TOUT EST DIT

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jeudi 5 août 2010

Sécurité : soutien massif pour les mesures du gouvernement

Déchéance de nationalité en cas "d'atteinte à la vie d'un policier" ou de polygamie, démantèlement des camps illégaux de Roms, installation massive de caméras de surveillance ou encore port du bracelet pour délinquants multirécidivistes… l'ensemble des mesures avancées ces derniers jours par Nicolas Sarkozy bénéficie du soutien d'une solide majorité de Français, à en croire un sondage IFOP pour Le Figaro publié jeudi 5 août.
La majorité des personnes interrogées se dit favorable aux promesses de M. Sarkozy en matière de sécurité, avec un écrasant soutien chez les sympathisants de droite. Mais c'est bien l'ensemble des sondés, de toutes tranches d'âge, appartenances sociales ou préférences politiques confondues, qui approuve ces mesures dans une fourchette allant de 55 % à 89 %.

Ainsi, 80 % des sondés se disent favorables au retrait de la nationalité française pour les personnes d'origine étrangère coupables de polygamie ou d'incitation à l'excision, une idée du ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux. Chez les sympathisants de droite, ce pourcentage grimpe à 94 %, contre 62 % à gauche. Dans l'ensemble de la population, 52 % des sondés se disent même "très favorables" à cette proposition. 70 % des interrogés soutiennent également la déchéance de la nationalité pour les délinquants d'origine étrangère "en cas d'atteinte à la vie d'un policier ou d'un gendarme". (Lire le décryptage La déchéance de nationalité est-elle juridiquement possible ?)

L'AUGMENTATION DE LA VIDÉOSURVEILLANCE APPLAUDIE

La question des camps illégaux de Roms et de gens du voyage est également abordée dans ce sondage. 79 % des personnes interrogées se disent favorables à leur démantèlement. Une pourcentage qui grimpe à 94 % chez les sympathisants de droite et qui est de 60 % chez ceux de gauche. En outre, 67 % des sondés se disent favorables à la proposition du gouvernement de mettre en place 60 000 caméras de vidéosurveillance d'ici à 2012.

L'instauration d'une peine incompressible de trente ans de prison pour les assassins de policier et de gendarme, autre mesure défendue par la majorité, est plébiscitée par 80 % des personnes interrogées, avec encore une fois des pourcentages écrasants à droite (93 %) et importants à gauche (67 %).

Parmi les propositions du gouvernement soumises aux personnes interrogées, celle qui remporte la plus forte adhésion globale (89 %) est le port du bracelet électronique pour les délinquants multirécidivistes pendant une durée pouvant aller jusqu'après la fin de leur peine. A l'inverse, c'est la proposition d'une condamnation à deux ans de prison des parents de mineurs délinquants qui recueille le moins d'opinions favorables, même si tout de même 55 % des Français l'approuvent. (Lire l'analyse Délinquance des mineurs : "un pur effet d'annonce")

La BCE ne modifie pas ses taux directeurs

Les dernières statistiques disponibles montrent que l'activité économique se porte mieux que prévu dans la zone euro depuis le début du troisième trimestre mais la Banque centrale européenne (BCE) s'attend toujours à une reprise modérée et irrégulière, a déclaré son président Jean-Claude Trichet.
La BCE avait annoncé auparavant maintenir ses taux aux niveaux qui sont les siens depuis mai et avril 2009. Son taux de refinancement est donc resté au plus bas record de 1,0%, le taux de facilité de dépôt est maintenu à 0,25% et le taux de prêt marginal à 1,75%.
Avec une inflation toujours amorphe dans la zone euro et une reprise économique qui reste fébrile, cette décision de maintenir les taux à leurs niveaux actuels pour le 15e mois consécutif était largement attendue.
"Les statistiques économiques et les indicateurs basés sur des sondages suggèrent un renforcement de l'activité économique au deuxième trimestre 2010 et les données disponibles pour le troisième trimestre sont meilleures qu'attendu", a déclaré Jean-Claude Trichet.
"Si l'on regarde au-delà et que l'on prend en compte un certain nombre de facteurs provisoires, nous continuons d'anticiper une croissance modérée de l'économie de la zone euro à un rythme qui restera irrégulier dans un contexte d'incertitude."
Sur une base trimestrielle, l'économie de la zone euro n'a progressé que de 0,2% au cours des trois premiers mois de l'année. Les chiffres du deuxième trimestre seront publiés la semaine prochaine et ils devraient montrer une croissance plus forte, conformément à ce que laissent entendre les indicateurs publiés ces dernières semaines.
LIQUIDITÉS
Les observateurs espéraient que Jean-Claude Trichet donne quelques pistes sur l'éventuel prolongement au-delà d'octobre de la faculté offerte aux banques d'accéder sans limitation aucune aux liquidités de la BCE.
Il a seulement expliqué que la BCE prendrait une décision le mois prochain sur la manière de drainer les liquidités massives qu'elle a injectées sur les marchés monétaires et qu'elle ferait ce qui serait nécessaire.
Les taux du marché monétaire tiennent une place essentielle dans la politique actuelle de la BCE. En injectant des liquidités en masse dans le système bancaire durant la crise financière, les taux interbancaires sont tombés bien en deçà du seuil de 1% suggéré par le taux de référence de la BCE.
Ces taux repartent désormais à la hausse et les analystes soulignent qu'il s'agit d'un relèvement de fait des taux d'intérêt.
"Nous nous attendons à ce que la BCE relève son taux de refinancement aux alentours de juin prochain pour le porter à 1,75% d'ici la fin 2011 contre 1% actuellement. Toutefois les taux interbancaires devraient augmenter progressivement avec le retour à la normale de la liquidité sur le marché monétaire. Le taux EONIA, actuellement autour de 0,4%, devrait revenir au niveau du taux refi au début de l'année prochaine", a estimé Nick Kounis, analyste d'ABN Amro.
Interrogé sur la hausse régulière des taux interbancaires à trois mois, Jean-Claude Trichet a déclaré qu'il ne s'en réjouissait pas particulièrement mais que cela faisait partie de "la normalisation de la situation."
Des analystes jugent que le succès des stress tests s'est traduit par une amélioration du marché interbancaire, avec une fluidité retrouvée des prêts à court terme, signe que les banques peuvent peut-être se débrouiller en faisant moins appel à la BCE.
OPTIMISME ECONOMIQUE?
Contrairement aux indicateurs économiques américains, qui laissent entendre que la reprise pourrait vaciller sur place, les statistiques de la zone euro continuent de surperformer depuis la réunion de juillet de la BCE.
Ce contraste a creusé un fossé entre la BCE et la Réserve fédérale américaine qui laisse planer l'éventualité de nouvelles mesures de soutien à l'économie, tout comme la Banque d'Angleterre, qui elle aussi a observé le statu quo ce jeudi.
Le moral économique a atteint un plus haut de 28 mois en juillet, ont montré des chiffres publiés par la Banque centrale européenne, tandis que la confiance des ménages de la zone euro évolue à un plus haut de plus de deux ans.
La croissance de l'activité manufacturière, moteur de la reprise, a également passé la vitesse supérieure grâce notamment à la performance de l'industrie allemande.
Les économistes préviennent toutefois que la croissance pourrait marquer le pas avec la mise en oeuvre des mesures d'austérité budgétaire.
Un autre indice de la confiance de la BCE est perceptible dans le net ralentissement de son programme de rachat d'obligations d'Etat, qui laisse penser qu'elle pourrait en finir rapidement avec cette mesure.

Emploi : l'envolée surprise de la population active

La population active française a bondi de 200.000 en 2009, en raison de la hausse du taux d'activité des femmes et des seniors, pendant que 256.000 emplois étaient détruits.

Prévoir l'évolution de la population active est un exercice difficile. Alors que, pendant des années, les experts pronostiquaient la fin prochaine de sa progression, et même son recul, celle-ci n'a fait que continuer de croître au cours de la dernière décennie. La progression s'était néanmoins beaucoup ralentie depuis 2005 (voir graphique). Jusqu'à l'an dernier, qui a été marqué à la surprise générale par un bond de 200.000 personnes, selon le bilan 2009 « Emploi, chômage, population active » que vient de publier la Dares (ministère du Travail). La population active regroupe l'ensemble des personnes en emploi (environ 26 millions) et les chômeurs (2,7 millions fin 2009). Son évolution est calculée comme la somme de l'évolution de l'emploi total (- 321.000 entre le quatrième trimestre 2008 et le quatrième trimestre 2009) et du chômage (+ 521.000) au sens du BIT.

La hausse « très dynamique » de la population active l'an dernier n'était pas prévue. Le vieillissement démographique ralentit en effet sa progression : « En 2009, la population des 15-64 ans a progressé de 122.000 personnes, alors que son augmentation était comprise entre + 200.000 et + 300.000 de 2003 à 2006 », souligne la Dares. A cela s'ajoute le fait qu'au sein des 15-64 ans la progression a été très forte chez les 60-64 ans (+ 232.000), moins enclins à travailler, quand les 25-49 ans ont perdu 62.000 personnes (générations post-baby boom).

Mais, à l'inverse de ces effets démographiques, la hausse de l'activité des femmes et des seniors, « toujours plus présents sur le marché du travail », a eu un rôle moteur. Le taux d'activité des femmes a encore gagné 0,7 point (+ 0,3 pour les hommes), à 66,1 %. L'écart avec les hommes n'est plus que de 8,8 points, contre 11,1 en 2003. L'évolution est encore plus nette pour les seniors, avec des taux d'activité (hommes et femmes) en hausse de 0,7 à 0,8 point. « Fin 2009, 59,1 % des 50-64 ans sont présents sur le marché du travail, en emploi ou au chômage », souligne la Dares.

Un phénomène durable lié aux réformes successives des retraites (1993, 2003, 2008). Et plus marqué conjoncturellement : l'an dernier, le nombre de départs anticipés à la retraite pour les personnes ayant commencé à travailler très jeunes s'est effondré en raison d'un durcissement des règles : il n'y en a eu que 25.000, contre plus de 100.000 par an précédemment. A cela s'ajoute la fin progressive de la dispense de recherche d'emploi pour les 55-59 ans. Alors qu'auparavant ils étaient indemnisés au titre du chômage sans être comptabilisés parmi les actifs (ils n'étaient pas en recherche d'emploi), ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Dernier facteur explicatif, le plus difficile à mesurer : l'évolution de la conjoncture peut encourager ou décourager des personnes d'entrer sur le marché du travail. « En 2006 et 2007, les fortes créations d'emplois et la baisse du chômage auraient incité un certain nombre d'inactifs à se porter sur le marché du travail », souligne l'enquête. La crise aurait eu l'effet inverse à partir du deuxième trimestre 2008, estime l'Insee. Au final, en cumulant ces explications, la Dares juge « surprenante la hausse de 200.000 personnes de la population active au regard de ses déterminants traditionnels ».

Une chose est sûre, elle rend d'autant plus incontournable la nécessité pour l'économie française de recréer massivement des emplois pour inverser l'évolution du chômage. Selon le bilan définit de Pôle emploi publié hier, l'emploi salarié a reculé de 1,5 % en 2009, soit 256.100 postes détruits, ramenant à 16,28 millions le nombre de salariés des secteurs concurrentiels.

Pourquoi la filière laitière se remet à bouillir

Les braises du conflit opposant les producteurs de lait aux industriels depuis maintenant plus d'un an sont encore chaudes. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), sa branche laitière (la FNPL), ainsi que les Jeunes Agriculteurs (JA), proches de la première centrale française, ont lancé, mercredi 4 août, un ultimatum aux industriels : ces derniers ont jusqu'au 12 août pour revenir à la table des négociations.
Principal point d'achoppement, le prix du lait pour le troisième trimestre. Les livraisons effectuées en juillet doivent être payées le 15 août. Or, certains agriculteurs ne connaissent toujours pas aujourd'hui la valeur de leur production déjà livrée. Depuis l'accord du 3 juin 2009, le prix du litre de lait est fixé chaque trimestre pour les trois mois suivants par une négociation de l'interprofessionnelle, rassemblant la FNPL et les industriels du secteur. La réunion de juin – censée établir les prix de juillet, août, et septembre – s'est soldée par un échec, tout comme celles qui ont suivi.

La conjoncture s'est pourtant améliorée et n'a plus rien à voir avec la crise de 2009, où la demande était en chute libre. Les producteurs français, qui ont connu en moyenne une baisse de 54% de leurs revenus en 2009, entendent profiter eux aussi de cette embellie: ils réclament une augmentation des prix à 330 euros la tonne, loin des 295 euros du deuxième trimestre et des 313,68 proposés par le groupe Lactalis.

RÔLES INVERSÉS

Epandages massifs et spectaculaires, ouverture des "tanks"…: la "grève du lait" de septembre 2009 avait été lancée par des agriculteurs rassemblées autour de la bannière de l'Association des producteurs de lait indépendants (APLI). Un mouvement auquel la FNSEA s'était fermement opposée, au risque de se couper de sa base. Mais désormais, les rôles s'inversent: la FNSEA s'agite et l'APLI observe. "On va laisser faire les syndicats dits “représentatifs” [FNSEA, JA, FNPL], voir s'ils sont capables d'engager une grève du lait au niveau européen et là, nous, on suivra", explique Pascal Massol, président de l'APLI.

"Alors qu'en août 2009 la FNSEA a joué la carte de l'accord et attendu des termes satisfaisants, elle a cette fois compris que sa base militante voulait qu'elle joue son rôle de syndicat et plus seulement de partenaire, explique François Purseigle, sociologue à l'Institut national polytechnique de Toulouse. La FNSEA ne veut pas revivre une grève du lait et risquer une nouvelle déstabilisation. Elle anticipe donc le conflit à venir. Sentant le vent gronder, elle a préféré mener les choses et ne pas laisser de marge de manœuvre à l'APLI."

Pour le moment, les agriculteurs se limitent donc surtout à apposer des autocollants sur les produits faits à partir de "lait inéquitable". Et ils ont demandé aux consommateurs de boycotter les produits vendus par Lactalis (Président, Bridel…), Bongrain (Cœur de lion…) ou Bel (La Vache qui rit…). Luc Morelon, porte-parole de Lactalis, dit "ne pas refuser le dialogue" : "Le problème reste le même, explique-t-il. La question est de savoir combien de temps on va continuer à surpayer le lait en France, notamment par rapport à l'Allemagne." Une différence qu'il estime de "40 euros par tonne".

Bruno Le Maire, le ministre de l'agriculture, a apporté, mercredi 4 août, sur RTL, son soutien aux producteurs : "Lorsque les prix s'effondrent, la répercussion est immédiate sur les revenus des producteurs. (…) Les prix remontent, je souhaite que les producteurs soient correctement rémunérés. Ils ne le sont pas aujourd'hui." Dans son entourage, on annonce un plan de développement de la filière laitière pour la rentrée. Et la Commission européenne doit aussi rendre public un paquet législatif à l'automne avec des mesures spécifiques au secteur du lait.

Le conflit ne devrait pas connaître de conclusion rapide. L'APLI mise, pour le moment, sur sa marque de "lait équitable". Un produit "respectant un prix décent pour les producteurs à 400 euros la tonne", explique M.Massol : "On a déjà reçu l'accord de principe d'industriels et de producteurs. On doit pouvoir le commercialiser, fin 2010, en Poitou-Charentes avec le soutien de Ségolène Royal." Les trois syndicats majoritaires ont eux refusé de se prononcer sur les types d'actions envisagées à la fin de leur ultimatum.

Tiphaine de Tricornot

Proche-Orient :
fragile statu quo


Faut-il craindre un nouvel affrontement au Proche-Orient ? En l'espace de quelques jours, des épisodes de violence se sont succédé. Des tirs de roquettes à partir de la péninsule du Sinaï, c'est-à-dire en territoire égyptien, ont atteint les villes d'Aqaba et d'Eilat, sur la mer Rouge, faisant des victimes dans la première, en Jordanie. Des fusées tirées du territoire de Gaza ont touché le sud d'Israël, entraînant une forte riposte israélienne.

Enfin mardi, à la frontière entre Israël et le Liban, de violentes escarmouches ont opposé les forces armées des deux pays, dans des circonstances encore confuses. Les Israéliens parlent de piège et de provocation délibérée, une version au moins partiellement confirmée par les forces des Nations unies, pour qui les Israéliens étaient dans leur territoire au moment des incidents. Les Libanais, eux, parlent de violation délibérée de leur territoire. Qui croire ?

Au Proche-Orient, les événements, bien souvent, imposent leur logique aux hommes, et pas l'inverse. Il y a des forces qui jouent avec le feu de manière quasi automatique. Des extrémistes, au sein du mouvement Hamas, s'inquiètent des rumeurs de reprise de négociations entre Israéliens et Palestiniens sous pression américaine. Au sein des forces armées libanaises, à la veille de la réouverture de la commission d'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre Hariri, peut exister la tentation d'éviter l'éclatement du pays par le biais d'une « bonne escalade » avec Israël.

En réalité, à moins d'un développement improbable, mais toujours possible, ou d'une erreur de calcul grossière d'une ou plusieurs des parties, nous ne sommes probablement pas à la veille d'un nouveau conflit généralisé.

Quatre ans après la dernière guerre du Liban, en 2006, le Hezbollah a certes reconstitué ses forces, après une guerre qu'il n'a pas clairement perdue, et remportée de fait. Mais il ne peut souhaiter, pas plus que son protecteur et mentor l'Iran, un nouveau test avec une armée israélienne moins sûre d'elle-même et ayant tiré les leçons de 2006, sinon de 2009 à Gaza.

L'armée libanaise, encouragée ou non par la Syrie, peut prendre des risques, mais pas celui d'une guerre classique avec Israël. Le déséquilibre entre les deux armées est trop grand. Côté Israël, on peut penser que l'État hébreu est tombé de lui-même dans de trop nombreux pièges récemment, pour s'engager à la légère dans une nouvelle escalade. Tout autant que le précédent de la guerre en 2006, c'est l'épisode désastreux de juin, l'attaque sur la flottille au large de Gaza, qui doit inciter le gouvernement d'Israël à la retenue. Avec une économie au rythme de croissance presque asiatique, Israël n'a surtout pas besoin d'une nouvelle guerre.

Ce que démontre cette nouvelle escalade militaire, c'est la profonde fragilité du statu quo actuel. En l'absence de solutions durables, les hommes seront toujours à la merci d'événements qu'ils ne contrôlent pas. Sur le fond, le déséquilibre entre les parties est trop grand pour qu'elles parviennent seules à une solution de compromis raisonnable, mais douloureuse. Et la communauté internationale, derrière les États-Unis, est trop velléitaire, dispersée, sinon trop affaiblie pour imposer à des parties réticentes, mais qui seraient sans doute prêtes à s'y résigner, une solution indispensable. Les Palestiniens, en dépit d'un soutien arabe de surface, sont terriblement seuls ; les Israéliens sont comme paralysés par leur mémoire.


Dominique Moïsi


Le roman Bettencourt

L'affaire Bettencourt, grand roman, jette d'obscures clartés sur près d'un siècle d'histoire française. Avant de déborder vers Woerth et Sarkozy, il conte la saga d'une famille baignée dans le fleuve Pactole, lequel, dit-on, roulait de l'or. Ici, L'Oréal le bien nommé.

L'héroïne est une vieille dame, héritière de l'empire cosmétique, ennemie de l'ostentatoire et qui ne promenait guère son veau d'or en public. Or, sur l'âge, la voici amusée, séduite par un dandy décoiffant du Tout-Paris des arts. Sa fille unique s'en inquiète, s'affole, puis dénonce un " abus de faiblesse " dans les faveurs mirobolantes consenties à l'envahisseur. Tout autour, une domesticité infectée par les pressentiments laisse traîner ses oreilles et un magnétophone clandestin. Eclate enfin le déballage public. Il ouvre aux quatre vents le temple familial le plus fermé, le plus doré de France.

La scène primitive des adultères cachés de L'Oréal et de la politique se joue, sur la fin des années 30, à l'internat des frères maristes de la rue de Vaugirard. Deux étudiants provinciaux, François Mitterrand et André Bettencourt, y nouent une amitié qui restera indéfectible. Son ciment caché, c'est que le militantisme des deux amis les égare, sur leurs 20 ans, dans les marécages de l'extrême droite. Ils y rencontrent un puissant " parrain ", Eugène Schueller, génial chimiste, inventeur des premières teintures capillaires, berceau d'un Oréal vite prospère. Intime du pronazi Eugène Deloncle, il finance depuis 1934 l'extrême droite.

Après la défaite de 1940, et sous son parrainage, nos deux acolytes épousent d'abord Vichy et la collaboration. Mitterrand, prisonnier de guerre en 1940, s'est évadé, trouve à s'employer à Vichy, se voit décoré par Pétain, mais ne s'affiche pas outre mesure. Bettencourt, lui, commet, entre autres, dans La Terre française, qu'il dirige, un détestable pamphlet antisémite. Son dévoilement tardif, en 1969, lui arrachera des excuses publiques pour l'" erreur de jeunesse " d'un passé censuré.

Censuré depuis qu'à la fin 1942 les deux amis eurent viré de bord. Et rallié, non sans divers exploits, la Résistance, où ils retrouvent Pierre de Bénouville, un ancien de la droite maurassienne, futur père Joseph de Marcel Dassault. A la Libération, nos deux amis n'oublieront pas Schueller. Forts de leur conversion résistante, ils lui évitent de justesse les affres de l'épuration. En échange, Mitterrand dirige la filiale édition de L'Oréal et son journal Votre beauté. Bettencourt épouse Liliane Schueller et entre à la direction du groupe. L'entreprise, brillamment conduite par François Dalle - un troisième ancien de la rue de Vaugirard -, recrute et expédie dans ses filiales lointaines plusieurs rescapés compromettants de la bande à Deloncle. Dès 1946, Mitterrand s'embarque en politique. Bettencourt, de son côté, élu en Normandie, devient ministre de Mendès puis, après le retour du Général, ministre gaulliste habile et estimé.

Par-delà l'adversité farouche du gaullisme et du mitterrandisme, Mitterrand, Bettencourt et Bénouville maintiendront un réseau romanesque de connivences et influences. Réseau informel d'" hommes assez hardis pour tout entreprendre, ayant connu de grands dangers mais taisant leurs défaites, et s'acceptant tels qu'ils sont "... Ainsi Balzac a-t-il d'avance dépeint ces " lions " fraternels d'un élitisme clandestin.

Si je rapproche les remugles hier cachés de l'affaire Schueller et les suspicions aujourd'hui publiques de l'affaire Woerth-Bettencourt, c'est pour mesurer l'évolution heureuse, en cinquante ans, de nos moeurs politiques. La justice et la presse, accompagnant les répulsions croissantes de l'opinion, auront en un demi-siècle imposé que l'illégal toléré devienne intolérable. Ni l'affairisme de droite ou de gauche, ni le bon plaisir des règnes Mitterrand, voire Chirac, ni le déferlement des fausses factures et multiples abus de pouvoir où la classe politique lavait son linge sale en famille ne pourraient s'épanouir aujourd'hui avec la même impunité. La loi Rocard de 1990 sur le financement des partis politiques, certes améliorable, a réduit le flux des rétrocommissions sur les marchés d'Etat, et celui des valises du patronat. La France n'est fichtre pas une démocratie scandinave, mais elle quitte peu à peu de pénibles indignités.

Au dernier chapitre inachevé du roman Bettencourt, on épingle moins les fautes supposées d'Eric Woerth que sa candeur à cumuler la trésorerie d'un parti avec un ministère exposé. Grisée par Internet, enhardie par ses conquêtes, la presse pèche sans doute, ici ou là, par l'animosité du soupçon lorsque, faute de preuves, elle dénonce le " plausible ". Et la justice elle-même peut encore gagner en indépendance. Mais on progresse...

Dans une société française mal préparée au régime libéral, où l'argent s'exhibe sans complexe, la presse et la justice ne garantissent pas une " République irréprochable ". Du moins leurs garde-fous nous préservent-ils de quelques précipices


Claude Imbert

«The Expendables»: voyez des images de la première et un nouveau clip

La première de «The Expendables» a eu lieu mardi au célèbre Grauman's Chinese Theatre de Hollywood en présence de plusieurs stars dont Sylvester Stallone, Bruce Willis et Mickey Rourke.

Randy Couture, Steve Austin, Charisma Carpenter, Giselle Itié et Dolph Lundgren comptent également parmi les acteurs du long-métrage qui ont assisté à cette soirée.

Des invités comme Kellan Lutz («Twilight») et l'acteur porno Ron Jeremy étaient aussi de la partie.




The Expendables Exclusive Clip in HD

Trailer Park Movies | MySpace Vidéo
Ce film d'action a été coécrit et réalisé par Sylvester Stallone pour Nu Image/Millennium.

«The Expendables» suit un groupe de mercenaires qui planifie le renversement d'un dictateur sud-américain.

La distribution est notamment composée de : Stallone, Jason Statham, Jet Li, Mickey Rourke, Steve Austin, Terry Crews, Randy Couture, Eric Roberts, Dolph Lundgren, Charisma Carpenter, Giselle Itié, David Zayas et Amin Joseph. Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis y font également une courte apparition.

«The Expendables» doit sortir sur les écrans nord-américains le 13 août 2010.

LES ÉTRANGERS DE RETOUR

A la faveur de la reprise mondiale, les touristes étrangers sont de retour en France. Notamment les plus riches venus du Moyen-Orient et de Chine, ou les Américains qui profitent de la baisse de l'euro.

C'est le constat fait par le secrétaire d'Etat au Tourisme Hervé Novelli : « la progression de la fréquentation dans l'hôtellerie haut de gamme laisse penser que la clientèle américaine, russe, asiatique fait son retour ».
Les premières tendances de juillet sont en effet univoques, après un redémarrage déjà constaté au printemps. Elles montrent ainsi une croissance « de 5 à 7% » du revenu moyen par chambre disponible - un indicateur clef du secteur - pour les trois étoiles, estime Jacques Barré, président du Groupement national des chaînes (GNC).
«Plus on monte en gamme, plus les progressions sont importantes»

« Plus on monte en gamme, plus les progressions sont importantes. C'est la clientèle internationale qui est revenue », selon lui.
A Paris et sur la côte d'Azur, les étrangers fortunés font de nouveau le bonheur des palaces et loueurs de yachts. « Le panier de dépenses moyen du touriste chinois, russe ou indien est près de 10 fois plus élevé que le touriste français, 100 € contre 1 000 », selon Hervé Novelli.
Or, constate Eveline Brusa-Priebe, directrice générale du Comité régional du tourisme (CRT) Riviera-Côte d'Azur, « on voit un retour de presque tous les marchés étrangers, à part les Britanniques ». « La clientèle russe a bondi de 30 % en mai et juin, c'est très fort aussi pour le Moyen-Orient, les Brésiliens ou l'Asie. Pour les Américains, c'est une hausse de 20 % », détaille-t-elle.
Même chose à Paris où, selon Thomas Deschamps, responsable de l'Observatoire de l'Office du tourisme de la capitale, la clientèle chinoise et du Moyen-Orient a bondi d'environ 30% sur un an, en nombre de nuitées, au premier semestre. « Pour les nationalités européennes, il y a une croissance, mais beaucoup plus lente ».
Ces variations, spectaculaires, reposent cependant sur les données très mauvaises de 2009, quand le tourisme, surtout de luxe, avait été frappé par la récession. « L'an dernier, quand l'activité avait baissé, le haut de gamme avait beaucoup plus souffert que l'économique. Le secteur est beaucoup plus volatile », rappelle M. Barré.
Ces tendances ne doivent pas non plus faire oublier que si la fréquentation est repartie à la hausse, les prix restent mesurés, les hôteliers continuant d'attirer les touristes à coup de promotions.
Il reste que la plupart des voyants sont au vert, à commencer par la reprise économique. « Les plus fortes hausses sont celles de touristes venus de pays ayant les plus fortes croissances », estime Edouard Lefebvre, délégué du Comité Champs Elysées, qui a constaté une progression de 10 % des ventes de produits détaxés au premier semestre. « Surtout au deuxième trimestre », selon lui.
Vient ensuite l'effet de changes favorable, avec la dépréciation de l'euro face au dollar qui rend moins onéreuses les vacances des Américains en Europe. « Ils viennent quand le dollar est plus fort. Ils s'arrêtent quand la parité est mauvaise », explique Mme Brusa-Priebe.
Seule ombre au tableau : l'absence attendue des Moyen-Orientaux en août, alors que le jeûne du ramadan doit commencer le 11 août. « Cela risque de faire un trou d'air. Mais ils ont peut-être décalé leur venue plus tôt dans l'été », selon M. Deschamps.

75 millions de visiteurs, et nous, et nous, et nous...

Après la calamiteuse dégringolade des Bleus au classement FIFA (21e), voilà une suprématie mondiale incontestée qui console sous les parasols ! Avec ses 75 millions de visiteurs, la France reste, de loin, le pays le plus touristique de la planète. Les nuages qui s'étaient accumulés pendant l'été 2009, avec une chute de la fréquentation, se sont dissipés. Le gouvernement l'a confirmé cette semaine : la clientèle étrangère progresse à nouveau. Cocorico pour cette superbe météo éco et merci l'euro pour notre ego.
Le taux de change avantageux de la monnaie européenne joue cette saison un effet positif. Mais c'est bien l'image, presque fantasmée, d'un territoire unique, celui de toutes les diversités, qui reste le moteur de son succès. Le triomphe du pavillon français à l'Exposition universelle de Shanghai - avec plus de cinq millions de visiteurs, il est le plus visité, avant celui de la Chine ! - est l'indicateur d'une richesse inestimable.
Assis sur ce tas d'or devenu familier, les Français ne l'exploitent pas comme ils le pourraient. Comme ils le devraient. Le pays n'a toujours pas de grande politique publique pour son secteur du tourisme, qui le mériterait largement : ne représente-t-il pas 50 milliards de recettes (6,4 % du PIB) en employant près de deux millions de personnes ? Il faut croire que la bonne fortune n'est décidément pas stimulante : la France n'a pas non plus d'ambitieuse politique de la mer alors qu'elle possède le troisième territoire maritime du globe.
Sûrs de la séduction de leur patrimoine architectural et de leur art de vivre, les Français peinent à être à la hauteur de ce capital. Reconnue par tous, la qualité de l'hospitalité alsacienne n'est pas, hélas, une règle générale dans le reste de l'Hexagone. En particulier à Paris (27 millions de touristes à elle seule), où l'accueil trahit la légende de la cité lumière. Les unes après les autres les enquêtes de satisfaction dénoncent l'arrogance des serveurs, le manque de chaleur des habitants, le déficit d'attention (malgré l'initiative des gilets jaunes), l'incroyable absence d'un Pass'Musées (à la différence de toutes les autres capitales européennes), l'approximation des taxis. Et toujours, le niveau en langue étrangère, indigne d'un numéro un mondial. Les touristes Allemands, premiers clients de la France, trouvent si rarement à qui parler...

Olivier Picard

Charité bien ordonnée…

La visite de Benoit XVI en septembre en Angleterre aura un coût. 27 millions d’euros au bas mot, sans parler des frais de police et de sécurité.

En découvrant l’addition, l’église britannique n’a pas barguigné : les messes seront payantes !

Pas question d’accepter une modeste obole, encore moins l’aumône. Miséricordieux comme un banquier de la City, les ecclésiastiques britanniques ont dressé une grille des tarifs. La veillée à Hyde Park, 12 euros. La messe à Glasgow, 20 euros. Pour le même prix, les catholiques auront droit à un récital de Susan Boyle, la chanteuse pour laquelle le Bon Dieu s’est attardé plus longuement sur les cordes vocales que sur la silhouette… Elle poussera la note à guichets fermés, foi d’Ecossais !

Le must, la journée VIP, ce sera la messe à Birmingham : 30 euros. La somme est justifiée, ce jour-là un cardinal protestant converti au catholicisme sera béatifié par le pape. Dans un pays anglican, c’est pas cher payé…

70 000 billets au tarif plein attendent les fidèles prêts à passer à la caisse. Privés de messe tarifée, les moins fortunés pourront toujours se rabattre sur les photos du pape et autres livres de prières cédés à un prix de misère…

Au Vatican, les cardinaux rasent les murs et réservent leurs commentaires au secret de la confession. C’est l’affaire des Anglais, se défausse l’entourage papal.

À l’évidence, la crise a bien frappé. Et pas seulement les vocations…

Les producteurs de lait lancent un ultimatum aux industriels

Les syndicats de producteurs de lait ont donné mercredi aux industriels jusqu'au 12 août pour payer la tonne de lait au juste prix, tel que décidé dans un accord conclu l'an dernier.
Les syndicats de producteurs de lait ont donné mercredi aux industriels jusqu'au 12 août pour payer la tonne de lait au juste prix, tel que décidé dans un accord conclu l'an dernier.

D'ici là, ils continueront leurs actions entamées il y a deux semaines pour protester contre la non application de l'accord par des groupes comme Lactalis, Bongrain et Bel . Le camembert Président, les fromages Caprice des Dieux et La vache qui rit sont dans le collimateur des producteurs.

Ils appellent au boycottage de ces produits, parfois marqués par leurs soins de la mention "commerce non équitable" ou "ces marques volent les producteurs de lait et vous-même" dans les rayons des magasins. Au terme d'une rencontre au siège des Jeunes agriculteurs à Paris, les syndicats ont donné jusqu'au jeudi 12 août aux industriels pour respecter les règles.

"C'est un rendez-vous que l'on fixe à nos industriels de manière à pouvoir renégocier l'ensemble du troisième trimestre payé au producteur", a dit à la presse Marie-Thérèse Bonneau, secrétaire générale adjointe de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). "On les appelle vivement à être présents ce jour-là pour mettre en oeuvre une discussion équitable avec eux", a-t-elle ajouté.

En vertu de l'accord passé l'an dernier, les producteurs demandent une revalorisation des prix de plus de 10% sur l'ensemble de l'année, soit une hausse de 31 euros la tonne de lait qui se négocie actuellement autour de 300 euros.

BRUNO LE MAIRE DIT COMPRENDRE LES PRODUCTEURS

"Le compte à rebours a commencé. Nous en appelons aux industriels: il n'est pas encore trop tard pour venir discuter", a dit Dominique Barrau, de la Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA). "Un certain nombre d'industriels, souvent les plus petits mais pas seulement, appliquent l'augmentation prévue", a aussi souligné le dirigeant, producteur de lait en Aveyron.

Le 12 août, les producteurs iront, dans chaque département, demander des comptes aux sièges sociaux des industriels qui ne jouent pas le jeu. Lactalis, Bongrain et Bel, qui fabriquent ces produits phares de la fromagerie française, sont clairement visés par les producteurs, qui ont déjà lancé des actions dans les régions Rhône-Alpes, Bourgogne, Basse-Normandie et en Loire-Atlantique, notamment.

Interrogé mercredi matin sur RTL, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a dit qu'il comprenait "parfaitement" la colère des producteurs de lait, qui doivent être selon lui "correctement rémunérés".

"Lorsque les prix s'effondrent, la répercussion est immédiate sur les revenus des producteurs qui ont perdu près de 50% de leurs revenus en 2009", a-t-il rappelé. "Maintenant que les prix remontent, je souhaite que les producteurs soient correctement rémunérés. Ils ne le sont pas aujourd'hui". "Je souhaite que les industriels et les coopératives fassent les efforts nécessaires pour que les producteurs soient rémunérés à leur juste valeur", a-t-il ajouté.

Il faut sortir "de l'impasse" sur ce sujet, a estimé pour sa part Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, le premier syndicat agricole français. Les industriels "ont encore quelques jours pour entendre raison, se remettre autour de la table et faire en sorte que finalement, on sorte de cette impasse (...) pour au moins tout le dernier semestre de l'année 2010", a-t-il dit sur France Info.

34 milliardaires américains vont reverser la moitié de leur fortune

Bill Gates et Warren Buffett s'efforcent de convaincre des centaines d'autres milliardaires américains de céder la majeure partie de leur fortune de leur vivant ou après leur mort à des œuvres.
Trente-quatre milliardaires américains ont promis mercredi de céder au moins la moitié de leur fortune à des œuvres en réponse à un appel de l'investisseur Warren Buffett et de Bill Gates, cofondateur de Microsoft.

Parmi ces philanthropes figurent le maire de New York, Michael Bloomberg, Larry Ellison, co-fondateur d'Oracle, Ted Turner, magnat des médias, et David Rockefeller, disent les organisateurs de la campagne "The Giving Pledge" ("La Promesse de don").

"The Giving Pledge" a été lancé en juin par Bill Gates, considéré par le magazine Forbes comme la deuxième fortune mondiale, avec 53 milliards de dollars, et par Warren Buffett, classé troisième fortune mondiale.

Ils s'efforcent de convaincre des centaines d'autres milliardaires américains de céder la majeure partie de leur fortune de leur vivant ou après leur mort et de faire part publiquement de leur intention dans une lettre d'explication.

"Nous venons juste de commencer mais nous avons déjà obtenu une réponse formidable", s'est réjouit Warren Buffett dans un communiqué.

La liste complète des milliardaires et leurs lettres peuvent être consultées sur http://givingpledge.org. (lien vérifié)

Libéralisme à la russe

Un virage libéral en Russie ? L'ouverture du capital d'une dizaine de fleurons de l'économie nationale (dans le pétrole, les transports ou la banque), annoncée par les autorités moscovites, devrait rapporter plus de 29 milliards de dollars sur trois ans. Les Français, qui partagent avec les pays ex-communistes l'expérience de ces allers-retours des grands groupes industriels et financiers entre le privé et le public, les interprètent volontiers en termes idéologiques. Mais cette grille d'explication est sans doute erronée, appliquée au cas russe. De fait, le but affiché de l'opération est d'aider à combler un déficit public qui frôlera cette année 6 % du PIB, selon le FMI. Et la mise sur le marché des actions sera calibrée pour que l'Etat conserve de toute façon le contrôle des firmes concernées.

Il y a au moins deux autres façons d'interpréter cette décision. Elle s'inscrit d'abord dans une lutte pour le pouvoir : les nationalisations réalisées par Vladimir Poutine, surtout entre 2003 et 2008, visaient à récupérer des entreprises qui, dans les années 1990, étaient passées aux mains d'une poignée d'oligarques dans des conditions plus que douteuses. Nous en sommes à l'étape suivante : dans les firmes sur lesquelles il a assuré sa mainmise, l'Etat peut se comporter en bon capitaliste en attirant des investisseurs minoritaires, russes ou étrangers, alléchés par les perspectives de développement. Il récoltera ainsi des recettes sans commune mesure avec le produit des privatisations opérées à l'époque de Boris Eltsine.

L'autre explication est technique : c'est que entre-temps, les outils de la finance russe se sont développés. L'existence de places boursières nationales et de banques d'investissement, l'internationalisation financière des groupes (10 % du capital de Rosneft, le premier pétrolier russe, sont traités à la Bourse de Londres) permettent à l'Etat vendeur de mieux tirer parti du marché. En somme, comme beaucoup de régimes autoritaires, la Russie cherche le modèle optimal du « capitalisme d'Etat ».

Un pouvoir d'achat mité

C' est une véritable vague de hausses de prix qui se profile à l'horizon. Aujourd'hui, l'annonce d'un renchérissement de l'assurance auto d'au moins 3 % l'an prochain. Hier, un projet de relèvement des tarifs de l'électricité de 3,4 % au 15 août. Avant-hier, le gaz, qui a flambé de 9 %. La hausse des cours des matières premières, comme le blé actuellement ou le fer un peu plus tôt, va finir par peser à l'autre bout de la chaîne, du côté des consommateurs. Et bien d'autres coûts sont orientés à la hausse, après souvent des années de baisse. A tel point qu'il faut commencer à s'interroger sur l'impact macroéconomique de cette accumulation.

Premier point essentiel : cette vague n'est pas une vague d'inflation à proprement parler. Il n'y a pas d'emballement généralisé des prix, et encore moins des salaires. Il n'y a donc pas de raison d'envisager un resserrement de la politique monétaire, qui serait en l'occurrence inefficace. Chaque hausse s'explique par des raisons bien spécifiques, indépendantes les unes des autres. Les assureurs vont augmenter leurs tarifs à cause des événements climatiques et d'une poussée des accidents causant des dégâts matériels. EDF relève ses prix pour financer la maintenance et la construction d'équipements dont personne ne conteste la nécessité et que l'électricien aurait du mal à financer par l'emprunt, comme il le fit jadis pour ses centrales nucléaires.

Second point essentiel : même si elles ne relèvent pas de l'inflation, ces hausses vont ronger le pouvoir d'achat des Français. Leurs revenus vont aussi être érodés par des décisions gouvernementales, comme le moindre remboursement de certains médicaments, l'amputation de niches fiscales et les hausses d'impôt pour financer les retraites. Or le pouvoir d'achat est le principal propulseur de la croissance. Et il avait résisté pendant la terrible récession de l'an dernier, avec une progression de 1,6 %, pratiquement autant que la moyenne des six années précédentes. Alors que le PIB, qui mesure la production mais aussi l'ensemble des revenus générés dans le pays, a reculé de 2,6 % ! Mais les causes de cette résistance - les mesures de relance et la stagnation des prix -ont disparu. Le pouvoir d'achat de l'ensemble des Français risque de gagner à peine à 1 % cette année et encore moins l'an prochain. Le gouvernement ne doit évidemment pas bloquer les prix pour éviter leur hausse. Mais il doit tout faire pour rassurer les Français sur les finances publiques, condition sine qua non pour qu'ils acceptent de tirer sur leur épargne afin de préserver leur niveau de vie - et la croissance.




JEAN-MARC VITTORI