La communauté de Twitter a érigé en icône cette jeune Iranienne, dont la mort par balle a été filmée samedi durant les manifestations. Neda a donné un visage à la répression des opposants à Ahmadinejad.
Elle s'appelait Neda, probablement Neda Soltani. Cette jeune femme d'une vingtaine d'années ou moins (on parle de 16 ans) fait partie des dizaines de victimes de la répression des manifestations anti-Ahmadinejad, samedi à Téhéran. Atteinte d'une balle tirée de loin, elle s'est effondée au milieu de la panique, avant d'agoniser malgré l'aide qu'on tenté de lui prodiguer des passants.
Comme quelques autres des victimes de samedi, sa mort a été filmée par un manifestant, et diffusée sur Internet. La vidéo, mise en ligne surYoutube et Facebook, a été diffusée sur Twitter, le site de microblogging devenu l'un des rares canaux d'information encore ouverts sur la situation en Iran. Rapidement, les diverses versions de la vidéo atteignent plusieurs dizaines milliers de visionnages.
(La vidéo est disponible en suivant ce lien. Attention, ces images sont choquantes et ne doivent pas être visionnées par un public sensible. )
Mais un phénomène nouveau s'est produit : Neda a donné un visage au martyre des opposants à Ahmadinejad. En quelques instants, samedi soir, des centaines d'internautes ont fait de Neda une icône du mouvement iranien. Spontanément, ils ont créé ce qu'on nomme en jargon de twitter un «hashtag» : une convention, qui consiste à ajouter # avant un mot et à placer ce terme dans chaque twit, chaque petit message, qu'on diffuse autour d'un sujet, afin de permettre aux internautes intéressés de retrouver plus facilement les twits qui en parlent.
Des centaines de milliers de twits
Depuis une semaine, Twitter bruissait ainsi autour des hashtags #iranelection, #gr88 ou #stopahmadi. Samedi soir, #neda est apparu et devenu très rapiement l'un des hastags les plus employés.
Sur le site Twitterfall, qui permet de suivre en direct la production de twits sur un sujet, une recherche sur #neda donne un résultat impressionnant. Les messages s'enchaînent au rythme d'un par seconde ou plus. Des centaines de twitterers, usagers du service, relayent informations et opinions sur Neda. Certains discutent de la véracité des vidéos, d'autres demandent à ce qu'on «retwitte», qu'on reprenne les liens vers les films.
Sur Twitter, tout va très vite. Sur le web aussi. Sur Facebook, un groupe «Neda, ange de l'Iran» est né dans la nuit. Sur le moteur de recherche de blogs de Google, on trouve pas moins de 6.648 entrées au cours des seules 12 dernières heures. Partout, l'indignation, l'horreur devant ces images. Partout, ce message : diffusez cette vidéo, pour que le monde sache.
Internet est un outil de communication. Twitter, les blogs, sont devenus le receptacle de phénomènes informationnels qui agitent ainsi la toile, et qu'on regroupe sous le terme de «buzz» : un événément, une vidéo, une blague, peut se diffuser par capillarité à la vitesse de l'électricité ou de la fibre optique, de twit en blog, de forum en site, jusqu'à être visionné, lu, des millions de fois. C'est ce qui se produit avec Neda.
Reste à savoir si Internet, la plus puissante machine à communiquer jamais inventée par l'humanité, peut jouer un autre rôle que celui d'informateur. Et si la diffusion en masse des images de la mort de cette jeune Iranienne suffiront à faire plier le régime de Téhéran. Ce ne serait que justice : en Persan, Neda signifie «voix», ou encore «appel».
dimanche 21 juin 2009
Neda, martyre de la contestation et icône du web
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