Elle, oui, elle devrait pas payer...cela revient trop cher. |
mercredi 23 juillet 2014
Médecine « gratuite » : tiers payant à 100%
La généralisation du tiers-payant dans le domaine de la santé est un piège politique et une impasse économique.
« Les Français ne paieront plus chez le médecin. »
La formule est de Marisol Touraine, ministre de la santé, dans Le Monde daté du 20 juin.Milton Friedman avait dénoncé la pseudo-gratuité des services publics : « il n’y a pas de repas gratuit ». Il faut bien que quelqu’un paie. Mais qui, sinon les Français ? Le ministre veut dire qu’elle va généraliser le tiers-payant, brisant ainsi le dernier lien informant le patient du prix de la consultation. Jusque-là, c’était payant, mais remboursé ; désormais, voici que l’on veut réellement donner toutes les apparences de la gratuité aux actes médicaux : on enfonce volontairement les Français dans l’ignorance du vrai coût de la protection sociale. Une ignorance déjà organisée avec le mythe des « cotisations patronales ».
La France championne de la gratuité
Les socialistes adorent ce qui est « gratuit » : c’est « vendeur » sur le marché politique, c’est le signe suprême de la « générosité sociale ». Et voici enfin les « services publics » accessibles à tous. L’école est gratuite, les universités aussi (les étudiants paient environ 2 à 3% du coût réel) ; beaucoup de transports publics également ; une partie de la culture est offerte « gratuitement » au public ; beaucoup de services rendus par les collectivités locales également (combien de conseils généraux fournissent « gratuitement » des ordinateurs aux collégiens !). La liste est longue : la France est championne de la « gratuité ».
La santé n’échappe pas à l’apparente gratuité : l’hospitalisation est gratuite, à quelques éléments près (le forfait hospitalier), ainsi que les médicaments (au moins partiellement) avec le système du tiers-payant dans les pharmacies ; les kinés et autres auxiliaires médicaux fonctionnent également largement avec le tiers-payant. Restait la médecine de ville (consultations ou visites). Grâce à Marisol Touraine, cette injustice est réparée.
« Le tiers payant n’est pas contraignant… »
La déclaration du ministre mérite d’être connue en détail. Interrogée par Le Monde sur les freins financiers, qui interdiraient l’accès aux soins pour les personnes sans ressource, elle répond : « être de gauche, c’est s’assurer que tout le monde puisse avoir accès aux soins. Un moyen efficace ? La généralisation du tiers payant. Elle commencera dès 2015 pour les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé. C’est le tiers payant intégral que nous instaurons, les Français ne paieront plus chez le médecin. Contrairement à ce que j’entends, le tiers payant n’est pas contraignant pour les professionnels et n’incite pas à la consommation de soins. C’est une solution pour ceux qui ne se font pas soigner parce qu’ils ne peuvent avancer les frais ». Curieusement, la ministre ajoute : « mais les soins ne sont pas gratuits », et elle annonce un relevé des dépenses adressé aux patients, même à l’hôpital : « il ne s’agit pas de culpabiliser, mais d’informer ». Cela revient à dire : vous ne payez rien, mais vous auriez dû payer beaucoup. Bizarre, et de quoi responsabiliser les patients et éliminer tous les abus.
Quant aux professionnels, ils ne se sont pas trompés sur la portée de cette innovation : désormais, ils ont à charge de se faire rembourser par les Caisses et mutuelles. Ils sont intégrés malgré eux dans l’administration de la santé, alors que le paiement à l’acte est un des piliers essentiels de la médecine libérale. Les principaux syndicats médicaux ont marqué une vive opposition. Bilan résumé par Le Figaro : « les médecins dénoncent le tiers payant généralisé. Entre déresponsabilisation des patients et dévalorisation symbolique, la fin du paiement à l’acte signe l’étouffement administratif de la médecine libérale ». Avec du travail administratif en plus pour les médecins, une incertitude de paiement s’il y a changement de mutuelle, sans parler des imbroglios venus de patients qui n’ont pas les droits voulus ! Voilà donc se profiler à l’horizon le médecin fonctionnaire, c’est le dernier pas avant le salariat. L’autre argument du ministre est de permettre aux plus démunis d’accéder aux soins. Les médecins interrogés crient à l’imposture car il existe de nombreux dispositifs permettant déjà un accès gratuit aux soins. Ils se sentent même insultés car beaucoup de médecins soignent gratuitement quand une personne est en grande difficulté.
« Le tiers payant n’incite pas à consommer… »
L’argument massue du ministre est que le tiers-payant n’inciterait pas à la consommation de soins. C’est d’autant plus étrange qu’elle indique ensuite qu’au niveau de l’hôpital on va envoyer un relevé des frais d’hospitalisation pour « informer » ; c’est déjà reconnaître que le prix a une fonction informative. Mais ici on a mieux qu’un faux prix : un prix apparent nul. Tous les médecins savent que cela déresponsabilise le client, avec une multiplication de ceux qui prennent rendez-vous et ne viennent pas. Mais ça va beaucoup plus loin : partout où il y a gratuité apparente, la demande explose. On ne voit pas pourquoi la santé échapperait à cette règle.
On objectera qu’il y a déjà gratuité avec le paiement à l’acte, en secteur 1, puisqu’on est remboursé ; mais ce paiement donne au moins une information, même s’il y a la certitude d’être ultérieurement remboursé ; au moins un début de responsabilisation. C’est le dernier verrou qui saute. Cette question est emblématique du mal français et ce mal, c’est celui du mensonge et de l’irresponsabilité. Mentir sur le coût réel, pour rendre chacun irresponsable et donc totalement assisté et dépendant de l’État providence. La proposition de Marisol Touraine n’est que le dernier épisode de l’histoire de la socialisation de la médecine.
L’anesthésie de l’assuré : 5000 euros par an pour le smicard
« Il n’y a pas de repas gratuit ». La formule de Milton Friedman rappelle qu’il y a toujours quelqu’un qui paie. Dans le domaine caritatif, il y a des donateurs volontaires et ceux qui bénéficient des aides des Restos du cœur ou du Secours catholique savent qu’ils le doivent à la générosité des Français, à la solidarité volontaire. Avec les dépenses publiques et la solidarité sociale obligatoire, celui qui paie est le contribuable ou l’assuré social ; ce n’est pas un choix volontaire, voilà une différence radicale. La différence est sensible aussi avec les systèmes privés de protection sociale et avec l’assurance, car on n‘est pas obligé de s’assurer, chacun sait ce qu’il paie et peut choisir les modalités précises de la couverture. Même avec une assurance obligatoire on peut concevoir le libre choix de l’assureur (comme pour les automobiles).
Dans la protection sociale française « gratuite », il y a donc un double effet pervers ; d’une part, on doit s’assurer à un monopole public ; d’autre part, on en ignore le coût réel. Les deux choses sont liées. Il faut que les Français ignorent le coût, afin qu’ils demeurent persuadés que le monopole public est un système idéal, « que le monde entier nous envie ».
Les Français doivent demeurer dans l’ignorance de ce que leur coûte réellement l’assurance maladie et, pour masquer le mensonge, on a prétendu séparer la part dite « salariale » et la part dite « patronale » des cotisations de santé. Or, en fait les deux parts sont retenues à la source, déduites de ce que l’on appelle le « salaire complet », une réalité mise en évidence par l’ALEPS entre autres. Chaque année, un smicard paie pour sa santé (régime obligatoire) une somme d’environ 5.000 euros par an (6.000 avec la CSG), soit l’équivalent de quatre mois de SMIC net. Qu’il coûte une fortune doit donc être caché ; d’où la fiction des cotisations salariales et « patronales ». Le tiers payant a pour but de parachever l’ignorance des Français en supprimant le dernier élément d’information. Dormez tranquilles, restez ignorants et irresponsables, l’État s’occupe de vous et a tout rendu gratuit !
Les VTC DCD
Dans son effort pour détruire un service venant pallier le manque et la cherté des taxis, la majorité a récemment déposé une proposition de loi visant à lutter contre la concurrence « déloyale » des VTC d’une part, et à moderniser les taxis d’autre part.
Moderniser les taxis, ce n’est pas ouvrir la profession à la concurrence ou augmenter le nombre de licences dont tout le monde (sauf les taxis) s’accorde à dire qu’elles ne sont pas assez nombreuses. Non. Il s’agit de faire payer par le contribuable le développement de la géolocalisation des taxis, que les compagnies de véhicules de tourisme avec chauffeur ont introduit à leurs frais (donc aux frais de leurs investisseurs et clients) ; et d’uniformiser les taxis, avec une couleur unique par ville.
Outre un petit boîtier GPS et un coup de peinture, le député Thomas Thévenoud a offert au lobby des taxis des bâtons, placés directement dans les roues des VTC : eux n’auront plus le droit de recourir à la géolocalisation.
Et il a, en outre, ajouté en dernière minute un amendement surprise : les VTC seront obligés de se rendre à leur station de base ou dans un parking entre chaque course. L’amendement n’a bien entendu aucun sens, et prêterait à rire s’il ne constituait pas une menace directe sur les entreprises récemment créées de VTC, le service qu’elles rendent et les emplois qu’elles créent.
Outre la bêtise de cette proposition de loi, pourtant adoptée par l’Assemblée Nationale, on remarquera qu’il s’agit d’un cadeau de plus à un lobby de plus, quitte à détruire de la richesse et de l’emploi. Après tout, les députés n’ont pas vraiment à se soucier de trouver des taxis, même aux heures de pointe.
On remarquera également qu’à des applications de géolocalisation privées, on substituerait un registre tenu par l’État qui ne crée, évidemment, aucune inquiétude quant à la confidentialité des données ou simplement à sa capacité à déployer une telle application.
Et qu’une fois de plus, la loi est utilisée non pour établir un cadre favorable à la croissance et à la prospérité des Français, mais pour protéger les droits acquis d’une catégorie spécifique : les chauffeurs de taxi dans une certaine mesure, mais surtout leurs influents patrons. Rien d’étonnant de la part d’une majorité capable de pondre une « loi anti-Amazon ». Et rien de rassurant pour les Français.
Frédéric Bastiat déjà dénonçait, par une fausse pétition des fabricants de chandellesévoquant la concurrence déloyale du soleil, le recours à la loi pour servir des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt des citoyens. Et c’est pourtant ce à quoi nous assistons toujours, et de plus en plus. C’est que l’idéologie mortifère qui empêche l’innovation pour protéger des entreprises et secteurs dépassés continue de faire des ravages.
Il faut dire que tout le problème des taxis aujourd’hui vient de la licence que leur impose l’État, et que le développement des véhicules de tourisme avec chauffeur accéléré par la généralisation des smartphones et de la géolocalisation en est une conséquence inéluctable : rares sont ceux qui ont les moyens de prendre et l’envie d’attendre des taxis trop peu nombreux. Et comme toujours au pays des Shadoks, on préférera détruire un secteur prometteur qui se développe pour pallier les conséquences d’une loi trop rigide que changer cette loi.
Au détriment des clients de VTC, des chauffeurs, des investisseurs du secteur, ainsi que de tous ceux dont le secteur a besoin. Les développeurs, par exemple, qui devront si la loi est adoptée faire une croix sur ce marché au profit sans doute d’un ami du député ou de quelqu’un à qui il doit rendre service, en plus des taxis.
Renonce donc, Français, à un service rendu accessible par la technologie, l’efficience et l’innovation ; l’Assemblée a décidé : DCD, les VTC !
La réforme territoriale Hollande : dernier avatar du jacobinisme
La vraie réforme territoriale supposerait, pour être pertinente, qu’on applique strictement le principe de subsidiarité.
Les tares de l’organisation territoriale remontent loin dans l’histoire de France. L’Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville avait décrit avec brio le fait que la centralisation caractérisait l’Ancien Régime et que la Révolution avait moins été une rupture qu’une confirmation. L’œuvre de centralisation s’est poursuivie à une tout autre échelle sous la République, puis sous l’Empire. En dépit de plusieurs changements normatifs, la France est restée un pays centralisé jusqu’à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand.
Les lois de décentralisation de 1982-1983 ont certes desserré l’étau du gouvernement sur les collectivités locales, mais elles ont surtout permis à l’opposition de se constituer des baronnies inexpugnables ou peu s’en faut, motif pour lequel la droite, traditionnellement centralisatrice, s’est en définitive bien accommodée des nouveaux textes. De multiples scandales s’en sont suivis. Le budget des collectivités locales a explosé, au même titre que le nombre des fonctionnaires territoriaux, donc la dette publique et les impôts dits locaux.
Après avoir nié l’évidence lors de la campagne électorale de 2012, François Hollande a découvert il y a peu l’ampleur de la catastrophe. La réponse du pouvoir tient à l’adoption d’une nouvelle réforme territoriale. Le débat, ces derniers jours, s’est focalisé autour du nombre des régions. De 22, il fallait passer à 14, puis à 13 ; des potentats locaux se sont déchirés sur le thème du « Touche pas à ma région ! » en mettant en exergue de médiocres intérêts et en livrant un cas clinique du « marché politique » qui sévit en France. Pourquoi au demeurant vouloir réduire à tout prix le nombre des régions ? Pour constituer des régions à taille européenne – cela rappelle les beaux jours du Gosplan – sur le mode du « big is beautiful ». Pour soutenir les entreprises en accordant à un échelon local le monopole des aides territoriales, nullement pour supprimer les aides, cela va de soi.
Une telle vision, partagée par moult élus de l’opposition, s’inscrit une nouvelle fois dans la lignée d’un jacobinisme et d’un interventionnisme bien français. La réforme vient d’en haut ; elle provient du Deus ex machina que constitue le Président de la République. C’est lui qui tricote et détricote les régions comme un mécano, selon les canons du constructivisme le plus éculé. C’est la « décentralisation centralisée », autrement dit la réforme territoriale à l’envers.
Au contraire, la vraie réforme supposerait, pour être pertinente, le respect strict de la subsidiarité, à commencer par la subsidiarité fiscale. Actuellement, les collectivités locales ne sont pas autonomes parce qu’elles ne bénéficient pas pour l’essentiel de ressources qui leur soient propres et parce qu’elles ne sont pas libres de fixer totalement le poids de l’imposition, au prétexte de la péréquation, traduisons : de l’égalitarisme. Elles en sont donc réduites à quémander des ressources et autres subventions à l’État.
Une véritable réforme territoriale ne peut advenir qu’en donnant au niveau local la place de choix qui lui revient. Les impôts doivent être prélevés localement, ce qui permettra d’une part de rapprocher le contribuable du citoyen, donc de conjuguer consentement de l’impôt et consentement à l’impôt, et d’autre part de juguler l’irresponsabilité des édiles, de créer une concurrence entre les collectivités et les niveaux de collectivités, et de limiter les rentes de situation. On ne se battra plus comme aujourd’hui sur le point de savoir si la région Nord-Pas-de-Calais doit être fusionnée avec la Picardie, si le Poitou-Charentes doit s’adjoindre au Limousin et à l’Aquitaine pour former des ensembles de taille idoine et mieux subventionner les entreprises, ou encore si le nombre des régions doit être réduit à 13 plutôt qu’à 14.
On ne s’écorchera plus sur des questions dérisoires aux yeux des contribuables. On se livrera à la concurrence pour attirer les individus et les sociétés dans des zones de droit, et non plus de non-droit. Quant aux rapprochements entre collectivités locales, ils s’effectueront spontanément et non plus par dirigisme. En ce sens, l’existence actuelle de 37 000 communes en France, loin d’être un poids mort, peut être envisagée comme une véritable richesse.
Quand les intermittents se donnent en spectacle
Quand les intermittents se donnent en spectacle
La France vit une situation difficile. Depuis des décennies, son économie stagne, la croissance recule et le chômage progresse. Et personne ne semble pouvoir y faire quoi que ce soit. On a pourtant tout essayé : inciter à l’embauche, empêcher les licenciements, investir dans des projets d’avenir, subventionner les entreprises en difficulté…
Tout, ou presque. Parce que si on tente le coup de la liberté et de la responsabilité, vous comprenez, automatiquement, « les grandes entreprises s’enrichissent davantage pendant que les travailleurs peinent à vivre décemment et perdent les droits qui permettent à l’être humain de conserver sa dignité. »
Heureusement pour les Français, même si les fins de mois sont difficiles à boucler, il demeure quelques amoureux de la culture et de l’expression artistique motivés pour les divertir envers et contre tout. Pas trop fort ou trop longtemps non plus, hein, mais peu importe : pourvu qu’on leur accorde les subventions qui financent leurs spectacles et qu’on finance leurs indemnisations plus confortables que les autres, ils sont prêts à mettre un peu d’ambiance dans un pays morose. Ils ne le font pas pour l’argent, mais quand même.
Et si la majorité au pouvoir continue de les décevoir, de sacrifier la culture et la confiture au grand capital apatride (mais quand même bien proche des politiciens français, faut pas pousser) représenté par le MEDEF, les intermittents se donneront en spectacle.
Car il ne faudrait pas que tous ces passionnés, dévoués, tout à fait désintéressés, se retrouvent à poil (sauf dans la main). Que la nature parfois cyclique de leur travail (et encore) les contraigne à, parfois, faire comme les autres Français qui ont une activité cyclique. Et que leur désintéressement ne soit pas récompensé.
Car les Français devraient faire preuve de plus de solidarité avec le monde de la culture, et surtout pas l’inverse. Il faudrait qu’ils continuent de payer pour les intermittents, en plus de subventionner leurs spectacles (et le Nutella le lendemain matin). Faire preuve de « solidarité interprofessionnelle » à sens unique, de presque tous vers quelques-uns, pour financer une culture pas politisée pour un sou, mais pour quelques millions, on peut s’arranger.
Parce qu’on peut bien détruire l’économie et l’emploi, entraver la croissance et les Français ; mais assassiner la culture, ça, non. Mais d’ailleurs, de qui parlons-nous ?
Nous parlons d’amoureux de la culture qui sont prêts à sacrifier leurs spectacles et se mettre en péril, nous parlons de pères et de mères de famille qui ne peuvent pas s’arrêter de travailler mais pensent à entamer une grève de la faim pour être enfin écoutés.
Mais que demandent ces braves gens passionnés au point de songer à, peut-être, s’il ne fait pas trop chaud, entamer une grève de la faim ; à part de vivre de leur passion aux frais du contribuable ?
Nous proposons aujourd’hui à François Hollande d’avoir le courage d’être le porte-parole de la justice sociale pour toute l’Europe. Il pourrait même expliquer à ceux qui ne pensent que par la finance, que la culture et la solidarité sont des moyens de lutter contre la crise, à travers les retombées économiques qu’elles engendrent. Au lieu de nous décevoir une fois de plus, qu’il saisisse cette occasion de redonner au Parti Socialiste, dont il est le fossoyeur, le vrai sens du mot « socialisme ».
Chiche. Luttons contre la crise à grands coups de culture et de solidarité. Mais attention : redonnons son vrai sens au mot « socialisme ». Luttons contre la finance, le capital, et même contre le capitalisme tant qu’on y est ; rejetons tous ses méfaits. Ne finançons pas les spectacles d’avant-garde qui font naître la conscience du peuple avec l’argent capitaliste issu de l’économie de marché. Ni directement en vendant la culture à ceux qui en veulent bien, s’il y en a. Ni en contribuant à l’exploitation des travailleurs qui, en plus de financer les indécents profits des capitalistes, financeraient alors les subventions.
Parce qu’il ne faudrait pas que la « justice sociale » consiste uniquement en une redistribution de l’argent des uns vers les poches des autres, n’est-ce pas ? Tout comme il serait peu égalitaire de faire financer un festival à Avignon par ceux qui n’ont pas les moyens de s’y rendre même s’il est gratuit. Car comme le rappelait h16, « en définitive, ce qu’on observe et ce qui est très justement pointé par Eric Verhaeghe, qui a été président de l’APEC entre 2004 et 2009, dans une tribune parue récemment sur Le Figaro, c’est qu’avec ce système, les smicards de tout le pays cotisent pour le festival d’Avignon ou les spectacles intermittents de Montpellier. »
Dans la culture comme dans la confiture, le socialisme vit du capitalisme et meurt quand il est parvenu à le tuer enfin. L’argent public vient toujours de poches privées et atterrit toujours dans des poches privées, et ça arrangerait bien les intermittents qu’il vienne des poches des autres pour remplir les leurs.
Il est plus facile de réclamer des subventions que de vivre de son art, mais c’est ce que font les artistes, les vrais, ceux qui savent se faire apprécier d’un mécène ou du public au point qu’ils leur donnent directement leur argent. Ceux qui créent et présentent des œuvres appréciées pas seulement par eux-mêmes et quelques élus, ceux qui travaillent dur parce qu’ils sont vraiment passionnés au lieu de pleurnicher et faire la quête aux subventions. Ceux qui pensent qu’il n’y a rien de honteux à passer dans les rangs du public avec un chapeau pour se lancer, et qui auraient honte de forcer le public à payer leurs représentations même s’il ne vient pas et leurs indemnisations la plupart le reste du temps.
Mais en France, nous avons peu d’artistes, et beaucoup d’intermittents. Qui pensent que c’est à eux plutôt qu’au public de savoir ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas, ce qui est de la culture et ce qui ne l’est pas ; et que si tous les autres subissent le socialisme et en paient le prix, eux doivent le chanter à chaque représentation et, surtout, en vivre.
Guider le peuple, oui, mais seulement si ça paye bien – et encore, en dilettante.
La valise ou le cercueil
La valise ou le cercueil
Dans un silence médiatique impressionnant, la vie des 3 000 derniers chrétiens de Mossoul tourne au calvaire
Chassés de leurs maisons ou forcés à se convertir à l’islam, sinon c’est la mort : des milliers de chrétiens, laissant tout derrière eux, ont fui avec leur famille sous la menace de l’ultimatum des djihadistes prononcé vendredi, qui ont instauré un califat après s'être emparés de la ville le 10 juin dernier. Tous leurs biens et possessions seront bien sûr pillés. Ceux qui n’ont pas eu les moyens de partir sont parfois réfugiés chez des amis musulmans qui les cachent pour leur éviter d’être tués.
Mardi dernier les maisons des chrétiens ont été taguées de la lettre «N», comme nassarah (chrétiens) en forme d’ultime avertissement. Les notables ont été convoqués par les djihadistes à l'archevêché syriaque catholique pour leur expliquer les « nouvelles règles de vie ». Le soir même, des haut-parleurs, hissés sur des véhicules circulant dans les quartiers chrétiens, expliquaient ces « nouvelles règles de vie »:
«Devenez musulmans et sujets du califat, ou alors payez la jyziah (l'impôt que les mécréants doivent payer aux musulmans), ce qui n'empêchera pas les hommes de devoir combattre avec nous. Sinon, partez, sans emporter quoi que ce soit. Et si vous ne respectez aucune de ces conditions, entre vous et nous, il n'y aura que l'épée. »
Crime contre l’humanité
Le site Salon Beige rapporte que d’après le site chaldéen Ankawa (en arabe) le Dr Mahmoud al-Asali, professeur à l'université de Mossoul, a été assassiné par les jihadistes de l'E.I.I.L, pour avoir protesté contre l'exil forcé des chrétiens. Et que selon l'association “Fraternité en Irak”, des musulmans ont tenté de s'interposer vendredi, sans succès, pour empêcher les membres du pseudo Etat islamique de saccager et incendier l'archevêché syriaque catholique de Mossoul. De même, « dimanche à Bagdad, à l'issue de la messe, des musulmans se sont réunis devant l'église Saint-Georges, pour manifester leur solidarité à l'égard des chrétiens persécutés dans leur pays. Sur leurs pancartes, cette inscription : "Je suis Irakien, Je suis chrétien" ».
Les jihadistes ont également pris le contrôle d'un monastère antique dans le Nord de l'Irak et chassé ses moines. Ils ont violemment fait irruption dimanche dans le monastère de Mar Behnam, l'un des lieux de culte les plus anciens du christianisme en Irak, abritant une petite communauté de moines syriaques catholiques près de Qaraqosh, une ville majoritairement chrétienne :
« Vous n'avez plus de place ici, et vous devez quitter les lieux immédiatement », a raconté un membre du clergé syriaque.
Selon lui, les moines ont demandé de pouvoir conserver certaines reliques du monastère mais les jihadistes leur ont ordonné de quitter les lieux à pied et sans rien emporter.
Y-a-t-il encore une communauté chrétienne quelque part ?
Le patriarche chaldéen Louis Sako avait évalué à 35 000 le nombre de chrétiens présents à Mossoul avant le début de la terreur jihadiste. Presque tous ont fui la ville avant l'expiration de l'ultimatum, selon lui. Les autres risquent d’être assassinés à chaque instant. Le secrétaire général de l'ONU Ban ki-Moon a parlé de « crime contre l'humanité ».
Occupé à aider les réfugiés de Qosh, le père Gabriel, qui a quitté Mossoul il y a un mois, lance un SOS :
« Face à ces monstres, la présence chrétienne est en danger. Nous réclamons une force militaire internationale pour protéger les chrétiens d'Irak. Sinon, nous allons continuer de souffrir et probablement disparaître. »
En France, l’indignation et la mobilisation restent modestes et discrètes. Comme toujours lorsque ce sont les chrétiens que l’on génocide : une poignée de manifestants devant l’Assemblée nationale mardi soir, les manifestations de la communauté assyro-chaldéenne de France, la question de l’UMP Jean-Frédéric Poisson à Laurent Fabius, l’interpellation de Rachida Dati au gouvernement, les protestations de Louis Aliot au Parlement européen et du conseiller de Marine Le Pen, Karim Ouchikh, demandant que la France « s'engage aux côtés des chrétiens d'Orient ».
Honneur à eux ! Mais alors que le monde entier a les yeux rivés sur la Palestine (et que ses partisans musulmans occupent la rue en France !) on attend la forte et sainte colère du pape, la protestation collective et massive de nos évêques, celle de l’Eglise et de la communauté chrétienne tout entière. Pardon de les attendre là, plutôt que contre le réchauffement climatique ou la montée du FN…
Crash diplomatique
Crash diplomatique
Dans l'affrontement de Gaza, les enjeux stratégiques sont lisibles et décryptés. Depuis longtemps le mensonge et l'hypocrisie ne nous surprennent plus dans cette guerre à épisodes, depuis longtemps le manque de courage de la communauté internationale laisse la liste noire des victimes civiles s'allonger en se protégeant derrière d'inutiles déclarations de principe. Ce n'est pas le cas en Ukraine où la situation pourrait devenir très dangereuse et la moindre étincelle déclencher un affrontement à hauts risques en Europe centrale. Le drame du vol MH17, abattu par les séparatistes, a fait monter la tension de plusieurs crans. S'il n'y a pas rapidement une pause dans l'instrumentalisation du conflit par les Russes et les Occidentaux, le risque est grand d'une escalade incontrôlée.
Des milices paramilitaires, des armées de mercenaires, des camps… N'a-t-on donc pas tiré de leçons de la guerre en ex-Yougoslavie pour laisser le même schéma se mettre en place ? Sans se soucier des intérêts de la Russie et des États-Unis, l'Europe doit prendre position en évitant le soutien inconditionnel au gouvernement actuel de l'Ukraine dont la légitimité est, pour le moins, sujette à caution.
Nos visions manichéennes nous font oublier qu'une motion votée par le Parlement européen demandait aux États membres de prendre leurs distances avec les nouveaux dirigeants ukrainiens, jugés d'ultra-droite et pas très soucieux des valeurs de la démocratie. Or ce sont eux que la plupart des Européens ont soutenus. L'habile Poutine se fera prier, mais pas longtemps sans doute, pour pousser à un cessez-le-feu qui lui permettrait de sanctuariser l'Est prorusse de l'Ukraine et d'en faire une base pour poursuivre sa déstabilisation de ce pays. Et au-delà pour poursuivre la reconstruction du grand empire dont rêve ce dictateur moderne.
L'Ukraine n'a pas besoin d'armes, elle a besoin de Casques bleus pour permettre que s'ouvrent les discussions entre des peuples qui ne veulent plus vivre ensemble. Une diplomatie européenne qui ne s'alignerait pas comme un laquais devant ses maîtres américains pourrait 'uvrer à cette solution.
Les lunettes roses de François Hollande
Les lunettes roses de François Hollande
François Hollande n’est pas content. Ce n’est pas tellement le chômage catastrophique qui provoque sa colère. Ce n’est pas non plus le profil désespérément plat de la croissance, ni le recul de la production industrielle. Ce ne sont pas davantage les records en matière de déficit extérieur, ni celui des faillites d’entreprises. François Hollande n’est pas content, mais ça n’a rien à voir avec l’autorité de l’Etat bafouée par les manifestations anti-Israël. Rien à voir non plus avec la perte d’influence de Paris à Bruxelles. Et ce ne sont pas les divisions de plus en plus criantes de sa majorité ou le coup de sang de Martine Aubry qui l’agaceraient. Non, si François Hollande n’est pas content, c’est parce que le patronat est inquiet et le dit.
Quel toupet, il est vrai, ce Pierre Gattaz. Cette façon de dire la vérité est intolérable : alors que, dans la Hollandie imaginaire, la reprise est là depuis un an et le retournement depuis trois mois, voilà que le patronat, dans sa grande médiocrité, préfère s’en tenir aux chiffres plutôt que danser sur l’air de la marquise. Il ne connaît pas, ce petit patron, la force des mots, la puissance des rêves : il ne sait pas que mentir un peu suffirait pour déclencher la reprise des embauches et des investissements. Oui vraiment, le patron du Medef a « un problème de langage ». Un petit stage en politique lui permettrait de faire des progrès : c’est là que vivent les meilleurs spécialistes de la promesse, du rase-gratis et des plans sur la comète. François Hollande en sait quelque chose, c’est ainsi qu’il a été élu. Bon, il faut admettre que les promesses tardent un peu à se réaliser. Mais en attendant, il suffit de mettre cet échec sur le dos des patrons. Et puis la croissance reviendra, foi de président socialiste. Et ce jour-là François Hollande sera content : il aura été le premier à l’annoncer.
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