Concernées en premier lieu par l'allongement de l'âge de départ à la retraites, les entreprises ne prévoient pas de véritablement changer leurs habitudes en faveur de l'emploi des seniors, si l'on en croit une étude du cabinet Towers Watson. Seules 10 % des grandes entreprises interrogées estiment que le passage de l'âge légal de départ en retraite de 60 à 62 ans aura pour elles un impact favorable, 54 % jugeant que l'effet sera neutre et 36 % négatif.
Selon cette étude, conduite auprès des directions des ressources humaines de 73 grosses entreprises privées représentant 3 millions de salariés, 71 % d'entre elles estiment que la réforme va modifier leur gestion des fins de carrière.
PAS D'EMBAUCHES SUPPLÉMENTAIRES
Pour autant, elles se montrent méfiantes quant au futur dispositif d'aide à l'embauche des seniors, inscrit dans le projet de loi sur les retraites: 6 % jugent qu'il incitera à recruter des seniors, mais 35 % pensent que non et 59 % ne se prononcent pas.
Ce dispositif prévoit une suppression des charges patronales pendant un an pour les entreprises embauchant des personnes au chômage et âgées de 55 ans et plus pour un contrat à durée indéterminée ou un CDD de plus de six mois.
Les entreprises interrogées estiment aussi très majoritairement (70 %) que la réforme, en discussion au Parlement, va les amener à développer leurs dispositifs de retraite d'entreprise (Perco, plan d'épargne entreprise, etc.) mais 26 % pensent les réduire et 4 % ne pas les modifier.
Le taux d'emploi des 55-64 ans est légèrement supérieur à 40 %, selon les derniers chiffres de l'Insee. A titre de comparaison, il était de 58 % au Royaume-Uni en 2008, et de 70 % en Suède. Une employabilité qui concerne essentiellement les travailleurs indépendants, les cadres et les professions intellectuelles supérieures au-delà de 60 %.
D'après une étude du ministère du travail parue en juin, près de 40 % des travailleurs indépendants avaient entre 60 et 64 ans. Chez les cadres ou professions intellectuelles supérieures, 34 % prolongent leur vie active entre 60 et 64 ans dans le public et 22 % dans le privé. On ne compte plus que de 10 à 16 % d'actifs parmi les ouvriers ou les professions intermédiaires.
mercredi 22 septembre 2010
Retraite à 62 ans : les grandes entreprises peu enthousiastes
Retraites : la promesse du PS ne convainc pas les Français
Selon notre sondage OpinionWay, 36 % des personnes interrogées seulement croient à un retour à l'âge légal à 60 ans.
L'engagement solennel du PS, par la voix de Ségolène Royal, à rétablir la retraite à 60 ans en 2012, ne convainc pas les Français. C'est l'enseignement principal de l'enquête OpinionWay réalisée pour Le Figaro. Seules 36% des personnes interrogées semblent croire à la promesse des ténors socialistes de revenir sur les 62 ans, nouvel âge légal de départ à la retraite après le vote de la réforme du gouvernement. Ils sont 63% à estimer que jamais le PS n'abrogera la loi Woerth-Fillon.
Manifestement, les Français n'ont pas oublié les promesses non tenues par le PS de revenir sur les précédentes réformes des retraites. À l'Assemblée nationale, François Fillon ne s'était pas privé de pointer le passif de la gauche gouvernementale en la matière. Le 8 septembre, le premier ministre avait repris l'argument à son compte en répliquant sèchement au PS: «Depuis 1993, la gauche n'a jamais tenu un seul des engagements qu'elle a pris en matière de retraite.» Et le chef du gouvernement a rafraîchi, ce jour-là, la mémoire de l'opposition en refaisant l'histoire des réformes des retraites successives depuis vingt ans: «Vous aviez promis d'abroger la réforme Balladur, vous ne l'avez pas fait. En 2003, vous aviez promis d'abroger la réforme que nous allons porter; vous l'avez aujourd'hui intégrée dans les propositions que vous faites. Et en 2007, vous avez combattu la réforme des régimes spéciaux; je n'ai trouvé aucune phrase dans votre projet qui vise à revenir sur cette réforme. Tout se passe comme si une bonne réforme pour vous, c'était la précédente.»
Le résultat du sondage est donc sans appel pour Martine Aubry qui s'est placée sur la même ligne que l'ex-candidate à la présidentielle, très active depuis la rentrée. Un «dogme» ans qui fait l'unanimité à gauche à l'exception de des 60 Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds monétaire international et champion toutes catégories dans les sondages de popularité pour 2012.
Dans le détail, les socialistes pourront trouver matière à se rassurer en constatant que 69% de leurs sympathisants les soutiennent. L'adhésion à cette promesse est moins forte chez les Verts (53%) et carrément absente chez les amis de François Bayrou. Seuls 12% des électeurs du MoDem croient possible un retour aux 60 ans. Inversement, 83% des sympathisants UMP jugent impossible l'engagement du PS. La proportion est à peu près la même (81%) chez les partisans du Front national.
Quant à la perception de la réforme par les Français, elle évolue assez peu par rapport à d'autres enquêtes. Si 70% des personnes interrogées par OpinionWay la jugent «nécessaire», 32% seulement estiment que le projet du gouvernement est «juste». 52% des Français trouvant le gouvernement «courageux» de s'attaquer à l'un des tabous sociaux en France. Le gouvernement peut compter sur un soutien complet des sympathisants UMP. 96% d'entre eux approuvent la réforme et 80% répondent qu'elle est «juste».
À la veille de la seconde journée de mobilisation syndicale, voilà des résultats qui ne rassureront pas les partenaires sociaux. Après avoir rassemblé plus de 2,5 millions de personnes dans les manifestations, les leaders syndicaux se montrent très prudents en tablant sur une mobilisation du même ordre pour la journée de demain. À l'Élysée et à Matignon, on croise les doigts pour qu'il n'y ait pas plus de monde dans les rues.
Retraites : Chérèque prêt à poursuivre la mobilisation
Dans un entretien au Parisien, mercredi 22 septembre, François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, assure être "dans un mouvement durable" de contestation de la réforme des retraites, qui est "en train de gagner le soutien populaire". A la veille de la journée d'action interprofessionnelle contre le projet de réforme des retraites, jeudi, le leader cédétiste compte sur une mobilisation "suffisamment forte, autour de 2 millions de manifestants, pour obtenir de nouvelles ouvertures" du gouvernement. S'il garde l'espoir de "faire reculer le gouvernement sur les éléments essentiels de la réforme grâce à la mobilisation des salariés", il espère que "les sénateurs, qui sont tout sauf des suivistes d'une politique injuste, sont de nature à comprendre qu'il faut faire évoluer ce texte".
Sur France Inter, il a enfoncé le clou :"Le gouvernement (...) est en plein doute (...). Donc, il faut qu'on soit nombreux dans la rue" jeudi, a déclaré François Chérèque."Alors qu'il nous disait avant les premières manifestations qu'on ne pouvait rien changer, il a commencé à bouger à la marge après les manifestations du 7" septembre, a dit le numéro un de la CFDT. "Et là, en plus de changer sur les carrières longues, la pénibilité, les polypensionnés, on dit maintenant qu'il peut y avoir des ouvertures sur le problème des femmes qui se sont arrêtées [de travailler], sur les seniors qui sont au chômage, sur les handicapés", a poursuivi le dirigeant syndical. Pour M. Chèque, cela montre que "c'est toute la réforme" du gouvernement "qui est mauvaise". "A force de dire qu'on peut changer sur tout, il faut tout changer. Donc, il faut discuter d'une autre réforme", a-t-il ajouté.
"LE GOUVERNEMENT SE REND COMPTE QUE SA RÉFORME N'EST PAS BONNE"
La dernière mobilisation, le 7 septembre, avait réuni dans les rues entre 1,12 million de manifestants selon le ministère de l'intérieur, plus de 2,7 millions selon la CGT. Selon M. Chérèque, "le gouvernement est en train de se rendre compte que sa réforme n'est pas bonne", après les ouvertures du ministre du travail, Eric Woerth, sur les départs anticipés des salariés handicapés, le sort des chômeurs proches de l'âge de la retraite et l'égalité salariale entre hommes et femmes. Mais, "au bout d'un moment autant changer de texte plutôt que de faire du rafistolage sur tout", insiste le numéro un de la CFDT dans Le Parisien.
Il prévient que "si le gouvernement reste sourd une nouvelle fois, nous n'en resterons pas là. Nous sommes dans un mouvement durable". Dès vendredi, l'intersyndicale se réunira pour décider des suites à donner au mouvement. Pour sa part, François Chérèque dit souhaiter "faire une nouvelle journée d'action un week-end pour ne pas pénaliser financièrement les salariés".
Il n'y avait guère de doute mais, d'une certaine façon, tout est plus simple à présent. La revendication de l'enlèvement des sept otages d'Areva, dont cinq Français, au Niger par al-Qaïda Maghreb (voir en page 5) lève un coin du rideau de sable qui, depuis son commencement, drape l'affaire d'Arlit dans les plis du mystère. L'officialisation de ce qui n'était jusque-là qu'une hypothèse probable crédibilise la thèse d'une menace terroriste pesant sur la France. Investi par les événements d'une mission qui l'élève au-dessus des vicissitudes intérieures, l'Élysée a les mains libres pour agir.
Les revendications de l'opposition demandant plus de transparence au gouvernement dans la gestion des opérations au Sahel perdent, mécaniquement, de leur force. Dans l'opinion, une idée simple va s'imposer naturellement : quand la sécurité du pays est en jeu, le pouvoir n'a plus autant de comptes à rendre sur toutes ses initiatives militaires. Demain, la confidentialité des informations apparaîtra naturelle quand hier elle semblait suspecte.
Même l'étrange stratégie de communication du gouvernement depuis une semaine pourrait être gommée par l'accélération du scénario. Personne n'a compris pourquoi le gouvernement avait lui-même révélé la probabilité d'actes terroristes visant la France sans pour autant modifier les dispositifs de sécurité visibles à Paris et dans les grandes villes. Pourquoi créer les conditions d'une psychose collective à coup de déclarations anxiogènes du ministre de l'intérieur sans les accompagner par des mesures proportionnées au danger ? Jusqu'à hier soir le décalage était si grand que les Français, et pas seulement l'opposition, commençaient à s'interroger sur la réalité d'un risque terroriste.
Au cours des douze dernières heures, nous avons basculé d'une nouvelle polémique à un vrai débat : celui du contrôle politique d'une éventuelle intervention militaire en Afrique. L'assassinat de Michel Germaneau, annoncé en juillet dernier, après une tentative de libération par les forces mauritaniennes, pose la question de la pertinence d'une option musclée. Cette interrogation soulève, en effet, des inquiétudes sur les conséquences d'un échec et la possibilité de représailles sous une forme terroriste.
Le Premier ministre veut manifestement mettre un terme au flou, voire à la légèreté, qui a caractérisé les annonces d'un Brice Hortefeux à la fois inhabituellement bavard et spectaculairement ambigu. La représentation nationale, et pas seulement ses élus de l'opposition, n'est pas rassurée par ce comportement bien peu académique en de telles circonstances. Si la discrétion de l'exécutif en situation de crise est évidemment de mise, un minimum de clarté démocratique s'avère tout aussi indispensable.
PLASTIQUE – Loin d'être fantastique !
Le plastique pourrait être le pire ennemi de l'homme. Pollution, consommation de matières fossiles, ingestion de substances dangereuses pour l'organisme, la liste de ses méfaits est longue. Trop tard cependant pour s'en débarrasser, il est devenu indispensable
Bouteilles, DVD, petits meubles de rangement, stylos, semelles de chaussures, vêtements, sacs,… une longue liste d'objets avec un seul point commun : avoir dans leur composition du plastique. La matière révolutionnaire du 20e siècle nous entoure et submerge notre vie quotidienne. A tel point que pour Werner Boote, auteur de l'enquête (livre et film) Planet Plastic*, nous sommes dans l'"âge du plastique".
Une matière envahissante
"Aux âges de la pierre, du bronze et du fer a succédé celui du plastique. La quantité de plastique produite depuis les débuts les années 1960 suffirait à recouvrir la terre entière de six couches épaisses !", précise le documentariste autrichien dont le film, déjà sorti dans les salles autrichiennes, sera sur les écrans français en avril prochain. 260 millions de tonnes de plastique ont été produites en 2007, soit 30 kg environ par habitant de la planète. Des centaines de tonnes de plastiques usagés sont jetées dans la mer toutes les heures. Celui-ci se détériore lentement et finit par se fragmenter jusqu'à ressembler à de la poudre similaire à du plancton et que les poissons ingèrent à leur dépens. Aux larges des côtes californiennes, un vortex de détritus a été découvert en 1997 par le capitaine Charles Moore. "Il a observé sur place six fois plus de plastique que de plancton. Dix ans plus tard, lorsque je l'ai accompagné au large de Hawaï, il en a détecté soixante fois plus ! Aujourd'hui, des océanographes ont découvert d'énormes plaques de plastique dans l'Atlantique Sud, l'océan Indien et la mer du Nord.", s'inquiète Werner Boote dans un entretien accordé au Monde.
Si les risques de pollution sont connus, suite à l'enfouissement ou l'incinération des plastiques , ceux de l'ingestion directe des substances dangereuses présentes dans le matériau par les organismes humains ou animaux le sont moins. Pour les besoins de son enquête, le documentariste a donc fait une prise de sang, dont les résultats l'ont surpris : "Je savais certes, pour avoir lu des études, que chacun avait du plastique dans le sang. Je n'ignorais pas que mon sang contenait du Bisphenol A, mais j'ai été choqué de constater dans quelles proportions." La présence trop élevée de Bisphenol A est scientifiquement reconnue comme étant responsable de certains cas de cancers, de réactions allergiques et de l'infertilité masculine.
Allez, un effort !
Ces taux inquiétants diminuent avec le temps si nous limitons nos contacts avec les matières plastiques, mais cela reste plus facile à dire qu'à faire. Les industriels du plastique engendrent 800 millions d'euros de bénéfice par an, un marché lucratif donc. Des bioplastiques 100 % recyclables et inoffensifs pour la santé et la nature existent pourtant, mais ils ne représentent que 0,5 % de la production totale. Les industriels de la consommation font des efforts et essaient de réduire leur empreinte carbone. Après Coca-Cola, c'est au tour de Danone d'utiliser un composant d'origine végétale, issu de résidus de canne à sucre, dans la composition des bouteilles en plastique de la marque Volvic.
S'il semble impossible aujourd'hui de vivre sans plastique, des petits gestes peuvent faire beaucoup : mieux vaut ainsi utiliser les contenants en verre, prendre des sacs en tissu et privilégier des matières naturelles plutôt que synthétiques.
C'est entendu, le combat décisif de 2012 est encore loin et tout le monde fait comme si le temps n'est pas venu d'y songer. En réalité, chacun ne pense qu'à ça. Sous le couvert des journées parlementaires de droite à gauche, les guerres de position ont commencé. La politique relevant à la fois du billard à plusieurs bandes et du sport de combat où tous les coups sont permis, dans la plus franche camaraderie, il n'est pas toujours facile de cerner les calculs des uns et des autres. D'autant que parfois les intéressés eux-mêmes ne s'y retrouvent plus !
Le Centre, par exemple, est tellement partout qu'il finit par être nulle part. La nature ayant horreur du vide, les candidats pour le combler ne manquent pas. Hervé Morin est tenté de se lancer sabre au clair, mais le ministre de la défense n'est pas sûr de ses troupes. Son Nouveau Centre hésite d'autant plus à le suivre que François Fillon est venu raboter leur niche centriste en les ramenant au principe de réalité électorale. Et une autre vedette, Jean-Louis Borloo, se pose clairement en rassembleur des centristes au sein de l'UMP.
Dans le doute centriste, François Bayrou ne s'abstient pas. Il se donne même un gouvernement, un shadow cabinet, comme un président qui ne juge pas utile d'attendre 2012. Bien embrouillé de ce côté-là, avec un Dominique de Villepin également en embuscade, le jeu l'est tout autant à l'UMP où la nervosité gagne les prétendants. Certains, comme François Fillon, font mine de ne pas s'intéresser aux chaises musicales. Jean-François Copé, lui, colle à Nicolas Sarkozy pour gagner dès maintenant à l'UMP ou Matignon des points bonus pour 2017. On verra si le président marche dans la combine.
Quant aux socialistes, avant de se livrer dans quelques mois à leur propre course à l'échalote, y compris avec le reste de la gauche, ils font bloc pour rendre crédible leur alternative. Et là, les grandes manoeuvres ne font que commencer. Au lieu de buter tout de suite sur un programme, le PS ouvre le jeu en lançant l'appel au rassemblement des républicains. Il faut dire que Nicolas Sarkozy leur donne des arguments. Du moins pour l'instant.
Depuis 25 ans, la France vit sous la menace terroriste. Elle a lourdement payé dans les années 85-86 puis en 95-96, à des périodes où les conflits au Proche Orient et en Iran se conjuguaient avec les rivalités politiques en France. D'autres pays d'Europe ont ensuite été frappés et les attentats du 11 septembre 2001 à New York ont prouvé que nul n'est à l'abri du terrorisme international et de l'islamisme radical, en particulier celui d'al-Qaïda qui recrute et entraîne quelques djihadistes, y compris Français. On ne peut donc pas prendre à la légère les risques d'attentats puisqu'ils sont réels.
La menace est aussi permanente, ce qui n'est pas sans soulever quelques questions sur sa gestion médiatique. Depuis une semaine, le ministre de l'Intérieur et le directeur central du renseignement intérieur tirent la sonnette d'alarme sur la réalité et l'intensité accrue de la menace terroriste. On imagine qu'ils ont quelques éléments précis pour étayer leurs mises en garde qui ne sont pas nouvelles.
Car les piqûres de rappel sur la menace majeure sont quasiment annuelles. En juin déjà, le ministre de l'Intérieur insistait sur une menace réelle et précisait que deux attentats sont déjoués chaque année. C'est donc que les réseaux d'al-Qaïda et leurs raisons de cibler la France occupent quotidiennement les services secrets français. Mais la menace étant toujours présentée comme majeure, faut-il que chaque occasion prête à une dramatisation dont on ne voit pas bien le but ? L'accumulation des mises en garde ne peut que plonger le citoyen dans l'embarras de son impuissance et endormir sa vigilance.
On n'ose pas imaginer que cette dramatisation vise un autre dessein. Faire oublier quelques affaires embarrassantes, aux prolongements barbouzards suspects. Sur le modèle déjà décrit pas un autre ministre de l'Intérieur qui, pour détourner d'une affaire, conseillait d'en créer une plus grosse ! Ou de saisir l'occasion dont on sait qu'elle peut faire le larron. Comme pour Areva au Niger qui réglera peut-être enfin ses problèmes de sécurité dans les mines d'uranium, vitales pour la France.
Il faudrait être bien léger pour moquer la réunion hier soir à l'Elysée d'un conseil restreint sur la menace terroriste. Ou bien égaré dans ses rancœurs, comme Monsieur de Villepin, pour y déceler une cynique comédie. La menace terroriste est une réalité, comme sont malheureusement tout à fait réels les otages français enlevés au Niger… Reste cependant un malaise, un fond de suspicion. Il naît du bruyant tapage de notre ministre de l'Intérieur, Monsieur Hortefeux. Car l'Auvergnat n'est pas avare de ses alertes. Il aime à courir les commissariats pour dénoncer voyous et magistrats, et nous fait volontiers du Pasqua - mais sans l'accent qui faisait sourire quand on entendait l'ancien ministre « terroriser les terroristes ». Attention, Monsieur Hortefeux, à trop jouer le berger du conte qui criait au loup, on ne vous croira bientôt plus.
Alerte rouge sur le territoire français. Alerte rouge au Sahel. Depuis l'enlèvement de nos cinq compatriotes, jeudi, la France est doublement dans le viseur des terroristes. Ce n'est pas totalement une surprise.
Dans cette région de l'Afrique exposée à une emprise croissante des réseaux islamistes, plusieurs signaux l'annonçaient. La mort de quatre Français, en Mauritanie, en 2007. Les prises d'otages à répétition de ressortissants européens. Enfin, l'enlèvement et l'assassinat de Michel Germaneau, en juillet, au Mali.
Avant même la revendication d'hier soir, toutes les pistes menaient déjà à Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), la filiale nord-africaine de la « franchise » créée par Ben Laden.
Héritière du mouvement salafiste et des réseaux algériens des années 1990, cette organisation a, depuis quelques années, déplacé ses bases opérationnelles plus au sud. Dans cet espace qui, de la Mauritanie au Tchad, a longtemps été le terrain des méharistes français. Un espace immense, qu'aucun État ne contrôle. Comme en Afghanistan, en Somalie ou au Yémen, le vide politique attire, comme du miel, les réseaux terroristes.
C'est là que quelques centaines à peine d'activistes tiennent en échec et menacent directement les puissances occidentales. À commencer par la France, cible privilégiée d'Aqmi.
Il y a plusieurs raisons. Certaines sont anciennes, comme le ressentiment colonial. D'autres plus récentes, tels l'engagement en Afghanistan ou le raid franco-mauritanien de juillet contre une base terroriste. D'autres encore éminemment symboliques, comme le vote, la semaine passée au Sénat, de la loi interdisant le port du voile intégral. Véritable casus belli pour les esprits terroristes.
Le choix des otages indique aussi une raison plus classique, mêlant intérêts économiques et enjeux politiques. La présence d'Areva dans le nord du Niger n'est pas tout à fait celle d'une entreprise comme les autres, car la France importe de ce pays un tiers de l'uranium nécessaire à ses centrales nucléaires. Autant dire que l'indépendance énergétique française à l'égard du roi pétrole cache une autre dépendance, qui se joue en partie au Niger. La valeur politique de cette information ¯ autrement dit son prix ¯ n'échappe pas aux maîtres-chanteurs de l'islam radical, pour qui les prises d'otages sont à la fois une source de revenus et de communication politique.
En termes militaires, le conflit qui oppose toute puissance à des groupes terroristes professant un islamisme militant est, par nature, asymétrique. On peut même considérer que, depuis le 11 septembre 2001 et la traque d'Al-Qaida qu'il a déclenché, la force de frappe de ses réseaux a été sévèrement redimensionnée. Ce type de terrorisme ne s'en nourrit que davantage de symboles et de peurs. Depuis jeudi, aucun Français n'est en sécurité sur des milliers de kilomètres de semi-désert. Même jusqu'au Sénégal, la peur gagne. C'est en soi une victoire des terroristes.
C'est pourquoi la gestion de la peur est un thème si délicat. Les professionnels du renseignement le savent. Bien qu'ayant, chaque jour, conscience de l'alerte, ils la combattent en toute discrétion. Il est à souhaiter que les annonces répétées du ministre de l'Intérieur sur leur actuel état d'alerte n'ait qu'une seul fin : rappeler la réalité du risque terroriste. Toute autre visée politique serait déplacée.
“Informer, ne pas alarmer” explique maintenant le ministère de l’Intérieur. C’est qu’à trop brandir le spectre d’Al-Qaïda, on finit par affoler les populations. Les “services” spécialisés, ces jours-ci, n’ont cessé de distiller d’angoissantes nouvelles. Quitte à les démentir ensuite.
Une femme kamikaze sillonne Paris, prête à provoquer un carnage. Une bombe pourrait bientôt sauter dans le métro. L’internationale des “barbus” prépare un attentat chez nous. L’interdiction de la burqa, le raid militaire au Sahel, notre maintien en Afghanistan… tout les pousse à une cruelle vengeance.
Mais la menace ne date pas d’hier, Vigipirate non plus. Les Français n’ignorent rien du danger potentiel qui les guette. Pourquoi les inquiéter, soudain, avec une telle insistance ? D’autant que le citoyen lambda, à part surveiller les sacs du voisin, n’a aucun moyen d’enrayer le jihad.
M. de Villepin dénonce “une communication cynique” du gouvernement. Les appels à la vigilance anti-terroristes relèveraient d’une basse stratégie. Une manière de détourner l’attention, à la veille d’une “manif” redoutée…
L’ex-Premier ministre, aigle royal en quête de perchoir, ne manque pas d’arguments. Reste que les islamistes rêvent d’une chose : nous voir perdre notre sang-froid. Pour ne pas leur procurer ce plaisir, mieux vaudrait éviter les bisbilles politiciennes. Au moins sur ce terrain-là…
C’est la rentrée du catéchisme. De nombreux parents y voient un lieu privilégié de transmission de valeurs comme l’amour, le partage. Il l’est effectivement. Mais son ambition est bien plus forte : il vise à transmettre le croire chrétien, à faire passer d’une génération à l’autre les « choses de la foi ».
Dans une société qui ne sait pas toujours quoi léguer aux plus jeunes parce qu’elle doute de son avenir, prétendre faire passer quelque chose de l’ordre d’un croire semble totalement illusoire : il est déjà si difficile de transmettre des savoirs… Pourtant, les paroisses n’y ont pas renoncé, malgré la baisse de fréquentation du catéchisme. La catéchèse apparaît même comme un lieu de grande vitalité dans l’Église de France, aussi bien sur le terrain que dans la formation et dans la recherche théologique.
Les communautés chrétiennes ont fait évoluer les formes et les pratiques catéchétiques simplement parce que les manières de vivre évoluent. Dans un contexte de crise de la transmission, elles ont adapté leurs propositions pour tenir compte des nouveaux rythmes de vie et des nouveaux rapports de l’individu au temps, à l’espace, à autrui, et d’une culture dominante de plus en plus étrangère au christianisme. De fait, le catéchisme d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui d’hier.
En certains lieux, le catéchisme est passé du mercredi au dimanche. Ce changement de calendrier peut paraître anecdotique. Mais il manifeste que la responsabilité de la transmission ne repose pas sur quelques-uns mais sur toute la communauté de foi et qu’elle est indissociable de la vie liturgique. La catéchèse peut alors devenir initiation à la vie de la communauté chrétienne.
Et si des propositions sont faites simultanément aux parents, c’est bien sûr pour leur permettre d’approfondir leur vie de foi, mais aussi pour les conforter dans leur mission de transmission. C’est à eux, en effet, que les enfants accordent en premier lieu leur confiance et, de fait, ce sont eux qui portent la responsabilité première de l’initiation chrétienne, qui consiste avant tout à faire passer ce qui constitue le meilleur de l’existence. Aucune séance de catéchisme ne pourra s’y substituer.
La crise politique que traverse actuellement la Belgique est emblématique d'un profond malaise européen. Trois mois après les dernières élections législatives, remportées par le parti indépendantiste flamand, le pays n'a toujours pas de gouvernement. Certains politiques wallons, d'abord sereins, envisagent désormais la possibilité d'une désintégration d'un pays écartelé entre des communautés wallonnes et flamandes que tout semble opposer. Pourtant, la diversité n'est pas un obstacle fatal pour les Etats-nations. L'Espagne et le Royaume-Uni, malgré d'importantes tensions séparatistes, ont fini par combiner régionalisme et unité nationale. Les Etats-Unis, temple du communautarisme, ne menacent pas d'exploser.
Dans les faits, la diversité ébranle l'intégrité nationale lorsqu'elle s'accompagne de forts transferts intercommunautaires. Ce que les Flamands reprochent aux Wallons, ce n'est pas de parler français, mais de bénéficier d'une protection sociale généreuse financée par leurs impôts. Les Italiens du Nord ne sont pas hostiles au mode de vie flegmatique de leurs compatriotes du Sud, mais ils ne veulent pas les subventionner.
Ce conflit entre ouverture à l'autre et générosité financière peut sembler paradoxal, mais il n'est pas propre à l'Europe. Si les Américains n'ont pas de réticence à voir coexister sur leur territoire des modes de vie radicalement différents, ils ne sont pas prêts à étendre leur solidarité et leurs efforts au-delà d'un cercle de proximité étroit, leur « communauté ». Ce déficit de capital social, d'intérêt pour le bien commun, se traduit concrètement dans leur vie quotidienne. Alberto Alesina, professeur à Harvard, a par exemple découvert que les villes américaines à forte diversité (culturelle, sociale) sont aussi celles où les services publics sont de moins bonne qualité. Les poubelles y sont relevées moins souvent, les bibliothèques municipales plus petites, le tout-à-l'égout déficient, les programmes d'aide sociale moins développés. Contrepartie de la diversité, l'absence de solidarité collective a parfois un prix politique : les pays les plus hétérogènes ont des gouvernements plus instables, quand ils ne sont pas plus autoritaires.
La diversité, qui est l'immense richesse du continent européen, pourrait donc bien aussi être le fossoyeur de l'ambition fédéraliste. La triste affaire des Roms roumains, de ce point de vue, est une nouvelle illustration de ce principe d'arbitrage entre diversité et solidarité. Aucun Etat de l'Union, même la Roumanie, ne considère le peuple nomade comme une partie de sa propre communauté. Chaque Etat les expulse, sans chercher vraiment à résoudre leur problème. Les Roms n'étant le problème de personne, ils deviennent celui de la Commission européenne, qui, comme elle émane de communautés trop différentes (les Etats européens dans leur diversité), n'a pas les moyens de les protéger au-delà des postures moralisatrices.
Bien que rarement explicité comme tel, le dilemme entre générosité et tolérance imprègne également les questions de politique intérieure. En cette période de précampagne, il apparaît en filigrane dans la plupart des débats. Les partis cherchent à se différencier sur l'axe solidarité-diversité, mais ils n'osent pas formuler l'existence d'un arbitrage. L'ambiguïté des discours peine à cacher de graves conflits internes. La droite, sur son versant libéral, montre à certains égards une capacité à embrasser plus de diversité culturelle, mais avec comme contrepartie inévitable (et inavouable à une partie de son électorat) l'évolution vers un modèle communautariste doublé d'un frein à la redistribution des richesses. La gauche, avec pour référence historique l'égalité des conditions, pousse implicitement pour l'homogénéité culturelle (c'est le sens du républicanisme) sans oser se l'avouer. Ses invocations récurrentes au modèle scandinave sont l'aveu de ce malentendu : on ne peut pas avoir un niveau de redistribution à la suédoise et une diversité à l'américaine.
Augustin Landier est professeur de finance à la Toulouse School of Economics et David Thesmar à HEC.
L'Irlande paie cher le prix du doute. Doute sur ses comptes publics, doute sur ses capacités de redressement, doute sur l'état réel de son secteur bancaire. Doute, pour tout dire, sur la solvabilité même de l'Etat.
Il fallait donc d'urgence casser cette spirale infernale. Alors qu'il n'a aucun besoin de trésorerie puisque son financement est assuré jusqu'en mai 2011, le Trésor irlandais a décidé hier de tester courageusement l'eau froide des marchés financiers et de lever 1,5 milliard d'euros. Il fallait éteindre la spéculation qui gagnait le commerce de sa dette. Prouver qu'à la différence de la Grèce, sa compagne d'infortune au sein de la zone euro, l'Irlande était encore capable d'emprunter de l'argent à long terme. Montrer au monde qu'elle n'aurait pas besoin de faire appel au Fonds monétaire international comme on commençait à le susurrer sur les marchés. De ce point de vue, l'opération a été un franc succès. La dette irlandaise a trouvé preneur. Mais à un taux de 6 % sur huit ans, c'est un succès au goût amer.
Un goût d'autant plus amer que, depuis le début de la crise, l'Irlande suit à la lettre, avec une rigueur toute celtique, la prescription classique pour retrouver les faveurs des investisseurs. Au terme de trois plans de rigueur en deux ans - un quatrième est même en préparation -les salaires des fonctionnaires ont ainsi été réduits de 13 %, ce qui n'est facile nulle part mais encore moins dans un pays dont les finances publiques sont surtout plombées par le sauvetage du secteur bancaire. Que les fonctionnaires paient pour les banquiers aurait provoqué des émeutes n'importe où ailleurs !
On notera que les efforts de l'Irlande mais aussi ceux de la Grèce, du Portugal et surtout de l'Espagne ont fini par convaincre les marchés financiers que la zone euro n'était plus à la merci d'un risque systémique sur un de ses Etats membres. L'emballement de ces derniers jours sur la dette irlandaise n'a aucunement affecté l'euro, au contraire. Mais les fragilités sont toujours là. On peut même craindre qu'elles ne s'aggravent. L'augmentation du coût de refinancement des Etats les plus vulnérables de la zone est un poison qui agit lentement. Couplée à une rigueur excessive, elle peut conduire à l'asphyxie. L'euro n'est pas sorti de la zone de danger.
Que doivent s'interdire les vivants avec le corps des morts ? Hasard de l'actualité, des réponses nettes à cette question cruciale viennent d'être fournies la même semaine. Leurs deux sources : une importante décision de justice, rendue le 16 septembre par la première chambre civile de la Cour de cassation, et un avis du Comité consultatif national d'éthique.
La décision de la Cour de cassation est remarquable, car elle s'appuie sur des principes éthiques, et pas seulement juridiques, pour déclarer que sont finalement illégales, en France, les expositions de cadavres humains « plastinés ». En 2009, l'exposition « Our Body », organisée à Paris par la société Encore Events, avait été interdite, et le jugement confirmé en appel, mais pour un autre motif : les corps exhibés étaient probablement ceux de condamnés à morts chinois, dont le libre consentement demeurait pour le moins douteux.
Cette fois, la plus haute instance judiciaire française insiste sur le fait que ce type d'exposition est contraire à l'article 16-1-1 du Code civil, stipulant que « les restes des personnes décédées » doivent être traités avec « respect, dignité et décence ». Or ces morts humains - parfaitement conservés, rendus transparents par le remplacement des liquides organiques par du silicone -étaient exhibés dans des postures et situations ludiques. Les uns jouaient au ballon, d'autres tiraient à l'arc ou faisaient du jogging. Pourtant, à la réflexion, l'indignité n'est pas dans ces gestes, en eux-mêmes quotidiens. Elle réside dans le fait de refuser l'ombre aux cadavres de nos semblables, de les priver de la nuit et de l'invisible. Ce point semble d'abord mince ou paraît trop subtil. En fait, il est décisif.
Preuve en est, l'avis rendu par le Comité consultatif national d'éthique, le 111 e publié par cette institution (voir www.ccne.fr). Texte passionnant, car il ne se contente pas de réfléchir au problème soulevé par ces expositions récentes. Il élargit le débat, aborde également la question des fragments de corps humains exposés depuis le XIX e siècle dans différents musées - qu'il s'agisse des momies égyptiennes ou des têtes maories. L'avis du CCNE applique judicieusement l'antique critère de la règle d'or : ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît.
Voudriez-vous, vraiment, que votre dépouille mortelle fasse du vélo en public ? Supporteriez-vous, sincèrement, que votre mère, votre père, vos proches les plus intimes, soient exhibés post mortem pour instruire les foules en les distrayant ? Si ce n'est pas le cas, si malaise et répulsion vous envahissent à cette idée, pourquoi donc acceptez-vous que les cadavres des autres - peuples anciens et lointains, individus anonymes et négligeables… -se trouvent soumis à pareils traitements ?
En prolongeant la réflexion, on arriverait à des clivages plus radicaux. Il faudrait expliquer pourquoi une part d'ombre est nécessaire à la vie et pourquoi tout voir, partout et tout le temps, comme on le désire aujourd'hui, n'est ni souhaitable ni humain. Même s'il ne se démontre pas logiquement, le droit des morts au repos, à l'invisibilité, à la sépulture est vieux comme l'humanité. Il est aussi évident que ces lois - non écrites, éternelles -dont se réclame Antigone qui, chez Sophocle, préfère mourir que de laisser sans tombe son frère Polynice. Sur l'autre versant, notre époque est travaillée en profondeur par le fantasme d'en finir avec les parts d'ombre.
Nous nous rêvons devenus capables d'absolument tout voir - que ce soient les zones du cerveau pendant qu'il pense, les amants pendant qu'ils jouissent ou les cadavres pendant qu'ils gisent. Au point qu'il nous arrive d'oublier le mot d'Héraclite : « Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face. » Il nous enseigne que la part du monde que nous habitons se tient entre pure clarté et noires ténèbres - sans que nous n'ayons jamais un plein accès ni à l'une ni à l'autre. Il n'est pas inutile qu'à sa manière l'actualité le rappelle.
Les principaux engagements pour 2011
Répondant à l'objectif de lisibilité des tarifs bancaires fixé par Christine Lagarde, les établissements bancaires prévoient de mettre en place plusieurs mesures phares entre le 1 er janvier et le 30 juin 2011.
Dispositif spécial pour les clientèles fragiles
C'est un des points qui tient le plus à coeur à Christine Lagarde pour éviter « les cascades de frais qui s'appliquent bien souvent ». Les banques se sont engagées à mettre en place à partir du 30 juin 2011 un « forfait sécurité » avec des moyens de paiement visant à prévenir les incidents comme, par exemple, une carte antidépassement ou l'absence de chéquiers. Elles devront en faire une présentation « spéciale » dans les plaquettes et alerter leurs clients sur le niveau de solde.
Dans le cadre de ce forfait, les frais pour incidents, « notamment les commissions d'intervention », seront limités en nombre, « soit par jour, soit par mois », tout en laissant à l'établissement la liberté de fixer cette limite. Surtout, ils seront divisés par deux par rapport au tarif actuel. Mais, nuance de taille, le texte indique qu'ils pourront aussi être fixés « à un niveau modeste ». Si Christine Lagarde a indiqué par voix orale lors de la conférence, que le niveau maximum pourrait être de 5 euros pour les établissements qui pratiquent un niveau déjà faible, les discussions sur la définition du terme « modeste » promettent d'être intenses. De même, celles sur le terme de clientèle dite « fragile » qu'il reviendra a priori au Comité consultatif du secteur financier (CCSF) de définir. Dans tous les cas, les banques devront présenter « courant octobre ou novembre », le dispositif qu'elles auront décidé de mettre en place.
10 tarifs standards en tête des plaquettes
Pour faciliter la comparaison des prix par le consommateur, les banques devront présenter en tête des nouvelles plaquettes tarifaires 2011, une liste avec le prix de 10 services standards, commission d'intervention incluse. Elles devront aussi présenter au CCSF un sommaire type de présentation des plaquettes tarifaires pour une mise en place l'an prochain. Et, au 1 er avril, appliquer les termes harmonisés qui seront définis par le CCSF et le Comité français d'organisation et de normalisation bancaires (CFONB) d'ici à fin 2010.
Mise en place du relevé mensuel
Il s'agit de l'élément qui déplaisait sans doute le plus aux banques en raison de la nécessité de certains investissements informatiques. A partir du 30 juin 2011, les banques feront figurer le total mensuel des frais bancaires dans les relevés mensuels de compte.
Création des forfaits personnalisables
Alors que les « packages bancaires », utilisés, selon la ministre, par 60 % de la clientèle des banques, sont régulièrement critiqués pour leur manque de transparence et leur cherté, les banques se sont engagées à créer une nouvelle génération de forfaits. « Avant le 1er juin 2011, les banques devront impérativement proposer des forfaits personnalisés pour les besoins du client », a précisé Christine Lagarde. Elles devront en outre garantir que les forfaits présentent « toujours » un avantage tarifaire par rapport à l'offre à la carte.
Création du virement de proximité
Souhaitant faciliter les paiements quotidiens, la ministre de l'Economie veut que les établissements bancaires étudient la mise en place « d'un nouveau virement de proximité », déjà utilisé par certaines banques mais qui devra être généralisé et pourrait passer par l'utilisation du téléphone portable. A cet égard, elle réunira mi-octobre les dirigeants des banques de détail pour le développement du projet.
Christine Lagarde s'invitera enfin en juin à l'une des réunions du Comité consultatif du secteur financier « pour faire un point » avant le 30 juin, date butoir pour l'entrée en vigueur des principales mesures.
RÉJANE REIBAUD, Les Echos
Jean-Claude Mailly : «On ne peut exclure une radicalisation du conflit»
Le secrétaire général de FO plaide pour une suite rapide à la mobilisation de jeudi, estimant que seul un vrai rapport de forces peut faire reculer Nicolas Sarkozy sur un projet dont il fait un marqueur politique et un élément du plan d'austérité.
Quel objectif fixez-vous aux mobilisations de demain ?
Il faut faire au moins aussi bien que le 7 septembre. Les remontées du terrain sont positives. Le vote de la réforme par les députés n'a pas découragé les salariés, loin de là, et la mobilisation devrait être forte.
Mais même en cas de succès, le problème reste le même pour les syndicats : le calendrier se resserre et l'usure guette…
Si le 23 est réussi, il faudra organiser une suite rapidement, et surtout s'interroger sur les modalités d'actions. C'est simple : soit on continue à mettre l'accent sur les manifestations, soit on le met sur les arrêts de travail. Si le gouvernement reste inflexible, il faudra bien que l'intersyndicale se penche sérieusement sur la deuxième option. Les manifestations saute-mouton sont vouées à s'essouffler, on le sait tous ! C'est précisément ce qui s'était passé en 2009 et nous ne sommes pas dans le cas de figure du CPE en 2006, où les étudiants et les lycéens pouvaient se remobiliser très vite. Les salariés et les syndicats ne doivent pas s'y tromper : seul un vrai rapport de forces peut faire reculer Nicolas Sarkozy sur un projet dont il fait un marqueur politique et un élément du plan d'austérité. J'ai toujours dit qu'avoir un président qui gouverne créerait des situations de surenchères en supprimant le rôle de fusible et de tampon du Premier ministre. On est désormais en plein dedans.
Certains, comme la CFDT et l'Unsa, sont plutôt favorables à une mobilisation en week-end…
Ce n'est pas la tasse de thé de FO. Je doute de l'efficacité de cette approche, à mi-chemin entre l'ac-tion syndicale et l'action citoyenne.
Vous défendez une grande grève mais lundi, Bernard Thibault a dénoncé vos « appels incantatoires » à la grève… Doutez-vous de sa volonté de lutter jusqu'au bout ?
Je ne veux pas tomber dans le piège de la polémique. Les syndicats seront amenés à tirer entre eux le bilan à la fin du conflit mais l'heure est à l'unité d'action. Pour qu'une grève ait une chance de fonctionner, il faut que toutes les organisations syndicales y appellent. Que fera la CGT ? C'est à elle qu'il faut le demander ! De toute façon, c'est le terrain qui décidera, comme toujours. On y verra déjà beaucoup plus clair jeudi soir et les jours suivants sur la dynamique réelle du mouvement. Et il faut arrêter de caricaturer la position de FO : nous n'avons jamais appelé à la grève générale. Nous défendons une grande journée de grève nationale, plus à même de peser selon nous, et après, le terrain décidera d'éventuels mouvements reconductibles.
Voir FO en chantre de l'unité intersyndicale étonne…
L'unité d'action est indispensable mais elle ne veut pas dire unicité syndicale ni syndicat unique, comme d'aucuns le souhai-teraient. FO est dans l'unité d'action tout en affirmant ses spé-cificités et ses revendications.
Mais en étant la seule, avec Solidaires, à appeler au retrait du projet, FO ne s'est-elle pas isolée, à l'ombre du duo CFDT-CGT ?
La position de FO est claire, connue depuis longtemps et mobilisatrice. Il faut une réforme des retraites mais pas celle-là. Nous avons fait des propositions en matière de financement qui ont le mérite d'assurer l'équilibre financier pour toutes les générations. Chaque organisation salariale est libre de ses positions et positionnement, y compris quand un duo se forme pour les raisons qui ont à voir avec la réforme de la représentativité syndicale. FO est là et bien là, et le sera encore pour longtemps.
Au-delà des discours, on sent les syndicats sceptiques sur l'issue du conflit. Peut-on vraiment aller vers une crise sociale d'ampleur ?
La situation est très particulière. Je ne sais pas ce qu'il se passera ou non ces prochaines semaines mais je sais qu'absolument tout peut arriver tant le pays est marqué par les inégalités. On ne sent pas encore de radicalisation mais on ne peut absolument pas l'exclure. Les salariés ont parfaitement compris qu'on leur fait payer les conséquences de la crise financière et ne l'acceptent pas. Ils constatent aussi que les grandes promesses de changement de modèle face à la crise ont fait long feu. Nicolas Sarkozy reste figé sur la même logique comptable, obsédé par la note de la France sur les marchés boursiers. Aujourd'hui, le gouvernement veut réduire les dépenses sociales au nom du maintien d'une politique économique qui en France et ailleurs a conduit à la crise. Et de nouvelles inégalités se profilent avec les mesures annoncées sur l'assurance-maladie et la réforme à venir de la dépendance, que le gouvernement va tenter de faire basculer sur l'assurance privée. Sans oublier la dégradation continue des services publics.