Un débat ? Mais quel débat !
« Le pacs est radicalement différent du mariage parce qu’il
n’est pas question, ni aujourd’hui ni demain, que deux personnes
physiques du même sexe, quel que soit leur sexe, puisse se marier. Comme
l’a dit la Commission européenne des droits de l’homme de Strasbourg,
“ce serait une dénaturation du mariage et de la fin sociale du mariage
que des personnes dont la catégorie sexuelle emporte par elle-même la
constatation d’une inaptitude physique à procréer puissent se marier”. » (Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, le 9 octobre 1998, cité par le blog d’Yves Daoudal.)
Lorsque je dis que ce n’est pas en voulant débattre avec les
actuelles instances politiques que les catholiques arriveront à faire
front efficacement contre le mariage homo, ce n’est pas contre le
dialogue en lui-même (avec des gens de bonne foi et de droite raison)
que j’en ai bien sûr. C’est contre le piège dialectique du débat truqué.
La preuve ci-dessus par le pacs. Depuis son fameux dialogue avec Eve,
ce piège est aussi vieux que le Diable qui se glisse entre la femme et
son époux : — Alors Dieu a dit : « Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin » ?
Il ne faut pas répondre au Démon, comme aux pièges et aux
provocations dialectiques. Eve sans doute s’est cru très intelligente :
elle a voulu instruire le Retors ! Mais il n’est pas sur la même
longueur d’ondes. Il va s’emparer du secret d’alliance qu’elle a eu la
maladresse de lui révéler, pour briser cette alliance qui unit l’homme à
Dieu (cette dépendance d’amour humain à l’égard de l’amour de Dieu),
pour l’engloutir, la perdre dans son raisonnement dialectique. Car,
depuis son péché d’orgueil, n’aimant plus (que lui-même), en pur
intellectuel ayant tout perdu sauf la raison, le Malin refuse l’ordre
réel de l’amour : la dépendance du côté de l’amour. Il n’accepte qu’une
certaine dépendance du côté de l’intelligence où il croit briller
encore : — Pas du tout ! Vous ne mourrez pas, vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal.
Essayez donc, nous dit-il, comme pour le soi-disant « moindre mal » de l’« IVG », comme pour le pacs, etc. ! Briseuse d’unité, la dialectique s’enchaîne indéfiniment sans finalité. Sa « vérité »
n’est plus que relativité dialectique, évolutive, nominaliste. Ce n’est
plus la vérité. Il s’agit pour Satan, à travers ses suppôts, de
s’exalter soi-même par volonté de puissance. Même avec une grande
cuillère, il est follement imprudent de vouloir aller souper avec ce
dialecticien par excellence. Parce qu’il aura toujours raison par sa
funeste méthode qui nous fera dire oui et non à la fois.
Rien ne sert ainsi de discuter avec des gens de mauvaise foi, plus
ou moins consciemment inspirés par le Maître du mensonge. Si l’on ne
croit pas (à tort) en cette chute dialectique du premier Jardin,
l’histoire plus récente de la culture de mort est là également
pour nous mettre en garde. Par mode de provocation, de compassion ou de
séduction, sous forme de ballons d’essai gonflés à l’hélium de la
désinformation, elle n’est depuis l’« IVG » jusqu’au mariage gay qu’une
interminable course de haies transgressives contre la loi naturelle et
sa justice, dont le but est de renverser le bien commun temporel
instauré par la civilisation chrétienne pour le remplacer par la funeste
dictature du relativisme : « dissoudre et coaguler », selon la devise maçonnique.
Un exemple de cette mauvaise foi ? Ce sont les mêmes qui veulent
imposer ce nouveau « mariage » qui n’avaient pas de mots assez ringards
pour le dénoncer hier comme prison institutionnelle de la liberté
individuelle, s’en exemptant eux-mêmes à l’image de l’actuel Président !
Leur véritable motif ? S’opposer par la contrefaçon, désagréger un état
d’esprit séculaire, franchir les barrières, à l’instar de ce que disait
Simone Veil après l’« IVG » : « Ceci me fascine : en modifiant la loi, vous pouvez modifier fondamentalement le modèle du comportement humain. Et par le biais d’une loi légalisant l’avortement, vous changerez de façon fondamentale la position elle-même de la femme et de l’enfant dans la société » (The Times du 3 mars 1975). Loin de servir l’amour par la loi, ils veulent mettre cette loi au service d’une volonté de puissance : — Vous serez comme des dieux !
Avortement, euthanasie, gender, mariage gay… : à chaque fois, on nous refait le coup du débat relancé, comme ils disent, à partir de faits divers et d’une sémantique soigneusement mise en musique. Peu importent les réactions indignées, il faut obliger les gens à « débattre ». L’essentiel est qu’ils en viennent à admettre qu’un principe jusque-là considéré comme absolu, « non-négociable », est en réalité discutable. Après le débat
ainsi imposé médiatiquement, vient toujours l’apparition opportune du
projet de loi préparé par les loges maçonniques. Il est déjà très tard
pour regimber. Car le débat n’est, bien sûr, toujours « relancé » que dans un sens, unilatéralement.
Réclamer alors et penser obtenir un « vrai débat », comme nos
évêques pensent l’avoir obtenu avec les états généraux de la
« bioéthique » (!), relève de l’illusion d’un côté et de la duperie de
l’autre. La preuve par le pacs (avec la citation de Mme Guigou) mais
aussi avec ces états généraux de la bioéthique (qui ont aggravé la loi
précédente), offerts pour donner une bonne conscience officielle à des « partenaires » qui, sous couvert d’« équilibre » et de « démocratie », avalisent des choses dont ils savent véritablement qu’elles offensent la morale et la politique. Plutôt que de « contribuer » ainsi à un tel débat démocratique
aussi maléfique, qui cautionne la transgression et sacrifie aux
nouvelles idoles du temps, on préfère l’attitude du Pr. Jérôme Lejeune
qui, d’emblée, avait refusé d’entrer dans le piège du prétendu Comité
d’éthique, alibi des apprentis sorciers : « Sans moi, sans nous ! » (1). Et Dieu sait si cette « dissidence » ne l’empêchait pas d’argumenter publiquement selon sa science et sa sagesse, sa foi et sa charité, dans la cité.
Refuser la dialectique
Mais il n’y a pas lieu de débattre, selon les règles de
manipulateurs qui n’ont qu’une volonté idéologique. Car les prémisses de
ce débat sont pipées. Cette dialectique, fille du premier dialogue
diabolique avec l’homme, c’est par nature le mensonge qui sème et
cultive le doute, la haine et l’envie pour s’en faire un instrument de
combat, de destruction, de domination. « Les agents de la Révolution ont agi avec le soin de ne pas montrer au grand jour [leur] intention perverse. [Ils] colorent
tout ce qu’ils font du bien public, ils avancent des maximes qui
seraient susceptibles d’une bonne interprétation, mais qui cachent un
sens très mauvais, se réservant de le dévoiler quand ils se croiront
assez forts pour tout oser », résumait le Père de Clorivière.
Ainsi, la culture de mort fait-elle aujourd’hui progressivement son
œuvre et nous sommes aujourd’hui soumis à une terrible pesanteur, celle
d’une opinion difficile à retourner, car « la gravitation morale est un phénomène aussi évident que la gravitation physique », écrit notre ami Daniel Arthur qui nous rappelle aussi le mot d’Etienne Gilson : « Les signes sont sur le mur… »
(1) « Le mensonge ne passera par moi » : ce que disait aussi Soljénitsyne face à la dialectique communiste peut s’appliquer à la dialectique plus sournoise (« subliminale ») de la dictature du relativisme qui implique la connivence de ses victimes, jusqu’à ceux qui croient lui résister.