convictions. Les Pouvoirs ont un besoin absolu que vous perdiez confiance en vous, en vos croyances, en votre éducation; il leur faut détruire vos valeurs, vos acquis où qu’ils s’enracinent.
GRAND CHAGRIN :Royal n'ira pas aux universités d'été du PS à La Rochelle
«Elle est comme un grand sportif qui a une triple fracture. La tête va bien mais la jambe est dans le plâtre», confie au Figaro un proche de l'ex-candidate aux législatives battue par un dissident PS.
Ségolène Royal a fait part de sa décision mardi à la première secrétaire du PS, Martine Aubry. Les deux femmes, qui se sont vues longuement il y a quelques jours, avaient déjà évoqué la question à cette occasion mais Royal n'avait pas encore pris sa décision. Pour excuser son absence, Royal avance son déplacement fin août au Cap, en Afrique du Sud, où elle doit se rendre pour le congrès de l'Internationale socialiste (du 30 août au 1er septembre). Elle avancera son voyage et partira ainsi «trois ou quatre jours avant» le début du congrès, précise un proche, qui insiste sur «l'importance» que revêt ce rendez-vous aux yeux de l'ex-candidate à la présidentielle de 2007. Royal profitera de ce déplacement pour demander à rencontrer l'ancien président sud-africain, Nelson Mandela, si la santé de ce dernier le permet.
Une «scène de crime»
Le PS avait hésité à supprimer ses universités d'été de La Rochelle, estimant qu'il n'était peut-être pas très judicieux de faire une rentrée politique placée sous l'égide du rassemblement sur une «scène de crime» après le duel fratricide qui a opposé Royal et Falorni aux législatives. Finalement, les universités d'été auront bien lieu, du 24 au 26 août. «Ce n'est plus un sujet, botte en touche le tombeur de Royal, Olivier Falorni, qui par mesure de rétorsion contre le maintien de sa candidature dans la 1re circonscription de Charente-Maritime n'a pas pu intégrer le groupe PS à l'Assemblée. Nous avons gagné, pourquoi y aurait-il des problèmes, des tensions? À moins que Royal ait envie de régler ses comptes?» Dans un sourire, le député ajoute: «Moi, en tout cas, j'y serai, à La Rochelle…»Chouchoutée par Martine Aubry, Royal vient d'être nommée conseillère auprès de la première secrétaire, «en charge des mobilisations citoyennes». Deux de ses proches, Hélène Geoffroy, députée du Rhône, et Françoise Mesnard, vice-présidente de la région Poitou-Charentes, ont intégré la nouvelle équipe de direction du PS. Royal est en outre la première signataire - non ministre - à signer la contribution Aubry-Ayrault pour le congrès. «Elle place ses pions» veut croire l'un de ses amis.
Pourquoi je ne vous embaucherai pas
Il y a quelques mois, Contrepoints avait proposé à ses lecteurs une traduction de l'article
du blogueur hongrois Andor Jakab, qui avait atteint une certaine
notoriété sur la toile et dans lequel il relatait les difficultés d'un
entrepreneur à embaucher un salarié. Georges Kaplan nous propose
aujourd'hui une analyse comparable dans le contexte français.
En tant que patron et actionnaire unique, je n’embaucherai un salarié
que si j’ai des raisons objectives de penser que sa contribution aux
résultats de ma petite entreprise sera supérieure ou au moins égale à
son salaire. Je sais bien que les marxistes appelleront ça de
l’exploitation mais je me permets de vous rappeler que, dans cette
opération, celui qui prend tous les risques, c’est moi. C’est le
principe du capitalisme : celui qui investit ses économies et s’endette
même parfois lourdement pour créer son entreprise, c’est le patron.
Celui qui devra faire la variable d’ajustement si son salarié est
malade, en vacances ou en congé-maternité, c’est le patron. Celui qui
devra réduire ses émoluments, ne rien gagner du tout ou même perdre de
l’argent si ses affaires périclitent, c’est le patron. Si les
bolchéviques veulent éviter d’être exploités, je les invite à créer
leurs propres boîtes ; on en reparlera. En attendant, celui qui risque
la faillite, celui qui travaillera 60 heures par semaine sans même être
sûr de pouvoir se payer, c’est moi. Alors oui, je vous le confirme, je
n’embaucherai quelqu’un que si j’ai de bonnes raisons de penser que j’ai
quelque chose à y gagner.
Mais je suis un garçon optimiste et, à vrai dire, le simple fait
d’avoir quelqu’un avec qui discuter durant mes journées de travail est
une perspective qui m’est agréable. Aussi, suis-je prêt à embaucher un
salarié pour peu que sa contribution au résultat de mon entreprise
rembourse son salaire ; c'est-à-dire que je ne gagnerai rien et, qu’au
sens marxiste du terme, je ne l’exploiterai pas. Par exemple, si je
rencontre un candidat qui, selon mes estimations, est capable de générer
4 215 euros de bénéfices pour mon entreprise, je suis prêt à le payer 4
215 euros [1].
Un salaire de 4 215 euros, ça peut vous sembler beaucoup mais
n’oubliez pas que sur cette somme, je devrai payer 689 euros de charges
sociales dites « salariales » et 1 400 euros de charges sociales dites «
patronales » : après ces prélèvements obligatoires, la somme que je
verserai effectivement sur le compte de mon employé – son salaire net –
ne sera plus que de 2 126 euros. Et ce n’est pas fini : sur son salaire
net, il devra vraisemblablement s’acquitter de 168 euros d’impôt sur le
revenu et d’au moins 125 euros de TVA ce qui fait qu’au total, sur les 4
215 euros que je débourserai chaque mois, il disposera d’un salaire
disponible après impôts de 1 833 euros ; le solde, 2 382 euros, 56,5% de
son salaire réel, étant ponctionné par l’État. C’est, selon une étude
récente de l’Institut Économique Molinari réalisée sur la base de données fournies par Ernst & Young [2],
le deuxième taux de fiscalisation le plus élevé de l’Union européenne
après la Belgique (59,2%). Avec ces 1 833 euros il devra se loger,
s’habiller, se nourrir, payer ses factures et, s’il en reste un peu, il
pourra s’offrir quelques loisirs.
Et ça, voyez-vous, c’est déjà un gros problème. C’est un gros
problème parce que j’ai beau accepter de ne pas gagner un centime grâce
au travail de cet hypothétique salarié, j’ai tout de même besoin d’un
type compétent et motivé. Si c’est pour me coltiner un incompétent
notoire ou un bonhomme qui n’en fiche pas une et va finir par couler ma
boîte, pardon, mais je préfère faire sans. Seulement voilà : à 2 126
euros nets par mois, même pas deux fois le Smic, ça commence à être très
juste pour motiver des gens du calibre dont j’ai besoin et ce, d’autant
plus que si l’un de mes concurrents anglais avait la même idée que moi,
le salaire disponible après impôts de mon employé serait 47% plus élevé
outre-manche qu’à Marseille. Autant vous dire que pour un employeur
français, la concurrence est rude. Oh ! Bien sûr, me direz-vous, il y a
bien des gens qui sont prêts à gagner moins pour le simple plaisir de
vivre au bord de la Méditerranée ; je ne vais pas vous dire le contraire
: c’est mon cas. Mais il n’en reste pas moins que 2 126 euros nets par
mois, dans ma branche, ce n’est pas grand-chose et que ce pas
grand-chose peu vite devenir un problème.
Tenez par exemple : imaginez que j’embauche une jeune femme.
Naturellement, au sens le plus humain que ce terme puisse avoir, il
arrivera fatalement un moment où, aillant rencontré son prince charmant,
elle sera titillée par l’envie d’avoir un bébé. Elle sera donc placée
devant un choix extrêmement clair : privilégier son métier et continuer à
toucher son salaire dont elle sait qu’il n’est pas à la hauteur de ce à
quoi elle pourrait prétendre et faire un bébé et continuer à toucher le
même salaire avec l’assurance, la loi l’imposant, de retrouver son
poste à la fin de son congé-maternité. Que croyez-vous qu’elle fera ? Eh
bien, voyez-vous, pour moi ça signifie que, pendant toute la durée de
sa grossesse, non seulement elle ne rapportera pas un centime à
l’entreprise mais elle coûtera 4 215 euros par mois qui viendront en
déduction de ma rémunération ; c'est-à-dire des vacances que je peux
offrir à mes enfants, des cadeaux que j’aimerais faire à ma femme et si
ça se trouve de ma capacité à payer mon loyer. Voilà pourquoi je
n’embaucherai certainement pas une jeune femme. Croyez bien que le
regrette mais je ne suis pas riche à ce point.
Soyons optimistes et imaginons que je décide, finalement, d’embaucher
un homme ou une femme d’âge mûr qui partage mon amour immodéré pour la
citée phocéenne. Même dans ce cas, mes problèmes sont loin d’être réglés
puisque ma capacité à payer un salaire de 4 215 euros par mois est
intimement liée au chiffre d’affaires que réalise ma société. Je dois à
ce stade vous préciser que mon métier, l’activité de ma petite
entreprise, consiste à gérer un portefeuille d’actions. Vous en
conviendrez, il y a, de nos jours, des métiers qui bénéficient d’une
meilleure publicité que le mien et c’est justement là que se niche la
difficulté dont je veux vous entretenir maintenant. Je vous expliquais
plus haut pourquoi être le patron de sa petite entreprise est un métier
risqué : une des principales sources de risque tient au fait que vos
revenus ne sont pas garantis, ils fluctuent en fonction de la marche de
vos affaires et peuvent même, en période de vaches maigres, se
transformer en pertes. De toute évidence, lorsque vous êtes de surcroît
un employeur, c'est-à-dire que vous devez dans mon exemple payer vos 4
215 euros chaque mois, le risque n’en est que plus grand.
Or voilà, mon métier consistant à gérer l’argent des autres, la bonne
marche de mes affaires est naturellement conditionnée par l’existence
de clients potentiels ; c'est-à-dire de gens qui disposent d’un
patrimoine financier ; c'est-à-dire – pour reprendre la terminologie
officielle – de riches. C’est aussi simple que cela : sans riches, mon
entreprise n’existe plus et du coup, elle ne risque pas d’embaucher. Je
vais donc faire appel à votre intelligence et à votre bon sens : si vous
étiez à ma place, lorsque le président de votre pays décrète que vous
êtes son ennemi, qu’il va taxer les riches au bazooka et poursuivre ceux
qui tentent de fuir à l’étranger, qu’il va taxer les marchés
financiers, en remettre une couche sur les entreprises en général et sur
celles qui payent des dividendes en particuliers, qu’il se pique de
donner des leçons de stratégie industrielle alors que lui-même n’a
jamais rien réussi d’autre que de ruiner le département dont il avait la
charge… [3]
Vous embaucheriez, vous ? Eh bien laissez-moi vous le dire, à moins que
vous ne soyez un des très riches amis dudit président ou totalement fou
: il n’y a pas la moindre chance. Voilà pourquoi, et croyez bien que
j’en suis sincèrement désolé, je n’embaucherai pas.
De toute manière et pour être parfaitement honnête, j’ai un aveu à
vous faire : ma petite entreprise n’existe pas. Ce n’est pas que je n’ai
pas envie ni que je doute de mes capacités mais plutôt que les coûts
règlementaires qui pèsent sur la création d’une entreprise dans mon
secteur ne me permettent tout simplement pas de le faire. Nous pourrions
passer encore quelques heures ensemble – le temps que je vous décrive
par le menu ce à quoi ressemble vraiment cette soi-disant « dérégulation
de la finance » – mais je me contenterai d’un seul exemple qui, je le
crois, fixera bien les idées. Figurez-vous que, pour exercer mon métier
en France, je dois au préalable obtenir un agrément, une autorisation
administrative. Comme toute autorisation administrative, son obtention
nécessite de longues et laborieuses négociations avec l’autorité de
tutelle présumée compétente mais surtout, avant même d’entamer ce long
chemin de croix, la règlementation m’impose d’avoir embauché non pas un
mais deux salariés. C'est-à-dire que pendant environ six mois, sans même
savoir si j’obtiendrai le droit de travailler, je dois être en mesure
de financer deux emplois au tarif évoqué plus haut. Je vous fais un
dessin ?
Voilà où nous en sommes les amis. Si vous faites partie de celles et
ceux qui pensent que notre salut passera par plus de dépense publique,
plus d’impôts et plus de réglementations sachez au moins qu’au rythme où
vont les choses, il faudra bientôt prévoir un peu de la première pour
que ma famille subsiste, ne pas trop compter sur moi pour les seconds et
ne pas perdre de temps sur les dernières : il n’y aura plus grand-chose
à réguler. Lorsque vous-même ou l’un de vos enfants chercherez du
travail dans le champ de ruines que nous préparent nos bons politiciens,
vous aurez peut-être une petite pensée pour moi et pour ce job à 4 215
euros par mois que j’aurais pu vous offrir. D’ici là, bonne chance à
toutes et à tous.
NOTES:
- Je vous fais grâce des mètres-carrés, du bureau, du matériel informatique, des frais téléphoniques, de l’éventuel surcoût que représente une embauche auprès de mon comptable etc. ↩
- Cécile Philippe, Nicolas Marques et James Rogers, Fardeau social et fiscal de l'employé lambda au sein de l'UE ‐ 2012 ‐ 3ème édition (juillet 2012). ↩
- Quelques données de la gestion Hollandaise de la Corrèze selon les chiffres publiés par Bercy : un résultat comptable nettement positif en 2007 et nettement négatif en 2010, une croissance de 55% des charges de personnel et une dette qui progresse de près de 34%. ↩
Réflexion sur les riches
Petite réflexion sur l'utilité de la présence d'individus riches dans une société.
Il y a trois façons d'acquérir des richesses. Par ordre de moralité croissante, ce sont :
- la coercition,
- l'héritage,
- le marché de l'emploi.
L'héritage ne fait pas l'unanimité : dans un esprit d'égalité, certains pensent qu'il serait plus moral que toutes les personnes repartent à zéro à chaque génération. L'ennui c'est qu'on ne peut obtenir ce résultat autrement que par la coercition. D'autres pensent qu'il ne faut pas se placer du point de vue de celui qui reçoit, mais de celui qui donne. Dans une société libre, il aurait bien le droit de transmettre ce qu'il possède comme il l'entend.
Le marché de l'emploi donne une valeur exceptionnelle à certaines personnes possédant des talents particuliers, ce qui entraîne des rémunérations sortant de l'ordinaire. Ainsi un joueur de football, un acteur de cinéma peut avoir des rémunérations qui font pâlir le commun des mortels. Mais elles sont moralement justifiées dans la mesure où elles sont obtenues sans coercition. Si tel joueur, tel acteur gagne tant d'argent, c'est seulement parce que beaucoup de gens, sans y être obligés, ont envie de le voir et de dépenser un peu d'argent pour cela.
Mais est-ce totalement vrai ? Lorsque le club qui embauche le joueur est subventionné, lorsque les films qui utilisent l'acteur sont subventionnés, il y a des gens qui devront payer des impôts pour cela et à ces gens on ne demande pas leur avis. Il y a donc une part de coercition dans les revenus de certains joueurs, de certains acteurs. Mais ce n'est pas vrai pour tous, et ceux pour lesquels c'est vrai ne doivent qu'une part modeste de leur revenu à cette forme de coercition.
Le cas des dirigeants d'entreprises privées présente quelques analogies avec ceux des joueurs ou des acteurs, mais il en diffère un peu dans la mesure où il n'y a strictement aucun élément de coercition dans leur rémunération. Imaginons le cas, relativement fréquent, où une grande entreprise se trouve en difficulté. Ses actionnaires, ses dirigeants pensent que l'homme à sa tête, quelles que soient ses réalisations antérieures, ne parvient plus à faire face à la situation actuelle. Il est possible que les directeurs, quelles que soient leurs performances antérieures, aient atteint, voire dépassé, le maximum de leur compétence. Il faudra donc chercher à l'extérieur une personne capable de redresser l'entreprise. Mais cette personne est forcément quelqu'un qui réussit très bien dans sa propre entreprise. Mettons-nous à sa place : pour qu'il accepte de passer de la tête de l'entreprise florissante où il est à la tête d'une entreprise en perdition, il lui faudra bien entendu un salaire supérieur à celui qu'il a déjà, mais aussi des garanties au cas où il échouerait : des indemnités de départ et une retraite confortables. S'il échoue, on se trouve dans le cas si décrié où un dirigeant licencié dont la société fait des pertes perçoit les indemnités importantes prévues dans son contrat. Mais n'est-ce pas normal ?
On voit donc que le seul critère pour juger qu'un revenu important est moral ou pas, quel que soit son niveau, c'est le prix que lui attribue le marché libre de l'emploi. Ce prix vient du fait que ses prestations sont utiles et que les personnes qui en bénéficient le paient volontiers. Personne ne les oblige à le faire. Il n'y a donc aucune raison de juger un revenu, quel qu'il soit, comme immoral s'il est obtenu sans coercition de qui que ce soit et quoi qu'en pense l'opinion publique ou les hommes politiques.
Beaucoup s'imaginent que la rémunération doit récompenser le mérite. Cela ne fait que traduire une certaine inconsistance de la pensée. Certes, le sportif qui s'entraîne tous les jours, le chanteur qui cultive sa voix, ont quelque mérite, mais pas davantage que l'ouvrier de fonderie qui travaille pour nourrir sa famille. Dans l'entreprise libre, et malgré le vocabulaire courant, les augmentations dites "au mérite", ne récompensent pas un vague mérite abstrait impossible à mesurer, mais bel et bien l'accroissement de la contribution de l'employé aux résultats de l'entreprise. Si l'entreprise a un cadre très performant, et si elle veut le garder, il faudra qu'elle lui verse un salaire un peu supérieur à celui qu'il pourrait trouver ailleurs. Là encore, c'est le marché qui détermine le revenu. Ce n'est pas aussi vrai pour les ouvriers, car leurs salaires sont soumis à tout un tas de règlementations négociées entre l'État et les syndicats qui violent la loi de l'offre et de la demande. Contrairement à ce qu'un vain peuple pense, cela n'est pas forcément favorable aux bons ouvriers.
C'est aussi au "mérite" que se réfèrent les hommes politiques lorsqu'ils portent des jugements sur les revenus de tel ou tel. Ce sont ces jugements qui déterminent les salaires dans la fonction publique et dans la totalité des fonctions dans les régimes totalitaires. Mais qui est juge de ce mérite ? L'État ? Existe-t-il un moyen objectif de le mesurer ? Non ! Le revenu résultant d'un service rendu par une personne n'est juste que dans la mesure où ce service est jugé suffisamment utile par les personnes qui en bénéficient pour qu'elles le paient volontairement.
En résumé, le seul critère pour juger si un revenu est juste ou injuste, c'est le degré de coercition qui a été nécessaire pour l'obtenir. Un revenu obtenu sur un marché libre en dehors de toute coercition est juste quel que soit son montant. Coercition est le mot clé.
Même si les riches ont obtenu leurs revenus sans coercition, on peut se demander si la façon dont ils emploient leurs richesses est utile pour la société. En effet, les politiques au pouvoir, aujourd'hui comme hier, ont besoin de taxer les citoyens pour couvrir leurs dépenses inconsidérées. Lesdits citoyens acceptent plus facilement ces taxes si on leur fait croire qu'elles vont s'appliquer "aux riches". Il y a là une triple malhonnêteté :
- Il y a beaucoup trop peu de gens très riches pour couvrir les accroissements des dépenses de l'État ou commencer à rembourser les emprunts antérieurs. Ainsi, M. Hollande veut taxer à 75% les ménages dont le revenu excède un million d'euros par an, mais il n'y en a guère qu'environ 0,01%, soit un sur dix mille. Ce n'est pas assez pour couvrir les nouvelles dépenses. Pour mémoire, il y a seulement un ménage sur mille dont le revenu dépasse 240 000 Euros par an.
- Les gens très riches, et c'est là le point principal, dépensent leur argent de façon beaucoup plus utile pour la société que l'État. En effet, ils ne laissent pas cet argent dormir dans des bas de laine. Ils ne l'utilisent pas à entretenir des danseuses. Même si certains d'entre eux font quelques dépenses ostentatoires, comme acheter une voiture de luxe, ces dépenses ne représentent qu'une fraction faible de leur revenu. Le reste est investi dans des entreprises, la leur en particulier, et servira ainsi à produire de nouveaux biens et services qui contribueront à l'augmentation des niveaux de vie et la diminution du chômage. On dira que la partie que l'État va leur prendre servira aussi à investir, mais ce n'est pas complètement exact. Une partie servira à couvrir des dépenses courantes dont l'État pourrait se passer s'il cherchait l'efficacité au lieu de la popularité. Quant à la partie qui sera investie par l'État, on ne peut s'empêcher de penser qu'elle serait investie de manière plus rentable par des gens qui investissent leur propre argent plutôt que par des fonctionnaires.
- La rhétorique de l'État sur la taxation des riches s'appuie sur l'envie, l'un des sentiments condamnés par les dix commandements, et jette le discrédit sur des gens fort utiles à la société, comme nous l'avons démontré précédemment.
- le seul critère objectif pour juger de la moralité des revenus est l'absence de coercition ;
- les riches investissent leur argent de manière plus efficace pour la société que l'État ;
- pour obtenir ses fins, l'État fait appel aux mauvais sentiments des électeurs.
À quoi sert Montebourg ? Bonne question !
Quel est donc le rôle d'Arnaud Montebourg au ministère du
"redressement productif" ? Quelle peut être son utilité à la tête de ce
ministère alors qu'il ne possède pas de compétences en économie et qu'il
n'a jamais travaillé dans une entreprise ?
À quoi sert Montebourg ? Bonne question que pose Libération ! Il était temps !
Il faut dire que le Ministre du Redressement Productif cumule tout ce qu'on peut reprocher au socialisme :
- la vanité de croire qu'un ministre est plus compétent qu'une foule d'entrepreneurs pour savoir ce que veulent les consommateurs,
- la prétention de vouloir mettre en œuvre les solutions de Keynes, alors qu'elles ont prouvé leur inefficacité,
- la capacité, assez incroyable, de lancer des anathèmes, sans fondement.
Le problème de Montebourg est double. Comme les autres ministres, il n'a jamais travaillé dans une entreprise. C'est une première dans un gouvernement qu'aucun ministre n'ait d'expérience de plus de 2 ans dans le secteur privé. Mais surtout, les interventions de Montebourg sont contreproductives.
En ce qui concerne PSA, les investisseurs anglo-saxons se demandent, à juste titre, pourquoi l’État se mêle du sort d'une entreprise privée. Quand un fond qatari ou chinois aura racheté et liquidé Peugeot, peut-être que Montebourg sera content ?
Un autre exemple, c'est Fralib, l'usine de thé près de Marseille qu'Unilever cherche à fermer. Montebourg est fier de remettre les parties prenantes autour d'une table de discussion. Mais sait-il que tant que le cas Fralib n'est pas reglé, Unilever ne peut pas embaucher et se développer comme il le souhaite ?
Sans doute le sait-il, mais il est aussi au courant du fait que 10 gusses avec des banderoles CGT ou Sud ont plus de poids médiatique qu'un entrepreneur, dans son coin, qui crée un, deux ou dix emplois.
Il y a un problème de demande de thé Lipton ou de Citroen C3. Est ce que Montebourg pense sérieusement savoir mieux que les consommateurs eux-mêmes ce qui est bon pour eux ? Est-ce qu'il pense aussi qu'en rapatriant les hotlines en France, nous allons résoudre le problème de pouvoir d'achat dans ce pays ?
Alors, comme se demande la Tribune, Montebourg... Zorro ou Don Quichotte ? Bruno Bertez, sur le blog à lupus, parle d'erreur de casting. Pour H16 de Contrepoints, PSA montre que Montebourg n’est qu’un petit fusible. L'Hérétique, un centriste posé et modéré, écrit carrément que Montebourg est un guignolo !
Ne soyons pas si méchants. Montebourg aura au moins servi à une personne. Après avoir négativement impacté la carrière d'Audrey Pulvar (sur un juste retour de flamme, voir Arnaud Montebourg : l'arroseur arrosé sur YouTube), Montebourg lui aura indirectement servi à retrouver un job aux Inrocks, une publication possédée par un financier proche du PS (lire une connivence "normale", sur le blog de Jean Quattremer). Tout n'est donc pas perdu !
Le changement promis par Flamby, ça n'est pas pour maintenant, mais le redressement productif, lui, marche pour certain(e)s ! Pauvre électeur socialiste, roulé dans la farine... et bon courage aux employés de Sanofi, Jet Aviation, Bouygues Telecom, Fram, Doux, Sony Music France, Microsoft France, Cheuvreux, Air France, HP, Voyage Fram... qu'ils n'oublient pas que si Montebourg ne peut rien pour eux, des créateurs de PME, eux, créent des emplois. Ils sont simplement discrets et inconnus, à l'image de Augment, Feel Like Ohm et tant d'autres.
Les Allemands ont-ils raison d’être inflexibles ?
Ah, la légendaire discipline allemande… Un temps vantée comme le modèle à suivre, elle a, ces derniers temps, beaucoup moins la cote sur le Vieux Continent. Il faut dire que, depuis le début de la crise, l’Allemagne impose à ses partenaires une épuisante partie de poker dont, pour l’instant, elle a remporté toutes les manches. «En jouant la montre, elle obtient toujours que les membres se plient à ses conditions, en particulier l’austérité», analyse Eric Dor, économiste à l’Iéseg de Lille. Avec, en ligne de mire, un seul objectif : éviter par tous les moyens que les contribuables allemands ne paient pour le laxisme supposé des Grecs, des Italiens ou encore des Français. Une position que de nombreux économistes jugent désormais irresponsable. «Plus Berlin fera traîner les choses, plus la crise coûtera cher à tout le monde», dénonce ainsi le Prix Nobel Paul Krugman à longueur de tribune. «Si les Allemands continuent, ils conduiront l’Europe à sa perte», renchérit le milliardaire américain George Soros. Convaincu lui aussi qu’Angela Merkel en fait trop, François Hollande, soutenu par l’Italien Mario Monti, l’Espagnol Mariano Rajoy et même, depuis peu, le FMI, tente de la convaincre de relâcher un peu la bride. Mais rien n’y fait : les Allemands refusent de payer pour les autres. A première vue, ils ont bien raison.
D’abord parce que, pendant que leurs voisins s’endormaient sur leurs lauriers, eux en ont profité pour se serrer la ceinture et se réformer en profondeur. «C’est l’histoire de la cigale et de la fourmi», commente Christian Parisot, d’Aurel BCG. En 2003, Berlin était en effet dans une situation aussi inquiétante que la nôtre aujourd’hui : taux de chômage frisant les 10%, industrie à la peine, dépenses publiques frôlant les 50% du PIB… «On nous appelait l’homme malade d’Europe et les agences de notation menaçaient tous les jours de nous retirer notre triple A», tremble encore Christian Schulz, économiste à la Berenberg, l’une des plus vieilles banques privées d’outre-Rhin.
Pour redresser la situation, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder et son conseiller Peter Hartz ont alors lancé une réforme titanesque du marché du travail. La durée de versement des indemnités chômage est ainsi passée de trente-deux à douze mois, les syndicats ont accepté une stricte modération salariale, l’âge de la retraite a été repoussé de 65 à 67 ans… Grâce à quoi, en à peine dix ans, les parts de marché du pays dans le commerce mondial ont augmenté de 2% (pendant que les nôtres reculaient de 25%), son coût du travail s’est stabilisé (tandis que le nôtre bondissait de 17%) et son taux de prélèvements obligatoires est descendu à 43,5% du PIB (alors que chez nous il frise toujours les 50%).
Pas étonnant que nos riches voisins rechignent à nous prêter main-forte. Selon les derniers sondages, 70% d’entre eux sont opposés à toute nouvelle mesure d’aide en faveur d’Athènes, de Madrid ou même de Paris. «Les Grecs n’ont pas payé d’impôts pendant des années et la moitié des fonctionnaires français partent encore en retraite à 55 ans, râle, comme beaucoup de ses concitoyens, Dieter Werner, patron d’une petite start-up à Berlin. Il serait injuste que maintenant nous payions pour eux !» Peu de monde l’imagine ici, mais des dizaines de Berlinois en colère écrivent chaque semaine à la Cour constitutionnelle pour qu’elle empêche Angela Merkel de céder aux pressions des autres pays. «Même si les craintes des Allemands sont parfois irrationnelles, la chancelière est obligée de les prendre en compte si elle veut conserver son électorat», explique Clément Fontan, spécialiste de l’Allemagne au CNRS.
Autant dire que la plupart des solutions que proposent la France et ses alliés pour résoudre la crise sont, aux yeux de la chancelière, proprement inacceptables. Prenez les rachats d’obligations par la Banque centrale européenne (BCE). Selon François Hollande et bon nombre d’économistes, l’équation est simple : puisque les investisseurs rechignent à acheter des obligations espagnoles ou italiennes, ce devrait être à la BCE de le faire. «Cela stopperait immédiatement la spéculation et ramènerait les taux d’intérêt à des niveaux décents, assure Bruno Colmant, économiste à l’Université catholique de Louvain. C’est aujourd’hui la meilleure option dont nous disposons pour éteindre l’incendie.»
Les Allemands ne sont pas de cet avis. Pour racheter ces bons du Trésor, la BCE devrait en effet imprimer de nouveaux euros. Certes, elle n’aurait en théorie pas à le faire beaucoup, puisque le remède est censé agir sur-le-champ. Mais ce ne serait pas tout à fait sûr. Si elle n’était pas maîtrisée, cette «monétisation de la dette» pourrait alors provoquer une envolée des prix potentiellement ravageuse pour le pouvoir d’achat. «Les Allemands ont une peur quasi irrationnelle de l’inflation : cela leur rappelle les pires moments de leur histoire», souligne Bruno Colmant.
Les eurobonds ne trouvent pas beaucoup plus de crédit aux yeux de Berlin. A première vue, ces obligations émises par l’Europe elle-même (et non plus par chacun des Etats) ont pourtant tout du remède miracle. En permettant à tous les pays d’emprunter en commun et au même taux, elles protégeraient les plus faibles des attaques spéculatives et leur assureraient un financement facile en dehors des contraintes du marché.
Mais là encore, nos voisins d’outre-Rhin ne voient pas les choses de cette manière. Ils risqueraient en effet d’être les grands perdants d’un tel dispositif. D’abord parce que les eurobonds ne leur permettraient pas de se financer à des conditions aussi avantageuses qu’aujourd’hui. Selon les calculs des économistes de Natixis, les obligations européennes, estampillées AA+ par les agences de notation, offriraient aux Etats cigales la possibilité d’emprunter à 3% environ. Un progrès considérable pour l’Espagne et l’Italie, qui actuellement se financent respectivement à 7,5% et 6,6% sur les marchés. Mais pas pour l’Allemagne, qui bénéficiait d’un taux historiquement bas, à 1,2%. Tous calculs faits, les eurobonds contribueraient à alourdir sa dette de 2 à 4 milliards d’euros par an.
Et cette perte sèche pourrait encore gonfler. Protégés par un tel filet de sécurité, les Français, les Italiens et les Belges, qui n’ont jamais levé le petit doigt ces trente dernières années pour maîtriser leur dette, seraient en effet tentés de la laisser filer encore. Et les marchés réclameraient des taux de plus en plus élevés pour les eurobonds. Si ces derniers dépassaient les 5%, l’addition s’élèverait à près de 8 milliards par an pour
les fourmis berlinoises. Voilà pourquoi, avant toute éventuelle concession sur ce sujet, Angela Merkel exige que ses partenaires respectent au moins deux conditions. En premier lieu, qu’ils gravent dans leur Constitution la fameuse règle d’or. Déjà adoptée par l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne et l’Irlande (l’Italie et le Portugal devraient bientôt suivre), celle-ci les contraindra à limiter leur déficit à 0,5% du PIB. Pour y arriver, la quasi-totalité des pays de la zone euro a d’ailleurs déjà entamé des cures d’austérité drastiques, en taillant à la hache dans ses dépenses publiques et en augmentant les impôts.
Angela Merkel veut aussi pousser les pays de la zone euro à mettre en œuvre les mesures structurelles qui ont fonctionné chez elle. «Les Allemands accepteront d’aider les Espagnols ou les Grecs si ces derniers ne profitent pas de systèmes sociaux plus généreux que le leur», résume Thierry Chopin, économiste à la Fondation Robert Schuman. Là encore, la plupart des Etats s’y sont mis. L’Italie, par exemple, a repoussé l’âge légal de la retraite à 66 ans et l’Espagne à 67. Cette dernière a également réduit les indemnités de licenciement de 45 à 33 jours par année d’ancienneté et autorisé les entreprises en difficulté à baisser les salaires sans consulter leurs employés. La Grèce a quant à elle réduit de près de 40% les salaires des fonctionnaires et baissé de 20% le Smic dans le privé.
En définitive, seule la France n’a pour l’instant pratiquement rien fait de concret. Et cela, les Allemands ont du mal à l’avaler. «François Hollande vient nous réclamer des concessions alors que son programme ne prévoit pas le dixième des efforts qu’il faudrait fournir : c’est gonflé !», s’agace Christian Schulz, de la banque Berenberg. Comme lui, les autorités de Berlin espèrent qu’une fois les législatives passées le président français annoncera des mesures un peu plus ambitieuses. A commencer par l’adoption rapide de la règle d’or – si ce n’est pas dans la Constitution, au moins dans une loi organique. Mais ils attendent aussi que la France lance enfin une réforme sérieuse de ses retraites, qui repousserait l’âge légal de la retraite à 65 ans au moins – sauf, peut-être, pour les personnes ayant commencé à travailler très tôt, qui pourraient continuer de partir à 60 ans.
Une fois toutes ces conditions remplies, l’Allemagne pourrait alors – Angela Merkel elle-même en a détaillé le projet – envisager de renforcer le fédéralisme en Europe, avec, à terme, un budget unique décidé par le Parlement européen, une fiscalité coordonnée, et peut-être même des eurobonds. «Cela ne pourrait se faire qu’avec un strict contrôle des dépenses de chacun et des sanctions pour les moins sérieux», insiste-t-on dans l’entourage de la chancelière, avec la certitude absolue de suivre le bon chemin.
Ce n’est pourtant pas certain. D’un point de vue moral, le rigorisme revanchard prôné par Berlin est certes compréhensible. Mais sur le plan économique, il pourrait s’avérer bien pire que le mal. «En fait, l’hyper-rigueur généralisée n’est pas du tout adaptée à l’urgence de la crise», fait valoir Alexandre Delaigue, économiste à Saint-Cyr.
D’abord pour une simple question de timing. Si les fourmis berlinoises ont pu se serrer la ceinture avec succès entre 2003 et 2008, c’est parce que tous leurs voisins étaient, eux, en pleine croissance : grâce au dynamisme de leur consommation, les exportations allemandes ont pu se maintenir et le pays a évité la récession. Mais si tous les Etats s’administrent en même temps une cure de rigueur, ce mécanisme vertueux ne peut plus jouer : la baisse généralisée de la demande intérieure assèche les débouchés sur tout le Vieux Continent. Et comme la demande des pays émergents n’est pas assez musclée pour prendre le relais, la zone euro dans son ensemble risque de plonger dans la récession. C’est d’ailleurs déjà le cas. Cette année, son PIB devrait déjà reculer de 0,1%, selon l’OCDE. «Si la situation s’aggrave encore, l’Europe pourrait sombrer dans une dépression ravageuse dont elle aura toutes les peines du monde à sortir», s’alarme Evariste Lefeuvre, de Natixis.
Si un tel désastre se produisait, l’Espagne, le Portugal, l’Italie – et sans doute la France – ne pourraient probablement pas tenir leur promesse de ramener leur déficit à 3% du PIB en 2013. Et c’en serait fait de leurs engagements de réduction de leur dette. C’est mathématique : lorsque le PIB et les recettes publiques diminuent, les ratios de déficit et de dette sur PIB, eux, ne peuvent que grimper…
Il y a plus inquiétant encore. Pendant que l’Allemagne fait pression sur les gouvernements pour qu’ils plient, les spéculateurs, eux, continuent leur job. «Les investisseurs supportent mal l’incertitude dans laquelle la stratégie de Berlin est en train de plonger l’Europe, commente Michel Aglietta, du Cepii. Et les Allemands ne s’en rendent pas compte : ils sont tellement obsédés par la rigueur qu’ils sous-estiment les dégâts engendrés par leur partie de poker.» La Grèce ne vit plus que grâce aux perfusions de l’Europe. L’Espagne et l’Italie paient déjà des primes de 6,5 et 5,8% pour se financer. Si ces taux viennent à dépasser les 7%, ce qui est tout à fait possible, ces deux pays ne seront plus solvables. «Comme toujours, l’Allemagne attendra le dernier moment pour leur venir en aide, prédit Evariste Lefeuvre, de Natixis. Mais cette fois, cela pourrait bien être trop tard.» Car l’Europe sombrerait alors dans une spirale que plus rien ne pourrait stopper : envolée des taux d’intérêt, fuite des capitaux, panique des épargnants, défauts en cascade des dettes publiques, dépression économique, retour aux monnaies nationales dans l’anarchie…
L’Allemagne pourrait-elle sortir indemne d’un tel scénario ? Probablement pas. Au total, ses entreprises possèdent plus de 1 000 milliards d’euros d’avoirs dans toute l’Europe. La seule sortie de la Grèce de l’euro lui coûterait au bas mot 100 milliards. Et en cas de retour au mark (ou à une forme d’euro-mark), sa monnaie s’apprécierait immédiatement de 40%, ce qui plomberait violemment la compétitivité de ses exportations. Elle aussi aurait alors tôt fait de plonger dans la dépression… Signe qu’il ne s’agit pas d’une fiction, sa croissance commence déjà à donner des signes de faiblesse. Selon les dernières prévisions du FMI, elle devrait plafonner à 0,6% cette année, alors qu’il y a six mois encore le gouvernement tablait plutôt sur 1 à 1,5%. «Si Angela Merkel ne fait rien pour inverser la tendance, sa coalition avec les libéraux du FDP explosera et elle se fera battre aux élections de 2013», estime Michel Aglietta.
Voilà pourquoi, par-delà ses discours jusqu’au-boutistes, Berlin planche discrètement sur des solutions alternatives. Pas question, bien sûr, de céder sur les eurobonds. Et moins encore de laisser la BCE boucher les trous des Etats en imprimant des billets à tire-larigot. Il ne faut pas exagérer. En revanche, Angela Merkel pourrait très bien finir par accepter le programme de grands travaux européens proposés par François Hollande, sans attendre que ses voisins aient rempli toutes les conditions qu’elle exige. Ceux-ci seraient financés par la Banque européenne d’investissement (BEI), ou par les fonds structurels non utilisés par Bruxelles. Et pour faire bonne figure, la chancelière pourrait proposer elle-même d’autres mesures favorables à l’activité, comme l’instauration de zones franches susceptibles d’attirer des investisseurs en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Italie. Vous avez dit inflexible ?
D’abord parce que ces derniers ont adopté une monnaie unique. Mais aussi parce qu’entre-temps le monde est passé à un régime de changes flottants : le cours des monnaies varie tous les jours en fonction de l’offre et de la demande internationale de billets. Privés de l’arme de la dévaluation, les mauvais élèves – Grèce en tête – ont donc vu leur déficit commercial se creuser. Plutôt que de se réformer en profondeur, ils se sont endettés pour tenter de soutenir malgré tout leur croissance. Résultat : les marchés financiers, qui ont fini par s’en rendre compte, leur réclament des taux d’intérêt faramineux.
Arnaud Montebourg : cause toujours !
Si même dans sa voiture il n’arrive pas à se faire entendre ! Lors de son -investiture le 17 mai dernier, le flamboyant candidat aux primaires socialistes avait annoncé la couleur : «Mon ministère sera celui de la reconquête des emplois perdus.» L’industrie, promis juré, serait au cœur de la stratégie gouvernementale et lui, Montebourg, au cœur du réacteur. Bref, pas un sous-ministre comme ses prédécesseurs, Christian Estrosi et Eric Besson. Deux mois après sa prise de fonctions, notre don Quichotte se heurte déjà aux dures réalités du business.
Il cavale de plans sociaux (la CGT a identifié 75 000 postes menacés) en fermetures d’usines. Installe ses casernes de pompiers, pardon, ses commissaires régionaux. Apostrophe les patrons pour leur demander de jouer la carte du made in France. Mais ils n’en font, peu ou prou, qu’à leur tête.
Bien sûr, Arnaud Montebourg connaissait la difficulté du job. Et il a su s’entourer d’une équipe de choc qui connaît les entreprises. Stéphane Israël, son directeur de cabinet, est un ancien d’EADS. Il est épaulé aussi par Fanny Letier, qui a sauvé des dizaines de sociétés au sein du Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle), ou encore Christophe Béjach, cofondateur de la compagnie aérienne L’Avion.
Et puis le fougueux camarade a potassé ses dossiers. «C’est du 7 heures-minuit, raconte le ministre à Capital, tandis que nous dépassons Beaune. Il faut en absorber jusqu’à l’indigestion. Il n’y a plus aucune place pour la vie privée.» Même les patrons qui l’ont rencontré saluent sa bonne volonté. «On croyait affronter le chantre de la démondiali-sation, on a vu un ministre à l’écoute», fait savoir un constructeur automobile. «Il maîtrise à fond ses dossiers», confirme un brin flagorneur Olivier Duha, le président de l’association patronale CroissancePlus. «En deux mois, il a fait des progrès impressionnants», ajoute l’ex-président d’un fleuron du CAC 40 et visiteur du soir régulier.
Voilà pour les compliments de -salon. Mais sur le terrain, les patrons français lui font plutôt mordre la poussière, que ce soit chez Doux, Fralib ou Petroplus. «Nous avons ramené direction et syndicats à la table des négociations», se félicite Arnaud Montebourg, alors que sa Citroën vient de dépasser Dijon. Sauf que sur ces trois dossiers les discussions n’ont abouti à aucun compromis.
Sa plus grosse déconvenue, le ministre l’a subie avec le patron de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin. Le 29 juin, alors que toute la presse annonçait la fermeture du site d’Aulnay- sous-Bois, le ministre a pris sa plus belle plume pour lui demander de «clarifier ses intentions». Une semaine plus tard, le P-DG de PSA ne lui avait apporté aucune réponse officielle.
Et le 12 juillet, le groupe annonçait crânement qu'il allait supprimer 8000 emplois et fermer l'usine d'Aulnay-sous-Bois. A Chartres-de- Bretagne, où le constructeur emploie 5800 salariés, le maire PS Philippe Bonnin s’inquiète de la méthode. «L’industrie automobile française n’a pas besoin de pompes à incendie mais de stratégies de long terme», estime l’élu qui a cosigné un rapport sur l’avenir du secteur avec... Pierre Moscovici. Dans ce flot de mauvaises nouvelles, le redresseur en chef tient à faire connaître les bonnes : lors de notre rencontre, il venait de célébrer le projet du nouveau centre logistique d’Amazon à Chalon. «C’était bien, Christophe, hein ?, se rassurait-il auprès de son chef de cabinet. On avait toutlemonde:TF1,Europe1,RTL...»
Le volontarisme d’Arnaud Montebourg ne se heurte pas qu’à la mauvaise volonté des patrons. Déjà maigrelet en 2012 (2 milliards d’euros), son budget «développement des entreprises et de l’emploi» n’a pas été épargné par le rabotage général des dépenses publiques. «Nous avons aussi les 8 milliards d’euros du grand emprunt», assure le ministre, à l’approche d’Auxerre. Un peu rapide : c’est le Premier ministre en direct qui ventilera cette somme. L’ancien député n’a pas non plus réussi à décrocher la tutelle de la Banque publique d’investissement, dévolue pour l’essentiel à Pierre Moscovici, le tout-puissant ministre de l’Economie. «Mais nous l’associerons évidemment aux décisions», consent-on poliment au cabinet de «Mosco». Idem pour l’Agence des participations de l’Etat, le bras de l’actionnaire public dans les entreprises. Officiellement, Arnaud Montebourg en partage le pilotage avec Bercy. Début juin, le cas de France Télécom (l’Etat en possède 27%) a démontré que son avis ne pesait guère.
En cohérence avec son discours, l’ex-avocat d’affaires réclamait une baisse du dividende à 1 euro par action pour favoriser l’emploi et l’investissement chez Orange, quitte à réduire les recettes de l’Etat de 285 millions d’euros. «Mais Moscovici n’a pas lâché et a obtenu le maintien à 1,40 euro par action», regrette Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC/Unsa de l’opérateur.
«Je mène un combat au long cours, se défend le ministre. Vous venez trop tôt, je demande à être jugé dans cinq ans.» Aura-t-il réussi alors à faire avancer sa doctrine antimondialiste ? Arnaud Montebourg espère évangéliser ses homologues européens quant aux bienfaits du protectionnisme. «Je veux que l’Europe se mette au niveau des Etats-Unis, qui défendent leurs intérêts souverains, maintient-t-il, aux alentours de Souppes-sur-Loing. Je vais commencer une tournée des ministres européens de l’Industrie en ce sens.» On imagine pourtant mal l’Allemagne, gavée d’excédents commerciaux, prendre le risque d’une brouille avec la Chine.
Plus près de nous, ce petit-fils d’Algérien (le père de sa mère est né en Oranie) prône le rapatriement des centres d’appels en France. «Ce n’est ni réaliste ni souhaitable, lui répond Olivier Duha, le patron de la société de call--center Webhelp. Cela nuirait considérablement à nos relations avec la Tunisie et le Maroc qui, je le rappelle, nous achètent des TGV et des centrales électriques.» Par ailleurs, le surcoût d’une relocalisation, que les opérateurs ne manqueraient pas de répercuter sur la facture, s’élèverait à environ 5 euros par abonné et par mois. Et la compétitivité de la France ? Et le coût du travail ? Arnaud Montebourg botte en touche, et renvoie vers les discussions entre les partenaires sociaux. Quand on lui fait remarquer que les syndicats patronaux et ceux des salariés ont des visions diamétralement opposées, il répond : «Ce ne serait pas mieux, un accord CGT-Medef ?» Ce serait mieux, en effet.
En attendant que l’Europe et les entreprises exécutent son programme, Arnaud Montebourg tente de mettre au pas ses hauts fonctionnaires. En l’occurrence ceux de la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS). «C’est exaspérant, ils ne font que de la gestion bureaucratique sans aucune vision politique, expliquait-il sous nos yeux auprès d’un conseiller, après lecture d’un rapport de la DGCIS. Vous les ferez venir deux heures dans mon bureau. J’ai des questions à leur poser.» A cet instant, la voiture du ministre approche de la porte de Bercy. Nous avons rejoint la capitale à 140 kilomètres-heure en moyenne.
Terrible époque où la nation et la famille sont conjointement attaquées de toutes parts. Familles de familles et non pas masses d’individus, les nations sont par leur culture propre « les grandes institutrices des peuples », écrivait Jean-Paul II (Mémoire et identité). « Si les nations étaient supprimées, les plus hautes et les plus précieuses communications économiques ou spirituelles de l’Univers seraient également compromises et menacées : nous aurions à craindre le recul de la civilisation », avertissait déjà Maurras. Que dirait-il aujourd’hui de l’agression de la famille par la dénaturation du mariage ouvert aux personnes de même sexe et la mise en pratique de la théorie du genre ?
Dans Présent du 11 juillet, Jacques Trémolet de Villers a remarquablement défini la famille comme un royaume : « Vrai royaume avec ivraie et bon grain, à ne pas séparer avant le temps de la moisson. Vrai royaume humain dont le principe, plus fort que tout, est l’amour du roi et de la reine. La tendresse du roi, le ventre de la reine… Et pour être une famille, un royaume il faut, pour commencer, un mariage… »
L’amour conjugal (le bien des époux) est à la famille ce que l’amitié politique (le bien commun) est à la nation. On peut ainsi dire de l’Etat-nation ce que notre avocat explique du mariage par rapport à l’amour fécond des conjoints : écrin de l’amitié politique, il en est aussi l’épreuve. L’écrin protège le bien commun des attaques extérieures. Il lui donne un cadre, un ordre à l’intérieur duquel il peut s’épanouir. Sans cette structure – cette institution – la concorde se disloque, s’éparpille, s’évapore. Il n’en reste rien. Mais la nation, en forgeant cette protection contre l’extérieur, impose par le même mouvement, l’épreuve intérieure. Il la renforce. Il l’aiguise…
Comme il y a le secret des familles (« Nous fermerons un peu la porte, nous mettrons du bois sur le feu… ») il y a le secret des nations : elles fondent un « chez nous », qui sera, bien sûr ouvert, accueillant… tout ce qu’on veut, mais d’abord un coin de terre à elles… leur âme, leur monde et leur royaume…
Mais voilà, il faut être lucide, le mondialisme et sa culture de mort ont submergé les nations et s’attaquent aujourd’hui jusqu’aux familles. On en revient alors aux propos prophétiques de Péguy dans Notre jeunesse : « Les plus faibles, les femmes, les enfants au berceau sont déjà assiégés. La guerre bat le seuil de nos portes… C’est elle qui nous cherche et qui nous trouve. Les vertus qui n’étaient requises que des hommes d’arme du Seigneur en armure, aujourd’hui sont requises de cette femme et de cet enfant. Nous sommes tous aujourd’hui placés sur la brèche, nous sommes tous à la frontière, la frontière est partout… Ces croisades que nos pères allaient chercher jusque sur les terres des Infidèles, ce sont elles aujourd’hui qui nous ont rejoint au contraire et nous les avons à domicile. Nos fidélités sont des citadelles. »
« Nos fidélités sont des citadelles »
Oui, la guerre bat le seuil, non plus de feu la chrétienté ni de nos nations émérites jadis chrétiennes, mais de nos maisons autrefois tranquilles : « Toutes nos maisons sont des forteresses in periculo maris », au péril de la mer du relativisme s’ajoutant à celle de l’islamisme, menaçant nos femmes et nos enfants. L’union des forteresses battues par les flots d’une incessante tempête détruisant les nations et les familles s’appelle un sain et légitime communautarisme, par une culture de dissidence.
« Désormais, enfin, c’est dit, c’est clair, concluait également Jacques Trémolet de Villers dans sa chronique sur la famille, nous sommes les a-normaux, les non-conformes. Acceptons cette grâce et cultivons-là. Sachons être, nous, les vrais amoureux de l’ordre véritable, de vrais rebelles à l’encontre du désordre établi. C’est une chance qui n’a pas été donnée à tout le monde. Saisissons-là. L’ordre et la liberté marchent ensemble, et, chose quasiment inconnue depuis longtemps, la vertu et le rire sont enfin en ménage. » Sous l’enseigne d’Antigone et de Jeanne bien sûr avec son admirable « vertu d’insolence » (Brasillach) ! Mais aussi de Jacques le Majeur, le tueur de Maures, qui montre le chemin d’étoiles marquant la reconquête : « Soyez, Seigneur, pour votre peuple, sanctificateur et gardien ; fortifié du secours de votre Apôtre Jacques, qu’il vous plaise dans ses mœurs et vous serve d’un cœur tranquille » (Collecte de sa fête, ce 25 juillet).
« Tout ce qui emplit aujourd’hui les ondes de son pitoyable vacarme stérile et de ses grimaces, toutes ses enflures qui envahissent nos écrans de télévision, tout cela passera, s’évanouira, se perdra dans l’histoire en poussière oubliée. Que le peuple subsiste ou bien qu’il périsse, cela dépendra de ceux qui vont devoir traverser cette sombre époque en contribuant par leur propre travail concentré ou par une aide matérielle apportée au travail d’autrui, à sauver de la destruction, à relever, à consolider et à développer notre vie intérieure, celle de l’intelligence et celle de l’âme, cette vie qui est la culture », prévenait aussi Soljénitsyne (Le Figaro, 23 janvier 1998).
Les 10 leçons à tirer de la bonne réaction de PSA face aux attaques d'Arnaud Montebourg
1 - Montrer que la décision a été longuement murie
2 - Assumer sa part de responsabilité
3 - Ne pas accepter l’inacceptable
4 - Incarner la marque
5 - S’appuyer sur le « capital corporate » de la marque
6 - Réagir, mais pas trop vite
7 - Contre-attaquer sans surenchérir
8 - Faire preuve de solidarité au sein de l’entreprise
9 - Ne pas oublier l’interne
10 - Préserver de « bonnes nouvelles »
Le grand retour de l'obscurantisme
"La musique de la nouvelle équipe au gouvernement laisse
miroiter multiples promesses plutôt que de faire la pédagogie des temps
de crise" nous dit Éric Le Boucher dans Les Échos du 6 juillet.
Certes, les premières décisions ne sont que modérément catastrophiques,
mais cette "musique" illustre une ignorance ou une irresponsabilité ou
un double discours que l'on peut résumer en un mot : "l'obscurantisme".
L’ignorance surprend dans un premier temps, mais nous verrons plus
bas qu’elle est la conséquence de l’irresponsabilité, dont le double
discours est une des manifestations. Ce double discours est lui-même une
conséquence du clientélisme : il s'agit d’avoir l’air sérieux vis-à-vis
de l’extérieur et notamment des marchés, tout en flattant ou remerciant
des électeurs dont on sait pertinemment que les désirs sont
profondément contre-productifs, ruineux et injustes.
Et ces électeurs prennent d'ailleurs les devants. Ainsi Les Échos
nous ont rappelé que la CGT cheminots, désirant que "le changement" se
matérialise, a préparé une longue liste de griefs à l'encontre des
orientations prises par le président de l'entreprise, tandis que les
autres organisations se disent également "plus fermes".
Or cela devrait être insupportable à ceux qui sont censés connaître
l'état calamiteux non seulement financier, mais aussi organisationnel et
humain de ce monstre intouchable, et notamment de sa partie fret. Je
peux en témoigner en tant qu'ancien client important de ce fret ayant
continué à suivre cette question souvent très mal exposée dans la presse
: exemple parmi bien d'autres, Le Monde du 11 avril 2011 et
ses autres articles du même mois (période d'agitation) ont été
particulièrement "nuancés" et syndicalement corrects. Pourtant, même la
CGT "nationale" est gênée par le comportement de sa fédération
ferroviaire. Heureusement, l’IFRAP a joué son rôle de rééquilibrage de
l'information.
Il est donc étrange que la pratique française ait donné un tel pouvoir à cette oligarchie : codécision de fait avec le politique pour les retraites, les plans sociaux, la formation professionnelle, le droit du travail et ses conséquences économiques.
L’obscurantisme, dans ce cas, c’est de répandre et cultiver l’idée qu’il est naturel de donner un tel pouvoir à des associations en laissant justement dans l’obscurité et sous l’appellation de "progrès social" la consolidation des privilèges d'une petite minorité au détriment du redressement que l’on proclame par ailleurs. On a par exemple enfin mesuré la captation par cette minorité d’une partie du pouvoir d'achat du reste de la population à l'occasion du problème de financement des retraites.
Jean-Francis Pécresse dans Les Échos du 10 juillet remarque donc que "François Hollande risque d'aller au-delà de ce qu'une démocratie politique peut accepter d'une démocratie sociale : conférer force de loi à tout accord signé par les partenaires sociaux". Et même si le candidat devenu président a fortement nuancé cette énormité antidémocratique, l'esprit en demeure comme en témoigne cette récente déclaration : "il n'y aura pas de loi dans le domaine de la vie économique et sociale qui pourra être votée par le Parlement sans qu'il y ait une phase de dialogue et de concertation."
C’est laisser dans l’obscurité que le rôle naturel de cette oligarchie "sociale" n’est pas de participer au lancement des offensives technologiques ou commerciales indispensables, mais de conserver l'emploi (et "les avantages") en l'état. Quitte à scier la branche sur laquelle vivent ses adhérents comme le montre l'exemple extrême des dockers et ouvriers du livre, dont on connaît le rôle en matière d'assassinat des ports français et de la presse de notre pays.
C'est également à la proximité des fédérations syndicales et de l'actuel gouvernement que l'on doit la suppression de la RGPP (révision générale des politiques publiques), qui vient d'être proclamée par le premier ministre. L’objectif était que l'État puisse "faire mieux avec moins". Pourquoi cette suppression ? Parce que la RGPP était dénoncée par des syndicats comme ayant "profondément déstabilisé nos services publics et leurs agents" et donc aurait mené à un "démantèlement des services publics".
Or on se souvient que son objectif était d'introduire la culture du résultat dans le secteur public et de rationaliser les moyens mis en œuvre ; elle aurait permis d'économiser environ 15 milliards de 2007 à 2012. Sa réforme était peut-être nécessaire, mais, là aussi, "la musique" est inquiétante : "les agents" passent avant l’efficacité de l’État et demandent donc aux autres citoyens de faire l’effort organisationnel et financier qu’ils refusent : cette défense des privilèges au détriment de la bonne marche de l’État rappelle la "réaction nobiliaire" qui a coulé la France de Louis XVI.
Risquons une image : si les paysans avaient eu depuis deux ou trois siècles des syndicats dotés d’un pouvoir institutionnel, nous aurions encore les deux tiers de la population derrière la charrue, s'épuisant à nourrir leur famille et hors d’état d'importer les produits du reste du monde, des antibiotiques à l'ordinateur, et parallèlement un État incapable de payer ne serait-ce que les instituteurs ! Bref, "la place des syndicats n'est pas à Matignon, mais dans les entreprises".
On pourrait multiplier ces exemples de discours obscurantistes. Le dernier en date est celui du président de la République promettant l'intervention de l'État dans le dossier PSA après l'annonce des 8 000 suppressions de postes. Veut-il obliger Peugeot à perdre davantage d'argent et donc à sacrifier d'autres usines ? Ou veut-il prendre le relais de cet industriel et gaspiller les moyens de l'État dans une industrie "mûre" et écologiquement nuisible d’après ses propres troupes ? On est une fois de plus dans la logique syndicale consistant à maintenir ce qui est dépassé alors que, par exemple, le secteur aéronautique a une production, des emplois et des exportations en accroissement rapide ; de même pour les services (Jean-Marc Vittori et Richard Vainopoulos dans Les Échos du 3 avril).
On est aussi dans "ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas" (en l’occurrence le "sauvetage" de certains emplois au détriment d’autres secteurs), la fameuse phrase de Frédéric Bastiat connue dans le monde entier, sauf en France : on se souvient de cet article du Monde où un journaliste découvrait Bastiat à l’occasion d’un reportage sur le Tea Party, et le décrivait comme un obscur inspirateur de ce mouvement.
De même pour le blocage des loyers, malgré l'expérience historique, de même pour la taxe à 75%, que notre ministre des finances, Pierre Moscovici qualifie de "patriotique, pas punitive" ce qui laissera de glace les investisseurs étrangers et sera un des éléments les poussant à ne pas venir en France ! De même pour Arnaud Montebourg qui veut mettre à contribution les consommateurs pour rapatrier les centres d'appel qui se sont développés au Maghreb, rajoutant à l'erreur économique la brimade de pays amis et une atteinte à la francophonie économique, qui est pourtant l'un des atouts de nos entreprises dans cette région.
Il suffit pourtant de voir comment ont émergé "les émergents", qui ont monté en gamme en abandonnant des secteurs entiers, ou comment les Italiens et - en principe - les Grecs font des réformes qui ne coûtent rien en débloquant toutes sortes de freins. Mais comme les freins en question sont "les acquis" des clientèles électorales, il n'est pas question d'en parler ! Certes, cette attitude n’est pas le monopole de la gauche, mais la clientèle de cette dernière s’y prête infiniment plus.
Nous voyons donc s’accentuer le cercle vicieux entre posture électoraliste, clientélisme en faveur de couches déjà avantagées proches de la nouvelle équipe, diffusion de cet obscurantisme par les médias et dans une certaine mesure par l'enseignement (par la conviction personnelle des enseignants autant que par les programmes), et en retour, nécessité d'accentuer les postures puis de multiplier les mesures contre-productives par rapport aux objectifs proclamés.
Seules la nécessité et les pressions internationales rompront ce cercle vicieux, mais ce sera d'autant plus difficile et tardif que les liens de causalité avec les échecs - ou les catastrophes - seront justement cachés par cet obscurantisme. Bref ce ne sera pas "nous nous sommes trompés", ou, plus sincèrement "nous vous avons mené en bateau", ce sera "c’est de la faute des autres", "du libéralisme" ou de "la finance" : ça marche depuis 1936, la campagne présidentielle l’a encore rappelé.
La diffusion de cet obscurantisme est illustrée par le jugement des Français sur la politique gouvernementale (Les Échos du 6 juillet). Sont massivement approuvés la mise en place de la tranche d'imposition à 75%, le rétablissement partiel de la retraite à 60 ans, le coup de pouce au SMIC, l'abrogation de la TVA sociale et la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires.
Ce dernier point est un écho du mythe selon lequel l’emploi est en quantité limitée, et donc à répartir. Comment peut-on oublier les ravages de ce mythe ? Rappelons les destructions d'emplois dues aux 40 heures en 1936 (et le sauvetage de 1938 grâce à l'invention des heures supplémentaires par Alfred Sauvy), le sabotage des retraites en 1981 par la baisse de l'âge du départ de 65 à 60 ans, les complications coûteuses des 35 heures et la pagaille qu'elles ont générée dans le secteur public notamment hospitalier. Mais les politiques ne retiennent qu'un seul point de tout cela : "ça a permis de gagner les élections".
Toutes ces mesures vont augmenter le chômage, mais nos énarques revenus en masse dans les fourgons de leur camarade vont soupirer "priorité au politique", et n’en informeront donc pas l'électeur, participant ainsi à la diffusion de l'obscurantisme. On continuera notamment à cacher au citoyen que l'instabilité fiscale et l'insécurité juridique pratiquée pour acheter son suffrage poussent les investisseurs français comme étrangers à s'abstenir de venir chez nous, voire à quitter notre territoire. Si j’étais l’administrateur étranger d'une grande entreprise française, je demanderais au président de l'installer dans un pays plus fiable. Or Les Échos du 17 juillet viennent de confirmer l’importance des investisseurs étrangers dans "nos" entreprises.