Télézapping : Chirac et "l'humour corrézien" par lemondefr
lundi 13 juin 2011
La Grèce vend son CO2 pour combler le déficit
Un nouveau plan d’aide européen pourrait bientôt être voté pour aider la Grèce à surmonter ses difficultés financières. De son côté, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures d’austérité, destinées à économiser 28 milliards d’euros d’ici à 2015. Elles seront examinées par le Parlement le 15 juin. Un appel à la grève générale a été lancé pour ce jour-là, afin de protester contre ces nouvelles mesures.
Pourquoi la BCE est opposée à toute restructuration de la dette grecque
Le président de l'institution européenne a insisté jeudi à Francfort sur le rejet par son institution de toute option débouchant sur un "événement de crédit", s'opposant ainsi à la position de Berlin.
Le débat devrait donc être vif lors de la réunion de l'Eurogroupe le 20 juin, préambule au Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement les 23 et 24 juin, qui devra trancher sur l'aide à apporter à une Grèce incapable de pouvoir se financer sur les marchés en 2012 comme prévu.
Plusieurs pays, dont l'Allemagne, qui font face à l'hostilité croissante de leurs opinions publiques, veulent réduire au minimum leur contribution à une nouvelle aide à la République hellénique dont les besoins pour faire face à ses engagements d'ici à 2014 sont estimés à quelque 90 milliards d'euros. Ces États souhaitent donc que les détenteurs privés d'obligations grecques participent aussi à l'effort.
« Dans l'affaire grecque, les Européens sont dans une impasse. Le gouvernement allemand dit qu'il faut une restructuration de la dette, les agences disent qu'une restructuration est une forme de défaut, et la BCE dit qu'elle n'acceptera pas des obligations en défaut en collatéral », résume Maurice de Boisséson, chez Octo Finances.Surtout, le risque d'un « événement de crédit » pourrait s'avérer préjudiciable pour la BCE, et mettre à mal son indépendance sur laquelle s'est bâtie sa réputation.
En effet, dans le cadre de la résolution de la crise de la dette souveraine dans la zone euro, elle a acheté des obligations des pays fragiles à hauteur de 444 milliards d'euros, dont 190 milliards d'euros de papier grec, selon une étude du think tank Openeurope. De facto, une décote de ces actifs la rendrait extrêmement vulnérable, et très dépendante des États de la zone euro, qui devraient la recapitaliser. « Si la Grèce devait restructurer la moitié de sa dette, un niveau où elle redeviendrait soutenable, la BCE pourrait subir entre 44,5 milliards et 65,8 milliards d'euros de pertes sur les obligations et les titres en collatéral des banques grecques qu'elle détient », ont calculé Raoul Ruparel et Mats Persson, chez Openeurope.
Une solution pour sortir de l'impasse consisterait en un rachat par les États de la zone euro, via le Fonds européen de stabilité financière (FESF), de ces titres détenus par la BCE. « Cette option discutée il y a quelques mois était tombée à l'eau. Il serait de l'intérêt de tous de la faire aboutir au Conseil européen des 23 et 24 juin », juge Bruno Cavalier, chez Oddo Securities. Robert Jules
Pourquoi l'affaire DSK nous invite à changer de République
Dans le débat sur la vie privée, relancé par l'affaire Strauss-Kahn, inculpé pour le viol d'une femme de chambre à New York, les Français oublient souvent l'effet du fondement de leur vie politique : les institutions. Pourtant, la Ve République et sa personnalisation du pouvoir portent en germe la dérive actuelle.
Un jour de février, 509 ans avant notre ère, Sextus Tarquin, fils du roi de Rome Tarquin le Superbe, surgit dans la demeure du noble Collatin et abusa par la violence de sa femme Lucrèce. Meurtrie, cette dernière se donne la mort quelques jours plus tard. Ôtant alors, selon le récit de Tite-Live, le poignard de son corps fumant, Lucius Brutus jure alors « d'abolir à tout jamais la monarchie ». Le drame privé était devenu une crise d'État qui finit par « rendre à Rome le nom de monarchie odieux », rappelle Plutarque. Instinctivement, le peuple romain ne fit aucune distinction entre le geste de Sextus et le régime personnel de son père. Ce dernier, nous dit encore Tite-Live, fut le premier à « gouverner avec des conseillers privés, sans demander l'avis du peuple et du Sénat ». La personnalisation du pouvoir, inédite jusqu'alors, avait conduit à ce que les actes privés du roi et des siens étaient devenus des actes politiques.
Deux millénaires et demi plus tard, la France peut à son tour ressentir ce fait : dans un régime poussé à l'extrême de sa personnalisation comme celui de la Ve République, la distinction entre vie privée et vie publique n'a guère de sens. Depuis qu'en 2001 a été instauré le quinquennat et, surtout, la préséance de l'élection présidentielle sur l'élection législative, le pouvoir exécutif n'est guère limité : le Parlement est une chambre d'enregistrement et il est loisible au président de « gouverner avec des conseillers privés ». Du reste, cette personnalisation, par le canal du scrutin majoritaire, irrigue l'ensemble de la vie politique française. Partout, il faut voter pour un homme, c'est-à-dire d'abord pour une apparence. Le début de la campagne présidentielle actuelle, qui s'annonce déjà comme l'une des plus déplorables que la République ait connue, n'a-t-il pas montré qu'un bon candidat doit renoncer à tout embonpoint pour convaincre les Français. Car, enfin, comment le peuple confierait-il son destin à un personnage légèrement enveloppé ?
Dans un tel système, rien n'est plus logique que la volonté du peuple d'en savoir le plus possible sur les hommes et les femmes qui sollicitent son suffrage. La vie privée d'un candidat est une part de sa personnalité et puisque celui qui deviendra le chef suprême n'aura guère de contre-pouvoirs en face de lui, il ne semble pas scandaleux que l'électeur en ait une connaissance exhaustive. Avant de donner des pouvoirs quasi illimités à un candidat, ne doit-on pas juger pleinement de son courage, de ses lâchetés, de ses forces et de ses faiblesses de caractère ? Si l'élection présidentielle est réellement, comme le prétendent les candidats, une « rencontre entre un homme et le pays », n'est-il pas légitime que le pays exige de l'homme qu'il se mette à nu ? Ne doit-on pas avoir connaissance de sa réalité intime pour faire contrepoids à la propagande de l'apparence ? L'examen de la vie privée devient alors une défense contre les stratégies publicitaires des candidats. Aussi pourra-t-on établir toutes les thèses savantes que l'on voudra sur la moralité, le respect de la vie privée ou la spécificité « latine » de la France, la logique des institutions de ce pays mène à un dévoilement de la vie privée des candidats à la fonction suprême, justement parce qu'elle n'a jamais été aussi suprême.
Le débat sur la vie privée ne doit donc pas faire l'impasse sur l'essentiel : la superstructure institutionnelle. Le peuple romain, après la mort de Lucrèce, ne voulut plus entendre parler de rois, il donna le pouvoir exécutif à deux consuls dont les pouvoirs, égaux entre eux, étaient surveillés et encadrés par le peuple, le Sénat et les tribuns. L'historien grec Polybe a fait de cette constitution la source de la conquête romaine du monde connu. Et pourtant, les consuls étaient élus chaque année. Mais la France est encore engluée dans la propagande gaulliste de l'après-guerre qui veut que, sans pouvoir personnel, l'État soit inefficace et décadent. Pourtant, c'est bien le régime parlementaire de la IIIe République qui parvint à redresser par deux fois, en 1871 et 1918, une France épuisée par la guerre. Malgré l'instabilité ministérielle chronique, malgré des scrutins de listes, malgré l'absence de pouvoir personnel ! Son échec de 1940 est militaire et moral plus que politique. Plutôt donc que de se lamenter sur les unes des médias consacrés aux historiettes érotiques des uns et des autres, les Français devraient donc s'interroger sur les institutions qui nous ont conduits à ces excès. Car Régime polyarchique ou parlementaire, les alternatives existent, que la France se soucie désormais d'abord de ses immenses défis économiques, sociaux et politiques.
Ce qu'il faut savoir sur le rééchelonnement de la dette grecque
La BCE a beau répéter que cette forme "douce" de restructuration est trop dangereuse, Berlin insiste pour faire participer les créanciers privés au nouveau plan d'aide à la Grèce.
Pour une fois, on ne peut pas dire que la BCE est le bras armé de l'Allemagne dans la zone euro. Le clivage entre les deux ne cesse de s'approfondir sur la question de la participation des créanciers privés dans le nouveau plan d'aide à la Grèce. Alors que Berlin veut rééchelonner la dette publique grecque, la BCE estime que cela ressemblerait dangereusement à une restructuration et aurait donc des conséquences désastreuses sur le secteur bancaire grec et européen. Si l'Allemagne était initialement plutôt isolée, il semblerait d'après le Spiegel qu'un compromis se dessine avec ses partenaires réticents. Les créanciers privés pourraient être appelés à participer à hauteur de 20 à 35 milliards d'euros, affirme l'hebdomadaire allemand. Si rien n'est encore décidé, la zone euro n'a en tout cas pas complètement tourné le dos à cette solution puisqu'elle a déclaré vendredi qu'elle analysait "la faisabilité d'un rééchelonnement" sur une base volontaire. En quoi cela consisterait ?
Qu'est qu'un rééchelonnement ? Il s'agit de rallonger la durée des prêts. L'Allemagne propose d'allonger de sept ans les maturités pour toutes les obligations en circulation. Contrairement à une vraie restructuration, l'idée est qu'en fin de compte les investisseurs soient remboursés à 100%.
Cela réduit les besoins de financement de la Grèce pendant quelques années et lui donne donc plus de temps pour travailler à l'assainissement de ses finances publiques sans avoir à se préoccuper de se refinancer sur les marchés.
A priori, "la Grèce pourrait suspendre pendant sept ans le remboursement du principal et n'aurait à payer que les intérêts", explique Cyril Régnat, stratégiste chez Natixis.
Le rééchelonnement est la solution prônée par le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble qui estime par ailleurs qu'elle installera "une répartition équitable des risques entre le contribuable et les créanciers privés", envoyant ainsi "le signal que l'on ne peut pas transférer tous les risques au contribuable".
S'il doit être volontaire, comment inciter les investisseurs à participer?Ce ne serait pas une tâche facile. En effet, "un rééchelonnement a un impact sur la valorisation en mark to market des titres, explique Cyril Régnat. C'est l'effet purement mécanique de l'actualisation : plus la maturité est éloignée, plus la valeur actuelle est faible. Cet effet est surtout fort pour les titres de courte maturité". Sauf qu'en pratique, "la plupart des créanciers ne valorisent pas leurs obligations en mark to market mais en 'loan to maturity', c'est à dire à leur valeur nominale. Elles ne seraient donc pas affectées par un rééchelonnement". Les créanciers pourraient même en sortir gagnants. Car allonger la maturité des prêts de sept ans signifie aussi sept ans de plus de coupons.
Surtout, il faut voir l'alternative : si le choix est entre un rééchelonnement et un défaut unilatéral d'un pays qui ne peut tout simplement plus payer, alors les investisseurs auront vite fait le calcul. Comme le dit Karl Whelan sur le blog Irish Economy , "c'est une approche de la négociation à la Don Corleone, avec des offres qu'on ne peut pas refuser". D'ailleurs, l'Association bancaire allemande n'est pas opposée à cette proposition.
Est-ce que cela représenterait un "événement de crédit ?"
C'est ce que craint la BCE. Mais d'abord, qu'est ce qu'un "événement de crédit ?". Il s'agit d'une action entamant la solvabilité du pays et qui est donc susceptible de déclencher le règlement des CDS ( les produits dérivés dont les marchés se servent pour se couvrir contre ou spéculer sur le risque de défaut de l'Etat) et donc de créer la panique sur les marchés. L'International Swaps and Derivatives Association (ISDA) a dit que tant qu'il est volontaire, un rééchelonnement ne constituerait pas un événement de crédit. Sauf que les agences de notation ne croient guère à l'aspect "volontaire" et ont toutes décrété qu'un réechelonnement serait assimilé par les marchés à un événement de crédit.
La BCE craint donc qu'un rééchelonnement crée une réaction en chaîne dans tous les maillons faibles de la zone euro. La BCE détient elle-même des milliards d'euros d'obligations publiques grecques, soit directement soit au travers des garanties fournies par les banques en échange de ses prêts. Cela explique peut-être, selon certains observateurs, sa crainte de les voir perdre de leur valeur. Mais les pertes éventuelles de la BCE seraient au final comblées par ses "actionnaires", les Etats européens, et en premier lieu l'Allemagne.
Le mariage gay, un vrai sujet de fond
Mais on n’entendra pas les arguments. On résumera le vote de mardi à un «pour ou contre» - d’ailleurs plus au «contre» qu’imposeront l’UMP et le gouvernement.
Pourquoi pas un referendum? Pas sûr que la voie la plus audible médiatiquement serait celle que choisiraient les Français. Sans doute viendraient-ils d’ailleurs plus aux urnes que pour les dernières élections. Aucun des deux camps n’aura le courage de demander leur avis aux citoyens sur ce vrai sujet de fond.
Il a suffi d’une petite boutade pour qu’elle anime un week-end de Pentecôte dont l’humeur politique s’annonçait pourtant paisible. Mais quelle boutade mes amis, ! Du miel pour des journalistes du 7 e jour en manque de polémique. Un ancien président de la République annonçant, tonitruant, qu’il votera à la présidentielle pour son ancien adversaire socialiste, ce n’est tout de même pas courant, même en rigolant.
C’est tellement énorme qu’on acceptera la thèse du trait d’humour corrézien avancée par François Hollande lui-même et reprise hier de bon cœur par Jacques Chirac. Après tout, cette version est sans doute vraie. Prononcée dans des circonstances particulièrement décontractées, la « plaisanterie « arrange bien les deux hommes, soucieux de ne pas choquer les ultras de leurs camps respectifs qui apparentent volontiers leur élasticité républicaine à une forme de trahison. Complices d’une certaine simplicité - corrézienne ? - ils entretiennent des relations marquées par un respect mutuel que le temps a poli, arasant les aspérités désagréables des débats d’antan. L’ancien premier secrétaire du PS n’a-t-il pas préfacé récemment et sans états d’âme l’excellente biographie consacrée par notre (non moins excellent) confrère de Sud-Ouest, Bruno Dive, au « Dernier Chirac » (éditions Jacob Duvernet) ?
Il n’est pas certain cependant que leur bonne blague d’un samedi de juin ait fait rire aux éclats Nicolas Sarkozy. Sans pitié, le président la mettra sur le compte de l’usure de son prédécesseur dont il commente l’état de santé - devant les éditorialistes qu’il reçoit à sa table - avec les ellipses de langage lourdes de sous-entendus qu’on réserve généralement à l’évocation d’un grand malade.
L’important dans l’humour, c’est ce qu’il trahit derrière le paravent de la drôlerie. Les saillies de l’inconscient, les blessures, les douleurs, l’orgueil, l’émotion... Jacques Chirac n’est plus l’animal politique qu’il fut pendant plus de 40 ans mais il n’en reste pas moins un grand professionnel à la retraite qui ne parle ni n’écrit à la légère. Sans le préméditer, il a probablement rendu la monnaie de sa pièce à son successeur qui, depuis son accession à la fonction suprême, n’a jamais guère eu d’élégance à son égard - les sibyllines allusions aux « rois fainéants » étaient à la limite de la méchanceté brute - et encore moins le soir de son élection où il n’eut pas un seul mot pour lui. Un épisode douloureux confessé dans le second tome de ses mémoires présidentiels, sorti en librairie cette semaine.
L’inspiration de l’humour chiraco-hollandais est finalement très sérieuse. Elle révèle les tensions, les frustrations mais aussi les conformismes qui étouffent la vie politique. Elle préfigure, aussi, la fin d’un système à bout de souffle, mais verrouillé, où la sincérité des élans, récupéré par les uns et exagérément interprété par les autres, n’a pas sa place.
Grèce : des milliers de manifestants contre l'austérité à Athènes
Des milliers de Grecs ont manifesté pour le troisième dimanche consécutif devant la Parlement à Athènes pour protester contre le nouveau plan d'austérité préparé par le gouvernement et pour soutenir un appel à la grève générale lancé pour mercredi prochain.
Le Premier ministre grec Georges Papandréou et son parti ne bénéficient de la confiance que d'un quart de la population, selon un sondage publié dimanche.
Seules 26% des personnes interrogées font encore confiance à M. Papandréou, selon l'enquête Public Issue publiée par le quotidien Kathimerini. Le même sondage il y a un mois donnait 34% de personnes lui accordant leur confiance.
Le gouvernement veut faire approuver par le Parlement une nouvelle série de mesures d'austérité destinées à économiser 28 milliards d'euros d'ici à 2015, en réponse aux demandes des créanciers de la Grèce, qui espèrent ainsi obtenir une nouvelle aide financière.
Des milliers de manifestants protestent depuis un mois contre ce tour de vis supplémentaire, perçu comme imposé de l'étranger pour répondre à une crise provoquée par des années de gabegie.