TOUT EST DIT

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samedi 4 juin 2011

L’euro d’abord, la Grèce ensuite

Et 60 milliards d’euros de plus pour la Grèce, en plus des 110 déjà consentis l’an dernier ! Que de générosité ! Mais en apparence seulement ! Car il s’agit moins de voler au secours de la Grèce, incapable, d’honorer ses échéances que de sauver la zone euro. Pour éviter la restructuration des dettes qu’Athènes accumule depuis des lustres, une restructuration où les banques laisseraient des plumes en faisant douter la finance internationale du sérieux de la monnaie unique.

Mais ce calcul est hypocrite puisque cette restructuration court déjà : les titres grecs publics ou privés dégringolent jour après jour et sans la Banque centrale de Francfort qui prête sur des garanties pour le moins douteuses tous les établissements financiers de la péninsule hellène seraient en manque de liquidités. Avec des conséquences désastreuses pour l’économie et la vie quotidienne… Or ce que la BCE peut encore faire pour Athènes, le pourra-t-elle demain si une grande économie de l’Euroland devait solliciter les mêmes services et au même niveau ? Certainement pas. Voilà pourquoi Jean-Claude Trichet, gouverneur de la BCE jusqu’à l’automne, plaide désormais pour la création d’un poste de ministre des finances européen. Une fonction à pourvoir de toute urgence, à condition qu’elle ne soit pas une technocratie inhumaine de plus mais qu’elle travaille sous un véritable contrôle démocratique.

D’ailleurs, ce «ministère européen des finances» existe déjà virtuellement, et sans le moindre mandat. Du moins pour les Grecs et, dans une certaine mesure, pour les Portugais appelés à désigner dimanche le parti qui leur fera boire la potion amère présentée par l’Europe et le FMI…

Plus encore que Lisbonne, Athènes vit sous tutelle. Incapable, faute de crédibilité, d’emprunter le moindre liard sur les marchés, la Grèce a perdu sa souveraineté et doit exécuter à la lettre les conditions européennes avec ses plans de rigueur répétitifs et ses programmes de privatisation forcée… La colère de la population est aisément compréhensible, avec l’impression de vivre sous occupation étrangère. L’Europe n’est plus perçue comme le paradis, plutôt comme l’enfer. Et nul ne sait où aboutira cette indignation. À force de vouloir rétablir les comptes, plus pour la stabilité de l’euro que pour le bonheur des Grecs, un bien plus précieux risque de pâtir de cet acharnement : la démocratie. Apparemment, peu importe que le malade meure, pourvu qu’il meure guéri et n’entraîne pas la monnaie unique dans son trépas !

Certes, en raison d’un passé dispendieux et de l’incurie de tous ses gouvernements, la Grèce a mérité une certaine forme de tutelle, du moins pour ne pas sortir de la zone euro. Mais une tutelle sous un vrai gouvernement économique européen, valable tant pour Athènes que pour toutes les capitales de la zone euro. Sans gouvernance unique et supranationale pour une monnaie unique gérée par une BCE déjà supranationale, l’euro ne sera jamais à l’abri des crises internes et des tourmentes qui soufflent de l’extérieur. Et en ce moment, de nouveaux nuages noirs s’accumulent. Comme en 2008, ils pourraient annoncer la tempête : les marchés doutent maintenant du plus grand débiteur du monde, les États-Unis…


Une pierre dans les jardins de l’Europe

La bactérie tueuse, d’origine toujours inconnue, divise le vieux continent. Au-delà du polar sanitaire, une crise diplomatique se profile. L’Allemagne, clouant au pilori le concombre andalou, a déclenché de sombres hostilités. Angela Merkel admet l’erreur et présente de plates excuses, mais la plaie reste ouverte. Les grosses légumes de Madrid exigent un lourd dédommagement financier. Maraîchages, nous voilà ! Car la calomnie teutonne, trop tard rectifiée, a mis le paysan ibère sur la paille. À l’heure où le fourrage s’échange au prix de l’or, pareille situation devient vite intenable.

En une semaine, l’Espagne voit s’effondrer l’ensemble de ses exportations agricoles. Tomates, haricots et autres salades ont suivi la cucurbitacée dans sa chute… Perte sèche ? 200 millions d’euros, à la louche, sous réserve d’inventaire.

Et ce n’est pas fini. Si la Macédoine garde son calme, Moscou s’agite. La Russie, surjouant l’inquiétude, décrète un embargo draconien. Tout ce qui pousse dans les jardins de l’UE devient denrée indésirable. Poutine, grand spécialiste de l’intoxication, craint “d’empoisonner” ses compatriotes… La manœuvre, bientôt copiée par le Liban, ne trompe personne. Au nom du principe de précaution, l’étroit protectionnisme se refait la cerise. Une rumeur venue d’outre-Rhin, avec le relais de Bruxelles, pousse ainsi l’Europe verte dans les choux. De l’Atlantique à l’Oural, communauté ou pas, chacun défend d’abord son pré carré.

Convivialité

À la question « quel est aujourd'hui le taux de croissance de la Chine ? », Den Xiaoping était d'abord resté silencieux. Il avait ensuite craché dans le pot destiné à cet effet et, pensif, avait répondu : « Qu'est-ce que la croissance ? ».

Nous devrions nous reposer sans cesse cette question. Si la croissance n'est qu'économique, matérielle, est-elle une croissance satisfaisante ? Et si elle est faite pour le bonheur des gens, alors « après deux siècles de croissance et une multiplication colossale de la production, nous devrions nager dans le bonheur ! », écrit Serge Latouche dans le livre De la convivialité. Dialogues sur la société conviviale à venir (1).

Or, d'après les sondages, c'est plutôt un malaise, un mal-être que nous constatons dans les sociétés riches. D'où vient donc cette insatisfaction, ce sentiment de frustration diffus ? Peut-être de notre nature profonde, qui souhaite toujours avoir plus en croyant ainsi trouver son « bien-être » ? Mais peut-on être « bien » si l'on a toujours l'impression qu'il nous manque quelque chose de ce qui est produit et commercialisé tout autour de nous ? Si l'on a l'impression de toujours courir après son temps pour faire plus et avoir plus ?

À cela, s'ajoute le sentiment que la croissance matérielle ne peut être illimitée, qu'elle finit par mettre en péril la nature, qu'elle ne pourra pas résoudre tous nos problèmes. On s'aperçoit que « les grands appareils techniques de la modernité » deviennent de moins en moins efficaces, de moins en moins conviviaux. On constate qu'au-delà d'un certain seuil, les coûts de la croissance sont supérieurs à ses bénéfices. Pire encore, on éprouve le sentiment d'être contraint, sinon asservi, par l'énorme machine socio-économique aux instruments surdimensionnés, qui nous happe, nous entraîne, qui chosifie tout, qui gaspille en jetant par exemple au lieu de réparer.

Une condition de surviede l'humanité

Tout cela contribue à rendre nos sociétés inhumaines, dans la mesure où elles oublient « la commune humanité et la commune socialité de tous les êtres humains ». En effet, elles sont riches. Elles ont ce qu'il faut pour maintenir leur richesse ou l'augmenter, tandis que les plus pauvres se voient paralysées par leur manque de moyens.

Gandhi observait : « Il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous, mais il n'y en a pas assez s'il s'agit de satisfaire le désir de possession, l'avidité, la cupidité, fût-ce de quelques-uns. » Il faudra donc lutter contre la démesure pour parvenir au partage comme pour respecter la nature et l'avenir et donc, il faudra apprendre à s'autolimiter.

Mais où donc chercher le bonheur que nous croyons trouver dans la croissance, sinon en faisant croître aussi d'autres valeurs : « C'est une loi de l'univers que l'on ne peut pas faire notre bonheur sans faire celui des autres », écrit l'économiste américain Richard Easterlin. Quant à Ivan Illich, il estimait que « nous serions plus heureux si nous pouvions travailler ensemble et prendre soin les uns des autres ». Telle est la base de cette société de convivialité à laquelle aspirent quelques-uns mais, pour y parvenir, il s'agit de changer radicalement d'optique et de pratique, c'est-à-dire de ne plus tout penser en terme de compétition et de dominer notre avidité.

Marc Hubert, l'un des auteurs du livre cité, conclut : « C'est peut-être là une condition de survie de l'humanité ».


Des élèves privés de récré

« Les dealers ne feront pas la loi » : voilà ce qu’assure et claironne à qui veut bien l’entendre Christian Lambert, le super préfet mis en place par Nicolas Srakozy en Seine-Saint-Denis.

Seulement voilà : il n’est pas du calibre d’un Charles Bronson dans Le Justicier face aux dealers.

Et pour cause : ces derniers jours en Seine-Saint-Denis, où les deux mains ne suffisent plus pour compter les zones de non-droit, et plus particulièrement à Sevran, les dealers, justement, font leur loi et n’hésitent pas à régler leurs comptes (suprématie du territoire oblige), en plein jour, au vu et su de tout le monde, à coups de flingue. Une situation qui, de l’aveu même du maire Stéphane Gatignon – qui, rappelons-le, milite pour la dépénalisation du cannabis ! –, « s’intensifie ».

Et côté intensification, les caïds et leurs « jeunes » terreurs de quartiers en mettent un rayon.

Pour preuve : samedi dernier, en début d’après-midi, alors que se tenait une fête de quartier, cinq coups de feu ont été tirés à proximité du rassemblement populaire.

Pire, cette semaine, à deux reprises, dans le quartier sensible de Montcelleux, les élèves du groupe scolaire Montaigne, qui accueille près de 600 enfants dont une classe de handicapés, ont été privés de récré en raison de coups de feu échangés entre gangs adverses. Résultat, par crainte de balles perdues, la pause récré se fait à l’intérieur des salles de classe et non plus dans la cour pour raison de « confinement ».

Deux fois en une semaine ! Lundi, la récréation avait sauté par mesure de précaution, deux individus cagoulés avaient été vus à proximité de l’établissement scolaire. Mardi, toujours à quelques mètres du groupe scolaire, des coups de feu ont claqué en début d’après-midi, selon un « scénario désormais classique » : cinq détonations, deux hommes sur un scooter. Cette fois-là, l’engin a fini sa course dans une voiture et, dans la collision, l’un des deux hommes a été blessé à la jambe et interpellé. Inutile de préciser que l’individu était bien connu des services de police…

Une situation « ingérable », comme l’estime le maire Stéphane Gatignon, qui inquiète au plus haut point les habitants du quartier (la plupart d’entre eux souhaitent déménager) et surtout les parents d’élèves. Des parents qui craignent la « balle perdue » et qui ont peur pour la vie de leurs enfants.

« Les enfants sont au premier plan », estime une mère de famille qui précise « que le matin, il n’y a pas de détonations [forcément, fatigués de leur nuit de « folie » les joyeux fêtards-dealers dorment tard…], sinon ça tire n’importe quand ». Et d’ajouter qu’en « dix-sept ans de vie dans le quartier, elle n’a jamais vu ça ».

La France n’est pas le Mexique (où une institutrice vient d’être médaillée pour avoir protégé, en les faisant se coucher au sol, ses jeunes élèves d’une fusillade qui avait éclaté autour de son école) ni Bagdad, mais on s’en approche à grands pas.

La faute à qui ? Au laxisme des autorités dites compétentes mais également, pour une grande part, à une immigration-invasion et à une non-intégration volontaire d’une grosse poignée de « jeunes » qui sévissent et font leur loi dans les zones de non-droit françaises, sans crainte de représailles de la part de la justice.

La solution pour éradiquer cette violence quasiment ingérable de crise extrême ? Exception faite de la méthode radicale du lance-flammes, le maire de Sevran réclame « une présence policière massive 24 heures sur 24 ». Et d’ajouter que « tant qu’il n’y aura pas d’évolution de la loi, on ne pourra pas gérer cette situation ». Une situation de guerre de rues contre laquelle il demande « des forces d’interposition, des casques bleus, comme ceux qu’on envoie à l’étranger pour empêcher les belligérants de s’entre-tuer »… et de faire des dommages collatéraux dans les rangs des enfants de Sevran.

S’il ne parle pas d’une présence de l’armée, le député de la circonscription, François Asensi (PCF) réclame pour sa part « que la police bénéficie des moyens adaptés à son action pour démanteler les réseaux mafieux liés à la drogue » et demande également [alors que d’autres réclament, pour cause d’atteinte à la liberté, la suppression de la vidéosurveillance dans certains lycées « difficiles »] « la mise en place de caméras dans les points sensibles pour dissuader et confondre les auteurs de violences ».

Plus de moyens de surveillance, plus de présence policière ? Encore faut-il qu’une fois interpellés, les trafiquants flingueurs ne soient pas relâchés dans la nature pour vice de procédure par des juges complaisants.

Pour Sébastien Bailly, représentant d’Alliance 93, syndicat de gardiens de la paix majoritaire dans le département, « sans extrême sévérité judiciaire, on n’y arrivera pas. Il faut bien comprendre que le trafic [de drogue] peut brasser 20 000 à 30 000 euros par jour… ». C’est sûr, ça rapporte plus que d’aller faire la plonge dans un fast-food…

La Grèce bénéficie d'une nouvelle aide de 60 milliards

Les banques privées apporteront leur contribution sur une base volontaire au second plan de sauvetage évalué entre 60 et 65 milliards d'euros. La part de la zone euro sera de 20 milliards, celle du FMI de 10 milliards.

L'horizon financier de la Grèce s'éclaircit, avec la finalisation d'un nouveau plan de sauvetage, évalué entre 60 et 65 milliards d'euros d'ici à 2014, mettant à contribution la zone euro, le FMI, la Grèce et les banques. À l'issue d'une rencontre avec le premier ministre grec, à Luxembourg, le patron de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a annoncé, vendredi, «un financement supplémentaire de la Grèce, en échange de conditions strictes».
De leur côté, les émissaires de la «troïka» (UE, FMI et BCE) ont donné leur feu vert, vendredi, au versement «vraisemblablement début juillet» de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d'euros consenti l'an dernier, soit 12 milliards d'euros. La troïka exige en contrepartie une «accélération des réformes budgétaires et structurelles».
Les détails du nouveau plan de soutien à la Grèce n'ont pas été dévoilés, mais les grandes lignes en sont connues. La moitié de l'enveloppe proviendra de nouveaux prêts de la zone euro (20 milliards) et du FMI (10 milliards). Un quart de l'effort incombera à la Grèce. Le reste sera à la charge du secteur privé, «sur une base volontaire», a précisé vendredi Jean-Claude Juncker.
En clair, les banques devront, comme le demandait l'Allemagne, s'engager à maintenir leur exposition à la dette du pays, vraisemblablement en rachetant des titres à la maturité de leurs prêts. L'effort financier demandé au secteur privé ne sera pas mineur. Il devrait être de l'ordre de 15 à 20 milliards d'euros, d'après des sources européennes.

De nouveaux sacrifices attendus en Grèce

«Sur cette base, il est évident qu'il n'y aura pas de sortie de la Grèce de la zone euro, qu'il n'y aura pas de défaut», a assuré le patron de l'Eurogroupe. Vendredi, les marchés ont salué la nouvelle : les rendements des obligations grecques étaient en net recul, la Bourse d'Athènes a battu des records, à plus de 4,42 %, dans l'après-midi, alors que l'euro grimpait à 1,46 dollar, au plus haut depuis le début de l'année.
Les financiers, pourtant, restent prudents, notamment sur l'implication à marche forcée des banques. «On voit mal quel genre d'incitation pourrait persuader les investisseurs d'acheter de la dette grecque à long terme à un taux d'intérêt proche de ce que la Grèce elle-même n'accepte pas», soulignent les analystes de Capital Economics. Vendredi, Jean-Claude Juncker a assuré que la Grèce était prête à créer un fonds de privatisation, ce qui devrait donner aux prêteurs des assurances sur les collatéraux.
Côté grec, la contrepartie au nouveau plan de sauvetage est loin d'être indolore. L'État s'est engagé à économiser 6,4 milliards d'euros en plus d'ici à fin 2011. Ces nouveaux sacrifices prévoient, entre autres, une plus grande réduction des effectifs dans la fonction publique, des coupes sur les salaires, le durcissement de la lutte contre la fraude fiscale, l'augmentation de la TVA de 13 à 23 %.
Si le gouvernement respire, l'opinion publique, elle, continue de crier son désespoir. «Un nouveau prêt signifie plus de rigueur» reprend Yannis Panagopoulos, le président du syndicat du privé (GSEE ). «On vend le patrimoine du pays et on saigne le peuple, c'est un crime. Et ceci n'est que le début. Les conséquences seront terribles » s'emporte-t-il. Plusieurs milliers de personnes sont attendues dans les rues d'Athènes samedi.

Les maladies changent, les erreurs restent

Certes, la bactérie E. coli est dangereuse. Mais la panique des autorités et des consommateurs est inutile, et elle pénalise l'économie comme l'esprit européen, regrette un éditorialiste belge. 
Curieux tout de même que nous tirions si peu d’enseignements des crises sanitaires successives. Nous nous traînons de la dioxine à l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) à la grippe mexicaine. Et voilà maintenant la sinistre bactérie E. coli entérohémorragique (EHEC). Pire encore: une variante rare et dangereuse.
A chaque fois, on assiste à peu près au même phénomène. Un effet de panique se produit, le commerce ou la circulation des marchandises s’interrompent, l’activité économique se contracte, la tension monte. Jusqu’à présent, en définitive, les conséquences redoutées sont toujours restées en deçà des anticipations dramatiques. Nous recommençons alors à nous bercer de l’illusion selon laquelle les produits alimentaires ne présentent pas de danger, que les maladies peuvent être combattues par des médicaments et que les calamités frappent surtout les autres. Cette fois aussi?
Jusqu’à présent, on peut seulement conclure que les conséquences économiques n’ont aucun rapport avec le danger avéré. La bactérie peut tuer mais, sur les centaines de cas de maladie attestés, le nombre de morts s’est limité à dix-huit. Ce sont dix-huit morts extrêmement regrettables, mais il n’y en a que dix-huit, un pourcentage minime par rapport au nombre d'Allemands et aux personnes en visite en Allemagne, qui en une semaine meurent d’autres causes.

Communication à courte vue

Ce n’est pas une raison pour mettre tout un continent en ébullition. Et rien ne semble indiquer pour l’heure que tous ces patients aient été eux-mêmes contagieux. Ce n’est tout de même pas la peste, il faut le souligner. 

Il est déplorable que les réflexes primaires se manifestent à une telle vitesse.
En des temps où, structurellement, les prix des produits alimentaires augmentent en flèche, nous ne trouvons rien de mieux que de jeter ces produits sur la route, de les transformer en aliments pour le bétail ou de les laisser pourrir dans les champs, simplement parce que personne n’en veut plus. On peut regretter une telle réaction de la part de la Russie [qui a suspendu les importations de légumes européens] et d’autres acheteurs éloignés, même si l’on pouvait s’y attendre. Mais il est inquiétant que cela engendre aussitôt en Europe, une fois de plus, un morcellement total.
Nous l’avons constaté lors de la crise bancaire, nous l’avons constaté lors de la crise financière en Grèce, nous en serons témoin lorsque bientôt la règle du chacun pour soi règnera sur le marché de l’énergie et nous le remarquons encore une fois face à cette hystérie alimentaire. L’Europe, qui doit ouvrir et maintenir ouvertes ses frontières, les regarde avec impuissance se fermer, du fait d’une communication à courte vue, et se déclencher un désastre économique disproportionné.


Il y a une lueur d’espoir. Les scientifiques collaborent au niveau international pour donner rapidement des éclaircissements sur la contamination et les moyens d’y remédier. La mondialisation, qui a une fois encore illustré ses faiblesses avec cette crise alimentaire a aussi des atouts. La mobilisation des connaissances partout dans le monde peut permettre de trouver rapidement des solutions.

Va-t-on cette fois tirer les enseignements de ce qui s’est passé? Cette crise aussi sera suivie d’autres crises. Reste à savoir où et quand.


Vu de Madrid

Bruxelles et Berlin doivent assumer leurs erreurs

La contamination de certains aliments par la bactérie E.coli est "la pire intoxication alimentaire de l'Europe", constate ABC qui remarque que la situation "commence à rappeler l'alerte aux 'vaches folles'".
Dans son éditorial, le quotidien souligne que le système européen d'alerte alimentaire a été "un échec retentissant", incapable d'empêcher la propagation de la bactérie et provoquant "des dégâts incalculables pour l'image de l'agriculture espagnole". "La Commission européenne et le gouvernement allemand doivent assumer la responsabilité de leurs erreurs", estime ABC.
Mais dans les colonnes du même journal, l'editorialiste Hermann Tertsch rappelle qu'"il ne faut pas oublier que les principaux sinistrés sont les morts". Le journaliste critique la réaction "d'un gouvernement [espagnol] irrité parce que l'Allemagne met en évidence ses échecs" et "les 1 000 voix qui se sont mises à insulter notre principal allié en Europe", tout en espérant que "les médias sensationnalistes allemands ne réponderont pas à autant de sottises anti-allemandes."

Une bouée de sauvetage lourde à porter


Les négociations entre la Grèce, l'UE et le FMI se sont "conclues positivement", le 3 juin, ouvrant la voie à une nouvelle tranche de l'aide financière décidée en 2010. Mais alors que l'agence de notation Moody's a baissé la note de la Grèce et que la contestation sociale augmente contre l'austérité imposée, les bienfaits du plan de sauvetage ne sont pas vraiment visibles.