A l'occasion de la présentation de ses résultats, la compagnie a fait le point sur les négociations avec les syndicats. L’accord avec le personnel au sol avait été signé. Les pilotes voteront en août pour dire ce qu’ils en pensent. Pour les hôtesses et stewards, c’est déjà non. Faut-il voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? Lors de la présentation des résultats, le PDG d’Air France, Alexandre de Juniac, a semblé assez confiant quant à la capacité de la compagnie à tenir les objectifs de réduction des coûts, et conséquemment de la dette nette qui doit être réduite de 2 milliards d'euros d'ici à la fin 2014. Des objectifs reposant essentiellement sur une plus grande productivité : Air France veut continuer à faire croître ses capacités (+4% en trois ans) avec moins d’avions et des effectifs en baisse. Cela suppose de faire tourner les avions maintenus dans la flotte à un rythme plus soutenu et donc d’amener le personnel, au sol comme dans les airs, à travailler davantage.
Le personnel au sol travaillera 10 à 12 jours de plus Pour l’heure - Alexandre de Juniac l’a dit clairement ce lundi 30 juillet - cet engagement n’a été pris de façon ferme et définitive que par le personnel au sol ou du moins une part suffisamment représentative de leurs représentants. L’effort qui a été demandé à ces derniers est significatif : "5,5% d’augmentation de temps travaillé, soit 10 à 12 jours de temps de travail supplémentaire" a insisté le PDG d’Air France rappelant qu’ils ont aussi accepté les conditions du plan de départ volontaire alors qu’Air France estime le sureffectif à 3.029 salariés dans cette seule catégorie de personnel. Les pilotes voteront par référendum en août Pour les pilotes, le temps de travail se compte autrement. Selon Alexandre de Juniac, la direction a obtenu après négociation qu’ils travaillent 65 heures de plus par an (700 contre 635 auparavant) s’ils sont affectés à des vols long-courriers (intercontinentaux) et 40 heures de plus (740 contre 700 auparavant) lorsqu’ils assurent des dessertes court et moyen courrier (à l’intérieur de l’Europe, mais aussi vers l’Afrique du Nord et une partie du Proche-Orient). L’accord est en fait très complexe et ne peut se résumer à cette simple addition. Mais, surtout, il ne sera pleinement valide que s’il est approuvé par référendum. Verdict avant la fin du mois d’août pour une entrée en application le 1er janvier 2013. Avec les hôtesses et stewards, la bras de fer est engagé Pour ceux qu’on appelle dans le jargon aérien, les PNC (personnel navigants commerciaux, autrement dit les hôtesses et stewards) la situation est carrément bloquée. Alexandre de Juniac a fait observer qu’après référendum, seule une des trois organisations syndicales avait approuvé l’accord négocié avec la compagnie. Et sa représentativité n’est pas assez forte pour que cette approbation permette la signature de l’accord. Air France entre donc dans une logique potentiellement plus conflictuelle avec ses PNC. Les accords collectifs dont ils bénéficient sont, comme il avait été prévu en cas de blocage, dénoncés. Et la direction a d'ores et déjà prévenu que l'accord en vigueur jusqu'au 31 mars 2013 sera remplacé par un "texte dont les contreparties en termes de rémunération et d'emploi seront moins favorables au projet d'accord non approuvé". Tout laisse donc à penser que le bras de fer qui s’engage ira de pair avec des appels à la grève susceptibles de perturber le trafic.lundi 30 juillet 2012
Chez Air France, tout le monde n’est pas prêt à travailler plus
JO 2012 : pour la ministre des Sports, Laura Flessel fait du judo
Le jour où François Hollande rend visite aux athlètes français à Londres, la ministre de la Jeunesse et des Sports s'est distinguée. Valérie Fourneyron au moment de détailler la visite présidentielle s'est un peu emmêlée les crayons sur les disciplines des athlètes dans une interview sur Télé-Matin pour l'émission « Les quatre vérités ».
Or il n'aura échapé à personne que celle que l'on surnomme «La Guêpe» (double championne olympique en 1996 et 2000) ne foule pas les tatamis mais plutôt les salles d'armes.
Une autre boulette
La « boulette », repérée par Europe1 est d'autant plus étonnante que le CV de la ministre, ancienne médecin du sport, plaide pourtant en faveur d'une grande connaissance des performances des athlètes. A la fin des années quatre-vingt, elle a participé à l'élaboration de la loi sur le dopage et de 1991 à 1995, elle s'est occupée de l'équipe de France de volley pour la partie médicale.
Interrogée en duplex sur France 2 depuis Londres, la ministre a également commis une autre erreur en signalant que les trois premières médaillées olympiques (Céline Goberville en tir,Priscillia Gneto en judo et Camille Muffat en natation) l'avait été pour «leurs premiers Jeux». Si c'est vrai pour les deux premières, la Niçoise sacrée dimanche soir sur 400m nage libre avait déjà participé à une olympiade à Pékin pour le relais 4x200m.
L'euro : l'irresponsabilité a trouvé son étalon monétaire !
L’euro agit comme cause majeure de déséquilibre dans les
échanges commerciaux entre États membres et comme facteur de
déresponsabilisation massif de l’ensemble des pays de l’eurozone, en
éteignant tous les signaux d'alarme qui existent habituellement sur le
marché dans le cas des monnaies nationales.
J’écris cet article en réponse à une tribune de Jesus Huerta de Soto,
prenant la défense de l’euro, décrit comme un « étalon or imparfait »
supposé inciter les pays membres de l’eurozone à plus de discipline en
matière de politique économique et budgétaire comme le ferait un vrai
étalon or.
L'auteur néglige à mon avis dans son essai seulement deux points, mais ils sont essentiels :
Si un État se met à pratiquer une politique budgétaire laxiste, il sera sanctionné par le marché, mais l’or, lui, conservera toute sa valeur. Dans le cas de l’euro, si un gros État membre de l’eurozone pratique une politique laxiste, il peut remettre en cause tout le système financier de l’eurozone, donc la valeur de cette monnaie, et même son existence. Nous le constatons aujourd’hui avec l’Espagne et l’Italie.
2) Conséquence directe de ce premier point, l’euro va agir comme un facteur de déresponsabilisation des États membres, qui préfèreront renflouer à n'importe quel prix un État en difficulté pour garantir l'existence de l'euro, là où l’or force au contraire à la responsabilité. C’est le problème essentiel de l’euro que nous allons détailler maintenant.
La responsabilité est une idée centrale du libéralisme. Elle permet aux êtres humains de recevoir une sanction positive ou négative de leurs choix de vie, et de pouvoir améliorer ensuite ces choix en fonction des expériences et résultats accumulés. Les systèmes socialistes échouent d'abord parce qu’ils suppriment toute responsabilisation. Les acteurs économiques, ne recevant plus de signal positif ou négatif résultant de leurs choix, ne peuvent plus savoir quelles décisions sont bonnes pour eux, et se réfugient alors dans des comportements infantiles ou parasitaires qui conduisent à la faillite du système.
Un bon étalon monétaire doit donc responsabiliser au maximum les acteurs économiques, en particulier les gouvernements.
L’or est à ce titre un excellent choix, puisque sa valeur est impossible à manipuler, et que toute politique laxiste (déficit public, consommation à crédit excessive générant une balance des paiement déficitaire sur une trop longue période) sera sanctionnée par le marché.
Les monnaies nationales sont un moins bon choix, puisque leur valeur se manipule bien plus facilement, mais elles restent malgré tout responsabilisantes dans la plupart des cas (à l’exception du cas très particulier des USA que nous allons détailler dans un autre article) : un pays pratiquant une politique trop laxiste et vivant au-dessus de ses moyens verra la valeur de sa monnaie chuter et ses réserves de change s’épuiser. La population de ce pays ressentira rapidement les effets négatifs de ce choix (chute du pouvoir d’achat, inflation, chômage, impossibilité d'importer dans les cas extrêmes), et pourra sanctionner le dirigeant qui a conduit cette politique.
Qu’en est-il de l’euro ?
La construction de l’eurozone fait que tous les signaux du marché visant à responsabiliser les États et les décideurs économiques sur leur politique économique et monétaire sont supprimés méthodiquement au nom de la "stabilisation".
1) Au niveau des échanges internationaux, le système de paiement automatisé TARGET2 permet aux États membres présentant un déficit excessif de leur balance commerciale et de leur balance des paiements de continuer à vivre au-dessus de leurs moyens indéfiniment, en supprimant toute contrainte liée aux réserves de change. Les banques privées des autres pays ne font plus confiance à l’Espagne et ne veulent plus financer ses importations à crédit ? Les capitaux fuient ce pays à grande vitesse (voir cet article de FT Alphaville) ?
Avec une monnaie nationale, l’Espagne aurait reçu depuis longtemps (sans doute dès 2009) la sanction du marché et l’équilibre aurait été rétabli via une dévaluation de sa monnaie et l’obligation pour sa survie économique d’entreprendre de profondes réformes structurelles.
Avec l’euro, il n’y a plus aucun garde-fou : grâce au système TARGET2, la Bundesbank prête à la BCE, qui reprête ensuite à l’Espagne tous les fonds dont elle a besoin. Il n’y a aucune limite supérieure prévue pour ces transferts de fonds, qui s’effectuent bien entendu sans le moindre contrôle démocratique, et les déficits deviennent totalement ingérables.
Balance TARGET2 de l'Espagne : la dette vis-à-vis de la BCE s'accroît actuellement de 40 milliards d'€ par mois (graphique : querschuesse.de), et le rythme ne cesse d'augmenter.
2) Au niveau du système bancaire, un État souverain qui pratique une politique laxiste (par exemple en manipulant ses taux à la baisse pour favoriser excessivement le crédit) fragilisera ses banques privées qui seront trop endettées. S'il persiste, il risque de recevoir, comme l’Islande, une sanction du marché, via un bank run. Avec l’euro, les banques sont au contraire soutenues de façon illimitée par la BCE et divers « fonds de stabilisation » et n’ont ainsi plus à subir les conséquences de leurs excès… jusqu’à implosion totale du système, parce que les miracles ne durent jamais éternellement en économie.
Résultat : nos banques européennes sont aussi celles qui ont les leverage ratios parmi les plus élevés du monde, entre 20 et 40 en général, et peuvent continuer à prendre des risques inconsidérés en bénéficiant (là aussi sans limites) des fonds "LTRO" à 1% de la BCE.
3) Au niveau des finances publiques, là aussi il n’y a aucun garde-fou réel :
Les critères de Maastricht ont été oubliés, tout comme le sera la « règle d’or ». Et il n’existe aucun dispositif prévoyant la sortie d’un État membre qui pratiquerait une politique totalement laxiste. Le leader de Syriza (extrême-gauche grecque), qui a failli être élu aux dernières élections l’avait parfaitement compris, en proposant à ses électeurs que la Grèce coupe tout effort de rigueur, tout en continuant à profiter des avantages de l'euro pour importer à crédit tout ce dont elle avait besoin.
Un État surendetté reçoit une flopée d’aides de l’UE, qui ne font que retarder une restructuration inéluctable, en aggravant son surendettement. Avec une monnaie nationale, la Grèce aurait été restructurée dès 2008, et serait aujourd’hui bien avancée dans la voie du redressement, alors qu’elle est toujours en train de s’enfoncer dans une dépression de plus en plus grave.
Le dernier signal d'alarme responsabilisant encore existant sur l'eurozone, à savoir les taux des emprunts d’État des États membres, pourrait à son tour être coupé dans les trimestres à venir, si les eurobonds finissent par être adoptés (comme le souhaitent les partisans les plus enthousiastes de la construction européenne), ou si la BCE se met à acheter en direct et massivement la dette souveraine des pays d'Europe du Sud.
L’euro agit donc à la fois comme :
- Une cause majeure de déséquilibre dans les échanges commerciaux entre États membres,
- Un facteur de déresponsabilisation massif de l’ensemble des pays de l’eurozone, en éteignant tous les signaux d'alarme qui existent habituellement sur le marché dans le cas des monnaies nationales.
- L’Europe du Sud dont la compétitivité est détruite par une monnaie trop forte, et qui s’enfonce dans le surendettement sans recevoir les signaux d’alerte et de rééquilibrage indispensables. Résultat : la récession et le chômage s'envolent dans ces pays, mais l'euro écarte pour eux toute possibilité de nouveau départ via un processus de faillite budgétaire / restructuration sur le modèle argentin.
- Mais aussi, nous le verrons dans les années à venir, les États les plus solides, comme l’Allemagne. Leur modèle de croissance actuel se résume à faire crédit à l’Europe du Sud pour pouvoir continuer à exporter des produits à des clients devenus insolvables, ce qui finira aussi par rendre insolvable le système financier allemand.
Voilà pourquoi le retour aux monnaies nationales est aujourd'hui plus que jamais nécessaire. Vu la gravité des déséquilibres accumulés, il ne suffira bien sûr pas à écarter la récession, mais il permettra ensuite un nouveau départ, avec des pays redevenus responsables de leurs actes. Le plus tôt sera le mieux, parce que maintenant chaque semaine qui passe signifie des dizaines de milliards d'euros de dette en plus à éponger pour les membres de l'eurozone.
CGT : bain de sang chez les rouges
Il faut dire que Bernard Thibault n’a pas facilité les choses. Allez savoir pourquoi, le patron s’est mis en tête que son remplaçant – il prendra ses fonctions en mars 2013 – devait être une femme. Et pas n’importe laquelle : sa protégée, Nadine Prigent, une ancienne infirmière de 54 ans, qui a longtemps dirigé la Fédération de la santé, assez dure dans sa ligne syndicale, rugueuse avec son entourage, parfois même brutale, et détestée par une bonne partie des dirigeants de la centrale. «Elle est fracassante dans les relations humaines», résume un militant.
Tout le contraire d’Eric Aubin. En lice lui aussi pour le poste, l’ex-patron de la Fédération de la construction, 50 ans, défend une ligne stratégique à peine différente, mais il est réputé chaleureux avec les camarades, sympa, rassembleur et apprécié du plus grand nombre. En somme, il aurait tout pour réussir si Bernard Thibault ne le haïssait pas et s’il ne le lui rendait pas, avec les intérêts. Cela fait des années que ces deux-là se toisent dans les couloirs de la centrale, comme deux vieux Corses mal embouchés.
Le patron ? Un "autocrate" entouré d’une "camarilla de lavettes"
Motif de la grogne ? Aubin n’a pas pardonné au secrétaire général d’avoir privé les fédérations – dont la sienne – de leur autonomie financière. Et il lui en veut de l’avoir obligé à mettre la pédale douce sur le dossier des retraites. Bons soldats, les partisans d’Eric Aubin passent désormais leurs journées à dénigrer le patron, un «autocrate» selon eux, entouré d’une «camarilla de lavettes» et d’«éminences grises douteuses».
Le camp d’en face ne s’en laisse pas conter. Après le rejet humiliant de sa candidature par le Comité confédéral national (le parlement de la CGT) le 31 mai dernier, Nadine Prigent aurait, en bonne logique, dû remballer ses banderoles et ses prétentions. Au lieu de quoi, poussée par son puissant mentor, elle a décidé de s’accrocher. Et de profiter de l’été pour savonner la planche à son adversaire. Depuis, l’ambiance est encore montée d’un cran dans la grande maison des travailleurs.
La pasionaria du clan Thibault a entrepris un tour de France des unions départementales, envoyé une missive promotionnelle à toutes les fédérations et reçu le soutien sans réserve de la sienne, dans la meilleure tradition stalinienne. «La Fédération CGT de la santé et de l’action sociale dénonce la campagne calomnieuse menée depuis plusieurs mois […] contre Nadine Prigent et s’indigne des agissements internes visant à l’éliminer», peut-on lire dans ce communiqué vengeur. Problème, beaucoup de militants soupçonnent la candidate de l’avoir rédigé elle-même et publié de surcroît sans l’aval de ses camarades de la Fédération de la santé.
Le plus drôle dans cette histoire, c’est que le morceau pourrait finalement être emporté par un troisième larron. Thierry Le Paon, le patron du groupe CGT au Conseil économique, social et environnemental, n’est certes pas un premier couteau au charisme débordant. Mais comme personne ne lui envoie de nom d’oiseau à la figure, Le Paon commence à croire à sa chance.