lundi 27 octobre 2014
Revanche
Revanche
Aussi tendues soient-elles avec le conjoint, les enfants ou les amis, les relations ne sont jamais aussi délicates qu’avec le fisc. A peine a-t-on compris un de ses éclaircissements que le suivant l’obscurcit. Et certainement le plus grand exploit des temps modernes est de parvenir à lire entièrement la notice explicative de la déclaration de revenus. Aussi les soucis de quelques parlementaires avec le Trésor public est une merveilleuse revanche. Quoi, même les plus grands spécialistes de la fiscalité ne s’y retrouvent pas ? Quoi, voilà le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, une sommité, auteur de la disposition où il est en défaut, qui a une interprétation différente de Bercy ? Quoi, c’est donc vrai, les cordonniers sont les plus mal chaussés ?
La France désormais
La France désormais
La France est désormais le dernier pays européen dont le budget n’est pas validé par Bruxelles. Tous les autres membres de l’Union européenne sont dans les clous, ceux qui ne l’étaient pas s’étant rapidement conformés aux demandes de la Commission.
La France traverse désormais la plus longue période de croissance plate depuis la guerre : trois ans de suite à moins de 0,5 %. Du jamais vu.
La France compte désormais 3,4 millions de chômeurs et 5,8 millions de personnes inscrites à Pôle emploi, un record absolu qui fait dire au ministre du Travail que le gouvernement a échoué. Un signal désastreux, pas très loin du sinistre et mensonger « on a tout essayé » lancé comme un aveu de défaite par François Mitterrand. Il y a plus de vingt ans.
La France, c’est désormais un patronat uni dans l’exaspération contre le double langage du gouvernement et qui exige rien moins que l’abrogation pure et simple de plusieurs dispositions « absurdes et anxiogènes » qui ruinent la confiance des ménages et des entreprises.
La France vit désormais au rythme chaotique des divisions de sa majorité déchirée entre gauche du rêve et gauche du réel, un pays dirigé par un président de la République dont beaucoup de ses amis disent qu’il ne pourra pas se représenter en 2017, et par un Premier ministre socialiste qui ne veut plus parler de socialisme.
La France se prend désormais à considérer normal que le Front national soit devenu le premier parti politique et que l’opposition de droite se retrouve, deux ans après sa défaite, sans projet, sans leader ni énergie, en plein doute malgré de spectaculaires succès dans les élections intermédiaires.
La France est désormais presque parvenue à la fin de la première mi-temps de la présidence Hollande. Existe-t-il en français un mot pour éviter de dire que la France va « célébrer » la mi-mandat ?
Pour le pouvoir d’achat, faisons « la révolution de la patate » !
On le sait, les Grecs n’ont plus trop la pêche, mais ils ne manquent pas de ressources pour tenter de s’en sortir, comme ils l’ont toujours fait, envers et contre tous les vents mauvais qui soufflent sur leur économie et leur niveau de vie… Avec un taux de chômage proche des 50 %, la Grèce du Nord vient même de battre un nouveau record historique qui, sur le plan national, se situe aujourd’hui au-delà des 30 %. Seul un chômeur grec sur dix bénéficie d’indemnités chômage, la durée d’indemnisation ne pouvant excéder un an ; 71 % des chômeurs grecs sont des chômeurs de longue durée.
Avec le retour au village de nombreux chômeurs, la remise en culture de terres laissées en jachère – la « révolution des jardins » –, la Grèce tente de survivre en autarcie et redécouvre l’authenticité de la vie communautaire. On a même pu parler à cet égard des « bienfaits » de la crise qui se traduisent également dans de nouvelles initiatives, comme par exemple la vente directe des fruits et légumes, du producteur au consommateur.
Née dans le nord de la Grèce, l’initiative « Pas d’intermédiaire » rebaptisée par les Grecs « mouvement de la patate » secoue depuis deux ans le cocotier d’une Grèce ankylosée par des années de spirale inflationniste qu’ont favorisée gouvernants corrompus et citoyens volontiers flambeurs. Mais lorsque le prix de la pomme de terre, payée au producteur 12 à 15 centimes le kilo, a flambé, atteignant près d’un euro le kilo, le « mouvement de la patate » s’est mis en tête de supprimer les intermédiaires, en organisant la vente directe au consommateur.
L’idée de court-circuiter supermarchés et épiceries s’est même répandue comme une traînée de poudre à travers le pays. D’autant que la vente directe s’est étendue à d’autres produits de base, comme le riz, les oignons et les olives. Et devant l’ampleur prise par le mouvement, le gouvernement a fait voter une loi qui interdit la vente directe dans les rues des communes de plus de 3.000 habitants et qui supprime toutes nouvelles autorisations de vente ambulante aux producteurs.
Après la « révolution des jardins », la « révolution des patates » aura-t-elle droit de cité au pays d’Aristophane, qui voyait dans le paysan « le sauveur de la cité »? J’ai peur que tout cela ne soit un peu utopique – οὐ-τοπος, en grec – et que le dieu des voleurs et du négoce – Hermès, grec également – ne reprenne très vite la main…
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