dimanche 24 août 2014
Sylvain Tesson
Sylvain Tesson
En règle générale, je n’apprécie que modérément la littérature française actuelle dans son ensemble.
Cependant, l’hiver dernier, au coin du feu, perché dans un minuscule chalet au milieu des sapins et des pentes enneigées, je suis tombé sur un délicieux petit ouvrage: "Dans les forêts de Sibérie", de Sylvain Tesson (Gallimard). Il raconte l’histoire authentique d’un jeune quadragénaire, aux prises avec la nature sauvage et la solitude, avec simplicité, humour, gentillesse et talent véritable. Le bon livre n’est rien d’autre que celui qu’on a plaisir à lire, et celui-ci, comme l’ensemble de son œuvre découverte ensuite, m’a procuré un moment de profond bonheur. J’apprends ce matin que Sylvain Tesson a eu un grave accident, victime d’un traumatisme crânien et plongé dans le coma. Tout en le remerciant pour le plaisir que donnent ses livres, nous ne pouvons que lui souhaiter de tout cœur de s’en sortir…
3 raisons qui expliquent la croissance nulle
La panne de croissance annoncée par l’INSEE pour le deuxième trimestre était parfaitement prévisible.
La croissance nulle annoncée par l’INSEE ne devrait surprendre personne. Les gouvernements successifs ont tous apporté leur contribution pour freiner les moteurs de croissance. Hollande ne sera ni le premier, ni le dernier, on peut tout au plus l’accuser d’avoir accéléré le rythme du combat contre la machine économique.
Le problème dans cette affaire, c’est que c’était parfaitement prévisible. Reconnaissons-le : qui, parmi nous, a été surpris par l’annonce de la croissance nulle au second trimestre ? Pas grand-monde à vrai dire. Ce qui est marquant, c’est que les causes de cette croissance nulle ne sont rien d’autre que le résultat des grandes réformes tant réclamées par la gauche. En voici quelques-unes.
1. Hollande a voulu combattre la finance, la finance est partie
Le pêché originel de ce quinquennat aura certainement été la hausse brutale de l’imposition du capital. Le gouvernement français a envoyé un signal massif au monde des affaires : « Pas de ça chez nous ! » Message reçu, les investissements sont allés voir ailleurs et Hollande est obligé d’aller pleurer dans les jupes de Super Medef pour avoir son million d’emplois.
Pas d’investissements, pas de croissance durable. C’est aussi simple que cela. Mais comment le financer ? Les marges sont au plus bas, les banques ne veulent accorder des crédits qu’aux entreprises qui n’en ont pas besoin et le capital s’est tari.
Oui, le gouvernement a mis en place des aménagements pour ne pas trop pénaliser l’investissement productif. Sauf qu’en économie, tout est question de psychologie, et les investisseurs n’ont vu qu’une chose : un président socialiste gesticuler contre le capitalisme, annoncer une taxe confiscatoire mais avec la promesse de ne pas taper trop fort. On n’attire pas les investisseurs avec du vinaigre.
Ensuite, les mêmes viendront pleurnicher parce que l’économie française se smicardise. Mais ce que les socialistes oublient, c’est que non seulement l’investissement crée des emplois, mais ce sont des emplois à forte valeur ajoutée. Si le gouvernement voulait créer une nation d’intérimaires précaires, il ne pouvait pas mieux s’y prendre.
2. Les nouveaux entrants sont barricadés hors du marché du travail
Il ne faudrait pas que les immigrés volent les emplois des bons travailleurs français, n’est-ce pas ? Bien qu’aucun politique de gauche ne s’exprimera jamais en ces termes, il garde au fond de lui-même cette vieille idée que l’emploi est un gâteau qui se partage et que les jeunes et les immigrés ne pourront s’insérer dans le marché du travail qu’en mettant quelqu’un d’autre au chômage.
N’attendez pas de Hollande une quelconque réforme du marché du travail pour faire baisser le chômage des immigrés et des jeunes. Ce devait être une chance pour notre économie, mais au lieu de soutenir l’activité et de financer nos retraites, les jeunes et les immigrés sont devenus malgré eux un fardeau supplémentaire pour la collectivité.
Tout le monde est perdant dans cette affaire, à commencer par les premiers concernés eux-mêmes. Mais les réformes qu’il faudrait mettre en œuvre pour débloquer la situation signeraient l’arrêt de mort politique pour Hollande : baisser le SMIC, déréglementer bon nombre de professions… Il n’y a – juste – pas de solution miracle pour contenter tout le monde.
3. Réduire le déficit public est récessif (mais il faut le faire)
François Hollande aurait pu avoir une approche radicalement différente à son arrivée : il aurait pu faire le constat de l’état catastrophique dans lequel Nicolas Sarkozy a laissé le pays et annoncer des réformes difficiles mais nécessaires pour rebâtir une croissance durable. Au lieu de ça, il a prétendu pouvoir réduire les déficits tout en annonçant une croissance qui apparaitrait magiquement de l’extérieur, sauf que cela ne s’est pas produit.
Réduire le déficit est récessif à court terme, c’est un fait. Mais le déficit n’est pas un modèle de croissance, contrairement à ce que les néo-keynésiens comme Paul Krugman voudraient nous faire croire. Il peut être utile de faire du déficit pour soutenir temporairement l’activité, mais nous l’avons déjà fait : la dette publique est passée de 64% à 97% du PIB entre 2007 et aujourd’hui. Nous avons eu notre relance keynésienne. Nous avons soutenu la consommation, et de façon massive. Mais au lieu d’utiliser ce déficit pour accompagner des réformes de fond de notre économie, Sarkozy comme Hollande se sont contentés d’acheter la paix sociale jusqu’à l’élection suivante.
Scrupules et crevardise
J’ai des scrupules, ce qui prouve que je ne suis pas un sociopathe. Il m’arrive quand même d’être un crevard pas bien fier…
On peut facilement confondre les scrupules habitant une âme pieuse et l’anxiété banale ressentie par bon nombre de personnes. Ainsi, tandis que j’allais dans une jardinerie à la recherche d’une piémontoire, voici ce qui m’est arrivé.
À la recherche d’un piémontoir
Avant tout cher lecteur, il faut vous préciser ce qu’est un piémontoir. C’est comme une pioche sauf que le bout pointu est en forme de hache pour trancher les racines. On l’appelle aussi pioche-hache mais c’est nettement plus savant de lui donner son vrai nom de piémontoir. Disons que cela vous classe tout de suite dans la catégorie de ceux qui s’y connaissent et non parmi les jardiniers amateurs.
Dans cette jardinerie très connue, si vous demandez une pioche-hache, on vous regardera à peine en vous désignant des outils médiocres à manche de bois. Tandis que si vous exigez un piémontoir, le vendeur devenu servile à souhait vous montrera l’outil de chez Leborgne à manche de résine destiné aux professionnels.
Sauf que vendredi, ils n’avaient pas de piémontoirs ni même de pioches basiques. En revanche, ils disposaient d’un stock de sept pelles à neige, l’outil toujours demandé fin juillet à Paris. Fort marri, je me suis donc baladé dans le rayon des plantes vivaces pour voir s’il leur restait des hostas vu que j’adore les hostas même si mon épouse me dit qu’elle aimerait voir un peu de couleur dans le jardin. Car même si les cultivateurs d’hostas se comptent par milliers, avec des tailles, des feuilles et des couleurs différents, on reste tout de même dans les tons de vert et blanc.
Dédaignant les plantes aguicheuses aux couleurs chatoyantes, je me dirigeais tout de même vers un plateau où je distinguais encore quelques hostas invendues. C’est ainsi que je chargeais mon joli petit charriot de variétés diverses et variées. Toutes valaient 7,5€ sauf un pot de plus grande contenance étiqueté à 14,90€.
Mais arrivé au moment de payer, l’hôtesse de caisse, sans doute une jeune étudiante prise pour le mois de juillet, scanna le pot que je posai sur le tapis roulant, se contentant de me demander combien j’en avais en tout. Et c’est fort benoitement et totalement pénétré du péché que j’allais commettre que je lui répondis que j’en avais six. Elle me compta donc six hostas à 7,50€ sans faire attention, qu’un des pots valait presque le double. Je fis ainsi l’économie substantielle de 7,40€ !
Mais la joie d’avoir pu ainsi tromper le grand capital fut de courte durée et aussitôt remise en question par une vague de scrupules qui m’assaillit. J’avais surtout abusé de la naïveté d’une caissière inexpérimentée. Je me voulais malin et chanceux or je n’étais qu’un minable escroc à la petite semaine : honte à moi ! Et tout cela pour une hosta et une économie de 7,40€ ! J’étais doublement minable.
Je sortis donc de la jardinerie en comparant ce que j’imaginais de moi et la réalité. Tandis que je me serais bien vu tout en haut des stades moraux de Kohlberg, voici que j’en étais réduit à jouer les petits escrocs minables. Et si la culpabilité m’assaillait là sur le parking, ce n’était pas le fait d’avoir la sensation d’avoir failli à la morale mais plutôt le fait d’avoir à écorner la belle image de moi-même. Le chevalier blanc devenait un crevard ; viendrait sans doute un jour où j’en serais réduit à changer les étiquettes avant de passer en caisse.
En achetant des cigarettes…
Une demi-heure après, Dieu dans sa grande sagesse me soumit à une épreuve qui m’aurait permis de m’en sortir la tête haute. En achetant mes cigarettes, plutôt que de me rendre 0,20€, la vendeuse étourdie me rendit 5,20€, en me gratifiant en sus d’un « au revoir et bonne journée monsieur ». Le chevalier blanc étant absent, le petit escroc minable persista et je me réjouis de l’aubaine consistant à gratter 5€ ! Et j’eus même la réflexion consistant à me dire que décidément c’était une bonne journée puisqu’en une heure, je m’étais fait 12,40€ de gratte sur mes achats ! Je hâtai même le pas afin que si d’aventure la caissière prenne conscience de son erreur, elle ne puisse sortir du tabac afin de me héler et de me faire rembourser le trop-perçu.
Et pourtant, dans les deux cas, croyez-moi, j’ai eu des scrupules à agir de la sorte, sachant bien que j’étais face à un dilemme moral consistant à choisir entre la morale transcendante, l’impératif kantien et mon intérêt propre. Le Larousse explique d’ailleurs que le scrupule est une inquiétude excessive de la conscience inspirée par un sens aigu de la perfection chrétienne. C’est une incertitude d’exigence au regard de la conduite à avoir.
Le scrupule ne se manifeste que face au silence de Dieu. Si j’éprouve du scrupule à faire ce que j’ai fait, c’est que je suis face à un choix et que je suis seul. Que, quelle que soit la voie que je choisisse, je suis seul. Je peux dans les deux cas renoncer au gain et privilégier le bien commun ou en revanche, comme je l’ai fait, me taire et privilégier mon intérêt. C’est mon libre arbitre qui se manifeste pour savoir si je suis un homme de bien ou un crevard. Ceci étant dit, si je choisis la voie du crevard, ma conscience me le rappelle.
Le scrupule ne peut s’éveiller en moi sans une profonde conscience spirituelle. Le scrupule, même si comme dans mon cas il n’empêche rien, est finalement l’exigence ultime : les tourments d’une âme saisie par quelque chose de plus grand qu’elle.
Le scrupule résiste aussi plus ou moins bien en fonction des situations sociales. Car il est évident que face à un quidam, j’aurais été honnête, n’hésitant pas à lui dire qu’il se trompait. En revanche, mes scrupules se sont émoussés dans les deux situations. Dans la première parce que cette jardinerie appartient à un grand groupe et qu’il n’y a pas de mal à escroquer un grand groupe. Dans le second cas, parce que les cigarettes sont un produit taxé à 80% et qu’il n’y a pas de mal à tenter d’échapper à ce vol manifeste. Sauf que dans les deux cas, je n’avais ni un actionnaire du groupe ni un agent de l’État mais deux simples salariés distraits. Bref, pour faire coïncider mon intérêt personnel et mon sens moral, il fallait que je distorde la réalité et je le sais.
Encore loin de Mesrine et Fourniret…
Jacques Mesrine était capricorne comme moi mais cela ne suffit pas. N’est pas Mesrine qui veut. Saisi d’effroyables tourments pour 12,40€, ce n’est pas demain la veille que je me mettrai aux braquages. Quoique, si j’étais sûr de ne pas me faire prendre ? Et si je donne dix pour cent de mes gains à une œuvre caritative ? En tant que catholique j’ai des exigences morales de protestant. Je voudrais vivre en France comme un Suédois. Et pourtant aux États-Unis, même si j’apprécie le civisme des habitants, au bout d’une dizaine de jours, je me mets moi aussi à traverser hors des clous ou quand le feu est vert pour les voitures.
Font chier ces scrupules ! En fait, j’aime juste l’idée de pouvoir me dire que je suis différent des autres. Que je peux vivre dans un pays comme la France en étant plus moral sans besoin du carcan social pour marcher droit.
Je ne suis pas tellement différent des autres. Bon j’ai des scrupules, c’est la preuve que je ne suis pas un sociopathe. Tout n’est pas perdu. Mais sur le coup, je suis tout de même un crevard ! Pas suffisamment bon pour être un saint, et pas suffisamment pourri pour faire de la politique, c’est mon drame.
Enfin, l’essence de tout cela, c’est que quelles que soient vos actions, si vous avez des scrupules, tout n’est pas perdu. Vous n’en êtes pas encore à suivre la voie d’unFourniret !
« Aussi est-il nécessaire au Prince qui veut se conserver qu’il apprenne à pouvoir n’être pas bon,
et d’en user ou n’user pas selon la nécessité ». — Machiavel, Le prince
et d’en user ou n’user pas selon la nécessité ». — Machiavel, Le prince
Les bonnes solutions des socialistes
Politiquement, les vacances sont finies. Le premier conseil des ministres de la rentrée vient d’avoir lieu, et l’exécutif s’agite à nouveau pour tenter de présenter comme autre façade une fébrilité peu rassurante aux médias qui tentent d’y comprendre quelque chose dans la direction prise par le chef de l’État. Pour lui, c’est pourtant évident : c’est la crise, certes, mais de courageuses interventions sont en cours.
Et voilà donc notre François qui s’élance dans un long entretien accordé au Monde. Dans celui-ci, outre quelques paragraphes juteux pour expliquer qu’il faut, avec l’argent qui nous manquepour nos propres armées, aider les rebelles pas tous Syriens à tuer des Syriens pour bien faire comprendre que tuer des Syriens, c’est très mal, le chef de l’État a décidé d’annoncer deux nouvelles réformes. L’une visera à rendre plus juste et plus simple le barème de l’impôt sur le revenu, « notamment pour les premières tranches » parce que chacun sait que les tranches suivantes sont déjà simples et justes. L’autre, nous explique-t-il avec sa diction si fluide, fusionnera la prime pour l’emploi avec le RSA activité, histoire de favoriser tagada la reprise du travail et améliorer la rémunération des salariés précaires tsoin-tsoin.
Bien évidemment, on est immédiatement frappé par la précision quasi-chirurgicale de ces réformes, leur ampleur qui, à n’en pas douter, pourra toucher un grand nombre de personnes, et leur profondeur qui va, à l’évidence, donner un coup de fouet magistral à toute l’économie française qui en avait bien besoin. En outre, l’avalanche de détails fournis par le chef de l’État et le calendrier précis qu’il fournit permettent immédiatement de se faire une image claire de ce qui va se passer, comment, quand, et d’anticiper les grands effets positifs de ces réformes hardies.
Autrement dit et comme d’habitude, on continue à nager dans une purée épaisse.
Le saupoudrage mal boutiqué de la PPE sera donc sur-bricolé avec celui du RSA activité, l’ensemble aboutissant à un nouvel ensemble gazier à tubulures chromées que Bercy (l’intendance) organisera pour que la production de prouts fiscaux continue sans interruption. On comprend aussi que ces petits bidules ne modifieront pas les grandes tendances du pays, même pas à la marge : l’argent distribué change un peu de forme, et c’est tout ; il est donc toujours prélevé, ce qui veut dire que ceux qui étaient ponctionnés pour abonder le RSA et la PPE continueront donc à l’être. Pour eux, que ce soit pour le RSA-truc, la PPE-machin ou le nouveau bidule hollandiste, le changement sera diaphane.
Histoire d’accentuer l’ampleur de toutes ces réformes, Hollande en a profité pour demander à son premier ministre de présenter (vite, vite) un plan de relance, pour le logement. Relance, parce que c’est un mot à la mode au moins depuis 2008, et qu’elle a montré toute son efficacité à l’époque pour redresser les comptes de la France et montrera, on en est certain, une même réussite dans les prochains mois. Et pour le logement, parce que les dernières lois votées ont largement débroussaillé le terrain. À la dynamite. Ajoutons l’interventionnisme traditionnel pour « inciter davantage » les établissements financiers à prêter aux PME, qui promet là encore de donner des résultats époustouflants, et on comprend que le proche avenir sera manifestement truffé de ces bonnes idées, pas déjà tentées, pas déjà avortées et dont les résultats ne sont pas déjà connus. La reprise est au bout, c’est évident.
Au milieu, l’envie affichée d’en découdre avec les professions règlementées et la législation du travail dominical laisse extrêmement perplexe. Certes, il faudra, un jour, en passer par là et on se doit d’applaudir l’idée générale de remettre en question des monopoles maintenant devenus largement caducs. Mais Montebourg, désigné pour se cogner le travail entre deux frétillances médiatiques, est-il vraiment le ministre adapté ? En outre, le précédent des artisans-taxis et des hôteliers montre à quel point le gouvernement, pleutre, pourrait bien faire marche arrière plus vite même qu’il n’a tenté quelque chose.
Et, là encore, on peine à voir comment ces déverrouillages monopolistiques permettront de redresser rapidement la situation économique en France.
La réalité, c’est qu’il va falloir des mesures autrement plus graves, autrement plus couillues et autrement mieux préparées pour espérer déclencher autre chose qu’un mouvement d’épaules de la part des observateurs attentifs de l’économie française. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à juger la situation très préoccupante, et il est probable qu’ils n’accorderont guère d’importance aux propositions hollandistes, tant elles trimballent leur habituel parfum de naphtaline et affichent une taille microscopique.
Et quand on voit les autres solutions balancées sur la table, discrètement, par les habituels bricoleurs de l’improbable comme Jacques Attali, on ne peut que s’inquiéter.
Ce dernier propose (de façon assez détendue du portefeuille d’autant qu’il est, après tout, dans le fameux 1%) une solide augmentation de TVA. Apparemment, il aime tendrement réduire le pouvoir d’achat et le train de vie des Français et préfère très clairement cette solution à celle, diamétralement opposée, qui consisterait à diminuer celui de l’État, auquel on sent fort attaché le philosophe/ écrivain/ économiste/ chef d’orchestre/ destroutoureur d’intemporel officiel de la République.
Et histoire de bien destroutourer, il propose une augmentation de trois points de la TVA. Pour lui, c’est évident : comme nous sommes en déflation, les prix n’augmentent pas et c’est donc « le moment absolument formidable et unique pour augmenter la TVA ». Et même avec trois points de plus, comme il y a une concurrence féroce entre les producteurs, les prix n’augmenteront pas. Garanti sur facture, en quelque sorte.
Peut-être. Mais dans ce cas, cela veut dire que les marges des entreprises se rétréciront encore. Cela veut dire que les salaires n’augmenteront pas. Et cela veut aussi dire que, les individus étant toujours obligés de se nourrir et de se loger, cela se traduira mécaniquement par une baisse de pouvoir d’achat, dans le meilleur des cas. Dans le pire, les marges des entreprises se transformant en pertes, le chômage augmentera.
Pour rappel, il a déjà été montré à de nombreuses reprises qu’une austérité qui se traduit par une augmentation des taxes et des impôts n’aboutit jamais à faire repartir la croissance. La seule austérité qui fonctionne est celle, bien plus douloureuse, qui consiste à diminuer le poids de l’État et des dépenses publiques.
Or, pendant que Hollande bricole des annonces de réformes et des réformes d’annonces, la dette, elle, continue de grimper et dépasse de façon officielle les 2000 milliards d’euros. Le déficit se porte toujours aussi bien et explosera largement les 4% de PIB planifiés, pourtant déjà trop gros. La réforme de l’État n’a toujours pas eu lieu. Les dépenses publiques grossissent toujours. Et puisque l’idée d’augmenter la TVA semble à ce point géniale, simple et presque indolore à mettre en place, elle sera rapidement dans les tuyaux.
Ce pays est foutu.
Heureusement, des brouettées de socialisme vont nous sortir de l’ornière !
Magie de l’économie de marché ou simples effets logiques des interconnexions toujours plus fortes entre différents domaines économiques ? Conséquence d’une déflation larvée ou d’une production de plus grandes quantités ? Tensions internationales et interventionnisme d’État mal calibré ? Difficile de doser chaque élément, mais le résultat est là : le marché travaille bien pour les consommateurs français de fruits et de légumes puisqu’en définitive, leur prix diminue.
Le constat est sans appel. Avec les bonnes récoltes de juin et juillet, et le nécessaire ajustement offre/demande, le prix des fruits a baissé de 12% et les légumes de 3% par rapport à l’année dernière. En outre, les maraîchers constatent aussi que le pouvoir d’achat des Français impose de revoir leurs tarifs à la baisse. S’y ajoute la conjoncture internationale : les tensions avec l’Ukraine ont entraîné l’arrêt des importations de fruits et légumes en Russie. Mécaniquement, ce qui partait là-bas se retrouve sur les étals français. Le prix diminue donc pour les Français.
Autre effet de bord, toujours aussi savoureux : les sanctions contre la Russie se retournant contre ceux qui les ont prises, il va falloir panser les plaies ce qui se traduit, là encore de façon assez prévisible, par des demandes d’aides d’urgence de la part des producteurs. Demandes qui sont évidemment suivies, puisque l’Europe a finalementdébloqué un fonds de 125 millions d’euros pour voler au secours des pêches et des nectarines. Difficile, au passage, de ne de pas imaginer que la crise ukrainienne, fort commode, n’est pas seule totalement responsable des demandes véhémentes d’aides et qu’une petite compensation pour la baisse des prix sera la bienvenue pour améliorer la marge des producteurs.
Décidément, l’économie mondialisée est sans pitié pour les étatistes. D’un côté, le marché semble s’adapter naturellement en alignant les prix des produits au pouvoir d’achat des consommateurs. De l’autre, les structures étatiques interviennent lourdement, ce qui déclenche une série d’effets indésirables qui entraîneront la ponction du contribuable, et le renchérissement des prix des produits pour le consommateur. Le consommateur-contribuable sera donc doublement à l’amende pour avoir choisi des politiques collectivistes. À chaque fois que l’État se mêle d’intervenir sur le marché, ce dernier s’adapte et se rebiffe, entraînant méthodiquement des effets de bord imprévus pour les politiciens qui, par démagogie, ignorance ou un mélange des deux, ont pris les décisions délétères.
Et ce qui est vrai à l’échelle européenne l’est aussi partout ailleurs, comme l’illustre le cas maintenant dramatique du Venezuela. Pendant que le consommateur européen bénéficie de tarifs plus bas pour des quantités de fruits et de légumes plus grandes, le consommateur vénézuélien, lui, expérimente de première main les affres du socialisme et de la planification collectiviste avancée. Les lendemains qui chantent ont laissé place aux surlendemains à gueule de bois et aux frigos vides.
J’avais déjà évoqué la disparition progressive de petites commodités sanitaires (comme le papier toilette) dans ce pays qui dispose pourtant d’une manne pétrolière gigantesque. Au passage et par comparaison, afin d’éviter toute remarque sur le mode « trop de ressources naturelles peuvent nuire », un autre pays richement doté au plan pétrolier, la Norvège, a récemment annoncé l’accroissement de son fonds de pension (déjà le plus gros du monde) de plusieurs dizaines de milliards d’euros, grâce aux gains engrangés.
Mais voilà : la Norvège n’est pas chaviste pour un rond de chapeau, et la gestion du pays, « en bon père de famille », qui respecte la propriété privée et les règles du marché libre, permet de mettre ses habitants confortablement à l’abri. Pendant ce temps, le Venezuela s’entête sur la voie collectiviste et, comme Hollande qui « conserve le cap », Maduro conserve obstinément la direction catastrophique imposée par le révolutionnaire bolivarien avant sa mort.
Le bilan est désastreux : les hôpitaux manquent de matériel et de médicaments, les pénuries, un peu partout, se multiplient au point que les étals se vident, des déodorants aux cercueils en passant par les bouchons de bouteille en plastique ou la farine. Un produit de première nécessité sur quatre est introuvable, dans un contexte de crise économique inquiétante, avec une inflation annuelle de 60%, pas du tout prévisible une fois que le contrôle des changes et des capitaux furent mis en place.
La consternation du lecteur français (habitué à son confort intellectuel moelleux en cuir pleine peau) est à son comble lorsqu’on se rend compte, comme le titre l’AFP elle-même, que le patinage autistique vénézuélien est avant tout dû aux entreprises publiques. Méchant, méchant capitalisme privé ! Eh oui, comme par hasard, les multiples expropriations et les nationalisations à tire-larigot ont amplifié le phénomène de crise, la corruption et la démotivation générale des administrations, au lieu d’améliorer la situation pour les plus pauvres, comme l’indiquaient pourtant les gentils petits dépliants fournis pendant les campagnes électorales…
On croirait vivre ici les meilleurs passages du communisme appliqué en Union Soviétique ou à Cuba. Mais cette fois-ci, difficile d’utiliser l’excuse d’un méchant embargo, ou d’un complot de la CIA. Tout comme l’Argentine qui, ayant choisi la voie rose du socialisme, continue de s’enfoncer dans une crise de plus en plus carabinée (sa monnaie s’est complètement effondrée), le peuple vénézuélien fut totalement libre de choisir l’autoroute de la servitude, fichage des populations y compris, et s’y déplace maintenant à vive allure, en direction de ce qui ressemble à un goulag moderne. La France, pas si loin derrière, vitres ouvertes et musique à fond, pédale certes plus calmement (sur la voie de gauche) mais n’a toujours pas pris la sortie et finira inévitablement par passer par les mêmes aires dévastées que le Venezuela aura visitées avant.
Il faut se rendre à l’évidence : tant au Venezuela qu’en Argentine, l’expérience socialiste est encore (ENCORE) un échec.
Je l’ai déjà dit dans un précédent billet, mais je pense indispensable de le redire ici : chaque gouvernement qui se fait libéral dans sa gestion, utilise la subsidiarité et limite son interventionnisme, obtient de façon systématique des effets bénéfiques documentés. Inversement, chaque gouvernement qui s’obstine dans des politiques de relance, de dépense, d’absence de contrôle budgétaire, qui assoit sa légitimité démocratique sur la distribution de prébendes et d’avantages sociaux et qui intervient sur tous les marchés finit systématiquement par conduire le pays à sa ruine. Et le plus beau c’est que si une goutte de libéralisme ne suffit parfois pas à améliorer la situation d’un pays dramatiquement englué dans le collectivisme, une pincée de socialisme l’empire toujours.
Alors quand ce sont des brouettées, comme actuellement en France, on peut s’attendre au pire.
HOMMAGE PERSONNEL
Je voudrais par ce post rendre hommage à un ami, disparu d'une crise cardiaque dans ses 57 ans, en Normandie, alors qu'il élaguait ses arbres abattus d'un grand coup de vent récent.
Toute ma sympathie va à sa famille et à sa chienne Arthémis.
Merci Daniel pour ton humour cassant et dévastateur.
G.
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