La Bourse d'Athènes a clôturé en forte hausse de + 14,37 %, lundi 29 août, après l'annonce de la fusion des deuxième et troisième banques grecques Eurobank et Alpha, avec le soutien du Qatar, pour créer le premier établissement bancaire du pays et lancer la très attendue restructuration du secteur.
Les deux banques ont indiqué dans la foulée qu'elles allaient, au prix de lourdes pertes,
échanger les obligations d'Etat grecques qu'elles détiennent, devenant ainsi les premiers créanciers privés grecs à
annoncer officiellement leur participation au plan de sauvetage de leur pays. La nouvelle entité,
Alpha Eurobank, sera la plus grande banque privée de Grèce et des Balkans, dotée de 146 milliards d'euros d'actifs. La nouvelle banque sera également dans les trois premières positions en Bulgarie, à Chypre, en Roumanie et en Serbie.
Le fonds qatari Paramount, déjà actionnaire à hauteur de 5 % du capital d'Alpha, prendra 17 % de la nouvelle entité, en apportant 500 millions d'euros d'argent frais sous forme d'obligations convertibles.
"Nous annonçons un mariage qui crée la plus grosse banque de Grèce. Il s'agit d'un grand pas en vue de la rationalisation du système bancaire grec", a souligné le nouveau président,
Iannis Costopoulos, issu d'Alpha.
"Il s'agit du premier investissement majeur en Grèce depuis des années et d'un vote de confiance pour le pays. Nous pensons qu'il en amènera d'autres", a-t-il ajouté.
"MESSAGE DE CONFIANCE"
Les trois actionnaires principaux vont
participer à un projet de renforcement du capital conjoint portant au total sur quelque 3,9 milliards d'euros, dont une augmentation de capital de 1,25 milliard prévue début 2012. La fusion doit
être finalisée avant la fin de l'année.
"La participation du Qatar qui bénéficie de la note AAA nous donne une certaine force pour réduire nos coûts d'endettement", a indiqué Nicolas Nanopoulos, qui va
être l'un des deux directeurs généraux du nouveau groupe, au côté de
Dimitris Matzounis.
Les actionnaires d'Eurobank recevront cinq nouvelles actions Alpha pour sept titres Eurobank, donnant ainsi 57,5 % du capital de la nouvelle entité aux actionnaires actuels d'Alpha et 42,5 % aux actionnaires d'Eurobank. Le ministre des finances grec,
Evangélos Venizélos, a salué une
"évolution positive".
"Il est important que le Qatar participe et investisse en Grèce, envoyant à l'étranger un message de confiance" dans l'économie, a ajouté le ministre dans un communiqué où il a réaffirmé sa confiance dans le système bancaire national
"totalement sûr".
La Bourse d'Athènes, qui avait atteint en août son plus bas niveau depuis quinze ans, a flambé de 14,37 % en clôture. Il était temps. En août, les titres des banques grecques, comme d'autres en Europe, ont été lessivés en Bourse, les marchés exprimant leurs doutes sur les chances de réussite du plan européen de sauvetage de la zone euro décidé le 21 juillet et d'adaptation du secteur bancaire à la crise de la dette.
LA FINLANDE BIENTÔT CONVAINCUE
Le plan international prévoit une participation volontaire du secteur privé, dont la Grèce attend désormais confirmation, à la restructuration de la dette grecque, ce qui équivaut pour les banques à
perdre 21 % sur les obligations d'Etat grecques qu'elles détiennent. Ces pertes ont d'ores et déja été intégrées par les deux banques fusionnées, qui ont chacune annoncé dans la foulée lundi un résultat net dans le rouge au premier semestre, en raison des provisions qu'elles ont dû
inscrire dans leurs comptes pour
couvrir la décote attendue.
Par ailleurs, le président de l'Eurogroupe,
Jean-Claude Juncker, a annoncé que les pays de la zone euro étaient
"tout près" de
conclure un accord sur les demandes de la Finlande en vue d'
obtenir des garanties financières en échange des nouvelles aides à la Grèce, critiquant l'attitude de Helsinki.
"Nous sommes tout près de trouver une solution" dans le cadre de négociations en cours entre hauts fonctionnaires des pays de l'Union monétaire, avec
"une proposition qui, je crois, va satisfaire tous les Etats membres de la zone euro", a déclaré M. Juncker, au cours d'une audition devant le Parlement européen.
Il a rappelé qu'une réunion des ministres était déjà prévue les 16 et 17 septembre en Pologne
"et cette question sera réglée au plus tard à cette date". M. Juncker n'a pas voulu
donner de détails sur le contenu du compromis en vue.
"JE N'AIME PAS LES ARRANGEMENTS BILATÉRAUX ENTRE ÉTATS"
Le gouvernement finlandais, aiguillonné par le succès électoral du parti eurosceptique des Vrais Finlandais, exige de
recevoir des garanties de la part de la Grèce en échange de tout nouveau prêt de sa part, dans le cadre du deuxième plan de sauvetage promis à Athènes. Il s'appuie sur une déclaration du sommet extraordinaire des dirigeants des pays de l'Union monétaire, le 21 juillet, qui avait ouvert la voie à de telles garanties, mais sans
préciser sous quelle forme.
M. Juncker a tancé au passage les exigences de la Finlande, qui font
craindre un échec du second plan d'aide à la Grèce censé
éviter la faillite du pays, lourdement endetté.
"Moi, je n'aime pas ce mécanisme" de garanties dites
"collatérales" pour les prêts à la Grèce,
"je n'aime pas les arrangements bilatéraux conclus entre Etats", a dit M. Juncker.
"Le Conseil [organe des dirigeants de la zone euro] s'est réfugié dans une formulation vague qui fait que les autorités finlandaises se sont cru autorisées à conclure un arrangement bilatéral qui ne tient pas la route", a-t-il dit.
"Ne pensez pas que ce problème nous empêchera de traduire dans leur réalité les éléments du 21 juillet", a assuré le président de l'Eurogroupe, forum des ministres des finances de la zone euro.