TOUT EST DIT

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vendredi 17 décembre 2010

Larry King rend l'antenne


Après 25 ans d'antenne, Larry King, le présentateur vedette de la chaîne américaine CNN aux légendaires bretelles, a mis fin jeudi soir à son programme "Larry King Live". Depuis les studios de CNN à Los Angeles, le présentateur, âgé de 77 ans, a reçu les hommages de Bill Clinton et de Barack Obama, mais aussi de la fine fleur des présentateurs et animateurs américains.
Selon sa biographie officielle, Larry King a mené plus de 40 000 interviews. Pour lui rendre hommage, Bill Maher, Ryan Seacrest, Katie Couric, Barbara Walters, Diane Sawyer et Brian Williams se sont succédé sur son plateau. Bill Maher a ouvert l'émission, à 18 heures, heure locale, en lançant : "Ce soir, ce ne sont pas les funérailles de Larry King. Espérons que Larry sera pour longtemps encore présent dans nos salons".
Quelques minutes plus tard, alors que le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, venait de proclamer l'instauration dans cet Etat d'une "journée Larry King", le présentateur a reçu dans un message enregistré l'hommage du président Obama, qui a salué "l'un des géants de la télé, à la carrière incroyable". "Larry, pendant 25 ans, vous avez orchestré les conversations entre les personnalités de l'actualité, les célébrités et le peuple américain (...) Vous dites que vous ne faites que poser des questions. Mais pour des générations d'Américains, les réponses à ces questions ont surpris, informé et nous ont ouvert les yeux sur le monde extérieur", a déclaré le président américain.

Chemise noire, bretelles rouges et cravate rouge à pois blancs, Larry King a ensuite réalisé une courte interview de l'ancien président Bill Clinton, en duplex depuis l'Etat de l'Arkansas, avant que le chanteur Tony Bennett n'entonne en direct, depuis San Francisco, le classique The best is yet to come (Le meilleur est à venir).
Après avoir présenté sa septième femme, Shawn Southwick, et leurs deux enfants – leurs déboires conjugaux avaient fait la une des tabloïds en début d'année –, l'animateur a finalement pris congé des téléspectateurs en leur lançant: "Plutôt qu'au revoir, pourquoi ne pas plutôt se dire 'A bientôt' ?" L'animateur avait assuré, en annonçant la fin de son émission, qu'il continuerait à présenter des émissions spéciales sur CNN.

Larry Zeiger dans le quartier new-yorkais de Brooklyn, "Larry The King", comme l'appelle le président vénézuélien Hugo Chavez, est devenu au fil du temps l'une des figures les plus célèbres du paysage audiovisuel américain. Depuis sa première émission sur CNN en 1985, il a notamment reçu tous les présidents américains de Gerald Ford (1974-1977) à Barack Obama, mais aussi Hugh Hefner, le fondateur du magazine Playboy, le boxeur Mike Tyson ou le dirigeant palestinien Yasser Arafat.
Ces dernières années, son émission avait cependant vu son audience s'effriter inexorablement, distancée par les chaînes d'info concurrentes. Des rediffusions du "Larry King Live" seront programmées jusqu'à la fin de l'année, avant l'arrivée sur la case horaire, en janvier, de l'ancien journaliste britannique Piers Morgan. CNN a également mis en ligne une compilation de ses interviews les plus marquantes.
 Mais Larry King n'a pas que des admirateurs. Certains lui reprochent d'être trop mielleux lors de ses interviews. Ses fans rétorquent que c'est justement ce ton qui lui a permis de recevoir tant de personnalités. Lauréat d'un prestigieux Emmy Award, Larry King a récemment battu le record de longévité d'un intervieweur sur une même chaîne.
Les hommages n'ont cessé d'affluer depuis que l'animateur a annoncé la fin de son émission. "Le ricanement de Larry va nous manquer. Les bretelles idiotes de Larry vont nous manquer", a ainsi lancé Lisa de Moraes, qui écrit sur la télévision dans le Washington Post. "Ce qui va aussi nous manquer, c'est qu'il n'avait parfois absolument aucune idée de qui était la personne qu'il interviewait. Il n'y aura jamais d'autre Larry."


Le commentaire politique de Christophe Barbier



Parapluies


Parlez-vous le parapluie ? C’est une langue usitée dans l’administration pour se protéger de la hiérarchie. Elle s’apprend dès les premiers échelons, et se perfectionne dans les crises : rien de tel qu’un bon savon pour améliorer sa pratique du parapluie. On l’a vérifié hier avec Météo France : tancée la semaine dernière par le Premier ministre pour n’avoir pas assez sonné l’alerte contre la neige, notre grenouille nationale a cette fois sorti le parapluie. Nous faisons face, a prévenu Météo France, à « un épisode neigeux non exceptionnel mais suffisamment notable pour rendre les conditions de circulation difficiles ». Traduit du parapluie, cela veut dire : ça peut être grave, mais c’est normal. Le message a porté, il n’en a pas fallu davantage pour que notre Premier ministre se transforme en Général Fillon et nous joue Blindé Futé contre la neige... A chacun son parapluie.

Un sommet pour mettre en place un mécanisme de protection de l’euro

Les dirigeants européens qui se sont retrouvés hier à Bruxelles, travailleront jusqu’à aujourd’hui pour doter la zone euro des moyens de résister durablement aux crises financières. Seul problème, et de taille : ils restent divisés sur les réponses au terme d’une année marquée par le sauvetage de la Grèce et l’Irlande.
« Je voudrais que l’Europe, aujourd’hui et demain, prouve sa volonté de tout faire pour assurer la stabilité financière de la zone euro », a souligné, hier, le chef de file des ministres des Finances de l’Union monétaire, Jean-Claude Juncker.
La chancelière allemande Angela Merkel a, elle, appelé les dirigeants à afficher leur « détermination » pour rétablir la confiance en l’euro.
Concrètement, la réunion doit permettre d’engager un changement limité du traité en vigueur en Europe pour créer un mécanisme permanent de solidarité financière pour la zone euro.
Ce changement d’un texte, pourtant en vigueur depuis seulement un an, est une condition posée par l’Allemagne pour accepter de pérenniser un Fonds de secours en faveur des pays en difficulté.
« Autant d’argent qu’il est nécessaire »
Berlin redoute à défaut de se faire sanctionner par sa Cour constitutionnelle, le traité actuel interdisant en principe qu’un pays de la zone euro soit sauvé de la banqueroute par ses partenaires.
Aussi, un passage du traité, l’article 136 sur le fonctionnement de la zone euro, sera élargi l’an prochain.
Tous espèrent que le changement sera suffisamment circonscrit pour éviter d’en passer, pour l’approuver, par des référendums nationaux, toujours risqués politiquement.
Lors du sommet, les dirigeants devraient aussi poser des jalons pour finaliser les contours du futur mécanisme de protection monétaire.
Échaudée par la crise grecque au printemps, l’Europe a mis en place un Fonds de stabilité de la zone euro, doté de 440 milliards de garanties des États, qui expirera mi-2013, dans le cadre d’un dispositif plus large de 750 milliards d’euros au total, en incluant le FMI et l’UE.
Il a été décidé de mettre en place un dispositif permanent, qui lui succédera, pour rassurer les marchés sur la capacité de réaction de la zone euro. Principale nouveauté : les banques et fonds privés détenteurs de dette publique pourront contribuer au sauvetage d’un pays en faillite, au cas par cas. Pour éviter une contagion de la crise de la dette, certains responsables veulent aussi aller plus loin. Mais jusqu’à hier, les Européens apparaissaient divisés sur l’opportunité d’augmenter les ressources du Fonds de soutien. Ce n’est donc pas sans surprise que l’on entendit, hier, le Premier ministre belge Yves Leterme, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, déclarer en marge du sommet, que les dirigeants européens avaient la « volonté commune » de doter le Fonds de secours de la zone euro d’ « autant d’argent qu’il est nécessaire »…
Certains responsables européens, au premier rang desquels le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, veulent de leur côté créer des « euro-obligations », des emprunts d’État communs, pour mutualiser les risques entre pays.
Un calme précaire sur les marchés
Mais l’Allemagne, qui jouit de la plus grande crédibilité sur les marchés obligataires, ne veut pas en entendre parler. Mme Merkel a répété son opposition à cette idée avant le sommet. Et la France estime qu’il est trop tôt pour en discuter.
Dans l’immédiat, le calme précaire revenu sur les marchés est surtout dû à l’action de la BCE, qui achète massivement les obligations des pays fragiles de la zone euro. Pour rassurer sur sa capacité à faire face, l´institut monétaire a décidé, hier, de doubler son capital, à 10,76 milliards, la plus importante augmentation de capital de son histoire.

L’argent coule à flots

Le sommet européen, qui s’est ouvert hier à Bruxelles, est dédié aux problèmes financiers, monétaires et économiques. Les chefs d’État et de gouvernement des « 27 » ont deux défis cruciaux à relever. Le premier : empêcher les crises en Grèce et en Irlande, les accès de faiblesse de l’Espagne et du Portugal — mis en exergue par de piètres notations des agences spécialisées — de transformer l’Europe monétaire en jeu de dominos. Le second est l’enjeu du premier : préserver l’existence même de l’euro, alors que la monnaie commune est remise en question par des responsables politiques et des experts économiques.

Le sommet livrera aujourd’hui ses conclusions finales. Mais, dès hier, les participants ont frappé un grand coup en proclamant leur « volonté commune » de doter le Fonds de secours de la zone euro d’« autant d’argent qu’il est nécessaire ». Jusqu’en 2013, ce fonds dispose de 440 milliards d’euros, sous forme de garanties des États, auxquels s’ajoutent 60 milliards apportés par l’Union européenne, sur son budget propre, et 250 milliards abondés par le Fonds monétaire international. Mais avec la mise en place d’un dispositif permanent, d’une sorte de Samu financier, qui est débattue à Bruxelles, l’augmentation des moyens disponibles a été mise à l’ordre du jour.

Il y a quelques semaines, nous signalions, ici même, que circulait l’hypothèse de leur doublement, à 1500 milliards d’euros. Il a semblé, ensuite, que cette possibilité vertigineuse n’agréait ni à Berlin, ni à Paris. Ou que son examen fût prématuré.

En laissant entendre, hier, qu’il y aurait « autant d’argent qu’il est nécessaire », les États de l’Union ne prennent certes pas d’engagement chiffré, mais suggèrent qu’ils disposent de ressources illimitées pour — selon la formule aujourd’hui consacrée — « rassurer les marchés ».

Les citoyens, eux, le sont peut-être de moins en moins. Dans le contexte de rigueur ou — dans certains pays — de sacrifices, qui leur est imposé, le sentiment que l’argent peut couler à flots pour combler des trous, ne peut que susciter l’incompréhension, en regard des volumes très contingentés, voire rétrécis, destinés à endiguer la précarité ou relancer le travail.

Éviter l'embrasement

Trois kilomètres. C'est ce qui sépare, à Abidjan, le palais présidentiel de l'hôtel du Golf. Dans le premier, Laurent Gbagbo, le président battu le 28 novembre, s'accroche à son pouvoir, fort du soutien de l'armée. Dans le second, Alassane Ouattara, le vainqueur, tente de faire valoir son succès et le soutien de l'étranger dont il bénéficie. C'est dans ce petit périmètre que se jouait, hier, la guerre ou la paix en Côte d'Ivoire. Entre un palais sans légitimité et un élu sans palais. Les violences qui ont éclaté font, hélas, redouter le pire.

Depuis deux semaines, aucune médiation n'a fait vaciller Gbagbo dans son refus de reconnaître le résultat des urnes. Pire, sa stratégie ne laisse plus de place au doute. Gbagbo a choisi l'affrontement. Il dispose de troupes d'élite et d'une garde bien armées. C'est sans la moindre hésitation qu'il a fait tirer, hier, sur les militants pro-Ouattara qui marchaient vers le siège de la télévision publique. Tous ceux qui espéraient des défections au sein de l'armée en faveur d'Ouattara doivent se rendre à l'évidence. Gbagbo tient ses troupes, qu'il arme et rétribue. C'est le plus mauvais signal qui pouvait arriver.

La RTI, la télévision publique qui concentrait, hier, tous les regards, est devenue un symbole ces dernières semaines. Symbole positif, initialement, puisque, pour la première fois, elle a été relativement neutre durant la campagne électorale. Organisant un débat entre les candidats, faisant espérer aux Ivoiriens l'entrée de leur pays dans le club des démocraties.

Toutefois, dès le 29 novembre, la puissance de feu que constitue la télévision a été immédiatement reprise en main par les hommes de Gbagbo. Distillant une information censurée, alors qu'au même moment les ondes de RFI, de la BBC et de France 24 étaient brouillées. C'est la raison qui a poussé Ouattara à marcher sur ce symbole. Au risque de déclencher l'affrontement et de jouer sa fragile légitimité

Importante, cette bataille des ondes l'est toutefois moins que ce qui se discute en coulisses sur le plan économique et financier. C'est le principal levier dont dispose la communauté internationale pour empêcher Gbagbo de faire précipiter la Côte d'Ivoire dans un bain de sang. À ce jour, l'Onu, l'Union européenne, les États-Unis ont reconnu explicitement la victoire d'Alassane Ouattara. Nul ne souhaite intervenir militairement, comme l'a rappelé, mercredi, Alain Jupé, le ministre de la Défense. C'est l'arme économique qui peut avoir du poids. Peut-être.

Gel des avoirs, gel des comptes auprès de la banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, blocage des visas. Paris et les Européens poussent pour que la banque centrale ivoirienne change de main. « La seule signature valable pour l'État ivoirien, c'est désormais celle de M. Ouattara », a déclaré, mercredi, Michèle Alliot-Marie, lors de son audition au Parlement. Simple voeu ou pression efficace? La France parle d'un pupitre qui compte. C'est le premier partenaire d'Abidjan, avec plus de 600 entreprises implantées et 15 000 ressortissants résidents.

C'est aussi une fragilité. Tout le monde garde en mémoire les violences antifrançaises de 2004 qui avaient poussé 8 000 Français à quitter le pays. Depuis hier, le risque d'embrasement est à son comble. Politiquement, le retour à une partition nord-sud est de plus en plus probable. Mais il y a, dans le pays, autant de risques de guerre civile que de barrages des forces armées. C'est ce scénario du pire que la diplomatie tente d'éviter.

Les ressources stratégiques des gouvernements Merkel 2 et Fillon 3

Il existe trois réponses aux problèmes posés par l’accès aux ressources stratégiques.


- L’Allemagne se mobilise au cours du mois d’avril 2010 (gouvernement Merkel 2) en créant au BMWI (le Minefi allemand) dans le BGR - l’institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (un grand BRGM français lorsqu’il était au zénith et avant qu’il ne soit accablé) une agence des matières premières stratégiques, la Rohstoffagentur.
Elle a pour mission de répondre à la stratégie nationale d’approvisionnement en matières stratégiques et les entreprises allemandes - souvent des PME-PMI - réclament et obtiennent un appui politique et d’accompagnement.
Les intérêts économiques qui la conduisent sont liés à des profils d’emploi clairement défini : action politique et économique, plate-forme d’information centralisée, conseils d’experts, réservoir de connaissances pour les métaux de haute technologie tels que : terres rares, germanium, titane, cobalt, lithium, rhénium…


- La deuxième réponse concerne l’approvisionnement. En Allemagne, ce n’est pas le rôle de la Rohstoffagentur car le tissu industriel et commercial s’en occupe. En revanche, c’est une société de négoce étatique nouvellement créée qui s’occupe de l’indépendance de denrées stratégiques à Abou Dhabi (Abu Dhabi Sources). En effet, il y a quelques semaines, cet émirat lançait sa société de trading nationale. Elle souhaite préparer une réponse aux besoins en nourriture et en métaux en cas de blocage du détroit d’Ormouz, si un conflit se déclarait dans la région.


- La troisième réponse recoupe la notion de stock stratégique. La Chine est une « agence des matières premières géante », pas moins de deux entités concentrent des moyens sur les ressources stratégiques au sein de la commission de la réforme et du développement national.
De son coté, le Bureau national de la réserve stratégique anticipe les besoins et amortit les chocs. Il achetait de nombreuses matières lorsqu’elles étaient bon marché en 2008-2009 (cuivre, aluminium, zinc, indium, titane) et il en revend en période de tension. Cette année il vend du zinc, du magnésium, du maïs, du coton, du sucre, de la pâte à papier et de l’aluminium. Il veut stabiliser les cours du pétrole, du blé, du coton, du sucre, du riz et autres matières agricoles.
Sauf erreur de ma part, à ce jour, à aucun moment la réserve stratégique ne revendait du cuivre
Ce qui est stratégique pour nous ne l’est pas nécessairement pour d’autres et vice-versa. Et, je ne parlerai pas du stock du Japon.

Permettez-moi ici une légère digression. La Rohstoffagentur précise que les risques d’approvisionnement des métaux de haute technologie sont souvent plus élevés que pour les ressources énergétiques comme le pétrole et le gaz.
En effet, je crois aussi que le pétrole est un sujet déjà très largement balisé et un thème captant moins l’attention. L’OPEP et les sociétés étatiques des pays non-OPEP réglementent et anesthésient le contexte.
Comme l’illustre l’exclusivité accordée à Petrobras sur les nouveaux champs pétroliers au large du Brésil (un nouveau « Golfe du Mexique »), la production d’hydrocarbures est l’affaire de sociétés pétrolières nationales dominantes et les multinationales privées sont marginalisées.
De ce point de vue, le gaz est plus vivant, comme le démontre l’effervescence autour des gaz de schistes.

Mais revenons à l’Allemagne et aussi la France. En résumé, la Rohstoffagentur est créée au cœur des filières industrielles et, faut-il le rappeler, celles-ci commencent par la transformation d’une matière qu’il faut avoir en main. Les entreprises françaises, comme les allemandes, souvent d’une taille moyenne, voient leurs exportations handicapées par un accès difficile aux ressources stratégiques.

Pourtant, il y a longtemps, en France, nous disposions des trois réponses décrites ci-dessus. Mais des abandons, parfois désespérants, avaient lieu aussi bien dans le secteur privé (Péchiney, les métaux stratégiques du Comptoir Lyon Alemand Louyot, Arcelor, Pennaroya) que dans le secteur public (Caisse française des matières premières, Girm, BRGM, Coframines, DGEMP).

Il y a quelques mois, l’Etat communiquait autour de la création d’un Comité pour les Métaux Stratégiques (Comes). Sa mission ? Renforcer la sécurité d’approvisionnement nécessaire à la compétitivité durable de l’économique française. Ce comité n’a pas encore réellement vu le jour et c’est heureux car l’une des idées pivots du Comes semble être le recyclage.

Certes, le thème de recycler des ressources dites stratégiques pour subvenir aux approvisionnements est louable et conserve la couleur filiale du Ministère de l’Environnement. Cependant, il atteint rapidement, et pour quelques temps encore, les limites naturelles d’une récupération de matières situées dans des applications récentes voire immatures. Quand recyclerons-nous les terres rares utilisées dans les éoliennes ou bien des voitures électriques ?

Quid du reste en France ?
Grâce au gouvernement Fillon 3, ce thème des ressources stratégiques est passé sous l’autorité du Ministère de l’Industrie. Au même moment la France parle de manière positive de l’industrie minière. Il est à espérer que nos dispositifs administratifs, industriels et miniers transmutent intensément et qu’ils adopteront un format pragmatique.

Le marché ne fait pas tout et, en effet, des pays ont décidé d’agir. La France ne veut pas subir mais agir, l’administration et l’industrie souhaitent identifier les domaines en difficultés et sont désireuses de diagnostics communs et d’actions collectives. Mais, le temps presse car des compétences inexploitées ne sont certainement pas aux bons endroits et d’autres disparaissent.

L'emploi et son revers

L'économie française avance encore à petite vitesse, mais elle crée déjà des emplois. Dans sa note de conjoncture publiée hier, l'Insee confirme que la production nationale manque d'énergie. Elle va rester dans les prochains mois sur une pente de progression à peine supérieure à 1,5 %. C'est sa tendance depuis la fin 2009, au sortir de la récession. Sauf bonne surprise, la prévision d'une croissance de 2 %, associée au budget 2011 voté cette semaine par le Parlement, ne sera donc pas atteinte. Mais une bonne surprise est toujours possible. La preuve : il y en a déjà une dans le panorama conjoncturel. L'emploi ne va pas si mal. Le propos peut paraître provocateur dans un pays où près d'un actif sur dix est au chômage et où beaucoup d'autres ont des postes précaires. Mais ça devrait être bien pire. Si les employeurs avaient réagi à la crise comme ils l'ont fait par le passé, le nombre de leurs salariés auraient chuté d'un demi-million de plus entre la mi -2008 et la mi-2010. Ils ont donc changé de comportement, en sacrifiant leurs marges, en embauchant dès le redémarrage des affaires. Les chercheurs de l'Institut de la statistique ont cherché à comprendre pourquoi. Leur première explication est plutôt rassurante. Les chefs entreprise ont voulu préserver leurs effectifs. L'assouplissement des critères de recours au chômage partiel leur a fourni un outil précieux, que leurs concurrents allemands ont encore plus utilisé. Les industriels se sont aussi sans doute souvenus que les licenciements brutaux lors de la récession de 1993 les avaient affaiblis au moment de la reprise, au point de perdre des contrats faute de ressources humaines. Mais ça n'explique pas tout. D'où la seconde explication, beaucoup plus inquiétante : la crise pourrait bien révéler une rupture dans la productivité. La productivité, c'est la production par tête, le seul vrai moteur durable de la croissance. Sa forte hausse, de plus de 5 % l'an, avait fait les Trente Glorieuses. Après le choc pétrolier de 1973, son rythme de progression avait décliné, jusqu'à 2 % au début des années 1990. Ces dernières années, elle gagnait plutôt 1,5 % par an. Son rythme de progression pourrait bien avoir descendu une nouvelle marche pour se situer autour de 1 %. Cela constituerait une bonne nouvelle pour l'emploi à court terme : quand la productivité ralentit, les entreprises doivent embaucher davantage. Mais derrière, c'est aussi toute la machine à produire de la richesse qui faiblit. Pour l'instant, ce n'est qu'une hypothèse. Mais une hypothèse qui pourrait devenir un formidable défi économique, social, financier et politique.

Le sauvetage de Berlusconi, 

bonne nouvelle pour l'Italie

Aussi précaire soit-elle et quoi que l'on pense du personnage, la victoire de Silvio Berlusconi est une excellente nouvelle pour les institutions italiennes. En repoussant la motion de censure, ne fût-ce que par trois voix d'écart, les députés ont renvoyé dans ses buts un homme, Gianfranco Fini, qui tentait de réveiller par ambition personnelle la Première République heureusement disparue bien que jamais remplacée en 1994. Une République qui date d'avant la « descente sur le terrain » du patron de Fininvest, une éternité ! Une République qui a pris fin avec la célèbre opération « mains propres », emportant dans sa tombe la Démocratie-chrétienne, le Parti communiste et leurs cuisines politiciennes qui composaient et décomposaient les exécutifs, plusieurs fois par an parfois, dans le dos des citoyens toujours. Il suffit de penser aux sept gouvernements Andreotti ou aux huit gouvernements De Gasperi pour retrouver un instant le tournis de l'époque. Depuis l'après-guerre, Silvio Berlusconi est le seul président du Conseil à avoir mené une législature à son terme, de 2001 à 2006. Et aucun événement exceptionnel ne justifiait qu'il soit mis un terme prématuré à sa tentative actuelle de battre ce record. Le vote du 14 décembre 2010 a ceci de salutaire que le choix des électeurs sorti des urnes en avril 2008 a été respecté. En faisant revenir au pouvoir Silvio Berlusconi pour la troisième fois, avec 47 % de leurs suffrages contre 36 % à ses adversaires, les Italiens avaient dit non à Romano Prodi, qu'ils jugeaient inactif. Ils avaient préféré le « Cavaliere », en faisant semblant de croire à ses promesses de baisser les impôts, de débarrasser Naples de ses ordures et de renouer avec l'énergie nucléaire. Au bout du compte, on le sait déjà, le bilan risque d'être sévère. Mais si la Constitution italienne et le mode de scrutin en vigueur ont des tas de défauts, ils ont au moins le mérite de garantir, peu ou prou, un fonctionnement bipolaire du pays et de lui assurer une certaine stabilité. Pas inutile, en ces temps de crise de la zone euro.

Ce n'est pas un hasard si ceux qui cherchent des explications à l'attitude de Gianfranco Fini ne trouvent pas de réponse. Que s'est-il passé, au fond, pour que le président de la Chambre des députés ne sache attendre les échéances officielles ? Rien, si ce n'est qu'il entrera en janvier dans sa soixantième année. Fin novembre, ses partisans ont mis en ligne sur le site de leur club, Generazione Italia, une lettre ouverte à Silvio Berlusconi. « Monsieur le président du Conseil, nous considérons qu'a échoué l'expérience de ce gouvernement […]. Vous avez fait du pouvoir une fin en soi, sans réformer le pays, en conflit avec la magistrature et les syndicats, et en contrôlant l'information. » Une plaisanterie, car il s'agissait en réalité du discours tenu il y a exactement seize ans par Umberto Bossi, leader de la Ligue du Nord, le jour où celui-ci rompit avec Silvio Berlusconi, obligeant pour le coup le tycoon des médias à mettre fin, plus vite que prévu, à sa première expérience politique. Or la plaisanterie s'est retournée contre son auteur. Qu'a fait Gianfranco Fini ces deux dernières années pour interdire au président du Conseil de garder la haute main sur la quasi-totalité des télévisions et des journaux de la péninsule ? Qu'a-t-il fait pour l'empêcher d'insulter les juges et pour l'obliger à se rendre aux audiences de ses procès ? Qu'a-t-il fait, enfin, pour l'inciter à freiner l'envolée de la dette publique ? Derrière les coups d'éclat et le courage, bien tardif, de crever l'abcès, bien malin celui qui peut lire la ligne politique. En un quart de siècle, Gianfranco Fini est passé par presque toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Choisi au milieu des années 1980 par Giorgio Almirante pour diriger le Mouvement social italien (MSI), le Front national transalpin, il se voyait ces derniers jours gouverner avec le centre et les pseudo Verts, voire avec la gauche, après avoir travaillé main dans la main avec la droite berlusconienne de 1994 à 2010, d'abord sous l'étiquette d'Alliance nationale (AN), comme numéro deux du deuxième gouvernement Berlusconi, puis sous les couleurs du Peuple de la liberté (PDL), comme président de la Chambre des députés.

S'agissant de la méthode, ce qui s'est passé tout au long de l'année écoulée laisse rêveur. Tout a commencé le 22 avril, lors du congrès du PDL. L'Italie est agitée par les scandales entourant la vie privée du chef de l'exécutif et ce jour-là, dans un amphithéâtre proche du Vatican, les deux hommes s'envoient des noms d'oiseau à la figure avec une rare violence, devant un public effaré. Fin juillet, le président du Conseil estime que son partenaire ne fait plus partie de la famille. Du coup, à la rentrée, l'intéressé prend acte du divorce. S'estimant victime d'une purge « stalinienne », il déclare « la fin » du PDL et crée un groupe parlementaire autonome, sans mettre sur la table aucune divergence idéologique. Début novembre, il fonde un nouveau parti, Futur et Liberté pour l'Italie (FLI), toujours sans programme, et convainc ses quatre amis ministres de quitter le gouvernement. Silvio Berlusconi riposte en organisant pour le 14 décembre un vote de confiance au Sénat, où ses fidèles détiennent la majorité absolue. La gauche s'engouffre dans la brèche et annonce une motion de censure le même jour à la Chambre, où le PDL ne dispose que d'une majorité relative. Gianfranco Fini ne peut aller jusqu'à rallier cette initiative. « Je suis du centre droit et je le reste », répète-t-il jusqu'à l'usure. Il décide alors de présenter sa propre motion de censure. Ultime paradoxe, quand on sait qu'il avait apporté sa voix au précédent vote de confiance réclamé par le président du Conseil, pas plus tard que le 29 septembre ! « Je suis dans la majorité », disait-il encore à ce moment-là. « Je suis dans l'opposition », a-t-il martelé dans les heures qui ont précédé le vote de mardi. Et demain ?

Enchères sur le cercueil 
de Lee Harvey Oswald


Tout se vend… mais la mise aux enchères,
en ligne, du cercueil de Lee Harvey
Oswald, qui a assassiné, le 22novembre
1963, le président John F.Kennedy et fut tué
par Jack Ruby deux jours après, est un événement
rare. «Monpremier cercueil», reconnaît
NateD.Sanders, le directeur de la maison
de vente aux enchères dumêmenom,
basée à Los Angeles et spécialisée dans les
autographes et les objets historiques rares.
Les acheteurs potentiels ont jusqu’au jeudi
16décembre, 5heures de l’après-midi sur
la côte pacifique (2heures du matin le 17, heure
de Paris), pour acquérir le cercueil en bois
de pin dans lequel Oswald a été inhuméle
25novembre 1963, au cimetière RoseHill de
Fort Worth (Texas), jusqu’à son exhumation
le 4octobre 1981, effectuée avec l’accord de sa
veuve, MarinaOswald, et en réponse à des
rumeurs selon lesquelles un agent russe qui
lui ressemblait aurait été enterré à sa place.
Les restes furent identifiés commeétant
ceux d’Oswald, grâce aux empreintes dentaires,
mais son cercueil d’origine, très endommagé,
a été remplacé et conservé par la maison
funéraire Miller Funeral Home.
Le lot est accompagné d’une lettre
d’authenticité d’Allen Baumgardner, qui a
participé à l’embaumement d’Oswald avant
d’acquérir la maison funéraire et ses biens,
qu’il revend aujourd’hui. La vente inclut la
table d’embaumement, la première version
du certificat de décès d’Oswald, signée par
son frère Robert, portant la mention «Shot
by Jack Rubenstein», rayée par le juge qui a
réclamé un autre certificat ; ainsi qu’une
vingtaine d’objets liés à l’assassinat, dont un
morceau de cuir du siège de la voiture présidentielle
portant des traces de sang.
Cheveux d’astronaute
«Il existe une véritable fascination dans le
public pour tout ce qui est lié à l’assassinat du
président Kennedy, et beaucoup de collectionneurs
sont avides de ce genre de souvenirs,
particulièrement au Texas», explique Nate
D.Sanders, qui prévoit que l’acheteur du cercueil
sera un riche collectionneur ou bien un
musée privé. Mercredi soir, les enchères
atteignaient 21 114 dollars (soit 15 982euros).
Moins macabre, la vente propose aussi
une lettre manuscrite du président américain
John Adams dont le prix monte, une
copie signée du discours parlementaire prononcé
par Neville Chamberlain le 28septembre
1939 à la veille de l’accord de Munich,
qui n’a pas autant de succès ; une courte lettre
de la princesse Anastasia, fille du tsar
assassinée en 1918 avec sa famille, datant du
16octobre 1909 (elle avait alors 8 ans) ; des
souvenirs des missions Apollo – météorites,
poussière de Lune et cheveux de l’astronaute
Neil Armstrong –, une photo grand format
signée par le photographe de l’Ouest
américain, Carleton Watkins, représentant
une partie de chasse dans la vallée de
Yosemite, enfin, quelques planches et dessins
originaux de Charles Schulz, l’auteur de
Peanuts.p

Nobel versus Confucius

L'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo et la violente réaction de Pékin feront date : jamais la rupture morale entre l'Occident et le plus puissant des régimes antidémocratiques n'avait été aussi nettement exprimée. Au temps de la guerre froide, les totalitarismes russe et chinois pouvaient recourir à des justifications idéologiques. Celles-ci ont disparu avec la fin du maoïsme, puis la chute du communisme soviétique, mais on pouvait encore penser que aux yeux mêmes des dirigeants chinois, le maintien d'un régime dictatorial et répressif était une condition nécessaire, et historiquement provisoire, de l'extraordinaire développement économique du pays : sortir de la pauvreté valait bien quelques entorses à la morale politique. L'affaire du Nobel fait tomber les masques et les illusions : le jury du prix, écrit le principal quotidien chinois, fidèle reflet du discours du pouvoir, est une « survivance du passé » et, « depuis le début du XXIe siècle, le noyau de la civilisation se déplace vers les nouvelles nations émergentes ». Le mot « civilisation » n'est pas choisi au hasard : il englobe, avec les sphères des arts, de la pensée et de la technique, celle de la politique -la démocratie et les droits de l'homme.


Cette réfutation de l'universalisme de l'esprit des Lumières n'est pas nouvelle : dès les années 1980, le « père » de Singapour, Lee Kuan Yew, lui opposait les « valeurs asiatiques » d'ordre et de soumission à l'autorité. Creusant ce sillon, les dirigeants chinois ont, très habilement, annoncé la création d'un prix Confucius, qui devrait être remis au président d'honneur du Kuomintang, le parti taïwanais prônant un rapprochement avec la Chine continentale : bel exemple, en effet, de résignation pacifique aux raisons du plus fort. C'est pourtant un auteur occidental, Pascal, qui a dénoncé de la façon la plus limpide cette conception de la morale politique : « Ne pouvant faire que ce qui est juste soit fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »

DSK, l’adversaire désiré ?

Comme une marée montante, les vagues de sondages se succèdent. Plus 5 points dans le dernier baromètre Ifop-"Paris Match", + 5 également pour Viavoice dans "Libération" de jeudi matin. Plus que jamais Dominique Strauss-Kahn domine tous les autres candidats potentiels du PS. 49 % des Français et 50 % des socialistes pensent qu’il est le plus capable de battre la droite, loin, très loin devant Martine Aubry et Ségolène Royal qui ne convainquent chacune que 13 % des sondés.

Et comme les espoirs des socialistes et les craintes des sarkozystes sont indexés sur les sondages, on mesure que la pression sur le directeur général du FMI est de plus en plus forte. Et que, même s’il est obligé d’entretenir le suspense jusqu’en juin 2011, c’est désormais un forfait de sa part qui ne serait pas compris à gauche.

Mais l’expérience a appris à se méfier des sondages. Je ne résiste pas à la tentation de citer Philippe Séguin, en 1995, à propos d’Edouard Balladur qui, à échéance équivalente, était dans la même situation que DSK. « Le vainqueur a déjà été désigné, proclamé, encensé. Il est élu, disait Philippe Séguin. Il n’y a pas à le choisir, mais à le célébrer ». Mais tout le monde a beau savoir que les sondages sont trompeurs, tout le monde, à chaque fois, se laisse tromper. C’est dire si la pression ne va pas se relâcher sur DSK.

Nicolas Sarkozy est sans doute l’un des plus lucides sur son adversaire. Il voit bien que les sondages le donnent aujourd’hui balayé par le plus populaire des socialistes. 59 % contre 41 % selon ifop, 62 % contre 38 pour TNS-Sofres. Pourtant, le président le répète à tous ses visiteurs. « Vous verrez, quel que soit le candidat, ce sera très très serré. A 50-50 ». On peut dire que Dominique Strauss-Kahn est un adversaire à la fois redouté et désiré pour Nicolas Sarkozy. Signe de cette crainte : cette confidence d’un de ses collaborateurs lors de la venue à Paris du patron du FMI pour préparer le G20. « Croyez-vous que s’il avait vraiment envie d’être candidat, il viendrait dans la cour de l’Elysée, devant toutes les caméras, dans une grosse cylindrée ? »

Inversement, plusieurs ministres pensent que pour faire la meilleure campagne possible, Nicolas Sarkozy doit avoir un adversaire à sa hauteur. Ce qui donne cette métaphore sportive dans la bouche d’Eric Besson : « quand vous êtes le Barça, pour préférez jouer contre Manchester que contre Guingamp ». Dis de manière valorisante, ça signifie : un match entre les deux principaux acteurs mondiaux face à la crise économique, ça aurait de la gueule. Dis de manière plus pessimiste : en cas de défaite, c’est toujours plus valorisant d’être battu par le meilleur joueur.

Virage agricole

Pour la première fois de l'histoire de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) il y avait hier deux candidats pour se disputer la tête du chef de file du syndicalisme agricole tricolore. Après dix années de présidence Lemétayer, la rivalité entre un « riche céréalier » et un « petit producteur » a pu donner l'image d'un monde paysan profondément désuni entre des champions de l'exportation cherchant à accroître encore leurs récoltes et des inquiets de la surproduction exigeant plus protection. Divisée en interne et fragilisée de l'extérieur par la montée en puissance de mouvements paysans plus corporatistes, la FNSEA traverse il est vrai une période difficile. Il est cependant crucial pour l'agriculture française qu'une fois l'élection passée, le monde agricole réapprenne à parler d'une voix, s'il souhaite peser, tant au niveau français qu'européen. Les chantiers qui attendent ce secteur stratégique de l'économie française sont en effet massifs.

Entre le coup d'envoi de la réforme de la politique agricole commune qui devra aboutir d'ici au début 2013 et la volonté de la France de profiter de son actuelle présidence du G20 pour tenter d'avancer sur le dossier de la régulation du prix des matières premières, l'agriculture va se retrouver au coeur de nombreux débats. Des débats dont l'issue à court terme influencera durablement notre paysage agricole.

Les paysans français se doutent que dans une Europe élargie et contrainte budgétairement la part allouée au soutien de l'agriculture -et en particulier de l'agriculture tricolore -va fatalement se réduire. Ils savent aussi qu'au-delà des ambitions affichées par Nicolas Sarkozy sur le terrain de la régulation, la capacité d'une France, encore isolée sur ce dossier, d'imposer plus de contrôles risque de se heurter à l'hostilité des marchés et à l'inertie de nombreux acteurs publics. En cette fin 2010, l'agriculture française peut donc avoir le sentiment qu'elle a plus à perdre qu'à gagner.

Ce n'est pourtant pas inéluctable. Face à une Europe qui a longtemps considéré qu'il fallait produire moins car les subventions coûtaient chères, elle doit retrouver l'ambition d'un secteur prêt à exporter et à se battre avec ses atouts sur le marché mondial. Elle devra pour cela accepter de renouer avec l'innovation technologique, source de productivité, et arrêter de considérer que produire plus et produire mieux sont fatalement incompatibles.

M



Ce « M »-là est tout sauf maudit, tant il s'est taillé en une quinzaine d'années une place incontournable sur la scène du rock. Etre le fils du chanteur Louis Chedid et le petit-fils de la poétesse Andrée Chedid aurait pu être un poids écrasant pour le jeune Matthieu. Mais tout au contraire, depuis qu'il a vu le jour à Boulogne-Billancourt il y a presque trente-neuf ans, il s'épanouit dans cette lignée d'origine libanaise. Le détenteur de 6 Victoires de la musique a débuté en participant aux choeurs qui accompagnaient la chanson de son père « T'as beau pas être beau », et c'est sa soeur aînée Emilie qui réalise ses clips. Sur la scène de Bercy, où il achève actuellement un tour de France, le collectionneur de guitares à six cordes est entouré de son frère Joseph à la batterie et de sa cadette Anna aux claviers. Si cet admirateur de Jimmy Hendrix, auteur d'une dizaine d'albums dont le dernier baptisé « Mister Mystère », est un homme simple qui se défie des excès du show-biz, il y compte néanmoins de nombreux amis. Il a beaucoup joué avec NTM, Brigitte Fontaine et Vanessa Paradis, mais c'est en faisant monter le revenant Johnny Hallyday à ses côtés sur scène que l'artiste à la perruque de Mickey vient de créer l'événement, transformant sa tournée en un succès de A jusqu'à Z.

Strauss-Kahn n'a "pas le temps" de penser à la présidentielle en France

Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a affirmé jeudi à Washington qu'il n'avait "pas le temps" de penser à l'élection présidentielle en France.
"Je suis vraiment surpris que vous posiez cette question", a-t-il plaisanté, en réponse à une journaliste qui animait un débat organisé par Thomson Reuters.
"Vous savez, j'ai un métier. J'essaie de faire mon métier. Ce n'est pas un métier à temps partiel. Donc je n'ai pas le temps de penser à autre chose", a-t-il poursuivi.
La question sur sa candidature lui a été posée une deuxième fois le même jour, lors d'un entretien télévisé qui devait être diffusé jeudi soir sur la chaîne PBS aux Etats-Unis.
"Je suis trop occupé pour y penser", a répondu M. Strauss-Kahn, selon la retranscription de cet entretien transmis à la presse.
"Ce n'est pas mon problème aujourd'hui. Même si 2012 comme vous le dites n'est pas éloigné, 2012 c'est 2012. Aujourd'hui j'ai un métier, il faut que je le fasse, je ne peux pas dire que ce soit un métier à temps partiel, donc vraiment je me concentre là-dessus", a-t-il insisté.
Les sondages publiés en France placent régulièrement, depuis l'année dernière, M. Strauss-Kahn comme le favori de l'élection présidentielle prévue pour avril 2012. Son mandat au FMI court jusqu'à octobre de la même année.

ROI À L'INTERNATIONAL, POURQUOI DEVIENDRAIT-IL ROITELET DANS UN PAYS AUSSI SCLÉROSÉ QU'EST LA FRANCE ? 
SON JOB AU FMI EST CERTAINEMENT PLUS PASSIONNANT QUE CELUI QU'IL AURAIT EN "DEVENANT" PRÉSIDENT DES FRANÇAIS.

France: la reprise s'installe sûrement mais lentement, selon l'Insee

La reprise en France va se poursuivre mais peine à passer à la vitesse supérieure, la consommation des ménages continuant de soutenir la croissance et le marché du travail poursuivant sa lente amélioration, selon les prévisions publiées jeudi par l'Insee.
"La croissance française va se maintenir sur le même rythme qu'elle connaît depuis la sortie de récession", au deuxième trimestre 2009, a résumé Sandrine Duchêne, chef du département de la conjoncture de l'Institut national de la statistique.
Au dernier trimestre de 2010, la croissance française devrait atteindre 0,5%, soit un peu mieux que prévu jusqu'ici (0,4%), pour s'établir à 1,6% sur l'ensemble de l'année, ce qui correspond à la nouvelle prévision du gouvernement.
"J'ai bon espoir qu'on fera un gros 1,6%", a d'ailleurs déclaré lundi la ministre de l'Economie Christine Lagarde.
L'activité progresserait ensuite à un rythme plus lent, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,3% puis 0,4% aux premier et deuxième trimestres 2011.
Pour atteindre la prévision officielle du gouvernement, soit 2% l'an prochain, le PIB français devrait ensuite progresser de 0,8% au troisième et quatrième trimestre, a indiqué Sandrine Duchêne devant la presse.
"On est prudent pour le début de l'année 2011", a-t-elle toutefois insisté, invoquant notamment un "environnement international moins porteur" et une "situation en zone euro toujours fragile" avec l'application des plans d'austérité budgétaire.
Si le scénario de l'Insee se réalise, l'acquis de croissance de la France pour 2011 sera, à l'issue du premier semestre, de 1,3%, soit moins que l'Allemagne (2,3%) et que les Etats-Unis (1,7%) mais mieux que l'Italie (0,9%) ou le Japon (0,7%).
En France, les perspectives d'activité restent favorables, relève l'institut. C'est notamment le cas dans l'industrie et les services, un peu moins dans le bâtiment.
"Les chiffres de l'Insee paraissent un peu ternes, au vu de ces bons indicateurs", a-t-on fait valoir dans l'entourage de Christine Lagarde.
C'est la demande intérieure qui devrait soutenir l'activité dans les mois à venir, "même si ce moteur ne fonctionne pas à plein régime", a observé Jean-François Ouvrard, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee.
L'investissement des entreprises devrait accélérer légèrement d'ici mi-2011, celles-ci tirant notamment profit de meilleures conditions de financement.
L'emploi devrait également continuer de progresser "à un rythme modéré": le taux de chômage devrait ainsi connaître une "légère décrue d'ici mi-2011" pour atteindre 9,1% en moyenne en métropole.
La consommation, traditionnel moteur de la croissance française, devrait encore jouer ce rôle l'an prochain: grâce à l'absence de tensions inflationnistes, le pouvoir d'achat des ménages pourra continuer de croître légèrement.
Toutefois, l'expiration de la prime à la casse fin 2010 devrait entraîner une forte hausse des achats d'automobiles au dernier trimestre de cette année, avant un "contre-coup" au premier semestre 2011, prévient l'Insee.
La consommation des ménages progresserait ainsi de 0,9% au quatrième trimestre 2010, avant de ralentir à +0,1% au premier trimestre de l'an prochain et +0,2% au deuxième.
"Les ménages vont aussi maintenir une forte épargne précaution, en raison d'un environnement économique incertain", a souligné Jean-François Ouvrard.
Quant au commerce extérieur, après une contribution encore négative au quatrième trimestre 2010 en raison d'une hausse des importations, il ne devrait plus peser sur la croissance en 2011, prévoit l'Insee.

Les salariés du public voient monter les discriminations

Selon le baromètre annuel de la Halde et l'OIT réalisé par le CSA, l'origine ethnique demeure le premier facteur de discrimination au travail.

 

Pour la quatrième année d'affilée, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) s'est associée à l'Organisation internationale du travail (OIT) et à l'Institut CSA pour réaliser un baromètre sur la perception des discriminations dans le monde du travail. Une des originalités de l'enquête tient à la composition de l'échantillon qui englobe des salariés du privé et du public dont les réponses ont été isolées.
Et les résultats montrent que les agents de la fonction publique, jusque-là peu enclins à parler de discriminations sur leur lieu de travail, en font de plus en plus cas, se rapprochant ainsi du secteur privé. « Les débats sur la réduction des dépenses publiques ou encore sur la réforme des retraites […] ont sans doute fragilisé une fonction publique qui se sent moins protégée qu'autrefois, y compris face aux discriminations », explique-t-on dans les conclusions le baromètre.

Séropositivité, maladies chroniques...

Le premier facteur de discrimination reste l'origine ethnique, qui progresse fortement dans le public. Une augmentation qui peut s'expliquer par le caractère encore récent du recrutement de personnes issues de l'immigration dans le secteur public, et donc une présence qui ne s'est pas encore normalisée.
Un nouveau facteur de discrimination fait son apparition dans le baromètre : la séropositivité, jugée comme « un inconvénient dans la progression de carrière » par un quart des interviewés. « Comme pour d'autres maladies chroniques du type cancer, le fait d'être séropositif pose des problèmes à l'embauche mais aussi pour le maintien dans l'emploi, notamment quand les thérapies à suivre commencent à devenir lourdes », explique Jean-François Trogrlic, directeur du bureau de l'OIT pour la France.

Favorable à la mise en place de sanctions

Sur les moyens d'agir contre les discriminations, les salariés du public comme du privé font confiance aux syndicats pour les aider à réunir des éléments. « Les salariés ont pris conscience que pour dénoncer une discrimination, il faut avoir des preuves, sinon on aggrave son cas », poursuit Jean-François Trogrlic.
Les personnes sondées sont également favorables à la mise en place de sanctions contre les entreprises ou administrations qui n'ont pas pris de mesures en faveur de l'égalité salariale hommes-femmes par exemple, ainsi qu'à la mise en place d'une cellule indépendante chargée d'apporter une aide concrète aux victimes de discriminations. En revanche, l'obligation de publier des données chiffrées dans le bilan social convainc moins. « Les salariés se méfient de ce type de procédures formelles qui peuvent parfois rester au seul stade de l'affichage sans s'attaquer aux problèmes réels », conclut le responsable de l'OIT à Paris.

La hausse de l'espérance de vie va ralentir

La France compte 15.000 centenaires, un record mondial derrière le Japon. Et ce chiffre devrait être multiplié par 13 d'ici à 2060. Des statistiques qui montrent à quel point l'espérance de vie a connu un spectaculaire essor dans l'Hexagone. En 1750, l'espérance de vie à la naissance n'était que de 27 ans pour les hommes et 28 ans pour les femmes. Elle atteint aujourd'hui respectivement 78  ans et 85 ans. Deux innovations médicales majeures expliquent cette avancée sur le siècle et demi qui vient de s'écouler, souligne une étude de l'Institut national d'études démographiques parue aujourd'hui.
D'abord les découvertes scientifiques de Pasteur (asepsie, vaccin et antibiotiques) et les innovations sociales qui ont permis de les diffuser à grande échelle (instruction obligatoire, système de sécurité sociale). Ensuite, à partir des années 1970, le déclin des maladies dites « de société » (accidents de la route, alcoolisme et tabagisme) conjugué à la montée en puissance de la lutte contre les maladies cardio-vasculaires. « Aujourd'hui, prévient cette étude, l'essentiel des bénéfices de cette révolution cardiovasculaire est sans doute déjà derrière nous, du moins dans les pays les plus avancés ». Toute la question est de savoir quelle sera la prochaine révolution sanitaire. « Les thérapies géniques peuvent donner lieu à des avancées importantes. Mais pour les pathologies du grand âge, les choses sont plus complexes car les causes de décès sont souvent multiples. Or c'est sur l'espérance de vie à 80 ans que va désormais se jouer l'essentiel des rythmes de progression  de l'espérance de vie », explique Jacques Vallin, coauteur de l'étude avec la démographe France Meslé.

Recul aux Etats-Unis

Parmi les pays développés, de fortes disparités existent déjà, et elles pourraient s'accentuer. Depuis plusieurs années déjà, l'espérance de vie à 80 ans des femmes aux Etats-Unis a cessé d'augmenter, alors qu'il s'agit d'un des pays disposant des techniques médicales les plus en pointe. Et en 2008, l'espérance de vie à la naissance a reculé outre-Atlantique de 1,2 mois.
« Il ne faut pas tout mettre sur le médical. Le contexte social compte aussi beaucoup », explique Jacques Vallin. Par exemple l'hygiène de vie, le régime alimentaire, voire l'entourage familial pour les personnes âgées, un facteur qui passe pour déterminant dans les records de longévité que connaissent les Japonais notamment, où la solidarité familiale est une valeur forte de la société.
Pour toutes ces raisons, les chercheurs de l'Ined se montrent prudents sur le rythme de progression de l'espérance de vie dans le futur : « Rien ne permet d'affirmer que la progression de l'espérance de vie dans les pays favorisés peut se poursuivre longtemps à son rythme actuel [autour de trois mois par an actuellement, NDLR]. Il est très probable que l'espérance de vie dépasse un jour 100 ans, mais il est déraisonnable d'affirmer que ce sera précisément le cas de telle ou telle génération déjà née », conclut l'étude.

Quand Merkel compare l'euro et la réunification allemande

La chancelière Angela Merkel a estimé, dans le journal Bild, jeudi, qu'il en allait de l'euro comme de la réunification allemande, c'est la bonne voie malgré les écueils et il ne faut pas en dévier. "Voyez-vous, c'est un peu comme pour l'unification allemande. Nous n'avons jamais douté de cette décision historique en faveur de l'unité, malgré tous les problèmes et toutes les coupes douloureuses", a dit Angela Merkel avant l'ouverture d'un sommet européen crucial à Bruxelles. "Il en va de même aujourd'hui : nous nous sommes décidés en faveur de l'Europe et de l'euro. C'était la bonne décision et ça le reste", a-t-elle estimé.
Angela Merkel a récusé l'idée qu'en Europe l'Allemagne dicte ses exigences - "l'Allemagne ne dicte rien à personne" - et a appelé les chefs d'État et de gouvernement des pays de l'Union européenne à afficher leur "détermination" pour rétablir la confiance en l'euro. "Cela aiderait si les 27 pays s'engageaient avec détermination (...). Pour aucun de nous, l'euro n'est en cause. Les spéculateurs n'ont aucune chance", a dit Mme Merkel, en estimant qu'il n'y avait "en tout cas aucune alternative raisonnable" à la monnaie unique.
"Nous avons bien traversé la crise économique en Allemagne parce que nous n'avons pas eu peur et parce que les gens ont fait preuve d'une grande sérénité - et ce, bien que les problèmes aient été tout sauf infimes. Nous avons toujours besoin de cette détermination et de cette confiance. Croire en l'Europe et en l'euro, ne pas se laisser tromper, c'est déjà la moitié de la solution", a lancé Angela Merkel. La chancelière a estimé que "les pays de l'UE doivent avancer ensemble encore plus étroitement". "Nous avons besoin de plus d'harmonie dans la politique économique et financière, d'une sorte de gouvernement économique en Europe sur la base de règles communes de stabilité", a-t-elle dit.

La zone euro veut s'armer pour mieux résister aux crises

Les dirigeants de l'UE se retrouvent, jeudi, à Bruxelles pour un sommet destiné à sortir durablement la zone euro de la crise financière, au terme d'une année de tous les dangers avec les sauvetages de la Grèce, puis de l'Irlande. L'objet de la réunion des chefs d'État et de gouvernement européens, qui s'ouvre vers 17 heures et s'achèvera vendredi, est d'amorcer la création d'un Fonds de secours financier permanent pour les pays qui connaîtraient des difficultés. Il s'agit du septième sommet européen de l'année, consacré comme tous les autres à la crise économique et financière qui fait vaciller l'Union monétaire.
Échaudée par la crise grecque au printemps, l'Europe a mis en place avec le FMI un plan de soutien provisoire aux pays en difficulté de 750 milliards d'euros, qui expirera mi-2013. Il a donc été décidé de mettre en place un dispositif permanent, qui lui succèdera, afin de rassurer les marchés sur la capacité de réaction de la zone euro. Mais l'Allemagne, principal contributeur, a posé une condition juridique. Elle veut que le traité actuel de l'UE, celui de Lisbonne, soit modifié, car il interdit en principe un tel mécanisme de solidarité financière entre pays. À défaut, Berlin redoute de se faire censurer par sa Cour constitutionnelle.
Éviter la contagion
À Bruxelles, jeudi, les dirigeants vont donc engager une modification limitée du traité, qui sera concrétisée l'an prochain. Il s'agira de permettre clairement aux États de la zone euro de se doter d'un mécanisme d'entraide. Tous espèrent que le changement sera suffisamment circonscrit pour éviter d'en passer pour l'approuver par des référendums nationaux, toujours risqués politiquement.
Pour la première fois, le futur mécanisme pourra mettre à contribution, en cas de sauvetage d'un pays, les banques et fonds privés qui détiennent de la dette publique. Cela suffira-t-il à éviter une contagion de la crise de la dette ? Certains responsables veulent aller plus loin en créant des "euro-obligations" qui verraient les pays émettre des emprunts d'État communs pour mutualiser les risques. Mais le sujet divise. L'Allemagne ne veut pas en entendre parler. La question devrait, au moins en coulisse, être âprement discutée à Bruxelles.