Observer un tableau, s'en rapprocher pour mieux le voir... et "perdre l'équilibre". C'est ce qui est arrivé, vendredi 22 janvier à une étudiante en art new-yorkaise au Metropolitan museum of art (Met). Le tableau qui l'intéressait tant – et l'avait peut-être émue – est L'Acteur de Picasso, qui représente... un acrobate.
Peint par l'artiste entre 1904 et 1905, lors de sa période rose, L'Acteur n'a pas apprécié. La malheureuse étudiante a balafré dans sa chute la toile sur une quinzaine de centimètres, dans son coin inférieur droit.
Dans un communiqué, le MET a indiqué que la toile avait immédiatement été envoyée vers les ateliers de ce gigantesque musée. Les restaurateurs vont tenter une répération "discrète" du tableau afin qu'il soit présentable lors de l'exposition Picasso prévue à partir du 27 avril. Le Met avait fait l'acquisition de ce tableau en 1952.
lundi 25 janvier 2010
Un Picasso accidentellement abîmé par une étudiante
L'ACTA, le traité secret qui doit réformer le droit d'auteur
Le sixième round de négociation du traité ACTA sur la propriété intellectuelle doit débuter demain au Mexique. Ce texte, dont le contenu exact est maintenu secret, doit fixer les orientations politiques en matière de droit d'auteur de ses signataires, dont l'Union européenne.
Qu'est-ce que ce traité ?
L'Anti-counterfeiting Trade Agreement (ACTA) est un traité international sur le droit d'auteur, négocié de façon informelle entre une dizaine de pays ou d'organisations (Australie, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande, Mexique, Jordanie, Maroc, Singapour, Etats-Unis, Union européenne, Suisse, Japon, Emirats arabes unis et Canada), depuis 2007.
Le but du traité serait d'harmoniser la manière dont ces pays protègent la propriété intellectuelle, tant en ce qui concerne la contrefaçon "classique" (médicaments...) que la contrefaçon numérique (téléchargement illégal).
Que contient-il ?
Les négociations autour de l'ACTA étant secrètes, le contenu exact du texte est inconnu. Plusieurs documents de travail ont toutefois été publiés sur le Web, notamment sur le site Wikileaks, spécialisé dans la publication anonyme de documents confidentiels.
Les documents publiés, parmi lesquels des documents de travail de l'Union européenne, ont laissé entrevoir plusieurs mesures étudiées par les négociateurs :
* L'obligation pour les fournisseurs d'accès à Internet de fournir l'identité du propriétaire d'une adresse IP (Internet Protocol), sans mandat judiciaire, aux organismes de défense des ayants-droit.
* La possibilité pour les douaniers et gardes-frontières de confisquer ordinateurs, baladeurs ou disques durs contenant des fichiers contrefaits, comme des morceaux de musique téléchargés illégalement.
* Le durcissement des sanctions pour la violation des mesures techniques de protection (Digital rights management systems, DRM), comme les logiciels anti-copie présents sur les DVD.
La Commission européenne affirmait fin 2008 que les documents publiés à l'époque par Wikileaks ne correspondaient pas au contenu du traité, celui-ci n'étant pas encore rédigé, et que ce qui était présenté comme des documents de travail n'en étaient pas.
Pourquoi inquiète-t-il les organisations de défense des internautes ?
Les mesures présentes dans les documents publiés par Wikileaks font craindre aux organisations de défense des libertés, comme l'Electronic Frontier Foundation aux Etats-Unis ou la Quadrature du Net en France, que l'accord ne respecte pas le droit à la vie privée ou les droits de la défense des citoyens mis en cause.
Surtout, ces organisations estiment qu'un traité de cette portée ne devrait pas être négocié en secret. Dans plusieurs des pays participant aux négociations, ces associations ont déposé des demandes au titre des "Freedom of information acts", ces lois qui permettent de demander accès aux documents publics. Toutes les demandes ont jusqu'ici été refusées ou très partiellement accordées.
Les associations ne sont pas les seules à demander davantage de transparence dans ces négociations. Le Parlement européen a lui aussi demandé à la Commission de rendre les documents publics. Aux Etats-Unis, ce sont des sénateurs qui ont demandé à Barack Obama de publier les textes. En droit américain, l'ACTA ne serait en effet pas un traité, soumis à l'approbation du Congrès, mais un "accord exécutif", signé par le président avec force de loi sans que les parlementaires soient consultés.
Enfin, ces organisations craignent que le texte suive de près les recommandations des groupes d'intérêt, comme la Pharmaceutical Research and Manufacturers of America ou la Recording Industry Association of America.
Comment avancent les négociations ?
Les pays se réunissent à partir de ce mardi au Mexique, pour un sixième round de discussions. Une septième rencontre est prévue pour le mois d'avril, vraisemblablement en Nouvelle-Zélande. Les négociateurs souhaitent parvenir à un texte final cette année. D'après les rares informations ayant filtré sur les négociations, tous les pays ne sont pas d'accord sur au moins deux points : les garanties à apporter pour assurer la protection de la vie privée des citoyens, et l'extension des pouvoirs des douaniers, défendue principalement par les Etats-Unis.
Enfin, la portée du traité est incertaine. Si plusieurs des principales économies mondiales participent aux négociations, elles n'incluent ni la Chine, ni la Russie, ni l'Inde ou le Brésil. Une clause du traité prévoirait toutefois des facilités d'adoption du texte pour les pays en voie de développement, une fois ce dernier adopté.
Le Monde.fr
Rouvrir les maisons closes?
Selon la députée Chantal Brunel (UMP), la loi contre le racolage votée en 2003 a dégradé la situation des prostituées.
Iconoclaste, la députée (UMP) de Seine-et-Marne Chantal Brunel prône la réouverture "minutieusement contrôlée" des maisons closes, dans un livre à paraître le 28 janvier: Pour en finir avec les violences faites aux femmes (Le Cherche Midi). Selon l'élue, la loi contre le racolage actif et passif, votée en 2003 sous les auspices de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, n'a fait que dégrader davantage la situation des prostituées, en les contraignant à se terrer, ce que dénoncent toutes les associations. Les maisons closes auraient l'avantage d'assurer une "protection médicale, juridique et financière" à cette "profession" si particulière, avance Chantal Brunel.
Les salaires des patrons déconnectés des performances boursières, déplore Hirsch
Les salaires des patrons de certaines entreprises, à "petite" capitalisation boursière, sont déconnectés des performances de leurs actions en Bourse, a déploré le Haut commissaire aux Solidarités actives Martin Hirsch dans une tribune parue dans les Echos lundi.
Selon M. Hirsch et Jean Gatty, président d'une société de gestion de portefeuille, qui ont co-écrit le texte, les règles de rémunération des dirigeants reposent "sur un principe implicite : peu importe le niveau des rémunérations, qui peuvent être très élevées, pourvu que leur évolution suive la performance de l'entreprise, à court et à moyen termes".
Mais, poursuivent-ils, "l'analyse de la rémunération des patrons des 90 sociétés qui composent l'indice représentatif des +petites+ capitalisations françaises (le Small
90), avec un chiffre d'affaires moyen de 375 millions d'euros, montre toutefois que le capitalisme français reste loin du compte".
Car "surprise troublante : moins l'action de l'entreprise a progressé depuis 2001, plus le patron a gagné d'argent en 2008".
Selon leurs calculs, "les 9 actions qui ont le plus progressé depuis 2001 (+640% d'appréciation moyenne) sont celles des 9 patrons les moins bien payés (203.000 euros en 2008)".
"A l'autre extrême, les 9 actions les moins performantes (76% de dépréciation moyenne depuis 2001) sont celles des 9 patrons les mieux payés en 2008, avec 675.000 euros en moyenne".
Pour les co-auteurs, "le constat est sans appel : dans ces entreprises représentatives des petites sociétés cotées françaises, à quelques exceptions près, le niveau de rémunération des patrons est inversement proportionnel à la création de valeur pour l'actionnaire".
Le patron d'EDF et Veolia, Henri Proglio, a dû renoncer la semaine dernière aux 450.000 euros annuels que devait lui verser Veolia en plus de 1,6 million perçu chez EDF.
Elle raconte un mois de calvaire sous la burqa
Alors que les deux tiers des Français réclament une loi sur la burqa, une femme, non musulmane, témoigne de l’épreuve qu’elle a vécue en passant volontairement un mois sous un voile intégral.
C’est l'un de ces débats de société cacophoniques à souhait, dont la France a le secret. A l’origine, un voeu, celui de clarifier : interdire ou non le port de la burqa dans l’espace public. Un débat lancé par André Gerin, député (PCF) du Rhône, qui, en juin dernier et dans nos colonnes, propose une résolution et réclame une commission d’enquête parlementaire sur ces femmes intégralement voilées qui seraient au plus 2 000 dans l’Hexagone.
Un débat confus
Après plus de six mois d’auditions et d’écharpages politiciens, et alors qu’un imam vient pour la première fois de se déclarer favorable à l’interdiction, la mission parlementaire s’achève dans la confusion. Demain, c’est un texte en demi-teinte, ne satisfaisant personne pleinement, qui sera remis au président de l’Assemblée, Bernard Accoyer. Il préconise le vote d’une loi interdisant la burqa dans l’ensemble des services et des transports publics, ainsi qu’à la sortie des écoles. En cas d’infraction, pas de sanction « pénale », mais « un refus de délivrance du service demandé ». Nicolas Sarkozy, qui doit rendre hommage ce jour aux soldats musulmans dont les tombes ont été profanées dans le Pas-de-Calais puis sera sur l’antenne de TF 1 dans la soirée, aura sûrement à coeur d’aborder le sujet.
Loin du Palais-Bourbon, qu’en pensent les Français ? D’après un sondage exclusif GN Research, ils sont majoritairement pour une loi, mais aussi nombreux à rester indifférents devant une burqa, et rares à compatir au sort de ces femmes.
Ces dernières, volontaires ou pas pour se voiler, vivent pourtant une épreuve. C’est ce que révèle Bérengère Lefranc, une artiste dont l’étonnant témoignage sortira bientôt en librairie. Pendant un mois, elle a porté la burqa et a vécu l’enfer. Celle qui pensait être invisible n’a rencontré que regards courroucés, paroles blessantes et crachats. A tel point qu’elle pense qu’une loi antiburqa risque de condamner ces femmes à une double peine, prisonnières du voile et cloîtrées à la maison, invisibles pour de bon.
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Le Parisien
Sarkozy : 90 minutes face aux Français
Le chef de l'État est l'invité ce soir d'une émission spéciale de TF1 au cours de laquelle il dialoguera avec des Français.
«N'hésitez pas à me faire part de vos interrogations et des sujets qu'il vous paraît important que j'aborde.» Sur sa page Facebook, Nicolas Sarkozy demande à ses partisans de lui faire connaître les thèmes qu'ils aimeraient le voir traiter ce soir, lors de son grand oral sur TF1. Pour cet exercice de pédagogie, à un moment que son entourage voit comme la «charnière entre la fin de crise et la sortie de crise», le président de la République sera interrogé en deux temps. D'abord par Laurence Ferrari dans le cadre du journal de 20 heures. Puis par une dizaine de personnes triées sur le volet par la chaîne, dans un débat intitulé «Paroles de Français», animé par Jean-Pierre Pernaut. Le présentateur du JT de la mi-journée a été choisi parce qu'il incarne «la proximité», explique François Bachy, chef du service politique de TF1 .
L'objectif est, selon la chaîne, de rompre avec «la solennité» des interviews télévisées précédentes des chefs de l'État. Et de provoquer «une interactivité» avec les dix Français qui l'interrogeront.
Pour Nicolas Sarkozy, cette émission télévisée en prime time mettra un point final à la période des cérémonies de vœux au cours desquelles il a délivré son message de début d'année et défendu ses choix politiques. Burqa, identité nationale, crise économique, échec du sommet de Copenhague sur le climat, éducation, grippe A, élections régionales, désastre humanitaire en Haïti. Les sujets chauds ne manquent pas.
Réponse d'Aubry demain
Mais c'est en priorité sur l'emploi, les retraites et le pouvoir d'achat que les Français attendent des réponses du chef de l'État, selon un sondage TNS-Sofres pour Europe 1. L'actualité a rajouté un motif de préoccupation, avec la polémique autour de la double casquette d'Henri Proglio chez EDF et Veolia.
Pour Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale, «il est important qu'en ce début d'année, à mi-mandat, le chef de l'État remette en perspective ce qui a été fait et explique comment va être poursuivi le mouvement de réformes indispensables pour le pays». Quant à Michèle Alliot-Marie, elle souligne l'importance de cet effort de pédagogie sur les réformes après les couacs enregistrés dans la majorité sur la réforme de la taxe professionnelle, la réforme territoriale ou la lutte contre le téléchargement illégal sur Internet.
À quelques semaines des régionales, le président de la République enregistre une bonne nouvelle : dans la dernière livraison du baromètre mensuel Ifop-Journal du dimanche, il gagne un point, 38 % des personnes interrogées se déclarant satisfaites de son action.
Demain soir, Martine Aubry répondra à Nicolas Sarkozy. La première secrétaire du PS sera à son tour l'invitée du 20 heures de TF1. Ce qui lui permettra de soigner sa stature de leader de l'opposition. Et de s'expliquer sur sa prise de position sur les retraites qui a fait grincer des dents à la gauche de la gauche.
Le marché Halal se porte bien en France!
Avec près de 7 millions de consommateurs musulmans en France, le marché Halal est en plein essor. Avec un chiffre d’affaires estimé à plus de 3 milliards d’euros et une croissance de à 10 à 15% par an, le marché Halal pourrait représenter jusqu’à 20 % du marché alimentaire en 2020
"L’introduction en Grande surface des viandes Hallal marque de façon symbolique l’avènement d’une nouvelle ère en matière de consommation Hallal en France. Le consommateur musulman est devenu acteur à part entière sur le marché, une cible marketing pour les industriels, et prend dès lors une place importante dans l’esprit des distributeurs", analyse l’Association Rituelle de la Grande Mosquée de Lyon.
Certains enseignes avancent plus timidement que d’autres
Depuis 2006, certaines enseignes consacrent un catalogue dédié aux festivités (Ramadan, Aïd). ED, Auchan, Leclerc ou Carrefour par exemple, mais ces enseignes restent prudentes dans leur communication. "Le mot ramadan est évacué une fois sur deux des catalogues et tracts promotionnels. Durant le Ramadan, les magasins préfèrent vanter les "mille et une saveurs de l’Orient", de peur de se couper selon elles, de la clientèle non musulmane", confie au JDD Fateh Kimouche, 33 ans, fondateur du site Al-kanz.org, portail des consommateurs musulmans.
"Il faut arrêter avec les références à un Orient aussi fantasmé que dépassé. Nous ne sommes pas des descendants d’Aladin!" s’insurge Fateh Kimouche sur les clichés véhiculés, soulignant le décalage entre ce marketing de l’exotisme et la culture des jeunes musulmans.
Nouvelles tendances, nouvelles demandes : vers des produits nouveaux, bio, allégés…
Selon une étude du cabinet Solisfrance sur la consommation des populations issues de la diversité, "Les critères d’achat des "diversity baby boomer", les enfants de l’immigration arrivés à l’âge adulte, sont d’abord la traçabilité, la qualité et la nouveauté". On voit par exemple "poindre une demande de produits halal bio ou allégés", confie au JDD Abbas Bendali, consultant du cabinet Solisfrance.
Le Groupe Casino a su s’adapter rapidement. Wassila, nouvelle gamme Halal de l’enseigne, lancée en 2008 à l'occasion du Ramadan en est la preuve. Boucherie, plats cuisinés, traiteur, tout est pensé pour répondre aux attentes des consommateurs. Au delà de l'offre des produits, c'est la première fois qu'un groupe de la grande distribution met en ligne un service (wassila.fr) offrant une meilleure transparence au regard de la traçabilité des processus de fabrication et donc de la certification Halal.
Un Salon de l’alimentaire et des services Halal
Le Salon Halal Expo organisé les 30 et 31 Mars 2010 à Paris - Porte de Versailles, tendra à regrouper les dernières innovations en matière de produits et services, et faciliter les échanges entre les fabricants, importateurs et distributeurs de produits Halal. Conférences, supermarché Halal au cœur du salon et une trentaine d’exposants dédiés à l’espace Halal sont attendus lors de cet évènement.
Reste à parier que les acteurs de la grande distribution, encore timides cette année, trouveront rapidement leurs marques dans ce marché porteur et en pleine mutation…Quid du Ramadan 2010 ?
France Télévisions : le bilan d'un an sans pub
Patrice Duhamel, directeur général de france télévisions, explique sa stratégie pour concilier culture, audience et prise de risque.
Un an après la fin de la publicité après 20 heures sur France Télévisions, mesure censée permettre la diffusion de programmes culturels à des horaires plus favorables sur le service public, l'émission "Les mots de minuit" continue d'être diffusée sur France 2 à 1 heure du matin... N'est-ce pas incohérent ?
Patrice Duhamel : La place de la culture sur le bouquet de chaînes de France Télévisions a maintenant l'avantage d'être multiforme. Elle concerne toutes les antennes et tous les types de programmes du début de soirée à des émissions plus tardives comme le magazine "Les mots de minuit". Ce qui est important, c'est que l'on arrive à organiser deux ou trois fois plus souvent qu'avant des opérations culturelles en prime time, comme cela a été le cas pendant les fêtes de fin d'année, où l'on a diffusé Le Bourgeois gentilhomme, L'Avare et Carmen, ce que l'on n'aurait pas fait auparavant dans cette proportion-là. Par ailleurs, "Ce soir ou jamais !", le magazine de Frédéric Taddéi sur France 3, est programmé du lundi au jeudi à 23 heures, soit une demi-heure plus tôt qu'auparavant. C'est un horaire formidable pour une émission de ce type. Dans les semaines qui viennent, les téléspectateurs auront droit à une pièce de Marivaux en direct, sur France 2, à 20 h 35. Ce sera la première fois depuis des années.
"L'Avare", donné à la Comédie-Française et diffusé sur France 2, à 20 h 40, pendant les fêtes de fin d'année, a réuni moins de 5 % des téléspectateurs. La mission d'une chaîne publique comme France 2 n'est-elle pas de rassembler un large public, même devant un programme culturel ?
Sur des émissions de cette nature, ce qui est important pour nous, c'est le nombre de téléspectateurs. Près d'un million de personnes ont regardé L'Avare, ce qui correspond à trois ans de programmation quotidienne à la Comédie-Française ! Bien sûr, on aurait préféré avoir une meilleure audience, et Denis Podalydès, l'interprète du rôle-titre, comme le reste de la troupe, aussi. Mais on considère que c'est néanmoins significatif. Même chose quand on réunit 1,2 million de personnes devant l'opéra Carmen.
A côté de cela, nous avons une stratégie qui consiste à maintenir, voire renforcer un niveau d'audience globale ambitieux. Sur 2009, nous avons réalisé, toutes chaînes confondues, 31 % de part d'audience, ce qui nous place dans le palmarès des groupes publics européens, alors même que notre bouquet est le moins large, les autres pays comptant sept à neuf chaînes publiques contre cinq pour France Télévisions. A nous de trouver dans la programmation et les choix éditoriaux un équilibre entre prise de risque et soirées à forte audience.
Vous êtes confronté à un vieillissement de l'audience. Comment cette stratégie peut-elle y remédier ?
C'est effectivement un défi pour 2010 et pour les années qui vont suivre. S'agissant des programmes culturels, mais aussi de la fiction en général, il faut non pas rajeunir le public mais plutôt l'élargir, notamment en gardant les plus de 50 à 60 ans et en l'ouvrant aux moins de 35 à 40 ans. C'est un défi dans les choix de programmes, dans la réalisation, dans la production, dans le casting des comédiens. Cela est vrai pour la télévision, mais aussi pour l'ensemble des médias "historiques", radio et presse, confrontés au même problème de vieillissement de leur audience.
Face à ces défis, qu'apporte la nouvelle organisation de France Télévisions en entreprise unique ?
Cela nous permet de répartir, entre les antennes, les productions ou les achats, de faire en sorte de toucher toutes les catégories de téléspectateurs. Par exemple, France 4, qui enregistre actuellement de très bons résultats, rassemble les moins de 30 ans. A nous ensuite de les faire aller sur les autres antennes.
En fédérant un public plus jeune, France 4 ne risque-t-elle pas de jouer le rôle d'alibi dans votre stratégie ?
Je récuse ce terme. C'est pour nous un moyen de faire venir les plus jeunes sur le bouquet France Télévisions.
Malgré la fin de la publicité après 20 heures, les téléspectateurs se plaignent des tunnels promotionnels et des bandes-annonces qui précèdent et suivent les programmes...
Effectivement, lors du dernier trimestre 2009, il y a eu, sur France 2 notamment, des interprogrammes beaucoup trop longs entre 20 h 30 et 20 h 40. Nous avons donné des instructions pour que cela diminue et c'est déjà vérifiable depuis le 4 janvier. Sur France 2, le nombre de programmes courts a été réduit afin qu'entre la fin du JT et le début du programme il n'y ait pas plus de cinq minutes d'attente, soit une réduction de deux à trois minutes par rapport à 2009.
Vous êtes directeur général de France Télévisions en charge des programmes, mais aussi de l'information. Que vous inspirent les propos de Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, concernant les deux journalistes de France 3 enlevés en Afghanistan, et qu'il considère "d'une imprudence vraiment coupable" ?
Nous avons publié le 18 janvier un communiqué précisant que la direction de France Télévisions est pleinement consciente de l'inquiétude et de l'émotion qui règnent dans les rédactions du groupe et, au-delà, chez tous les salariés. Nous avons, jusqu'à présent, privilégié la discrétion publique pour laisser les opérations militaires et diplomatiques en cours sur le terrain se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Notre seule priorité reste de voir les deux journalistes revenir le plus vite possible au sein de leurs familles et de leur rédaction. Toute autre considération ne serait pas recevable. Je n'ajouterai rien à ce communiqué.
L'émission politique "A vous de juger", sur France 2, consacrée au thème de l'identité nationale, a été secouée par une polémique après la volte-face du socialiste Vincent Peillon qui, invité le 14 janvier à débattre avec le ministre de l'immigration Eric Besson, s'est désisté, estimant "indigne" l'émission, à laquelle participait, pour le FN, Marine Le Pen. Quel est votre commentaire, a posteriori, sur cette émission et cette polémique ?
A chacun sa place. Nous n'avons pas à avoir de débat avec les politiques sur telle ou telle émission. Nous faisons notre métier de média de service public. S'agissant des débats d'information, nous avons un devoir de pluralisme et ce n'est certainement pas aux partis politiques ou à leurs responsables de choisir à la place des journalistes les thèmes ou les intervenants.
En l'occurrence, le choix de ce thème de débat sur l'identité nationale avait été auparavant contesté au sein même de la rédaction de France 2...
Il a été contesté par certains journalistes. C'est le boulot des responsables d'"A vous de juger" de choisir les sujets de débat. Franchement, ce thème de l'identité nationale a été traité par tous les médias, compte tenu du débat lancé à l'automne. Je trouve légitime que la grande émission politique du service public s'y intéresse. S'agissant de la représentation du paysage politique, il y a des règles que nous devons respecter vis-à-vis du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Ce débat a été organisé dans la transparence complète. Et je précise que Vincent Peillon, contrairement à ce qu'il a laissé entendre, n'est pas "black listé" sur les chaînes publiques. Il sera invité au même titre que les autres responsables politiques. Mais s'il décide de venir, il faudra qu'il s'y engage fermement !
Propos recueillis par Sylvie Kerviel