mercredi 26 mars 2014
Les milieux d'affaires appréhendent la réaction de François Hollande après les municipales
Pour les milieux d’affaires, le résultat catastrophique des élections municipales va obliger le président à réagir. Et pour les acteurs clefs du système économique, patrons et syndicats, il a deux réponses possibles en fonction de l’analyse qu'en feront les cadres du Parti socialiste.
Les milieux d’affaires ne se passionnent guère pour les querelles politiques, le jeu des alliances et des mésalliances. En revanche ils attendent avec inquiétude la réaction du président de la République au lendemain du deuxième tour des municipales. Ils retiennent que la majorité ne cache pas son échec et sa déception. Cette majorité, arrivée au pouvoir il y a deux ans, ne pensaient pas se voir infliger une telle claque. Le taux d’abstention s’est particulièrement creusé dans la famille de gauche, et les élus, beaucoup d’élus socialistes, ont été sanctionnés.
Les responsables du Parti socialiste, les ministres un peu courageux et lucides, reconnaissent désormais qu'ils ont subi un désaveu terrible. Maintenant, la question est de savoir comment ils expliquent ce désaveu. Certains à l’extrême gauche, au Parti communiste, au Front de gauche et beaucoup à la base du PS, accusent le gouvernement de ne pas avoir respecté les promesses de campagne. Pas assez de redistribution sociale, pas assez de transition écologique, etc.
D’autres au Parti socialiste estiment que cet échec électoral est du au manque de résultats. Certes, le bilan était trop lourd, disent-ils, mais l’œuvre de réforme n’a pas été assez rapide. A partir de cette double analyse, le président de la république a deux scenarios possibles, deux réponses.
Premier scénario, le retour à gauche toute. Retour à la case départ. Si François Hollande ne retient que la colère de son électorat est imputable au non respect des engagements de gauche comme le lui explique beaucoup de ses conseillers, il reviendra alors aux fondamentaux de gauche. Avec, pourquoi pas, Jean-Marc Ayrault pour gérer ce retour aux sources, mais avec des marqueurs de gauche très forts.
Pour les milieux d’affaires et pour nos partenaires européens, ce scénario très politique consisterait à retrouver sa majorité plurielle et serait politiquement logique. Seulement, pour tous les acteurs clefs du système, ce scénario serait catastrophique. Jamais la France ne trouvera l’argent pour continuer à financer le modèle social que les électeurs de gauche protègent come la prunelle de leurs yeux et qui risque l’abandon sur l’autel de la concurrence internationale et de la modernité. Catastrophique parce que l’économie française a besoin de compétitivité.
Deuxième scénario, la reprise du virage social-libéral annoncé. Si François Hollande pense qu’il a échoué faute de résultats, sur le chômage et la croissance, il ne peut que reprendre l’application de son pacte de responsabilité. C’est-à-dire organiser au plus vite les baisses de charges d’un côté, et les baisses de dépenses publiques de l’autre. Le tout couronné par des réformes structurelles qui devraient rendre le marché du travail plus flexible. Ce scénario est le moins mauvais. Encore faut-il avoir le courage de le gérer.
En fait, François Hollande est une fois de plus coincé entre deux contraintes incontournables mais contradictoires. Une contrainte politique qui le pousse au conservatisme et au laxisme. Une contrainte économique qui devrait l’amener à respecter les faits, les chiffres. La France est le dernier des grands pays occidentaux ou le Parti socialiste ne reconnait pas les règles de l’économie de marché et par conséquent refuse de s’y adapter pour de bon.
Ni étatisme de droite, ni étatisme de gauche, libéralisme!
Comme à chaque élection à deux tours, les alliances et mésalliances prennent le pas sur le fond politique déjà inexistant et révèlent la seule idée bien ficelée, celle du plan de carrière. Tout le monde sort sa calculette, fait ses pronostics et, dans des ni-ni de communication, le qui est qui disparaît. Le FN en devient une sorte de parti hybride, un fourre-tout politique arrangeant pour tous, y compris pour le parti lui-même.
Pourtant, la politique du FN est sans ambiguïté sur ses orientations à gauche de la gauche. Dans son discours du 1er mai 2013, Marine Le Pen a très clairement rappelé sa politique d’un Etat collectiviste et interventionniste, son ultra-socialisme. Dans celui-ci, elle parle de cette « pseudo gauche » qui « sacrifie les travailleurs sur l’autel de la compétitivité avec la flexibilité et les retraités au nom de l’équilibre budgétaire » et où les riches sont « les mêmes que l’on protège ». Puis rajoute qu’
Il nous faut en finir avec l’ultra-libéralisme, la folie de l’hyper austérité, la folie absurde et dévastatrice du tout commerce. Cette mondialisation ultra-libérale défait la nation. Cette mondialisation ultra-libérale défait l’école de la République, le meilleur outil pourtant de l’égalité des chances » et parle « d’individualisme prédateur » de « la loi du plus fort sur le faible.
Elle précise qu’« il faut l’autorité d’un État sûr de lui et partout et qu’il faut remettre le collectif au centre de nos valeurs » en affirmant
nous rétablirons en tout domaine l’autorité de l’État de l’école à la rue, de la banque à la grande distribution.
Du Montebourg puissance 10, de l’ultra-socialisme qui n’est pas sans rappeler le national-socialisme défini par Otto Strasser « Nous prendrons à droite le nationalisme sans le capitalisme auquel il est en général lié et à gauche le socialisme sans l’internationalisme marxiste qui est un leurre (…) Le national-socialisme devra être surtout un socialisme». Il n’est pas non plus sans rappeler la place de l’État préconisée par Mussolini dans le fascisme «Le principe essentiel de la doctrine fasciste est la conception de l’État, de son essence, de son rôle, de ses fins. Pour le fascisme, l’État est l’absolu devant lequel les individus et les groupes ne sont que le relatif (…). Tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État (…). Le libéralisme niait l’État dans l’intérêt de l’individu, le fascisme réaffirme l’État comme la véritable réalité de l’individu». Mais quelles que soient les perceptions de chacun, il n’en demeure pas moins que le FN est un parti ultra-socialiste.
Si le vote FN est un vote d’adhésion et d’enracinement, comme le prétend Philippot, ce n’est pas un « front républicain » dénué de sens qui détournera les électeurs de ce parti. Le paradoxe d’une poussée cyclique du FN quand les socialistes échouent devrait déjà les interpeller, qui plus est dans des fiefs traditionnellement sous la tutelle de la gauche. De plus, est-ce vraiment républicain de sous-entendre qu’un parti n’est pas républicain alors qu’aucune loi ne lui interdit d’exister ? De même, ce ne sont pas les affirmations succinctes et sans arguments de l’UMP sur l’incompatibilité dans le domaine économique avec le FN qui y changeront quoi que ce soit, ni même d’affirmer que le vote FN sert le PS sans parler du socialisme qui les unit .C’est le rôle même de l’État, donc le mode de gouvernance, qui différencie l’UMP/l’UDI du FN. L’UMP/l’UDI sont certes des partis étatistes mais le FN est carrément socialiste. Rien ne sert de faire des ni-ni, si les axes de gouvernance du FN, et donc l’approche économique qui en découle, ne sont pas clairement dénoncés comme le sont ceux de leur famille PS/Front de gauche/EELV. Le silence sur l’ultra-socialisme du FN n’assurera pas un réservoir de voix tandis que briser le silence peut éclairer des électeurs tentés par ce parti le croyant à droite par tant de conditionnement médiatique et modifier leur conception sur celui-ci. Ce silence volontairement entretenu ne va pas renforcer la position de l’UMP/UDI mais protège le PS de perdre une partie de ses troupes très à gauche au profit du FN. Il permet simplement à certains journalistes de gauche d’associer le FN à la droite pour stigmatiser cette dernière sans avoir à faire une reconnaissance en paternité socialiste, et à certains journalistes de droite de se servir du FN pour faire et défaire des leaders à l’UMP ou à l’UDI en fonction des réponses à leurs propres convictions (patrie-autisme, conservatisme, etc.). Or, depuis quand un parti de droite est-il, entre autres, contre la compétitivité et la flexibilité du travail, contre les riches, la finance et la mondialisation ?
Mais indépendamment des appartenances ou des affinités politiques de chacun, si il y a un enseignement à prendre du FN, c’est peut-être celui d’y voir un parti ayant à présent une colonne vertébrale (rôle de l’État) et des articulations pour agir (déclinaison de son rôle avec ses priorités) dont la pensée (valeurs ou idéologie) stimule la coordination. Même si il se meut au détriment de toutes les libertés individuelles, comme toute forme de socialisme, grâce à la psychologie des foules il laisse à certains l’illusion d’exister, de prendre part à un changement, d’avoir un but, quitte à ce que l’enfumage soit le même qu’avec d’autres partis, peut-être même pire. Le FN s’est doté d’un corps ultra-socialiste tandis que l’UMP et l’UDI sont des étatistes démembrés. Mais comment peut-il en être autrement avec ces deux partis qui n’ont toujours pas de colonne vertébrale et dont les quelques articulations ne peuvent avoir de prise ? Ils demeurent comme des tétraplégiques politiques face aux ultra-socialistes du FN en ordre de marche, croyant encore que le nationalisme est une valeur de droite, alors que depuis belle lurette les socialistes s’en sont emparés. Il y a même eu des Staline (« la mère patrie ») et des Che Guevara (« La patrie ou la mort! ») pour en faire l’écho.
Par calcul électoraliste, l’UMP et l’UDI ne sont même plus capables d’affirmer clairement des différences entre la droite et la gauche, entre l’extrême droite (souvent associée à l’ultra-capitalisme et à l’ultra-libéralisme) et l’extrême gauche (souvent associée à l’ultra-collectivisme et à l’ultra-interventionnisme de l’Etat), entretenant ainsi la confusion dans l’esprit de leurs propres adhérents. Au nom de la rose qui les révulse, ils se servent du marteau et de la faucille pour tailler dans le vif du rosier, sans s’occuper de sa variante, le Floribunda Nouveau, qui s’y répand comme les têtes d’une hydre. Entre les bricoleurs socialistes et les apprentis jardiniers étatistes, les ultra-socialistes du FN ne sont pas prêts d’êtres déracinés.
L’opposition au socialisme, et qui plus est à l’ultra socialisme du FN, c’est le libéralisme et non l’étatisme. Avec leurs charentaises étatiques, l’UMP et l’UDI font du jardinage sans bécher correctement le terrain, ni semer les graines de la modernité. S’accrocher à un plan comptable électoral n’a jamais nourri la politique, seulement les politiciens et leur carrière, les journalistes et les instituts de sondages. Il faut admettre que certains libéraux ont parfois recours à l’UMP et l’UDI pour combattre le socialisme et l’ultra socialisme. Un choix par défaut, voire pour certains un moindre mal. Mais, jusqu’à quand et à quel prix ?
Bon nombre de libéraux se tournent de plus en plus vers l’abstention, ou pire ils quittent le pays. À plus de 38% d’abstention, il y a de quoi réfléchir à présent. Mais, les sondeurs et certains journalistes se sont emparés du sujet afin de transformer les abstentionnistes en socialistes déçus. Il est plus simple et arrangeant pour eux de transformer chaque individu en clone politique d’un autre pour en faire une masse à recycler dans leurs analyses spéculatives et entretenir l’immobilisme neuronal. Les libéraux ne rentrent dans aucune case de leur raisonnement car ils sont en marge des partis, en marge du système. Pourtant, ces intendants du vote estiment que plus d’un tiers des électeurs font partie de l’électorat flottant dont il est difficile de préjuger sur sa position et sa réaction. Des électeurs en retrait des partis, de leur emprise, de leur politique politicienne. Plus de 15 millions d’électeurs à convaincre ! Et si les libéraux représentaient une grande partie de cet électorat ? Et si les libéraux représentaient la majeur partie de cette abstention record ? Il est vrai qu’avec des « si », chacun peut changer le monde à sa convenance sans être, pour certains, plus crédible que les intendants de la politique formatés aux concepts de masse, à un monde uniformisé. Mais ce qui est sûr, c’est qu’en France, il n’y a pas que des socialistes et des étatistes. Il y a aussi des défenseurs du libéralisme de plus en plus nombreux qui ne veulent ni du socialisme, ni de l’étatisme, et savent qui est qui.
À bon entendeur…..
Odeurs de cuisine
Odeurs de cuisine
Il s'est échappé, tout hier, d'obsédantes et pas toujours ragoûtantes odeurs de cuisine, depuis les états-majors des formations politiques. Rien de tel, qu'un entre-deux tours d'élections municipales enfiévrées pour favoriser les plus improbables combinaisons. Cela n'est pas vraiment nouveau, sauf que cela met de moins en moins en appétit des électeurs rassasiés par cette indigeste tambouille. On ajoutera qu'entre le « menu des chefs » imposé depuis les cuisines centrales des appareils, et les arrangements à la sauce locale, il y a souvent divergence d'appréciation.
Aucun camp, n'est épargné par ces spectaculaires rabibochages entre ennemis irréductibles de la veille. Ainsi a-t-on vu à Paris les Verts se réconcilier avec Anne Hidalgo, pour quelques sièges de conseillers en plus, après un sérieux « pic de brouille ». Nathalie Kosciusko-Morizet y a décelé rien moins qu'un « attentat contre l'écologie ». Mais le ralliement de Dominique Tiberi à NKM ne constituerait-il pas, à sa manière, un « attentat » contre l'exigence morale qu'elle disait porter ? Et que dire, à Marseille, des accordailles inattendues entre Jean-Claude Gaudin et une « guériniste », qualifiées « d'alliance scélérate » par Patrick Menucci.
Qui peut croire à la sincérité de toutes ces unions de circonstance qui font fi des discordes étalées pendant des semaines de campagne et déconcertent les électeurs appelés à avaler leur bulletin de vote du premier tour. Parce que, dans tout cela, c'est le citoyen qui est privé de son libre arbitre au nom de calculs politiciens.
De surcroît, c'est mésestimer la capacité des électeurs à s'affranchir des consignes de vote. À cet égard, le front républicain pourrait bien avoir vécu. Il a suscité hier des réticences jusque dans les rangs de gauche où quelques entorses d'élus PS (à Béziers ou à Perpignan) ont été constatées. La réponse au désarroi civique, à l'abstention et au vote protestataire, ne réside sûrement pas dans une injonction de vote décrétée par les appareils. Surtout si elle n'a d'autre but que de perpétuer un système désavoué sans pour autant le corriger.
La joie subtile des taxes comportementales
La joie subtile des taxes comportementales
Il faut bien comprendre une chose : ce n’est pas parce que des élections ont cours que la Terre doit s’arrêter de tourner, ou, encore plus sûrement, que le législateur doit marquer une pause dans son incontinence législative. Et donc, pendant que le petit peuple s’affaire à des tâches insignifiantes, le Sénat continue de plancher très sérieusement sur les taxes comportementales.
Et si vous ne savez pas ce que c’est, bien que le nom, pour une fois, soit particulièrement évocateur, rappelons qu’il s’agit tout simplement pour l’État de procéder sur vous comme il le ferait sur une population de rats : il va tenter de modifier vos comportements en vous infligeant de la douleur lorsque vous n’agissez pas comme il le veut. Bien évidemment, comme il ne peut pas vous tazer les fesses dès que vous commettez un acte qu’il juge moralement ou hygiéniquement répréhensible (mais autorisé par la loi), il a trouvé un autre système à peine plus subtil en cognant plus ou moins sauvagement dans votre portefeuille. Bonus supplémentaire : cela permet de faire croire que vous vous achetez une bonne conscience. Vous avez fauté, certes, mais vous avez payé pour. Et comme l’argent sert à la solidarité démocratique de la République Populaire, tout le monde est content.
Bien évidemment, savoir qui détermine ce qui est moralement ou sanitairement acceptable est laissé à l’appréciation des députés et des sénateurs tant ils ont montré leur lucidité dans le passé. Et tant pis si le bonus n’en est pas un, puisque les taxes supplémentaires récoltées affaibliront la consommation, la production, et ne pourront même pas compenser les dettes accumulées depuis des générations par les décisions des mêmes députés et sénateurs tous bien imbibés de cette lucidité qui semble tant faire défaut au peuple qu’ils s’acharnent à taxer (ou à tazer, au choix).
Dans cette clique de policiers de la morale au Taser taxatoire fou, certains sénateurs sont décidément de fiers pistoleros et n’hésitent pas à dégainer dès qu’ils le peuvent. À ce titre, le comportement d’un certain Yves Daudigny, évidemment socialiste, laisse songeur : c’est déjà lui qui avait absolument tout tenté pour introduire la Fat Tax en France (quand bien même son application dans d’autres pays fut un échec cuisant), puis une taxe (supplémentaire) sur le vin et les produits alcooliques, heureusement abandonnée devant la grogne assez vive des viticulteurs. Et c’est aussi lui qui est à l’origine de la taxe spécifique sur l’huile de palme (dite « taxe Nutella ») afin de bien montrer au reste du monde qu’il n’entendait pas se laisser conter des salades par la réalité économique ou la réalité médicale, pourtant contraires à ses petits délires hygiénistes.
Lobbying discret mais persuasif ? Intérêts financiers étranges mais bien compris ? Drame personnel allant du pantalon taché par une cuillerée de Nutella fort mal tombée jusqu’à la perte d’un proche à cause d’une trop grande ingestion d’huile de palme ? On ne saura pas ce qui motive vraiment Yves Daudigny, mais il revient donc, encore une fois, à la charge. Ce n’est pas un homme à se laisser faire, et devant ses précédents échecs, il n’a pas renoncé : sous sa houlette, il a donc fait sortir du Sénat un nouveaurapport sur les taxes comportementales évoqué dans Contrepoints ce 23 mars.
Quel est le but de ce rapport ? Évaluer la pertinence des taxes comportementales, justement. Quelque part, il était temps : il existe déjà pas mal de ces taxes, qui sont imposées sur les cigarettes, l’alcool et, de façon générale, tout ce qui déplaît de près ou de loin aux sénateurs, qui plaît aux Français, et qui peut donc potentiellement rapporter gros au budget d’un État surendetté et particulièrement incontinent de ses finances.
Et quelles en sont les conclusions ? De façon pas du tout étonnante, il apparaît essentiel à nos législateurs de continuer à distribuer de la taxe. La réalité n’a pas prise : quand bien même la Fat Tax fut un échec partout où elle fut mise en application, quand bien même l’élasticité des prix et les comportements des consommateurs ne permettent pas de contrôler leurs achats de façon suffisamment fine pour obtenir l’effet désiré à coup sûr, et quand bien même on obtient assez régulièrement l’effet contraire, la conclusion reste la même : taxer, c’est une bonne idée.
Dans le rapport d’information, on trouve ainsi des passages entiers décrivant les échecs et les dangers de ces taxes constructivistes : la taxation de l’alcool semble peu efficace pour lutter contre l’alcoolisme, celle contre les matières grasses porte préjudice à la consommation de nutriments essentiels à la santé, engendre des coûts en bien-être beaucoup plus élevés chez les ménages modestes que chez les ménages aisés, et n’induit que de faibles effets sur le poids des individus à court terme.
Mieux : le rapport évoque clairement les comportements alternatifs des consommateurs et des producteurs pour contourner les taxations (le fait pour les premiers d’aller acheter les marchandises hors frontières, et pour les seconds de modifier les recettes de fabrication, par exemple), et démontre à l’envi qu’un bricolage taxatoire supplémentaire ne saura jamais résoudre ces problèmes-là. Damned, le consommateur n’est pas aussi démuni que prévu, et le producteur n’est pas complètement stupide. Zut alors.
Mais comme je le disais, il en faut plus pour calmer les ardeurs de ces gens et le brave Yves ne se laissera pas faire ! Malgré les problèmes évidents, récurrents et insolubles, la mission qu’il dirige a tout de même trouvé que, je cite,
« les pouvoirs publics peuvent légitimement recourir à l’utilisation de l’outil fiscal à des fins sanitaires au regard des coûts humains et financiers associés au tabac, à l’alcool et à l’obésité. »
Oui, ça ne marche pas top, les individus contournent les effets directs de la taxe, les problèmes censés être corrigés par celle-là ne sont pas corrigés, et finalement, cela nuit à tout le monde, MAIS ce n’est pas grave, les pouvoirs publics peuvent recourir à son utilisation parce que, parce que, parce que bon…
Enfin, parce que bon, vous comprenez, le Trou De La Sécu, c’est de la faute du peuple, aussi, et il faut bien trouver une méthode pour à la fois le punir et combler les dettes, non ? Oui, je sais, dit comme ça, cela peut choquer. En revanche, il suffira de l’expliquer ainsi pour que cela passe mieux :
« Les arguments tendant à conduire les pouvoirs publics à recourir à l’outil fiscal pour modifier les comportements des individus ne manquent pas : l’importance des conséquences sanitaires et financières entrainées par certaines habitudes de consommation milite en effet contre un « laisser faire » que la théorie économique peine elle-même à justifier devant l’importance des imperfections du marché. »
Ben voyons, rappelons lourdement les imperfections du marché qui, taxé de tous les côtés, est composé de ces consommateurs et de ces producteurs qui doivent tous les jours faire un peu tout et n’importe quoi pour parvenir à vivre eux-mêmes ET, en même temps, à faire vivre l’État, composé notamment de ces sénateurs et ces députés, qui, eux, n’ont qu’assez rarement à payer pour leurs comportements, y compris alimentaires. C’est vraiment magique, et le fait que, depuis que l’État s’est entiché de gouverner nos comportements (alimentaires notamment), il n’y a jamais eu autant d’obèses sur Terre indique à l’évidence qu’il a magnifiquement réussi sa mission.
Taxation comportementale il y aura donc, vous n’y couperez pas. Et pour faire passer la pilule, on apprend qu’on va remplacer le terme de « fiscalité comportementale » qui frotte un peu douloureusement sur les bords de parois épithéliales du contribuable par le terme « contribution de santé publique », qui, lui, glisse tout seul dans la citoyenneté et le vivrensemble. Souriez, vous êtes taxés.
Je ne peux m’empêcher de conclure en retenant de l’épais rapport d’information une phrase qui m’apparaît illustrer tout à fait ce que ces gens pensent réellement du bon peuple qui les nourrit. Cité dans le rapport p. 37, on trouve ceci :
« les taxes et subventions sont alors des mécanismes d’autocontrôle que les consommateurs, s’ils sont conscients de leur manque de rationalité, peuvent souhaiter voir externaliser dans les mains d’un tiers, en l’occurrence l’État. De surcroît, il est difficile d’accorder aux enfants un degré de rationalité similaire à celui que l’on prêterait aux adultes. »
Eh oui : les gens, trop peureux d’avoir une responsabilité dans les mains, s’empresseront bien sûr de la refiler à l’État. La comparaison contiguë avec les enfants est tout à fait éclairante et pas du tout fortuite : ces sénateurs sont nos parents, nous sommes leurs enfants à l’intelligence un peu amoindrie qui avons ce besoin mal défini de nous faire mener, gentiment, chaleureusement, vers les comportements idoines et l’abattoir fiscal.
Dans ce schéma, je reste cependant surpris de constater qu’au contraire d’une relation familiale saine, l’argent de poche va des « enfants » vers les « parents », et non le contraire. Il est peut-être temps que cela cesse, ne trouvez-vous pas ?
Crise financière : comment des « fonds vautours » commencent à attaquer l’Europe
Crise financière : comment des « fonds vautours » commencent à attaquer l’Europe
Plusieurs dizaines de fonds spéculatifs s’estiment lésés par la suppression d’aides publiques ou les restructurations de dettes souveraines menées en Europe. Au nom de la protection des investissements, ils attaquent donc les Etats devant des tribunaux commerciaux extranationaux. En jeu : des centaines de millions d’euros d’indemnités à empocher. Si leurs premières cibles sont l’Espagne, la Grèce et Chypre, d’autres pays pourront être concernés. Après l’austérité, les citoyens européens paieront-ils la facture de la crise une seconde fois ?
En plus des politiques d’austérité, une nouvelle menace se profile à l’horizon pour les pays du Sud de l’Europe : celle de procédures intentées devant des juridictions commerciales opaques par des acteurs financiers, qui cherchent à tirer profit des traités garantissant la « protection des investisseurs ». Des fonds spéculatifs, s’estimant lésés par des restructurations de dette ou par la fin de subventions publiques à certains secteurs, font ainsi jouer la clause du « traitement juste et équitable » (lire notre article) des investisseurs pour demander réparation.
En plus des politiques d’austérité, une nouvelle menace se profile à l’horizon pour les pays du Sud de l’Europe : celle de procédures intentées devant des juridictions commerciales opaques par des acteurs financiers, qui cherchent à tirer profit des traités garantissant la « protection des investisseurs ». Des fonds spéculatifs, s’estimant lésés par des restructurations de dette ou par la fin de subventions publiques à certains secteurs, font ainsi jouer la clause du « traitement juste et équitable » (lire notre article) des investisseurs pour demander réparation.
Grèce, Chypre et Espagne sont ainsi la cible de procédures intentées devant divers « tribunaux » d’arbitrage par des firmes privées, qui leur réclament plusieurs centaines de millions d’euros. Ces poursuites pourraient être les signes avant-coureurs d’une nouvelle déferlante de procédures du même type affectant tous les pays d’Europe, dont la France. Un nouveau rapport publié par le Transnational Institute et le Corporate Europe Observatory, intitulé « Profiter de la crise - comment entreprises et avocats d’affaires font des profits au détriment des pays européens frappés par la crise » [1] tire la sonnette d’alarme.
Quand les peuples doivent indemniser les spéculateurs
Pour les firmes plaignantes, les diverses mesures prises par les gouvernements européens durant la crise ont diminué la valeur de leurs investissements, et constituent donc une forme d’« expropriation indirecte ». Elles réclament en conséquence des centaines de millions d’euros de compensation. Pour les procédures connues à ce jour, les montants en jeu atteignent 700 millions d’euros pour l’Espagne et un milliard d’euros pour Chypre. La somme demandée à la Grèce n’est pas connue. Les citoyens de ces pays, déjà affectés par des mesures d’austérité qui ont entraîné une dégradation sévère de leur niveau de vie, devront peut-être payer une seconde fois la facture. Non plus, cette fois, pour renflouer les banques européennes, mais pour indemniser les spéculateurs.
Les pays du Sud touchés par des crises financières – notamment l’Argentine – connaissent bien ces « fonds vautours », qui cherchent à profiter de la situation en rachetant à bas prix la dette de ces pays, puis en se retournant contre ces derniers devant les tribunaux commerciaux. Une démarche d’autant plus tentante que les différends relatifs aux investissements entre États et entreprises sont généralement tranchés par des mécanismes d’arbitrage ad hoc, souvent favorables aux intérêts commerciaux, et n’ayant de compte à rendre à personne.
Plainte des investisseurs contre les suppressions de subventions
C’est exactement la situation qu’a connu la Grèce suite à la crise financière qui s’est déclenchée en 2009. L’accord de restructuration de la dette grecque a largement ménagé les intérêts des créanciers privés. Une proportion substantielle de l’aide financière internationale a fini dans les poches des banques françaises ou allemandes : 77% des 207 milliards de l’aide européenne a bénéficié, directement ou indirectement, au secteur financier (lire Où sont passés les 200 milliards destinés au « sauvetage » de la Grèce ?). Cela ne semble pas suffisant pour des investisseurs comme la Poštová Bank, de Slovaquie, qui poursuit aujourd’hui la Grèce, et quelques autres qui menacent de faire de même. L’un d’eux, Dart Management, a déjà obtenu 400 millions d’euros d’Athènes après avoir refusé l’accord de restructuration et menacé le pays de poursuites.
En Espagne, ce sont paradoxalement les coupes budgétaires décidées par le gouvernement pour réduire le déficit public qui posent problème. Elles sont la cible de 22 investisseurs dans le cadre de sept procédures distinctes. En cause, la suppression, pour cause d’austérité, des considérables aides publiques aux énergies renouvelables mises en place avant la crise. Cette suppression est certes contestable d’un point de vue environnemental, et a d’ailleurs été fortement encouragée par les grosses firmes énergétiques européennes. Mais on peut s’étonner que seuls les acteurs financiers internationaux – et non les citoyens espagnols, ni les petites entreprises locales du secteur – disposent des moyens légaux de la dénoncer.
Des paris spéculatifs sans aucun risque
L’année dernière, le Transnational Institute et le Corporate Europe Observatory avaient déjà dénoncé ce complexe système des accords d’investissement et les tribunaux d’arbitrage qui leur sont associés. Un petit monde généralement favorable aux entreprises, fonctionnant de manière opaque, qui fait la fortune de cabinets spécialisés d’avocats d’affaires. Ces derniers n’hésitent pas à encourager leurs clients à poursuivre les États, ou à réaliser leurs opérations financières via des pays tiers pour être sûrs de bénéficier de la protection maximale des accords d’investissement. Résultat, les États se retrouvent contraint de dépenser des millions en frais d’avocats pour ne pas avoir à en débourser encore plus à titre de dédommagement aux plaignants.
Les entités qui poursuivent aujourd’hui la Grèce, Chypre ou l’Espagne devant des tribunaux commerciaux ne sont pas des entreprises de « l’économie réelle », ayant réalisé des investissements concrets et dont la viabilité économique serait mise en danger. Il s’agit dans la quasi totalité des cas de fonds d’investissement, qui ont réalisé des opérations spéculatives en toute connaissance de cause, faisant le pari que si elles échouaient, ils pourraient toujours se retourner contre les États concernés. Inutile de préciser qu’« expropriation » ou non, ils continuent pour la plupart d’afficher des profits confortables.
La jungle des traités d’investissement bilatéraux
L’investisseur qui poursuit la Grèce aujourd’hui, la Poštová Bank de Slovaquie, a racheté la dette grecque à partir de début 2010, alors que le pays était déjà considéré comme en quasi-défaut. Idem pour Dart Management. En Espagne, la plupart des « investisseurs » qui se retournent aujourd’hui contre le gouvernement sont entrés dans le secteur solaire en 2010 ou même plus tard. L’un d’eux, un fonds du groupe BNP Paribas appelé Antin, a ainsi pris ses positions dans le solaire espagnol en 2011 [2]. A un moment où il était clair que la crise de l’euro allait entraîner une réduction des aides au secteur. Derrière certains des fonds luxembourgeois ou néerlandais qui poursuivent aujourd’hui le pays, se cachent d’ailleurs des hommes d’affaires espagnols et de grandes entreprises nationales comme le groupe industriel Abengoa.
En cause : la jungle des traités d’investissement bilatéraux entre pays de l’Union européenne qui semble ne profiter qu’aux intérêts financiers privés. Une banque slovaque détenue majoritairement par des Chypriotes poursuit la Grèce, tandis qu’un fonds grec poursuit Chypre, le tout pour des mesures imposées à ces pays par la « troïka »(Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne)... Rien de tout cela ne semble pourtant effrayer les autorités de l’Union, qui paraissent disposées à étendre et renforcer encore les droits des investisseurs dans le cadre des négociations en vue d’un futur accord commercial entre l’Europe et les États-Unis (lire notre enquête).
Netflix arrive, la France a peur, Maman Filippetti veille
La France, dit-on, est une grande puissance économique. C’est un pays qui aurait la bombe atomique, des infrastructures de rêve, une situation géographique très favorable, un climat tempéré et un système social à la fois souple et doux au toucher que le monde entier nous envie (de loin, certes, mais tout de même). Ça n’empêche pas le pays, comme le titre avec courage un Figaro toujours aussi subventionné, de trembler comme une feuille dans la bourrasque devant l’éventuelle implantation d’un nouveau distributeur de films sur le territoire.
La peur règne : Netflix, le géant américain capitaliste sans foi ni loi débarque incessamment sous peu avec ses hordes d’octets barbares et ses flots de gigabits de l’enfer pour arroser de ses vapeurs numériques délétères les territoires jusqu’alors riants et joyeux pourtant placés sous la protection de la baronnie Filippetti. Au son des cors de guerre produits par les bataillons américains, les distributeurs français se sont tous blottis les uns contre les autres, derrière la forteresse légale que la France a construite, en réclamant vivement, entre deux tremblements, l’intervention musclée et salvatrice de Dame Aurélie, psalmodiant avec ferveur l’Onomatopée Cultureuse pour qu’elle arrive enfin.
Et la voilà, tout de blanc vêtue, sur son poney ministériel, partant d’un petit trot cadencé, munie des lettres de créance du Roy Françoy Le Mou, bien décidée à ne pas se laisser faire, scrogneugneu, parce qu’il y a des règles, mon bon monsieur, et qu’on ne peut pas débarquer comme ça au pays du lait et du miel et des fromages et du vin et des 35H et de la retraite à 60 ans sans faire des concessions, non mais.
Avant d’aller plus loin, petit rappel des épisodes précédents : cela fait quelques temps que la rumeur, insistante, indiquerait que Netflix, la société de vidéos à la demande, souhaiterait s’installer en Europe et en France notamment. Cette société propose, à la demande, des films et des séries, en streaming, directement par internet, pour un abonnement mensuel ridiculement petit comparé à une place de cinéma ou même aux cartes prépayées. Son arrivée imminente (on parle de Septembre), inquiète (on le comprend aisément) les professionnels du secteur audiovisuel qui redoutent une concurrence qu’ils s’empressent de qualifier de déloyale : Netflix propose des choses pas cher et facile d’accès, alors que, jusqu’à présent, les distributeurs se battaient plutôt pour conserver des prix élevés, empêcher la distribution par internet à tout prix, et limitaient autant que possible la disponibilité des nouveautés.
Pire, et c’est là le nœud du problème dans lequel intervient immédiatement l’Onomatopée, les distributeurs français sont contraints par la loi, d’une part, à financer la création de ce que certains n’hésitent toujours pas, dans leur immense mansuétude (ou leur aveuglement ?) à qualifier d’œuvres françaises, et d’autre part, de diffuser un quota de franchouilleries ces œuvres afin d’assurer que le public, jusque là captif, ne puisse vraiment pas échapper à la petite giclée de productions du terroir, même si beaucoup croyaient avoir déjà payé, avec leurs impôts, le droit d’en être épargné.
Netflix, de son côté, par la nature même de son business, distribue au client ce qu’il demande (et non ce que le Ministère de la Propagande lui impose). Si ce dernier réclame cinq fois des films américains, Netflix, en vil commerçant apatride capitaliste néolibéral sans morale, s’exécute et lui livre, à domicile, cinq films américains et (coïncidence ?) exactement ceux que le client a demandé. Impossible pour la société d’intercaler l’une ou l’autre publicité gouvernementale de sensibilisation à la malbouffe, l’homophobie, les violences familiales ou ces devoirs civiques rigolos qui permettent de choisir avec discernement entre un escroc ou une crapule. Impossible aussi d’imposer un navet film français après trois ou quatre films américains alors que jusqu’à présent, en France, le client est un peu roi mais pas trop.
Pire encore : Netflix, n’ayant pas eu les gentilles contraintes légales, les mignons bâtons dans les roues et les aimables bastonnades fiscales qui se sont abattues sur le secteur en France, a pu largement grossir, se développer et dispose à présent de moyens financiers colossaux (on parle de 2 milliards de dollars par an) pour racheter des films et des séries. Voilà qui pourrait salement orienter la production, y compris française, vers autre chose que cette qualité qu’on dira pudiquement différente à laquelle nous avons été habitués jusqu’à présent.
Pour Orélifilipéti, le choix est assez cornélien : d’un coté, des distributeurs qui sont depuis longtemps introduits dans tous les services de son ministère, qui connaissent à peu près tout le monde, fournissent les uns et les autres en plateformes d’expression, en renvois d’ascenseurs et en motifs de prébendes juteuses. De l’autre, un trublion, américain de surcroît, qui va, à l’évidence, créer du chômage, de la misère et des morts de petits chevaux par brouettée, en répondant à une demande de consommateur, en proposant des prix trop bas, en introduisant de la concurrence dont on sait, depuis Arnaud Montebourg, qu’elle est extrêmement néfaste. Et … la possibilité d’une implantation des principaux centres d’hébergement de Netflix en France au lieu du Luxembourg.
Zut. Tout n’est pas aussi simple que prévu dans la Baronnie de l’Onomatopée : elle doit d’un côté tout faire pour calmer ses ouailles qui frémissent de peur à l’idée qu’on puisse venir manger leurs plates-bandes, et de l’autre, elle doit tout de même favoriser l’arrivée d’un concurrent si sérieux qu’on sait tous qu’il signe (enfin) la mort d’un certain « modèle de distribution à la française », avec notamment ses quotas et ses cargaisons de films pourris, pseudo-intellectuels et chiants comme un vendredi midi sous la pluie à Dunkerque ou de séries dégoulinantes de bien-pensance agressivement niaise ou, dans le meilleur des cas, aux moyens techniques si pathétiques qu’elles en deviennent comiques.
Municipales 2014 : selon Le Roux, Hollande voit une "forme d'injustice" dans les mauvais scores des maires PS sortants
Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a assuré mardi que François Hollande voyait "une forme d'injustice" dans les mauvais scores enregistrés par des maires PS sortants au 1er tour des municipales.
Le président de la République "voit la forme d'injustice qu'il y a à ce qu'on reproche aujourd'hui (aux maires socialistes) des éléments dont on voit bien qu'ils ont trait à un mécontentement national, alors que leur politique locale est bien souvent plébiscitée", a affirmé Bruno Le Roux sur BFM TV.
"Il est attentif à ce qui se passe, regarde à ce que lundi prochain il puisse y avoir un paysage qui rende service à nos concitoyens dans nos villes. Il a une idée très précise sur les équipes qui peuvent permettre demain d'avoir la meilleure politique aux municipales", selon Bruno Le Roux.
"Le message du premier tour a été entendu"
La haine... |
"Il nous a donné des consignes très claires : nous rassembler et aller dans cette semaine en nous mobilisant pour expliquer l'enjeu local, nous expliquer sur la politique que nous menons nationalement", a-t-il poursuivi. "Le message du premier tour a été entendu", a martelé Bruno Le Roux, assurant qu'il y aurait après ces élections municipales "une plus grande cohérence dans les messages donnés par le gouvernement, peut-être un resserrement de ce gouvernement".
Après un premier tour marqué par une forte abstention, les difficultés de la majorité et la montée du FN, Bruno Le Roux a annoncé que le gouvernement intensifierait ses efforts dans trois directions : sa "mobilisation à chaque réforme", plus de "justice sociale" et "une équipe de nouveau au combat".
"La justice sociale doit être au coeur de toutes les réformes que nous menons, elle l'est, elle doit s'amplifier", a assuré le chef de file des députés PS. Il s'est également adressé directement aux électeurs : "Ne croyez pas que nous n'allons pas tirer quelques conclusions de ce que vous nous avez dit au premier tour."
"Nous avons entendu la dimension nationale de cette élection, pour autant, je n'ai pas envie de tendre l'autre joue pour le deuxième dimanche", a lancé le député de Seine-Saint-Denis.
La tragédie d’Olivier Py
La tragédie d’Olivier Py
Alors que le candidat FN Philippe Lottiaux est arrivé en tête dimanche soir dans la Cité des papes avec 29,63 % des voix, Olivier Py, directeur du festival d’Avignon et dramaturge bien connu pour son positionnement à gauche, est monté lundi au créneau pour avertir tout le monde que si jamais le FN l’emportait au second tour des municipales, le célèbre festival n’aurait « aucune autre solution » que de « partir » de la ville. Une menace ridicule, déjà proférée – en vain – à Orange par les Chorégies il y a quelques années, et que l’ancien directeur du Théâtre de l’Odéon aura bien du mal à mettre en application.
« Idées d’ouverture »
Et pourquoi donc le festival devrait-il quitter Avignon en cas de victoire du FN, serions-nous tentés d’interroger Olivier Py ? Le programme de Lottiaux prévoit-il de bâillonner ou d’embrigader les artistes ? Non, bien sûr. Il n’est ici question que de convenances personnelles. En réalité, Olivier Py, qui apporte régulièrement dans la presse son soutien aux immigrés clandestins et qui, en décembre 2012, dénonçait dans Le Mondel’« intolérable intolérance sexuelle de l’Eglise » face au « mariage » gay, ne se « voit pas travaillant avec une mairie Front national ». En effet, expliquait-il lundi, « cela me semble tout à fait inimaginable. Donc je pense qu’il faudrait partir. Il n’y aurait aucune autre solution. (…) Je ne vois pas comment, d’ailleurs, le festival pourrait vivre avec une mairie Front national, défendre ses idées qui sont des idées d’ouverture, d’accueil de l’autre ». Et il ajoutait : « J’attends un sursaut, j’observe qu’il y a eu 42 % d’abstention au premier tour, il faut se mobiliser : le combat continue entre les deux tours… »
Pour un homme très attaché aux « idées d’ouverture », force est de constater que ce brave M. Py en manque singulièrement. Il n’est certes pas le seul. Et nombreux sont les « artistes » qui, ne rechignant jamais à travailler avec des maires communistes qui ont applaudi jadis le régime stalinien et ses crimes, éprouvent un cas de conscience dès lors qu’il s’agit de côtoyer un élu FN. A Orange déjà, les Chorégies avaient entonné le même refrain. Avant de se borner à refuser la subvention de la mairie.
Avec ou sans Py
Interrogé d’ailleurs sur le « mode de résistance » adopté par les Chorégies d’Orange, Py devait expliquer que« ça pourrait être une solution » mais que, dans le cas d’Avignon, cela lui semblait « techniquement un peu plus difficile car ce n’est pas seulement un seul lieu, c’est toute la ville qui devient le festival ». Mais surtout, si les Chorégies d’Orange ont pu se permettre ce luxe, c’est parce qu’elles se caractérisent par un haut niveau d’autofinancement et que seuls 15 % de leur budget proviennent de subventions publiques. Ce qui est loin d’être le cas d’Avignon : pour l’édition 2014, le festival dispose en effet d’un budget de 12 millions d’euros, dont 58 % de subventions publiques…
Réagissant lundi aux sanglots du dramaturge, Philippe Lottiaux a rappelé très justement que « M. Py n’est pas propriétaire » du festival d’Avignon. Avant d’ajouter : « Il instrumentalise le festival d’Avignon pour des raisons personnelles. (…) Aujourd’hui, le festival d’Avignon est une institution et on continuera à soutenir le festival d’Avignon. Avignon restera une ville de théâtre avec ou sans M. Py. »
Municipales : de la déception à la jacquerie électorale ?
Les Français sont moins dociles que ne l’espéraient leurs dirigeants. Ils ne veulent pas que leur pays se transforme en un immense Hollandais volant ivre des promesses creuses qui lui sont faites depuis une sacrée décennie, guidé par des haleurs installés à Bruxelles, à tel point criblé de trous que ses passagers ne parviennent même plus à écoper l’eau dans la cale.
Le Front républicain est mort. On ne peut pas craindre un mort, a lucidement remarqué Marine le Pen. Depuis 1956, il est vrai que cette coalition a pris un coup de vieux. Mieux. Elle s’est essoufflée. Pourquoi ?
- Primo, parce que dans l’état actuel des choses elle gommait le bipartisme semi-rassurant du champ politique français en rapprochant jusqu’à les confondre UMP et PS.
- Secundo, il est bien difficile de se figurer une alliance appuyée sur des partis dont la principale carence réside dans leur manque d’autonomie nationale, car, à bien y voir, les « non-marginaux » sont tous bien plantés dans l’ornière atlantiste. La gauche s’en démarque peut-être moins que la droite sarkozyste mais le résultat était jusqu’ici le même. Le dossier libyen en est une preuve saillante. De fait, le Front républicain s’apparentait à une synthèse de plusieurs partis – dont deux invariablement dominants – au fond très peu français parce qu’influencés de l’extérieur. La formation, pour l’heure latente, d’un nouveau Front qui serait une coalition droite-droite avec toutes les nuances qui leur sont inhérentes pourrait distiller le « pareil au même » qui lasse tant la nation sachant que le FN est le seul parti supposé réellement oppositionnaire et qui reste encore marginalisé par inertie et surtout par panurgisme.
- Enfin, comme l’a si bien exprimé un fidèle lecteur du Figaro, il faut savoir alterner les plaisirs. Face à une gauche qui s’est retrouvée le bec dans l’eau avec ses15 % et un UMP très partagé entre des tendances presque aussi droites que la droite lepeniste et des tendances centristes qui les réconcilient sur certains points avec le PS, le FN fait du deux en un : il incite les deux premiers partis de France à faire remonter leur moyenne générale donc à repenser leur politique tout en s’imposant comme une alternative patriotique satisfaisant les préoccupations grandissantes des Français et en cela réaliste (ne pas confondre réalisme et populisme !).
Ces considérations faites, j’ai le plaisir de donner la parole à M. Kader Hamiche, écrivain, polémiste et blogueur français, auteur de la « France confisquée ».
LVoix de la Russie. « Pourriez-vous nous donner votre appréciation du premier tour des municipales ? Y a-t-il des résultats qui vous auraient particulièrement surpris ?
Kader Hamiche. Surpris, oui, je l’ai été dans le sens de l’ampleur des résultats. Il y a évidemment le résultat de Béziers. Moi qui suis de Béziers et qui connait très bien la situation qui avait été imposée par Robert Ménard pour être sur ses listes, j’ai été très étonné de le voir faire 45 % car je m’attendais à ce qu’il fasse 30 ou 35% coude à coude avec Elie Aboud. Ensuite, il y a évidemment la victoire de Steeve Briois dans le Nord mais bon, il faut aussi remarquer que le terrain avait été préparé par Marine le Pen à la présidentielle ce qui nuance la surprise. Ici ou là, par exemple à Marseille ou Perpignan, la percée FN a été spectaculaire. Je m’attendais ceci dit à ce que Philippot fasse plus qu’il n’ait fait. Globalement, ce qui a été très-très intéressant dans ce vote, c’est surtout le taux d’abstention. Je dis bien intéressant, pas inquiétant ! Cela, parce que je raisonne dans une logique de reconstruction du système politique français. Je pense qu’il manque une vraie droite à la France qui ne soit pas taxable d’extrême-droite mais qui soit une vraie droite parce que je ne considère pas l’UMP comme étant de droite. Je suis un ancien du RPR, je sais donc qui est à l’UMP. Ce qu’il faut donc constater, c’est qu’un terrain particulièrement fertile se dessine pour l’émergence d’une droite nationale et patriotique qui ne soit pas le FN.
LVdlR. Dans un extrait de votre dernier article vous dites ceci : « Les candidats FN les mieux placés l’ont été dans des communes ayant fortement voté. Cela signifie que les électeurs qui n’ont pas trouvé chaussures à leur pied sont au moins aussi nombreux que ceux qui se sont réfugiés dans un vote FN. Conclusion : le FN n’offre pas de réponse satisfaisante à la demande d’une autre politique nationale ». Pourriez-vous préciser votre pensée en la développant ?
Kader Hamiche. Je reconnais que la formulation n’était pas vraiment judicieuse. Elle est même légèrement erronée. Ce que j’ai voulu dire c’est que malgré le score du FN, malgré le fait que beaucoup de Français soient allés vers le FN notamment dans les villes marquées par une participation extrêmement importante, une abstention sans précédent est à relever ! 6 points de plus par rapport à 2008 – un écart encore plus sensible dans les grandes villes – c’est considérable ! Autrement dit, il y a au moins autant de Français qui ne sont pas satisfaits et qui ne s’en remettent pas au FN que de Français non satisfaits qui s’en remettent au FN. Il reste globalement un vivier d’électorat potentiel qui n’est pas exploité, c’est-à-dire de gens qui n’ont pas trouvé de chaussures à leur pied, cela indépendamment des 20 % tout à fait traditionnels d’abstentionnistes.
LVdlR. Vous parlez métaphoriquement des « funérailles de la France ». Qu’est-ce que vous entendez par funérailles ?
Kader Hamiche. J’ai écrit un jour que le FN risquait de devenir le fossoyeur de la France ce qui m’avait été reproché. En réalité, les gens n’ont pas bien compris ce que veut dire « fossoyeur » : c’est la personne qui intervient pour enterrer les morts. Je n’ai pas dit que le FN allait tuer la France, car la France, à mon regard, allait être tuée par l’UMPS. L’UMP, le PS et leurs satellites travaillent sur la multiplication de réformes sociétales visant à faire disparaitre la spécificité française, voire celle de la civilisation occidentale et bien sûr la nation française dans son essence puisqu’il y a des projets européistes, mondialistes, etc. qui la menacent. D’ailleurs, si je peux me permettre une petite remarque à ce sujet : c’est pour cette raison, à mon avis, que Vladimir Poutine est si peu aimé du système occidental, lui qui s’oppose à l’avancée du modèle atlantiste. Toutes ces menaces qui pèsent sur la France doivent donc dégénérer parce qu’elles sont appuyées par une idéologie très efficacement promue. Le problème du FN s’est qu’il s’est donné un certain temps pour arriver au pouvoir. Il y a très longtemps j’en avais discuté avec Louis Aliot … Le jour où le FN arrivera au pouvoir il y aura 15 % de musulmans en France qui en réalité seront contrôlés par des islamistes, il n’y aura plus d’identité française, le mode de vie français aura disparu en ressemblant de plus en plus à celui des Américains. Autrement dit, l’universalisme va envahir la France. A ce moment-là, le FN arrivera peut-être au pouvoir mais il sera trop tard. C’est en ce sens que j’ai parlé des funérailles de la France ».
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