TOUT EST DIT

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dimanche 16 octobre 2011

Primaire: Quilès réagit trop tôt

L'ancien ministre socialiste Paul Quilès, ex-directeur de campagne de François Mitterrand en 1981 et soutien de Martine Aubry, a commenté par erreur l'élection de François Hollande. A 16h40, soit plus de deux heures avant la clôture du scrutin, suite à une erreur de manipulation de son ordinateur, il a envoyé par mégarde un communiqué prévu pour ce soir, intitulé "La responsabilité de François Hollande".

"C'est un bug", a déclaré Paul Quilès. "J'avais préparé deux communiqués à l'avance, l'un en cas de victoire de Martine Aubry, l'autre au cas où François Hollande serait élu. Mais la batterie de mon ordinateur s'est brutalement déchargée et le message de François Hollande est parti mystérieusement", a-t-il expliqué.

"Il est incontestable que l’indication fournie par les sondages du "mieux placé pour battre Sarkozy" a pesé lourd dans la décision des électeurs", écrit-il, soulignant "l'utilisation abusive" des enquêtes d'opinion. Et d'apporter un soutien très mesuré à François Hollande, qui "a maintenant la responsabilité de faire la preuve qu’il est bien celui qui pourra l’emporter le 6 mai 2012". "Pour cela, il va lui falloir très vite prouver qu’il sait vraiment rassembler, non seulement ses amis et ses nouveaux ralliés, mais aussi les socialistes et ensuite l’ensemble de la gauche", écrit encore Paul Quilès.
PAUL QUILÈS EST À L'IMAGE DE CE QUE SONT LES SOCIALISTES :
UN ÉNORME BUG

Martine Aubry reconnait la victoire de François Hollande






C'EST DÉJÀ UNE BONNE CHOSE QUE DE VOIR CETTE TRUIE HORS COURSE.

Devant leurs troupes fébriles, Copé et Fillon sonnent la charge contre le PS

Réunies à Saint-Cyr-sur-Loire, les troupes de la majorité attendent de sortir du "tunnel médiatique" de la primaire socialiste pour enfin en découdre.

Entre impatience et fébrilité à l'approche de la grande échéance de 2012, députés et sénateurs UMP trépignent, depuis deux jours, à Saint-Cyr-sur-Loire, près de Tours, où sont organisées les journées parlementaires du parti présidentiel. Ils n'ont, quoi qu'ils en disent, qu'un mot à la bouche : la primaire socialiste. D'un côté, beaucoup se montrent soulagés : elle n'a, selon eux, pas été aussi désastreuse pour eux qu'ils le redoutaient... "Une chose est sûre, il n'y aura pas, dimanche, de leader élu triomphalement, et donc, pas de dynamique incontestée pour le candidat choisi", martèlent-ils en substance. De l'autre, la stratégie particulièrement offensive des cadres du parti - et même du chef de l'État - à l'égard du principe d'une primaire fait débat, jusque chez les militants. Certains estiment en effet que l'UMP "se ridiculise" en ne reconnaissant pas franchement le "succès" du processus. D'autant qu'il est de plus en plus communément admis - outre le fait que son principe est inscrit dans le règlement de l'UMP - qu'il s'imposera en 2017. "La primaire devient, de fait, institutionnelle et incontournable. Et en 2017, il est évident qu'il y aura un vrai désir chez les militants et sympathisants", confie Axel Poniatowski, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
Autre source de tension : la rivalité entre François Fillon et Jean-François Copé pour 2017, que le débat sur la primaire n'a fait qu'exposer encore plus au grand jour. Mais tous les arguments restent bons pour discréditer cette "longue séquence socialiste". Copé, Christian Jacob (président du groupe UMP à l'Assemblée) et Philippe Briand, le député local, n'ont pas trouvé de mots assez durs, vendredi, dans leurs discours d'ouverture, presque aux trois quarts consacrés à cette fichue primaire. Jacob a fustigé "l'incapacité du PS à avoir un leader naturel". Dans un style plus "café-théâtre", comme le note un membre de l'UMP, Briand a déclaré : "Nous sortons enfin de la période d'occupation... médiatique." Et de comparer la primaire citoyenne à une émission de télé-réalité, "à mi-chemin entre Koh-Lanta et La ferme des célébrités". Même le Premier ministre, dans son discours de clôture, y est allé de son bon mot : "Au Parti socialiste, les impétrants dissertent sur la démondialisation, comme autrefois les états-majors se disputaient sur le tracé de la ligne Maginot."
"Arnaud de Montebourg... quel joli nom !"
Sans compter les attaques contre les candidats eux-mêmes : "Arnaud de Montebourg... (sic) Quel joli nom ! Ce type-là est un type dangereux, je n'aurais pas voulu vivre en 1789 avec lui...", a lancé Briand, entre autres, devant un Copé hilare sur scène. Autant dire que les deux finalistes - "La dooouce Martine Aubry et le relooké François Hollande", comme les appelle Briand - ont dû avoir, eux aussi, les oreilles qui sifflaient, jeudi soir. "À force de maigrir comme ça, il va devenir aussi transparent que son programme !" a-t-il lancé, en particulier à l'attention du candidat le plus redouté par l'UMP. Car, exception faite d'Alain Juppé, tous continuent de penser en coulisse que François Hollande est le candidat le plus dangereux face à Sarkozy.
Alors, pour regonfler le moral des troupes, les cadres n'ont cessé d'annoncer le commencement d'une "nouvelle séquence". "Notre adversaire sera enfin identifié, on va pouvoir passer à la vitesse supérieure", a lancé Copé, jeudi soir, se voulant convaincant, malgré un air plus distrait qu'à l'accoutumée. Le secrétaire général a tenté de jouer les chefs de guerre : "Il va falloir reprendre notre uniforme, nous partons au combat au service de chaque Français." Vendredi, il se montrait encore un peu plus vindicatif, évoquant le "pugilat" socialiste : "Le temps des explications est maintenant venu", a-t-il répété. Avant de prévenir : "Mais il va être difficile pour le PS de faire la synthèse entre toutes ses contradictions." Enfin, histoire d'envoyer un message fort à ses troupes qui ont, elles aussi, soif d'en découdre, Copé a évoqué à la tribune la "cellule riposte" qu'il a lui-même créée, ainsi que la convention organisée par le parti, mardi, pour répondre "point par point" aux socialistes, "dans les règles, mais sans faiblir". Enjoignant à ses troupes de "gagner la bataille du mental", il a également évoqué la création d'un "comité de pilotage du projet", avec Bruno Le Maire, le ministre de l'Agriculture, en charge du programme présidentiel.
"La tête des députés est ailleurs"
Pendant ce temps, les habituels montaient au créneau, notamment auprès des médias, chacun dans son rôle. Nadine Morano, en particulier, n'a cessé de tirer à boulets rouges sur le projet socialiste et de discréditer ses candidats. Jean-Claude Gaudin, président du groupe UMP au Sénat, a de son côté joué les sages rassurants en expliquant que la défaite du parti majoritaire aux sénatoriales sera peut-être, en fin de compte, "salutaire" pour le parti.
Des discours plutôt combatifs, donc, dans un climat encore loin d'être euphorique. La présidentielle inquiète, mais les législatives aussi. "C'est tout simplement une ambiance de dernière journée parlementaire de mandature. La tête des députés est ailleurs", explique Axel Poniatowski, qui, comme d'autres, a dû filer retrouver sa circonscription sans attendre les discours de clôture, vendredi. Ces inquiétudes n'avaient pourtant pas échappé à François Fillon, qui a habilement témoigné sa reconnaissance aux parlementaires de terrain : "Je sais mieux que quiconque que les résultats des élections locales sont durs à vivre pour nos amis, difficiles à comprendre." Et de les implorer : "Pas de déception, pas de désertion ! (...) Nous n'avons pas à rougir de ce que nous sommes, de ce que nous voulons, de ce que nous avons fait."
Pour un conseiller de l'UMP, il y a eu "trois dimanches" dans la tête des parlementaires : la défaite au Sénat, il y a trois semaines, qui a bien sûr entraîné une certaine "baisse de moral". La semaine suivante, le retrait de Borloo, qui a été au contraire une "bonne surprise". Et puis dimanche dernier, le premier tour de la primaire, "qui aurait pu être beaucoup plus violent qu'il n'a été". Le quatrième, ce dimanche, est donc censé leur permettre de sonner la charge. "Rien n'est fini, rien n'est joué, tout commence, tout recommence", a conclu François Fillon. Le Parti socialiste est prévenu.

Primaire PS : un tour ça va, deux tours...

C'est bientôt fini. Les militants des partis de droite et leurs dirigeants sont à la torture depuis des semaines. C'est un peu comme si on leur avait placé de force un casque sur les oreilles, qui déverse en boucle les discours de tous les congrès du Parti socialiste depuis celui d'Épinay, et qu'on leur avait attaché les mains.

Les militants des partis de gauche et leurs dirigeants sont sur la brèche depuis des semaines. C'est un peu comme si on leur avait demandé d'engager un combat de boxe une main derrière le dos. Il s'agit de cogner, mais pas trop fort, parce qu'il va leur falloir, tous ensemble, après ces deux tours, taper sur la droite.

Les débats télévisés ont rassemblé un large public, le dernier compris, mais on sentait à la fin comme une lassitude dans l'opinion, une fatigue chez les candidats, et une crainte de dérapage de l'un des concurrents dans leur entourage. La faute à l'infernale mécanique des deux tours, que rien n'impose, même si notre système électoral nous y a habitués.

C'est entre les deux derniers dimanches que le ton s'est durci entre François Hollande et Martine Aubry. Le duel a fait monter la pression entre les deux candidats, jusqu'à considérer que l'un empruntait ses mots à la terminologie lepéniste ! Il était temps que le match s'arrête, parce qu'il faudra, dès ce soir, rassembler la gauche « molle » et la gauche « dure », et même la gauche « démondialisatrice ».

Le candidat arrivé en deuxième position au soir du premier tour, surtout si son tempérament l'y invite, doit jouer le rôle du challenger coriace et provoquer son adversaire pour avoir des chances de renverser le cours des choses.

Le candidat arrivé en tête, d'autant plus si sa nature l'y pousse, doit rassurer pour conserver sa position dominante et rassembler les électeurs des concurrents éliminés.

Si la primaire est une joute oratoire, la primaire à deux tours est un combat de catch. Si la primaire entérine la personnalisation de la politique voulue par la Ve République, la primaire à deux manches renvoie à la IVe et à ses jeux d'alliances, où un parti minoritaire pouvait faire et défaire des majorités.

Le Parti socialiste a en partie maîtrisé ces risques. Les attaques ne sont pas rédhibitoires et Arnaud Montebourg n'a pas forcé le trait dans le rôle de l'arbitre. Mais il n'est pas sûr qu'à l'avenir, quand l'enjeu sera pleinement mesuré et entré dans les moeurs, la compétition ne gagnera pas en brutalité, en coups bas, en manoeuvres, à gauche comme à droite.

Le scrutin majoritaire à deux tours a sa logique : au premier, on choisit au second, on élimine. S'agissant d'une compétition dans un même camp, faut-il aller jusqu'à l'élimination publique le combat fraternel doit-il devenir fratricide ?

Trichet : l'euro "pas menacé" par la crise, mais "il faut changer le traité"

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a récusé dimanche 16 octobre l'idée que l'euro soit "menacé" par la crise de la dette, mais a plaidé pour une réforme des traités de l'UE pour empêcher que les dérapages d'un pays de la zone ne menacent les autres.

"Demain, à mon avis, il faut changer le traité pour être capable d'empêcher un membre de la zone euro de vagabonder et de créer des problèmes pour tous les autres", a déclaré, en allusion à la Grèce, M. Trichet, interrogé sur la radio française Europe 1 et la chaîne d'information continue i>TELE.

"ALLER PLUS LOIN QUE LES RECOMMANDATIONS"
Il a plaidé pour une réforme qui rendrait le Conseil européen "capable d'imposer des décisions" à un pays en dérapage "sur la base d'une proposition de la Commission, avec des règles appropriées de majorité". "La leçon de la crise, c'est qu'il faut en effet aller plus loin que les recommandations, éventuellement avec des sanctions", a-t-il ajouté.
Au-delà des mesures d'urgence sur lesquelles elle planche pour endiguer la contagion de la crise grecque, l'Europe, qui avait juré de ne plus revenir sur ses traités après les déboires du traité de Lisbonne, a donné récemment les premiers signes d'un possible revirement vers un nouveau changement de texte.
Les propos de M. Trichet s'inscrivent dans le sillage de ceux d'Angela Merkel, qui a donné le ton début octobre en affirmant lors d'une visite à Bruxelles que "réviser les traités européens ne doit pas être un tabou". Abondant dans le sens de la chancelière allemande, le président français Nicolas Sarkozy avait fait savoir le 8 octobre que Paris et Berlin proposeraient des "modifications importantes" des textes européens.
ÊTRE "EXTRÊMEMENT VIGILANTS"
Dimanche, à un peu plus de deux semaines de son départ de la présidence de la BCE, qu'il s'apprête à céder à l'Italien Mario Draghi, Jean-Claude Trichet a assuré ne "pas du tout croire que la zone euro soit menacée" par la crise actuelle. "Je crois encore moins que l'euro lui-même en tant que monnaie soit le moins du monde menacé", a-t-il précisé.
Il a insisté en revanche sur la nécessité pour tous les Européens d'être "extrêmement vigilants" en matière de finances publiques. "Le bon sens consiste à se protéger, à prémunir plutôt que guérir... Il est très important de surveiller attentivement les politiques budgétaires", a-t-il souligné.

2012 : comment Sarkozy va contre-attaquer

Le président-candidat devrait participer à une émission spéciale crise, sur TF1 et France 2, le lundi 24 octobre. 

La contre-offensive est prête. Nicolas Sarkozy et ses collaborateurs ont mis la main, vendredi dernier, aux derniers réglages de la riposte médiatique. À quelque cent quatre-vingts jours du premier tour de la présidentielle, le chef de l’État se réjouit enfin d’avoir un adversaire désigné. "On va pouvoir entrer dans le match comparatif avec le candidat socialiste", prévient-on à l’Élysée. Dans l’immédiat, le président candidat va continuer sa tournée en province. Mardi, il parlera à Nice d’emploi et de formation. Jeudi, il fêtera symboliquement le lancement du Grenelle de l’environnement en visitant l’entreprise Séché Environnement à Changé, en Mayenne. Dimanche enfin, il se rendra à Bruxelles pour un sommet européen crucial où Nicolas Sarkozy espère obtenir des Allemands des avancées décisives pour sortir de la crise financière qui secoue la zone euro.

"C'est la bonne fenêtre de tir"

Selon nos informations, le président candidat devrait ensuite parler à la télévision le lundi 24 octobre. Il a donné son feu vert pour participer à une "émission spéciale sur la crise". Le chef de l’État répondra depuis l’Élysée et pendant une heure aux questions d’Yves Calvi (France 2) et Jean-Pierre Pernaut (TF1). L’émission sera retransmise par TF1 et France 2. "Tout n’est pas encore ficelé. Mais c’est la bonne fenêtre de tir", dit-on à l’Élysée. Juste après le sommet de Bruxelles et à la veille de la fin de la présidence française du G20. Les chefs d’État des pays les plus puissants du monde se retrouveront à Cannes les 3 et 4 novembre. Nicolas Sarkozy a prévu dans la foulée de sa prestation télévisée d’effectuer une mini-tournée mondiale qui devrait le conduire notamment en Chine et aux États-Unis.
Avec cette émission de télévision, le président candidat va abattre une carte majeure. "Ce sera un exercice compliqué, anticipe-t-on à l’Élysée. Le Président devra être à la fois très pédagogue sur des sujets d’une grande complexité : l’Europe, les banques et les conséquences budgétaires passés et à venir pour les Français."
En panne dans les sondages, attaqué par les socialistes sur son bilan, Nicolas Sarkozy s’est placé volontairement en retrait depuis plusieurs mois. Ses dernières interventions à la télévision datent du mois de février. Le 27, il était intervenu pendant une dizaine de minutes pour justifier son mini-remaniement qu’il l’avait conduit à remplacer aux Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie par Alain Juppé et Brice Hortefeux à l’Intérieur par Claude Guéant. Le 10 février, il avait répondu sur TF1 aux questions de neuf Français. Depuis rien. Deux cent quarante jours de silence à part quelques points presse à l’étranger ou quelques images de ses déplacements en province. Contrairement à l’idée répandue, ce Président ne squatte plus la télévision matin, midi et soir. Tout un paradoxe au moment où les socialistes sont surexposés jusqu’à la saturation.

Le Président et Fillon divisés sur la primaire socialiste

L’exécutif voit s’achever la séquence socialiste avec soulagement. Nicolas Sarkozy et François Fillon se sont divisés sur le sujet de la primaire. Le premier a répété cette semaine qu’il était contre cette idée contraire, selon lui, "à l’esprit de la Constitution". Le second a jugé le procédé "moderne" et "inévitable"… en 2017. Une position partagée, comme le démontre un sondage Ifop pour le JDD, par 65 % des Français et 64% des sympathisants de l’UMP.
Lundi soir, François Fillon sera l’invité du 20 Heures de France 2. Pendant vingt minutes, il commentera les résultats de la primaire et préparera le terrain pour le Président en évoquant la crise. Tant à l’Élysée qu’à Matignon, on n’est pas mécontent de voir les antennes s’ouvrir à nouveau pour les responsables de la majorité. Lors des journées parlementaires de l’UMP, le député d’Indre-et-Loire Philippe Briand a eu ce mot : "Nous sortons enfin de la période d’occupation médiatique de la gauche!"

Le G20 d'accord pour donner au FMI des ressources "adéquates"

La réunion, à Paris, des ministres du G20 à Paris s'est achevée sur un satisfecit aux efforts faits par la zone euro pour sortir de la crise de la dette. Les Etats-Unis s'opposent à un renforcement des moyens du FMI proposé par les pays émergents pour aider l'Europe en crise. Mais le G20 s'engage à poursuivre les discussions pour que le fonds soit doté des "ressources adéquates" en vue du sommet de Cannes. Les tractations se poursuivent sur le relèvement de la décote exigée sur la dette grecque et la recapitalisation des banques. Rendez-vous est pris pour le Conseil européen du 23 octobre pour arriver au sommet du G20 de Cannes avec une Europe en ordre de marche pour que le monde puisse discuter des moyens de relancer la croissance.

Les ministres des finances du G20 réunis ce samedi à Paris ont salué à la clôture de leur réunion la détermination des Européens à présenter dans les prochains jours un paquet de mesures visant à restaurer la stabilité de la zone euro, sur fond de craintes sur la santé de l'économie mondiale. La France et l'Allemagne ont promis de présenter au sommet européen du 23 octobre prochain un plan pour recapitaliser les banques, répondre à la situation pire que prévu de la Grèce, accroître la puissance de feu du Fonds européen de stabilité financière et réformer la gouvernance de la zone euro.
Les pays du G20 se sont dit sont prêts à aider l'Europe à endiguer la crise de la dette, afin que le monde puisse renouer avec la croissance, mais à condition qu'elle prenne ses problèmes à bras le corps. Le communiqué finale indique que les vingt principaux pays riches et émergents s'engagent notamment à ce que le Fonds monétaire international (FMI) soit doté de "ressources adéquates". Plusieurs grands pays émergents, dont la Chine, le Brésil et l'Inde, étaient favorables à un nouveau renforcement des moyens du Fonds afin qu'il soit capable, si besoin, d'endiguer une éventuelle propagation de la crise de la dette à des poids lourds comme l'Italie ou l'Espagne et, au-delà, à toute l'économie mondiale. La France, qui préside le G20, y est aussi favorable, tout comme la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde.
Mais l'Allemagne est plus réservée et, surtout, les Etats-Unis, premier contributeur du FMI, y sont hostiles, estimant pour l'instant qu'il est doté de ressources suffisantes et se refusant à augmenter les droits de vote des pays émergents. "Nous allons au cours des jours prochains poursuivre nos discussions mais nous avons déjà contractualisé des accords qui seront très importants", a dit le ministre français des Finances, François Baroin, après une rencontre vendredi avec son homologue allemand Wolfgang Schäuble et Nicolas Sarkozy.
Malgré quelques différends, notamment sur la façon de mettre en application l'accord du 21 juillet dernier, les Européens se sont montrés plus confiants que lors des dernières réunions internationales. Les marchés européens ont à nouveau légèrement rebondi et l'euro était bien orienté face au dollar. "L'Europe avance clairement" vers une solution, s'est réjoui Timothy Geithner. Comme promis en septembre, le fonds de secours de la zone euro (FESF, fonds européen de stabilité financière) est enfin opérationnel, près de trois mois après son adoption. Mais le Vieux Continent n'est pas tiré d'affaire, comme le montre un nouvel abaissement de la note financière de l'Espagne par Standard and Poor's. Le sujet le plus épineux est assurément la recapitalisation des banques européennes, que l'hypothèse d'un défaut de paiement partiel de la Grèce et d'une dépréciation de leurs titres en portefeuille fragilise. La note de BNP Paribas a ainsi été dégradée, à AA-, par Standard & Poor's vendredi.
Les discussions se poursuivent pour définir l'ampleur de la perte que doivent accepter les banques et le secteur privé dans le cadre d'un défaut partiel de la Grèce. Le 21 juillet, l'accord portait sur une dépréciation de 21% mais plusieurs sources officielles évoquent une décote qui pourrait être proche de 40%, voire de 50%, selon Alain Minc. Plusieurs banques de la zone euro ont d'ores et déjà acté une perte de 50% dans leurs comptes. Toute la question est de faire en sorte qu'un défaut de la Grèce ne conduise par au déclenchement des CDS (assurances contre le risque de défaut sur la dette souveraine) et surtout ne soit pas suivi d'une contagion aux créances sur le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et l'italie.
La pression devrait donc monter sur les banques pour les forcer à se recapitaliser et leur permettre de supporter d'éventuelles pertes plus importantes qu'attendu sur la dette souveraine des pays les plus fragiles de la zone. Ce plan européen sera intégré à une série d'engagements qui seront dévoilés au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 des 3 et 4 novembre à Cannes, qui clôturera la présidence française du forum des 20 grandes économies mondiales. De nombreuses mesures examinées par les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 réunis vendredi et samedi à Paris ont été renvoyés à cette échéance.

Le président américain, Barack Obama, a appelé vendredi la chancelière allemande, Angela Merkel, pour parler de la crise dans la zone euro, qui selon lui représente un danger important pour l'économie américaine. Les deux dirigeants ont abordé la question des préparatifs en vue du sommet du G20, qui se tiendra à Cannes, les 3 et 4 novembre, et sont tombés d'accord pour "rester en contact étroit avant la rencontre". La réunion des ministres des finances a aussi avancé sur les autres questions au menu du Sommet de Cannes. Une des priorités de la présidence française est de parvenir à un accord sur la réduction des grands déséquilibres économiques et financiers mondiaux, avec l'objectif que les sept pays identifiés comme sources principales de ces déséquilibres présentent à Cannes "deux ou trois mesures significatives" en ce sens. "Il faut des mesures de consolidation budgétaire pour les pays en déficit excessif et des mesures susceptibles de soutenir l'activité mondiale pour ceux qui ont des excédents", avait expliqué une source française avant la réunion. La Chine est directement visé. Selon un responsable d'un pays du G20, les Chinois se sont ainsi dits prêts à "faire en sorte que la croissance en Chine ne ralentisse pas, même s'il y a un risque d'inflation, à travers une politique budgétaire expansionniste". Aucune avancée majeure n'est en revanche attendue à Paris concernant la monnaie chinoise, le yuan, dont le strict contrôle par Pékin est considéré comme l'une des causes des grands déséquilibres mondiaux. Le "sentier d'intégration" du yuan dans le panier de monnaies des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international, une discussion sous-tendue par le desserrement de la monnaie chinoise, figure parmi les priorités de Cannes, avec l'objectif d'obtenir un calendrier.
Le communiqué final du G20 Finances  réaffirme que ses membres s'assureront que les banques disposent des liquidités suffisantes, en particulier à travers les banques centrales, comme elles s'étaient engagées à le faire au récent G7 Finances à Marseille. Les discussions portaient encore samedi sur l'opportunité de publier la liste des banques considérées comme faisant courir de par leur taille un risque systémique au système financier mondial, pour lesquelles le G20 doit s'accorder sur des surcharges en capital. Là encore, les décisions définitives seront prises à Cannes. Des "principes" pour les pays émergents souffrant des mouvements de capitaux spéculatifs doivent par ailleurs être finalisés pour le sommet à venir du G20, pour permettre de contrôler ces flux afin d'éviter la déstabilisation de leur économie.

France-Soir, un quotidien qui a écrit l'histoire de la presse

Peu de journaux ont une histoire aussi brillante et désespérante que France-Soir. Une naissance héroïque, avec le génial Pierre Lazareff qui transforme, au sortir de la guerre, un journal de résistants né dans la clandestinité, Défense de la France, en grand journal populaire. Des débuts fracassants, avec des tirages qui atteignent rapidement plus d'un million d'exemplaires. Une suite illuminée par des plumes prestigieuses. Une chute lente mais inexorable, émaillée de nombreux changements de propriétaires.

France-Soir s'est imposé comme le premier quotidien français dès la Libération. Racheté par Hachette en 1949, le journal vit son âge d'or dans les années 1950 et 1960. Il franchit la barre du million d'exemplaires en 1953-1954, alors que la France s'enlise dans les guerres de décolonisation, en Indochine d'abord, puis en Algérie. Les Français partent au front et France-Soir tire à plus de 1,5 million d'exemplaires. Un bandeau à la une proclame : «Le seul quotidien vendant plus d'un million d'exemplaires».
À coups de scoops, de manchettes percutantes et de photos grand format, France-Soir devient une référence. «Ramasser le monde en un jour et le jeter aux hommes chaque matin», le journal fait sienne cette définition du journalisme de Joseph Kessel, qui a couvert les procès de Pétain et Nuremberg. Les morceaux d'anthologie de Lucien Bodard, Françoise Giroud, Jean Ferniot ou Philippe Labro côtoient les fielleux «Potins de la commère» de Carmen Tessier, le feuilleton à la rose Angélique, marquise des anges et les «faits div» sordides comme l'affaire Dominici. Le cocktail est parfait.
Au sommet de sa gloire, France-Soir fait travailler 400 journalistes et sort jusqu'à huit éditions par jour. Les ventes dépassent deux millions d'exemplaires en novembre 1963, après la mort de John F. Kennedy et en novembre 1970 après celle du général de Gaulle.
Le vent tourne dans les années 1970. Quand Lazareff meurt, en 1972, la presse quotidienne commence à être bousculée par les radios et la télévision. La ligne éditoriale du journal est de moins en moins claire. Comme ses concurrents, France-Soir balance entre le tabloïd à l'anglo-saxonne et le journal généraliste. Les fréquents changements d'actionnaires à partir de cette époque n'arrangent pas les choses. Le «papivore» Robert Hersant, qui possède alors Le Figaro, prend le contrôle de France-Soir en 1976. Première hémorragie à la rédaction qui perd 80 journalistes sur 200… Mais en 1983, la diffusion s'inscrit encore à 400.000 exemplaires.
La suite est une succession de plans de relance et de restructurations. Entre 1982 et 2004, onze directeurs de la rédaction vont se succéder au chevet du malade. En 1998, Yves de Chaisemartin, à qui Robert Hersant a confié les clés de la Socpresse, passe le journal au format tabloïd en baissant fortement le prix de vente. Mais le titre est gravement déficitaire. Il change de mains en 1999, en 2000 et en 2002. Philippe Bouvard, qui a déjà officié dans le journal entre 1973 et 1989, revient alors aux manettes. France-Soir +, recentré sur la télévision et le sport, ne renoue pas avec son passé glorieux.
Exsangue, sans cap, France-Soir est placé en redressement judiciaire fin 2005. L'année suivante, le journal est racheté par le promoteur immobilier Jean-Pierre Brunois. Les journalistes en grève brandissent des tracts : «Bal tragique au tribunal : 80 morts» . L'inspiration vient toujours des tabloïds anglais. Mais le quotidien a perdu la recette du succès. Les deux plans de relance d'Alexander Pugachev, qui a acquis le journal en 2009, n'ont pas permis de renverser la vapeur.

Liliane Bettencourt : En partance pour l'étranger ?

Liliane Bettencourt fait encore une sortie remarquée. L'héritière de L'Oréal a confié qu'elle partirait à l'étranger si le juge des tutelles la plaçait sous l'autorité de sa fille
A qui Liliane Bettencourt veut-elle mettre la pression ? Au juge des tutelles ou à d'autres instances ? Beaucoup d'interrogations se dégagent de la nouvelle sortie médiatique de l'héritière de L'Oréal. En effet, elle brandit désormais la menace de partir à l'étranger dans une interview donnée au Journal du Dimanche. Si la décision qui doit être rendue lundi par la juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine) devait la placer sous l'autorité de sa fille Françoise, Liliane Bettencourt s'en irait.
La guerre familiale est donc de nouveau déclarée. « Si c'est cela, je pars à l'étranger. Si ma fille s'occupe de moi, j'étoufferai », déclare-t-elle. Au journaliste qui lui demande si elle compte partir en Suisse, elle répond : « Non, je ne fais plus beaucoup de ski! ». Françoise Bettencourt-Meyers n'a pas demandé à exercer une quelconque autorité judiciaire sur sa mère et il est vraisemblable que la juge des tutelles choisisse une autre option compte tenu du contexte conflictuel entre les deux femmes.

Une histoire à rebondissements

La juge Stéphanie Kass-Danno devrait statuer lundi sur la demande de révocation du mandat de protection de la milliardaire confié à son ancien avocat, Pascal Wilhelm, et sur l'opportunité de mesures judiciaires comme un placement sous tutelle ou sous curatelle renforcée. La magistrate doit s'assurer de la bonne protection de la troisième fortune de France souffrant, à bientôt 89 ans, d'une maladie cérébrale et en conflit ouvert avec sa fille qui accuse son protecteur de conflit d'intérêts.
« Je tremble ! Il n'y a plus qu'à prier (...). Je sens que je vais être écrabouillée » dit-elle. Sur ses relations avec sa fille, elle parle de « cauchemar », l'accusant d'être animée par la « méchanceté » ou d'être  « une emmerdeuse qui s'est réservé beaucoup d'argent dans tout cela ». La vieille femme imagine même le pire disant « je n'aurais plus envie de vivre. Tout cela me fatigue (...) Cela mine. C'est épuisant », dit l'octogénaire, ajoutant : « Je sais bien, ils veulent m'enfermer ».
Samedi dans Le Parisien, son protecteur Pascal Wilhelm avait déjà averti qu'un recours serait déposé en cas de mise sous tutelle. Après l'audience du 4 octobre, la juge a reçu vendredi les observations du parquet de Nanterre, « favorable à un aménagement du mandat et à la désignation d'un collège de mandataires pour surveiller la gestion du protecteur sans toutefois se prononcer pour une protection judiciaire », selon une source proche du dossier. La juge n'est pas tenue de suivre cet avis.

« Nous attendons sereinement la décision du juge qui dispose de tous les éléments pour instituer enfin une protection adaptée à la santé de Liliane Bettencourt » a expliqué l'avocate de Françoise Bettencourt-Meyers, Béatrice Weiss-Gout. Mais pour les conseils de Liliane Bettencourt, il manque à la juge une expertise médicale incontestable. Dans la dernière expertise médicale de la milliardaire, réalisée en juin par un juge bordelais accompagné de médecins, ceux-ci ont relevé « son absence à solutionner des problèmes complexes, sa difficulté à dire où elle se trouve et quel est le jour de la semaine » affirmant que Liliane Bettencourt « serait dans un état de vulnérabilité et de suggestibilité ». Des juges de Bordeaux examineront une demande d'annulation de cette expertise déposée par la défense de Liliane Bettencourt. Ce sera le 10 novembre, date d'un nouvel épisode dans cette histoire complexe.

ELLE FERAIT BIEN DE SE TIRER LA VIEILLE, SA FILLE N'EN VEUT QU'À SON FRIC.
JE LUI CONSEILLE DE DÉSHÉRITER CETTE SALOPE ET DE PARTIR DE FRANCE, LE SEUL PAYS QUI CONSIDÈRE QU'ÊTRE RICHE EST UNE INSULTE.

Grèce: Papandréou demande aux Grecs de la patience

Le Premier ministre grec George Papandréou demande aux Grecs de la patience face à la cure d'austérité sans précédent infligée au pays, alors que se profilent de nouvelles mesures socialement douloureuses. «J'aimerais beaucoup garantir à tous une solution immédiate, une meilleure vie aujourd'hui», dit-il dans une interview à l'hebdomadaire Proto Thema parue ce samedi.

«Je serais le plus heureux des hommes si je pouvais le faire mais je ne peux pas et mon devoir est d'être honnête et de dire cette vérité à chaque citoyen grec». Le parlement se prononcera la semaine prochaine sur de nouvelles baisses des salaires et des pensions de retraite, et sur des milliers de licenciements dans le secteur public.

Maintien de la politique d'austérité

Les deux principales fédérations syndicales du pays ont appelé à une grève générale de 48 heures coïncidant avec l'examen et le vote de ces mesures, mercredi et jeudi. Des débrayages sont programmés parallèlement par les services des douanes et les employés municipaux.

Samedi, des milliers de manifestants ont défilé place Syntagma, face au parlement dans le centre d'Athènes, dans le cadre d'une journée mondiale de mobilisation contre les marchés financiers et les inégalités sociales. George Papandréou a toutefois assuré qu'il maintiendrait le cap de sa politique d'austérité «dans l'intérêt d'une vaste majorité des Grecs qui connaîtraient une vraie catastrophe si la Grèce faisait défaut (sur sa dette)».

« Indignés » jusqu’où ?

Qu’ils s’appellent «Indignados», «Indignés», «15-M» ou «OWM», peu importe! Voilà un mouvement mondial que ne devraient pas ignorer les ministres réunis hier à Paris pour le «G20 Finances» dans leur confusion habituelle et sous la non moins habituelle léthargie européenne. Car il s’agit d’une expression populaire nouvelle, a priori non politique et non guidée par quelques penseurs d’extrême gauche. Rien de commun non plus avec les «altermondialistes» qui semblent avoir sauté dans le train en marche...

Cette mobilisation planétaire exprime le «ras-le-bol» de pratiquement toutes les classes de la société, relayées par leur jeunesse sans avenir devant l’incompétence des gouvernements, de droite ou de gauche.

Parce que la Politique (la vraie, avec un «P» majuscule), normalement au service de la démocratie, s’est effacée devant la Finance. Cette dernière détient le véritable pouvoir, et sans le moindre mandat, en poussant le cynisme jusqu’à faire payer ses erreurs au citoyen-contribuable. Ainsi, que de banques renflouées en 2008 avec l’argent public! Pour qu’elles continuent leurs agissements, comme si de rien n’avait été: produits toxiques, boni à gogo, rémunérations pharaoniques des directoires et des traders... Le pire: des deux côtés de l’Atlantique, malgré de martiales paroles, les autorités (normalement de tutelle) ont laissé faire. Il est vrai que, endettés jusqu’au cou, les Etats ont du mal à tancer les créanciers dont les grands établissements financiers ne sont que les intermédiaires, très actifs il est vrai.

Mais où aboutira ce mouvement d’indignation planétaire aux apparences si spontanées? Aux Etats-Unis, certains voient déjà en «Occupons Wall Street» (et ses satellites) le germe de quelque chose de plus vaste, comparable aux mouvements pour les droits citoyens des années 1960 suivis par les mobilisations massives contre la guerre du Vietnam. Déjà les partis tentent, à leur manière, une récupération: les Démocrates sous une timide bienveillance à l’égard des manifestants dans l’espoir de sauver un deuxième mandat pour Barack Obama et les Républicains en dénonçant socialistes, communistes et autres «jaloux de la Cadillac du voisin»...

La situation reste différente en Europe où, hormis en Grèce et en Espagne, le mouvement ne s’est installé que peu à peu. Toujours à l’exception de la Grèce et de l’Espagne en première ligne, les «indignés» sont encore regardés avec méfiance par les syndicats peu enclins à prêter leur concours à ce qu’ils ne contrôlent pas. Avec une autre récente et notable exception: l’Italie où la politique à la Berlusconi a atteint des sommets d’irresponsabilité et d’indécence.

Las des atermoiements de leurs dirigeants, les Européens attendent toujours, et avec de plus en plus d’impatience, une sortie de la crise ou, au moins, une réaction crédible des gouvernements et de l’UE. Pas seulement face au problème posé par la Grèce, à la fois bouc émissaire et détonateur d’un malaise plus vaste. «Toute l’Europe est une tragédie grecque» soulignait hier une pancarte de manifestants allemands devant le quartier des banques à Francfort...

Démocratie, un état des lieux

Après les manifestations en Grèce et le mouvement des Indignés espagnols, la contestation populaire s'est étendue à travers l'Europe et a traversé l’Atlantique avec Occupy Wall Street. Directe ou représentative, c’est l’idée même de démocratie qui est remise en question, estime José Ignacio Torreblanca. 
Avec les indignés de Wall Street, la grogne populaire face à la crise couvre désormais tout le spectre politique et géographique, depuis les Etats-Unis jusqu'à la Grèce. A première vue, ce sont deux cas bien distincts. Tandis que la Grèce de Papandréou est en crise à cause d'un Etat clientéliste extrêmement inefficace qui s'est endetté jusqu'à plus soif, les Etats-Unis d'Obama sont victimes de marchés financiers qui ont implosé et conduit l'économie à l'effondrement. Faillite de l'Etat d'un côté, faillite du marché de l'autre, pourrait-on dire pour simplifier.
Toutefois, par les temps qui courent, la Grèce et les Etats-Unis se ressemblent bien plus qu'on ne l'imagine. Athènes et Washington sont le berceau de la démocratie : la Grèce a inventé la démocratie directe, les Etats-Unis, la démocratie représentative. Magistralement exposé dans deux textes d'une similitude impressionnante, l'Oraison funèbre de Périclès et le discours de Lincoln à Gettysburg, cet idéal est aujourd'hui remis en cause.

L'intérêt général relégué au second plan

La démocratie directe a été la première à dégénérer en populisme, démagogie et ingouvernabilité. Il n'est pas étonnant que, voyant la fin tragique de Socrate, obligé de boire la ciguë, les pères fondateurs des Etats-Unis n'aient pas voulu parler de démocratie et aient préféré décrire leur système politique comme un 'gouvernement représentatif', autrement dit un régime où, plus que de permettre au peuple de se gouverner lui-même, on lui concédait le pouvoir d'élire et de destituer ses gouvernants de manière régulière afin de préserver ses libertés.
Malgré toutes ses insuffisances, ce système de gouvernement a été une grande réussite. Au moins dans notre contexte politique et géographique, la démocratie représentative a triomphé aussi bien du fascisme que du communisme, et même si les menaces populistes et nationalistes continuent à peser sur elle, la conjonction de gouvernements représentatifs et d'économies de marché a généralement donné lieu à des sociétés ouvertes, respectueuses des libertés et de la diversité.
Le problème vient du fait que la démocratie représentative est devenue non seulement indéboulonnable de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur, car la démocratie directe n'est pas une alternative valable pour gouverner des sociétés aussi complexes que les nôtres. Et sur cette voie, la démocratie s'est sclérosée précisément en son point central, la représentativité des gouvernements envers les demandes des gouvernés.

Des systèmes politiques mis à nu

Avec le temps, ces gouvernements se sont laissé piéger par deux facteurs : d'une part, les partis ont transformé nos systèmes politiques en partitocraties gouvernées par une classe politique qui ne rend aucun compte et n'est pas transparente ; d'autre part, les marchés, qui ont soumis le pouvoir politique à leurs intérêts particuliers, devenant une sphère de pouvoir autonome. Résultat, l'intérêt général est relégué au second plan comme principe d'inspiration des politiques publiques, tandis que l'obligation de rendre des comptes devient inopérante en tant que mécanisme de contrôle citoyen. Ainsi, alors même que les démocraties triomphent quantitativement dans le monde, leur qualité s'est considérablement détériorée.
La plupart de nos pays sont aujourd'hui des démocraties dans toutes les dimensions qui nous font les définir comme telles, mais elles sont loin d'être d’avoir les qualités de la démocratie à laquelle les citoyens aspirent. En période de croissance économique, quand les problèmes de redistribution étaient plus faciles à résoudre, la tension inhérente entre efficacité et représentativité se résolvait facilement en faveur de l'efficacité et au détriment de la représentativité. Mais quand la crise économique a frappé de plein fouet, nos systèmes politiques ont été mis à nu : leur incapacité à gérer l'économie (que ce soit par incompétence ou parce que les solutions dépassent la compétence nationale) éclate au grand jour, de même que leur misère représentative et leur soumission au pouvoir des marchés, dont ils se montrent incapables de réguler les excès.
L'idéal démocratique athénien a échoué et a mis des centaines d'années à se réinventer ; la démocratie représentative, même si elle n'est pas soumise à un débat de l'extérieur, entrera dans une très grave crise interne si elle ne parvient pas à régler la crise de la représentation et gouverner efficacement les marchés dans le sens de l'intérêt général. D’Athènes à Wall Street, l'idéal de la démocratie se bat pour survivre.

15-Octobre

L’indignation devient mondiale

“Indignés de tous les pays, unissez vous!”, écrit Adevărul, qui cite le Manifeste du Parti communiste à l’occasion de la première manifestation internationale organisée le 15 octobre par les “indignés” de plus de 80 pays. "Ce qui était au début juste un manifestation locale est devenu un phénomène global envers la dictature des banques. Après le début espagnol, un échauffement italien, les indignés internationaux sont convaincus que ce 15 octobre va donner une nouvelle impulsion au changement du monde".
Le Temps note qu’"à l’opposé du mouvement altermondialiste qui revendiquait plus de justice pour les pays pauvres de l’hémisphère Sud, le mouvement des Indignés répond d’abord à des préoccupations locales, propres à l’Europe et aux Etats-Unis, deux continents laminés par la crise financière, par la récession qui s’en est suivie et, maintenant, par la crise de la dette et du déficit budgétaire".
"Les principales victimes de la nouvelle Grande dépression, les jeunes, visent haut et lancent un défi global contre la superpuissance financière", ajoute pour sa part  La Repubblica, pour qui "si le ‘printemps arabe a renversé des tyrans décrépis, l’automne occidental vise la tyrannie anonyme des dogmes économiques".
Et, si l’Italie s’est récemment ralliée au mouvement –  plusieurs centaines de personnes ont manifesté ces derniers jours devant le siège de la Banque d’Italie, à Rome, et à Milan devant celui de la banque Goldman Sachs  –  en Allemagne il faudra attendre. Comme l’explique Die Welt : "en comparaison avec l’Italie ou la France, la culture de la résistance est moins développée en Allemagne, où les grèves politiques sont souvent ‘criminalisées’. […] Aussi longtemps que les conséquences de la crise resteront abstraites pour les citoyens, l’Allemagne se limitera à sa culture de protestation bourgeoise et provinciale selon le credo 'Think local, act local'."

“Je ne veux pas mourir Chinois”

Les investissements chinois en Europe et l’influence croissante du capitalisme qui les portent constituent une menace pour la souveraineté et le modèle socio-culturel des Européens, assure l’écrivain italien Antonio Scurati. 

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, en ce qui me concerne, je n’ai aucune envie de mourir chinois. Pourtant, au train où vont les choses, c’est hautement probable.
A la mi-septembre, juste au moment où le Sud de l’Europe se précipitait vers le désastre, au cours du congrès annuel du World Economic Forum – qui depuis 2007 se tient (est-ce un hasard ?) en Chine et porte cette année le titre de  "New Champions 2011" – le premier ministre Wen Jiabao annonçait que son pays allait investir de plus en plus sur le "vieux" continent.

Sauveurs ou envahisseurs ?

 

Avec un sens de l’opportunité assez terrifiant, des voix insistantes avaient circulé les jours précédents sur des intentions d’acquisitions massives par les Chinois de bons du Trésor italien, corroborées par le voyage à Rome du président de la China Investment Corp, un des fonds d’investissements les plus riches du monde, venu discuter de l’achat de parts consistentes dans des entreprises stratégiques de notre économie nationale. Depuis lors, il ne se passe pas un seul jour sans que nous ne nous demandions tous si les Chinois sont en train de nous sauver ou de nous envahir.
Dans mon cas personnel, la demande est on ne peut plus inquiétante, car le hasard a voulu que mon dernier roman – La seconda mezzanotte  [ “Le Second minuit”- ou “La seconde moitié de la nuit”, éditions Bompiani] –  soit sorti par pur hasard le 14 septembre, le jour précisément où les agences de presse battaient le tambour après les annonces de Wen Jiabao.
J’y ai imaginé qu’en 2092 l’Italie serait devenue un pays satellite de la Chine après lui avoir cédé la totalité de sa dette extérieure et que Venise, à la suite d’une terrible inondation, aurait été achetée par une entreprise transnationale de Pékin. Refondée avec le statut de Zone Politiquement Autonome, son nouveau destin serait dés lors celui d’un parc d’attractions voué au luxe et aux vices effrénés des nouveaux riches orientaux. A cette question inquiétante, je ne peux donc qu’apporter une réponse tout aussi inquiétante.

Conflit de civilisation

Catastrophismes littéraires mis à part, il me semble tout à fait évident que l’avènement d’une souveraineté politico-financière chinoise sur notre vieux continent précipiterait le déclin de la civilisation européenne telle que nous l’avons connue, rêvée et aimée (ne serait-ce que dans nos visions idéales). Je crains que ce ne soit une grave menace pour les fondements culturels de la civilisation occidentale européenne moderne : souveraineté politique du peuple, liberté de pensée et d’expression, droits des travailleurs et du citoyen, autonomie de chacun, solidarité entre les individus réunis en société, valeur de la personne, sécurité alimentaire, respect du caractère sacré de la vie.
Oui, je crains tout cela, pas seulement parce que j’ai encore devant les yeux ce jeune homme qui, place Tien An Men, avait affronté un tank, armé seulement de ses deux sacs de courses (n’oublions pas que le jeune homme était, lui aussi, Chinois), ou parce que je prévoit un conflit de civilisation entre l’Europe et la Chine, mais parce que je suis effrayé par la dérive d’un capitalisme financier dont les fonds souverains chinois représentent aujourd’hui le fer de lance, par un usage du capitalisme conçu pour financer le travail et l’entreprise mais qui a fini par les enterrer.
Si dans un avenir proche la politique ne parvenait pas à refaire en sens inverse le chemin qui l’a conduite de la souveraineté à l’obscénité, le risque serait effectivement que dans un avenir pas si lointain un gigantesque conflit se déchaîne entre les intérêts spéculatifs de la finance apatride – –  et qu’elle soit chinoise, américaine ou de chez nous importe peu –  et les besoins, les attentes légitimes, les espoirs de chacun d’entre nous.

Vu de Chine

L’Italie finira comme Sparte

Les craintes exprimées par Scurati dans son roman semblent avoir une écho en Chine : "Submergés par les dettes, les pays de l’Europe du Sud sont aux prises non pas avec une crise, mais avec des tractations commerciales. La Grèce et l’Italie, qui jadis dominaient la Méditerranée, vieillissent, et elles finiront par être sauvées par des hordes de touristes asiatiques. Comme Sparte, quoi", écrit ainsi Asia Times. Ce site d’actualité d’Hong Kong compare en effet la cité grecque, "première puissance mondiale à être victime d’un suicide démographique, mais aussi première ex-puissance à survivre sous forme de parc à thème" aux deux pays méditerranéens : "Les derniers Spartiates continuèrent à se huiler les cheveux, a porter leurs tuniques, à jouer de leurs flûtes et à se disposer en phalanges pour le bonheur des visiteurs romains. Si les touristes venus d’Italie permirent à Sparte de rester en vie 500 ans après la disparition de son modèle politique, les visiteurs chinois peuvent tranquillement maintenir à flot l’Italie pendant un siècle ou deux. Comme les Spartiates, les Italiens finiront pas vendre des pizzas, souffler du verre et mettre en bouteille des millésimes pour la plus grande joie de hordes d’Asiatiques. Si les circonstances sont favorables, les touristes asiatiques pourraient doubler en l’espace de quelques années, aidant ainsi l’Italie à réduire sa dette extérieure. Mais il y a une contre-indication : la Chine finira par posséder une grande partie du pays."

La réforme du FESF, dernière bouée d’une Union européenne à la dérive

Le vote de la Slovaquie en faveur d’une augmentation des ressources à la disposition du Fonds européen de stabilité financière (FESF) a été accueilli par les marchés avec un profond soulagement. Alors que l’Europe peine à s’accorder sur une stratégie de sortie de crise et que plane le spectre de la contagion, tout rejet aurait relevé du sabordage. La création du FESF, fonds commun de créance mis en place par les Vingt-sept en mai 2010 en réponse à une crise grecque dont nul ne mesurait encore l’ampleur, reste à ce jour la principale réussite des dirigeants européens : son renforcement, loin d’être « stupide », suivant les propos récents de Wolfgang Schaüble, serait la première étape d’une reprise en main des finances publiques.
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