TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 3 novembre 2010

Dans les gencives du Tea Party

S'il fallait ne garder qu'un épisode de cette frénétique saison électorale, ce serait celui-là, ce formidable combat qui s'est déroulé dans un décor de western au fin fond du Nevada. Search-light, 600 habitants, quelques ruelles goudronnées qui s'évanouissent dans la piste et les cactus. Le désert de Mojave est à 15 km à l'ouest. La Vallée de la Mort un peu plus au nord, mais ne nous égarons pas.

Searchlight a connu son heure de gloire dans les années 1910, et Scott Joplin lui a dédié un morceau de ragtime. Quand Harry Reid y est né, le 2 décembre 1939, le bourg ne comptait déjà plus que quelques mines d'or. Mais encore 13 établissements de prostitution, dont le célèbre El Rey Bordello, qui possédait une piscine où les enfants venaient apprendre à nager. La mère d'Harry Reid y lavait le linge. L'endroit est aujourd'hui le motel El Rey. Et Harry Reid, le chef de la majorité démocrate au Sénat. Autrement dit l'homme le plus puissant de Washington, avec le président. Encore un qui a bien mérité du rêve américain.
A part la maison du sénateur et l'école élémentaire Harry Reid, on voit surtout des trailers à Searchlight, ces préfabriqués en forme de caravanes que les Américains traînent là où les mène leur éternel roadtrip. Au Nugget, le casino-restaurant, les serveuses portent des chaussettes décorées de chauves-souris qui montent jusqu'aux genoux (pour souligner la proximité d'Halloween). Menu : soupe maison et bandits manchots. Depuis que 20 000 militants du Tea Party - Sarah Palin en tête - sont venus manifester en mars, la patronne Verlie Doing a vu passer des touristes de toute la Terre. Un conseil : n'y allez pas le jeudi. On ne peut pas la déranger. A 86 ans, elle "fait ses fiches de paie".
Searchlight est devenu l'emblème du combat entre les démocrates et le Tea Party, l'une des grandes affiches de ces élections de mi-mandat : Harry Reid contre Sharron Angle, une grand-mère fouettarde qui ne craint pas de faire campagne avec son pistolet à la ceinture. Les républicains ont beaucoup investi pour faire tomber le chef de la majorité au Sénat. Ils espéraient frapper les esprits, comme en 1994, lorsque les amis de Newt Gingrich ont défait Tom Foley, le speaker de la Chambre. Ou en 2004, Tom Daschle, le prédécesseur d'Harry Reid au Sénat.
A bientôt 71 ans, Reid est sec comme une planche et il déteste le gras - un jour que George Bush le recevait à la Maison Blanche, il a vu entrer Barney, le terrier écossais : "Votre chien est gros", a-t-il aimablement constaté. Il a écrit une histoire de Searchlight, "le camp qui n'est pas tombé". Sa prose est aussi aride que l'endroit. L'émotion est cachée dans quelques pages de son autobiographie (écrite avec une plume du magazine Esquire). Alors qu'il venait de remporter sa première élection, son père s'est tiré une balle dans la tête. Il était chercheur d'or. "Le jour où il s'est arrêté de boire, il s'est suicidé." Pendant vingt-cinq ans, Harry Reid n'a pas réussi à en parler.
Harry Reid a toujours été bagarreur. Tout nouveau venu à l'école pouvait s'attendre à une raclée. A 14 ans, il s'est battu avec son père - qui avait une fois de plus porté la main sur sa mère. Cinq ans plus tard, avec son futur beau-père - qui ne voulait pas lui donner la main de sa fille. Harry a quand même épousé Landra. Elle était juive. Ils sont devenus mormons. Grâce à l'un de ses professeurs (Mike O'Callaghan, un futur gouverneur du Nevada), qui a sollicité des hommes d'affaires pour lui payer des études, Harry Reid a pu aller à l'université dans l'Utah - il a ensuite financé ses études de droit à Washington en travaillant à la police du Capitole. Et il s'est mis à la boxe. Son surnom sur le ring : "Harry give'em hell". Fais-en leur baver, Harry !
Des années plus tard, alors qu'il était président de la commission de supervision des casinos de Las Vegas, un semi-imprésario semi-voyou a essayé de lui offrir 12 000 dollars en échange de faveurs. Il a appelé le FBI, monté un guet-apens, et l'individu a fini en prison (après quoi Landra Reid a trouvé un explosif sous sa voiture).
Reid a la voix inaudible et toujours l'air de grommeler quelque chose. C'est souvent une gaffe. Vu son élocution, les talk-shows politiques du dimanche matin ne se bousculent pas pour l'inviter. "Il aime le désert", explique Jane Overy, du Musée de Searchlight. Le soir du vote de la réforme de la santé, 24 décembre 2009, il s'est trompé et il a voté contre le texte. Un acte manqué, pourrait-on dire, parce que, dans le Nevada, les 2 000 pages du texte ne jouissent pas d'une grande popularité.
Sharron Angle s'est révélée une adversaire coriace, mais Harry Reid a cogné comme un sourd. Il a remobilisé les Latinos (qui ont voté en plus grand nombre encore qu'en 2008). Inauguré un projet chinois d'éoliennes. Rappelé qu'il avait canalisé des millions de dollars en aide fédérale et arraché au président l'arrêt du projet de stockage de déchets nucléaires sur Yucca Mountain... Sharron Angle n'a promis ni jobs, ni subventions fédérales, ni ministère de l'éducation, ni retraite... autant dire le retour au Wild West. Et Harry Reid, qui n'avait gagné en 2004 qu'avec 500 voix d'écart, a mis 30 000 voix dans les gencives de l'adversaire. Prends-ça, Tea Party !

Trève

Mais pourquoi donc Nicolas Sarkozy tarde-t-il tant à rendre public ce fameux remaniement qu’il nous avait annoncé début juillet ? Plusieurs hypothèses. La première, c’est qu’en agitant la menace, il a créé une sacrée électricité au milieu de la fourmilière. C’est à qui se contorsionne le plus pour donner l’impression au chef de bien travailler. Et accessoirement en le couvrant d’éloges dont il a bien besoin en ces périodes de basses eaux.

Pourtant la manœuvre est risquée. En annonçant trop tôt la nomination de Bernard Laporte au portefeuille des sports, un mois après son arrivée à l’Elysée, il l’avait rendu fébrile et, patatras, sa Coupe du monde de rugby a été plutôt ratée. Deuxième piste : le Président est bien gêné par la fameuse trêve des expulsions qui a pris effet avant-hier. Comment expulser de son logement le ministre du même nom, comment pousser à l’extérieur celui de l’Intérieur, comment virer Eric Besson dont la mission est entre autres d’expulser les autres ? Vite, une nouvelle trêve !

Chrétiens en terre d’islam


Au moment où Ben Laden lance ses menaces contre la France, mise ainsi au premier plan des cibles d’attentat par al-Qaida, le massacre des chrétiens d’Irak nous interpelle sur cette guerre des religions au plan mondial qui ne dit pas toujours son nom.


– La première constatation c’est qu’il n’est pas bon d’être chrétien aujourd’hui en terre d’Islam. C’est un véritable nettoyage religieux qui s’opère dans les pays musulmans. En Irak les chrétiens furent évangélisés au premier siècle de notre ère bien avant que n’arrivent les musulmans, comme le rappelait hier Alain Vincenot. Aujourd’hui il ne leur reste plus guère que la valise ou le cercueil. Deux tiers des chrétiens de 1980 ont déjà fui le pays et ceux qui restent sont menacés d’être massacrés comme les 53 de la cathédrale catholique de Bagdad. En Egypte, pays pourtant considéré comme musulman modéré, ce sont les coptes qui sont menacés et cette minorité (10 % des 80 millions d’Egyptiens) est soumise à toutes sortes de brimades et d’exactions. Six coptes ont été abattus devant une église lors du dernier Noël orthodoxe. La liste est longue des pays musulmans qui, comme l’Arabie saoudite, interdisent purement et simplement la pratique d’autres religions. Les catholiques comme les juifs sont en passe d’être rejetés du monde musulman.


– La deuxième constatation c’est que, pendant ce temps, une partie des musulmans vivant en France ne cessent de dénoncer l’islamophobie dont ils seraient victimes au travers des lois de la République française interdisant le voile à l’école et le voile intégral sur la voie publique. On n’a jamais construit autant de mosquées en France que ces dernières années, il est normal que les musulmans de France qui puissent pratiquer leur religion dans les meilleures conditions dans un pays qui respecte la liberté des cultes. Il serait tout aussi normal que les citoyens français de religion musulmane qui s’en prennent aux institutions et aux lois de notre pays, dénoncent avec autant de vigueur l’intolérance religieuse des pays dont ils sont issus.

Leçons américaines



La France accusée d'être à l'origine de la crise... de 1929

La France pourrait avoir provoqué la Grande Dépression à la fin des années 1920 en accumulant des réserves d'or, écrit un économiste d'une université américaine dans un article de recherche. 
 Qui a mis a mal l'économie mondiale en 1929 ? Les Etats-Unis ? Faux, c'est la France, "of course". C'est en tout cas la théorie d'un économiste américain selon qui Paris a provoqué la Grande Dépression en accumulant des réserves d'or. Damned !

Selon Douglas Irwin, économiste au Dartmouth College, université privée du New Hampshire aux Etats-Unis, la part des réserves mondiales d'or détenue par la France est passée de 7% à 27% entre 1927 et 1932 mais les autorités françaises ont "stérilisé" cette accumulation de métal jaune en ne créant pas de masse monétaire dans une proportion équivalente. La stratégie française aurait ainsi créé une pénurie articielle d'or et empêché que s'exerce la relation historique entre les prix mondiaux et les réserves d'or, créant ainsi une énorme pression déflationniste, ajoute l'étude.

Pour Irwin, dont l'article a été publié par le Bureau national de recherche économique (NBER), il y aurait eu sans cela une légère inflation entre 1929 et 1933, au lieu de l'importante déflation qui a caractérisé la Grande Dépression, la plus grande crise économique du XXe siècle. Il conclut que la France est "plutôt plus" à blâmer que les Etats-Unis, généralement accusés d'avoir provoqué la crise de 1929 par leur création monétaire effrénée dans les années 1920. La déflation aurait pu être évitée si les banques centrales avaient maintenu les équilibres monétaires de 1928, ajoute le chercheur.

La vague républicaine déferle sur Obama

Comme prévu par les sondages, les républicains ont largement pris le contrôle de la Chambre des représentants lors des législatives de mi-mandat. En revanche, les démocrates gardent de peu la majorité au Sénat.
Comme on pouvait s'y attendre à la vue des derniers sondages et du mécontentement global des Américains face aux résultats de la politique économique de Barack Obama depuis début 2009, les républicains sont sortis grands vainqueurs des élections législatives du 2 novembre destinées à renouveler les deux chambres du Congrès.
 Lors de ces "mid-terms" (élections de mi-mandat), le parti de l'éléphant, anciennement minoritaire, a gagné environ une soixantaine de sièges à la Chambre des représentants (ndlr : équivalent de notre Assemblée nationale). Il y dispose donc désormais d'une large majorité. Les démocrates ont en revanche réussi à limiter la casse au Sénat où ils conservent de peu la majorité. Mais cela ne leur permettra plus de passer outre les volontés de blocage de leurs adversaires. Symboliquement, le siège de sénateur de l'Illinois occupé auparavant par Barack Obama a basculé à droite (cliquez ici pour voir notre infographie : "Etats-Unis : les résultats des élections de mi-mandat").
 
Le "Tea Party" à l'honneur
A l'intérieur même de la vague rouge, le scrutin a été marqué par la percée du "Tea Party". Ce mouvement conservateur, situé à la droite du parti républicain et apparu sur la scène politique il y a seulement quelques mois, obtient en effet au moins trois élus au Sénat : Rand Paul au Kentucky, Marco Rubio en Floride et Jim DeMint en Caroline du Sud. En revanche, Christine O'Donnell, la candidate la plus emblématique du "Tea Party", mais aussi l'une des plus radicales, a été largement battue dans le Delaware.

Pour parachever ce virage à droite de la société américaine, les républicains ont également remporté de nombreuses élections locales organisées un peu partout dans le pays. Trente-sept Etats choisissaient notamment leur nouveau gouverneur. Là aussi, les républicains réussissent une percée en s'emparant d'une dizaine d'Etats. La Californie fait pour sa part le chemin inverse en revenant dans le giron démocrate.
Coup d'arrêt aux réformes
Que signifie pour Barack Obama cette future "cohabitation" ? Tout simplement que les projets  qu'il comptait lancer lors de ses deux dernières années de mandat peuvent être rangés au placard ou qu'ils seront édulcorés. La Chambre des représentants s'occupant en effet des sujets liés à la vie de tous les jours (le Sénat se penche plutôt sur la politique étrangère, les questions de défense et entérine les nominations dans l'admistration), les républicains s'opposeront aux réformes de l'immigration, de l'économie, de l'énergie ou encore aux tentatives pour limiter le réchauffement climatique. 

John Boehner, chef de file des députés républicains et donc futur patron de la Chambre des représentants, a déjà prévenu. "Nous espérons que le président Obama va désormais respecter la volonté du peuple, changer de cap et s'engager à faire les changements que (les Américains) demandent. Notre nouvelle majorité préparera les choses différemment, adoptera une approche nouvelle qui n'a jamais été tentée auparavant à Washington par un parti, quel qu'il soit", a-t-il lancé (vidéo ci-contre).
De son côté, le locataire de la Maison-Blanche, qui a appelé John Boehner, indique "être impatient de travailleur avec les républicains pour trouver un terrain d'entente et faire avancer le pays". Avec le Sénat aux démocrates et la Chambre des représentants aux républicains, le blocage (surnommé "gridlock" aux Etats-Unis) pourrait néanmoins vite survenir puisque les deux entités ont chacune le même pouvoir au moment de voter les lois.
Comme Bill Clinton en 1994 
 Pour se consoler, Barack Obama peut regarder le passé et l'exemple de Bill Clinton en 1994. Lui aussi avait encaissé une défaite. Elle était même encore plus sévère puisqu'il avait perdu à la fois la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat. Pourtant, deux ans plus tard, il avait été réélu triomphalement pour un second mandat.




Le triple champion du monde de surf Andy Irons est mort

L'Américain Andy Irons, triple champion du monde de surf, est décédé à l'âge de 32 ans, a annoncé mardi soir son père, Phil Irons. Le corps d'Irons a été découvert mardi soir dans une chambre du Grand Hyatt Hotel situé près de l'aéroport Fort Worth de Dallas, dans l'Etat du Texas, où il faisait étape avant de regagner son domicile sur l'île de Kauai, dans l'archîpel d'Hawaï, et les employés de l'établissement ont prévenu la police de l'aéroport.
 
Une autopsie a été ordonnée pour ce mercredi afin de déterminer les causes exactes du décès. Selon un communiqué envoyé depuis Hawaï par la famille du défunt et publié sur le site de l'Association professionnelle de surf, Irons "avait contracté la dengue", une maladie infectieuse transmise par les moustiques. Andy Irons, "souffrant", avait déclaré forfait pour une épreuve qui se déroulait à Porto Rico le week-end dernier. Irons était marié à Lyndie, qui attend leur premier enfant pour le mois de décembre.
Grand rival de la star du surf Kelly Slater, Andy Irons était considéré comme une icône sur son île natale d'Hawaï, où il avait signé quelques-uns de ses plus grands exploits, remportant notamment la prestigieuse Vans Triple Crown of Surfing. Le surfeur de Kauai avait également remporté le titre de champion du monde à trois reprises, de 2002 à 2004.
 

Pélisson débarqué d'Accor et remplacé par le patron de McDo Europe

Accor a annoncé ce mercredi le départ de Gilles Pelisson à la tête du groupe hôtelier. Ce dernier sera remplacé par l'actuel PDG de McDonald's Europe, Denis Hennequin.
Le groupe Accor a mis fin au mandat de directeur général de Gilles Pélisson. Ce dernier a été à la tête du groupe pendant cinq ans. Le conseil d'administration et Gilles Pélisson ont fait le constat de "divergences stratégiques" a précisé le groupe dans un communiqué.

Gilles Pélisson sera remplacé par Denis Hennequin, actuel PDG de McDonald's Europe. Ce denier sera nommé directeur général à compter du 1er décembre 2010. De son côté, Gilles Pélisson restera président non exécutif jusqu'au 15 janvier 2011. Denis Hennequin assurera ensuite la fonction de PDG à l'issue de cette phase de transition.

Denis Hennequin, âgé de 52 ans, est administrateur de Accor depuis mai 2009 a précisé le communiqué du groupe. Il a démarré sa carrière chez McDonald's, en 1984. Après avoir occupé diverses fonctions opérationnelles en France, il a été nommé Président-directeur général de McDonald's Europe en 2005.

De son côté, Gilles Pélisson a déclaré : "Je suis fier que Accor, désormais recentré et en pleine santé, puisse profiter pleinement du rebond économique. Je suis confiant dans le fait que Accor et Edenred vont pouvoir se développer avec succès. Je tiens à remercier du fond du coeur, les femmes et les hommes qui, aux quatre coins du monde, m'ont accompagné dans cette mutation nécessaire sur laquelle le Groupe va pouvoir bâtir son avenir".

Élections US: la Chambre aux républicains mais pas le Sénat

Les démocrates ont perdu près de 60 élus à la Chambre des représentants. Les républicains remportent également plusieurs sièges de sénateurs mais pas suffisamment pour atteindre la majorité.

La présidence de Barack Obama subit un tournant majeur. Alors que les Américains renouvelaient mardi les 435 sièges de la Chambre des représentants, 37 de leurs cent sénateurs et 37 de leurs 50 gouverneurs, les projections et résultats partiels confirment la défaite annoncée du parti démocrate à la Chambre des représentants. Au Sénat, le recul du parti d'Obama, quoique net, ne fait toutefois pas basculer la majorité dans le camp républicain.

• Les démocrates perdent la Chambre des représentants :

Tous les instituts de sondage le prédisaient, et ils ne se sont pas trompés : les républicains ont ravi plus d'une soixantaine de sièges aux démocrates, décrochant de ce fait la majorité à la Chambre des représentants, selon les projections des médias américains. Ce serait plus encore que lors de la «révolution conservatrice» de 1994, où les républicains avaient pris 54 sièges aux démocrates de Bill Clinton.

Cette poussée des républicains devrait se traduire par une réduction de la marge de manœuvre d'Obama et une probable situation de blocage législatif, deux ans après son arrivée à la Maison-Blanche. John Boehner, qui devrait être le nouveau speaker, nom donné au président de la Chambre, a estimé lors de la soirée électorale que les électeurs ont appelé mardi Obama à «changer de cap». «Nous espérons que le président Obama va désormais respecter la volonté du peuple, (...) et s'engager à faire les changements que (les Américains) demandent», a-t-il déclaré, visiblement ému.

• Plusieurs gains républicains au Sénat :

Six sièges de sénateur ont déjà basculé dans le camp républicain, dont celui, très symbolique, de l'Illinois, ancien fief de Barack Obama. Les autres victoires sont revendiquées par Dan Coats dans l'Indiana, John Boozman dans l'Arkansas, John Hoeven dans le Dakota du Nord, Ron Johnson dans le Wisconsin et Pat Toomey en Pennsylvanie.
  Dans le Kentucky, le républicain Rand Paul, un des favoris du mouvement ultraconservateur du Tea Party, a également été élu. Cet Etat était déjà détenu par le Parti républicain. Jim Bunning, le sénateur sortant, avait choisi de ne pas se représenter. Rand Paul n'est autre que le fils du représentant républicain du Texas Ron Paul, ancien candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2008 sous l'étiquette libertarienne affranchi de la ligne officielle du parti.


En Floride,c'est aussi une étoile montante du Tea Party, l'hispanique Marco Rubio, qui permet au parti républicain de conserver le siège, à l'issue d'une triangulaire.
En Arizona, l'adversaire malheureux de Barack Obama lors de la présidentielle de 2008, le républicain John McCain, a décroché sans grande difficulté un cinquième mandat de sénateur face à un candidat démocrate peu connu.
En revanche, la très controversée candidate du Tea Party Christine O'Donnell a échoué, comme annoncé par les sondages, dans le Delaware face au démocrate Christopher Coons. La Virginie occidentale conserve également un élu démocrate, avec l'élection de Joe Manchin, gouverneur sortant très populaire, qui a fait campagne contre la réforme de la santé conduite par Barack Obama. Cette victoire du camp démocrate vient compliquer la tâche pour les républicains qui ont besoin de 10 sièges en plus des 41 qu'ils détiennent déjà pour obtenir la majorité à la chambre haute.
Sur la côte ouest, les sondages de sortie d'urnes menés par CNN donnent les candidats démocrates au Sénat gagnants dans l'Etat de Washington et surtout en Californie, ce qui permet à Obama de conserver une courte majorité au Sénat.

Foule sentimentale
envoyé par Europe1fr. - L'actualité du moment en vidéo.

• L'élection des gouverneurs, autre succès républicain :

Au moins dix des 37 postes de gouverneurs à pourvoir ont été conquis sur le camp démocrate par les républicains. C'est le cas dans le Wisconsin, en Pennsylvanie, dans le Tennessee, le Wyoming, l'Iowa, l'Oklahoma, l'Ohio, le Kansas, le Nouveau Mexique et le Michigan. Le Parti républicain conserve par ailleurs deux États-clé en vue de 2012, le Texas et surtout la Floride. Jan Brewer, la gouverneure sortante de l 'Arizona à l'origine d'une loi controversée sur l'immigration, a également été reconduite dans ses fonctions.
En Californie en revanche, Arnold Schwarzenegger devrait avoir pour successeur le démocrate Jerry Brown, placé devant son adversaire Meg Whitman par les projections des médias.


 LES RÉSULTATS ÉTAT PAR ÉTAT

Critique pour l'auto

La prime à la casse avait mis un tigre dans le moteur de l'industrie automobile, sa suppression en sifflet lui coupe ses élans. Fini le bel enthousiasme présidentiel et celui des constructeurs sur les stands du Salon de l'auto, le marché s'enfonce dans une déprime qui inquiète. On subodorait depuis les déclarations du ministre Estrosi, d'ordinaire peu enclin à l'autocritique, que la situation n'était pas reluisante. D'autant que ses prévisions avaient été précédées d'une circulaire demandant aux préfets d'être attentifs aux risques de difficultés pour les sous-traitants. Mais, au-delà de l'analyse conjoncturelle, le plongeon des ventes fait craindre une nouvelle vague de destructions d'emplois dans cette filière baromètre de notre industrie.

Le plan d'aide de l'État aux constructeurs, début 2009, n'a donc pas suffi. Aussitôt annoncé le rabotage de la prime à la casse, le marché s'est contracté et les pouvoirs publics s'attendent à de gros dégâts qu'ils anticipent avec une relance du soutien au secteur et notamment aux équipementiers. Sans doute parce que les acheteurs, ne voyant pas le bout de la crise, sont désormais dans l'épargne de précaution, la fin de l'incitation gouvernementale s'est aussitôt fait sentir sur le volume de ventes.

Une fois encore, la preuve est faite que les incitations économiques sont porteuses d'illusion et d'effets négatifs. Qu'elles soient de Robien, Scellier ou à la casse, elles ne génèrent qu'une activité artificielle qui du jour au lendemain s'arrête avec leurs carottes. Elles coûtent sans rapporter et ne font que gonfler artificiellement notre pouvoir d'achat en nous entraînant dans un surendettement pervers, lui aussi objet des attentions de Mme Lagarde.

Les éclats trop sonores de M. Estrosi contre Molex ne sont, comme la prime à la casse, que l'anticipation d'un recul qui depuis longtemps clignote dans les tableaux de bord. Nos régions savent bien, pour l'avoir appris de crises en plans sociaux depuis la fin de Ducellier, que les structures de l'industrie automobile ne se résument pas à des aides ponctuelles et que la seule vraie relance sera celle qui s'appuiera sur la production industrielle plus que sur la gestion financière de l'économie.

DANIEL RUIZ

Un symbole très comptable


Un premier pas vers une défense européenne ? Non. Une défense européenne impliquerait une politique étrangère européenne et, malgré le dispendieux service diplomatique que l'UE met en place, cette dernière reste une chimère. Le Royaume-Uni la rejette avec force, et la plupart des autres États de l'UE aussi.
Les accords franco-britanniques relèvent d'abord du pragmatisme comptable. Le plan d'austérité de David Cameron taille de 8 % le budget militaire du pays, la France veut en trois ans réaliser des économies de 3,6 milliards d'euros dans la Défense. Et des deux côtés de la Manche, la réduction des effectifs se chiffrera par dizaines de milliers. Donc, autant « mutualiser » ce qui peut l'être en évitant les doubles emplois en matière de logistique, de maintenance ou d'expérimentation des systèmes d'armes, notamment nucléaires. En rognant les coûts, les deux puissances militaires traditionnelles de l'Europe d'après 1945 cherchent à maintenir leur rang. Malgré une Royal Navy qui n'est plus que l'ombre d'elle-même et une armée française dont l'équipement moderne arrive au compte-gouttes.
Une coopération de ce type, certes à un niveau moindre et sans le nucléaire, fonctionne déjà depuis longtemps entre la France et l'Allemagne. Que Berlin ne soit pas associé aux accords franco-britanniques peut d'ailleurs paraître curieux. Peut-être parce que la Bundeswehr, encore largement rivée à sa mission de la guerre froide (une armée de premier choc avec blindés et infanterie lourde) est en pleine mutation, jusqu'à l'abandon envisagé du service militaire. Peut-être aussi parce qu'au sein de l'OTAN - dont la France fait désormais pleinement partie - ces coopérations relèvent de la normalité.
Mais entre la France et la Grande-Bretagne joue aussi la symbolique, comme l'a relevé à sa manière une certaine presse britannique qui qualifie toujours notre pays d'« ennemi héréditaire ». En ce sens, l'accord de Londres est aussi un accord entre deux armées et surtout entre deux marines qui se sont toujours combattues. Même s'il manque l'essentiel : le partage des tâches dans les industries de la Défense et les chantiers navals. Chacun veut faire travailler ses arsenaux quitte à déjà endosser un premier échec : la construction commune de porte-avions, qui a coûté très cher en études, ne se fera pas.
Malgré un accord lourd en symboles, l'enthousiasme doit être tempéré. C'est vrai également pour cette future force d'intervention franco-britannique. Existera-t-elle vraiment et ,si oui, quelle sera son autonomie ? Rappelons l'expédition franco-britannique de Suez en 1956. Washington avait vite sifflé la fin de la partie...


Miracle


On se serait cru dans le monde fabuleux d'Amélie Poulain... D'abord, la vision d'horreur d'un bébé qui bascule d'un balcon du 7e étage et qui tombe, lentement, longuement. C'est au bout la mort assurée. Mais, pour arrêter la chute finale sur le trottoir parisien, l'auvent ouvert d'un café fermé - autant dire l'improbable absolu. Et ce n'est pas fini : le bébé rebondit sur l'auvent, retombe vers le sol, mais il trouve alors les bras en corbeille d'un passant, un médecin joliment nommé Bensignor. C'est ainsi que le bébé s'endormit, sauvé... Les optimistes parleront de miracle. Les pessimistes pointeront les parents du bébé, qui l'avaient abandonné au danger. Nous nous contenterons de dire que l'actualité est bien trop avare de belles histoires pour qu'on néglige de conter les dernières nouvelles d'Amélie Poulain.

Et maintenant, penser l'avenir

Des lycéens et des étudiants se sont associés aux manifestations contre la réforme des retraites. Le plus poignant n'était pas leurs slogans sur la réforme, mais plutôt ce que leur mobilisation nous disait sur autre chose : la détérioration des conditions de vie de la jeunesse, dont le taux de pauvreté s'accroît régulièrement et dont l'insertion professionnelle devient un parcours du combattant. Face à une désespérance qui pointe, il faut oser penser l'avenir, d'abord en ouvrant les chantiers de prévoyance sociale, exclus de la réforme des retraites au sens strict. Sur ces chantiers, les négociateurs - État, syndicat et patronat - trouveraient du « grain à moudre ».

Le premier chantier découle de l'augmentation de l'espérance de vie en bonne santé. Réduire la durée moyenne de la période qui, en fin de vie, se traduit par de lourds problèmes de santé (période sensiblement plus longue pour les femmes que pour les hommes), voilà un chantier gagnant-gagnant : pour le régime d'assurance maladie, sachant que les dépenses de santé les plus importantes concernent ce moment de la vie, et, bien entendu, pour les retraité(e)s. La bataille de l'augmentation de l'espérance de vie en bonne santé se joue aussi dans le monde du travail : par l'aménagement du cadre de vie professionnel, notamment en fin de carrière ; par une meilleure prise en compte de la vie familiale dans les entreprises.

Le deuxième chantier, inséparable du précédent, concerne l'assurance dépendance. Des études européennes montrent que des solutions inspirées par la solidarité, impliquant notamment les régimes d'assurance complémentaire, peuvent assurer une large couverture et être moins coûteuses pour la collectivité. L'enjeu, c'est de rendre les partenaires sociaux et les retraités intéressés à l'amélioration de l'espérance de vie en bonne santé, ce qui implique de garder le financement de la dépendance dans un cadre professionnel.

Le troisième chantier est de rendre flexibles les fins de carrière et, plus généralement, les perspectives d'emploi des seniors. Allonger la durée de la vie active serait facilité en diminuant progressivement l'activité principale pour développer d'autres possibilités, rémunérées ou non. Le temps des retraites couperets est anachronique, toujours lié à l'idée que les métiers sont homogènes et que chaque actif vaut un autre actif ; elle ne correspond plus au monde du travail tel qu'il est aujourd'hui. L'ouverture, en 2013, d'une réflexion sur la retraite par points va dans le sens de cette souplesse, en même temps qu'elle ouvre le dossier délicat de l'unification des régimes.

À ce dernier chantier pourrait être relié un quatrième, entre générations, celui de l'accueil en alternance des jeunes dans l'entreprise. Un goulot d'étranglement de cette pratique s'est formé dans notre pays, devant les possibilités d'accueil et d'encadrement par les entreprises. Ne serait-ce pas, justement, une tâche pour des seniors, prolongeant utilement de cette façon leur vie active ?

«L'entrée de LVMH chez Hermès n'a rien d'amical»

Patrick Thomas et Bertrand Puech, les dirigeants du groupe familial, demandent à Bernard Arnault de se retirer.
Dix jours après l'annonce surprise de l'entrée de LVMH à son capital, avec 17,1 % des parts, Hermès sort de sa réserve. L'héritier Bertrand Puech, descendant du fondateur à la cinquième génération, président de la société familiale Émile Hermès (seul associé commandité d'Hermès International), et le patron Patrick Thomas, gérant du groupe, s'élèvent vigoureusement contre l'opération.
LE FIGARO. - Comment avez-vous réagi à l'entrée de LVMH au capital d'Hermès révélée il y a dix jours ?
Patrick THOMAS. - Cela a été une grande surprise. LVMH a annoncé d'un seul coup une prise de participation de 17 % en la qualifiant d'«amicale». Cette arrivée n'a rien d'amical. Elle n'a été ni désirée ni sollicitée. Il n'y avait de menace d'aucun fonds d'investissement, d'industriel du luxe ou de groupe chinois cherchant à acheter des actions Hermès, comme LVMH l'a prétendu.
Bertrand PUECH. - Surprise et déplaisir. J'ai reçu le coup de téléphone de M. Arnault à 9 h 45 alors que j'allais prendre un train et son communiqué est parti à midi.
Que vous a-t-il dit ?
B. P. - Il m'a dit que des actions se vendaient, qu'il en avait acheté pour 14,2 %, qu'il allait augmenter sa participation et que c'était tout à fait amical, qu'il ne nous demandait pas de siège au conseil de surveillance.
Vous êtes-vous rencontrés ?
B. P. - Oui, le lundi suivant. Cela a été une rencontre courtoise et franche.
P. T. - Nous lui avons dit que nous ne considérions pas cette intervention comme amicale.
Comment comptez-vous travailler avec celui qui est désormais votre premier actionnaire individuel ?
P. T. - Le fait qu'un actionnaire ait 17 % de notre capital ne modifiera pas la culture et la façon de travailler de cette maison. Hermès n'a absolument pas besoin d'aide, de soutien ou de tuteur, contrairement à ce que pense M. Arnault. D'ailleurs, si vous regardez les performances depuis notre entrée en Bourse en 1993, la croissance annuelle du bénéfice net de LVMH a été de 7,6 %, celle d'Hermès de 14,7 %. En Bourse, l'action LVMH a été multipliée par six, celle d'Hermès par 35. Si quelqu'un a besoin d'aide, ce serait plutôt dans l'autre sens. Hermès va très bien, mieux que LVMH, et Hermès est verrouillée.
Les moyens d'acquisition de ces 17 % vous semblent-ils conformes à la réglementation ?
P. T. - Nous nous posons énormément de questions. Il existe une réglementation boursière qui a notamment pour objet de protéger les actionnaires minoritaires. Or un groupe est capable de prendre, via des produits financiers, 17 %, soit les deux tiers du flottant, sans signaler aucun franchissement de seuil. On ne peut que s'interroger. Quand on voit les structures qui ont permis de mener cette attaque, on constate qu'il s'agit de filiales de LVMH basées au Luxembourg, aux États-Unis et surtout au Panama, qui n'est pas le pays le plus transparent en termes de régulation financière et d'origine des fonds. Hermès ne peut faire qu'une chose, c'est faire confiance à l'Autorité des marchés financiers qui doit dire si l'opération est conforme à la réglementation ou pas.
Que pensez-vous que Bernard Arnault vienne faire chez vous ?
P. T. - Bernard Arnault n'a jamais caché son intérêt pour Hermès. C'est ça le sujet, le reste, c'est de la technique. Or la maison Hermès, ce n'est pas une société, ce n'est pas qu'une signature, c'est un terreau culturel dans lequel poussent chaque saison les fleurs de la créativité. C'est un héritage formidable, une culture artisanale, une tradition de respect des hommes et des matières, une chimie très complexe. Cette culture est difficilement compatible avec celle d'un grand groupe. Ce n'est pas un combat financier, c'est un combat de cultures. Évidemment on pourrait doubler les bénéfices d'Hermès en cinq ans, mais Hermès en mourrait à petit feu.
B. P. - Nous sommes des artisans, notre but est de faire des produits les meilleurs du monde. Nous ne sommes pas dans le luxe, nous sommes dans la qualité.
Redoutez-vous une montée de LVMH au capital, voire une prise de contrôle ultérieure ?
P. T . - Il est très probable qu'il monte au capital, je ne connais pas ses intentions. Mais la famille Hermès est extrêmement soudée et décidée à garder le contrôle par sa commandite, qui a été créée pour protéger la maison contre l'éventualité de ce qui se passe aujourd'hui et surtout pour protéger la culture de ce joyau construit depuis six générations.
Quelle part du capital les familles héritières détiennent-elles aujourd'hui ?
P.T. - À la dernière assemblée générale, en mai, c'était 73 %. Ce chiffre évolue légèrement en permanence car certains vendent des parts, d'autres en achètent.
Certains ont-ils vendu récemment des actions ?
B. P. - Rien de significatif, et rien à M. Arnault. Si quelqu'un a vendu à M. Arnault, c'est indirectement, sans le savoir. Il a sûrement fait des approches amicales mais personne ne lui a cédé d'actions.
Certains héritiers ne pourraient-ils pas être tentés de vendre alors que le cours de l'action atteint des niveaux historiques ?
B.P. - Non. Vendre pour investir dans quoi ? Nous savons que ce qu'il y a de mieux, c'est Hermès. L'action valait 5 euros à l'introduction en Bourse, elle a atteint 200 euros la semaine dernière.
Êtes-vous liés par des pactes d'actionnaires ?
B.P. - Nous avons une série de pactes. Et notre meilleure défense, c'est la commandite : même s'il ne restait qu'un actionnaire familial, il conserverait le contrôle.
Le décès en mai de l'ancien dirigeant Jean-Louis Dumas, présenté comme le fédérateur de l'unité familiale, l'a-t-il fragilisée ?
B.P. - Non. Jean-Louis Dumas était malade depuis plusieurs années et n'est plus intervenu depuis 2006. Il a cimenté la famille. Tout ce qu'il a fait, il l'a fait parce que la famille était là.
Hermès peut-elle rester une entreprise familiale indépendante à la sixième génération ?
B.P. - À la sixième génération, sans aucun doute, et à la septième aussi, j'ai la certitude qu'ils ont cette vision. Les générations passent, ­Hermès reste.
Qui succédera à Patrick Thomas et quand ?
B.P. - Il n'est pas prévu de remplacer M. Thomas.
P.T. - Je suis là pour servir la maison, tout ce que je ferai, je le ferai pour elle.
Pensez-vous que Bernard Arnault aura un jour le contrôle d'Hermès ?
B.P. - Je ne le crois pas. Nous avons été submergés de messages affectueux de soutien. Je pense que M. Arnault a lancé une bataille financière qui passe à côté de nous. C'est un grand financier mais il n'a pas connu que des succès. Nous voulons être très courtois. La famille le dit clairement et à l'unanimité : «Si vous voulez être amical, Monsieur Arnault, il faut vous retirer».

Le commentaire politique de Christophe Barbier


Russie : le verre à moitié plein

On peut ne voir en la Russie qu'un verre à moitié vide : tensions politiques et régionales, arbitraire gouvernemental et judiciaire, corruption répandue aussi bien dans l'administration que dans les affaires, économie très cyclique et ultradépendante du cours des matières premières, démographie déclinante… Et pourtant, en annonçant, hier, qu'il était prêt à réinvestir pour prendre le contrôle d'AvtoVAZ, son allié russe, Renault n'a pas perdu la raison. D'une manière rationnelle, le groupe dirigé par Carlos Ghosn a décidé de voir en la Russie un verre à moitié plein.

Certes, le marché russe ne sera jamais l'équivalent du chinois. Dans une poignée d'années, les Chinois devraient acheter plus de 17 millions de voitures par an contre seulement 3 millions pour les Russes. Un chiffre néanmoins considérable qui fera de la Russie le premier débouché d'Europe devant l'Allemagne et un relais de croissance aussi important que l'Inde ou le Brésil.

Présent simplement par procuration - par le biais de son partenaire Nissan -aux Etats-Unis et en Chine qui représentent les deux premiers marchés de la planète, Renault se doit d'être en prise directe en Russie. Même si Nissan l'accompagne dans une montée en puissance au sein d'AvtoVAZ, il serait d'ailleurs souhaitable que Renault ne partage pas trop les risques et donc les profits potentiels avec son partenaire nippon.

Certes le danger est réel. Renault a déjà investi plus de 1 milliard de dollars en Russie. Le retour sur investissement promet donc d'être long. Mais Renault peut s'appuyer sur deux cartes maîtresses. Avec Lada, il jouit d'abord d'une position de départ de numéro un qui peut être consolidée. Et avec la gamme de véhicules low cost conçue pour Dacia, il dispose ensuite d'une expertise en phase avec une bonne partie de la demande russe.

S'il fait le pari de réinvestir, Renault, qui reste très endetté, sera peut-être sanctionné en Bourse. Mais le groupe qui vient de céder une partie de sa participation dans Volvo Trucks a retrouvé un peu de marge de manoeuvre financière. Surtout, en montant au capital d'AvtoVAZ, il accroîtra certes son exposition au risque russe. Mais si l'opération s'avère fructueuse, il empochera une part plus importante des bénéfices.


Totalitarisme d'hier et de demain


Avez-vous déjà vu une photo de l'Asie prise de nuit par satellite ? Des kyrielles de taches lumineuses parsèment l'espace. Séoul, Tokyo, Pékin et cent autres villes, saturées d'éclairages et d'enseignes, dessinent des arborescences lumineuses. Sauf dans une certaine zone, où tout reste obscur. Ce trou noir, vaste comme la Grande-Bretagne, c'est la Corée du Nord. Depuis les années 1990, plus d'électricité. Centrales à l'abandon, réseaux démantelés, 23 millions de personnes vivent dans le noir - sauf à Pyongyang, la capitale, vitrine en trompe-l'oeil. Cette panne générale a des avantages secondaires : dans les pays industrialisés, à cause de la pollution optique, on ne voit presque plus les étoiles. Il paraît qu'en Corée du Nord, au contraire, les cieux sont magnifiques.


Personne, malgré tout, ne part à l'assaut du ciel. Car dans ce black-out règne un régime opaque, l'un des derniers totalitarismes à l'ancienne. Pratiquement aucune caméra ne pénètre dans le pays. Très peu de récits en proviennent. Il faut donc saluer « Vies ordinaires en Corée du Nord », un document exceptionnel (1). Son auteur, Barbara Demick, correspondante du « Los Angeles Times » à Séoul de 2001 à 2008, est aujourd'hui en poste à Pékin. Son livre raconte par le menu la vie de six personnes à Chongjin, petite ville tout au nord. Pas à pas, au fil du récit de ces témoins, on saisit ce qui détraque leur existence : pas seulement la misère, mais son union permanente avec une propagande aux slogans radieux. De quoi rendre fou.


D'un côté règne un enfer froid : hôpitaux sans médicaments, cantines sans aliments, paysans sans ressources. Le riz manque, alors on y ajoute de l'écorce, des algues, de l'herbe. Quelques chanceux, de temps à autre, piègent un rat. Les enfants meurent en nombre, et trop de femmes meurent en couches. Les gens qui survivent succombent parfois à une banale angine, car la famine a miné leurs défenses. Pourtant, dans ce paysage terne, l'autre côté se veut lumineux. Partout claquent en couleurs vives les mots d'ordre officiels : « Nous ferons ce que le Parti nous dit de faire » , « Nous n'avons rien à envier au reste du monde. »


On souffre et meurt, donc, mais sans regret ni révolte possibles - puisque tout va bien. Guidé par le « Cher Dirigeant » (Kim Il-sung, qui régna de 1948 à 1994), le pays est déjà entré dans le paradis terrestre. Son fils, Kim Jong-il, l'y maintient fermement. La nuit s'étend sur le pays, mais les murs proclament tous « Kim Jong-il, soleil du XXIe siècle ! » Le propre du totalitarisme n'est pas de contrôler l'économie, l'information et la culture. Il doit aussi briser les individus, leur inculquer des convictions nouvelles, transformer leurs évidences. A la longue, il y parvient presque. En témoigne le désarroi pathétique des refugiés du Nord arrivant dans le monde riche, libre et hypermoderne de la Corée du Sud. Des écoles ont dû être conçues pour accompagner leur apprentissage de l'argent, des objets techniques, de la consommation. Rien ne leur est aisé : les ravages sont internes.


Rares sont les survivances de ce vieux totalitarisme que définissent parti unique, culte du chef, dressage idéologique continu, élimination physique des opposants. Comme l'ont montré Hannah Arendt, Raymond Aron et récemment Marcel Gauchet, les totalitarismes ont une naissance et un déclin qui couvrent, en gros, le XX e siècle. Il semble peu probable qu'on les voie jamais revenir. Du moins sous cette forme. Car rien ne nous assure du triomphe mondial des démocraties et du règne durable du pluralisme et des libertés. Le XXI e siècle possède des moyens de contrôler la vie privée. A l'heure actuelle, aucune idéologie n'est en mesure d'utiliser données électroniques, télésurveillance et réseaux sociaux. Si jamais, demain, c'était le cas, alors le cauchemar d'une emprise totale sur l'existence resurgirait. Autrement décliné, jouant sur le contrôle à distance plus que sur la pénurie et la force physique. Mais aussi sûrement qu'autrefois.

(1) Traduit de l'américain par Guillaume Marlière. Albin Michel, « Latitudes », 334 p., 23 euros. En librairie le 10 novembre.

L'Europe se reprend

Calamiteuse à bien des égards, la crise économique en cours depuis 2008, et notamment celle des finances publiques, aura au moins eu un effet collatéral positif : une progression sur la voie de la mise en commun d'un certain nombre de moyens à l'échelle européenne. Coup sur coup, deux éléments sont venus appuyer cette analyse. Premier acte : à Deauville il y a dix jours, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont d'abord conclu un accord pour introduire dans le droit européen un mécanisme pérenne d'aide aux pays en difficulté financière. Avec l'appui de Londres, le compromis a été avalisé vendredi dernier à Bruxelles par les autres pays, en même temps que les éléments constitutifs d'une gouvernance éco-nomique se mettaient en place. Hier, second acte : le président français et David Cameron, le Premier ministre britannique, ont profité des difficultés budgétaires pour franchir une étape dans le partage des coûts de leurs forces conventionnelles et nucléaires. Bien entendu, personne ne niera que les deux sujets sont fort éloignés l'un de l'autre. Leur rapprochement livre pourtant quelques enseignements. Trois en réalité.

Le premier est que, au-delà du fond, Nicolas Sarkozy - aussi emphatique que son homologue était prudent hier -ne peut avoir que des avantages à équilibrer la relation franco-allemande par un axe Paris-Londres dans le domaine ô combien régalien de la défense. Cela permet de contrebalancer un leadership germanique chaque jour plus indiscutable en Europe sur les questions économiques.

La deuxième leçon est que l'Europe et les Européens… bougent encore. Désolant et sinistré il y a un an, le paysage offert aux citoyens du Vieux Continent l'est moins aujourd'hui. Pour compléter le tableau, il convient de relever aussi l'adoption par la Commission, il y a huit jours, des cinquante propositions de Michel Barnier, chargé du Marché intérieur et des Services, pour « approfondir l'Acte unique ». De tout cela, il y a plus de raisons de se réjouir que de se plaindre.

Le dernier enseignement tempère, hélas, les deux précédents. Les trois initiatives évoquées ci-dessus ne constituent encore qu'une réponse timide, et surtout défensive, aux défis qui se présentent. Les tensions récentes entre les gouvernements et la Banque centrale européenne, l'absence d'un exécutif fort à Bruxelles, de grands projets collectifs ou même d'une attitude commune vis-à-vis de la Chine sont autant de raisons, aussi, de modérer son enthousiasme.

Cuba ou l'impossibilité d'une île

Le président Raul Castro vient de décréter une nouvelle révolution. Il paraît que 178 métiers vont être désormais ouverts à l'initiative privée. L'impression quasi sismique qu'on ressent à cette nouvelle ne vient pas de la liste - limitative -de ces activités à qui on octroie ainsi la liberté d'entreprendre, des coiffeurs aux gardiens de parking. Elle naît de la subite conscience, chez l'observateur, de toutes celles qui en étaient privées jusqu'ici ; toutes, en résumé. Faute de disposer d'une information exhaustive on ne sait pas si, à la faveur de cette réforme, les oiseaux ont recouvré la liberté de chanter.

Parmi notre génération de baby-boomers, certains ont arboré en leur temps des T-shirts à l'effigie de Che Guevara. Pour eux, l'île mystérieuse a perdu son mystère, comme ils ont perdu leur jeunesse. Et rien ne leur sera épargné. En annonçant la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, le pouvoir cubain assène la même purge arithmétique que le conservateur Cameron au Royaume-Uni, et pour une population six fois moindre. Il faut être honnête : dans un pays qui en compte 90 % dans sa population active, il est difficile d'y rencontrer quelqu'un d'autre. Cette réforme de la révolution s'est condamnée à s'épanouir dans un bocal.

Pour le reste, les heureux bénéficiaires des 178 métiers devront naturellement cotiser à la Sécurité sociale et payer des impôts sur le chiffre d'affaires ou les salaires. Car ils auront même l'autorisation d'embaucher des salariés. On parie que beaucoup d'entre eux reculeront devant ces responsabilités insoutenables (ceux qui en étaient capables ont déjà quitté l'île). Mais le plus étonnant est qu'une tyrannie aussi ubuesque ait pu durer cinquante ans, et inspirer à l'extérieur de tels fantasmes à l'intérieur, un tel « décervelage ». C'était précisément la formule favorite du père Ubu. On attend sa statue à La Havane.