lundi 11 juillet 2011
Un avenir doré pour la Grèce
Réunion d'urgence à Bruxelles lundi sur la Grèce et l'Italie
Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy organise lundi matin une réunion d'urgence où sont conviés de hauts responsables européens pour évoquer la question de l'aide à la Grèce et les pressions exercées sur l'Italie par les marchés, a-t-on appris dimanche de sources européennes.
Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn ont été invités à cette réunion, ont dit les sources.
Dirk De Backer, porte-parole de Herman Van Rompuy a déclaré "qu'il s'agissait d'une réunion de coordination et pas d'une réunion de crise", ajoutant que l'Italie ne serait pas au menu sans pour autant donner de détail sur les dossiers qui seront à l'étude.
Deux sources ont toutefois déclaré à Reuters que la situation italienne serait évoquée.
L'ITALIE ATTAQUÉE
L'objectif est qu'un consensus se fasse parmi les responsables européens avant que ne soit organisée, lundi également, une réunion des ministres européens des Finances qui doivent s'entretenir du dossier grec et des résultats des tests de résistances subis par les banques européennes qui seront communiqués vendredi 15 juillet.
La crainte de voir la crise de la dette souveraine se propager aux obligations d'Etat italienne a accentué vendredi la glissade des marchés d'actions transalpins.
L'écart entre le rendement de l'emprunt italien à dix ans et le papier allemand à même maturité a touché vendredi un plus haut historique depuis la création de l'euro aux alentours de 2,45 points de pourcentage, portant le rendement italien à 5,28%, à quelques encablures de la fourchette de 5,5% à 5,7% que certains banquiers présentent comme critique pour l'économie du pays.
Le cours des actions des plus grandes banques italiennes a dévissé lors de la dernière séance de la semaine dernière, à l'image de celui d'UniCredit, en baisse de 7,9%.
La pression des marchés sur les actifs italiens s'explique à la fois par l'endettement de l'Italie, qui détient le ratio dette/PIB le plus élevé de la zone euro et par la mollesse de l'économie du pays.
Le sort de Giulio Tremonti, ministre des Finances du gouvernement de Silvio Berlusconi, est également suivi de près, ce promoteur de baisses drastiques dans le budget italien étant dans le collimateur du président du conseil.
"On ne pourra pas se permettre beaucoup d'autres jours comme celui de vendredi", a déclaré un responsable européen, avouant que les instances européennes nourrissaient de grandes inquiétudes sur la question italienne.
Rédaction de Bruxelles, Nicolas Delame pour le service français
La Grèce ou le théâtre d'ombres européen
Si elle quitte l’euro, la pilule sera certes au moins aussi amère pour elle, ce que ne manquent pas de rappeler les partisans de la monnaie unique, mais elle lui laissera au moins l’espoir d’un redressement, espoir qui, dans la situation actuelle, n’existe pas.
Il est impossible que ceux qui nous gouvernement ne sachent pas tout cela. Alors, pourquoi prolonger la vie du moribond, de plan de sauvetage en plan de sauvetage, comme viennent de le faire encore les Européens la semaine dernière ?
L’aide apporte à la Grèce est certes conditionnée par des exigences chaque fois plus rigoureuses ; mais personne ne pense plus sérieusement que ces exigences, qui surpassent largement les capacités de l’économie et de la société grecque, seront jamais satisfaites.
En fait, ces exigences servent surtout à sauver la face des principaux décideurs. Elles permettent à Angela Merkel qui, au fond, sait qu'elle ne pourra pas refuser une aide supplémentaire, de la faire accepter à une opinion réticente. En France où l’aide est, au contraire, plutôt populaire (par l’inconscience de l’opinion !), le président se valorise en paraissant faire plier l’Allemagne, alors qu’au fond, les positions des deux pays sont identiques.
En France et en Allemagne, la menace se trouve redoublée du fait de l’engagement des banques auprès de l’Etat grec. La faillite de la Grèce ne serait-elle pas aussi celle du Crédit agricole et de la BNP-Paribas ? On peut le craindre. Bien sûr, l’Etat viendra à leur secours, mais comme les règles du jeu entre les Etats et le système bancaire n’ont pas été posées clairement depuis la dernière crise, tout le monde est dans l’incertitude. Les Etats font comme si leur appui à un système bancaire défaillant n’était pas acquis d’avance ; ils se gardent, sans doute faute de courage politique - ou même d’indépendance - face au lobby bancaire, d’en poser les conditions (qui pourraient être par exemple une participation au capital et une amputation des bonus au prorata de l’aide !). La véritable incertitude, paradoxalement, ce n’est pas la Grèce : toute personne sensée sait qu’elle ne remboursera pas ; c’est ce qui se passera après – or cela, c’est précisément ce qu’on devrait prévoir et qu’on ne prévoit pas.
Ajoutons que dans les méandres du système bancaire international, les obligations grecques, comme les subprimes américaines, sont, tant que la Grèce ne s’est pas effondrée, plus rentables que d’ autres placements. Dans un portefeuille, les obligations grecques viennent, selon l’expression des traders, « dynamiser » la gestion des portefeuilles : tant que la pauvre n’est pas mort, l’usurier fait son beurre… S’il n’y avait que des emprunteurs solvables, le métier n’aurait, au sens propre, pas d’intérêt !
La crédibilité de la classe politique en cause
Je demandai une fois à un proche de Sarkozy ce qu’il ferait si l’euro s’effondrait avant mai 2012. Il me répondit tout à trac : « Combien faut-il mettre au pot pour que l’euro tienne jusque là ! ». Etonnante réponse ! Il aurait pu dire : le président est un leader de crise, il saura bien gérer ce genre de situation. Non : le scénario d’une élection présidentielle française après un éclatement de l’euro, pour un certain establishment, est inenvisageable. Le débat sur ce sujet capital est tout aussi absent - qui s’en étonnera ? - de la primaire socialiste.
Autre question : qu’est-ce donc qui peut mettre un terme à cette politique de sauvetage à la petite semaine et donc précipiter la fin de l’euro ? Une partie de la réponse réside dans le peuple grec : s’il se révolte de manière si violente que les engagements de son gouvernement perdent toute crédibilité, peut-être la communauté internationale se rendra-t-elle à l’évidence ?
Une autre partie se trouve chez les juristes allemands. Certes, la classe politique allemande est aussi mouillée dans l’euro que la française et, même si elle a l’air de se laisser tirer l’oreille, la chancelière Merkel boira, n’en doutons pas, le calice jusqu’à la lie, pour les mêmes raisons que son homologue français. Une action a toutefois été engagée devant le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe par un groupe d’économistes et de juristes hostiles à l’euro. Le même groupe avait déjà fait admettre à la cour suprême allemande que le droit européen n’était pas opposable à un certain nombre de droits fondamentaux du peuple allemand (alors qu’en France, le Conseil constitutionnel a pris le parti inverse : rien n’est opposable au droit européen). Il essaye maintenant de faire reconnaître, au nom du droit de propriété et donc de la stabilité de la monnaie, que l’aide à la Grèce et aux autres PIIGS est illégale : à la fois contraire au traité de Lisbonne et au droit de propriété, car inflationniste. Jacques Sapir a montré comment le seul moyen de sauver encore quelque temps l’euro était de monétiser la dette des pays les plus vulnérables et donc de lancer l’Europe dans une spirale inflationniste. C’est ce que les Allemands dont nous parlions voudraient interdire. L’affaire a été plaidée le 4 juillet. Si elle aboutit, les mains de la chancelière seront liées.
Existe enfin la possibilité que des fonds de placement off shore , étrangers à la zone euro et mal contrôlés par l’establishment anglo-américain - s’il en existe - précipitent la crise en anticipant l’impossibilité de la régler, du fait du peuple grec, des juristes allemands ou de toute autre cause. Ou que tout simplement les agences de notation anticipent ces anticipations : c’est ce qu’elles commencent à faire avec le Portugal ; des voix s’élèvent déjà pour les réformer ! Face la montée de la fièvre, il en est toujours pour casser le thermomètre.
Il n’y a pas de cas, aucun médecin ne nous contredira, qu’un abcès ne finisse pas par crever. C’est pourquoi, si la classe politique européenne est encore responsable, elle devrait déjà s’attacher à préparer l’après-euro.
EN BREF
Le débat sur l’avortement refait surface
Les opposants soutiennent qu'une législation plus restrictive ne fera que provoquer le développement de "l'avortement souterrain". Officiellement, seuls 538 avortements légaux ont été effectués dans le pays en 2010 pour une population de 38 millions d'habitants, mais des statistiques non officielles de la Fédération pour les femmes et le planning familial estiment le nombre de femmes qui ont pratiqué un avortement à plus de 100 000 par an. Cela signifie, écrit Newsweek Polska, que la législation actuelle, en place depuis 1993, qui permet l'avortement dans seulement trois cas (viol ou inceste, risque grave pour la vie ou la santé de la mère, ou dommages permanents et irréversibles pour la santé du foetus), "ne marche pas concrètement". Un récent sondage montre que l'opinion publique est divisée sur la question, avec 45% soutenant l'avortement légal et 50% en faveur d'une interdiction absolue.
Le flou le plus total
Murdoch sacrifie News of the World
Tandis que le quotidien souligne que "la chute catastrophique de la publicité" a été le coup de grâce pour le News of the World, The Independent estime que "le journal a été sacrifié pour une femme", son ancienne patronne, Rebekah Brooks, très proche de Murdoch, qui dirige aujourd'hui le secteur presse écrite de NewsCorp.