Organisée en plein trauma post-perte du triple A, la dernière
conférence sociale avait été rebaptisée «Sommet de la crise» par le
président-candidat Nicolas Sarkozy. Six mois plus tard, l’intitulé
pourrait être repris mot pour mot par son successeur.
Avec un
chômage au plus haut depuis 13 ans et une situation sociale qui ne cesse
de se dégrader, l’emploi est évidemment l’une des priorités absolues de
ce gouvernement. Mais là comme ailleurs, là peut-être plus qu’ailleurs
même, l’équipe Ayrault ne possède qu’une marge de manœuvre et un pouvoir
d’action extrêmement restreints.
C’est la raison pour laquelle ce
sommet social est particulièrement attendu. Plus que jamais, la
situation réclame une union sacrée entre les fameux «corps
intermédiaires», les chefs d’entreprises, les salariés et le
gouvernement qui vont chacun devoir lâcher un peu quelque chose.
Il
y a en effet une nécessité absolue et urgente de marcher, sinon main
dans la main, ne rêvons pas, mais au moins côte à côte et dans le même
sens. En faisant tout pour que le naturel rapport de force ne se
transforme en crispation puis en blocage. Vœux pieux? Peut-être.
La
majorité qui a fait du dialogue social l’un des piliers de sa méthode
de gouvernance ne peut en tout cas se permettre de rater ce rendez-vous
crucial. Pour s’éviter une rentrée agitée d’abord, ne pas gripper
d’entrée la machine réformatrice ensuite, et ne pas s’aliéner des
syndicats pour l’instant bien disposés à son endroit enfin. Le tout sans
trop céder, sous peine de réduire à néant les efforts consentis
ailleurs. Pas simple.
Le soin avec lequel le sommet a été préparé,
les nombreuses rencontres préalables et les déclarations de bonnes
intentions un peu trop fort criées disent assez les enjeux de ces deux
jours de tables rondes qui devront impérativement dépasser le domaine du
constat. Pour apporter des réponses concrètes et de première urgence à
une situation qui l’exige comme jamais.
dimanche 8 juillet 2012
Sommet de crise (bis)
Avec Jean-Marc Ayrault, l’adaptation au réel, ça n’est pas maintenant !
Une reprise de 1981, l’espérance en moins
Agressions antisémites : vers une tribalisation de la France
Doit-on
passer sous silence la banalisation des ratonnades antisémites aux
quatre coins du territoire sous prétexte qu’elles révèlent des réalités
que les médias veulent taire et voudraient confiner aux discours
populistes de l’extrême-droite ? Les Juifs français sont de plus en plus
souvent la cible d’attaques de la part de Français d’origine
maghrébine. Une évidence qui soulève la question de l’intégration à la
communauté nationale.
Le sujet est tabou au nom de la « stigmatisation ». Les médias sont extrêmement rétifs pour évoquer la question, histoire de ne pas « faire le jeu du Front National »… Chacun peut d’ailleurs constater à quel point la chape de plomb qui pèse sur un certain nombre de sujets « faisant le jeu du FN » a permis de limiter l’influence du parti d’extrême-droite !
Mais reconnaître qu’il existe des tensions perceptibles et réelles entre Juifs et Maghrébins en France est une réalité indéniable comme en atteste l’augmentation des agressions antisémites. Evidemment, la question ne se pose pas pour l’immense majorité des Juifs et Maghrébins, qui vivent en bonne intelligence au sein de la communauté nationale.
Mais même marginal, ce phénomène est intolérable et il est intolérable que des Juifs (ou des membres de quelque religion que ce soit) puissent se faire agresser dans des lieux publics à cause de leurs origines. C’est un scandale inouï qui se banalise dans l’indifférence générale.
Pour une partie de la jeunesse maghrébine, le Juif (comme le « Français de souche ») est devenu un ennemi. Bien sûr, on peut chercher des raisons sociologiques pour expliquer et excuser ce mal-être de certains Français d’origine maghrébine… mais cela ne protégera pas nos concitoyens victimes d’agressions racistes.
Sylvia Kristel lutte contre la mort, mais Emmanuelle est immortelle
Hausse d'impôts : le gouvernement Ayrault punit les "riches" et aggrave la crise
Le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault
a souligné que des nouvelles recettes fiscales seraient trouvées. Il
n'a pas hésité à sous-entendre que Nicolas Sarkozy avait fait quelques
cadeaux aux Français les plus aisés. Faire peser ces efforts sur les
CSP+ est-il une bonne idée ? Non, selon notre chroniqueur Frédéric
Georges-Tudo.
Salauds de riches, vous allez payer ! Telle est la colonne vertébrale
du discours de politique générale prononcé le 3 juillet dernier par
Jean-Marc Ayrault. Et ensuite ?
Allah O'Achbar !! |
La liste est si longue qu’on a bien cru qu’elle n’en finirait jamais :
Toujours plus d’égalitarisme…
Promesse donnée, promesse tenue. Comme prévu, c’est donc sur les plus aisés et sur les entreprises que s’est abattu le couperet.
Toujours plus de partage du fruit des efforts de chacun, toujours plus d’égalitarisme, toujours plus de collectivisation des richesses produites… Voilà la sauce à laquelle s’apprêtent à être mangés les un à deux millions de Français dits "aisés". Les cadres commerciaux, les médecins, les consultants, les commerçants prospères, les directeurs d’agences bancaires, les plombiers à leur compte, les experts comptables, les architectes, les dirigeants de PME, etc.
Bref, les riches version François Hollande. À 4 ou 5.000 euros par mois, voire moins. Fini de rire pour ces arrogants à bord de leur BMW série 3 intérieur cuir. Ces bourgeois vautrés dans le salon de leur gigantesque appartement parisien de près de 100 mètres carrés.
Ces privilégiés qui se permettent en plus de partir skier chaque hiver. Ces parvenus que l’on voit même parfois dîner au restaurant en famille le samedi soir. Tant qu’on n’a pas eu la chance de les côtoyer, on ne s’imagine pas le niveau de luxe dans lequel ils se vautrent.
Chez ces gens-là, Monsieur, on joue au golf. On s’offre un nouveau costume chaque saison, à l’occasion des soldes. On n’hésite pas à payer des cours particuliers de maths à son fils lorsque ses résultats chutent. On achète deux ou trois accessoires "Ikea" pour la cuisine, mais en ce qui concerne les meubles, c’est chez "Ligne Roset" ou "Cinna" que cela se passe.
Chez ces gens-là, on ne compte pas, Monsieur. On flambe au nez et à la barbe du petit peuple, contraint de vivre différemment. En résumé, chez ces gens-là, Monsieur, on en a tellement qu’on ne sait plus quoi faire de son argent ! Mais heureusement, tant d’indécence n’aura bientôt plus cours. Promesse faite, promesse tenue, ça va saigner pour ce ramassis de nantis.
Oh, bien sûr, François Hollande n’oublie pas de châtier au passage les millionnaires et les milliardaires. Rapporté à leurs revenus et patrimoine, leur taux global de prélèvements obligatoires s’apprête même à flirter avec des niveaux inédits.
Mais tout en étant les principales victimes de l’injustice fiscale en termes relatifs, ils ne subissent que des effets relativement limités en termes absolus. En outre, s’en prendre à eux comporte un léger défaut : ils sont loin d’être assez nombreux pour financer le barnum. En particulier en France, où l’ISF en a déjà fait fuir une multitude.
Une politique affligeante et contre-productive
Voilà pourquoi ce sont avant tout les "petits riches" qui vont tant trinquer. Ces contribuables qui, à défaut d’avoir fait fortune, sont coupables de réussir leur vie professionnelle. Ceux que Benoît Hamon fustige pour leurs "grandes maisons avec des grandes cheminées et des tapis épais comme ça".
Faute d’envisager une réduction profonde et structurelle de la dépense publique à l’instar du reste de l’Europe, le nouveau gouvernement n’a d’autre choix que de sévèrement ponctionner les cadres supérieurs, professions libérales et autres petits entrepreneurs.
Ainsi s’est exclamé il y a quelques mois l’économiste Henri Sterdyniak (pourtant réputé très à gauche) en découvrant les propositions du candidat socialiste. Il mettait en avant le fait que les classes supérieures sont relativement peu nombreuses et qu'il faut donc les "taper vraiment très fort pour dégager suffisamment d’argent".
En plus d’être affligeante, cette approche punitive n’aura d’autre résultat que l’aggravation de la crise. Comment croire une seule seconde que c’est en culpabilisant ceux qui s’en sortent que l’on améliorera le sort du plus grand nombre ? En cette période d’extrême morosité, briser ainsi l’allant de la France la plus dynamique relève même du suicide économique.
Comment donc, il existerait un lien entre le niveau de vie et le dynamisme ? Shocking ! N’en déplaise au politiquement correct, c’est pourtant la stricte vérité.
Souvent plus entreprenants et plus ambitieux que la moyenne, ces CSP+ que l’on s’apprête à essorer contribuent à la croissance économique d’une manière bien supérieure à leur poids numérique. Écœurer ainsi le dernier décile à coups de cinq ou six hausses d’impôts simultanées revient à priver le pays de ses forces les plus vives.
Une inconséquence dont on ne mesurera les ravages que dans quelques années…
La double peine des dépressifs
Cette peur d'"une maladie qui fait perdre tout"
Pour Pierre Verger, directeur adjoint de l'Observatoire régional Paca, c'est l'une des raisons pour lesquelles "une personne dépressive sur deux ne consulte pas de professionnels de santé". Et ce chiffre est encore plus élevé en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) chez les hommes et les jeunes, précise-t-il. Le manque d'informations, la volonté de vouloir gérer ses troubles seul ou l'idée selon laquelle les traitements ne sont pas efficaces peuvent aussi expliquer la réticence à consulter. Pourtant, il est important que les personnes dépressives se fassent suivre en raison du risque de suicide. Encore faut-il frapper à la bonne porte. Parmi ceux qui ont consulté, 80% sont allés chez un généraliste et non un spécialiste. Par conséquent, "le traitement de la dépression reste principalement médicamenteux alors que la Haute Autorité de Santé recommande la psychothérapie dans les cas les moins les sévères", souligne Pierre Verger.
Près de trois personnes sur dix ont déjà consommé des médicaments psychotropes au cours de leur vie, anxiolytiques et hypnotiques en majorité. Pour le Dr Rémy Sebbah, généraliste depuis 32 ans dans le centre de Marseille, "il y a malheureusement un déficit de formation vis-à-vis de la prise en charge de ces patients" ainsi qu'un "problème de durée de l'écoute". Idéalement, il faudrait 20 à 25 minutes mais "avec une consultation à 23 euros, ce n'est pas possible", analyse le médecin, persuadé que la dépression est encore "sous-diagnostiquée". Les maux de dos ou de ventre sont bien souvent à considérer comme des signes psychosomatiques de la dépression, pense le Dr Sebbah : il faudrait "travailler sur la dépression masquée", différente de celle qui se caractérise par des pleurs ou de la simple tristesse, et "surtout écouter la plainte".
Ces résultats ont été dévoilés à l'occasion de la présentation du plan de santé mentale 2011-2015 par l'Agence régionale de santé (ARS) Paca
Mais pourquoi ne voit-on pas que l’Allemagne est beaucoup plus exposée à la crise qu’on ne le croit ?
Jalousie, quand tu nous tiens
Preuve d'amour, la jalousie ? "Plutôt une conséquence naturelle du sentiment amoureux, explique le psychanalyste et thérapeute du couple et de la famille Serge Hefez, auteur de Scènes de ménage (Fayard, 2010). La relation amoureuse est chargée de passion, de peur d'abandon, d'inquiétude et de la toute-puissance de l'autre." Elle prend ses racines dans notre enfance. "La jalousie dans le couple se nourrit de deux sentiments, la peur que l'autre ne prenne l'objet d'amour - c'est la triangulation oedipienne qui se joue à trois - et la jalousie fraternelle proche de l'envie, celle qui se joue entre le rival et le jaloux", souligne le psychiatre. Le ou la rivale(e) est fantasmé(e). Il ou elle est plus beau ou belle que soi, plus intelligent(e).
"Dans tout amour, il y a une part héritée de l'enfance qui veut de façon impérieuse posséder celui que l'on aime pour soi tout seul. Si cette part est tempérée au fur et à mesure que l'on mûrit, que notre identité d'homme ou de femme s'affirme avec bonheur, elle s'exprime en mode mineur. Elle peut être la source de souffrances face à une infidélité, mais c'est une jalousie somme toute normale", argumente Marcianne Blévis, psychanalyste et auteure de La Jalousie : délices et tourments (Seuil, 2006).
"JUSQU'À EN DEVENIR DINGUE"
Un appel à témoignages, lancé sur Lemonde.fr, révèle des situations où l'on peut éprouver ce sentiment. "Je suis jalouse, avoue Audrey. Pas par nature, mais après une trahison." Son compagnon l'a, en effet, trompée. "Une fois que la confiance est perdue, difficile de ne pas être méfiante, raconte-t-elle. Il ment, s'inscrit sur des sites de rencontres. Je suis devenue paranoïaque, et visiblement cela le pousse à persévérer." Mais, à l'inverse, d'autres manifestations paraissent excessives, sinon pathologiques. Jean-François, 60 ans, est amoureux mais a mis fin à sa relation. Il raconte : "Nous discutions avec mon ex-amie quand tout à coup l'ambiance s'est gelée. Je lui pose alors des questions pour essayer de savoir de quoi il s'agit, mutisme de son côté. Au bout de quelques minutes, elle me dit : "la photo, là dans ton livre". En fait, c'était un marque-page avec la photo de l'auteur."
Une autre fois, il va voir ses enfants en Espagne, leur mère se trouve être là-bas en même temps que lui. "Cela m'a valu une semaine de froid, elle m'accusait d'avoir provoqué cette rencontre pour avoir une relation avec elle", explique-t-il. Tout peut alimenter les disputes. Théo, 28 ans, est jaloux du passé de ses compagnes : "Savoir que mes copines ont passé des nuits avec des inconnus avant de me connaître suffit à me faire haïr jusqu'à la ville où cela s'est passé. Au point de m'imaginer ces épisodes d'innombrables fois jusqu'à en devenir dingue."
"La jalousie est un désir de fusion, et le jaloux est une personne qui n'a pas été suffisamment rassurée par sa mère et qui n'a pas pu se séparer de son objet d'attachement", postule Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, auteure de Abus de faiblesse et autres manipulations (JC Lattès, 300 p., 18 euros). La jalousie délirante est du registre de la paranoïa. C'est une psychose interprétative." Le jaloux pathologique est dans le déni. Il interprète la réalité de façon discordante. Pourquoi mets-tu ta belle chemise aujourd'hui ? Pourquoi te maquilles-tu ? "La jalousie consiste à vouloir garder pour soi seul l'objet aimé. S'il m'aime, il ne doit penser qu'à moi, c'est une possessivité absolue", poursuit-elle. On est même jaloux de ses pensées. On coupe l'être aimé de ses copains, de sa famille. Par ses comportements, la personne jalouse se rend antipathique. "Elle se saborde elle-même, elle fait souffrir et elle souffre", continue Mme Hirigoyen.
"LES JALOUX PATHOLOGIQUES"
Marcianne Blévis raconte qu'elle avait un patient qui chronométrait le temps que son épouse mettait pour aller au travail. "La jalousie excessive désigne un état plus ou moins intense, mais qui est une angoisse torturante concernant un ou une rival(e) plus ou moins imaginaire, véritable double du jaloux ou de la jalouse mais un double plus ou moins persécutant", ajoute-t-elle. Le rival a des pouvoirs mystérieux et maléfiques. "Ce qui prévaut alors, c'est l'excitation insatiable de ce désir d'emprise. Une véritable drogue, me disait une patiente, poursuit-elle. Ce genre de jalousie que rien n'apaise montre bien qu'il s'agit d'une sorte d'ivresse qui a pour fin de s'épargner la peine d'être soi pour préférer empêcher l'autre de l'être." La liberté de l'autre est source d'angoisse incontrôlable.
"Les jaloux pathologiques ont une estime d'eux-mêmes défaillante", explique Serge Hefez. N'ayant pas confiance en soi, ils n'ont pas confiance en l'autre. "Ils ont du mal à trouver leur juste place en se situant par rapport aux autres", poursuit-il. La vie est faite d'adaptations permanentes, mais le jaloux, parce qu'il ne sait pas se situer par lui-même, adopte une "identité rigidifiée", remarque Marcianne Blévis. De telle sorte qu'à la retraite ou au chômage, certaines personnes développent face à leur conjoint une jalousie excessive parce que, soudain, ayant perdu leur identité professionnelle, ils ont perdu tout point d'appui.
Peut-on guérir de cette souffrance que constitue une jalousie excessive ? "Ce sentiment ne se soigne pas, mais on peut apprendre à le contrôler", conclut Marie-France Hirigoyen.