vendredi 4 juillet 2014
L’autre match France-Allemagne
L’autre match France-Allemagne
Le résultat du match France-Allemagne est déjà connu : ce sont les Allemands qui l’ont emporté. Non pas tellement parce que, paraphrasant un célèbre joueur anglais, « le football est un jeu simple qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne », mais parce que la confrontation France-Allemagne dont il s’agit ne se déroule pas sur les terrains de foot. Elle a lieu partout, tous les jours. C’est un choc de puissance, une compétition larvée mais réelle, un enjeu de domination qui touche une multitude de domaines. Un peu partout, l’Allemagne l’emporte sur la France.
C’est le cas à Bruxelles, et c’est nouveau. La présence, l’influence allemandes sont désormais servies par un grand nombre d’hommes-clefs qui, nolens volens, font pencher l’Europe du côté de Berlin : le principal collaborateur du nouveau président de la Commission est allemand, les directeurs d’administration allemands sont les plus nombreux, le président du Parlement européen est allemand.
Cette puissance tranquille ne vient pas de nulle part. Elle n’est pas artificielle mais s’appuie au contraire sur la solidité de l’économie allemande et son respect métronomique des règles de l’Union. Ainsi sur la croissance et le budget : ce match vient juste de se dérouler cette semaine, et l’Allemagne l’a emporté sur la France par 0 contre –4. Zéro déficit budgétaire d’un côté, et 4 % de déficits publics de l’autre. Même sans avoir la religion de l’orthodoxie absolue, on voit bien comment notre voisin, fort d’un tissu d’entreprises puissant et d’un taux d’emploi brillant, peut se concentrer sur la défense de ses intérêts et peser de plus en plus lourd en Europe et dans le monde.
La France dominera peut-être ses adversaires à Rio. Tant mieux, ce serait bon pour le moral. Mais ça ne suffira certainement pas pour tous les autres matches qu’il y a à jouer.
Salubrité publique
Salubrité publique
La mémoire est une drôle de machine : le souvenir est souvent d’autant plus prégnant qu’on ne l’a pas vécu. Ainsi le match de foot entre la France et l’Allemagne en 1982 connait une nouvelle jeunesse. La défaite française est disséquée à l’infini; une télévision a même décidé de retransmettre intégralement cette rencontre du passé. Ceux qui n’étaient pas nés ne sont pas les derniers à avoir leur avis sur ce traumatisme français. La méthode a du bon. Il doit être utile de revivre des chocs de notre histoire pour, en une catharsis collective, mieux les surmonter. En ce sens, la télévision serait bien inspirée de rediffuser le moment où Martine Aubry annonça la création des 35 heures et où Chirac prononça la dissolution de 1997. Ce serait faire œuvre de salubrité publique.
Nikos Aliagas et Iker Casillas s'énervent sur Twitter : ils ont eu raison !
Sûrement vous souvenez-vous du "crève connard" tweeté par un Nikos Aliagas irrité par les réactions suite à la défaite de la Grèce contre le Costarica pour la Coupe du monde ? Ce genre coup de gueule n'est peut être pas préjudiciable à la personnalité en question. Il sert à l'humaniser. c'est l'avis d'Olivier Cimelière, communicant et responsable d'un cabinet en stratégie de réputation.
On savait que le football pouvait exacerber les passions. On l'a vérifié avec la Coupe du monde 2014.
En l’espace de quelques jours, deux personnalités mordues de ballon rond et de réseaux sociaux, l’animateur TV Nikos Aliagas et le gardien de but espagnol Iker Casillas, ont sèchement taclé des twittos à la limite de l’obscénité et du racisme. Ce genre de coup de gueule peut-il entacher une réputation ?
Sur Twitter, le moindre clash peut vite prendre des proportions inattendues. Pour peu que vous soyez une personne connue et/ou exerçant une certaine influence auprès de votre communauté, quelques mots de travers peuvent suffire à mettre en émoi la volière à twittos. C’est précisément ce genre de mésaventure qui est successivement survenue à Nikos Aliagas, figure emblématique de TF1 et Europe 1 et à Iker Casillas, portier du Real Madrid et de l’équipe d’Espagne piteusement évacuée de la Coupe du monde au Brésil.
Tacle assassin pour Nikos Aliagas !
Le 29 juin dernier, Nikos Aliagas commente avec ferveur sur son compte Twitter le déroulement de larencontre qui oppose le Costa Rica à son pays natal. Longtemps menée au score, la sélection hellène parvient in extremis à égaliser dans les arrêts de jeu de la seconde mi-temps. Les prolongations ne donnent rien. Les deux formations se départagent finalement dans une dramaturgique séance de tirs aux buts où les Sud-Américains l’emportent, évacuant ainsi la Grèce de la compétition la plus regardée au monde.
Au même moment, c’est un autre match qui se joue sur la timeline de Nikos Aliagas. Souvent planqués derrières d’anonymes pseudos, des twittos se mettent à chambrer l’animateur, à se moquer du jeu sans âme de l’équipe grecque et, plus grave, à verser dans le verbiage graveleux et raciste. A plusieurs reprises, Nikos Aliagas réplique avec un "ferme ta bouche morveux" et "joue pas avec ça petit". En vain.
Les provocs continuent jusqu’à la goutte de trop du twittos @TonyDSctf (encore un qui assume courageusement son identité !) qui écope d’un cinglant "crève connard" de la part de l’animateur excédé. Le buzz démarre aussitôt.
Le tweet mordant est partagé plus de 2700 fois en quelques heures. Bien que certains internautes suggèrent à Nikos Aliagas d’effacer son tweet, celui-ci n’en fait rien. Bien au contraire, il maintient ses mots et justifie sa réaction courroucée : "je réponds aux insultes comme il le mérite". Quelques jours plus tard, l’internaute clashé par Nikos Aliagas joue pourtant les victimes en déclarant à Télé 2 semaines :
"Lorsque j’ai posté ce message, c’était simplement pour chambrer Nikos Aliagas. Franchement, si un humoriste comme Nicolas Canteloup avait sorti le même message, je pense que la réaction de Nikos n’aurait pas été la même. […] J’ai le sentiment d’avoir pris pour les autres. J’ai vu qu’il s’était fait insulter toute la soirée. […] Mon message a dû être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, mais sa réponse était excessive."
Iker Casillas sort à son tour le carton rouge
Quelques jours plus tard, une autre passe d’armes éclate sur Twitter. Elle met cette fois aux prises le gardien de but de la Roja, Iker Casillas et un de ses abonnés sur Instagram. Eprouvé par l’élimination précoce et sans gloire de sa sélection dès le premier tour, le portier espagnol est désormais en vacances où il décompresse et tente d’oublier sa déconvenue sportive en compagnie de son épouse et de son bébé sur une plage du Portugal. C’est alors qu’il publie un cliché attendrissant de sa femme et son enfant sur Instagram. Succès instantané puisque la photo recueille plus de 228.000 likes !
Sauf aux yeux d’un supporter énervé par la déroute espagnole au Mondial qui écrit dans la foulée :"Jette-le à l’eau qu’on voit s’il flotte".
Le joueur prend finalement connaissance du message au goût fort douteux. Tellement douteux qu’Iker Casillas renvoie l’impétrant dans les cordes avec virulence en écrivant : "Tu dois être un sacré fils de pute pour faire ce commentaire. J’espère que tu réfléchiras trois minutes à ce que tu as écrit… CONNARD ! ".
Impact garanti avec à ce jour plus de 12.700 commentaires relatifs à l’algarade digitale et aussitôt plusieurs articles dans les médias en ligne.
Réputation impactée ou préservée ?
Tous les experts numériques l’affirment de manière unanime. Sur les réseaux sociaux, il est préférable de se relire, voire de temporiser avant de songer à répondre à une attaque ou à une mise en cause.
Même si on tapote 140 caractères sur son clavier en solo derrière un écran de smartphone ou d’ordinateur, la discussion devient elle publique et potentiellement virale si elle véhicule les ingrédients du tweet-clash dont raffolent les accros des médias sociaux. A tweeter trop vite, trop fort, on peut effectivement mettre sa réputation en porte-à-faux d’autant que le Web garde aisément trace même si on efface dans la foulée.
Pour les personnalités, l’équilibrisme discursif peut s’avérer encore plus périlleux pour leur image. Dans le cas de Nikos Aliagas, certains socionautes se sont en effet offusqués que l’animateur puisse autant monter dans les tours et claquer le beignet à d’anonymes twittos très amusés de balancer des vannes racistes et des blagues éculées sur les Grecs. Il est vrai que l’image publique de Nikos Aliagas n’est pas celle d’un polémiste mais au contraire d’une figure publique plutôt chaleureuse. Il en est de même pour Iker Casillas. De toute la sélection espagnole, il ne fait pas vraiment partie de ceux qui défraient la chronique par des embardées verbales et des insultes à tire-larigot.
Ils ont eu raison !
Il n’en demeure pas moins que les deux personnalités insultées ont largement eu raison de tonner et de baffer publiquement ces trolls qui pullulent trop souvent sur les réseaux sociaux et qui se défoulent à peu de frais et trop souvent à visage caché. Les tenants de la morale pourront toujours s’offusquer des vocables grossiers usités pour la circonstance.
Pourtant, leur spontanéité particulièrement bien adaptée face à la crétinerie des interlocuteurs, a le mérite d’humaniser ces deux figures médiatiques et de le rendre ainsi authentiques dans leurs emportements autant qu'ils le sont par ailleurs dans leurs coups de coeur. Il est évident que ces répliques sont à utiliser avec des pincettes et avec extrême parcimonie. Toutefois, à force de laisser des cons s’exciter gratuitement sans jamais ne rien dire, ces derniers finissent par croire indûment qu’ils ont raison.
Les réseaux sociaux, ça sert aussi à remettre les cons en place !
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